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Deux cavaliers galopètes abrides abattus sur les

routes de France en direction de Paris.

Chacun de ces deux hommes est chargé d 'un message qu

'ils doivent porter au Louvre le plus tôt possible.

Ils sont bien loin de se douter qu 'ils tiennent dans

leurs mains chacun de son côté un élément

susceptible de changer l 'histoire de France.

Monsieur, montrez -moi le chemin, je vous prie.

Sur mon âme, monsieur, je n 'en ferai rien, car je suis

votre humble serviteur, le comte Hannibal de Coconasse.

Et moi, monsieur, votre tout dévoué, le comte Joseph

Lerac de la Molle, pour vous servir.

Dans ce cas, monsieur, entrons ensemble.

Mais je vous en prie.

Après vous.

Roland, monsieur l 'autre de la Belle Étoile,

monsieur le manant, monsieur le drôle.

Oh, pardon, pardon, monsieur, je ne vous ai pas vu venir.

Il fallait nous voir, c 'est votre état.

Préparez -moi une chambre, et vite.

Faut -moi une autre, monsieur, je n 'en ai qu 'une et

avec un seul lit encore fort, fort et droit.

En ce cas, elle me revient.

Pardon, pardon, monsieur, voulez -vous me dire de

quel droit je vous prie?

J 'étais arrivé avant monsieur.

Je pense que nous sommes arrivés ensemble.

Vous croyez?

Je ne crois pas, monsieur.

J 'en suis sûr.

J 'ai demain une longue traite à fournir pour le

service de monsieur le duc de Guise, ce qui me confère

la priorité.

Et moi, je suis attendu au Louvre par sa majesté, le

roi de Navarre, ce qui ne me donne pas sur vous.

Messieurs, il y a une autre auberge à eu lieu d 'ici.

Ces hérétiques deviennent d 'une audace.

Voulez -vous quitter vos bronzères, monsieur le catholique?

Cessez de tourmenter la poignée de votre épée,

monsieur le huguenot.

Mais peut -être qu 'on mette un matelas partout.

Oh la lotte!

Vous êtes bon catholique?

Oui, bien sûr, mais...

Dans ce cas, il n 'y a pas de place ici pour un de ces

parpaillots de malheur.

Ce sont deux mots de trop.

Je suis prêt à vous en rendre raisons.

Oh, mais, messieurs, mais ce qu 'il y a fort peu à

rendre raisons, je vous jure.

Allons!

Oh, arrêtez, arrêtez!

Vous blessez mes pieds en bruyant.

Échauffez -vous donc, monsieur l 'hérétique.

Je suis trop votre servitaire pour ne pas vous obéir.

Celle -ci, monsieur l 'hérétique.

Mais vous êtes en perte.

Cette fois, vous ne m 'échapperez pas.

Roi des Français, par la grâce de Dieu, en joignant

nos fidèles sujets, tant catholiques que

protestants, d 'oublier les querelles fratricides

et de se tendre la main en conformité avec les paroles

du Christ, aimez -vous les uns les autres.

C 'est bon.

Les ordres sont les ordres.

Remandons en outre.

Quand ce jour -d 'hui est célébré au Louvre, le

mariage de notre très chère sœur Marguerite de

France catholique avec sa majesté Henri de Navarre,

prince protestant.

Mon roi de nom !

En donnant aujourd 'hui ma sœur Margot, à mon cousin

Henri, je donne mon cœur à tous les protestants du Royaume.

Le Christ n 'a pas seulement dit, aimez -vous les uns

les autres.

Il a dit, aimez vos ennemis.

Vive le roi !

Vive la réconciliation !

Vive le roi !

Vive la réconciliation !

Eh bien, monsieur le duc de Guise, qu 'attendez -vous

pour tendre la main, monsieur l 'amiral ?

Que le ciel nous soit offerte, sire.

Allons, Coligny, un effort.

Je vous en saurai gré.

Vive Marguerite de Navarre !

Eh bien, tu vois, il n 'est pas si mauvais que cela.

Sire, Judas aussi savait embrasser.

Accompagne -moi dans mon cabinet.

Je vais te confier tous mes plans de campagne.

À partir de maintenant, c 'est moi qui commande.

Si votre mère Catherine vous entendait.

Ma mère est une brouillonne qui ne s 'entend qu 'à exterminer.

Ces Italiens ont fait leur temps.

Après tout, nous sommes à la Cour de France.

Oui ou non ?

Parle, continue à parler.

La parole, il se prend pour le roi.

Que voulez -vous, majesté, à force de régner cet état

de rambre d 'un jour à l 'autre ?

C 'est moi qui règne.

Pour commencer, je vais apporter un peu d 'après -vue

à cette petite fête de famille.

Carlotta !

Carlotta !

Tiens, bien.

Henri de Navarre est depuis longtemps dans la salle

de balles.

Qu 'attend -tu ?

J 'y vais, majesté.

Ah, tu as bien compris ce que je t 'ai dit.

Je ne veux pas que ce mangeur d 'ail couche saignue

avec ma fille Margot.

Moi non plus, madame.

Tu l 'aimes tant que ça, le Navarre ?

Oui.

Enfin, tant mieux.

Comme ça, tu n 'auras pas besoin de te forcer.

Ah, monseigneur, le duc d 'Anjou attend à la porte.

Oh, qu 'il entre, ce trésor !

Bellissime, moquarrissime !

Vous avez vu mon niveau pour toi, ma heine ?

Oh, tu es magnifique.

Mais tu as enlevé ce rouge, Godin !

Ah, Renée, mes filles !

L 'étoffe vient d 'Italie.

Et la dentelle ?

Ah, quel beau roi tu fais !

Oh, petit Charles, dentelle !

Il a malgré son corps de chat !

Monsieur le comte a perdu cela tout à l 'heure en se

battant !

Oui, que vivions -nous ?

Oui, nous vivions à ce médaillon !

Sans lui, à l 'heure qu 'il est, ce gentil homme serait

aussi embranché que les couleurs de notre hôte !

N 'est -ce pas merveilleux ?

Le portrait a su protéger une existence qui

appartient tout entière à son modèle.

Oh, comme il a dit cela !

Le portrait a su protéger une existence !

Mais il est joli, au moins, le modèle.

Joli ?

Oh, non.

Elle est tout simplement la plus belle, la plus pure,

la plus intelligente créature qu 'un homme ait

jamais approchée.

Morbide !

Je demande à voir !

Mais c 'est Margot !

Marguerite de France, la reine Margot !

Non, pas possible.

Messieurs, ceci doit rester un secret entre nous.

Jurez -le !

C 'est bon.

J 'ai juré.

D 'accord.

Vous êtes de ses amants ?

Non.

Je ne l 'ai vu qu 'une fois et de loin.

Lorsque sa mère l 'a présenté au roi de Navarre à Cognac.

Mais depuis ce jour, je ne vis que pour elle.

Mes compliments !

Vous avez bien choisi.

Une dévauchée dont les mœurs sont le scandale de Lagos.

C 'est putain, l 'homme, dont je ne crois pas un mot !

Il est jeune !

Une putain !

À côté de qui, Lucrez -Borgia, mes figures de puce

solaire ?

Messieurs, vous m 'en rendrez raison !

Alors, messieurs, vous n 'allez pas commencer !

Et la réconciliation, alors, qu 'est -ce que vous en

faites ?

C 'est intolérable !

Qu 'est -ce qui est intolérable ?

Le roi m 'a forcé de serrer la main de Coligny.

Et alors ?

Vous n 'êtes pas mort, non ?

Parlons de choses sérieuses.

Tout est prêt pour cette nuit ?

Non, majesté.

24 heures ne sont pas nécessaires.

24 heures ?

Je ne veux pas que Margot passe la nuit avec le

chasseur d 'ours.

Moi non plus, madame, je ne veux pas.

Un peu de tact, Guise.

Que vous soyez l 'amant de ma fille, c 'est déjà une horreur.

Mais que vous vous en revendiez devant moi, c 'est

bien une faute de goût.

Pardonnez -moi, madame.

24 heures.

24 heures !

Nous prenons la peine d 'organiser ce mariage dans le

seul but de rassembler nos ennemis à Paris.

Il n 'y a plus qu 'à refermer le piège sur eux.

Et vous attendez.

Qu 'est -ce que vous attendez d 'ailleurs ?

Un message de mon frère, le duc de Mayenne.

