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- Bienvenue au collège.
- Merci.

Vous avez fait bonne route ?

Pas mal, pas mal.

Fais-moi le plaisir
de faire un petit tour.

Bonjour.

Rassemblement.

Rassemblement.

Allez.

Tout le monde ici a peur.

C'est normal.

Ça s'appelle le trac.

Même Chouinard a peur.

Moi ? J'ai pas peur du tout.

Bon, Chouinard a pas peur.
Mais c'est une exception.

Parce qu'avant de monter sur scène,

tous les acteurs ont le trac.

Tous. Et vous savez quoi ?
C'est grâce à ça

qu'ils sont aussi bons.

Le courage,

le vrai courage,

c'est pas de pas avoir peur.

Le vrai courage, c'est d'avoir peur,

mais d'y aller quand même.

Tout le monde,

- est-ce qu'on a peur ?
- Ouais.

Mais on y va quand même ?

- Ouais.
- Allez, debout.

Allez.

M. Dubé, vous avez toujours peur ?

Parfait, gardez ça comme ça.

Les lumières.

J'ai peur, mais j'y vais quand même.

J'ai peur, mais j'y vais quand même.

J'ai peur, mais j'y vais quand même.

Allez, c'est à toi.

Akanaka ! Akanaka !

Un bateau approche de la côte !

- Des Iroquois ?
- Non, Grand Chef.

Leurs cheveux sont jaunes
comme le blé,

et leur bateau a
la tête d'un monstre.

Leif,

quelle est cette terre
qui se dresse devant nous ?

Je ne la connais pas.

Mais ce n'est pas le Groenland.

La tempête nous a ballottés
longtemps vers l'ouest.

Mettons le cap sur cette baie
profonde, nous pourrons y accoster.

Allez explorer les environs.

Leif, du blé sauvage,

partout là où la terre est basse.

Les collines sont couvertes
de raisins à vin.

Moi, Leif Erikson,

découvreur de cette terre
jusque-là inconnue,

je la nomme Vinland.

- M. Chouinard.
- Pays de la vigne et du raisin.

M. Chouinard, à vous.

Je vous le dis, je vous le dis.
C'est moi, c'est

Leif Erikson lui-même
qui a découvert cette terre-là.

Là, peuple !

Je me nomme Cristoforo Colombo.

Je suis né à Gênes,
en Italie, en 1451.

Peut-être me connaissez-vous mieux
sous le nom de Christophe Colomb,

le découvreur de l'Amérique.

Comment oses-tu te proclamer

découvreur de l'Amérique ?
C'est moi, Leif Erikson,

qui l'ai découvert 500 ans avant toi.

- Mensonge.
- Vérité.

Mensonge éhonté.

Je ne permettrai pas qu'un barbare
me vole ma découverte.

C'est toi le voleur.

Pars avant que je te coupe
en rondelles.

Reviens ici.

La voilà, la vraie histoire.

Elle est là, dans ces sagas.

C'est un cadeau venant du passé.

Je vous le laisse.

C'est pas grave, Chouinard !

Frère visiteur.

Vous pouvez vous asseoir, Frère Jean.

Votre spectacle a eu tout un succès.

Ce n'était pas seulement
mon spectacle, vous savez.

Vos élèves ont démontré
beaucoup de cran.

Ils ont été impeccables,
malgré les imprévus.

Que vous avez habilement rattrapés.

Votre interprétation
de Christophe Colomb était

très divertissante.

Elle était surtout improvisée.

J'imagine, oui.

Mais...

le texte de la pièce
n'était pas improvisé, lui.

Étonnant tout de même que

nos manuels scolaires disent
que c'est Christophe Colomb

qui a découvert l'Amérique.

Rappelez-vous qu'on a longtemps
enseigné que c'était le Soleil

qui tournait autour de la Terre.

Je vous avoue
qu'en partant de Québec,

cet après-midi,
je ne m'attendais pas à

assister à une pièce païenne,

sans la moindre teneur morale.

J'aurais dû me rappeler qu'avec vous,
nous allons toujours

de surprises en surprises.

Est-ce que je dois le prendre
comme un compliment ?

On me dit que

les histoires de Vikings prennent
beaucoup de place dans votre classe.

Vous savez, quand j'entre
en classe le matin,

j'ai devant moi des garçons
qui voudraient être ailleurs.

Alors, j'essaie de les emmener là
de temps en temps.

L'apprentissage n'a pas
à être quelque chose

d'amusant.

Le travail de l'enseignant
sera toujours d'apprendre

- l'effort à ses élèves.
- C'est vrai.

Mais c'est aussi de les contaminer.

De les contaminer
de l'envie d'apprendre.

Une fois qu'ils ont ça,

ils y mettent l'effort.

Nos élèves sont les ouvriers
et les fermiers de demain.

Notre travail,
c'est de leur apprendre à lire,

à écrire, à compter.

Je suis bien conscient...

Nous sommes là
pour les préparer à la vie adulte

en leur inculquant
des valeurs chrétiennes.

Mais ce n'est pas

en leur mettant des idées frivoles

dans la tête
que nous allons y arriver.

Si vous permettez,
elles ne sont pas frivoles.

Des chercheurs croient à une présence
viking dans le golfe du St-Laurent.

Frère Jean,

laissons donc aux chercheurs
leurs savantes hypothèses.

Notre tâche est ailleurs.

Si nous ne veillons pas
nous-mêmes au maintien

des valeurs chrétiennes,
qui le fera ?

On entend des choses au théâtre
et à la radio

qui auraient été
inimaginables autrefois

et que se passe-t-il
lorsque les mœurs s'érodent ?

Les sociétés finissent par éclater.

Ce sont ces questions-là
qui me préoccupent, Frère Jean.

- Je comprends.
- Heureux de vous l'entendre dire.

Je sais que le Frère directeur
et le Frère Cyprien

partagent aussi cette philosophie.

Bon, comme j'ai quelques heures
de route à faire,

Frère Jean,

Frère Cyprien,

je vous souhaite un joyeux Noël
et une excellente nouvelle année.

Merci pour tout, Frère visiteur.

Vous avez le don
de vous faire remarquer, Frère Jean.

Vous aimez enseigner ici ?

Arrangez-vous pour que ça continue.

Émile, dernier tiroir.

- Émile...
- Quoi ?

Tu as bien regardé ?
T'auras l'air d'un idiot avec ça.

Passe-moi celui de ton anniversaire.

Tu vas t'habituer, tu vas voir.

Tu vas te faire de nouveaux amis,

et on va s'écrire souvent.

Tu vas me donner de tes nouvelles,
et moi aussi.

C'est ce que ton père aurait voulu.

Papa m'aurait jamais envoyé
au pensionnat.

Je fais ça pour toi, Émile,
pas pour moi.

Si tu le comprends pas maintenant,
tu le comprendras plus tard.

Il faut que tu dormes,
on part de bonne heure demain matin.

Bonjour.

Des chances comme ça,
t'en auras pas d'autres.

