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Entre 1965 et 1973, un photographe
a suivi un club de motards du Midwest.

Ce film est inspiré de son livre.

Henry, t'as vu ce petit con?

Il se prend pour qui?

Tu peux pas porter ces couleurs ici!

Hé, bozo, t'as entendu ce qu'il t'a dit?

Il t'a demandé d'enlever
ta foutue veste de merde.

Si tu le fais pas, je vais te l'enlever
et te la passer autour du cou

et je vais t'étouffer.

T'es sourd ou quoi?

Tu peux pas porter ces couleurs
dans le quartier.

Enlève ta veste de merde.

Quoi?

Faudra me passer sur le corps
pour m'enlever ma veste.

Il a du culot, ce petit.

Lève-toi!

Paulie, il veut se relever.

Il en redemande, on dirait.

Je te conseille de pas te relever,
tas de merde!

Il va pas se relever, fais-moi confiance.

C'est ta moto, ça, petit con?

Oh, merde, Henry!

Sale fils de pute!

J'ai eu que des ennuis
depuis que j'ai rencontré Benny.

J'ai visité plein de prisons,
plein de tribunaux,

et j'ai rencontré plein d'avocats.

Ça peut pas être de l'amour, ça.
Faut vraiment être stupide.

LES MOTARDS

ENTREVUE DE KATHY

C'était pour les enfants, selon lui.

Tout le monde devait venir
avec les enfants.

Alors, on vient avec les enfants,
mais tous les hommes sont défoncés

et les femmes passent leur temps
à se plaindre de leur mari.

Faut pas emmener les enfants. Hein?
C'est pas une bonne idée.

- Ouais.
- Surtout quand les hommes boivent.

Si Johnny dit
que c'est un pique-nique familial.

Lui-même avait ses filles.

Ouais, mais il était pas défoncé
comme un malade.

Non, c'est vrai, Dingy, mais l'an dernier,
je connaissais personne, et...

Kathy, vous m'aviez parlé
de la première fois

où vous avez rencontré les gars...

- Ouais.
- ...et comment vous...

J'ai changé, ça, c'est sûr.

OK, et dites-moi en quoi vous avez changé.

Bah, je veux dire, depuis l'an dernier...

Quoi, depuis le début?

L'an dernier, j'ai une amie qui m'appelle
et qui me dit de venir la retrouver

à l'angle de Grand et Division.

Elle avait besoin d'argent.
Elle était dans un bar.

Elle m'a dit qu'il y avait
une bande de gars

qui se retrouvait dans ce bar.

Je savais pas de qui elle parlait,
alors j'y suis allée.

Et je me suis jamais sentie
aussi mal à l'aise de toute ma vie.

Je me souviens, je portais un jean blanc
et une camisole ce soir-là,

et le premier gars que j'ai vu,
c'est Corky.

Hé, salut, beauté.

Tu cherches un homme?

Ça fait plaisir de te parler.

Je veux dire, je les ai tous vus,
avec leurs boucles d'oreille,

leurs chemises ouvertes,
à moitié nus, quoi.

En tout cas, pour moi,
c'était comme à moitié nus.

Évidemment, je les connaissais pas encore,

mais il y avait Corky, Zipco, Cal,
Wahoo, Brucie.

Je les ai tous vus ce soir-là.
Ça hurlait, ça criait dans tous les sens.

J'étais pas rassurée du tout.
J'avais peur, même.

Et là, je vois mon amie,
alors je m'empresse de la rejoindre

et de m'assoir avec elle.

- Tiens.
- T'es la meilleure.

- Je dois y aller.
- Tu viens juste d'arriver.

- Lui, c'est Cockroach.
- Quoi?

Comme cafard, en anglais.

Pourquoi on t'a donné
un nom aussi stupide?

Parce que je bouffe des insectes.
Une sorte de gag.

Mais j'avoue que j'en mange.
Ça, c'est vrai.

- Des insectes.
- Mais c'est dégoûtant.

- Je m'en vais.
- Ça va, ils sont pas méchants.

Tu peux bien rester cinq minutes.

Salut, toi.

- Tu voudrais pas vivre avec moi?
- Et moi, je te plais ou pas?

Ça va, merci.

J'ai un rendez-vous.

- Un rendez-vous?
- Ouais, à minuit.

Faut que je rentre chez moi.

T'entends ça, Cockroach?

Cendrillon a un rendez-vous.

Ouais, Cendrillon a un rendez-vous
à minuit.

Elle va se transformer en citrouille.

T'as vu ça? Ils préparent quelque chose.
Ils chuchotent, c'est trop louche.

- Mais non.
- Je m'en vais.

Et c'est là que j'ai vu Benny...

appuyé sur la table de billard.

C'est qui, le beau gars,
les mains posées sur la table de billard?

Crois-moi, tu veux pas sortir avec lui.

Mais pourquoi? Il a pas l'air
d'être comme tous ces autres animaux.

Parce que personne veut sortir avec lui.

Pourquoi?

Chaque fois qu'il monte sur sa moto,
il perd la tête.

Je te jure,
chaque fois qu'il la prend,

il a un accident.

D'accord.

Je vais te chercher un soda.

Salut.

Moi, c'est Benny.

Salut.

Alors, qu'est-ce qu'on fait? On...

On parle de la pluie et du beau temps?

Faut croire, ouais.

Il se fait tard, c'est dommage.

D'accord.

S'il se fait tard...

Qu'est-ce qui se passe?
J'ai l'air d'un buffet ou quoi?

Comment tu t'appelles?

Kathy.

Eh bien, Kathy...

Faut pas t'en faire.

Pourquoi je devrais m'en faire?

Pour rien.

Je suis Johnny,
le président de ce club de motards.

Les gars veulent juste passer
du bon temps, c'est tout.

Mais je les laisserai pas t'embêter.

Pourquoi? Qu'est-ce qu'ils vont faire?

Rien.

D'accord, super.
C'est gentil, merci.

Ravie de vous connaître.
Adios, je dois y aller.

Où tu vas, chérie?

Alors, je me suis dirigée
très tranquillement vers la sortie,

me prenant quelques mains aux fesses
au passage,

et une fois dehors, j'ai pu voir
toutes les traces de main

sur mon pantalon.

Quelle bande de...

Alors, j'attends à l'arrêt de bus
en me disant:

« C'est sûr qu'il va m'arriver
quelque chose. »

Hé, tu viens, Cendrillon?

Oh, non...

Viens, on va faire un tour!

Aie pas peur!

C'est pas vrai.

D'accord, d'accord, d'accord!
D'accord.

- Faut pas avoir peur.
- Oui, c'est ça, vas-y.

Allez, envole-toi!

On vous retrouve sur la voie rapide!

Alors, il est parti en trombe
sans jamais s'arrêter

de peur que je saute
de la moto, j'imagine.

J'aurais jamais osé sauter de la moto.
J'étais terrifiée.

J'étais jamais montée
sur une moto de toute ma vie.

Et au bout d'un moment,
on s'est retrouvés sur la voie rapide.

C'est là que j'ai pris conscience du truc.
Je les ai vus ensemble

pour la première fois.

J'ai vraiment vu à quoi ça ressemblait.

Je dois le reconnaître,
ça m'a complètement fait chavirer.

Je t'avais dit, Kathy,
que t'avais pas à t'en faire.

Il veut juste passer du temps avec toi,
c'est tout.

Tu veux un verre?

Ce soir-là, je suis rentrée chez moi
vers 4 h du matin.

Je m'étais jurée
de ne plus jamais ressortir

avec ces gars-là,

parce que pour moi, c'était des animaux.

Ils parlaient pas comme moi.

Sans compter qu'ils juraient
à tous les deux mots.

À la fin de la soirée,
mes oreilles sifflaient

tellement j'avais entendu de gros mots.

Puis, Benny m'a raccompagnée
chez moi,

où mon petit ami m'attendait
devant la porte.

Merci. Bonne nuit. Adios.

Tu veux me dire où t'étais?

Je ne veux plus jamais les revoir.
Ces gars sont complètement malades.

Benny est resté planté là toute la nuit.
Il voulait pas repartir.

Oh, non, mais c'est pas vrai.
Un bon conseil, rentre chez toi!

