All language subtitles for Guy.De.Maupassant.1982.720p.BluRay.x264.AAC-WORLD

Valse

Il se racle la gorge.

A tout à l'heure, mon ami.

Qu'est-ce que c'était ?

Rien, mon ami,
la facture d'un fournisseur.

Monsieur,
ce n'est pas raisonnable.

As-tu remis les invitations ?
Toutes.

C'est bien. Je suis content.
Je suis allé jusqu'à Ferney.

Jusqu'à la maison de Voltaire.
28 km, aller et retour.

J'ai dépassé des voitures
même dans les côtes. Je suis guéri.

Rentrez. Vous êtes en sueur.

C'est cette cure, je suis
un homme d'eau, un homme d'eau.

Je suis guéri. Je suis guéri.

Oh ! Mais assez, François.

Dorchain. A Genève hier,
si t'avais vu cette fille superbe.

Une petite femme
mais alors, comme ça.

J'ai été brillant,
4 fois et voilà. Je suis guéri.

Une nuit d'amour, c'est une journée
d'écriture qui s'en va.

Et ton roman,
comment va-t-il ?

Si je ne l'ai pas terminé
dans 3 mois, je me tue.

Il n'y a pas d'écrivain plus rapide
que toi, plus prolixe.

Regarde tout ce que tu as publié
en 10 ans. Tu vas dépasser Balzac.

Tu as reçu mon invitation ?
Qui.

Il ne faudra en parler
ni avant ni après.

Bien sûr.

- Pourquoi un visage de femme

a-t-il cette puissance ?

On en est ivre.

On devient fou.

On voudrait en mourir.

- Quelle fumée.

Ouvrez la fenêtre,
je vais me trouver mal.

Laissez-moi faire, chère amie.
Laissez-moi faire.

Hum, c'est d'un monotone.

Se déshabiller pour faire
ce mouvement ridicule.

J'en bâille d'ennui d'avance.

Tu as vu là-bas ?
C'est une femme.

Oui, c'est vrai. Oui.

Qui est-ce ?

Une bourgeoise infernale,
de l'espèce des jalouses.

Je les ai en horreur.
Mais comment s'en passer ?

Tu la connais ?

Peut-être. Je ne sais pas.

Boh ! C'est une ombre.

C'est ça, c'est une ombre.
Viens.

Tu as déjà mangé
de l'homme, toi ?

Ah non.

Ah bon ?

Mais j'ai mangé de la femme.

Oh !

C'est délicat, savoureux.

J'en reprendrai.

Mais si tu veux goûter
de l'homme.

Mmh....

Quel salaud !

Rires

Musique dramatique

Tu es encore puceau,
toi, je parie ?

Un puceau !

- Un puceau !

Oh, un puceau.

Alors, t'es vraiment puceau ?
I

Devinez.

Je ne sens rien.

Au fond, elle est bien petite,
la différence

qui sépare l'homme
de la femme.

Hourra pour
la petite différence.

Il s'appelle Gisèle.

Comme c'est bon.

Comme c'est doux

et comme c'est simple
de vivre avec toi.

Tu es ma seule,
ma grande

et mon absorbante passion.

C'est à moi que tu parles ?

Non. C'est à la Seine,
mon amour.

A la Seine.

Je t'aime, toi,

je t'aime. Je t'aime.

Tu es mon grand, mon seul,
mon meilleur amour.

C'est à moi que tu parles ?

Je parlais au soleil,
bien sûr.

Au soleil, mon amour.

J'aime la Seine
parce qu'elle te ressemble.

A toi, à la femme.

Elle est lente,

capricieuse,

perfide et impénétrable.

Et parfois aussi, claire
et bienveillante.

Mon uniforme, garçon,
s'il vous plait.

Oui, jeune homme.

Tiens.

ls rient.

Oh là !

Regarde mes enchanteurs.

As-tu déjà essayé l'éther ?

De l'éther, moi, monsieur ?

Déjà rien que le cidre
me fait mal.

Prends plutôt du vin.

Je ne peux pas non plus.
Le docteur Daremberg

me l'a interdit.

Ce vieil ivrogne t'interdit le vin,
ça, c'est la meilleure.

Ecoute, tous les médecins
sont des imbéciles,

malheureusement, c'est comme
les femmes, comment s'en passer ?

Raison de plus,
essaie l'éther.

C'est la seule chose qui
me soulage quand j'ai la migraine.