Promets-moi que tu vas tout faire
pour que ça marche.

- Dis-le, que tu promets.
- Je vous le promets.

Bon.

Vous les portez en chemin.

Je vais t'écrire.

Alors, il dit : "Que
je vous prenne plus à répliquer."

Alors, je la ferme, tu vois.

Mais ça lui va pas non plus.
Il me dit :

"Restez pas là à rien dire,
M. Chouinard."

Moi, je suis prêt à lui dire :

"Le Broché,

"décide-toi, je réponds
ou je réponds pas ?"

Je pense pas que tu lui as dit.

En fait, ton histoire, c'est du vent.

Chouinard...

- Tu me cherches ?
- T'as peur ?

Peut-être bien.

C'est qui, Le Broché ?

Frère Cyprien.

Tu vas le connaître assez vite.

On prend pas de bain ici ?

Non, juste des douches manuelles.

T'es malade ?

Attention, voilà Lulu !

Qu'est-ce qui se passe ici ?

Il savait pas comment ça marchait
pour les lavabos.

Maintenant il sait.

- Pas de bêtises, c'est clair ?
- Oui, Frère Lucien. C'est clair.

Le nouveau,
tu poses déjà des problèmes ?

- Non.
- "Non, Frère Lucien."

C'est clair ?

Non, Frère Lucien.

Je veux dire :
oui, Frère Lucien, c'est clair.

Même pas eu peur.

Je vous jure.

T'es pas censé avoir ça ici.

Si tu te fais prendre, t'es cuit.

Je peux le voir ?

Où t'as pris ça ?

Mon père.

"Chapitre deux :

"avoir d'humbles sentiments
de soi-même.

"Tout homme désire
naturellement de savoir,

"mais la science sans crainte
de Dieu, que vaut-elle ?

"Modérer le désir torride de savoir.

"On ne trouvera là qu'une grande
dissipation et une grande illusion.

"Les savoirs sont bien pour paraître
et pour passer pour habile.

"Mieux vous savez,
plus vous serez sévèrement jugés

"si vous n'en vivez pas
plus sainement."

"Quelques arts et quelques sciences
que vous possédiez,

"n'en tirez donc point de vanité."

M. Chouinard,

j'avoue que cette fois,
vous êtes vraiment surpassé.

Non, mais...

Vous avez vu la trajectoire
de cet aéroplane ?

Une ligne parfaitement droite,

une altitude
d'une stabilité exemplaire.

Notre ami Chouinard a compris

que pour que son avion se maintienne
à une certaine altitude,

il faut que sa portance
soit égale à son poids.

Par exemple, avec
une feuille de papier plus grande,

son avion aurait été plus pesant.

Ses ailes, pour voler ainsi,

auraient dû s'étendre
sur une plus grande surface.

Pour être sûr que tout le monde
comprenne bien comment ça fonctionne,

je vais vous demander de rédiger
une composition expliquant

comment on arrive
à faire voler du papier.

Ça devrait être facile. La science
aura des réponses pour vous.

Mille mots devraient suffire.

Vous pouvez vous asseoir.

Maintenant que cette question
est réglée,

souhaitons la bienvenue
à votre nouveau camarade :

Émile Lacombe,
qui nous arrive de Québec.

Pour bien l'accueillir,
résumons-lui ce qu'on a vu

de plus important ces derniers mois.

Alors, rien ? Oui, M. Bergeron.

- Les explorateurs de l'Amérique.
- Très bien.

Qu'a-t-on vu
sur les explorateurs de l'Amérique ?

Les voyages de Christophe Colomb,

Magellan,

- de Cortés, de Cabot, aussi.
- Très, très bien, très bien.

- Oui ?
- On a vu qu'ils étaient perdus.

L'un pensait avoir trouvé la Chine,
mais il était à Terre-Neuve.

Et il s'appelait comment ?

- Jacques Cartier.
- Non.

C'était Cabot,
Giovanni Caboto, un Italien.

Que cherchait Jacques Cartier

quand il est arrivé
dans le golfe du St-Laurent ?

- Oui, M. Bergeron ?
- Un passage vers les Indes.

Exactement. C'est difficile
de se tromper plus que ça.

M. Dubé.

On a aussi appris qu'ils pensaient
avoir trouvé l'Amazonie.

M. Bergeron ?

M. Lacombe.

- Vous avez des questions ?
- Non, c'est bon.

Vous verrez, c'est quand on en sait
plus que les questions viennent.

La grève pourrait être...

Le postillon,

viens.

T'as une tête à avoir fait quelque
chose de mal sans savoir quoi.

Celle-là va au Frère Gonzague
et elle au Frère Jean.

Change de tête.

Pour vous.

Ça vient de l'université.

Pouvez-vous me sortir le dossier
d'Émile Lacombe, s'il vous plaît ?

Université, à Québec.

L, comme Lacombe.

Et votre frère,
vous avez des nouvelles ?

Sa femme est inquiète.

Il est bien impliqué,
il est jamais chez lui,

et ça risque de bouger pas mal.

Ça va vous en faire, de la lecture.

Merci, Frère Lucien.

M. Lacombe,

vous avez trouvé
ce travail intéressant ?

- Ça allait.
- D'après vous,

tout recopier mot pour mot d'une
encyclopédie, c'est un travail ?

Qu'est-ce que vous venez faire
exactement dans ce collège ?

Si vous venez juste passer le temps,

vous trouverez
les prochaines années bien longues.

De toute façon,
l'an prochain, je serai plus ici.

J'aurai 14 ans cet été,

mon oncle me fera entrer
au moulin à papier.

Ma mère se tue à l'ouvrage,
et on y arrive pas.

C'est tout à votre honneur
de vouloir l'aider.

Mais jusqu'en juin, vous êtes dans ma
classe, pas dans un moulin à papier.

Normalement, ce serait zéro.

Mais je vais faire comme
si je l'avais pas eu.

Vous allez repartir du début,

vous allez vous renseigner
à plus d'une source et faire l'effort

de comprendre ce que vous lisez.

Puis, vous allez m'écrire ça
dans vos mots.

Vous avez trois jours.

Il y a une place qui vous attend
au club Vinland.

Demain, 10h00.
Arrangez-vous pour être là.

L'université est venue à vous ?

Oui, le département d'Histoire.

Ils organisent un colloque
sur la période précolombienne.

Et ils ont pensé à vous inviter,
comme ça ?

C'est le Pr Thompson,
de l'université de Baltimore,

qui leur a parlé de moi.

Et dans la salle, il y aura qui ?

Des professeurs, des étudiants,
des invités d'un peu partout,

c'est assez prestigieux.

Vous allez leur parler de quoi,
au juste ?

De mon hypothèse sur
de possibles installations vikings

sur la côte du Saint-Laurent.

Vous avez pas l'air convaincu.

Ils ont l'habitude de recevoir
des académiciens,

- pas de simples frères enseignants.
- Parfait,

ça les changera de leurs habitudes.

Et qu'est-ce que vous faites

de la mise en garde
du frère visiteur ?