Il doit donner le signal aux provinces de façon que le massacre...

Je déteste ce mot !

De façon que l 'opération soit déclenchée en même

temps dans toute la France.

Qui est le porteur de ce message ?

Un certain comte de coconace.

Un homme très sûr.

Dis donc, ils sont beaux garçons, ces huguenots.

J 'en essaierai bien un pour changer.

Qu 'est -ce que tu as ?

Ce pauvre Henri, lui qui n 'aime pas les fêtes, il est servi.

Qu 'est -ce que tu veux ?

Ce n 'est pas tous les jours qu 'on se marie.

Est -ce moi qui me marie par hasard ?

Ce n 'est tout de même pas moi.

Petite dinde.

C 'est la religion réformée qui épouse le pape Volatou.

Mais tout à l 'heure, c 'est la reine Margaux qui

renverra ses femmes.

Et votre majesté, ces gentils hommes.

Que non, que non, mamie.

Notre alliance ne va pas jusque là.

Si, je suis très malheureuse.

Et si je te promettais de passer ma nuit de noces avec

toi, que dirais -tu ?

C 'est encore une de vos promesses de gascon.

Ce soir à midi, je frapperai trois coups.

Il faut tout de même que je fasse danser ma femme une fois.

Triste, madame.

D 'être abandonnée de votre majesté.

Que non.

Il fallait bien ouvrir le bal.

Et madame de Sauve danse fort bien.

Vous savez, moi, la danse.

Heureusement que toutes ces fêtes tirent à leur fin.

Est -ce que j 'ai pu m 'ennuyer ?

Encore vous, vous avez vos amis.

Maintenant mes amis sont les boutres, Henri.

Bien sûr.

C 'est même pour ça qu 'on nous marie.

Mais je veux parler de vos amis intimes.

M.

Duclize, par exemple.

Justement, Sire.

Je veux que vous sachiez...

Je sais, Margot.

Je sais que vous êtes une épouse infidèle, mais une

fidèle alliée.

Et j 'avoue qu 'en ce moment, j 'ai plus besoin de

fidélité en politique qu 'en amour.

Sire, ma loyauté vous est acquise.

Merci, Margot.

Vous êtes une vraie fille de France.

Sans compter que selon toute apparence, votre

protection ne me sera pas inutile.

Pourquoi donc ?

Une idée comme ça.

Mais il me semble qu 'il se trame ici des choses...

Pas très catholiques, si j 'ose dire.

Là, dans le tiroir de ce secrétaire, tu trouveras un

portefeuille rouge.

Approchez, M.

Morvelle.

Il contient tous les plans de campagne de la guerre

des Flandres.

Vous êtes bien à ce jour le chef de ma police ?

Oui.

Vous faites bien comme tel une guerre acharnée au Huguenot.

Mais si...

Rouge !

La couleur est éclatante !

Toute une petite rompée !

Vous tentez bien de tuer Lachement, mon contour, M.

l 'amiral, que voici.

Et tu dis ça chez toi.

Et rapporte -moi ce Marocain demain matin au Louvre,

lorsqu 'au monde sonnera à Saint -Jacques -la -Boucherie.

Adieu, sire.

Dans mes bras, sur mon cœur, mon vieux guerrier !

Vous assassinatez bien par la suite le sieur de Mouy,

le vieux duc de la Môle, sans parler de cent autres.

Mais sire...

Or il se trouve, M.

de Morvelle, que les Huguenots sont aujourd 'hui mes amis.

Concluez -vous -même ?

Majesté, ma vie est entre vos mains.

Certes.

Et je n 'en donnerai pas une au bol.

Y a -t -il pas un moyen de me racheter ?

Il faudrait que vous fussiez très habile.

Sire, mon dévouement vous est un gage.

Habile tireur, sans temps.

Avec une bonne arc -bus, je touche une pièce d 'or à

cinquante pas.

Justement, celle -ci est excellente.

Que disions -nous ?

Ce moyen, sire, de rentrer en grâce.

Je ne sais pas, moi.

Gagner la faveur de quelques grands de la cour, comme

mon cousin Guy.

Certes, mais comment ?

Comment ?

En le débarrassant d 'un de ses ennemis, par exemple.

Cet ennemi, quel est -il ?

Ce que je sais, moi.

Il en attend.

Attendez un peu.

Il m 'a parlé d 'un homme qui pénétrait chaque matin au

Louvre par la Grand -Porte, lorsqu 'au Monson, à

Saint -Jacques -la -Boucherie.

Mais beaucoup de personnes pénètrent par cette

porte à la même heure.

Ah oui ?

Je crois que celui dont il s 'agit portera demain

matin sous son bras, un portefeuille en marocain rouge.

Sire, ce m 'est une grande joie de pouvoir collaborer

à l 'œuvre admirable de pacification qu 'accomplit

votre Majesté.

Moi, pas du tout.

Je n 'entends rien à ces histoires.

Je suis un poète, moi.

Je déteste l 'intrigue.

C 'est encore une de ces choses qui nous rapprochent

de notre bonne mère Catherine.

N 'est -ce pas, Actéon ?

Je vous disais que le nom du Duc de Guise était un

véritable talisman.

Vous avez pu constater que celui d 'Henri de Navarre

ne se l 'étant rien.

Eh bien, il est temps que nous nous séparions pour

accomplir nos missions respectives.

Peut -être nous retrouverons nous autour d 'un grand festin.

Mais vous restez au loup ?

Certes, où irais -je ?

La tenue est un peu négligée, mais on a l 'air cavalier.

Et puis, je tiens au site.

Mais Dieu me pardonne.

Pour commencer, faisons, perdru.

Eh bien, qu 'avez -vous ?

Cet homme -là.

Avec un manteau vert ?

Et une arcubusée à la main.

Hein ?

C 'est l 'assassin de Monterre.

Vous êtes victime de quelques hallucinations.

On n 'oublie pas ce regard -là.

Arrièze !

Majesté.

Vous sortez -vous, monsieur, pour vous promener au

Louvre une épée à la main ?

J 'arrive de Navarre, porteur d 'un message pour le

roi Henri.

Donnez.

Eh bien ?

Madame, je suis au désespoir.

Je ne puis le remettre qu 'en main propre.

Vous ignorez sans doute en province que je suis non

seulement l 'épouse du roi Henri, mais aussi sa

fidèle alliée.

Magie vous appartient, madame.

Mais d 'utilement coûter jusqu 'à la dernière goutte

de mon sang, je ne puis enfin le mettre en main propre.

Calmez -vous, monsieur.

Suivez -moi.

Il ne vous en coûtera que d 'attendre dans ce cabinet.

Je vais prévenir le roi.

Eh bien ?

À quoi pensez -vous ?

Je ne pense pas.

J 'admire.

Il paraît que l 'on est gagnant, Navarre.

Monseigneur veut bien me suivre.

C 'est l 'ordre de le conduire auprès de sa majesté, le

roi de Navarre.

Buse !

Tipe de buse !

Il a fallu que tu le manques !

Une caisse d 'or à 50 parts, hein ?

Mes compliments.

Mais Sire...

Je vous avais prévenu, Morvelle.

C 'était votre dernière chance de vous racheter.

Peut -être.

Y a -t -il là ?

Oh, pardon.

Sa majesté, Henri de Navarre.

La reine mère et le duc de Guise parlant de vous

prétendent que vous êtes l 'homme qui tombe le plus

aisément du monde dans un piège galant.

La reine mère et le duc de Guise vous tentent un piège.

Un massacre des nôtres...

est imminent.

Fuyez tous, ou s 'il n 'est pas trop tard, prenez les

devants et...

investissez le Louvre.

Renvoyez la môle avec instruction.

Prince de Condé.

Où est -ce, la môle ?

Au lieu sûr.

Votre majesté est -elle satisfaite de mes services ?

Laissez -nous, Morvelle.

Je reçois à l 'instant ce message chiffré.

Encore ?

Décidément, c 'est le jour.

Mon frère, le duc de Mayenne, m 'a dépêché le comte de

Coconaz pour m 'informer que nos ennemis sont au

courant de nos plans.

Il nous en faut brusquer l 'exécution sur l 'oeuvre.

Quels ennemis ?

Quels plans ?

C 'est pour mieux servir, votre majesté.

Nous avons fait le projet de la débarrasser de tous

les unaux rassemblés à Paris.

