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Je sais plus.

Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il faut que je compte.

- Ils ont 42 ou 43 ans.
- Ils sont grands.

Et le mariage ?

Ils sont tous mariés.

- Non, toi.
- Depuis quand ?

- Ou t'as oublié ?
- Ça doit faire...

Ça fait 20 ans que je suis seul.

- Elle m'a quitté parce que j'étais...
- Un queutard.

Elle t'a quitté pour ça ?

Après 25 ans de mariage.

Moi, ça fait...

Ça va faire 19 ans.

- Que t'es marié ?
- Ouais.

Le 10 janvier, mon gamin va avoir...

18 ans, déjà.

18 ans, mon fiston.

Comme on dit,
elle m'a attiré dans ses filets.

Je voulais pas me marier, mais...

Ça me disait rien, mais bon...

Elle t'a passé la corde au cou.

Finie la liberté ?

Je ne suis plus célibataire.

Toi, t'as résisté.

- Je préfère être libre.
- Moi, je me suis fait choper.

L'arroseur a été arrosé.

Tu t'es fait choper.

Pas le choix.

Mais c'est bien comme ça.

Je regrette pas.

J'ai mes enfants.

C'est autre chose.

C'est la vie.

Je suis un bosseur acharné,

si jamais
vous avez un boulot à proposer.

Quel genre de boulot ?

Un peu de tout.

Je peux, s'il vous plaît ?

Vérifiez, l'aiguille est neuve.

Vous sentirez une légère piqûre à trois.
Un, deux, trois.

Tu veux être payé
pour jouer dans un porno ?

Envoie-nous des photos
de ton visage et de ton corps nu,

avec une érection !

Salut,

ça m'intéresse de participer.

C'est payé combien ?

Je suis actif.

Voici une photo.

Avec quatre pieds ?

Quel calibre ?

Je peux avoir votre numéro ?

Très bien, monsieur.

On vous enverra le devis.

Merci, au revoir.

Donc ta paie va du...

- Du 2 au 6.
- Au 6.

Tiens, signe ici.

Il manque la prime d'assiduité.

Attends, je vérifie.

Ils m'ont bien envoyé la liste.

Tu as manqué un jour.

J'avais un rendez-vous médical.

Mais tu n'es pas venu travailler.

Mais je vous avais prévenus.

Oui, mais si tu es absent,
automatiquement,

tu perds la prime.

Donc...

il n'y a rien à faire.

- Et si je vous apporte un certificat ?
- Même comme ça.

Je ne peux pas te payer,
car tu n'as pas travaillé.

Je suis désolée,
je ne peux rien faire de plus.

Vas-y.

Bonjour, un instant.

Je t'appelle bientôt pour se revoir
et continuer de parler du projet.

Allez, bonne journée.

Lalo, c'est ça ?
Entre.

Détends-toi.

OK, de dos.

Cambre-toi et tourne-toi vers moi.

Lâche les bras, parfait.

De l'autre côté.

Regarde-moi. Tourne-toi plus.

C'est bien.

OK. De face.

Les bras en l'air.
Montre tes aisselles.

Air bien macho.

Voilà.

Bien.

Les bras en avant.

Super.

Maintenant, sans le slip.

On va commencer au repos.

Cache-le, comme ça.

Prends la pose.

Impec.

Change de pose.

Lève la tête.

Fais un sourire coquin,

et pervers.

Baisse la tête.

Un peu plus.

Encore, voilà, parfait.

Parfait.

Fixe plus intensément la caméra.

Super.

De dos.

Regarde-moi.

Fais une pose bien virile.

"Je vais te défoncer."

Nickel.

Un sourire coquin,

sûr de toi.

"Je vais te l'enfoncer bien profond."

Bien, de l'autre côté.

C'est super.

Baisse la tête.

Air bien macho.

Sourire pervers,

sexuel,

pense au sexe.

Bien.

De face.

Tu peux me montrer une érection ?

Tu préfères debout,
couché ou sur la chaise ?

- Comme ça.
- Parfait. Donc...

Commence à penser à...

Salut, maman.

J'ai eu trop de boulot

et j'ai envie de te voir,
alors un de ces quatre,

je passerai à la maison pour discuter.

J'ai pas mal de trucs à te raconter.

Salut, maman.

Je suis un peu débordé, mais...

tout va bien.

On s'appelle bientôt.

Bonne soirée.