Mon petit ami va bientôt
rentrer du travail,

et si t'es encore là,
il va mal le prendre!

Il est pas bien, lui.

T'es pas bien, toi!

Je lui ai dit de partir,
mais il a pas bougé.

Débarrasse-toi de ce connard!

J'ai déjà essayé!
Vas-y, toi,

essaie de te débarrasser de lui!

C'est pas mon problème!

Où est-ce que tu vas?

J'ai pas besoin de ça dans ma vie!

T'as pas besoin de quoi?
Qu'est-ce que tu veux que je fasse?

Je m'en vais!

- Où est-ce que tu vas?
- Je m'en vais!

Trou de cul!

Tu veux faire un tour?

Cinq semaines plus tard, on était mariés.

Arrêtez!

Oh, non, non, non, non, non, non.

Eh merde!

« Il a fallu l'intervention
de plusieurs voitures

de police et d'unités de moto
de police

d'Elmwood Park, de Norridge,
de Harwood Heights et de Saint Charles

pour arrêter un motard
après une longue course-poursuite

qui s'est terminée sur la route 64
en pleine campagne.

Benjamin Cross, de... »

Benjamin? La classe.

« Benjamin Cross, d'Elmwood Park,

a été arrêté et inculpé
de 18 infractions au Code de la route

après avoir, selon le rapport de police,
grillé sept feux rouges,

roulé à deux reprises à 140 km/h
à proximité d'un établissement scolaire,

où la vitesse est limitée à 30 km/h,

et provoqué des dégâts
sur quatre véhicules municipaux

au cours de la course-poursuite.

Cross a été libéré après
avoir payé une caution de 2500 $.

Il subira son procès au tribunal de police
de Park Ridge

le 9 décembre prochain. »

Attends, t'as grillé
combien de feux rouges?

Ils ont dit sept, donc...

Donc, quoi?

Bien, j'imagine que c'est sept.

Mais j'avais l'impression
que c'était plus.

Johnny a toujours adoré Benny.

Pourquoi?

Parce que Johnny a toujours voulu
être comme Benny.

Être comme Benny?

Il se fout de tout.

Dingy, dis-leur de mettre leurs motos
ailleurs que sur l'herbe!

Super.

Mes ex-beaux parents vivent juste en face.

Ils ont ces motos sous leur nez
toute la journée.

Et si vous me parliez
un peu plus de Johnny?

Qu'est-ce que vous voulez savoir?

Je sais pas, comment il a fondé le club?
Vous le savez?

J'ai entendu dire qu'il regardait la télé.

Johnny n'est pas
comme le reste de la bande.

C'est pas un pauvre raté comme les autres.

C'est pas non plus un petit bourgeois,
mais Johnny a un vrai travail, vous savez?

Il a le même travail
depuis que le je connais.

- Et c'est quoi?
- Camionneur.

C'est un camionneur
sur des petites distances.

Il reste dans le Midwest.
Mais il a aussi une famille.

- Ouais.
- Ouais!

Il a deux filles.
Sa femme, Betty, elle est bien.

Je veux dire, toutes ces filles,
ouf, j'ai du mal à les supporter,

parce qu'avec elles, c'est toujours:

« Touche pas à mon homme!
Arrête de le regarder comme ça! »

Mais Betty, elle est pas comme ça.

Qu'est-ce que vous voulez dire par:
« Johnny regardait la télé »?

Il regardait un film avec Marlon Brando
à la télé,

et ça lui a donné l'idée du club.

C'est ce qu'on m'a dit, en tout cas.

Les filles, arrêtez de passer devant moi,
s'il vous plaît.

Le club de moto des Black Rebels.

C'est adorable!

Johnny, tu te rebelles contre quoi?

Contre tout.

« Contre tout. »

Quoi?

Non, rien.

Au début, le club était rien d'autre
qu'un club de course de motos.

J'ai jamais vu Johnny faire de course,
mais il paraît qu'il était assez bon.

Il avait monté un club de courses de moto
avec Jimmy Goodpaster.

- Goodpaster?
- Ouais.

Vous le connaissez, non?

C'est un revendeur de motos BSA,
un peu plus loin que Hyde Park.

Ah, ouais, ouais, ouais, moustache.

- Comment?
- Il a une petite moustache.

Ouais, ouais. Ils avaient monté
un club de courses de moto ensemble.

Je crois que j'ai envie de monter
un club de motards.

Pour quoi faire?

Je sais pas trop, pour m'occuper un peu.

Qu'est-ce que tu vas t'emmerder
avec un club de motards?

Dans ce genre de club,
les gars passent leur temps

à discuter de leurs motos.

Ouais, exactement comme nous.

C'est vrai, on parle de nos motos,
mais on fait des courses avec.

À quoi ça sert d'en parler
si on fait pas de courses avec?

Donc, ils se sont séparés
et il y a environ 12 gars

qui ont suivi Johnny
pour devenir les Vandales.

C'était les tout premiers.

Donc, c'est de là qu'ils venaient,
en tout cas, les premiers.

Ouais, les tout premiers membres
venaient du club de courses de motos.

Ah, ouais?
Et c'était qui?

Bah, il y avait Wahoo
et Corky, ça, je suis sûre.

Je m'appelle Wahoo.

J'ai une Harley Duo-Glide.

Je viens de Chicago,
dans l'Illinois.

Je suis un Vandale depuis
environ cinq ans, maintenant.

Moi, on m'appelle Corky.
Et je me tape la femme de Wahoo.

Va te faire foutre,
tu dis n'importe quoi!

C'est pas vrai.

Il y avait Brucie aussi.

C'était le bras droit de Johnny
depuis le début.

Il était électricien.

On veut tous faire partie
d'un clan ou d'un groupe.

Je veux dire, c'est rien
de plus que ça.

On s'est jamais sentis
à notre place ailleurs,

mais ensemble, on se sent bien.

Même mes parents
comprennent pas.

Ils comprennent pas
mon mode de vie.

Parce que pour beaucoup de gens...

Pour beaucoup de gens,
les motards ont une image négative.

Ils pensent que parce
qu'ils font de la moto,

les motards sont des êtres malsains.

Je sais pas pourquoi, mais...

les motards sont toujours vus
comme des êtres malsains.

C'est ce que tout le monde pense,
en tout cas.

Pourquoi?

Je crois que...

les gens ont besoin d'un bouc émissaire.

Qui de mieux que nous
pour remplir ce rôle?

Et Cal de Californie.

Je vois un scooter, euh...

complètement customisé et...

toutes les pièces du scooter.

Il en avait même fabriqué lui-même,
et il avait acheté des pièces spéciales.

Et je... je regarde le gars.

En fait, c'est un Vandale, tu vois?

Tu prends, euh...

Tu prends n'importe quel gars
qui s'achète une Harley-Davidson

flambant neuve, toute équipée.

Eh bien... il y aura toujours un enc...

un pauvre idiot pour te dire:

« Tu sais quoi?
J'ai exactement la même que toi. »

Parce que c'est vrai.
Il peut avoir la même.

Alors que quand t'as une customisée,
impossible d'avoir la même,

même si elles se ressemblent beaucoup.

Tu vois ce que je veux dire?

Parce qu'on pense tous différemment.

Quand j'avais environ 15 ans,

mon père m'a acheté
une Indian quatre cylindres.

La moto de mes rêves.

J'aime bien être crasseux.

S'il y a un truc que j'adore,
c'est de salir mes vêtements,

salir mes pantalons, me salir le visage,
être décoiffé...

et bouffer des insectes.

C'est pas si mauvais, les insectes.

C'est dans la tête que ça se passe.

Si vous êtes capable de manger
de la viande hachée ou un steak saignant,

un insecte sera pas plus mauvais.

Et qu'en est-il de Zipco?

Qu'est-ce que tu veux dire, Zipco?

Qu'est-ce que vous savez sur lui?

Je sais qu'il venait de Lettonie,
en tout cas.

OK. Vous savez à quel moment
il a rejoint le club?

Zipco? Oh, j'en sais rien,
il a toujours été là.

Et...

qu'est-ce que vous pouvez me dire
sur Johnny?

Quoi?

J'ai jamais compris
et je crois que je comprendrai jamais.

