All language subtitles for End of the century - French (2019)

Fin de siècle

Kiss !

Rien... Salut.

Tu veux monter ?

Appartement 2, 3ᵉ étage.

- Salut.
- Salut.

Entre.

- Je m'appelle Ocho.
- Javi.

Tu veux boire quelque chose ?
Une bière ? De l'eau ?

- De l'eau, merci.
- Elle n'est pas très fraîche.

Tempérée, c'est bon.

Tu vis ici ?

Non, c'est un Airbnb.
Je viens visiter. J'habite à New York.

Et toi ? Tu vis ici ?

Plus maintenant. À Berlin.
Je suis ici pour le travail.

Et pour voir ma famille.

Tu es sûr de ne pas vouloir m'accompagner
avec une bière ?

D'accord, oui.

- Tu étais à la plage tout à l'heure, non ?
- Oui.

Et pourquoi tu n'as rien dit ?

J'ai essayé.

Mais tu as disparu avec ton vélo.

Je suis resté assis sur le quai à t'attendre.

Mais tu es retourné à ta serviette.

Je ne sais pas, je suis désolé.

C'est tellement compliqué...
c'est comme un jeu d'échecs, non ?

- Je t'ai cherché sur Grindr.
- Je n'ai pas Grindr.

Eh bien, mieux vaut tard que jamais.

- Alors, que fais-tu ?
- Je dirige une émission TV pour enfants.

« Die sendung wir der maus... » ?
« Wiesendung wir der maus... » ?

Je ne sais pas comment ça se prononce,
mais j'avais un colocataire

qui était fan
de cette émission allemande pour enfants.

Oh, oui, « Die sendung mit der maus ».

Non, la mienne a un nom en espagnol.
C'est pour apprendre l'espagnol.

Oh, sympa.

Tu es en vacances ?

Oui, je travaillais à Madrid
et je suis parti pour quelques jours.

- Que fais-tu comme travail ?
- J'écris de la poésie.

Un poète à New York, waouh.

Mais je gagne ma vie
en travaillant dans une entreprise.

Je fais du marketing pour une compagnie aérienne.

De toute façon, je passe la plupart de mon temps
à réaliser mon magazine de poésie.

C'est bien.

Et tu résides où ?

Juste à côté, chez mes parents.

- Oh, c'est pour ça.
- C'est pour ça ?

Ce matin, je t'ai vu marcher dans la rue
depuis mon balcon.

Qu'est-ce qui se passe ? Tu vis sur ton balcon ?

Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas ?

- Oui, mais doucement.
- O. K.

- Tu veux aller dans ma chambre ?
- Oui.

Par ici.

- Tu as des préservatifs ?
- Hein ? Non.

- Sérieux ?
- Je suis sous Prep.

Oui, mais je préfère avec un préservatif.

- Tu veux que j'aille en acheter ?
- Oui.

- Voilà.
- Tu es allé faire des courses ?

Il y avait une vieille dame alors
j'ai acheté d'autres trucs pour pas qu'elle voit.

Oh non, non... je n'aime pas cette marque.

- Tu plaisantes ?
- Je rigole.

- Quel est le nom de l'émission ?
- Quoi ?

- L'émission pour enfants dont tu t'occupes.
- Tu pensais à ça ?

C'est qu'après avoir joui, j'ai la tête qui...

- Vieux chien.
- « Vieux chien » ?

Ce n'est pas un titre
très attirant pour les enfants.

Ça parle de quoi ?

C'est un chien, qui est très vieux...

Il vit dans un chenil,

et personne ne veut l'adopter,
parce qu'il est trop vieux.

Mais il se lie d'amitié
avec tous les autres chiens.

Ils sont jeunes et vite adoptés.

Et ils lui racontent leurs vies.
Chaque épisode est une histoire.

Et le vieux chien a un nom ?

Vieux chien.

- C'est un concept très allemand.
- Peut-être.

Je vais te chercher une serviette.

- Tu peux te doucher ici si tu veux.
- Non, ça va. J'habite juste à côté.

- Tu as Whatsapp ?
- Oui.

Merci.

Alors... je t’appellerai
pour que tu aies mon numéro.

Bien sûr.

- Merci d'être venu.
- Merci de m'avoir invité.

- Bye.
- À plus.

Ocho. Ravi de t'avoir rencontré.

J'ai passé un bon moment.