Cette nation est lasse
des fourbes et des traîtres

qui prétendent être nos libérateurs.

Mais qui, en arrivant au pouvoir,
oublient leurs promesses

et nous trahissent.

Villa.

Enchanté, général Zapata.

Je suis Francisco Villa.

Nous serons inséparables
dans cette révolution.

Villa !

Rend-toi compte, l'émotion qu'il a !

Si vous et moi, unissions nos forces,
ce pays serait libre,

du nord au sud.

Avec cette énergie, OK ?

Expire.

Action !

Enchanté, général Zapata.

Je suis Francisco Villa.

Nous serons inséparables
dans cette révolution.

Villa !

Si vous et moi, unissions nos forces,

ce pays serait libre, du nord au sud.

Avec cette moustache,
je vous suivrai jusqu'à la mort.

Vive la révolution mexicaine !

Viva
!

J'adore ton cul !

Comme ça.

Enfonce-la doucement.

Respirez plus fort.

Gémis plus, Lalo !

Si tu peux éjaculer d'un coup, vas-y.

Putain !

Super, coupez.

C'est très bien !
Bravo.

Gardez cette énergie-là.

Deux taureaux avec d'énormes couilles
qui se chopent.

C'est ça, deux étalons.

OK ? Nickel.

Bienvenu, Lalo !

Bienvenu dans le monde du porno.

C'est nickel.

Le porno, c'est des fantasmes.

Il faut exciter, provoquer des orgasmes.

C'est du sexe parfait.

Vous bandez tous,

les éjaculations sont énormes,
vous êtes beaux,

les culbutes sont incroyables,
le passif est aussi actif...

C'est ça, le porno.

Et un bon éclairage.

Avec un bon éclairage,

on peut transmettre
ce sexe, cette passion.

Mes meilleurs orgasmes,
je les ai eus en regardant du porno.

C'est pour ça que j'en fais.

Une fois, j'ai giclé jusqu'au plafond.

J'étais ado et, pendant six heures,

je me suis branlé avec de la weed
,
de la téquila, du lubrifiant, et boum !

J'ai eu mal à la bite.

Un de mes meilleurs orgasmes.

Tout seul, avec mon porno.

On va faire en sorte que les mecs
giclent jusqu'au plafond, OK ?

On s'y met ?

Allons-y, messieurs.

La scène c'était un masseur
qui accueillait un client.

On disait rien.
Pas de dialogues.

C'était juste une répétition.

Après, on a commencé à tourner.

Ils insistaient beaucoup
pour qu'on tienne chaque position

pendant cinq minutes,
donc on s'engourdissait.

Ils chronométraient ?

C'est clair qu'on peut pas
gagner sa vie en faisant des films.

Ça suffit pas,
mais certains y arrivent.

- Ils deviennent connus, font carrière.
- Il y en a beaucoup ?

Non, mais par exemple...

Il y a Giordano.

Il a tourné au Canada

trois scènes qui ont fait le buzz.

Tout le monde les a achetées,

et ça l'a propulsé vers une carrière
d'acteur porno international.

Il est célèbre au-delà
des frontières du Mexique.

C'est une autre dimension.

Ça pourrait t'arriver,

qu'une de tes scènes devienne virale,

et que tu sois connu à l'étranger.

Dans des pays hispanophones, bien sûr.

Mais si tu tournes une scène

dans laquelle tu dis
"Fuck me" ou "Oh my God",

tu pourrais gagner d'autres marchés.

L'anglais, ça ouvre des portes.

Il suffit de dire "Fuck me
".

On va faire une vidéo.

Salut, on est au travail.

On vous a préparé des surprises,
avec Delmar.

Les gars, suivez-nous sur Twitter.

- T'es dans la prochaine scène.
- D'accord.

Qui es-tu, Emiliano ?

Non, ça va pas.

Imagine : tu as bu,
tu n'es pas dans ton état normal.

Ça a des effets sur toi.

Donc, ta voix est déformée.

"Qui es-tu, Emiliano ?"

Qui es-tu, Emiliano ?

Mieux.
Maintenant, dis-le...

comme si tu étais en colère
ou que tu avais peur.

Comme si ce que tu découvrais en toi
te faisait flipper.

Qui es-tu, Emiliano ?

- Vous permettez, mon général ?
- Allez-y.

C'est bon !

C'est grâce à vous, révolutionnaire !