Tu sais, cette douleur...

Tiens, approche.

J'ai pas la douleur,
moi, monsieur.

Approche.

Tiens, allez.

La pendule sonne.

" Sa tête soulevée,

“chaque inspiration...

"Le mouton qui...”

La musique devient
de plus en plus oppressante.

François.
Qu'est-ce qu'il y a ?

Viens vite.
Qu'est-ce qu'il y a ?

Qu'est-ce qu'il y a ?

La.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Guy de Maupassant rit.

On sonne.

C'est la dame en gris,
monsieur.

Monsieur n'est pas là,
madame.

Madame, je vous en prie.

Madame. C'est inutile, madame.

Madame,
monsieur sort de rentrer.

Fracas

On frappe à la porte.

Comme elle vous poursuit, monsieur,
c'est indécent, c'est terrible.

J'ai fait ce que j'ai pu,
elle a tout cassé.

Elle a le diable au corps,

elle m'a même giflé,
monsieur.

Le diable au corps, oui.

Mais un bien joli corps.

Son parfum, François.

Son parfum.

Et quand il s'est évaporé,

l'odeur de son corps.

Ses refus,
ses consentements,

elle m'excite jusqu'au délire.

Et ses yeux
au moment de l'amour,

si bleus,

si meurtris.

Ses pupilles,

des pupilles énormes,

et tu sais,
juste à ce moment,

des pupilles nerveuses.

Mais c'est pas ça, l'amour.

Ces corps à corps dans lesquels
je me jette, comme pour oublier.

Oublier quoi, monsieur ?

Une femme.

Comme elle lui ressemble.

Je n'ai jamais aimé.

Oh si. Elle...

- Guy ?

Guy ?

Mon chéri, tu ne viens pas
avec nous ?

Non. Je reste ici.

Bien.

Couvre-toi parce que
tu vas prendre froid.

Musique romantique

Bonsoir, M. Courbet.

Bonsoir, M. Courbet.

Elle chantonne.

Toujours fidèle au poste,
on dirait.

Elle rit.

C'est pour mon anniversaire.

Non, merci.

J'ai quinze ans.

Bon anniversaire, monsieur.

Monsieur ?

De Maupassant.
Guy de Maupassant.

Ce sont les premiers.

Les premiers ?
Il faut faire un vœu.

C'est fait.

"J'appelais les grands bois
témoins de mes amours,

“les vallons et les flots
et je courais toujours.

“La mer en rugissant
bondissait sur la plage,

"... bondissait sur la plage,

“mais ses lourds grondements
et les bruits de l'orage

"retentissaient moins haut
que les voix de mon cœur.

“Rien ne peut contenir
cet immense bonheur."

- Regardez.

J'ai déjà pris tout ça.

Vous voulez m'aider ?

Tenez, c'est pour vous.

Ah, non.
ls rient.

Donne-le-moi.
Non.

Non, c'est moi.

"J'appelais les grands bois
témoins de mes amours.

"Les vallons et les flots

“et je courais toujours.

“La mer en rugissant
bondissait sur la plage.

"Mais ses lourds grondements
et les bruits de l'orage

"retentissaient moins haut
que les voix de mon cœur.

“Rien ne peut contenir
cet immense bonheur.

"Car le ciel est trop bas."
C'est l'auteur.

L'auteur. L'auteur.

L'auteur.

Vous êtes à combien, là ?
35, monsieur.

Montez, bon sang, montez.
Mon patron a dit 32.

Montez. C'est un ordre.

Je ne reçois
pas d'ordre.

La pression de Charcot, c'est 45.
Le docteur a dit 32.

Tous pareils !
Moi, c'est la vérole que j'ai.

Pas vos misérables chaudes-pisses.
Pas vos choux-fleurs.

Bande de minables, moi,
c'est celle de François 1er

et je vous méprise tous,
petits bourgeois minables,

incapables de l'avoir.
Alléluia.

C'est la vérole
que j'ai, moi.

C'est la vérole. La vérole.
Foutez-moi la paix.

François, c'est fini.
Ma cure est finie.

Je suis guéri. Je suis guéri.

La vérole,
bande de bourgeois minables.

La vérole que j'ai,
la vérole.

L'ANGELUS, L'ANGELUS,
L'ANGELUS.

L'ANGELUS, L'ANGELUS,
L'ANGELUS.

L'ANGELUS, L'ANGELUS,
L'ANGELUS.