Je vais me balader... et manger quelque chose.

Tu as quelque chose de prévu ?

- Désolé. Je comprends si tu peux pas...
- Désolé, j'étais sous la douche.

- Et ce vin ?
- Voyons voir. C'est bien.

Oh, le fromage.

- Oui, non ?
- Oui.

Bonjour. On pourrait avoir
du fromage de chèvre, s'il vous plaît ?

- Ce morceau ?
- Oui, celui-là est parfait.

- Du fromage de chèvre.
- Oui.

- Autre chose ?
- Non, ça ira.

- Bien, 6,10 €.
- O. K. Tu 6,10 € ?

Ouais. Voici 10.

Merci.

- Santé.
- Santé.

Bien.

- Et ce tee-shirt ?
- Quoi donc ?

- T'es un grand fan ?
- Non, pas vraiment. C'est un vieux tee-shirt.

- Vieux tee-shirt, vieux chien...
- Exactement.

Il te va bien.

- Quand as-tu déménagé à Berlin ?
- Il y a 5 ans.

- Oh.
- Et l'année suivante, j'ai rencontré mon mari.

- Il est allemand ?
- Ouais.

- Vous vous êtes mariés quand ?
- Ça fera 2 ans le mois prochain.

- Tu es marié ?
- Non.

- Tu as un petit ami ?
- Non.

Tu as déjà eu une relation durable ?

- Oui. 20 ans.
- Putain.

- Ça fait long. La moitié de ma vie.
- Et quand as-tu rompu ?

Il y a 3 semaines.

Je crois que nous finirons probablement ensemble.

Nous avons juste besoin de voir

ce que c'est d'être adulte sans être ensemble.

- Pourquoi ?
- Pourquoi ? Je ne sais pas...

J'étais fatigué d'être jaloux de ceux
qui avaient une totale liberté.

Personne de qui dépendre... Être seul me manquait.

Et maintenant ? Ça te manque ?

Il me manque parfois...

Mais j'aime aussi beaucoup être seul.

Eh bien, je pars.

Non... je veux dire être seul sur un autre plan.

Comme être seul au monde.
Je pense que c'est très gratifiant...

Ne dépendre de personne,
ne prendre soin de personne,

faire tout ce que tu veux tout le temps.

Ça te manque pas d'être seul ?

Non. Mais bon, 4 ans,
ce n'est pas la même chose que 20.

Bien sûr que non.

Et quelque part,
nous sommes toujours un peu seuls, non ?

- Même lorsque nous sommes en couple.
- Oui, tu as raison.

Mais il y a aussi différents niveaux de solitude.

J'imagine. Et le sexe ?
C'était toujours régulier après 20 ans ?

Non, ça a changé.

Le temps a passé, nous avons tous les deux grandi.

Nous avons toujours essayé
d'être très honnêtes à ce sujet.

Comme parler de choses
qui ne nous excitent plus.

Ou des choses que nous aimerions essayer.

Mais ce n'est pas facile.

Je ne sais pas.
Ça demande beaucoup de travail et d'implication.

- Et d'amour.
- Et d'amour.

20 ans... putain.
Je suis désolé, mais je suis toujours surpris.

- Alors, toi et ton mari êtes en relation libre ?
- Oui, oui, tout à fait.

Enfin, dans certaines limites, mais oui.

Nous avons rarement des relations sexuelles
entre nous, de toute façon.

- Pourquoi ?
- Je ne sais pas.

Mais beaucoup de couples
n'ont pas de relations sexuelles, non ?

Oui, c'est vrai.
Mais il s'est passé quelque chose ?

Non, non. La routine...

Et mon mari n'est pas celui
qui communique le plus.

- Et nous avons eu une fille.
- Vraiment ? Marié avec des enfants.

Oui.

C'est pas la première chose
qui me vient à l'esprit,

- quand je pense aux couples homo à Berlin.
- Eh bien, ça existe.

Tu en veux ?

Tu veux des enfants ?

Moi ? Non.

Bien. Eh bien, je n'en voulais pas non plus.

Mon mari a toujours voulu des enfants,
et un jour j'ai réalisé

qu'il voulait des enfants beaucoup plus que moi.

Et j'ai compris à quel point
c'était important pour lui.