Il se préoccupe de la place
des Vikings dans ma classe,

pas dans mes temps libres.

Mais vous voulez emmener vos élèves.

Que le club Vinland.

Et c'est un samedi,
ils manqueront aucun cours.

Et...

pourquoi les jeunes
devraient vous accompagner ?

Ils ont jamais mis les pieds à
l'université. Je veux qu'ils sachent

que ça existe, que des garçons
comme eux ont réussi à s'y rendre.

Pour la plupart, la chance
repassera peut-être jamais.

Frère Cyprien,

excusez-moi
de vous apostropher comme ça.

Vous avez parlé au frère directeur ?

Malheureusement,
ça pourra pas fonctionner.

Votre frère est pas malade,

pas à l'article de la mort,
il est en grève.

Ma belle-sœur a besoin d'aide.

- Ils ont six enfants, vous savez.
- Je comprends tout ça,

mais on parle pas
de cas de force majeure.

On peut pas autoriser ça, désolé.

"Ils hissèrent la voile,

"ils voguèrent au-delà des plages
merveilleuses de la pointe à Laki.

"En arrivant au Strømfjord..."

Le détroit de Belle Isle,
que vous connaissez bien.

"...ils ont pris une direction
sud-ouest

"en longeant la côte."

C'est ici

que la nouvelle traduction
est fascinante.

Parce qu'elle nous donne
deux indications très précises :

une direction, le sud-ouest,

et le fait qu'ils ont longé la côte.

C'est à 10h00 que ça commence.

- Excusez-moi.
- "Excusez-moi."

Vous sous-estimez trop
les vertus du silence, M. Chouinard.

Alors, comme je le disais,

la nouvelle traduction dit
qu'ils ont navigué vers le sud-ouest

en longeant la côte.

En partant d'ici,

du détroit de Belle Isle,

Il existe une trajectoire
qui correspond à la description :

- La Côte-Nord.
- La Côte-Nord ?

Oui, mais après,

où est-ce qu'ils se sont arrêtés ?

C'est moins clair.

Sauf que, là, le nouveau texte

nous donne une description très
précise d'où ils se sont arrêtés.

"Ils ont navigué longtemps

"jusqu'à l'estuaire
d'une grande rivière.

"Il y avait là de grands bancs
de sable

"qui empêchaient l'entrée
des bateaux, sauf à marée haute.

"Au loin, sur la rivière,

"ils voyaient de grandes chutes,

"se jetant dans un petit lac."

Il parle d'un affluent
qui se rétrécit

pour former un goulot étroit,

puis d'un élargissement qui forme

un genre de lac,

dans lequel se déverse la rivière
par une grande chute.

Vous voyez ?

C'est très précis.

J'ai passé en revue
tous les confluents de la Côte Nord,

et il y en a un qui correspond
en tout point

à la description de la saga :

ici, notre collège

- est ici.
- Non !

Vraiment, vous pensez
que le Vinland pourrait être là ?

Je sais pas.

Mais une chose est sûre,

c'est qu'on va vérifier.

Il faut s'entraîner à enlever
la terre une petite couche à la fois.

Un objet resté enterré
des centaines d'années

est fragile,
il peut facilement se casser.

- On cherche quoi, déjà ?
- Un clou.

Vous auriez dû cacher des 30 sous,
comme ça, on trouverait plus vite.

Les artefacts vikings

que les archéologues ont trouvés
au Danemark et en Islande

étaient des outils, des broches
ou des instruments de cuisine.

Comme un toaster ?

Mon ancien professeur aux États-Unis

va nous envoyer
un vrai artefact viking.

Vous allez voir à quoi ça ressemble.

Celui qui trouve gagne quoi ?

Si tu trouves le clou,
tu pourras le garder, Lacombe.

Prenez votre truelle
et allez-y doucement.

Allez, allez !

Ça va !

- Derrière, là-bas, reculez
- Vous êtes ici ?

Reculez, merde !

Ici, par ici !

La rondelle ici, Frère Laurent.

Je l'ai touchée.

Il est tout seul, les gars.

Ici !

Je suis à côté.

Tu as changé, ça va pas.

Derrière, là-bas, vas-y.

Vas-y.

Excuse-moi.

À toi.

Ici !

Passe, passe !

Je peux le faire, je peux le faire...

Ouais !

Bien joué, les gars.

C'est pas grave, M. Dubé.

Ton père t'a pas montré
comment patiner ?

C'est quoi, ton problème, Émile ?

Hé !

Émile !

Il y avait un renard.

Il est parti.

Il va peut-être revenir.

On peut l'attendre si tu veux.

Montre...

Montre voir.

Arrange-toi pour pas
te faire prendre avec.

Il reviendra pas, je pense.

Mme Lacombe ?

Excusez-moi,
le train a pris du retard.

Je vous en prie, asseyez-vous.

Votre fils a posé
un geste inacceptable.

C'est malheureux,
mais dans les circonstances,

il va devoir quitter le collège.

Pouvez-vous lui donner une chance ?

Juste une ?

Il a blessé un de nos frères.

Puis il n'a montré aucun repentir.

On doit penser à l'effet
qu'un tel comportement

peut avoir sur les autres élèves.

C'est sûr.

Je vous remercie d'avoir essayé.

Excusez-moi,
c'est juste que j'y arrive pas.

Pardon ?

C'est un bon petit gars, vous savez.

C'est juste qu'il garde
tout à l'intérieur.

J'ai tout essayé pour l'aider.

Être plus douce, plus sévère,

étudier avec lui,

lui donner des punitions.
Mais rien n'a marché.

Depuis qu'on a déménagé à Québec,

il s'est mis en tête d'aller
travailler pour m'aider à y arriver.

Je voulais juste qu'il reste
à l'école le plus longtemps possible.

Plus longtemps que son père,

plus longtemps que moi.

J'espérais juste qu'ici,
ça marcherait.

Mme Lacombe,

pouvez-vous attendre un instant
à l'extérieur ?

Oui.

Il a fait quatre écoles en 3 ans.
Ça a marché nulle part.

Elle l'a dit, elle a tout essayé.

Peut-être que personne a trouvé
la manière de lui parler.

Peut-être qu'y en a juste pas.

Donnez-moi un mois.

J'ai jamais perdu un élève,
ça commencera pas aujourd'hui.

Un mois.

Le frère directeur veut vous parler.

Tu vas être ici jusqu'en juin.

Une fois l'été,
tu feras ce que tu voudras.

T'es un garçon intelligent, Émile.

Et t'as du talent.

C'est des cadeaux de la vie, ça,
faut pas les gaspiller.

Vous pouvez vous asseoir.

Question :

qui a entendu parler de la grève
des mineurs à Asbestos ?

Très bien.

Vous avez une heure

pour lire tout ce qui est écrit
là-dessus dans le journal.

Parfait. Moi, je prends les comiques.

Prenez des notes parce qu'après,
vous allez débattre.

Je sais pas combien de morts
ces dernières années.

Les familles se retrouvent à la rue.