Aucun de ces gars n'est capable
de respecter la moindre règle.

Justement, c'est ça, le truc,

c'est qu'ils sont incapables
de respecter les règles.

Vous les réunissez dans un club,
et là, tout d'un coup, pouf,

ils commencent à fixer des règles
que tout le monde doit suivre.

C'est ridicule.

C'est totalement ridicule, vraiment!

Mais un jour, il y en a un
qui a défié Johnny en duel

pour prendre sa place de chef.

C'est une des règles débiles

qui permet à n'importe qui
de défier Johnny,

mais évidemment, personne n'en a envie
parce que ce sont des pauvres types,

et personne ne veut cette responsabilité.

Mais bon, il y a eu cette fois
avec Jack, un grand type,

je veux dire, vraiment grand,
Big Jack, comme ils l'appellent.

- Fat Jack.
- Quoi?

C'était pas Fat Jack?

Non, celui qui venait de Toledo.

Il était un peu...
Je sais pas.

Enfin bref, ce Big Fat Jack a dit...

Hé, j'ai une question!

Attends ton tour! Laisse-moi finir.

Bon, on va installer un téléphone
derrière le bar, juste là!

Mais Johnny doit prendre
la ligne à son compte, donc...

Pourquoi il doit la prendre à son compte?

J'en sais rien,

c'est comme ça que ça marche
pour avoir une ligne téléphonique.

Le club devrait payer ces frais.

Comme ça, on pourrait s'en servir
quand on veut.

- C'est pas comme ça que ça marche.
- Pourquoi?

- Fermez vos gueules!
- Fermez vos foutues gueules de merde!

Écoutez, on a besoin de ce téléphone

au cas où l'un d'entre vous
a des ennuis, d'accord?

Que vous soyez en détention
ou que vous ayez besoin d'une caution,

vous appelez ici.

Vous tombez en panne avec votre moto,
vous appelez ici.

Mais attention, si jamais on a des frais

parce que vous avez décidé
d'appeler votre petite amie

à Sainte-Couilles-du-Nord,

on va prendre le téléphone
et on va vous rectifier le portrait avec.

C'est compris?

Euh, ouais, mais j'ai une question.

J'ai des amis à Milwaukee.

Ils aiment ce qu'on fait
et ils voudraient se joindre à notre club.

Ils veulent lancer
un chapitre des Vandales.

Non.

Pourquoi, non?

On n'a pas besoin d'eux,
qu'est-ce qu'on en a à foutre?

C'est notre club. On est établis ici,
dans cette ville.

On se connaît tous, ici.

Alors que ces gars, je les connais pas.

Bien sûr que tu les connais.

On a bu avec eux la dernière fois
qu'on est allés à Columbus.

Oh, ouais.

Je dis non.

OK, bien, moi,

je dis qu'on les laisse
monter leur chapitre.

C'est toi qui as dit que si on n'était pas
d'accord avec toi,

on pouvait
contester ton autorité, alors...

Alors, quoi?

Alors, euh... je conteste ton autorité.

Ferme donc ta gueule.

Mains nues...

ou couteau?

Bah, j'ai pas envie de te tuer.

Alors, quoi? À mains nues?

Ouais?

Ouais.

C'était un pique-nique,
un grand pique-nique familial.

OK...

Je m'en souviens,
parce qu'il faisait froid, ce jour-là.

Il y avait les enfants
qui couraient partout,

les gars qui se défonçaient,
les femmes, les petites copines,

tout le monde était là.

Et il y avait une piste de course.

C'est bon, les gars!

Ils ont passé la journée à boire

et à faire des courses de motos
sur cette piste improvisée.

À la fin de la journée,

le terrain n'était plus
qu'une grosse flaque de boue.

Et c'est là qu'ils ont décidé de le faire.

Ce qu'il faut savoir sur Johnny,

c'est qu'il était pas forcément
plus fort que les autres,

mais il était toujours plus vicieux.

Ça va?

Tu m'as cassé le doigt, merde!

Ouais, ouais, ouais, c'est bon?

Hein?

Tu peux dire à tes amis de Milwaukee
qu'ils peuvent avoir leur chapitre, OK?

Dis-leur que c'est Johnny
qui te l'a dit. OK?

Ça va?

Si tu savais que t'allais
les laisser monter leur chapitre,

pourquoi tu t'es emmerdé
à te battre contre lui?

Parce que si l'idée
doit venir de quelqu'un,

vaut mieux qu'elle vienne de moi.

Il le sait, maintenant.

Ça va?

Ouais! Je me suis jamais senti aussi bien!

Après ça, le club a commencé
à se développer.

C'est devenu très gros, très vite.

- C'est bon?
- Ouais.

On a commencé à voir des chapitres
apparaître un peu partout.

Il y a même d'autres clubs
qui commençaient

à vouloir se joindre au groupe.

Qu'est-ce que tu fous au milieu de la rue?

Non, mais c'est pas vrai!
Qu'est-ce qui te prend, petit?

Bienvenue à l'exposition annuelle
de voitures.

Oh, wow, c'est impressionnant.

Regardez-moi ces petits gauchos.

Quelle bande de mange-merdes.

C'est comme mon frère,
vous connaissez mon frère?

Mon frère et moi, on a les mêmes goûts,
sauf que lui, c'est un gaucho.

Il a un problème dans la tête,
vous voyez ce que je veux dire?

Mais quand il a trop bu, il est comme moi.
Le reste du temps, il pense différemment.

Qu'est-ce que vous voulez dire par gaucho?

T'es pas censé prendre des photos, toi?

Ouais.

Alors, pourquoi tu te promènes toujours
avec ton micro?

Je sais pas trop.

Je me disais que je pouvais enregistrer
les gens qui souhaitent me parler.

Pour accompagner les photos.

Faire un livre ou je sais pas trop.

- Faire un livre?
- Ouais.

- Ouais.
- Pourquoi pas?

Alors, qu'est-ce que vous voulez dire
par gaucho?

Un gaucho, quoi... un étudiant.

Qui porte des chaussures de tennis
et un short,

ce genre de gars.

Qu'est-ce qu'il fait, votre frère?

Oh, il est dans l'armée de l'air.

Il part en Thaïlande en novembre.
Il est mécano dans l'armée de l'air.

Lui, ils l'ont pris,
mais ils ont pas voulu de moi. Non.

Lui, ils l'ont pris,
parce que c'est un bon petit Américain.

Qui porte un short
et des chaussures de tennis.

Faut que j'aille pisser.

Je lui ai dit, à mon frère.
Il a fait un an d'université.

Je lui ai dit: « Fais pas le con.
Si tu laisses pas tomber les études,

je te défonce la gueule. »

Alors, il a arrêté.

Parce que je lui ai dit
que je voulais pas de gaucho

dans la famille.

Parce que je supporte pas ces conneries.

Si tu peux pas travailler
de tes foutues mains,

t'es un moins que rien.

Hé... l'abruti!

Ouais, c'est à toi que je parle!

Ouais! T'as rayé ma moto.

Hé, venez... venez.

En tout cas, j'aime travailler.

Je suis pas un glandeur.
J'aime bien travailler de mes mains.

Je l'ai pas volé, mon argent, tu sais?

Ouais, ouais, je sais.

Tu fais quoi, toi?

J'étudie la photographie. À l'université.

Pourquoi t'as rayé ma moto?

Je sais pas ce que tu crois,
mais je l'ai pas rayée.

Pourtant, je la laisse,
il y a pas de rayure...

et là, je te vois...
et comme par hasard, il y a une rayure.

- Une rayure?
- Qu'est-ce qui se passe?

Bien, je suis allé voir
les carburateurs de sa moto.

Il a des carburateurs Jaguar.

- Tu sais, de bons vieux carburateurs.
- Ouais, ouais, ouais, ouais.

Et maintenant, il prétend
que j'ai rayé sa moto.

Je l'ai pas rayé, ton vieux tas de merde.

Te fous pas de ma gueule.

Tu veux qu'on s'énerve, pauvre con?
On va s'énerver!

OK, OK, ça va, on se calme.

Non. Non.

D'où est-ce que vous êtes?

De Gary.