Vous avez dû prendre
trop de soleil, monsieur.

Le soleil, c'est ça.

Oui, le soleil.

Comme Hervé ?

Hervé, mets ton chapeau,
mon chéri, au soleil.

Toujours au soleil.

Comme Hervé, c'est ça.

Aïe ! Oh !
Mes yeux, François.

Je peux plus travailler.

"L'Angélus", tu sais,
mon roman,

j'ai écrit quelques pages
et depuis une semaine, rien.

Rien.

Les mots les plus simples

disparaissent
de mon cerveau.

Et puis, c'est ces migraines
qui arrivent comme ça, brutalement.

Les yeux, ça c'est terrible.
J'ai.

les yeux qui grincent.

Je suis fini, quoi.

Pourtant tu vois,
j'ai cette histoire

dans la tête, là.

Je te la raconterai.

Musique romantique

Tu viens avec nous ?

Non, je vais finir mon poème.

Viens. Au revoir.

Comment il s'appelle,
le peintre ?

Il s'appelle Gustave Courbet.

- Ah, François.

Je me sens déjà mieux,
je vais guérir ici.

C'est la mer, François,
tu comprends ? La mer.

Tu les connais ?

Ce sont des journalistes
sûrement.

Qui les a prévenus
de notre arrivée ?

Je l'avais dit à Raymond.

- Excusez-moi,
M. de Maupassant.

On parle de
la Légion d'honneur.

La Légion d'honneur, moi ?

Je la refuserai.

Je ne serai jamais décoré.

Jamais ?

Non jamais.
Jamais candidat à aucune académie,

ni jamais marié.

- Vous êtes contre le mariage ?
Absolument.

C'est une situation tellement
anormale. Enfin pour moi.

Me contenter d'une seule femme.
Ce serait aussi peu naturel

que de ne vivre
que de salade.

Vous permettez ?

Mais pour les femmes ?

Mais encore plus
pour elles que pour nous.

Regardez comme la société
protège les maris. Hein ?

La loi,
l'opinion publique même.

C'est une honte.

Notez bien ça dans votre journal
et publiez-le.

Au fait, quel journal ?

"Le Gaulois".

Ah, "Le Gaulois”,
très bien.

Ohé, du "Bel-Ami".
Raymond ?

Raymond ?

- Vous nous permettez
une photo ?

Rangez-moi ça,
s'il vous plait.

Pourquoi ?
Parce que...

Parce que je ne veux pas.

J'ai pour règle de ne jamais
laisser publier mon portrait.

Pas d'exception ?
Aucune.

Mon œuvre appartient
au public, pas ma figure.

Et si l'on y contrevenait ?

Ce serait au risque
du contrevenant.

Je ne comprends pas.

Les sorciers, ils plantent
des épingles dans les photos.

Détruisez
votre épreuve.

Voilà.

- Tu veux m'écouter ?
Tu veux m'écouter ?

Tu es une idiote.
Il me faut cet argent.

Pour le dépenser avec
des filles d'auberge ? Non.

Vous m'avez fait peur, monsieur.

Cela avait l'air
passionnant.

Qu'est-ce que tu lisais ?

Vous, monsieur.
Un de vos contes.

Lequel ?
"Mouche".

Ah, la petite femme,
celle de la Grenouillère.

Tu sais que je l'ai
vraiment connue ?

Musique gaie

Acclamations

Au suivant, messieurs.
Qui veut avoir le privilège

de se mesurer
à mon champion ?

Personne ?

Courage, ce ne sont pas 160 livres
de muscles qui vont vous faire peur.

Allez, vous monsieur.
Vous alors ?

Qu'est-ce que vont penser
ces dames si vous vous défilez ?

N'est-ce pas, mesdames ?

- Vas-y, Guigui.
Fous-lui sa peignée.

M. Guigui va affronter
le Tigre de Saint-Denis.

- Tue-le ce gros singe.

Acclamations

Roulement de tambour

Acclamations
- À L'EAU ! A L'EAU.

Vous exagérez.
C'est de votre faute tout ça.

La jeune femme pleure.

Mouche ?

Pourquoi tu pleures
comme ça ?

Elle a perdu son petit.

C'est pas grave,
tu vas le retrouver.

Mais c'est
une fausse couche.

Viens, Mouche, viens.

Qui est-ce
qui t'avait fait ça ?

Eux.

Oh, Guigui. Si tu savais,
le chagrin que j'ai.