Nos salaires sont si bas

que le gouvernement met des pancartes
aux frontières américaines

annonçant
que la main-d'œuvre du Québec

est la moins chère
en Amérique du Nord.

C'est ce qui attire
les compagnies ici,

qui vous donne du travail,
on vous offre 5 cents.

C'est ça, c'est tout.

Vous vous foutez de nous, hein ?

On va demander au président
de Johns Manville ce qu'il en pense.

Ben... on l'a dit tout à l'heure.

Ce qui se passe est scandaleux.

Ils se font battre
par la police provinciale.

Vous vous croyez en position de force
avec le premier ministre Duplessis

et toute l'Église catholique ?
Je vous rappelle que Mgr Charbonneau,

archevêque de Montréal, ici présent,

Mgr Charbonneau a donné son appui

- aux mineurs.
- Ouais.

Il a même demandé aux paroissiens
d'envoyer des vivres.

Ouais.

- Et des vêtements.
- Ouais.

Les jeunes ont pas la maturité

pour comprendre la complexité
de ces enjeux.

S'arrange-t-il pour qu'ils sortent
d'ici déjà révoltés

contre ceux qui vont les engager ?

C'est vrai que ses méthodes
sont pas très orthodoxes, mais...

elles ont toujours fait
leurs preuves.

Et je m'inquiète de l'influence
qu'il a sur le Frère Mathieu.

Vous auriez dû le voir monter
sur ses grands chevaux,

en colère.

Frère Mathieu a la tête
sur les épaules.

Il peut penser par lui-même.

Quand on trouve un artéfact,

c'est comme s'il nous permettait
de communiquer avec le passé.

Cet objet-là est resté endormi
pendant des siècles,

parfois même des millénaires.

Mais quand on le réveille,
si on sait l'écouter,

il nous apprend beaucoup

sur son époque
et sur ceux qui l'ont utilisé.

Qu'est-ce qu'ils ont trouvé ?

Vous allez le savoir bientôt.

- C'est vous, Frère Jean ?
- Eh oui.

- Qu'est-ce que vous avez trouvé ?
- Une pointe de flèche.

Je me demande
si elles étaient longues.

C'étaient des flèches d'Iroquois ?

Vous pensez qu'elle peut tuer
quelqu'un, une flèche pareille ?

Je dis non à sa demande.
Un non ferme, on s'entend.

Et il y va quand même.

En nous informant.
Il nous informe, vous imaginez ?

Il nous informe qu'il sera de retour
dans une semaine.

Encore une fois l'influence
du Frère Jean.

Vous dites avoir refusé sa demande ?

Absolument.

Vous avez pas cru bon
de me demander mon avis ?

Ça me paraissait évident,
Frère directeur.

J'ai pas voulu vous déranger.

C'est bon. Je vous remercie,
Frère Cyprien.

J'aurai... un mot avec lui
à son retour.

- C'est bien.
- Regarde.

Frère Jean,

je pourrais voir
comment ça marche ?

Oui, bien sûr.

- Vous regardez par ici.
- OK.

Vous appuyez sur le bouton
ici pour la démarrer.

Le bouton ici.

- Comme ça ?
- Voilà.

Viens ici, viens ici !

Regarde ici.

Émile,

Émile, filme-moi.

Oui, Lacombe.

- Je vous filme, c'est bon.
- Filme-moi.

Veux-tu me la lancer ?

Il va me la lancer.

Tu as vu ? Tu m'as regardé ?

Malbrough s'en va en guerre,
Mironton, mironton, mirontaine,

Malbrough s'en va en guerre,

Ne sait quand reviendra.

Ne sait quand reviendra.
Ne sait quand reviendra.

Il reviendra à Pâques,
Mironton, mironton, mirontaine,

Il reviendra à Pâques,
Ou à la Trinité.

Ou à la Trinité. Ou à la Trinité.

C'est ici.

Quelqu'un peut me décrire
le paysage ?

Il y a de l'eau et des rochers.

Quelqu'un d'autre ?

Moi, je vois...

M. Bergeron, laissez parler
M. Lacombe, je vous prie.

- Il y a une chute.
- Bravo, Lacombe.

Ferme-la donc, Chouinard.

La chute tombe dans un genre de lac.

Après, le lac se rétrécit.

Plus loin, ça redevient large
avant de se jeter dans le fleuve.

Les Vikings.

C'est là qu'ils sont venus.

- Les Vikings ?
- Là-bas, dans l'estuaire.

Il y a une petite crique à l'abri
des grands vents et des vagues

venant du Nord.

Un abri naturel pour les bateaux.

D'ailleurs, la crique a longtemps été
utilisée par les habitants du coin.

Les Vikings auraient eu
amplement d'espace

pour y ancrer leurs bateaux,

des knorrs, à portée du campement.

On va y faire nos fouilles ?

Plus tard, au printemps,
quand la neige sera fondue,

absolument.

Alors, dites-moi,
comment va votre frère ?

Il va bien.

C'est tendu sur les lignes
de piquetage, mais il tient.

- Votre belle-sœur ?
- Elle se débrouille.

Il a pas de salaire alors, avec ses
enfants, elle fait comme elle peut.

Une chance,
elle a de bons voisins qui l'aident.

Écoutez, je m'excuse.
Je sais que j'aurais pas dû partir...

En temps normal,
je produis toujours un rapport écrit.

Je comprends.

Comme ici, on a affaire
à une entorse majeure

à vos vœux d'obéissance,

le frère visiteur en reçoit
toujours une copie.

Une autre possibilité serait de
mettre une note dans votre dossier.

Par contre,
quand la congrégation va vouloir

vous accorder
votre profession perpétuelle,

ça pourrait jouer contre vous.

Une troisième option serait

qu'à votre prochaine obédience,

je recommande de vous affecter
à un autre collège.

Frère directeur...

Mais...

Comme dans votre cas,

il s'agit de votre première offense,

je ne ferai rien de tout ça.

C'est tout.

- C'est tout ?
- C'est tout.

Je ne vous retiens pas
plus longtemps.

Hein ?

Merci.

Un grand merci.

Frère Mathieu,

dorénavant et tant que je serai ici,

si vous avez une permission
à demander,

c'est moi qu'il faut venir voir.

- C'est compris ?
- C'est compris,

Frère directeur.

- Ça se passe bien ?
- C'est à découvrir.

Je m'entraîne comme ça.

C'est quoi ta partie préférée
dans l'école ?

La cantine, je pense.

- Frère Jean.
- Bonjour.

Tenez, vous profiterez du congé
pour travailler votre cadrage.

S'il la perd ou s'il la casse,
je pourrais jamais vous rembourser.

Votre fils a toute ma confiance,
Mme Lacombe.

Et c'est ma caméra,

pas celle de l'école.
Vous en faites pas pour ça.

Qu'est-ce qu'on dit ?

Ben... merci.

Je serai pas long.

- Salut.
- Salut.

Je sais pas comment vous remercier.

Je suis tellement contente.