J'ai récemment entendu quelqu'un dire

que si les bonnes gens de ce monde
n'ont pas d'enfants,

alors, le monde serait bientôt peuplé

de pauvres d'esprit, de préjugés, de racistes.

Donc, avoir des enfants
serait le meilleur moyen de lutter contre ça.

C'est vrai. Et ma fille est aussi incroyable.

Je ne pense pas que je pourrais parler
de parentalité en général, en tant que concept,

mais je pourrais parler d'être aussi son père.

Et aussi,

c'est un soulagement d'avoir quelqu'un
pour s'occuper de quelqu'un d'autre que moi.

J'imagine.

Une fois, je dormais à côté d'elle,

et j'entendais un moustique dans la chambre,

mais j'étais trop fatigué pour me lever.

Mais j'ai réalisé que je n'étais pas seul,

et qu'elle pourrait être piquée.

Alors je me suis levé,

j'ai cherché le moustique, et je l'ai tué.

C'était la première fois

que je réalisais que mes priorités
ne seraient plus les mêmes.

Et puis, tu as aussi
toutes les peurs qui vont avec.

Mais bon, ne parlons pas de ça maintenant.

Tu sais... j'ai une sensation curieuse.

- Je crois que nous nous sommes déjà rencontrés.
- Nous nous sommes déjà rencontrés.

- Oui ?
- Bonjour, Sonia. C'est Ocho.

- Salut, Ocho. C'est ouvert ?
- Oui.

- L'ascenseur ne marche pas ?
- Non, je ne crois pas.

Bienvenue.

Salut, Sonia. Désolé, je t'ai réveillée ?

Non, non. Ne t'en fais pas.
Entre. Pose ton sac.

Il y a des serviettes
et des draps propres dans le placard.

Et si tu as besoin de plus d'espace,
tu peux déplacer les affaires.

- Merci.
- Je fais du thé si tu en veux.

Oh, oui, bien sûr.

Tu as eu des nouvelles d'Eli ?

Tu l'as vu récemment ?

Non, mais nous avons parlé il n'y a pas longtemps.

Il a déménagé en Californie, tu savais ?

Vraiment ?

Il a toujours détesté les États-Unis.

C'est tellement bizarre, que fait-il là-bas ?

Il enseigne le yoga. Dans un... centre Iyengar.

Il est devenu fan en Inde,
je suis sûr que tu le sais.

Je l'ai emmené à son premier cours.

J'ai entendu dire qu'il enseigne dans un centre
appartenant à quelqu'un qu'il a rencontré en Inde.

- Summer ?
- Je ne sais pas...

Ouais, ça doit être Summer,
elle a un centre à Sacramento.

Sais-tu que j'ai provoqué leur rencontre ?

Mais quand est-ce que
tu as parlé à Eli la dernière fois ?

La dernière fois,
c'est quand nous nous sommes séparés, en Inde.

C'était la dernière nuit à Goa.

Nous nous disputions beaucoup
et nous avons décidé de nous séparer.

Je lui ai dit :

« Il y a un train qui part à 4h du matin
et un autre à midi.

Tu prends celui de 4h
et je le prendrai celui de midi. ».

Quand je me suis réveillé, il était déjà parti.

Nos affaires étaient tellement enchevêtrées

que j'ai fini par ne plus savoir
ce qui était à moi ou à lui.

Je me suis réveillée le matin,
dans cette chambre d'hôtel,

et j'ai trouvé mes vêtements,
mes livres, ma brosse à dents et...

Je me suis sentie seule
pour la première fois de ma vie.

L'hôtel était tellement magnifique,

c'était pourri, mais tellement magnifique.

C'était dans une rue très dangereuse.

Je crois qu'ils devaient la paver et la réparer,

mais bien sûr, ça n'a jamais été fait.

Et nous étions seuls,
il n'y avait que deux autres personnes.

Un père et un fils dans une relation très étrange.

Ils ont passé toute la journée ensemble
sans dire un mot.

Ils étaient très semblables.
Peut-être amants, je ne sais pas.

Il y avait une piscine,

très près de notre chambre
dans un patio intérieur.

Je me souviens avoir pensé,

« Si je saute dans cette piscine
et que j'en réchappe, alors tout ira bien. ».

J'ai sauté et j'ai survécu,

puis tout s'est plus ou moins bien passé.

Je suppose que tu as
tout de suite pris une douche.

Eh bien non.

L'hôtel n'avait pas d'eau de 10h à 12h.