C'était un garçon.

Pleure plus, Mouche.
Tu sais quoi ?

Ils vont t'en faire un autre.

Qui.

C'est bien vrai, ça ?

Mais oui, Mouche.
Mais oui, c'est vrai.

Allez, Mouche.

Ça ne m'étonne pas,
monsieur.

Quand je vous vois perdu
dans vos pensées,

j'aimerais
me trouver là,

à l'intérieur, voir
la naissance de votre œuvre.

Mon œuvre !

Ça fait 3 semaines
que je n'ai pas écrit une ligne.

Alors tu aimes vraiment ça ?

Moi, je déteste tout.

Ne dites pas ça, monsieur.

C'est une telle perfection.
Ça restera comme des chefs-d'œuvre

qui montreront
les faiblesses humaines.

"Les faiblesses humaines".
Pour ça, tu as raison,

je lui en ai montré
des "faiblesses", à l'humanité.

259, monsieur.

Toutes les femmes
que j'ai eues ?

Non, c'est pas les femmes, non.
Les contes.

259 contes, 7 romans,

3 volumes de voyage,
3 pièces de théâtre,

un recueil de vers.

Ça fait 29 volumes

et des bien remplis, monsieur.

Note aussi les femmes,
maintenant.

Rires de femmes en écho
et cris de mouettes

Tu veux m'empoisonner ?

Tout ce sel !

C'est comme d'habitude.

Ah !

Cette fois, c'est trop.

Appelle-moi
"M. le Comte".

Ça fait cent fois
que je te le répète.

Cent fois
que je te le répète.

Bien, M. le Comte.

Te moque pas,
s'il te plaît.

Je ne me moque pas.

Mieux que ça.

Quoi, M. le Comte ?

M. le Comte.

M. le Comte.

Tu vas me servir un thé.

Des œufs et du thé
sur mon bureau. Là.

Je dois travailler.

Bien, monsieur.

M. le Comte.

François ?

François ?
Qu'est-ce qui se passe ?

Est-ce que c'est moi, là ?

Mais où ? Où ?
Là.

De l'éther, François, vite.
Donne-moi de l'éther.

Des cris résonnent.

Regarde ce parc, Hervé.
C'est calme, hein ?

Tu seras bien ici.

Guy ! Tu me fais enfermer ?
Mais c'est toi qui es fou.

C'est toi, le fou de la famille.
C'est toi, le fou de la famille.

Musique angoissante

Musique classique

Quel monde.

Cela m'assomme d'avance.

Moi, ça m'intéresse
beaucoup.

On se demande pourquoi.

Les médecins vont
à l'hôpital voir les malades.

Je vais dans les salons
et je m'en sers pour mes livres.

Ma grande amie,
Gisèle d'Estoc. La patronne.

Très heureuse
de vous connaître.

Bonsoir.

Mon mari. Il a délaissé Emilienne
d'Alençon pour ce soir,

c'est un grand honneur
qu'il nous fait.

M. Emile Zola,
inutile de vous présenter.

Bonsoir.

Le docteur Blanche,
l'aliéniste.

Son fils, qui est peintre.

Un de ses amis,
le petit Proust.

Guy, tu connais
la princesse de Polignac ?

Oui, bien sûr.
Bonsoir.

Bonsoir, Guy.

Gisèle d'Estoc.
Bonsoir.

Bonsoir.

Vous le connaissiez ?

Non, c'est la 1re fois
que je rencontre M. de Maupassant.

De. de... enfin !

Il est né au château
de Miromesnil ?

Le château de Miromesnil !

Je me suis laissé dire qu'il était
né à Fécamp chez sa grand-mère.

Une maison de pêcheurs.

Ce château, sa mère l'a loué
pour domicilier sa naissance.

Il suffit de le regarder. L'image
même du maquignon normand.

On murmure aussi
qu'il est le fils de Flaubert.

De Flaubert ?

Ah ! Voici notre auteur.

Guy de Maupassant.

Son Excellence l'ambassadeur
du Mexique.

Sa femme,
la comtesse Funck.

Bonsoir.

J'ai une énorme admiration
pour votre œuvre.

Merci.

Pardonnez, j'ai mal
compris votre prénom.

Madeleine.
Madeleine !

Non, merci,
je ne bois jamais.

Alors, tu ne me reconnais pas ?

Pardon ?

Tu ne me reconnais pas ?

Excusez-moi, non.
Je ne vois pas.