C'est la première fois que je le vois
comme ça depuis la mort de son père.

Tout ça, c'est grâce à vous.

Vous êtes gentille, mais...

Vous savez, c'est Émile
qui a décidé de s'accrocher.

Je suis fière de lui.

Son père lui manque beaucoup.

C'est jamais facile.

Avez-vous pensé à vous remarier ?

C'est drôle, vous savez.

Le curé de la paroisse me demande
toujours la même chose,

dit qu'à mon âge, il serait
temps d'avoir d'autres enfants,

que je fasse mon effort
pour la nation.

Vous pensez ça aussi ?

J'ai plutôt en tête
de payer mon loyer à temps

que de me chercher un cavalier.

Écoutez,

je suis désolé. Je voulais pas...

Je me disais juste
qu'avec un homme à la maison,

pour lui...
Mais c'était pas mon intention de...

Encore une fois, excusez-moi.

Pas grave.
Je sais que c'est pas pour mal faire.

Bon, on doit y aller si on veut pas
rater le train de 17h00. Émile !

C'est ma mère.

- Joyeuses Pâques.
- Joyeuses Pâques.

- À mardi.
- Au revoir.

Mais calme-toi.

Allez, M. Dubé.

C'est bien beau d'étudier
les ouvertures,

mais on s'améliore en pratiquant
contre de vrais joueurs.

Ça fait des années que j'ai pas joué.

Mais ne célébrez pas
trop vite, M. Dubé.

Ça se perd pas, ces choses-là.

- Bonjour, Frère Jean.
- Bonjour, Messieurs, allez, hop !

Bonjour.

On va revenir à temps pour le dîner.

Arrangez-vous pour que personne
nous fasse honte.

C'est un bon groupe,
tout va se passer dans l'ordre.

Dormez-vous ?
On va à Québec, on va à Québec,

ding ding dong, ding ding dong.

Frère Jean, Frère Jean,

dormez-vous ? Dormez-vous ?

On va à Québec, on va à Québec,
ding ding dong, ding ding dong.

Ceux présents hier ont eu le plaisir
d'entendre le Pr James Thomson,

du département d'anthropologie
de l'Université de Baltimore,

livrer une conférence
sur la rencontre probable

entre des peuplades
de la Terre de Baffin

et des explorateurs venus
de Scandinavie

au tournant du millénaire.

Présentation fascinante, d'ailleurs.

Aujourd'hui,
nous aurons le plaisir d'entendre

un ancien élève du Pr Thompson,

l'un des nôtres,

le Frère Jean Picard du collège
Saint-Antoine de Charlevoix.

Le Frère Picard s'intéresse
depuis des années

à l'hypothèse d'une installation
viking le long du Saint-Laurent.

Il va nous entretenir aujourd'hui
des différentes théories

de la très controversée
question du Vinland.

J'aurai surtout le plaisir de vous
présenter ma théorie sur le sujet.

C'est très bien, c'est parfait.

Alors, Frère Picard,
cette tribune est maintenant à vous.

Merci.

M. le Directeur,

membres de la faculté,

Dr Thompson, chers élèves.

Des chercheurs ont fait remarquer

que le rude climat du Golfe

du Saint-Laurent ne correspond pas
avec celui du Vinland

décrit dans les sagas des Islandais.

On y parle, en effet,
d'un hiver relativement doux,

mais surtout de ce fameux raisin

ayant donné son nom au Vinland,

la terre du vin.

Mais s'ils s'étaient rendus
plus loin dans l'ouest ?

Rappelons-nous qu'en 1535,

Jacques Cartier

avait nommé l'île d'Orléans

Isle de Bacchus,

en référence à ses nombreuses
vignes sauvages.

Je vous présente Vitis riparia,

la vigne des rivages.

Elle ressemble

à s'y méprendre à la vigne
qu'on cultive pour le vin,

mais elle est bien plus robuste

et se retrouve en abondance
le long du Saint-Laurent.

En utilisant la direction

et la durée des déplacements

à partir du Groenland
où les Vikings étaient établis,

j'en déduis

qu'ils ont d'abord descendu

la côte du Labrador

avant de s'aventurer
dans le golfe du Saint-Laurent,

puis dans l'estuaire
en suivant la Côte-Nord.

La saga mentionne une direction
sud-ouest, puis franc ouest.

Cette île, Baie-Comeau,

et plus à l'ouest encore,

jusqu'à ce qu'ils trouvent
où établir une installation.

On parle alors
de majestueuses rivières à saumon,

de rencontres et d'échanges
avec les Indiens,

et même d'une attaque meurtrière.

Certes, à ce jour,

les archéologues ont échoué
dans leurs recherches du Vinland.

Mais voilà. On peut chercher
pendant 50 ans, 100 ans,

et on ne trouvera jamais rien
si on cherche au mauvais endroit.

Mais si on cherche au bon endroit,

qui sait ce qu'on peut trouver ?

Je vous remercie de votre accueil
et de votre intérêt.

Bravo et merci, Frère Picard.

Je suis certain que cet exposé
va susciter bien des questions.

M. Grégoire.

Oui, je veux simplement
vous féliciter.

C'est inspirant de voir
des gens entreprendre

de telles recherches par eux-mêmes

en dehors d'un contexte formel,
donc merci.

En attendant qu'une université d'ici,

la vôtre, peut-être,
s'intéresse à l'archéologie,

on se débrouille comme on peut.

Pr Dubois.

Merci, M. le Directeur,

et merci à vous, Frère Picard,
pour cette

démonstration très inspirée.

Mais donc...

Si je comprends bien, votre hypothèse
est fondée essentiellement

sur des histoires

transmises oralement

pendant des siècles,

jusqu'à ce que, finalement,
quelqu'un les rédige

sous forme de contes

dans une langue qui n'existe plus.

Permettez-moi de rectifier,
professeur.

La majorité des chercheurs
reconnaissent à ce texte

une valeur historique.

Mais, comment expliquer alors
que les chercheurs se contredisent

au point de situer le Vinland

près du détroit de Belle Isle,
sur la côte Atlantique, ou même

dans le Midwest américain ?

Comme je l'ai expliqué,

tout dépend de l'interprétation
des descriptions

retrouvées dans ces textes.

Évidemment. D'ailleurs,

vous êtes pas sans ignorer
qu'à la fin du siècle dernier,

un professeur de Harvard du nom de

Eben Norton Horsford

a lui aussi

déployé de grands efforts
d'interprétation

dans le but de prouver que le Vinland
se situait à deux pas de là,

à Cambridge, ce qui,
vous en conviendrez,

était plutôt pratique pour lui.

Oui, je connais bien
les travaux de Horsford.

Et donc, en procédant à des fouilles,
le monsieur a trouvé quelques pierres

datant de plusieurs
centaines d'années

mais assez anciennes en tout cas

pour le persuader
qu'elles provenaient de l'habitation

de Leif Erikson en personne.