Alors je suis sortie et j'ai dû courir
pour attraper mon train.

La semaine suivante,
j'ai eu une terrible infection urinaire.

Mais je ne sais pas si c'était dû à la piscine

ou à ma nouvelle vie de célibataire.

J'ai toujours pensé qu'Eli était amoureux de toi.

Non. Non... je ne pense pas.

- Comment s'appelait ta copine ?
- Esther.

Esther... j'avais oublié. Et comment va-t-elle ?

Bien, très bien.
Je vais la voir à Paris la semaine prochaine.

Et toi ? Tu sors avec quelqu'un en ce moment ?

Oui. Il n'est pas du tout comme Eli.

Eh bien, il est un peu comme lui...
mais différent.

Tu le rencontreras, il est ici tout le temps.

CHER E.,
JE SUIS ASSIS DEVANT UNE FONTAINE.

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POUR TA STUPIDE COLLECTION DE CARTES.

JE PENSE À TOI. (L'ENCRE A BAVÉ).

- Est-ce que ça va ?
- Oui. Une minute, s'il te plaît.

- Salut.
- Ça va mieux ?

Si on veut.

Tu es Ocho, non ?
Je suis Javi, le petit ami de Sonia.

- Oh, salut. Je vais m'allonger un peu.
- Dis-moi si tu as besoin de quelque chose.

Merci.

Salut.

Le pharmacien a dit que tu dois en prendre deux.

Et je t'ai apporté ça
pour que tu manges quelque chose.

Ou essaye de boire quelque chose.

Merci.

Je retirerais ça.

Cette coupe a l'air vraiment bien.

VIH/SIDA ET SEXE ORAL

Tu te sens mieux ?

Oui. Un peu mieux.

Je me sens quand même un peu faible.

Ça te dérange ?

Non, non. Plutôt l'inverse.
Désolé de t'interrompre.

Tu veux que je te cuisine quelque chose ?

Non, merci.
Je pense que je vais retourner me coucher.

Vas-y, je suis désolé.

- Bonjour.
- Salut.

- Tu te sens mieux ?
- Un peu, oui.

Tu veux un peu de pain ? Tu as faim ?

Oui, super. Merci.

Merci pour le médicament et tout.

Pas de souci.

- Combien je te dois ?
- Qu'est-ce que tu racontes ? Non.

- Comment ça, « Non » ?
- Non, rien.

- Eh bien, merci.
- Tu veux du café ?

Non, j'aimerais, mais je ne pense pas
que ça soit bon pour moi.

- Qu'est-ce que tu cherches ?
- Une assiette.

Ici.

Et Sonia ?

Elle est allée à Vigo pour voir sa grand-mère.

Elle y est pour quelques jours.
Elle m'a dit de te dire au revoir.

Je ne pense pas que tu la reverras,
tu pars demain, non ?

Oui.

Qu'est-ce que tu as prévu aujourd'hui ?

Je ne sais pas, je pense aller me balader.

Tu sais où aller ?

Non, je ne sais pas vraiment.
Il y a quelque chose qu'il faut vraiment voir ?

Je suis en congé.
Je peux t'accompagner si tu veux.

- Tu es sûr ?
- Oui.

O. K.

- Tu aimes les enfants ?
- Oui. Et toi ?

Je ne sais pas. Je n'y ai jamais pensé.

Comme si j'avais été récemment un gosse,
juste à l'instant.

- Mais tu veux des enfants ?
- Non. Et toi ?

Oui, oui. Je suis un fils unique
et mes parents le sont aussi.

Je n'ai donc jamais eu de cousins.

Je ne sais pas,

j'aimerais avoir une maison en désordre,
plein d'enfants et bruyante.

Ouais, j'aimerais ça.

C'est peut-être pour ça.
C'était comme ça à la maison.

C'était très anarchique,

nous étions 5 frères et sœurs,
mes parents, mes 2 grands-mères,

et une tante, toujours célibataire,
qui était comme un autre enfant.

Je vais boire un peu d'eau.

Et Sonia ? Elle veut des enfants ?

Je ne sais pas. Nous n'en avons jamais parlé.

- Alors... Ocho avec les enfants Ocho.
- Peut-être pas 8.

Pourquoi Ocho ?
J'ai demandé à Sonia, mais elle ne sait pas.