Mais enfin, Guigui.
Divonne, la négresse.

Celle qui mange de l'homme.

Oh !
Il rit.

Mais c'est vrai.

Alors tous les deux,
déjà complices ?

Attention ma chérie,
Bel-Ami est à moi, ce soir.

Mon Dieu.
Ah ! Mon Dieu.

Et ne dites pas "mon Dieu” comme ça.
Moi, je ne crois pas en Dieu.

Même s'il existait,
je l'aurais en horreur.

Il n'y aura pas de prêtre,
à ton lit de mort ?

Pourquoi pas ? La religion
ne me gêne pas.

Et scandaliser
son entourage ?

Mais c'est de la lâcheté.

De la lâcheté ?
Qui.

Un libre-penseur doit refuser
la présence d'un prêtre.

Toi, Zola,
ton rationalisme te perdra.

- C'est l'ancien pavillon
de la princesse de Lamballe.

Je vais en faire
une clinique psychiatrique.

- Intéressant.

Passionnant.

Musique angoissante

Les femmes rient.

Tu ne viens pas ?

Pardonne-moi.
Pas ce soir.

- Va donc, hé péquencot.

Alors, milord,
ça va ?

Et moi ? Et moi ?

Et moi ?

Tu veux toute la nuit ?

Oui. J'ai pas
changé d'avis.

Attends-moi une seconde.

Hé, psitt, viens.

Viens.

Alors ?
Qu'est-ce que tu fais ?

Mets-toi à l'aise, mon chat.

Tu vas au moins
enlever ton chapeau.

Qui.

Garde tes bas
et tes chaussures.

Ah !

Quoi ?

Je te plais pas ?

Tu n'es pas...

On t'appelait pas Mouche ?

Tu me reconnais ?

Bien sûr, je te reconnais,
tu veux rigoler ?

Non.

Personne
ne me reconnaît plus.

Allez, viens.
Viens, j'ai froid.

Coup

T'inquiète pas,
c'est la voisine.

La cloison est tellement mince,
on entend tout.

Viens là.

Tu te souviens,
la Grenouillère,

le jour où tu pleurais
si fort ?

Ils étaient trois
à t'avoir fait un enfant.

Tu l'avais perdu.

Ils se sont rattrapés depuis.
Ils m'en ont refait un.

C'est moi qui le voulais,
encore.

Quel âge a-t-il ?

Dix ans, maintenant.

Dix ans.

Tu l'élèves seule ?

Bien forcée. Tu crois pas
qu'ils me versent une rente.

Non, c'est rien, Guigui.
Je t'assure, c'est rien.

C'est pas ma faute, maman.

Je me suis endormi.
Je suis tombé.

Pleure pas, Jeannot,
pleure pas.

Il couche avec moi
quand il y a personne.

Mais quand le client
veut rester la nuit...

Je voudrais bien t'y voir,
a dormir sur une chaise.

Tu me paies la nuit
quand même, hein ?

Bien sûr.

Tu vas signer ce papier,
il me faut cet argent.

Pour tes putains,
rien.

Tu signeras.

- Maman ! Maman !

Pleurs en écho

Ils sont rouges.

Tu travailles trop
peut-être ?

Ta pupille droite
est toujours dilatée.

Rien de très nouveau.

Ah ! Fous-moi la paix.
Vous êtes tous pareils.

Des incapables.
Merci.

Je deviens fou ?

C'est le roman
que tu écris ?

Oui. "L'Angélus".

Je peux ?

"... le rossignol qui chante
au clair de lune,

"près de sa femelle qui couve,
ne savent pas l'éternel massacre

"de ce lieu qui les a créés,

"de ce Dieu qui les a créés.

"Le mouton qui.”

Le mouton qui ?

Voila.
Je ne peux pas continuer.

Je ne trouve plus
mes mots.

Ma pensée s'en va.
Mon cerveau se vide.

C'est comme de l'eau
dans une écumoire.

Allez Daremberg,
sérieusement.

Je sais que je deviens fou.

Il faudra m'avertir à temps.

Mon choix est fait.

Cris des mouettes

"L'éternel massacre
de ce Dieu qui les a créés."

"Le mouton qui...

"Le mouton qui...”

- Il faut commencer

par travailler,

travailler, travailler.

Il a du talent ?

On frappe à la porte.
Qui ?

Monsieur ?
Monsieur, c'est...

un télégramme.
Un télégramme ?