OK, est-ce que tu connais
un certain Shitty Pete?

Il est du coin.

Ouais. Il vient avec nous, des fois.

D'où tu le connais?

Moi? Bien, j'ai travaillé
avec Shitty Pete.

Je suis camionneur.

Il y a cinq ans, environ.

Tes amis ont l'air d'avoir des ennuis.

Oh, merde!

Et comment vous vous appelez?

Les Rogues. Les Rogues de Gary.

OK. Et vous êtes combien
dans votre groupe?

Pas assez, on dirait.

Lâche-le!

Calme-toi!

Sérieux?

Benny! Benny!

Arrête!

Benny, arrête, arrête!
Arrête, arrête. C'est bon!

C'est bon.

C'est bon, c'est fini.

OK...

J'y crois pas!

Il est complètement cinglé.

Ouais.

Bon, allez, allons prendre une bière.

Allez, viens.

En tout, j'avais quatre carburateurs,

une cylindrée de 1300 centimètres cubes,

des valves de cinq centimètres.

J'ai remplacé les conduits
et les soupapes.

J'avais les plus gros arbres à cames,

les plus performants que
je pouvais mettre dans la moto.

Comment t'as réussi à la démarrer?

C'est mon mécano.

Il pèse quand même 140 kilos.

Il est monté dessus et
elle a démarré au quart de tour.

Merde!
Heureusement que ton mécano était là.

C'est vrai qu'il m'a bien aidé
sur ce coup-là.

Grâce à lui, j'ai la moto de mes rêves.

Ouais, le problème, c'est que t'es obligé
d'emmener ton mécano avec toi.

Sans oublier qu'il faut le nourrir,
le gros.

Qu'est-ce qui t'est passé par la tête?

Comment ça?

Là, quand tu t'es précipité...
pour lui foutre un coup.

Bah, rien, j'ai vu que
t'étais en mauvaise posture.

J'ai pas eu besoin de réfléchir.

OK... OK, je comprends.

T'as fait ça pour moi, mon malade.

Tiens.

Benny a toujours été bagarreur.

Et c'est ce qu'il leur faut, dans ce club,

parce que vous savez,

la moitié d'entre eux,
c'est des poules mouillées.

Beaucoup de gars, là-dedans,
sont des poules mouillées.

Vous pouvez marcher avec ce truc?

Ouais!

De vraies poules mouillées, je vous dis.

Ils préféreront faire demi-tour
que de se battre.

Ça les dérange pas
de se retrouver en prison

pour troubles à l'ordre public, ça non,

mais on les verra jamais en prison
pour coups et blessures volontaires.

Les gars, bougez vos foutues motos!

Oui, madame.

Oh, wow, vous...

Vous avez pas bu toutes les bières.
Vous m'en avez quand même laissé une.

C'est trop gentil.

Enlevez-moi ces motos de là!

Benny est même pas là, en plus.

Benny est pas là
et ils viennent traîner ici,

parce qu'ils ont nulle part où aller.

Ils viennent et ils s'assoient ici.

Et c'est mauvais pour le quartier.

Les voisins les voient, ça fait jaser...

J'étais quelqu'un de respectable.

Kathy, d'après vous,
pourquoi les gars portent pas

leurs couleurs
quand ils sont pas ensemble?

Pourquoi? Parce qu'ils ont peur
quand ils sont tout seuls.

Il y a beaucoup trop de gens
qui veulent leur régler leur compte.

Il y a beaucoup de gens
qui ont une dent contre eux.

Donc, ils les prennent un par un,
comme ce qui est arrivé à Benny.

Benny a toujours porté ses couleurs,

Il les a portées
alors qu'il était tout seul.

C'est là qu'il s'est attiré des ennuis.

Vous êtes au courant de ce qui s'est passé
au Lakeside Inn?

- Oui.
- Juste à cause de ça!

Benny était tout seul dans un bar
et il aurait enlevé sa veste

pour rien au monde.

Et c'était un problème.

T'es sourd ou quoi?

Tu peux pas porter ces couleurs
dans le quartier.

Paulie, il veut se relever.

Il en redemande, on dirait.

Je te conseille de pas te relever,
tas de merde!

Il va pas se relever, fais-moi confiance.

C'est ta moto, ça, petit con?

Oh, merde, Henry!

Sale fils de pute!
Ah, espèce de lâche!

Henry!

T'en fais pas, je vais lui faire regretter
ce qu'il t'a fait, ce fils de pute!

ENTREVUE DE KATHY

Ils lui ont quasiment coupé le pied.

Mon père m'a toujours dit
qu'il en fallait beaucoup

pour qu'un homme se mette à pleurer,
genre vraiment beaucoup.

Je veux dire...
un homme, un vrai, se met pas à pleurer

après avoir pris un coup sur la tête.

De toute ma vie, j'ai dû voir
mon père pleurer deux fois.

La première fois,
c'est quand son père est mort,

et la deuxième, c'est quand ma mère
a failli mourir.

Là, il a beaucoup pleuré et...
je l'ai toujours cru.

Alors que Benny...

je l'ai vu se faire défoncer
la gueule à coups de matraque.

Je l'ai vu se faire recoudre
sans aucun calmant, rien!

Je veux dire, ils lui ont fait...

ils lui ont fait des points de suture
sans aucune anesthésie.

Ce gars-là ne verse jamais une larme.

La seule fois où j'ai bien cru
qu'il allait craquer, c'était ce jour-là.

Pas à cause de la douleur
ou je sais pas quoi.

Vous savez pourquoi?

Les laisse pas m'amputer le pied.

OK? Les laisse pas m'amputer le pied.

S'ils m'amputent le pied,
je ne pourrai plus faire de moto.

Et voilà!

Il voulait pas perdre son pied
parce qu'il ne pourrait plus

faire de moto.

Peu importe qu'il ait eu une commotion

ou si ce fou furieux a failli
lui couper le pied

parce qu'il voulait pas enlever
sa foutue veste.

Non, ça, c'est pas grave.

Déjà, il était même pas censé conduire,

parce qu'on lui avait retiré son permis

après la fameuse course-poursuite
avec la police.

Non, non, non, non.

Tout ce qui l'intéressait,
c'était de conduire sa moto de malheur.

Honnêtement, si c'était pas si dramatique,
on pourrait en rire.

Et qu'en a pensé Johnny?

Oh, Johnny.

Johnny a pété un câble.

Johnny, Benny est dans un sale état.

Il est à l'hôpital.

Il s'est fait tabasser par deux gars
à cause de sa veste.

Un peu plus, ils lui coupaient le pied.

Où ça?

À Lakeside.

Je veux pas d'ennuis.

Très bien.

Il y a un jeune qui s'est fait tabasser
plus tôt dans la journée.

Vous... Vous savez qui a fait ça?

Deux habitués.

Deux habitués? OK.

Prenez votre crayon.

Écrivez leur nom et leur adresse.

Et vous pourrez partir.

C'est mon bar, je suis le proprio.

Envoie quelques hommes,
qu'ils s'assurent

qu'ils ne puissent plus marcher.

Qu'est-ce qu'on fait pour le bar?

Brûle-le.

On devrait s'en aller.

Non, c'est bon.

Ils ont peur de nous.

Je crois que ça l'a terrifié.

Je le comprends.
C'est beaucoup de pouvoir

pour un seul homme.

D'être responsable de tout ça.

Je veux dire, ça peut vite
vous monter à la tête.

- Crème?
- Non, merci.

Benny était salement amoché.

On allait passer trois semaines
dans un motel.

Comme il pouvait pas marcher,

je lui ai pris une chambre
au rez-de-chaussée.

C'est mon mari. C'est...

Darrin.

On buvait un verre.
Un cocktail?

J'aimerais un dry martini.

Un Vermouth italien avec du gin espagnol
et une olive à la grecque.

Nous n'avons pas ça.

Pas de problème, je m'en occupe.

Salut, Kathy.

Je t'en prie.

Hé, regardez-moi ça!

Tout bien installé! Une vraie princesse.

C'est moi que tu traites de princesse?

Ah, t'as bonne mine.

T'as l'air en forme.

Les gars avaient peur
que tu sois cloué au lit.

Il est cloué au lit, il peut pas marcher.