Et pour finir
de se convaincre lui-même,

il a fait ériger une statue d'Erikson

à Boston. Or,

toutes ces belles découvertes

ne reposaient

que sur de la pure spéculation.
Si bien qu'aujourd'hui,

plus personne les prend au sérieux.

Voyez-vous, Frère Picard,

le Pr Horsford était pas archéologue.

Non, c'était un prof de chimie.

D'ailleurs, surtout reconnu
pour son perfectionnement

de la formule de la levure chimique.

Mais comme vous,
il était animé, comment dire,

d'intérêts éclectiques.

À sa décharge,
les chercheurs du XIXe siècle

n'avaient pas
tous les écrits qu'on a aujourd'hui.

Les dernières traductions

- des sagas...
- Qu'importe.

Certains chercheurs, hélas,

ont la fâcheuse habitude

de tomber amoureux
de leurs hypothèses et, alors,

ils perdent toute objectivité

et cherchent, mais obstinément,

à prouver qu'ils ont raison.

Cela dit, peut-être que vous êtes
pas familier avec ce phénomène-là,

puisqu'après tout,

vous êtes pas vraiment chercheur.

Je suis content
que tu le prends comme ça.

Si je comprends bien, vous
ne vous contentez plus

de réécrire les livres d'histoire,
Frère Jean.

Vous vous efforcez maintenant
de marcher dans les traces de

Frère Marie-Victorin

en allant vous pavaner
à l'université.

En toute humilité,
Frère visiteur, je n'oserais...

L'humilité, Frère Jean.

Je suis très heureux de vous entendre
prononcer ce mot-là.

Par contre, je ne suis pas certain

que vous en saisissiez
le sens profond.

Voyez-vous, c'est en toute humilité
que notre communauté

s'est donnée pour tâche

d'instruire les garçons
des classes populaires,

et nous en sommes fiers.

Nos écoles n'ont pas
le lustre des collèges classiques,

mais nous tenons à notre réputation,

et je n'accepterai jamais, jamais,

que nous soyons ridiculisés

parce qu'un Frère vaniteux décide

d'aller faire le bouffon
à l'université.

Ces garçons-là sortiront d'ici
pour aller travailler

sur les terres

et dans les usines.

Ils n'iront jamais à l'université.

Vous les faites rêver.

Vous leur mijotez
une amère déception.

Vous les préparez à l'échec.

Frère directeur,
je ne veux plus entendre

parler de Vikings dans ce collège.
Est-ce que c'est bien clair ?

Comptez sur moi.

Vous allez vous concentrer

sur l'instruction religieuse
et les matières de base,

et oublier tout le reste.

Nous voulons
que nos jeunes deviennent

des pères de famille responsables,

des hommes forts, fiers,

pas des rêveurs déçus.

Vous pouvez disposer.

Je sais que c'est dur.

Voilà 12 ans
qu'il nous est arrivé ici

avec sa petite valise jaune.

Timide, inquiet,

bien pressé de savoir
si ça marcherait pour lui ici.

Vous avez fait du chemin depuis.

Ça ne vous fera pas plaisir
d'entendre ça, mais

le frère visiteur a raison.

Les valeurs morales et religieuses

doivent guider la vie des individus
et des collectivités.

C'est au cœur du message évangélique.

Ai-je jamais prétendu le contraire ?

Il faut parfois se rappeler
à notre devoir.

Notre société change.

Il y a de quoi s'inquiéter.

L'Église perd du terrain,

nos jeunes se détournent
de la religion.

On parle même de refus global.

Les provocateurs,

les communistes sont partout.
C'est une vraie menace.

Je comprends parfaitement

votre intérêt pour l'histoire
et les sciences,

Frère Jean.

Mais nous sommes ici
dans la province de Québec,

pas dans un collège américain.

Vous avez raison, Frère Léon.
Notre société change.

On aura beau se braquer,
on pourra pas l'empêcher

parce que le monde entier change.

L'Église peut continuer
à penser qu'elle peut arrêter ça,

que tout peut revenir comme avant,

mais le monde va changer quand même,
avec ou sans nous.

Me dites-vous que l'avenir,
c'est vos histoires de Vikings

d'il y a mille ans ?

Être ouvert aux idées nouvelles,
à la science.

Pour moi, c'est ça, le progrès. Nos
jeunes doivent savoir qu'on y croit.

Mais un instant,

leur mettons pas
n'importe quelle idée dans la tête.

Pendant que les jeunes Anglais de
la province s'éduquent, on continue

à gaspiller leur talent en les
sortant de l'école après la 9e année

pour les envoyer dans les champs,
les mines et les usines.

Mais pourtant, ils sont pas
plus fous que les autres.

On doit leur dire
qu'en s'intéressant au monde,

ils pourront se tirer de leur misère.

C'est à nous de leur dire
que c'est pas un mal de rêver.

Sinon, dites-moi,
à quoi on sert, vous et moi ?

Vous avez toujours eu la tête dure.

Mais avec ce qui vient de se passer,

vous avez intérêt
à vous faire oublier un peu.

- T'étais où ?
- Une retenue.

Qu'est-ce que t'as fait ?

Le Broché ?

Il te lâche pas, lui.

C'est quoi, cette boîte ?

C'est pas tes affaires.

T'as des cadeaux maintenant ?

- Il me donne rien, fous-moi la paix.
- Qu'est-ce qu'il te veut ?

- Donne-moi ça !
- Émile !

Donne-moi ça !

Si Lulu débarque ici,
on est tous dans la merde.

Arrêtez ça et couchez-vous.

À quoi servirait-il

de raisonner profondément
si vous n'êtes pas humble ?

Ce ne sont pas les discours sublimes
qui font l'homme juste et sain,

mais une vie pure

qui rend grâce à Dieu.

Ce n'est que vanité

que d'amasser
des richesses périssables,

vanité de suivre
les désirs de la chair,

vanité d'inspirer aux honneurs

et de vouloir s'élever
à ce qu'il y a de plus haut.

"La neige gisait épaisse
sur le chemin aussi,

"et sur les champs

"virgule

"et sur les champs,

"car le soleil d'avril n'envoyait...

"car le soleil..."

M. Lacombe,

que faites-vous là ?

Donnez-moi ça.

C'est interdit au collège.

Vous, restez là.

Laissez vos dictées
sur mon bureau en sortant.

Le dernier ferme la porte.

À quoi tu joues ?

Émile, je te parle.

Je te fais confiance,

je te laisse ton canif
et c'est ce que tu fais ?

Tu te penses spécial
car tu te fous des règles ?

Tu veux montrer que tu t'en fous ?
Tu veux faire l'intéressant ?

Vous y avez jamais vraiment cru.

De quoi tu parles ?

Du club Vinland, des fouilles.

Vous arrêtez pas de nous dire
de pas lâcher, jamais se décourager,

et vos boss disent d'arrêter,
vous dites rien.

Vous écoutez et vous lâchez tout.

Que tu sois triste, frustré,
je comprends. Moi aussi.

Mais que fait-on ?
On s'assoit et on pleure ?

On détruit son bureau
avec son canif ?