Rien de grave, monsieur ?

Elle est là, François.

Elle est venue.

Ici, à Cannes. Pour moi.

Mais qui, monsieur ?

Mais elle, François.
Elle.

C'est elle.

Vite, ma canne, mon chapeau.
Je sors.

Ne reste pas planté là,
dépêche-toi, donne-moi mes affaires.

Mais monsieur,
vous vous êtes sali, là.

Dommage que ça soit l'encre qui me
sorte de la tête et non les idées.

Vite.
Je vais chercher une voiture.

Non, j'irai à pied.
File.

Musique de cabaret

Valse

C'est incroyable.

"Aggravation de l'état
de M. de Maupassant.

"Son prochain internement
dans une maison de santé."

C'est une honte.

On vit vraiment une époque
de salaud et de rasta.

Mais j'y pense...

"Le Gaulois", ma mère
y est abonnée, elle va le lire.

Je te trouve amaigri.
Daremberg ne te prescrit rien ?

Si. Un régime. Des œufs.
Il me dit de manger des œufs.

Des œufs ?
Oui. Alors je mange des œufs.

Tiens dis donc,

tu ne lis plus
"Le Gaulois" ?

Non, je me suis pas réabonnée.
Je lis "Le Figaro".

Et puis, maintenant,

je ne m'intéresse plus
aux cancans de la capitale.

Tu fais bien. Ces imbéciles
racontent n'importe quoi.

Depuis que je suis à Cannes,

mon dégoût pour le monde
a encore grandi.

Tous ces caquetages...

Un homme libre devrait fuir
les relations mondaines.

La bêtise est si contagieuse.

On l'attrape rien qu'à
fréquenter ses semblables.

Il n'y a pas que la bêtise
qui s'attrape.

Tiens-toi à l'écart
des putains.

Maman !

Je suis un homme sensuel.

C'est mon tempérament.
Après tout, c'est toi qui m'as fait.

Ah oui mais
tu n'es pas sensuel.

Tu es charnel.

Les femmes, tu les prends
comme des côtelettes.

Ça doit être d'un monotone.

Tu dois faire l'amour comme
un ministre signe son courrier.

D'ailleurs,

comment peux-tu penser autant
de mal des femmes dans la vie

et en parler si bien
dans les livres ?

Parce que je les décris,
simplement.

J'en dit ni bien ni mal.

J'écris.

C'est tout.

Musique de cabaret

Mes hommages.

Vous vous êtes bien conduits ?
Tu peux être fier de moi.

Oui, j'arrive.

Bonjour, Guigui.

Cochonne.

Bonjour.
Toi, je t'ai déjà vu.

Bonjour, jeune homme.

Trois absinthes, mon chat.

Un peu grasse.
Elle tient ses promesses ?

Oh oui.

Pardon, mon chéri.

Et au ministère, ton travail,
tu n'en as pas assez ?

Ne m'en parle pas.
Mon chef est un salaud.

Il m'empêche d'écrire
mes poèmes.

Hier, il est entré dans
mon bureau et m'a dit :

"M. de Maupassant, vous êtes payé
par l'Etat au service de l'Etat."

"Mais je fais mon travail.”

“Qu'est-ce que vous faites ?"
"J'écris."

"Non. Je vous interdis
de faire autre chose que...

"DE L'ADMINISTRATION."

"Voilà. De l'administration."

Et il a claqué la porte ?
Qui.

C'est à moi.

Elle rit.

Qu'écrivais-tu ?

Une nouvelle.
Mais longue.

Sur la guerre. Flaubert m'a promis
de la faire publier.

Ça s'appellera peut-être
"Boule de suif".

Pourquoi ce titre ?

Oh !

C'est l'histoire d'une putain.
Un peu grasse,

comme la serveuse,
là-bas.

Bonjour.

Je m'appelle Ernest et toi ?

Réponds pas,

c'est une gougnotte.

Marie-Louise.

Tais-toi,
lui parle pas.

Je lui parlerai
si j'ai envie.

Viens à notre table,
j'aime tes yeux.

Oh toi, laisse tomber.

Fiche-nous la paix.
Je suis pas ta femme.

Tu vas la laisser tranquille.
Elle est pas pour toi.

Ou tu finis
dans la Seine.

Ça suffit.

File.

Allez, viens.

Bonne chance, les amoureux.

Revenez vers cinq heures.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

Tu n'avais pas fermé ?