Ah oui ?

Je suis bien aise, madame, que vous déniez m 'en informer.

Ce n 'est pas l 'idiot, veux -tu ?

Et pour commencer, vous tentez d 'assassiner mon

vieil amiral ?

Joli début !

Moi, si, mais je ne suis pour rien.

Et qui d 'autre que vous a pu armer le bras meurtrier ?

N 'est -il pas votre ennemi ?

Mais nous serons sévirs, monsieur.

Nous vous donnerons la chasse !

Nous vous traterons avec nos chiens !

Nous vous déboucherons !

Et nous sonnerons votre hallali !

Si, l 'heure est grave.

Avec l 'appui de ses partisans, cet Henri de Navarre

prendra votre couronne.

Toujours vos exagérations ?

Vous jouez votre vie et la nôtre.

Pour l 'instant, je ne joue plus de corps.

Sacrosancto piacere, définir la !

C 'est bien ton nom !

Stupido, tu ne trouves pas que tu es déjà assez magro ?

Il a sonné à elle, si, ou non ?

Tu es seulement un cretino !

Que l 'on s 'en érange de quel que qu 'il voie !

Ah !

C 'est comme ça que je te prohibis de me scatter des

patigiennes de Navarre !

Tu veux qu 'on s 'en érange ?

Comment tu te permets -tu de me parler comme ta mère ?

Guise, vous faites dégain Marco !

Ce n 'est pas une raison parce qu 'elle porte le nom de

ma sœur pour que tout le monde la caresse ?

C 'est bon Sire, je me retire.

Votre entêtement nous perdra.

Exterminée !

Toujours exterminée, c 'est tout ce qu 'elle sait faire.

Encore si elle le faisait bien.

Pardon Sire.

Si quelqu 'un venait me dire que vous serez

débarrassé de tous vos ennemis à la fois, il ne

restera pas un seul pour vous reprocher la mort des autres.

Sire, c 'est précisément là ce que la Reine et moi

sommes venus vous dire.

Ah oui ?

Expliquez -vous que diable !

Ça y est, l 'embouchure est faussée.

Et, par l 'intercession de quel Saint ferait -on ce

miracle s 'il vous plaît ?

Nous sommes aujourd 'hui le 24 août.

Ce serait donc par l 'intercession de Saint Barthelmy.

Et c 'est vous, qui avec votre jolie petite épée à

poignée d 'or tuerait 10 000 huguenots.

Vous êtes plaisant Monsieur de Guise.

Sire, tout est prêt.

J 'ai les Suisses, j 'ai 11 sens gentils hommes, j 'ai

les chevaux légers, j 'ai les bourgeois.

Votre Majesté a ses gardes, ses amis, sa noblesse catholique.

Nous sommes incontrins.

Je ne veux pas qu 'on tue dans mon ouvre.

Dehors, je ne me dis pas.

Sire, je suis votre sujet le plus fidèle et le plus obéissant.

Ça commence bien.

A porté cet ordre au clergé de Saint -Germain -le

-Serroi de sonner le toxin à minuit.

Et n 'oubliez pas que lorsqu 'il s 'agit de la gloire de

Dieu, mieux vaut les horloges qui avancent que les

horloges qui retardent.

Peut -être nous préparerons tout simplement un

spectacle pour ce soir.

Oui, un drôle de spectacle.

Avec des Suisses qui bouclent leur pyrosse et des

hommes en armes plein les couloirs.

Eh bien, s 'ils figurent dans le ballet.

Sire, un ballet signé de votre belle -mère.

Permettez -moi de me méfier.

Oui, eh bien moi je ne veux pas rester là à attendre.

Je vais aux nouvelles.

On laisse entrer mais...

On ne laisse pas sortir.

Ce sont les ordres.

Nous sommes prisonniers.

Mes frères, brillons ensemble.

Charles !

Charles, que se passe -t -il ?

Ce va et vient dans les galeries, ces soldats qui manoeuvrent.

Prie pour moi.

Prie pour moi, ma sœur chérie.

Ce n 'est pas contre Henri, n 'est -ce pas ?

Nous devons nous abandonner entièrement à la

volonté de Dieu.

Tu ne l 'aurais pas marié avec lui pour le lendemain.

Nous sommes si peu de choses entre ces mains.

Réponds -moi, Charles !

J 'ai besoin de savoir.

Un émissaire est arrivé de Navarre, porteur d 'un

message pour mon mari.

Que contenait ce message ?

Je ne sais pas.

Avant de le remettre, l 'homme a disparu d 'une façon inexplicable.

Tu vois bien...

que te disais -je ?

Le toxin !

Sa Majesté désire vous parler.

Que signifie -t -il ?

Sa Majesté vous expliquera.

Je vous rappelle les ordres.

Ce soir, chacun de vous va tuer son huguenot.

Tuer son huguenot, tuer son huguenot, c 'est facile à dire.

Il se défend de ces bougres -là et rudement bien même.

J 'en connais un qui ne se défendra pas beaucoup.

Allez, viens avec moi.

Je te dis qu 'il est ficelé comme un rôti.

A moi !

Laissez -le -moi !

Désolé, monsieur le huguenot.

Mais les ordres sont encore changés.

Un mort de ma vie !

Un pire vol !

Parle à mon dieu !

C 'est de ma vie !

Qu 'est -ce que c 'est ?

Gilles !

Appelle au secours !

Pardonnez -moi, madame.

Mordi !

La reine Margaux !

Réjouissez -vous, monsieur le huguenot.

Je vais vous tuer au pied de votre bien -aimée.

Depuis quand, s 'il vous plaît, entretonchez la

reine de Navarre sans frapper ?

Mordi, madame !

Il s 'agit bien de frapper quand on massacre !

Veuillez quitter ce ton, monsieur, et vous retirez

sur l 'heure.

Par Dieu !

Vous lui avez déjà sauvé la vie une fois.

Il est dit que cela ne suffisait pas.

C 'est bon, madame.

Je vous abandonne ce joli cœur.

Vous pourrez tout à loisir l 'ajouter...

à votre collection.

Vite gilin !

De l 'eau !

Voici l 'acte d 'abjuration, sire.

Il vous suffit de le signer.

Signes, Henriot.

À partir d 'aujourd 'hui, je ne veux plus d 'huguenots

autour de moi.

Regarde !

Ici, ce sont les femmes de tous les chefs protestants

que l 'on jette à l 'eau.

Cette fumée qui monte au ciel, c 'est l 'hôtel de

Coligny qui brûle !

Là, sur la berche !

Ce cadavre que l 'on tire avec des chevaux !

C 'est Mouy, ton meilleur ami.

Crois -tu que sans moi, tu vivrais encore ?

Votre Majesté...

Ma Majesté massacre tout ce qui n 'est pas catholique !

C 'est son bon plaisir.

Dieu jugera, sire.

Dieu est avec nous.

C 'est l 'excuse de tous les tyrans.

Les mesures seront prises pour qu 'elle en soit ainsi.

On dira des prières, on fera pénitence.

Ce n 'est pas ça qui importe.

Henri, veux -tu la mettre, mignon ?

Sire, vous visez trop bas.

Votre réputation de chasseur risque d 'en souffrir.

Mon Dieu !

Il faut pas tant que je tue quelqu 'un aujourd 'hui,

moi aussi !

Que se passe -t -il ?

Madame, votre mari est chez le Roi.

Eh bien, il ne peut pas passer sa vie dans votre lit.

Mais vous ne comprenez pas, ils vont le tuer.

Il n 'y a plus un seul protestant vivant dans le Louvre.

J 'y vais.

C 'est du bien gros gibier pour vous, mon fils.

Sa Majesté s 'exerce à la chasse au vol.

Tiens, il vit encore, celui -là ?

Croyez bien, Madame, que je suis au vrai.

Il a abjuré, au moins.

Il ne veut pas.

Si j 'ai bien compris, c 'est à vous, Madame, que

revient l 'honneur d 'avoir organisé cette petite fête.

J 'ai mes raisons.

Il y a trop longtemps qu 'il se passe avec vous autres,

igno des choses.

On ne sait pas où elles peuvent nous mener.

Je doute que celles -ci vous conduisent bien loin.

Henri.

Je vous ai promis ma protection, je ne vous

abandonnerai pas.

Merci, Marco.

Mais, ma chère enfant, qui vous laisse à penser que le

roi de Navarre court un danger quelconque ?