Qu'est-ce qu'il t'a dit, le médecin?

Ils ont coupé le tendon.

Oh, merde!

On n'a plus de glace.

Et euh... ils vont le recoudre ou quoi?

Un truc dans le genre, ouais.

Je vais aller en chercher.

Alors, combien de temps
ils vont te garder à l'hôpital?

Euh... trois, quatre jours.

C'est long, quand même.

Les gars aimeraient bien que tu sois là.
Il y aura beaucoup de monde.

Ce sera le plus grand qu'on ait jamais vu.

Le plus grand quoi?

Le plus grand pique-nique.
Le club va faire une virée à Dayton.

C'est dans combien de temps?
Trois semaines?

Ouais.

J'aurai toujours un plâtre, mais...

Un plâtre? Pas grave,
tu passes les vitesses

avec ton pied gauche,
et si tu peux pas mettre de pression,

tu freines avec le frein avant.

Je sais que les gars ont très envie...

Tu veux un verre, Johnny?

Non, c'est bon.

Les gars ont vraiment envie de te voir.

Tu sais, ils se font
beaucoup de souci pour toi.

OK, j'y serai.

Super.

Je vais vous laisser.

Repose-toi. OK.

Kathy.

T'envisages quand même pas
de reprendre la moto dans trois semaines?

Le médecin a dit trois, quatre mois
sans mettre de poids dessus.

Je sais pas.
Rallume la télé, s'il te plaît.

Je veux pas que tu y ailles.

Ça me rassure pas du tout,

surtout si près de l'opération,
je suis contre l'idée.

T'es contre l'idée?

Oui, ça m'inquiète!

Je crois que je vais partir.

Je vais te laisser tranquille.

Pardon?

Tu seras mieux sans moi.

Ne dis pas de bêtises, s'il te plaît.

Tu n'auras plus à t'occuper de moi.
Tu n'auras plus à t'en faire pour moi.

Non. Non.

Dès que je suis rétabli, je m'en vais.

Je veux pas que tu t'en ailles.

En sortant de la route,
je tombe sur ces champs de pavots.

Si un jour, vous allez en Californie,
faut vraiment que vous alliez voir ça.

- Salut, Kathy!
- Salut, Brucie.

- Comment va Gail?
- Bien.

Elle a trouvé un travail de manucure
à Oak Park.

J'irai la voir.

Est-ce qu'on peut parler, Johnny?

Faut toujours qu'ils soient là
pour entendre tout ce qu'on a à te dire?

- Qu'est-ce que t'as à me dire?
- Plusieurs choses.

Qu'est-ce que je peux faire pour toi?

- Tu peux pas le garder.
- Qui?

Tu sais parfaitement
de qui je veux parler.

Tu peux pas le garder.
Il peut pas rester dans le club.

Il est à moi.

Tu sais que s'il remonte sur une moto,
il va mourir.

D'une façon ou d'une autre, ça va le tuer.
Et tu sais que j'ai raison.

Et qu'est-ce que tu veux que je fasse?

J'ai aucun contrôle sur Benny,
comme toi, t'as aucun contrôle sur Benny.

Personne ne peut lui dire
quoi que ce soit, c'est un...

un grand garçon.

S'il veut faire de la moto,
il fera de la moto.

Il arrêtera de faire de la moto

si tu lui dis qu'il ne fait plus
partie du club.

- T'es pas sérieuse?
- Il est à moi, Johnny.

C'est moi, sa femme, pas toi.

Qu'est-ce que je suis censé comprendre?

Je sais que tu l'aimes,
et moi aussi, je l'aime.

C'est pour ça que tu dois le faire.

C'est bon, t'as fini?

À toi de me le dire.

T'as quelque chose à ajouter?

Non, j'ai tout dit.

Alors, dans ce cas,
il y a rien d'autre à dire.

On s'est tout dit.

Tu peux pas le garder!

Ferme ta gueule!

Toi, ferme ta gueule!
T'as jamais été capable

de faire quoi que ce soit
de tes 10 doigts!

Ah, ferme ta grande gueule de merde!

Toi, tout ce que tu sais faire,
c'est japper comme une chienne!

Wouaf, wouaf, wouaf! Je vais te fermer

ta grande gueule
une bonne fois pour toutes!

Ce serait bien la première fois...

Arrêtez de vous engueuler!

J'en ai assez de supporter tes conneries!

Toujours à te croire plus forte
que tout le monde!

Si j'avais pas mal au dos,
je t'arrangerais le portrait!

« Mon dos, mon dos! »

Je vous ai dit d'arrêter!

Viens ici que je te frappe
avec ma ceinture!

Non, non!

Je vous ai dit d'arrêter!

Je t'avais prévenu! Hein?
Je t'avais prévenu.

Non! Pas vrai?

Viens là!

OK. Viens là!

Arrête! Je t'en prie! Arrête!

Arrête, tu vas le tuer! Arrête! Arrête!

Fiche le camp d'ici!

Je ne veux plus jamais te voir,
tu m'entends?

Plus jamais!

Je suis désolée. Je suis désolée.

Je suis désolée.

Désolée. Je suis désolée.

Je suis désolée.

Allons-y.

T'es un Vandale?

Ouais, mon gars.

Moi et mes amis,
on aimerait se joindre à votre club.

Si vous voulez vous joindre à nous,
faut parler au patron.

Et c'est qui, le patron?

« C'est qui, le patron? »

C'est lui, le patron.

Suis-moi.

Hé! Regardez qui est là!

Content de te revoir!

T'as fait toute la route avec ça?

Je l'ai attachée à la moto.

Il en a besoin
parce qu'il a la jambe cassée.

- Salut, Betty.
- Salut, Kathy.

Je vais me prendre une bière.

Alors? Ça fait quoi
de remonter sur une moto?

Salut!

On m'a dit que c'est à toi
qu'il fallait que je parle.

Peut-être bien.

Je viens direct de Californie.

On m'a dit
qu'il y avait un grand pique-nique,

alors je suis venu.

Il paraît que c'est toi, le patron.

Je m'appelle Sonny.

Ma contribution pour un peu de nourriture
et à boire.

Je vais camper une nuit ou deux.

Je tenais à vous montrer
que j'étais pas un profiteur.

OK, eh bien, fais comme chez toi.

Lui, c'est Brucie,
et euh, Benny, que tu vois avec la botte.

Et... moi, c'est Johnny.

On est les Vandales.

Bien, les gars...

Ça fait plaisir de rencontrer
des vrais enculés.

Hé, les Vandales, bande d'enculés!

Je me suis toujours demandé
à quoi ressemblaient

les motards en Californie.

Vous vous imaginez des centaines de clowns
comme ce gars-là?

On m'a toujours pris pour un idiot.

J'étais même pas capable de lire
une bande dessinée

avant d'être dans l'armée.

Ah, ouais? Quelle bande dessinée?

Je suis né au Canada, mon gars.

Je veux dire, je suis allé
à l'école primaire en français,

sans jamais parler un mot d'anglais.

Ça voulait pas rentrer,
j'arrivais pas à apprendre

cette saleté de langue.

- T'as fait l'armée?
- Ouais!

J'ai été réformé
pour trouble du comportement,

parce que j'étais toujours en opposition.

Moi, je voulais faire l'armée.

J'aurais vraiment voulu aller au Vietnam.

Je suis allé au centre de recrutement
pour m'engager.

Il y avait eu une grande soirée
organisée au Seaway.

J'y étais allé la veille.

Je suis rentré vers... 4 h du matin.

Ma mère rentre à la maison.

« Tu devais pas y aller? »

« Tu devais pas y aller? »

Mon réveil arrête pas de sonner,
je suis encore dans les vapes,

et ma barbe est pleine de vin.
Et ma mère, elle appelle un taxi,

elle vient avec moi et me jette
dans le centre de recrutement.

Ils me font passer d'un bureau à l'autre.

Et je suis assis...
J'arrête pas de m'endormir.

Mais j'ai quand même réussi.
J'ai réussi tous les examens.

Et le gars me dit:
« Hé, t'as raté ton examen médical. »

Moi, je dis:
« Pourquoi? À cause de mes oreilles?

J'ai un problème d'audition ou quoi? »

Et il me dit...