Recommence.
Reboutonne et ressors-la.

C'est le général Carranza,
il est déjà président,

le président de la république mexicaine
après la révolution.

Allez.

- Vous permettez ?
- Bien sûr !

Avec l'autre main.

Mets-toi dans la lumière.

Cherche la lumière. Voilà.

- Tu bosses aussi comme escort ?
- Non.

Tu fais que ça ?

Je fais que ce film, en ce moment.

C'est génial quand on fait de tout,

quand on travaille comme escort
et qu'on fait du porno.

C'est cool d'être escort,
car tu peux gagner en une heure

ce que tu gagnes ici en une journée,

pour te déguiser
et baiser face à une caméra.

Alors qu'escort, tu vois...

C'est mieux, tu peux même
avoir du plaisir.

Une fois, par exemple, un client

m'a engagé pour toute une journée

et il m'a payé 14 000 pesos.

On a été dans un motel avec piscine
et on a pris de la drogue.

C'était fou, on a fait que baiser
et il a casqué pour tout.

C'est dingue de se faire 14 000 pesos
en si peu de temps.

Et parfois,

ça dure une heure et on baise pas,
on fait que parler.

Ça m'est arrivé
que des mecs veuillent juste bavarder.

Ils doivent se sentir seuls.

C'est les meilleurs clients,
ils rappellent souvent.

Alors qu'ici,
on doit baiser, baiser, baiser.

Silence derrière.

Et si tu bandes pas...

La pression est trop forte.

Sur certains tournages,
on te traite bien,

mais sur d'autres, bordel...

Parfois,
on prend froid et ils s'en foutent.

Plus fort.

Plus fort.

Préviens avant de jouir.

Tu es furieux, Zapata !

Tu as les boules.

Éjaculation !

Tu es furieux, ça te dégoûte.

Voilà.

Humilie-le.

On prépare la deuxième éjaculation.

Éjaculation !

Encore.

Très bien.

Une autre, continue.

Joue avec le sperme.

Comme ça.

Coupez ! Super.

Allons-y, messieurs !

Je n'étais plus autant excité.

Juste une branlette.

Une branlette.

C'est ta dignité qui est en jeu.

Je ne crois pas que la marijuana m'aide,

car j'ai déjà joui dans cette scène.

Lui, il a juté beaucoup plus que nous.

Je trouvais
que je m'étais bien vidé les couilles

mais lui,
il a carrément envoyé un litre de jus.

Adrián, ce soir,
je vais t'apporter un verre.

Trop de sperme.

Dans ce verre,
je vais recueillir tout ton jus.

"Bonsoir, voisin,
vous m'offrez un verre de jus ?"

Mes parents ont tout fait
pour me donner confiance en moi.

Ça m'est arrivé, comme à tous,
d'avoir des idées noires,

mais à part ça, non.

J'ai confiance en moi,
la preuve : je fais du porno.

J'ai pas peur qu'on me critique,

car tout est toujours critiqué.

Si on me voit avec un beau mec,

on lui dit :
"Pourquoi t'es avec ce nabot" ?

Il en faut pour tous les goûts.

Mais il y a aussi
des commentaires super positifs :

"T'es beau, t'es bien foutu,
j'ai envie de toi."

Au final, je lis tous les commentaires,

mais si les mauvais me blessaient,
j'aurais arrêté depuis un bail.

Moi, j'adore le cul.
La baise, c'est...

Et t'es bien monté, c'est vrai.

Mon chou...

Chacalito.

Ça va, les gars ?

@LaloOaxaca en Zapata !

Mon cœur dit que je ne t'oublierai pas.

C'est dur de ne pas t'avoir à mes côtés.

Tu me manques beaucoup, papa.

- Tu es parti en laissant...
- Un grand vide,

dans nos cœurs à tous.

Rodrigo Hinojosa Ruiz.

Mon père.

Mon père est mort le 30 mars 2002,

et j'ai fini le lycée en juin.

On a dû payer
les obsèques et la concession.

On a eu plein de dépenses.

La maison n'était pas à nous.

J'avais 15 ans,
mon frère en avait 7 et ma sœur, 16.

Ma mère a pas pu payer mes études.

- T'es celui du milieu ?
- Oui.

- Vous êtes trois ?
- Oui, un petit, l'aînée et moi.

Un garçon, une fille et moi.