Tu ferais bien mieux de lui dire de se faire

catholique, ça arrangerait tout.

Sire, vous avez fait de lui mon époux devant Dieu et

les hommes.

Elle a raison.

Henriot est mon beau -frère.

Je ne peux tout de même pas tuer mon beau -frère.

Morveille !

Reconduisez le roi de Navarre à ses appartements.

Et veillez à ce qu 'il ne lui soit plus aucun hommage.

Vous reviendrez me rendre compte.

Dis que t 'es un petitot.

De quel qui me riguarda.

Je veux le schiaffe !

J 'enseigne à tenir la tête à ta mère.

Mais qu 'est -ce que tu crois ?

Que je me fasse prendre le schiaffe jusqu 'à 50 ans ?

Ne croyez -vous pas que nous sommes prêts à le faire

aujourd 'hui ?

Des familles !

Allez -t 'en !

Et prête !

Et toi, avec des arts de grand seigneur, c 'était bien

la peine d 'exterminer tout le monde pour laisser

vivre ce paysan.

Tant que je serai sur le trône, je n 'aurai pas de

conseils à recevoir de Morveille.

Au trône, je m 'assois dessus.

Et c 'est un peu pour voir.

Avez -vous fini, vous deux ?

Avec votre trône, avec vos litiges.

Bande de sagurates !

Bande de masquazones !

Je demande à Votre Majesté la permission de me retirer.

Faites, Monseigneur, faites.

C 'est votre servante.

Je vous salue, Madame.

J 'ai envoyé Gylonne vous chercher des habits de ligueur.

C 'est le seul moyen que vous ayez de sortir vivant du

Louvre ?

Non, Madame, je ne pire vêtir la livraie des assassins.

Bon, très bien.

Vous resterez ici jusqu 'au matin.

D 'ailleurs, ça vaut mieux.

Vous êtes brûlant de fièvre.

Quand tout sera réglé, nous tâcherons de trouver

quelque autre moyen.

Madame, c 'est impossible.

Et puisque c 'est moi qui vous en prie ?

Je sais et je vous en suis très obligé.

Seulement...

Seulement quoi ?

Je ne puis rester, vous dis -je.

Mais enfin, Monsieur, expliquez -vous.

Eh bien, Madame, tout à l 'heure, votre époux viendra

vous rejoindre et...

Et ?

Mais d 'ici, on entend tout ce qui se passe à côté.

Poursuivez, Monsieur.

Vous ne pouvez tout de même pas exiger de moi d 'être le

témoin de...

Ah !

C 'était dans cela.

Oui, Madame, c 'est cela.

Alors, cet homme qui voulait vous tuer tout à l

'heure, c 'était dans vrai ce qu 'il disait ?

Que vous alliez périr au pied de...

Je m 'a bien aimé, oui, Madame.

Vous voyez bien que je ne puis rester davantage.

Mais vous le pouvez, Monsieur.

Le roi de Navarre ne viendra pas me rejoindre.

D 'ailleurs, même s 'il venait, votre jalousie n

'aurait pas à en souffrir.

Il n 'est mon mari que de nous.

Comment ?

Tout le monde ici sait que notre union est de pure forme.

Vous m 'avez demandé, Majesté.

Pour annoncer une bonne nouvelle, ton Henri est sauvé.

J 'ai moi -même obtenu sa grâce du roi.

Oh, Madame, comment vous remercier.

Je l 'ai fait pour toi.

Aussi, je veux qu 'il t 'en ait une grande

reconnaissance et qu 'il te la prouve dès ce soir.

Ce soir, mais...

Écris.

Venez chez moi sur l 'heure.

Majesté, si je puis me permettre, un homme dont on massacre...

Encore ce mot.

N 'envisagera jamais de se rendre à un rendez -vous galant.

Si vous aviez fait l 'amour avec une Italienne, vous

sauriez que massacre ou pas massacre.

Enfin, si vous y tenez.

Ajoute, il y va de votre vie.

Et signe.

Très bien.

On ne saurait si bien dire.

Prenez deux hommes, prenez en quatre si c 'est nécessaire.

Pour qu 'il puisse témoigner avec vous de l 'adultère.

Si Henri se rebelle, tuez -le tout de suite.

Ma chérie, fais porter cela au roi de Navarre.

Et va te faire belle.

Va, va.

Le tuer dans son lit ?

Non.

Dans celui de sa maîtresse.

Vous vengez l 'honneur de la cour.

Et on vous fait...

Grand louvetier.

C 'est ce que j 'ai pu trouver de mieux.

La croix blanche se met dans le dos.

J 'ai mis une épée aussi.

Merci, Joseph.

Tu ne sais pas ce que je vais apprendre ?

Cette nuit, nous travaillons pour ta maîtresse.

Nous allons surprendre deux tourtereaux dans leur

nid d 'amour.

Pas du menu frottin.

Majesté !

Il dort.

Laissons -le reposer.

Entrez.

Eh bien, madame, me voici.

Un tiège, je l 'avoue.

Mais il est ravi.

Que dois -je comprendre ?

Le ravissement est de vous voir.

Et l 'inquiétude.

Avouez, ma chère Margot, qu 'un soir comme celui -là,

on peut s 'attendre à tout.

Même à être trahi par sa propre femme.

Vous oubliez, mon cher Henri, que ce soir,

justement, je vous ai donné une preuve de ma loyauté.

C 'est l 'ennui avec vos autres valois.

On ne sait jamais sur quels pieds danser.

On commence un manuet, et on se retrouve en pleine

marche funèbre.

La reine mère est au bout de la galerie.

Déshabillez -le.

Pardon ?

Nous n 'avons pas de temps à perdre.

Déshabillez -vous.

Je vous en cours, Julien.

Obéissez à Sa Majesté.

Sans Dieu !

Je m 'attendais à tout.

Chut !

Rien de vous obliger à me mentir.

Pourquoi il fallait que vous vous moquiez de moi ?

Imbécile.

Nicolas farai le jour de ses noces.

Parfait que je sois là.

Il ne manque plus que ça.

Qui est -il ?

Lève -toi et viens avec moi.

Ce n 'est pas le moment de dormir quand l 'honneur des

valois est en jeu.

L 'honneur de quoi, mère ?

Mais le tien, petite sotte.

Caramille, à ma pauvre chérie.

Il te fait ça le soir de tes noces.

Quelle honte !

Mais je ne comprends rien.

Tu vas comprendre.

Nous allons de ce pas surprendre ton mari dans le lit.

Chut !

Ne criez pas comme ça.

Vous allez le réveiller.

Réveiller qui ?

Mais Henri.

Mon mari.

Madonna sanctissima.

Le tien est un rosaure.

Le tien, je suis dormi.

Malédiction.

La malheure.

Merci, Margot.

Et ne m 'envoyez pas d 'avoir été si bête tout à l 'heure.

Henri, écoutez -moi.

Vous n 'êtes pas encore sauvé.

Quand ma mère tient une croix.

Celle -là, il faut avouer que comme belle -mère, c

'est un modèle du genre.

En guise de cadeau de noces, elle m 'offre un sacre.

Mais ça ne suffit pas.

Il n 'y a qu 'un moyen de vous mettre à l 'abri de ses coups.

Abjurez, Henri.

Elle ne pourra plus rien contre vous.

C 'est seulement cette erreur.

Mais votre soumission la désarmera.

Et du même coup, vous sauvez votre vie, votre liberté

et votre couronne.

Vous oubliez le principal, Margot.

Il y a en effet des choses qui deviennent une messe.

Excusez -moi, madame.

J 'oubliais que ce n 'est pas moi qui suis destiné à

jouer la fin de cette scène d 'amour.

Mais si vous vous trompez, cet homme est monsieur de

la moule.

Joli visage.

Tournure élégante.

Il a été blessé en essayant de vous faire parvenir un

message et je les recueille ici.

C 'est vous l 'émissaire de la barre que j 'attendais

aujourd 'hui ?

Oui, Sire.

Excusez -moi, Margot.

Aujourd 'hui, il faut vivre.

Demain, nous rassemblerons nos partisans.

Nous gagnerons quelques places pour passer à l 'attaque.

Et c 'est juste ce que nous trouvons au bout du voyage.

La couronne de France.

Oh, Sire.

Je revis.

On n 'entend plus rien.

Qu 'est -ce qu 'ils peuvent bien faire ?