Tu auras des frustrations
dans la vie, Émile.

Ça va pas toujours comme on veut,
on trouve ça injuste.

Pendant ce temps-là, on se ressaisit.

Tu relèves la tête
et tu continues d'avancer.

Ça donnera rien de pleurer.

Tu peux y aller.

Et qui a dit qu'on ferait plus
de fouilles ?

Referme la porte en sortant.

Vas-y, cours, cours.

Je me charge des collations.

Attendez-moi.

Allez, Messieurs, on accélère.

Vos gourdes sont pleines ?

Messieurs, vous voilà.

Non, j'ai oublié ma gourde.

C'est bon, prends celle-là.
Je vais en chercher une autre.

Merci, Frère Jean.

Voilà.

Il reste M. Lacombe.

On va passer par ici.

Ah bon ?

Mais le sentier de la grotte
est par là.

Frère Jean, quand arrive-t-on ?

On y est presque. Courage.

Il y a des moustiques.

C'est quoi, ça ?

- C'est pas le pick-up du collège ?
- Ouais.

On s'en va ?

Montez, ça ira plus vite.

Mais on va où ?

On peut tous tenir là-dedans ?

Changement de programme.

- J'avais mal aux jambes.
- Ouais, moi aussi.

T'as de grandes jambes, Lacombe.

Vous pouvez rentrer au collège et
dire que vous vous sentez pas bien.

Je veux pas vous créer d'ennuis.

Vous risquez beaucoup plus
que moi dans tout ça.

Peut-être.

Allons-y.

Tenez-vous bien, on part.

On est partis.

Regardez.

Je suis venu faire les cadrans hier.

En faisant des fouilles ici,
aujourd'hui,

c'est comme si on plantait
notre drapeau.

Ceux à venir après nous
sauront qu'on a été les premiers

à croire que les Vikings
s'étaient arrêtés dans Charlevoix.

Après le travail de l'année,
on devait faire au moins ça.

Venez chercher vos outils.

Un râteau.

Merci, Frère Jean.

Je veux la pelle carrée.

Merci.

- C'est parti, les gourdes.
- Merci, M. Bergeron.

Vous savez ce qu'il vous reste
à faire. Trois par carré et fouillez.

Viens, Émile.

J'arrive.

- Je suis là.
- Il y a plein de choses à fouiller.

Ouais.

On commence par la gauche
ou par la droite ?

Peu importe.

Chouinard, tu viens avec nous ?

OK.

Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

Il y a rien là-dedans.

Il y a rien.

Entrez.

Je m'excuse de vous déranger
avec ça, mais...

Vous dérangez pas, Frère Lucien.
Qu'est-ce qui se passe ?

Je suis allé dans la remise
chercher des outils,

elle était presque vide.

Les pelles, les râteaux,
les truelles, tout est parti.

Et le pick-up est plus là,
personne a demandé pourquoi.

On reprend dans 5 minutes.

Ouais !

Il me semble qu'on vient quasiment
juste de s'arrêter.

On ne pourra pas
refaire ça bien souvent.

Et regardez comme ils sont motivés.

On devrait peut-être y aller

si on veut être à l'heure
pour le dîner.

Encore une petite demi-heure.

Vous faites une belle randonnée,
à ce que je vois.

Et vous êtes mêlé à ça, vous aussi ?

Je peux vous assurer que Frère
Mathieu était au courant de rien.

J'ai tout organisé moi-même.

Vous allez arrêter de suite
et ramener les élèves au collège.

Venez ici, vite.

Frère Jean, venez vite.

Où avez-vous trouvé ça ?

C'est moi qui l'ai trouvé,
il était juste là.

- Ici ?
- Oui.

C'est une broche de bronze.

Les Vikings en avaient
pour attacher leurs capes.

C'est trop bien.

On l'a trouvé.

C'est incroyable.

Mais admettez
que c'est exceptionnel.

Ça va profiter à tout le monde.

Les jeunes, le collège,
toute la province, même.

Vous avez désobéi à une
directive claire du frère visiteur.

Vous attendez pas
à ses félicitations.

C'est un homme intelligent.

Il va se rendre compte que ça peut
rejaillir sur la congrégation.

On ne peut pas rester assis
sur une chose pareille.

Il faut que ça se sache.

Qu'est-ce qui vous fait sourire ?

Je pense à la tête

du frère visiteur quand il va
apprendre ce qu'on a trouvé.

- Beau cadrage, M. Lacombe.
- Merci.

Regardez Frère Jean.

Il se demande ce qui se passe.

C'est là que tu trouves.

- Ouais.
- Hein, Chouinard ?

François, tu veux
me voler la vedette ?

T'as peur ?

On est beaux.

- Ouais.
- Venez voir.

Je reviens pas qu'il a décidé

- de filmer ça.
- Ouais.

Vous savez, Leif Erikson était déjà
converti à la religion catholique.

Ah bon ?

En fait, c'étaient un missionnaire ?

Exactement,
quand il est parti de Norvège,

le roi lui a demandé de retourner

au Groenland pour évangéliser
les habitants.

Alors vous, Frère Jean Picard,

professeur dans un petit collège
de Charlevoix,

vous croyez tenir la preuve
que les Vikings sont venus ici,

dans le Saint-Laurent,
près de la Malbaie.

- C'est presque incroyable.
- Effectivement.

Le mystérieux Vinland,
décrit dans les sagas islandaises,

pourrait bien se trouver chez nous,
sur nos terres.

Déposez-la en angle droit,
je vous prie.

Très bien, n'oubliez pas
les fiches descriptives.

Le drakkar, le drakkar, pièce
maîtresse. Soyez très prudents.

C'est fragile. On va le déposer sur
la table, juste ici, s'il vous plaît.

Lentement, il va me falloir
un tissu de velours

pour la table, M. Chouinard.

M. Lacombe,

- avez-vous tout ce qu'il faut ?
- Oui.

Très bien.

Qu'est-ce que tu fais ?

Tu vas où avec ça ?

- Frère Cyprien veut la voir.
- Quoi ?

Je lui ai dit tout ce qu'on a fait.

Montrez-moi ça.

Frère Jean est au courant ?

J'en profite pour

vous présenter M. Chouinard
qui est celui qui

a mis la main sur cet artéfact
le premier.

Je vous prie de m'excuser.

Un colis,
qui arrivait des États-Unis ?

Ça a dû arriver il y a 2-3 semaines.

Oui, j'ai reçu ça,
je l'ai donné au postillon.

Le petit Jérôme, un de vos élèves.
Il vous l'a pas remis ?

Dis-lui !

Dis-lui ce que t'as fait
avec le paquet.

Je voulais la garder un peu

- et je l'aurais redonné.
- C'est pas de sa faute.

C'est moi.

C'est moi qui ai enterré la broche.

Quoi ?

Je voulais montrer que
vous aviez raison pour le Vinland.

J'imaginais pas tout ça.

Vous rendez-vous compte de...

Vous saviez qu'il serait là.

Vous devez bien savoir
ce qui allait se passer.