Ce fut mon premier mot quand j'étais bébé.

Ma mère me portait dans l'ascenseur,
et nous vivions au 8ᵉ étage,

elle a donc demandé à un voisin
d'appuyer sur le bouton « Ocho ».

Et j'ai répété le mot.
Mes parents étaient très fiers,

alors ils m'ont fait dire « Ocho »
à des proches et amis, et c'est resté.

- Et quel est ton vrai prénom ?
- Gustavo.

- Ça te va pas.
- Et pourquoi ? Je devrais être qui ?

- Ezequiel.
- Demande-moi mon prénom.

- Quel est ton prénom ?
- Ezequiel.

Ça te va pas non plus, Ezequiel.
Ça ne te correspond pas du tout.

Ça ne le fait pas.

Je suis impressionné par le
nombre d'histoires qu'il a fallut

pour pouvoir peindre quelque chose comme ça.

Parce qu'à cette époque, il n'y avait pas
d'autre moyen pour les immortaliser.

Quelqu'un a dû décrire au peintre
à quoi ressemblait la bataille.

Ouais, je n'y ai jamais pensé.

Et qui sont-ils ?

- Je ne te les ai pas présentés.
- Non.

Tante Roser. Elle cuisine d'excellents spaghettis.

Tante Mari Angels, professeur. Elle est charmante.

Oui, elle a l'air très sympa.

- Oui, hein ?
- Oui.

Et c'est grand-mère Paca,
d'Aragón, une forte personnalité.

J'ai toujours voulu la rencontrer.

Et c'est ton père ?

Oui, en fait c'est Grampa,
Grampa Perot, il est architecte.

- Je vais lui dire bonjour.
- Bien sûr.

Je te le montrerai quand nous partirons.

Tu verras que dans les 3 parties,

il y a une ligne noire
qui s'interrompt brusquement.

Et il dit que c'est comme la vie
de cet homme qui a été assassiné,

ça s'arrête parce que ce sont
ceux qui ont le pouvoir qui décident

et n'ont aucune pitié.

Mais il ne savait pas qu'il avait été tué
le jour même où il a terminé la peinture.

Il pense qu'il y a un lien magique.
Pas rationnel, tu vois ?

C'est étrange, mais maintenant que tu le dis,

regarder la peinture ne sera pas pareil.

- Pourquoi ?
- Je suis maintenant conditionné.

Je ne sais pas,
il vaut peut-être mieux voir le tableau avant,

voir ce que je ressens, puis me dire que...

Je ne sais pas s'il faut voir le tableau.

Alors ne le regardons pas. Je l'ai vu 1 000 fois.

Ce chapeau est incroyable.

Regarde, celui-ci a été créé par Dali.

- C'est là que nous étions, non ?
- Là-haut. Sous la tour.

- Tu es sûr ?
- Oui !

O. K. Je ne veux pas que tu sois malade.
Je m'en excuse au nom de la ville.

- Excuses acceptées. Santé.
- Santé.

Mais la convalescence a eu du bon, cependant.

Pendant que j'étais en train d'agoniser au lit,
j'ai pris une décision importante.

- Laquelle ?
- Je vais étudier la littérature.

Tu vas quitter l'économie ?

L'administration en affaires.

Oui. Je veux être écrivain.

Ou mieux, avoir une vie d'écrivain,
je ne sais pas,

quelque chose que je peux faire
la nuit ou tôt le matin.

Être écrivain.

T'es doué, Ocho, waouh ! Fêtons ça.

Santé.

- Et à ton film !
- Sonia te l'a dit ?

Oui. Elle m'a dit que tu faisais un documentaire
depuis un moment.

Depuis très longtemps.

Et quand penses-tu le terminer ?

Je ne sais pas car,

c'est un film sur le millénaire.

Donc, je ne pense pas que ce soit pertinent
si j'attends trop longtemps après 2000.

D'un côté, je dois montrer que

si je ne le fais pas,
ce ne sera pas finalisé, tu vois ?

Je ne sais pas.

Parce que ça sera toujours une image
de ton expérience.

Je pense.

Et comment ça t'es venu à l'idée ?

Je voulais faire un court documentaire

quand j'ai réalisé que tout le monde
était vraiment inquiet pour l'an 2000.

Je n'y crois pas vraiment.

Tu ne penses pas à la fin du monde ?

Non, pas vraiment.