Si, monsieur. J'avais cru.
Vous voulez que j'aille voir ?

Elles rient.

Elles crient.

Ah, les cochonnes.

Les cochonnes.

Je suis à bout de force.
Mes jambes ne me portent plus.

Tu ne t'attendais pas
à nous voir, hein ?

Surtout toi...

Je ne sais jamais si on est
fâchés, à "j'sais pas quand".

"A jamais”.
Ou "pour toujours".

“Pour toujours". Tu connais
ces mots-là, toi ?

Non.

Vous nous avez
beaucoup manqué à Paris.

Moi, le monde de Paris
ne me manque pas.

C'est gentil, ça.

Pardon, comtesse.

Les mondaines ne me font plus rire.
Elles ont toutes le même esprit.

Fait au moule,
comme le riz à la crème. Voilà.

En somme, te voilà redevenu
un bon sauvage.

C'est vrai, à force de vivre
dans la solitude,

j'ai presque perdu
l'usage de la parole.

Et quant aux autres usages...

Enfin, on s'accoutume à tout.

Les autres usages ?

Mais nous sommes venues
réveillonner avec vous, Bel-Ami.

Et ton travail ? Toujours aussi
acharné à noircir le papier ?

Justement.

Je n'écris plus rien.

Plus une ligne.

Ma vie est une horreur.

Je mélancolise.

Ces parfums,
l'odeur de la mer,

ça vous fait chavirer
la tête.

Vous voilà devenues
les meilleures amies du monde.

Ma petite cochonne.

Tu ne t'ennuies pas ?

M'ennuyer, moi ?

C'est à toi
qu'il faut demander.

C'est vrai,

ma lucidité m'écœure.

J'éprouve du dégoût pour tout
ce que je faisais autrefois.

Tout est devenu monotone.

Même la beauté ?

- Surtout la beauté.

Ce n'est qu'un outil
aux mains de la femme.

Dis plutôt, des femmes.

Pourquoi
tu ne m'as pas écrit ?

Non, pas toi.

Toutes ces chaînes,
c'est insupportable.

Je ne t'ai rien promis.

Je ne t'ai pas trompée.
Tu étais prévenue.

Je ne me plains de rien.

Musique romantique

Musique dramatique

Monsieur,
c'est la dame en gris.

Mais c'est...

On dirait...
Mais je la connais.

Qui ça ?

Alors ?

Viens, Guigui.
Je vais te montrer.

Ça te fera
peut-être de l'effet.

Viens.

Râle de plaisir

C'est fragile,
faites très attention.

C'est tellement fragile.

Vous partez comme ça,
sans même me le dire ?

J'allais te réveiller,
tu dormais si profondément.

Non, non mais
c'est pas possible.

Pas déjà.

Tu pouvais pas
me prévenir ?

Je ne veux pas.

Ecoutez, Guy,
soyez raisonnable.

C'est mieux comme ça,
Guy.

Décharge les bagages,
François.

Restez encore.

De toute façon,
je dois rentrer.

Non, tu n'es pas bien,
nous n'aurions pas dû venir.

Chargez les bagages.

François.

On se reverra, hein ?

On se reverra ?

Peut-être,
peut-être pas.

Ce sont mes lettres ?

Les voilà, les tiennes.

Je te ressemble.
Pour moi, c'est l'amour ou rien.

Après, je jette, comme toi.

C'est logique.

Pas celle-là, en tout cas,
elle est si précieuse.

C'est de Flaubert :

"Vous vous plaignez du cul
des femmes qui est monotone.

"Il y a un remède bien simple,
c'est de ne pas vous en servir.

"Trop de putains. Trop de canotage,
trop d'exercice.

"Votre santé se trouvera bien
de suivre cette vocation."

Elle rit.

Voilà un conseil
que tu n'as pas suivi.

Dans le fond,
tu ne m'as jamais aimé.

Toi non plus,
peut-être.

Et les autres... hommes ?

Qu'est-ce que c'est,
les hommes ?

Il y a tout de même
une petite différence.

Si c'est ce que tu veux dire,
c'est vrai que je ne vous aime pas.

J'ai toujours l'impression
d'avoir un bec de gaz.

Garde-la,
cela ne t'engage en rien.

Tes yeux ?

C'est bizarre.

J'ai comme l'impression
qu'ils me sortent de la tête.

Ça me donne des migraines,
surtout.

Des migraines, si tu savais.