Pourquoi vous avez rien dit ?

On nous a dit de rien dire.

Qui ça ?

Il faut que je vous parle.

Certainement, Frère Jean,
avec plaisir.

L'artéfact a été enterré
par des élèves.

J'ai appris ça, oui.
C'est bien dommage.

Et quand vous l'avez appris, vous
les avez empêchés de m'en parler.

Seul votre ami Thompson
pouvait vous ouvrir les yeux.

Vous voyez pas tout le tort
que ça va causer ?

Le tort que vous avez causé.

Prenez-vous-en à vous-même.
Venez pas me faire la leçon.

Vous avez été vaniteux

et effronté.

Vous n'avez jamais pensé
aux conséquences

pour le collège
et pour toute la congrégation.

On vous avait pourtant averti.

Vous devez être fier de vous.

Vous vouliez me remettre
à ma place. Vous avez réussi.

Mais comment ça va profiter
aux élèves, ça ?

C'est un peu tard pour penser à ça.
Vous trouvez pas ?

Ça fait des années que vous faites
la pluie et le beau temps ici,

que je vous vois agir
comme si tout vous était dû,

comme si vous étiez supérieur à tous.

Vous n'avez aucune humilité,

aucun respect
pour vos vœux d'obéissance.

Vous méritez pleinement
tout ce qui vous arrive aujourd'hui

et je m'en réjouis.

Lâchez-moi !

Arrêtez-moi ça.

Arrêtez-moi ça.

Tout de suite !

M. Dubé.

M. Lacombe.

Chers élèves, chers frères,

je vous ai réunis
à la demande du Frère Jean,

qui a un important message
à vous communiquer.

Chers frères, chers élèves,

j'ai une très mauvaise nouvelle
à vous annoncer.

Oui,

l'artéfact viking est un vrai,

mais il vient d'Islande.

Il a été enterré ici par quelqu'un...

ne se rendant pas compte
de ce qu'il faisait.

Chouinard ?

C'est toi, Chouinard ?

S'il vous plait. Silence !

Il n'est pas question de faire
une chasse aux sorcières.

Le coupable sait le mal qu'il a fait,
et c'est très bien comme ça.

Nous allons demain faire une annonce
publique pour rétablir les faits.

Je sais que vous êtes déçus.

Vous m'avez suivi de bonne foi
dans cette aventure.

Je suis coupable,

coupable d'avoir mis de côté
mon esprit critique,

coupable d'avoir manqué de prudence,

et d'humilité aussi.

Je m'excuse sincèrement de la peine
que ça vous cause aujourd'hui.

Maintenant,

il faut regarder de l'avant

et tirer les bonnes leçons
de ce qui vient de se passer.

Les garçons, allez.

Au dortoir, c'est terminé.

En silence.

Ce que vous avez fait
a eu de graves conséquences.

Alors, j'ai réfléchi

et j'ai pris la décision
de vous expulser du collège.

Vous seriez une distraction ici.

Cette fois, c'est irrévocable.

Par contre, après avoir discuté
avec mes collègues,

on l'autorise à venir passer
ses examens de fin d'année.

Merci, c'est bien apprécié.

Ça va être tout, Mme Lacombe.

Je vous souhaite bonne chance.

Frère Jean,
je vais vous demander de rester.

Va faire tes bagages.

À cause de votre manque de jugement,

notre congrégation est la risée
de toute la province.

Nous avons même eu des échos
venant d'Europe.

Et comme si cela
ne vous suffisait pas,

vous vous croyez permis
d'agresser un de vos collègues.

Je vous envoie à Québec aux archives.

Vous partez aujourd'hui même.

Excusez-moi.

Le Frère Jean est là ?

Il a été renvoyé.

C'était sa dernière journée
au collège.

Jérôme.

J'y vais quand même.

J'y vais quand même.

J'y vais quand même.

Jérôme.

M. Dubé !

M. Chouinard.

M. Dubé.

M. Bergeron.

M. Gamache.

M. Dufour.

M. Simard.

M. Ouellette.

M. Godet.

M. Gagnon.

M. Tremblay.

M. Pichette.

M. Henri.

Je compte sur vous
pour tenir tête au Frère Cyprien.

Je vais faire de mon mieux.

Je la reconnais, celle-là.

Les hommes comme vous,

on n'en croise pas beaucoup
dans une vie.

Je sais pas ce que le collège
va devenir sans vous.

Bah...

Vous savez,

il y a personne d'irremplaçable.

C'est pas vrai, ça.

On dit toujours ça
quand on veut se consoler.

Frère Jean,

il y a quelqu'un pour vous.

Merci, j'arrive.

Elle répond pas.

Tu imagines
comme elle doit s'inquiéter ?

Je mérite pas de l'avoir.

Fais pas ça, Émile.

Pleure pas sur ton sort.

On avance pas quand on fait ça.

Tu veux me faire une faveur ?

Garde-la,

et sers-en-toi.

Filme.

Filme les gens que t'aimes.

Filme les choses qui méritent
qu'on les oublie pas.

Je me suis excusé.

Je suis fière de toi.

Je voudrais dire quelque chose
au Frère Jean.

OK.

J'ai réfléchi et je vais continuer.

Je vais passer mes examens.

Cet automne, je continuerai
dans une autre école.

Vous restez pas un peu ?

Il se fait tard.

Qu'est-ce que vous allez
faire maintenant ?

Pour l'instant,
je m'occupe des archives.

Après, on verra.

C'est très bien, les archives.

Ils me laissent tranquille.

Ils me disent pas quoi faire
ou ne pas faire.

C'est tellement pas juste.

Je suis pas à la rue, vous savez.

Je suis logé et blanchi,
avec trois repas par jour.

Certains sont bien plus mal que moi.

Vous en avez tellement fait
pour Émile et c'est vous qui payez.

Il a fait ça en pensant m'aider.

J'aurais tant voulu que tout ça
continue plus longtemps pour lui.

Le collège, vous.

Je suis pas inquiet.

J'ai confiance en lui.

Puis, il a un atout important
de son côté :

vous.

Vous avez du courage, Marguerite.

Quoi que vous fassiez, je suis sûr
que vous aurez ce que vous cherchez,

tous les deux.

Je vous en prie.

Merci pour tout.

Je souhaite que tout aille bien
pour vous.

Mes pensées vont vous accompagner.

C'est un colis pour vous, Jean.

Cher Frère Jean,

vous m'excuserez de vous appeler
encore comme ça, c'est l'habitude.

Je vous envoie des images
tournées dernièrement.

Je me suis dit
que ça vous ferait plaisir.

J'ai beaucoup parlé de vous
aux archéologues ici, à Terre-Neuve.

Dommage que vous ne soyez pas
avec nous.

J'aurais aimé qu'ils aient
la chance de vous rencontrer.

Cette chance que j'ai eue un jour
de vous trouver sur mon chemin.

Je vous serai
éternellement reconnaissant.

Amitiés. Émile.

Sous-titrage : Hiventy