« Non, non, c'est le psychiatre
qui t'a recalé. »

C'est un génie, ce médecin!

Ouais, j'empeste l'alcool,
on dirait une distillerie sur pattes,

mais je réponds correctement
à toutes ses questions.

Et il me dit:
« Tu as réussi tous les examens,

mais tu as un caractère incompatible.

On ne veut pas de toi. »

Et moi, je lui dis:
« Mais je veux y aller! »

Et là, je me suis mis à l'insulter
de tous les noms.

Je lui ai dit:

« Sale fils de pute, je t'emmerde,
espèce de pourriture. »

Je suis sorti de là,
et j'ai jamais autant pleuré de ma vie.

J'étais prêt à y aller.

T'as des gauchos qui brûlent
leur carte d'incorporation.

Et ils prennent pas
ceux qui veulent y aller!

Ça m'a tellement fait chier.

Tu sais, ça me touche beaucoup
que tu sois venu ici avec ton pied blessé.

J'ai bien réfléchi, et...

je peux pas diriger
ce club pour toujours,

alors il va falloir que
je trouve quelqu'un pour...

pour prendre ma place.

T'as pensé à Brucie?

Brucie...

Ouais, t'as raison,
j'aime Brucie comme un frère,

c'est vrai,
mais ce sera pas Brucie, non.

Brucie va se faire manger
la laine sur le dos.

Il faut que ce soit quelqu'un...

quelqu'un qu'ils respectent.

Quelqu'un qui se laissera jamais
marcher sur les pieds par eux.

Et c'est toi.

Ta gueule.

Écoute...

J'ai bâti ce club de mes propres mains,
tu comprends?

J'ai mis plus d'énergie ici
que dans ma propre famille.

Ce club est ma famille.

Je ne sais même plus combien
on a de foutus chapitres aujourd'hui.

Je sais...
qu'il y a des nouveaux...

des gars assez jeunes,

et je les connais même pas tous, mais...

je sais que ceux que je connais
voudront pas recevoir d'ordres

de quelqu'un qui sait pas leur tenir tête.
Tu comprends?

Tu m'as vu?

Je suis une foutue loque.

Je peux même pas payer
ma cotisation.

On s'en fout de la cotisation.

Toi, t'es un homme, un vrai.

C'est vrai, t'as une maison,
t'as un boulot,

et moi, je veux pas ça.

C'est jamais ce que j'ai voulu.

Ouais, je sais.

Et tu vois, c'est pour ça
que je t'ai choisi.

Parce que tous ces gars
aimeraient être exactement comme toi.

Tu vois?

- Johnny...
- Quoi?

C'est à toi.

Je veux juste que...

que tu y réfléchisses, OK?

Sonny, tu...

tu viens de la Californie,
c'est ça?

Ton club est là-bas?

Alors, qu'est-ce que tu fous ici?

Je suis ici pour lui.

Il a jamais rendu sa veste.

On a entendu dire
qu'il avait un nouveau club.

Alors, ils m'ont envoyé
pour lui arranger le portrait.

Alors, tu vas le faire?

Tu vas lui arranger le portrait?

Non.

Je vous aime bien,

et je vais m'amuser avec vous
encore un peu.

Qu'est-ce qui se passe, merde?

Eh bien, je crois que
Funny Sonny vient juste de...

de faire chier Cal
dans son pantalon.

Regardez-le!

Fait chier, bon Dieu de merde!
Seigneur!

Ça sent pas très bon!
C'est tout ce que je sais!

Il a eu la peur de sa vie!

Mais je comprends, c'est vrai.
Sonny fait peur!

Ouais, je me demandais
si mon heure avait sonné!

Le problème, c'est que je croyais pouvoir
le changer, vous comprenez?

Oh, Seigneur.

Je pense que toutes les femmes

essayent de changer
l'homme qu'elles aiment.

Et je voulais pas nécessairement
le mettre à ma main, je vous le jure.

Je voulais pas
qu'il soit différent,

mais peut-être juste
un peu moins intense.

Je croyais que ça lui passerait,
mais je me trompais.

Le pire, c'est qu'il dit
toujours qu'il va partir,

et parfois, c'est presque
ce que je souhaite.

Parce que chaque fois qu'il a des ennuis,

la première chose qu'il
me dit, c'est: « Je vais partir. »

Je crois qu'il dit ça seulement à moi.

Alors, moi, je lui dis toujours:
« Ne pars pas, ne pars pas. »

Mais je suis au point
où je me dis que s'il partait

sans me prévenir, s'il partait en douce,
ça me ferait peut-être moins mal,

parce que moi, j'ai des sentiments.

Mais Benny n'en a aucun.
Je sais pas comment il fait.

D'après ce que j'ai entendu,
même à la mort de son père,

il a pas montré la moindre émotion.
Il a dit qu'il était mieux mort.

C'est vrai, Benny croit que tout le monde
serait mieux mort que vivant.

Vous comprenez? Quand son père est mort,
il a dit: « C'est mieux comme ça.

Il sera mieux mort. »

Et quand Brucie est mort, il a aussi dit
que c'était mieux comme ça.

Aucun sentiment.

Brucie... Et depuis le jour
où il est mort,

les choses ne sont plus les mêmes
au sein du club.

Vous trouvez pas?

Moi, il me manque, Brucie.

C'est tout, juste pow. Et c'était fini.

C'est toujours comme ça que ça arrive.

Il y a toujours quelqu'un.

Ouais, ça en prend toujours juste un.

Ouais, il y en a toujours un
qui sort de nulle part.

C'est lui qui finit par avoir notre peau.

C'est vrai.

Toujours celui qui sort de nulle part.

Hé, Johnny.

Oui?

On vient d'avoir un appel.

De qui?

Du salon funéraire.

Ils veulent pas de nos fleurs.

Quoi?

Ils ont pas pris les fleurs
que t'as envoyées.

Ils disent que la famille les veut pas.

Bah, on s'en fout. Envoie-les quand même.

Ils ont qu'à les manger
s'ils les veulent pas.

OK.

Attends. Va rassembler les gars, d'accord?

On va les livrer nous-mêmes.

Foutez le camp d'ici.

Vous vous souvenez de Teddy Singer?

Ouais, ouais.

Ouais, bah,
Teddy Singer est mort sur le chemin

en revenant de la bénédiction
de la Saint-Christophe.

Ouais, il a fait une embardée
et il a frappé

une voiture stationnée
près de la carrière.

C'était un bon gars.

Vous vous souvenez, il conduisait
une magnifique Knucklehead

toute chromée d'un bout à l'autre.

C'est son père qui l'avait faite pour lui.

Vous vous souvenez?
Son père était un outilleur.

C'est vrai.

Et après la mort de Teddy,

j'ai proposé à son père
de lui racheter la moto,

parce que c'était une œuvre d'art.

Et je lui avais fait
une offre très généreuse,

mais je vous jure, le gars...

il voulait pas la vendre.

Vous comprenez?

Il voulait pas la vendre.

Il la conduisait même pas.

Il a juste gardé la moto.

Il l'a mise au sous-sol.

D'accord?

Vous comprenez?

Ouais.

Peu importe.

C'est de la merde. Fait chier.

C'est comme ça que je veux mourir.

T'as tellement raison, bordel.

Et ma mère arrête pas de me dire:

« T'as déjà eu des accidents,
t'as vu des gens mourir.

Tes deux cousins sont morts à moto.
Tu vas te tuer, toi aussi. »

Et je lui dis:
« C'est comme ça que je veux mourir.

Le jour où je meurs,
je veux être sur une moto. »

Ferme ta grande gueule.

- Je veux...
- Ta gueule.

- Ferme-la.
- Johnny.

On m'a dit que c'était toi

que je devais voir
pour devenir membre.

Oh, non.

Non, désolé. On prend pas les enfants.

Je suis pas un enfant, j'ai 20 ans.

Allez, fous le camp d'ici, d'accord?

Tu peux venir voir nos motos?
On les a assemblées nous-mêmes.

Ouais, OK.

Viens voir nos motos.

Allons les voir, leurs motos de merde.

Oh, bon sang!

C'est vraiment de la merde.

On a...