J'ai pas pu étudier,
parce que je voyais ma mère galérer,

elle partait à 7h et rentrait à 21h.

Donc, t'as travaillé.

On n'a jamais eu faim.

On mangeait tous les jours

mais les placards et le frigo
étaient toujours vides.

Tous les matins,
ma mère nous faisait à manger

et on l'attendait le soir pour dîner.

Quand mon père est mort,
on s'est retrouvés dans la dèche.

J'ai commencé à bosser quand j'ai vu
que ma mère s'en sortait pas.

J'étais un gosse, mais je l'ai aidée.

Je lui envoie du fric chaque semaine
et je paie les factures.

On a fait des travaux,
j'ai acheté une télé, des fringues,

je lui ai payé Netflix,

un lave-linge, un frigo, une gazinière.

C'est des valeurs sûres.

Salut, maman.

Je suis pas en ville, ça capte mal.

Mais je voulais te dire
que j'ai trouvé du boulot.

C'est seulement pour quelques jours,
mais c'est bien payé.

Je passerai bientôt te voir.
Je t'aime.

J'ai rajouté cette scène
après avoir écrit le scénario.

En fait, je me suis souvenu d'un film
de Buñuel qui m'a beaucoup marqué,

"Cet obscur objet du désir"
,

où deux actrices
jouent le même personnage.

J'ai donc voulu avoir deux Zapata

pour exprimer notre dualité :

le masculin et le féminin,

la fiction et la réalité.

Ce qui se passe,
ce que l'on pense qui se passe

et ce que l'on comprend
de ce qui se passe.

Alors, laissez-vous porter
par votre intuition.

Comme si vous dansiez.

Et laissez-vous aller.

Je veux pas trop intervenir.

Ressentez vos émotions.

Sentez les odeurs.

Déplacez-vous, suivez-vous, imitez-vous.

Amusez-vous.

Je veux que vous vous éclatiez.

Action.

Ça va, Emiliano ?

Tu as l'air troublé.

J'ai mal dormi, c'est tout.

Je crois que j'ai des hallucinations.

Des insomnies ?

Des cauchemars.

Des présages.

Je me demande
si je rêve ou si j'imagine...

Des apparitions.

La ville me rend malade.

Des apparitions ? Des fantômes ?

Des présages.

Un avenir plein de morts,

des inconnus,

mais qui me parlent.

Comme toi,

qui n'es autre que moi-même.

Que te disent ces rêves ?

De prendre part à une...

Révolution !

Plus fort, Lalo.

Change de rythme.

C'est bon, putain.

Plus de passion !

Retire-toi et inversez vos positions.

Voilà.

Bien.

Regarde-le, Lalo.

Sois plus expressif Lalo,
tu adores.

Comme ça, regarde-le.

On dirait qu'il veut le bouffer.

C'est la mission : lui bouffer le cul.

Il y a trois règles d'or :
on embrasse pas un cul, on le bouffe.

On le pénètre pas, on l'éclate.

Et la plus importante :
on laisse jamais un cul affamé,

il faut toujours lui donner
beaucoup de protéines et de purée.

Quand j'étais sur le point de venir,
ça l'a excité et il m'a dit :

"Plus fort, je vais jouir."

Après, il m'a demandé si j'étais clean.

J'ai dit que j'allais pas
lui refiler le VIH,

parce que je suis sous traitement
donc je contamine pas.

Je contamine personne.

Quand on a commencé,
je lui ai passé une capote,

mais il voulait goûter ma bite
et il a savouré mon jus.

- C'est insultant qu'il te demande.
- Ouais.

Si t'es séropo, tu te gères
avec ta pilule quotidienne.

Avant c'était trois, mais on progresse,
et maintenant, c'est juste une.

Et à l'examen suivant, si ça va,
c'est une par mois.

- Ou juste une piqûre.
- Exactement, juste une piqûre.

Comme la syphilis, une petite piquouze.

Mais quand on prend l'habitude
de baiser sans capote,

parce que c'est trop bon
de se faire cracher dans le trou,

il faut prévoir le nécessaire.

Au lieu d'avoir du paracétamol
dans ta pharmacie,

t'as 3 doses de pénicilline,
2 de Vitalgin, 2 de ci ou ça...

L'antimycosique, la crème pour ceci...

Et si t'es de la haute, t'as ta PrEP.

Bien sûr, tu sors avec ta PrEP.