Eh bien, c'est de ça que parle mon film.

Je sais qu'il n'y aura pas de fin,
que tout va rester pareil.

Eh bien, c'est le nombre qui va changer,
ça c'est marquant.

Oui.

J'ai la tête qui commence à tourner.

C'est normal, tu n'as rien mangé depuis des jours.

Mais c'est l'équilibre chimique parfait.

Un pur cadeau, c'est parfait.

- Waouh, quel enfoiré, pas moi.
- Rattrape-toi, alors.

- Si on achetait de la tequila ?
- Oui, et des cigarettes.

O. K.

Oh, qu'est-ce que c'est ?

Il doit être tombé d'un étendage.

Kiss ! Il te va bien.

Ton souvenir de Barcelone. Cool, non ?

Quel souvenir de merde.

- Des russes blancs ?
- Korova Milk Bar.

- Quoi ?
- Orange mécanique.

- Santé.
- Santé.

Je me rapproche de la côte

et je réalise combien
je déteste arriver à destination.

La transition est toujours un soulagement.

La destination signifie pour moi la mort.

Si je pouvais trouver un moyen
de rester éternellement dans cette transition,

être déconnecté et dans l'inconnu,

je pourrais rester
dans un état de perpétuelle liberté.

Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?

Je ne sais pas.
Au début, je pensais que tu le savais.

Tu m'as appelé par le nom du tee-shirt.

Je ne m'en souvenais pas du tout.
Quand as-tu cru que c'était moi ?

Je t'ai vu hier soir, marcher dans la rue.

J'étais avec un ami dans un bar.

- D'où le tee-shirt ?
- Pas du tout !

J'étais très malade cette semaine-là,
et complètement soûl ce soir-là.

Oui.

Je commence à me souvenir.

Et Sonia ? Tu es toujours en contact avec elle ?

- Elle est décédée il y a 6 ans.
- Quoi ?

Je pensais que tu étais ami avec son ex.

Oui. Mais nous ne nous sommes pas parlé
depuis des années. Comment est-elle morte ?

Eh bien, à New York en fait.

Elle y est allée chanter, et un matin,

alors qu'elle quittait l'hôtel,

un camion à ordures a reculé et l'a écrasée.

Pendant qu'elle marchait.

Waouh. Vous étiez toujours ensemble ?

Non, nous nous sommes séparés
un peu après ton départ.

Je lui ai dit qu'on avait flirté.

Elle m'a dit qu'elle le savait,

et qu'elle préférait que ça confirme ses soupçons,
même si c'était regrettable.

Quoi qu'il en soit,
nous sommes restés de très bons amis après ça.

J'ai utilisé ses ovocytes pour ma fille.

Vraiment ? C'est super.

Tiens, regarde. Elle tient beaucoup de Sonia.

Waouh. Elle a le même sourire.

Les yeux aussi.
Et surtout sa personnalité.

Elle aime vraiment la musique, tu sais ?

- Vraiment ?
- Oui.

Sonia avait une voix incroyable.

Elle est devenue une chanteuse d'enfer.

Oui, elle a beaucoup progressé.
Elle a fait beaucoup de concerts.

Elle a chanté
avec les meilleurs orchestres philharmoniques.

J'adorerais l'entendre à nouveau.
Peux-tu m'envoyer quelque chose ?

Bien sûr.

Tu sais, je t'ai cherché sur Facebook et ça...

- Je ne suis pas sur Facebook.
- Oui, mais tu as un Grindr.

Eh bien, je n'ai jamais été très stable
pour être honnête.

Qu'est-ce que tu aurais dit si tu m'avais trouvé ?

Je ne sais plus.

Tu as fini ton film ?

J'ai perdu toute motivation après 2000.

Je me souviens encore
de quelque chose que tu m'avais dit.

À propos du film ?

Ça m'a vraiment aidé

pour commencer à me consacrer davantage
sur mon expérience et moins sur ce que j'admirais.

Eh bien, les choses que tu admires
font partie de ton expérience.

Oui, bien sûr, mais il est facile de se perdre

en essayant de reproduire des choses que tu aimes.

Je ne sais pas.
Je ne pense pas être d'accord avec ça.

C'est tellement bizarre
que tu n'as pas eu d'enfants.

- Pourquoi ?
- Parce que tu en voulais beaucoup.

J'ai dit ça ?