Tant pis.

Entrons -nous.

Allons.

Non, Madame, non.

J 'ai peur.

On ne peut tout de même pas rester toute la nuit

derrière cette porte.

Allons -y.

Aide -moi, Gylonne.

Merci, Gylonne.

Tu peux me laisser.

Mais ces deux hommes.

Ils ne me feront pas de mal, hein ?

L 'un n 'a jamais été mon mari.

L 'autre n 'est même pas encore mon amant.

Pour une nuit de noces.

Dépêchez -vous, bande de féniens.

Et le huguenot seulement, compris ?

Tachez de ne pas vous tromper.

Caboch est mon ancien cocher.

On peut lui faire confiance.

Mais où vont -ils l 'emmener ?

Dans un endroit sûr, où il pourra se soigner et guérir

tout seul.

Non, il aura un compagnon.

Il n 'y a pas que votre Majesté qui recueille les blessés.

Le mien est un homme superbe.

Un colosse.

Ils sont tous bien morts ?

Bon, allez -y.

Enrio !

Oui, sir ?

Où vas -tu ?

À la messe.

Bravo, Enrio !

Vive Enrio !

Vive Enrio !

Vive la messe !

Vive le roi de Tabart !

Vive le roi de Tabart !

Tout va bien, il a de jure.

Il est content.

Il est une pétille.

En abjurant, il nous échappe.

Comment ?

Hier, vous disiez ?

Hier, je ne savais pas qu 'il couchait avec ma fille.

C 'est quand même son mari, non ?

Et alors ?

Est -ce une raison ?

Depuis quand dans nos familles, les femmes couchent

-elles avec leur mari ?

Est -ce que tu couches avec ta femme, toi ?

Elle n 'est jamais là.

Il faut que ça se range.

Nous courons à la révolution.

Qu 'est -ce que c 'est ?

Un colis pour vous.

Mais qui êtes -vous ?

Maître Caboche, dore de la privauté de Paris.

Pour vous servir.

À l 'occasion.

Ah oui, oui.

Bon, tenez.

Déposez -le sur le lit, là -bas.

Oh !

C 'est votre maîtresse qui vous l 'envoie.

J 'en ai déjà un qui est en train de rendre au l 'homme.

Eh bien, comme ça, ils sont deux.

Viable.

On a de belles plumes.

J 'en fais encore de plus belles.

Vous ne savez pas à quoi boire ?

Oui, oui.

Ils sont de la rose et sable.

Oh !

Qui va là ?

Qui va là, vous -même ?

Un pauvre agonisant.

Bouché au seuil de la mort.

Et moi, votre serviteur.

Qui ne vaut guère mieux ?

C 'est encore ce qu 'on veut, monsieur.

Il est temps, ensemble, pour tâcher de vivre.

Ou tout au moins, d 'aller ensemble au paradis.

Mordi, vous en avez des croyances ?

Coconace !

La molle !

C 'est dans mon père que je vais t 'envoyer.

Monsieur, monsieur !

Vous vous tirez après.

Un peu d 'agneau ?

Non.

Merci.

Je n 'en peux plus.

Alors, alors, il faut reprendre des forces.

Tiens, donne -moi un boire.

Un petit souvenir de toi, hein ?

Donnant, donnant.

Il faut dire que tu m 'as assez joliment gâté.

Qui est -ce qui a commencé, hein ?

Bah aussi, il ne pouvait pas que je réveille 24 heures

plus tôt, ton mari.

Voilà, Pierre, du vin.

Où est -il encore passé, celui -là ?

Tu sais, très bien que je l 'ai envoyé en cours, ça.

Ah, oui.

J 'oubliais.

Ces messieurs vont très bien.

Dieu soit loué.

Trop bien même, enfin.

Dans huit jours, il ne restera plus rien de leurs blessures.

Ah, plutôt ciel.

Oui, mais seulement, voilà.

Eh bien ?

Remarquer, dans un certain sens, c 'est plutôt bon

signe, n 'est -ce pas, vu que je n 'ai rien voulu faire

sans en parler à madame.

Mais tu vas te décider, oui ?

Il s 'ennuie.

Oui, oui, voilà.

N 'est -ce pas, l 'inaction de Yaya Ranouf.

En pleine force, ils m 'ont donné l 'ordre de leur

amener de la compagnie.

Quel genre de compagnie ?

Le genre que madame pense.

Oh, mais je vous interdis, vous entendez ?

Vous entendez quoi ?

Les garçons ont raison.

Ils sont jeunes, beaux, dans la force de l 'âge.

Et puis, qu 'est -ce que ça peut bien nous faire ?

Entrez, entrez, mes belles.

Mordis, que voilà de jolies minouins.

Je m 'appelle Rosine.

Et moi, Sylvia.

Et moi, Artavan, Hannibal, comte de...

Mais dites -moi, nous ne sommes pas au bal masqué.

Monseigneur, mon ami et moi sommes en position d

'être bientôt mariés.

Et nous ne voudrions pas courir le risque d 'être un

jour reconnus de vous aux bras de nos fiancés.

À votre aise, mes belles.

Nous ferons donc l 'amour à des masques.

Eh bien, comment le trouves -tu ?

Mais c 'est son assassin.

Eh bien, tu viens ?

Non.

Comment, non ?

Et pour quelle raison, non ?

Pour la raison que je suis fidèle.

Fidèle.

Et fidèle à qui ?

À un fantôme, à un rêve, à un nuage.

Mes enfants, mon ami ne se joindra pas à nous.

Il est...

Il est souffrant ?

Non, fidèle.

Mon Dieu, on ne peut pas le laisser dans cet état.

Il faut faire quelque chose.

Mais faites, mes belles, faites.

Que voulez -vous ?

Devrons -nous renoncer jusqu 'au bout à l 'espoir de

votre compagnie ?

Il se trouve que ma compagnie ne m 'appartient pas.

Je ne puis donc en disposer.

Je sais, je sais.

Votre ami nous l 'a dit.

Mais l 'amour est une chose.

Et le plaisir en est une autre.

Oui, mais il se trouve que pour moi l 'un ne va pas sans l 'autre.

Bonsoir, mademoiselle.

Bon, bon.

Comme vous voudrez.

Elle a bien de la chance, cette dame ?

De la chance ?

De nos jours, la fidélité est une vertu si rare.

Mais mon pauvre petit.

La chance, c 'est moi qu 'il est.

Mais vous ne comprenez donc pas que...

Je me demande pourquoi je vous raconte ça.

Est -ce qu 'au moins une si grande passion est payée de

retour ?

Peu importe.

Mon amour à moi est si fort qu 'il suffit amplement

pour deux.

Vous m 'en voyez ravie.

Pour elle, bien entendu.

Il y a à côté un excellent souper qui refroidit.

Je suppose qu 'il est inutile d 'insister.

Et moi, je ne le suppose pas.

J 'en suis sûr.

Vous êtes presque grossier, monsieur.

Mais ça ne me fait rien.

Je vous pardonne bien volontiers.

C 'est beaucoup de grâce que vous me faites.

Rassurez -vous, je suis taré bien m 'occuper des deux.

Une pour Hannibal.

Et l 'autre pour Artaban.

J 'ai changé d 'avis.

Bravo !

Monsieur, ne craignez -vous pas ?

Vous aviez raison.

L 'amour est une chose, le plaisir en est une autre.

Sylvia !

Elle s 'appelle Sylvia.

Mais celle -ci, c 'est Rosine.

Votre fidélité, monsieur, était bien fragile pour

céder un premier assaut.

Sylvia.

Je crois que c 'est un nom qui va me plaire.

Trois, quatre, cinq.

Dame de coupe.

Une femme d 'un certain âge qui vous tirera de tous les périls.

Ce ne peut être que vous, bonne maman.

Et où est ta femme ce soir, Henriot ?

Margot, elle passe la nuit en retraite au couvent des annonciades.

Elle a donc bien dépêché à se faire pardonner.

Hélas, n 'est -ce pas notre cas à tous.

Voici le jour.

Il faut que je parte.

Quand te reverrai -je, Sylvia ?

Il n 'y a pas lieu de se revoir, puisque ton cœur est pris.

Tu m 'as guéri, définitivement.

Comment ?

Ce grand amour qu 'hier soir t 'étais plus cher que la

vie, tu l 'as déjà oublié ?

Eh oui, définitivement.