En fait, c'est une maladie
comme une autre,

il existe un traitement,
on peut avoir une bonne qualité de vie.

Mais pour les gens,
cette maladie reste un tabou.

Et là, c'est comme...

Tu as l'impression d'être un paria.

Je ne me souviens pas
à qui je l'ai dit en premier.

Ni comment.

Mais c'était environ quatre ans après.

Ou trois.

Les trois premières années,
personne savait.

Je travaillais la nuit, enfin, le soir,

et je devais prendre les pilules à 20h.

Je devais les prendre à heure fixe,
réglé comme une horloge,

et si j'avais une minute de retard,
je pensais que j'allais mourir.

Donc, j'allais au travail
avec mon traitement

et je le prenais en cachette,
pour ne pas être vu.

Au bahut non plus, personne savait.

On me demandait pourquoi
j'avais les yeux jaunes et je disais...

que j'avais mal dormi
ou un truc du genre.

Comme j'habitais dans une autre ville,

je n'ai rien dit à mes parents
pour ne pas les inquiéter.

Ils allaient tout de suite penser
que j'étais mourant,

l'image qu'on a du sida :

une personne amaigrie,
avec des rougeurs,

qui est mourante,

qui chope toutes les maladies.

Donc, j'ai préféré ne rien dire.

Maintenant, je me sens mieux,

aussi bien physiquement
que psychologiquement,

mais je ne vais rien dire à ma famille.

Je me souviens
à qui je l'ai dit en premier, à un ami.

Ça a vraiment été libérateur.

Il m'a demandé pourquoi
je lui avais pas dit avant.

Ce film devrait s'intituler :

"Lalo Santos :
histoire de la pornomélancolie."

Le bourgeois, le soldat et le dirigeant
vivaient en paix,

sans être dérangés
dans leurs privilèges ou leurs biens,

au sacrifice d'un peuple
esclave et analphabète,

sans patrimoine ni avenir,

condamné à trimer sans repos
et à mourir de faim et d'épuisement.

- C'est surjoué.
- Surjoué ?

Plus naturel, tu es du peuple.

Tu es l'opprimé,
c'est comme ça que tu te sens.

Mets-y plus de sentiments.

- Moins joué, tu le vis vraiment.
- D'accord.

Et tu dis :

"Je vais féconder ma jument."

Je vais féconder ma jument.

Plus fort, j'entends pas.

Tourne-toi vers la caméra.
Plus fort.

C'est bien, Lalo.

Accélère progressivement.

Fais plus de va-et-vient,
je veux voir ta bite.

Dompte-le.

Plus fort, maintenant.

Doucement.

Doucement.

Plus fort.

- Doucement.
- Plus vite, plus frénétique.

Plus doucement.

Gémis plus, Zapata.

Encore plus fort.

Ne t'arrête pas, putain !

C'est ça, plus fort,

plus frénétique,
tu es une machine sexuelle.

Tu prends beaucoup de plaisir.

Voilà ! Continue de regarder la caméra.

On est des bêtes sauvages !

Allez, on y est presque,
plus fort, allez !

Ne te rhabille pas.
On va enchaîner.

Lalo, ça va ?

Lalo,

tu veux que je remplace Brandon
par quelqu'un d'autre ?

Écoute, Lalo, je dois finir mon film.

OK ?

Tu fais perdre du temps
à toute l'équipe.

Rhabille-toi.

Cherchez un remplaçant.

Tu t'es fait une copine.

Voilà ton argent.
Tu peux compter ou me faire confiance.

Merci.

Ça va, les gars ?

Je suis venu bronzer,

et je suis bien chaud.

Et j'aimerais bien...

qu'une salope passe dans le coin

et me fasse une bonne pipe.

Ça va, les gars ?

Je suis venu bronzer...

Préviens-moi pour que je m'organise.

Je suis venu bronzer.

Je te kiffe, j'ai essayé de te dessiner.

- Salut, beau gosse.
- Salut.

Plus la peine de chercher,
je peux m'occuper de toi.

J'ai envie de goûter ta bite.

Je me branle souvent en pensant à toi
et j'ai envie que tu me fourres.

Si tu viens à Mexico,
on pourrait se voir.

T'es canon.

J'ai envie d'être pris
par un mec comme toi.

Tu peux lever les bras ?

Lentement.

Encore une fois.

Gracias
. Très bien.

Magnifique, muy lindo.