Eh bien, je ne sais pas.
Matt en voulait à un moment donné.

Mais je pense qu'à l'époque,
j'avais déjà changé d'avis à ce sujet.

Je ne sais pas...

Je ne suis pas contre avoir des enfants,
pas du tout.

Mais il faut vraiment les désirer

et accepter les difficultés d'être parent.

Ouais, c'est vrai.

- Merci, santé.
- Santé.

Ocho... Je pense que je vais y aller.

J'ai fait un pacte avec mon mari...

même si nous sommes libres,
on ne se met pas dans des situations qui...

Pas de souci. Bien sûr. Je comprends.

Je suis content que nous nous soyons revus.

Moi aussi.

Et merci de t'être occupé de moi il y a 20 ans,
alors que j'étais malade.

De rien. C'était avec plaisir.

- Je croyais que j'avais le SIDA.
- Pourquoi ?

Je ne sais pas. C'est stupide.

J'ai vraiment été malade subitement
et je suis devenu paranoïaque.

J'ai regardé en ligne et tout semblait être
comme le pire scénario possible.

Et avec Sonia chantant dans l'autre pièce,

c'était comme la bande originale
de mon lit de mort.

La puissance argentine.

Alors... ça se termine là ?
Et nous ne pouvons pas être amis, n'est-ce pas ?

Bye, Ocho.

Javi ?

Qu'est-ce qui se passe Oona ? Tu aimes ça ?

Bonjour. Tu veux la faire manger ?

Je dois y aller.

Rappelle-toi que nous devons nettoyer
le placard cet après-midi, O. K. ?

Au revoir, mon amour. Bye.

On va l'éplucher.

C'est bon, non ?

Plus vite, plus vite, plus vite...

Plus vite, plus vite, plus vite...

- Salut.
- Salut.

Comment ça s'est passé ?

Bien. Nous avons vu Sonia chanter dans la rue.

Ils ne la laissent plus chanter
dans son appartement.

Quoi qu'il en soit, elle aime jouer
ce rôle de fille sans-abri à l'agonie.

Elle gagne un peu d'argent, comme ça.

- Elle a mangé quelque chose ?
- Non.

Va la coucher, elle est épuisée.

Hé. J'ai commencé avec les vêtements.
J'ai fait 2 piles.

Une pour les affaires à donner,
et l'autre pour que tu y jettes un œil.

Si tu ne les veux pas, donnons-les aussi.

- Tu gardes celui-ci ?
- Non. C'est à donner.

Mais ce pull est en état.

Mais il a une tache à l'arrière du col
qui ne part pas.

On ne peut pas donner ça.

Pourquoi ? Tu ne le mets jamais.

Il faut qu'on trie,

si on ne le mets plus, on donne.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien.

- Tu veux faire l'amour ?
- Non, ne t'en fais pas.

On peut faire l'amour si tu veux.

Non, c'est mieux si on a envie tous les deux.

Parfois, on a pas envie autant que l'autre,

et c'est bien de faire un effort.

Qu'est-ce qui va pas ? T'arrive pas à dormir ?

Non, ça va.

Tu ne fumes plus depuis des années,
mais tu sors toujours sur le balcon.

Je pense que c'est plus sain.

Jusqu'à preuve du contraire.

J'étais... j'étais avec quelqu'un depuis 20 ans
mais ce n'était pas toi.

- Ce n'était pas moi ?
- Non, ce n'était pas toi.

- Et qui était-ce ?
- Je ne m'en souviens pas.

Comment ça ?

Je ne me souviens de rien.

La seule chose dont je suis sûr,
c'est que ce n'était pas toi.

Mais si tu ne te souviens pas,
comment tu sais que ce n'était pas moi ?

Je ne sais pas.
C'est la seule chose dont je suis sûr.

Nous étions ensemble depuis 20 ans,
nous vivions à New York...

À New York ? C'était peut-être moi.
Nous sommes ensemble depuis 20 ans.

Non, mais j'en suis sûr. Ce n'était pas toi.

Eh bien, j'espère que tu ne nous quitteras pas
pour aller chercher cet homme mystérieux.

Qui a dit que c'était un homme ?

La concurrence est rude.

Je vais me coucher, je dois me lever tôt.

Et tu as une réunion de profs, non ?

Ouais.

Je te rejoins dans un moment.

Fin

Fin de siècle

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