Parti, envolé, comme s 'il n 'avait jamais existé.

L 'inconstance des hommes.

Mais enfin, de quoi te plaint -tu ?

Je t 'aimais mieux amoureux, même du nôtre.

Quand te reverrai -je, mon amible ?

Il n 'y a pas lieu de nous revoir, mon cœur est pris ailleurs.

Un grand.

Mon petit, je suis aimé d 'une grande dame.

C 'est elle qui m 'a mené ici.

Elle est forte et prise, et prête à tout sacrifier

pour moi.

Est -elle belle, au moins ?

Sylvia, voisine.

Me voici, Sylvia.

Bonjour, monsieur.

Elles sont charmantes.

N 'est -ce pas ?

Tu n 'as pas l 'air content.

Ravie.

La mienne.

T 'étais tout amoureuse.

La mienne aussi.

Oui, ça ne vaut pas la reine de Navarre, mais faute de grive.

Idiot.

Alors tu n 'as pas compris.

Compris ?

Quoi ?

C 'était elle, Margot.

Non.

Oui.

Mais alors l 'autre, c 'était...

Mordu !

Tiens.

T 'es là, mon cher beau -frère.

Je voulais m 'essayer à ce noble jeu, mais j 'avoue...

Je vais vous donner des leçons.

Il faut dire, le mange bien à droite, comme ceci, là.

Et ensuite, d 'un coup, sac du poignet.

Mais qu 'est -ce qui vient encore ?

Monseigneur, nous agissons sur l 'ordre du roi.

Mais Bilbeka, c 'est trop fort.

Ce jeu est désormais interdit dans l 'enceinte du lot.

Vous pouvez faire ça à moi ?

Sa Majesté craint les accidents.

Les accidents ?

Il massacre des milliers de gnaux et il...

Pardon.

Regardez, c 'est qu 'il est jaloux.

La seule fois où l 'essayez d 'y jouer, il s 'est fait

une bosse comme ça.

Et vous supportez d 'être traité de la sorte ?

Le moyen de faire autrement.

Il est le roi.

Évidemment, si vous aussi, vous étiez roi.

Roi ?

Mais de quoi voulez -vous que je sois roi ?

Ma mère voulait m 'envoyer en Pologne, notre joueur.

Vous voyez, roi de Pologne, vous comprenez moi d

'Egypte pendant que...

Écoutez, Anjou, cent mille hommes m 'attendent à la rochelle.

La navarre est en arme, les Flandres se soulèvent.

Nous rassemblons nos partisans, nous marchons sur

Paris, nous...

Non, non, non, qu 'est -ce que je viens faire là

-dedans, moi ?

Mais vous aussi, Anjou, vous avez votre armée et vos amis.

À nous deux, nous sommes les plus forts.

Vous croyez ?

Mais ma parole, c 'est un complot.

Doucement.

Et en reconnaissance de vos services, je vous donne

ma couronne.

Il est évident que mon frère en crèverait de rage.

Il ne vous resterait plus dès lors qu 'à prendre la

sienne et me rendre la mienne.

Voici les cadeaux que vous m 'avez commandés pour

votre gendre.

C 'est un ouvrage de vénéry forrat.

Parfait.

Figure -toi que ce paysan de navarre s 'est mis en tête

et il en remontrait à toute la cour en matière de

chasse au vol.

Il trouvera là de quoi s 'instruire.

Majesté.

Ah.

Les anciens prétendaient que le goût de l 'étude

prolonge l 'existence.

Eh bien, pour une fois, nous ferons mentir les anciens.

Je ne comprends pas cette obstination que vous avez

contre ces pauvres Henri.

Ce pauvre Henri?

Un ambitieux qui brigue la couronne de mon fils?

C 'est toi -même qui me l 'a dit.

Les présages sont formels.

Tous les horoscopes que tu tires, le confirme.

Un bourbon sur le trône des Valois.

Jamais.

Majesté, il faut être très puissant pour lutter

contre le destin.

Quelques fois, le destin, il est le plus fort.

Et alors, il se venge d 'une façon terrible.

Il n 'est rien de plus puissant ni de plus fort au monde

qu 'une mère.

Protégeant ses enfants.

Si, peut -être.

Majesté, comme vous voyez, ces feuilles ont été

immergées, plongées pendant plusieurs jours dans

un bain d 'arsénic.

Et elles sont collées entre elles.

Et on est obligé, pour les détacher, de se oumecter

les doigts, così, et tourner à chaque page.

Et ainsi, les poisons pénètrent lentement l 'organisme.

Pas trop lentement, j 'espère.

Je suis passée pour t 'embrasser, Henriot, et...

j 'ai trouvé chez toi un trésor.

Quel trésor, Sire?

Ne fais pas l 'innocent.

C 'est le plus bel ouvrage de Vainery que je connaisse.

Je vous jure que je ne sais pas de quoi vous parlez.

Oui, oui.

Tu étudies en secret pour m 'éblure à la chasse de

demain, hein?

Cachotier.

Pour te punir, je l 'emporte.

Deux heures du matin.

Tu veux donc me faire mourir d 'inquiétude?

Les rues ne sont déjà pas sûres pour un Huguenot, mais

en plus de ça, pour un Huguenot qui complote.

J 'ai vu Henri de Navarre.

Tout va bien, c 'est pour bientôt.

Je ne veux pas le savoir.

Nous devons profiter de la prochaine chasse du roi...

Je te dis que je ne veux pas le savoir.

Bon, bon, non plus.

Enfin, est -ce que tu te rends compte dans quelle

situation tu me mets?

Je suis catholique, tu es Huguenot, et...

Et quoi?

Si j 'écoutais ma conscience, je devrais te dénoncer.

Est -ce que tu les as revues?

Qui?

Qui?

Mais elle, bien sûr!

Margot et Henriette.

Enfin, voilà deux femmes.

Ils viennent nous sonner d 'amour pendant toute une

nuit, et puis disparaissent, en laissant de traces,

et tu trouves ça normal.

Toi!

Mais la possession des corps ne compte pas, Artaban.

C 'est cela qui compte.

Oui.

Ça n 'a pas l 'air de te réussir de comploter.

Qu 'est -ce que tu veux?

Je n 'ai pas besoin de revoir Margot pour l 'aimer.

Il me suffit de penser à elle.

Tu es trop mignonne, tu vois?

Et elle?

Elle pense à toi?

Peut -être.

Je connais cette langue.

Nous le chantions à Blois quand nous étions enfants,

tu te souviens?

Oui.

Il y a même une légende à ce sujet.

On prétendait...

Que celui ou celle qui le chantait sans être

éperdument amoureux risquait de périr dans la nez.

Oui, c 'est ça.

Tiens, tiens.

Oh, assez!

Qu 'est -ce qu 'il te prend?

Je n 'aime pas la musique.

Continue, Margot.

Décidément, il suffit qu 'une chose me plaise pour qu

'elle te déplaise et qu 'elle me déplaise pour qu

'elle te plaise.

Répétoire, je n 'ai pas très bien suivi.

Non, ça va, ça va.

Continue, Margot, continue.

Le roi le veut.

Oh, mes enfants, j 'ai trop mangé.

Ce pâté était bon, d 'accord, mais d 'un lourd.

N 'est -ce pas?

Je ne sais pas, je n 'en ai pas goûté.

Tiens, pourquoi?

Je n 'ai plus d 'appétit.

Mais qu 'est -ce qu 'il a ce soir en jouet là?

Avaler son bilboquet?

Non, c 'est ça, ça fait de l 'esprit en plus.

Aide -moi à me dégrafer, ma chérie, je suis gonflée

comme une outre.

Voulez -vous que j 'aille chercher votre poudre

digestive, mère?

Que non, que non, ça va passer.

Ces Siciliens étaient vraiment des gens extraordinaires.

Ils ne connaissaient pas moins de dix -sept manières

de dresser un faucon.

Où as -tu pris ce livre?

Chez Henriot.

Ce brigand -là étudiait en cachette pour nous

éblouir à la chasse demain.

Ne le dis pas.

Pourquoi?

D 'ailleurs, je l 'ai presque terminé.

Oh, Dieu.

Mais qu 'avez -vous, mère?

Pourvu que ce pâté ne vous ait pas empoisonné.

Quoi?

Oh, les belles images.

N 'y touche pas!

Pourquoi?

Je ne sais pas.

Je ne sais pas.