On a rassemblé toutes les pièces
nous-mêmes.

Tu vois, on est partis de rien,
et on a fait ça.

On a fait tout le travail.

C'est excellent.

Quel nom vous vous êtes donné?

Les Renegades.

On fait de la moto
depuis qu'on est petits.

Écoute, on est prêts à faire
ce qu'il faut, d'accord?

Si tu nous demandes de voler quelqu'un,
on va le faire.

Si tu veux qu'on batte quelqu'un,
on est prêts à le tuer.

Tout ce qu'on veut,
c'est faire partie de votre club.

Tu veux vraiment qu'on t'accepte,
hein, le jeune?

Ouais.

Je parie que si je te proposais
de diriger ce club,

tu sauterais sur l'occasion, pas vrai?

Quoi?

Non, rien.

D'accord. On t'accepte.

Mais juste toi.

Va falloir que t'abandonnes tes amis.

D'accord.

Non. Non, non, non, non, non.

Non.

Non, fous-moi le camp d'ici.

T'es une vraie pourriture, tu le sais?

Quoi? T'es prêt à abandonner tes amis,
comme ça?

Non, fiche-moi le camp d'ici.

Je ne veux plus jamais te revoir
dans les parages.

Johnny!

Allez, ramassez-moi ce petit con
et foutez-moi le camp.

Seigneur... Bon Dieu de merde!

Quelle bande de sales fils de putes.

Mais vous êtes parti.

Quoi?

Vous êtes parti
avant que les choses tournent mal.

Eh bien, c'était en 69, donc...

Donc ouais, j'avais fini mes études,
alors j'ai décidé de partir pour New York.

C'est pour ça que je voulais vous parler,

pour savoir
ce que les gars étaient devenus.

Ce que le club était devenu.

Je dirais qu'un an après la mort de Brucie
et votre départ,

les choses
dans le club ont vraiment changé.

Il y a eu...

Il y a eu comme une séparation.

Une rupture entre les anciens
et les nouveaux,

entre les buveurs de bière
et les fumeurs de mari.

Et toutes leurs règles...

c'était juste des trucs inventés,
mais les nouveaux y croyaient vraiment.

Comme si elles étaient gravées
dans le marbre.

Il y a un gars qui faisait
de la moto avec nous avant.

Il prenait des photos.

Il disait qu'il allait écrire un livre.

Alors moi, je lui ai dit
que tout ce que je voulais,

c'était être pris en photo
déguisé en barbare.

Mais en vrai barbare, vous voyez?

Avec de la fourrure et une hache
ou quelque chose du genre.

Et à ce moment, j'en ai eu assez.

Alors, j'étais planté là,
à me demander quoi faire,

pendant que le gars avait l'air
de vouloir me sauter dessus.

Et je me laisse pas faire,
moi, dans la vie.

Mais le gars voulait pas me lâcher.

Hé, Funny, laisses-en

pour les autres un peu,
mon vieux!

Alors, je lui ai dit:
« Écoute, mon gars, je te préviens.

Tu fais un pas de plus, et je te jure
que je vais te refaire le portrait. »

Vous avez vu cette robe?
Je parie qu'elle me ferait comme un gant.

Ouais, t'as bien raison, Kathy.

Et quand je m'énerve, sale con...

Crois-moi, tu veux pas
être là pour voir ça, OK?

C'est clair?

Il a de la chance que je l'aie pas tué.

Parmi les nouvelles recrues,

il y en avait la moitié
qui revenaient du Vietnam.

Ça, c'étaient les fumeurs d'herbe.
Et ils étaient différents.

Ils consommaient de la mari, oui,
mais pas seulement ça.

Ils prenaient d'autres drogues aussi.

Des drogues dures
qui les rendaient complémentent fous.

Je l'ai étendu sur le sol, et puis,
j'ai pointé mon arme sur sa tête.

Il a dit:
« Pourquoi tu me laisses pas partir? »

« T'iras nulle part, espèce de pourri.

T'es mon prisonnier.

Tu partiras quand je te dirai de partir. »

Vous savez ce qu'ils ont fait à Cockroach?

Qu'est-ce que tu viens de dire?

Un policier à moto.

J'ai toujours voulu
devenir policier à moto.

C'est pour ça que je vais rendre ma veste.

Alors, tu vas te retirer?

Ouais.

C'est une job de rêve non?

Sérieusement, dites-moi
ce qu'il y a de mieux

que d'être payé pour passer ses journées
assis sur une Harley-Davidson.

Je lui ai déjà dit
qu'elle devait appeler un avocat.

Elle le fera pas.

Kathy. C'est pour toi.

Tiens.

Où est-ce que vous avez trouvé ça?

La fille, elle a dit que c'est à toi.

Tu te fous de moi?
Qu'est-ce qu'elle porte?

Elle est avec un gars,
elle n'en a plus besoin.

T'en fais pas, elle s'amuse.
Elle dit qu'elle tient à te l'offrir.

Ah, ouais, hein?

Va l'essayer.

Ouais.

Allez. Essaie-la!

Essaie-la!

Ouais!

On est comme le père Noël!

D'où ils viennent, ceux-là?

De Columbus.

Il y a tellement de foutus nouveaux.

J'ai arrêté de vous compter.

Je reviens. Il faut que j'aille pisser.

Tu veux partir, fils de pute?

Hein, tu veux te retirer,
espèce de traître?

Ouais!

T'es très jolie.

T'es très classe, Kathy.

Très classe.

Benny, viens avec moi.

Salut, beauté.

Qu'est-ce qui se passe?

Il s'est bien fait défoncer la gueule.

- T'as vu qui c'était?
- Non.

Allez, faut le transporter
jusqu'à la voiture.

Vous deux, emmenez-le à l'hôpital.

D'accord.

Allez. Faut se lever.

Où est-ce que tu vas, hein?

Lâche-moi! Lâche-moi!

Arrête!

Allez, on va prendre soin de toi!

Arrête!

Laissez-moi!

Non! Non!

- On te tient, là!
- Non!

Non! Non!

Allez!

Voyons! T'énerve pas, ma belle!

Benny! Benny, non! Non!

Non!

- Benny! Benny, non!
- Qu'est-ce que vous foutez?

On veut juste notre part du gâteau!

T'énerve pas.

Ils ont dit que la fille à la robe rouge
demandait que ça.

On veut juste notre part.
Ils ont dit la fille à la robe rouge.

Dégagez de ma vue.

T'es sérieux?
C'est juste un foutu malentendu.

Dégage, connard!

Où il est, Benny?

Euh, bien, il est pas...

il est pas là pour le moment.

OK...

Ça va aller.

Tu comprends, si on manque d'alcool,
on va devoir en rapporter demain.

Il va falloir que tu le dises
au barman, d'accord?

Je veux des petits verres.
Petits. C'est bien compris?

Ouais, mais ils partent d'ici
avec une bouteille tous les soirs.

- Tu dois leur parler.
- Je leur ai déjà dit.

Johnny.

Je te jure, si je continue
à me faire voler de l'alcool...

Je leur ai déjà dit.

Il faut que je te parle.

Seul à seul.

Ils m'ont fracturé deux côtes, merde.

Ces connards de nouveaux.

Ils sont complètement fous, Johnny.

J'ai dit à ma femme que
je voulais rendre ma veste.

Je veux te rendre ma veste.

Et quitter le club.

Je comprends.

Mais Johnny, ces gars-là,
ces cinglés de nouveaux...

j'ai peur qu'ils viennent me tuer
quand ils vont l'apprendre.

Il faut que tu m'aides.

T'en fais pas, je vais m'occuper de toi.

T'as un fusil, pas vrai?

Ouais.

Apporte-le ce soir.

Qu'est-ce qu'on fait ce soir?

On va s'occuper de Cockroach.

Benny? T'es là-haut?

Ouais.

Qu'est-ce que tu fais?

Rien de spécial.

Il faut que je te dise quelque chose.

On m'attend quelque part.

Tout le monde est attendu
quelque part, non?

Qu'est-ce qu'il y a?

Je n'ai plus envie de vivre comme ça.

Je n'accepterai plus de vivre comme ça.

T'étais pas là, Benny, alors t'as rien vu.