Maintenant, lève les bras.

Arriba
.

En arrière.

Superbe !

"Mexican style" pour de la thune.

T'as une belle bite.

J'ai envie de la sentir
dans mon cul.

Je peux filmer ?

Tourne-toi.

Tu veux
que je te baise ?

Je peux filmer ?

C'est 13 ou 14 dollars ?

C'est 13 ou 14 dollars ?

Cette montre vaut 10 dollars.

Cette montre vaut 10 dollars.

Combien coûte cette jupe ?

Combien coûte cette jupe ?

Elles sont bien, tes vidéos.

Tu fais le montage et tout ?

Avant je le faisais,
mais c'est trop de taf

et c'est pas indispensable.

Ce que veulent les gens,
c'est des pénétrations.

Je faisais le montage,
j'essayais de créer des scènes

où la tension sexuelle ne baissait pas,
où ça restait toujours chaud.

Parce que parfois,
la baise devenait trop mécanique.

Donc, je changeais de scène,
je coupais...

Mais ça me prenait la journée

pour faire une seule vidéo.

Finalement, je postais qu'une vidéo

et c'était pas assez pour les abonnés.

Alors qu'avec tout ce que je filme,

je poste cinq vidéos
de dix minutes chacune,

et mes fans voient
que j'en poste beaucoup

même si elles sont...

telles quelles, sans montage.

J'ai plus d'abonnés sur JustForFans

quand j'en poste plusieurs
de cinq minutes.

Avec 1 peso pour chaque abonné...

- T'imagines ?
- Ouais.

- 140.
- 130 000.

133 000 pesos.

Directement sur ton compte.

Et en dollars ?

133 000 dollars.

Ça fait du monde, hein ?

Comment tu te vois dans dix ans ?

Dix ans ?

J'aurai 44 ans.

Je serai peut-être fatigué, mais...

Putain.

Avec ce BG de @Jairoxxx2018,
on vous prépare une surprise.

- Mr Lalo ?
- Oui, bonsoir.

Tu reçois beaucoup de messages
sur Twitter ?

Des tonnes.

T'y réponds toujours ?

Parfois.

Ils me disent juste : "Salut.

"Tu veux baiser ?"

Rien d'autre.

J'ai plein d'abonnés, mais...

Ils te voient baiser et...

ils pensent que t'es là que pour ça,

ils te demandent même pas
comment tu vas.

On peut devenir amis ?

Tu viens d'où ?

Des Philippines,
j'ai 18 ans.

Et toi ?

Je suis mexicain.

Il est quelle heure
chez toi ?

21h20.
Et chez toi ?

Wow !

7h20.

T'es dans le futur.

Je m'éclate grave,
j'aimerais que vous soyez là.

Et qu'on fasse la fête ensemble !

Non, mec.

Vos résultats sont bons.

La charge virale est indétectable.

Votre taux de globules blancs
est normal.

Comment vous sentez-vous, en ce moment ?

Ça dépend.

Parfois ça va, mais parfois...

j'ai pas envie de me lever,

je voudrais dormir toute la journée.

Et puis,

je me sens...

inutile.

Je me sens pas...

J'ai l'impression
que j'arriverai à rien.

Parfois, j'aimerais simplement...

J'aimerais disparaître.

Avez-vous quelqu'un avec qui parler ?

Salut, maman.

Hier, j'ai joué dans une scène

où je devais faire le mort.

J'ai imaginé les soldats arriver.

J'ai pensé au bruit des bottes,

au bruit métallique des armes,

et à ce qu'on ressent
dans cette situation,

pendant les derniers instants,
les dernières secondes.

Toute l'angoisse, la peur, le désespoir,

ce qu'on ressent dans ces moments-là.

Les coups de feu ont éclaté.

J'ai plus pensé à rien, je suis tombé.

Et quand j'étais par terre,

mort,

je regardais les nuages.

Je me sentais...

Le faux sang mouillait ma peau.

Je me disais que ça se voyait peut-être
que je respirais.

Comme je disais, j'ai plus pensé à rien.

J'ai essayé de penser à rien.

J'ai essayé de rien ressentir.

Et ça m'a reposé.

De tout, du monde.

Et ça m'a plu.

Voilà, c'est tout.

Je t'appelle bientôt pour discuter.

Voilà.

Je suis un bon fils.

Sous-titres : Muriel Pérez