Depuis quand t 'intéresses -tu aux histoires de chasse?

Va jouer au bille bouquet et laisse tout tranquille.

Ah, ça alors, c 'est le comble.

Je me demande comment je pourrais jouer alors que ce

tyran -là les a tous confisqués.

Ce que tu racontes, ce n 'est pas vrai, mère.

Menteur.

Même qu 'il a interdit de jouer au Louvre, rien pour m 'embêter.

J 'ai autre chose à faire que de m 'occuper de ces imbécilités.

Assez!

C 'est peut -être pas toi qui a envoyé des gardes à la

salle de jeu cet après -midi.

Non, monsieur.

Jure -le.

Je le jure!

Assez, assez, assez!

Basta!

Mais il ne va pas t 'inventer à répéter, quand il vous

trie de bille bouquet quand même!

Mais alors?

Oh!

Oh, le con quand il m 'est!

Mais qui ça?

Henri.

C 'est lui qui a tout combiné.

Et il m 'a fait croire que c 'était toi uniquement pour

me faire rentrer dans le complot.

Le complot?

Quel complot?

Ma chérie, je crois que tu ferais quand même bien d

'aller me chercher cette poudre.

Une petite boîte en or sur ma toilette.

Henri veut profiter de la chasse de demain à la forêt

de Saint -Germain pour fuir à la cour avec tous ses partisans.

Ils veulent gagner la navarre.

Ils levaient une armée de 200 000 hommes et

marchaient sur Paris pour venger les leurs.

Où se rassemblent les conjurés?

Je ne sais pas.

Il est convenu que nous devrons quitter la chasse

avec Henri.

Un homme nous attendra dans une clairière avec des

chevaux de relais.

De là, nous rejoindrons les autres dans une autre

partie de la forêt.

Et quelle clairière?

Quelle partie de la forêt?

Je ne sais pas.

Quand on se mène de conspirer, on s 'enseigne.

Oh!

Je ne l 'ai pas trouvée, mère.

Le voilà!

Vous êtes un peu lâche.

Vous feriez -vous la grâce?

Mais certainement.

Je vous cherche depuis d 'hier.

Écoutez -moi, n 'ayez pas l 'air surpris.

Anjou vous a trahie.

Pendant la chasse, ne vous éloignez pas du roi.

Ne quittez pas d 'un sabot de cheval, sinon vous êtes

un homme.

Son dieu!

Mais c 'est pour prévenir.

Vous êtes monté en chasseur de dingue, monsieur.

Vous savez cependant que c 'est une chasse au vol que

nous faisons aujourd 'hui.

Morveille.

Ne quittez pas des yeux.

Dès qu 'il s 'éloignera, vous le suivez avec vos hommes.

Vous aurez débuché le gros déconjuré.

Faites sonner la lallie.

Nous vous rejoindrons avec la chasse pour la curer.

En route, messieurs.

Chassons du gros gibier aujourd 'hui.

Si tu veux mon avis, nous sommes mal embarqués.

Margot!

Fuyez vite, ne restez pas là, le complot est découvert.

Là, qu 'est -ce que je disais?

Il faut que j 'aille prévenir les autres.

Non!

Non, elle a raison, décampons.

Les routes sont coupées, les carrefours sont

gardés, il est trop tard.

N 'y aurait -il qu 'une chance de les sauver?

Mais vous ne pourrez pas revenir jusqu 'à eux, vous

serez tués avant.

Je t 'en supplie.

Puisque sa majesté t 'en supplie.

Ce n 'est plus la reine de Navarre qui te le demande.

C 'est Sylvia.

Que ce soit l 'une ou l 'autre, dans les deux cas, le

conseil est excellent.

Sylvia.

Alors bon, il ne manquait plus que ça maintenant.

C 'est notre premier vrai baiser.

Les autres ne comptaient pas.

C 'est mon premier instant de bonheur.

Les autres ne compteront jamais autant.

Il y en aura encore beaucoup d 'autres.

Fuyons ensemble, viens.

J 'abandonne tout, je veux oublier tout ce qui n 'est

pas notre amour.

La vie de ces hommes est entre mes mains.

Ce serait incroyable.

Mais si tu meurs, je mourrai aussi.

Est -ce pas un autre crime encore plus abominable?

Marco.

Je m 'excuse d 'intervenir à cette conversation.

Mais Mordy, il faut -il attendre ici quand on vient

nous abrocher sur place?

Tu diras au roi de Navarre que j 'ai tout tenté pour

sauver nos amis.

Il est têtu quand même.

Je te demanderai de bien vous l 'accompagner, sa majesté.

Et de te laisser tuer tranquillement ici tout seul?

Non monsieur, rien à faire.

Excusez -moi, madame.

Non, je les occupe.

Il paraît monsieur que vous avez invité quelques

-uns de vos amis à notre chasse.

Je ne comprends pas, sir.

Vous aviez sans doute oublié que c 'est aujourd 'hui

Saint Blaise, cousin de Saint Barthelmy.

À la curée, messieurs!

Allez, à l 'autre maintenant!

Pied -à -terre, monsieur, si vous n 'êtes pas un lâche!

Et voilà.

Voilà le résultat.

Il est beau.

Tu peux être fier.

On est là.

On complote.

On fait le joli cœur.

On se retrouve à la bastille.

Moi je le savais, je t 'avais prévenu.

Alors c 'est tout ce que tu trouves à me dire pour me réconforter.

Pauvre Hannibal.

Le jour où tu entres dans cette auberge sur la route de

Paris, tu aurais mieux fait de te casser une jambe.

C 'est ça.

Insiste.

Tu te trouves que je ne suis pas assez triste comme ça, non?

Je suis triste!

Je suis triste!

C 'est fini?

Mordi!

J 'ai bien le droit d 'être triste si ça m 'amuse, non?

Il ne me reste que ceux de ma couronne.

Je puis aussi vous les faire parvenir, si tel est

votre désir.

Majesté, ce que vous me demandez est impossible.

Ces deux hommes ne sont pas des prisonniers ordinaires.

Nous avons des ordres spéciaux de la reine mère, les concernant.

J 'ai beau être gouverneur de cette prison.

Il y a des choses que rien ne peut t 'acheter.

Rien?

En êtes -vous bien sûr?

Tu ne connaîtrais pas le remède, par hasard.

Oui.

C 'est rougeur.

C 'est postule.

L 'odeur aussi.

Il n 'y a pas de doute que c 'est un emprisonnement à l 'arsénique.

Mais ces chiens, il n 'a pas mangé quelque chose.

En jouant avec ce livre, il en a déchiré une feuille et

l 'a avalé.

Ce n 'est pas une explication.

Pour le commun des mortels, sans aucun doute.

Mais pour toi, qui es -tu si savant?

Toi qui connais les astres.

Majesté, il y a un rapport entre les astres et...

Les gants empoisonnés qui ont tué Jeanne d 'Albray,

par exemple.

Ou bien ce livre qui était destiné à Henri.

Les deux objets viennent de la même boutique.

Allons.

Parle.

Majesté.

Je n 'ai plus beaucoup de force.

Mais il me reste encore assez pour te faire mourir

avant moi.

Et même avant ce chien.

Parle.

Vous êtes perdu, majesté.

Qui t 'a commandé ce livre?

La reine Catherine.

C 'est bon, laisse -moi.

Combien de temps me restait -il encore à vivre?

12 heures, peut -être 14.

C 'est plus qu 'il n 'en faut.

Et qui allez -vous faire, majesté?

Arrénier.

Prend cette plume et écrit.

Là, ce manuel de chasse a été donné par moi.

J 'attends la mort, madame.

Elle s 'approchera exactement comme vous, dans l 'obscurité.

En silence.

Et sans se faire annoncer.

Allons, mon enfant, allons.

J 'ai désir dicter mes dernières volontés.

Je vais chercher votre frère.

Allez me chercher, Henri.

Mais sa place n 'est pas ici.

Seul un fils de France peut venir s 'agenouiller où je

vais de son roi, à l 'heure supprée.

Allez me chercher, Henri.

Je m 'y refuse.

En vertu de quel droit, madame?

En vertu des droits que m 'a donné la nature, Charles.

Je suis votre mère.

Vous ne l 'êtes plus.

Depuis l 'instant, vous m 'avez retiré la vie que vous

m 'aviez donnée.

Mon fils, le délire vous prend.

Laissez -vous ce livre.