Je sais pas ce que j'aurais fait
s'ils avaient

réussi à me traîner
jusque dans la chambre.

Mais Johnny m'a dit qu'il a réglé ça,
qu'il s'est rien passé.

C'est pas vrai.

T'étais pas là,
t'as pas vu ce qui s'est passé.

Tu n'étais pas là.

Je sais. Et je suis désolé.

T'étais pas là!

S'ils m'avaient emmenée à l'étage,

j'aurais pris ton pistolet
et je me serais fait exploser la cervelle.

- Dis pas ça.
- Je suis sérieuse.

Et je sais que je dis toujours

que les gens qui se suicident
sont cinglés,

mais c'est le genre de chose
qui aurait pu me rendre cinglée.

T'aurais jamais pu me regarder
comme avant après ça,

tu n'aurais plus jamais voulu de moi.

Qu'est-ce que tu veux que je fasse?

Je veux que t'abandonnes la moto
et que t'abandonnes le club.

Me demande pas ça.

Je me suis dit

qu'on pourrait partir quelque part
tous les deux.

Tu m'as dit
que t'avais un cousin en Floride

qui t'engagerait à son garage,

alors allons là-bas!

Tout ce que je veux,
c'est qu'on parte d'ici, Benny.

Benny!

- Benny!
- Quoi?

Qu'est-ce que t'imaginais?

Quel genre de vie
tu croyais que ce serait?

Benny.

Il faut que j'aille voir Johnny.

Surtout, ne fais rien,
t'as qu'à me suivre.

T'es prêt?

Donne-moi le fusil.

Merde! Merde!

Laisse-le saigner.

Va-t'en.

Et ne reviens pas.

Allez.

C'était quoi tout ça, merde?

Ça, c'était notre façon
de protéger Cockroach.

Un peu comme t'as protégé Kathy?

On est vraiment
ce genre de club, maintenant?

On est ce genre de personne?

C'est comme ça.

Benny. Benny.

Écoute, euh...

Tous ces nouveaux...

tous ces...

tous ces jeunes, tu vois?

Ils veulent rien écouter.

Et je crois
que je ne peux plus diriger ce club.

Et...

j'ai besoin de toi.

Tu sais, je...

je demande jamais rien à personne.

Et j'attends jamais rien de personne.

C'est pas moi.

Et ce sera jamais moi, compris?

Benny disait toujours qu'il allait partir.

Et un jour, il est parti.

Vous savez, Funny Sonny m'a dit:
« Kathy, je vais te dire quelque chose. »

Il m'a dit:

« Du moment que tu partages ta vie
avec un Vandale,

tu pourras jamais retourner
avec un gars ordinaire. »

Et je crois qu'il a pas tort,

parce qu'après un bout de temps,
on leur ressemble.

C'est vrai, on commence à penser
comme eux,

à agir comme eux, on n'est plus la même.

Et Benny est parti plus d'un an,
c'était en 71.

C'est cette année-là

qu'un jeune est arrivé
pour défier Johnny.

J'avais jamais entendu parler de lui.
C'était juste un jeune.

Je suis un Vandale maintenant.

De quel chapitre?

Milwaukee.

Et les gars et moi, on a décidé
que tu ne devrais plus être aux commandes.

Alors, je suis venu te défier.

Mains nues ou couteau?

Au couteau.

Très bien. Il y a...

Il y a un stationnement sur Fuller.

Près du lac.

Demain soir.

Ça marche.

Des idées?

Quelques unes, oui.

J'aimerais regarder ça
avant de m'y engager.

- Où sont les filles?
- Avec des amies.

Il faut que je sorte.

Tu vas revenir ce soir?

Ouais.

Tu peux acheter des œufs en chemin?

J'ai pas envie de ressortir.

Ouais.

Hé! Johnny.

Hé, Kathy.

Benny a fini par rentrer?

Non.

Et s'il était rentré,
tu l'aurais sûrement vu avant moi.

Non.

Aux dernières nouvelles,
il faisait de la moto

avec des gars dans l'Indiana.

Tant mieux pour lui.

Qu'est-ce que tu veux?

Rien.

Aucun de nous deux l'a eu,
en fin de compte.

On dirait bien.

Tu sais...

tu peux décider de donner
tout ce que t'as à quelqu'un.

Ouais, tu peux t'investir
autant que tu veux.

Et tu peux quand même
le perdre du jour au lendemain.

Quoi, tu veux parler de mon mariage?

Dis-moi, Johnny, qu'est-ce que tu veux?

Je te l'ai déjà dit.

Rien.

Prends soin de toi, Kathy.

Toi aussi, Johnny.

C'était à la fin octobre,
alors il faisait déjà froid.

J'ai entendu dire
que les anciens des Vandales

n'étaient pas tous allés en moto.

Ils étaient assis dans leur voiture
à regarder.

La loi Huber.

Quoi? C'est quoi, de l'allemand?

C'est quand tu travailles
pendant la journée

et que tu vas en prison le soir.

Tu comprends ce que je veux dire?

Ils leur apprennent un métier
à ces bons à rien.

Très bien, laissez-moi régler ça.

Botte-lui le cul, Johnny.

Il fait froid, merde, on gèle.

T'es prêt, le jeune?

Merde.

Il y a un des gars qui a dit plus tard...

Un des motards a dit que
dès le moment où Johnny a été tué,

ç'a été la fin de l'âge d'or
pour les clubs de moto.

Après ça, le jeune a pris les commandes
et a transformé les Vandales

en gang criminalisé.

Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

Il y a rien à faire.

Le groupe a pris de l'expansion.

Ils ont des chapitres
partout dans le Midwest maintenant.

Et encore plus loin que ça.

On dit qu'ils font du trafic de drogue
pour le Canada.

Ils trempent dans les paris illégaux,
la prostitution, et j'en passe.

On dit qu'ils assassinent même des gens.

Et la fraternité entre clubs,

un peu comme pour
Funny Sonny qui arrivait de la Californie,

on verrait pas
ce genre de choses aujourd'hui.

Les membres des clubs
se tirent dessus à vue, maintenant.

C'est vraiment horrible.

Et parlez-moi des autres gars.

Qu'est-ce qu'ils sont devenus,
les autres gars?

Eh bien, certains d'entre eux
font encore partie du club.

Wahoo et Corky, je crois.

Ce sont toujours des Vandales.

Ta gueule, trou de cul!

Parce qu'on pense tous différemment.

Vous saviez que Cal est mort?

J'ai entendu dire

qu'il peinturait des maisons
à Lakewood.

Il serait tombé d'une échelle
et se serait cassé le cou.

Quelqu'un m'a dit
que Funny Sonny était payé 5 $

pour s'asseoir sur sa moto
à l'entrée du cinéma

pour convaincre les gens
d'aller voir Easy Rider.

C'est tellement ridicule, comme histoire!

Cockroach est retourné
dans sa ville natale,

et croyez-le ou non,
il est devenu policier à moto.

Assez surprenant, hein?

Et Zipco est parti au Texas
pour travailler sur un crevettier.

Je sais pas trop ce qu'il est devenu.

Et pour ce qui est de Benny?

Hé, Benny. T'as entendu ça?

Ils viennent de me dire
que le président des Vandales a été tué.

Un gars qui s'appelait Johnny.

Apparemment, il s'est fait tirer dessus
par un jeune dans un stationnement.

Tu connaissais bien ce gars, non?

Quels salauds, ces jeunes.

On est venus s'installer ici, en Floride.

C'est bien.

Il fait encore de la moto?

Non, non.

Non, depuis que Johnny s'est fait tuer,
Benny ne fait plus de moto.

Et vous savez quoi?

Je crois pas que ça lui manque.

Et tout va très bien.

Tout va bien, on est très heureux.

Benny travaille pour son cousin maintenant
et il est heureux.

Tout va bien.

Et le gars restait là
pendant que je les examinais,

et après, je lui ai dit toutes les erreurs
qu'il avait faites.

Je lui ai dit
qu'il avait pas bien traité ses voitures,

qu'elles étaient mal entretenues.

Il s'est énervé tout de suite
et il s'est mis à me crier dessus.

Et là, je lui ai dit de bien écouter
mes conseils...

LES MOTARDS