Lisez.

Il doit éviter.

Une erreur, je sais.

C 'est pour éviter à l 'avenir ce genre d 'erreur que je

désire faire de Henri, le dépositaire de mon testament.

Un homme qui complote.

Si Henri ne vient pas sur l 'heure, le peuple de France

saura demain quel mal intéresserait son souverain.

Vous brûlerons ce livre, madame.

C 'est une faiblesse.

Il ne faut pas que les sujets connaissent les

faibleses terroirs.

Vous disposez du temps de se sabiller.

Margot.

J 'ai tant prié pour obtenir cette dernière joie de

pouvoir te dire adieu.

Ce n 'est pas adieu que je suis venue te dire mon amour.

Ce soir, nous serons réunis pour toujours.

Écoute -moi.

Toi et ton ami vous demanderez à être conduit à la

chapelle pour vous confesser.

Je serai là avec Henriette et des chevaux nous

attendront à la porte.

Comme c 'est dommage, Margot.

Comme je t 'aurais aimé.

Et puisque je te dis que tu es sauvé.

J 'ai payé le prix qu 'il fallait.

Mangez !

Ce n 'était pas venu au programme !

Je ne veux pas !

Laissez -moi !

Laissez -moi !

Non !

Laissez -moi !

Je vous dis de me laisser !

Apliquez à cet homme la question ordinaire.

Bon, ça va.

Il n 'y a rien.

J 'ai reçu des ordres spéciaux du gouverneur de la prison.

Ces ordres spéciaux correspondent des coins particuliers.

En cuir au lieu d 'être en bois.

Ils ne vous font pas plus de mal qu 'une mode de paix.

Vous ne sommes pas, monsieur le procureur.

Gréphier, préparez -vous à inscrire les

déclarations de l 'accusé.

Bien, monsieur le procureur.

Premier coin de l 'ordinaire.

Premier coin de l 'ordinaire.

Eh bien, comment vous sentez -vous ?

Pas mal, merci, ça peut aller.

Voilà un chrétien bien dur.

Est -ce que le coin est entré jusqu 'au bout, maître ?

Criez, criez donc, bon Dieu !

Bien suivez, maître, bien suivez !

Vous m 'avez brisé les os !

Faites -le parler, oui ou non ?

Avouez, qu 'attendez -vous ?

Mais avouez quoi ?

N 'importe quoi, mais avouez !

J 'avoue, j 'avoue tout !

Écrivez, Gréphier, écrivez !

Que fassiez -vous dans cette forêt ?

Nous conspérions.

Contre qui ?

Un autre coin, maître Gaboche.

Contre tout le monde.

Écrivez, Gréphier !

Quels étaient vos plans ?

Encore un autre coin, maître Gaboche.

Nous voulons les tuer.

Écrivez, Gréphier !

Qui ?

Tous.

La Cisée.

Le roi ?

Nous le tenons.

La reine mère ?

Bravo, qui encore ?

La reine Margaux ?

La reine Margaux.

Le duc Gangeot ?

Le duc Gangeot.

Le pape ?

Le pape.

L 'empereur de Chine.

L 'empereur de Chine !

Et le procureur ?

Et le procureur !

Il se moque de nous !

Les douze coins sont désemparés !

Je suis au bout, monsieur le procureur.

La cuisine pourrait en supporter davantage.

J 'espère que nous aurons plus de chance avec l 'autre.

Vas -y, viens, vite.

Bravo.

De toute ma vie, je ne l 'oublierai pas.

Alors, ça ne fera guère longtemps.

La torture était factice.

Mais voilà, je dois vous décapiter.

Et là, on peut difficilement truquer.

Pardon, pardon.

Tout ce que je peux vous promettre, c 'est de ne pas m 'y

reprendre à deux fois.

Le coup est robuste, mais Dieu merci.

La ligne des épaules est dégagée.

Vous avez de la chance ?

À la chapelle !

Je vais tout de suite à la chapelle !

Quelques fois, vous avez des coups mous, sans consistance.

Et là, je ne mors pas.

Comprenez ?

À la chapelle !

On vous y conduira tout à l 'heure.

À la chapelle !

Et maintenant, préparez -vous pour le suivant.

Et ayant l 'accusé, malgré la question ordinaire et

extraordinaire à lui donner en notre présence,

refusé de répondre, avant clos le présent procès

verbal sur les conclusions suivantes.

Convaincu de crimes de lèse -majesté d 'attentats

contre la personne du roi, le sieur Artaban Anibal de

Coconasse sera conduit à la place Saint -Jean en

grève pour y être décapité.

À la suite de ce jugement, le tribunal décide qu 'il

saura appliquer au sieur la mône la question

extraordinaire qui est de 12 coins.

Vous appliquez le même traitement à mon ami, j

'espère ?

Bien entendu.

Vous serez contents de lui.

Il a une très bonne voix.

Et bien, maître Kabos, notre homme vous attend.

Voilà.

Avez -vous une dernière volonté ?

Je veux vous confesser, à la chapelle.

Premier coin de l 'ordinaire !

Aaaaaaah !

Pour le deuil, que diriez -vous d 'un pourpoint très

cambré avec des bourrelets et des manches gaufrées ?

Toi, Henri, c 'est le roi.

Et vous, que faites -vous là ?

Je l 'attends.

T 'es beaucoup tourmenté, Henriot.

Il ne faut pas me vouloir.

J 'étais sans cesse poussé contre toi.

Parfois, je résistais.

Parfois, je cédais de fatigue.

Oublions tout cela, Sire.

C 'est le passé.

L 'avenir aussi m 'épouvante.

Mon beau royaume de France est déchiré par la haine,

le fanatisme et l 'intrigue.

Tu es le seul à pouvoir le sauver.

Moi, Sire, mais comment ?

Voilà qui t 'en donne le moyen.

La régence ?

Tu es trop habile politique pour ignorer qu 'elle est

le meilleur marchepied vers le trône.

Jette mon frère Anjou en prison.

Renvoie ma mère à Florence.

Et fais de Margot la reine de France.

Je vous obéirai, Sire.

Allez, Monseigneur.

Par là.

Ici, c 'est la mort.

Là, c 'est la couronne.

Mais pas pour tout de suite.

Le temps n 'est pas encore venu.

Sire, c 'est mon état de connaître l 'avenir.

Et je particulièrement étudie votre horoscope.

Pourquoi vous croirez, Eichroné ?

Voyons, réfléchissez.

Vous êtes seul, désarmé.

Anjou se prépare à succéder à son frère.

Guise est sur la route avec ses hommes.

Pensez -vous qu 'il vous laisse en vivre ?

Seigneur !

Oubliez les crimes du roi pour ne vous rappelez que

les souffrances de l 'an.

Les poignards sont sous la nappe de l 'hôtel.

Vous avez deux minutes pour fuir.

Moi, je vais y à la porte.

Mon amour !

Mon amour !

Lève -toi !

Le moment est venu !

Mon Dieu !

J 'ai subi la question.

Mes os sont brisés.

Mordi !

Préciez -vous !

Courage, la molle !

Je te tiendrai devant moi sur mon cheval, mais

partout !

Par le corps du Christ !

Oh non, je ne peux pas.

C 'est impossible.

Partez sans moi.

Toi, fuis à ta bas.

Donne -moi cette consolation de te savoir en vie.

Adieu, Marco.

Viens, allons !

Pardonnez -moi, madame.

Il a déjà me brisé.

Il ne pourrait me repaire les chapeaux sans le

secours d 'un ami.

Vite, reviens !

Cours chez ton frère.

Essaye d 'obtenir leur grâce.

Marco.

Le roi est mort.

Vive le roi Henri, troisième de ce nom.

Vive le roi Henri, troisième de ce nom.

Sire, la route de Navarre.

Auparavant, nous allons essayer de sauver nos deux amis.

Mais sire, Anjou et Guy sont sûrement sur notre as.

Qui vient avec moi les chapeaux ?

Allez, les chapeaux !

Allez, les chapeaux !

Mon pauvre Hannibal.

Voilà tout ce que t 'auras à rapporter de mon amitié.

Ce n 'est pas grave.

On fera les comptes de l 'autre côté.

Faites plus droite, mon brave gentil homme.

Amenez les corps de ces deux héros avec nous.

Marcherai derrière moi, en tête de la troupe.

Allez -vous avant que je ne te lâche pas !