Tu es inquiet ?

Tu sais très bien
que je ne crains pas la mort.

Je pourrais me tuer
par plaisanterie.

Je sais.

Si je n'avais pas
de vieille maman.

Reste.

Oh, reste.

Quand vous irez mieux,
je compte sur vous à Paris.

Je n'irai plus jamais mieux.

Mon Dieu,
quel désespoir.

Mais ce sont des choses
qui arrivent.

Soigne-toi surtout.
Tu as une tête à faire peur.

Encore !

Encore une nuit.

Encore une.
Ce n'est pas possible.

Juste une nuit.

Et puis dans ton état.

Rien qu'une.

Encore une nuit.

Qu'est-ce que tu as, François ?

Rien, monsieur, rien.

Comment ça, rien ?
Tu fais une tête.

C'est ces femmes, monsieur.

Ces femmes...

Eh bien quoi ?

Rien, rien. Ce sont ces femmes.
Toutes ces femmes.

Je sais pas, monsieur.
Toutes ces femmes.

Ma canne,

mon chapeau.

Vous sortez, monsieur ?

Ma canne,
mon chapeau.

Dites que
M. de Maupassant est là.

Madame n'y est pas, elle.

Alors, je vais l'attendre.
Non.

Madame est partie pour Paris.
Elle a pris le train.

Pour Paris ? Elle n'a laissé
aucun message pour moi ?

Elle n'a rien dit ?

Si, M. de Maupassant,
madame m'a chargé de vous dire

de ne plus chercher à la voir.

Elle ne vous recevra plus.
Plus jamais, M. de Maupassant.

Qu'elle aille au diable.
Au diable. Toutes !

Bris de verre

François.

François !

Il n'y a plus d'éther.
Vides, François.

Ils sont vides,
ils sont tous vides.

Rentrez, monsieur.
Vous allez vous faire mal.

Je vais en chercher.

Non, non, ne me laisse pas.
Ne me laisse pas.

Ne me laisse pas. François.
Je meurs, François.

Je meurs, reste là.

Qui, oui.

Ah, c'est toi.

Qu'est-ce que tu lis de beau ?
Ah, Shakespeare.

Mes goûts n'ont guère changé.

T'aimais mieux nous lire ça
que le catéchisme.

Avoue que c'est un meilleur
livre pour apprendre la vie.

La souffrance, le plaisir.

La vie, quoi.

Je t'ai attendu, hier soir
pour le réveillon.

Je serai avec toi
pour le 1er de l'an.

Pardonne-moi.

J'ai eu deux visites
imprévues, hier.

Des Parisiens.

C'était très important
pour mon travail.

Des Parisiens ?

C'est à moi que tu veux
faire croire ça ?

Mais je t'assure, maman.
Je t'assure.

Des gens dont
j'ai besoin.

Besoin ? Je me demande
de quoi tu peux avoir besoin.

Tu as le génie,
tu as la renommée.

De quoi as-tu besoin ?

De repos.

De repos.

Si tu savais...

Ah, ce soleil.

Comment vont tes yeux ?

Pas plus mal.

J'ai toujours cette bizarrerie
de la pupille droite.

Mais les bizarreries,
c'est de famille.

Rentrons.

C'est le soleil
qui ne te vaut rien.

Maman.

Mais tu penses à Hervé ?

Son insolation
était la version officielle.

Il est mort fou.

Il est mort fou.

Il est mort fou.

Il est mort fou.

C'était le soleil, Hervé,
le soleil.

Il avait passé une après-midi

sous le soleil.
Je sais, je sais.

Je sais, je connais
cette histoire par cœur.

Pleurs, cris, hurlements en écho

Musique angoissante

Rire machiavélique

Il tire.

Il va dormir jusqu'à demain.

Cachez
ses balles de revolver.

Mais il va les chercher ?

Dites, docteur,
j'aurais voulu...

Savoir ce que j'en pense ?

Qui.

Ça ne va pas fort,
mon pauvre François.

Pas très fort.

Sers-nous donc à boire.

Tu ne prends rien ?

On m'a interdit l'alcool.

Qui ça ?
Vous, docteur.

Ah oui ?
C'est vrai, tu as raison.

L'alcool,
c'est mauvais pour tout.

Tu fais bien
de ne pas en boire.

Certains disent
que ça conserve.

Justement, mon vieux,
justement.

Dites, docteur.

C'est vrai qu'il voit son double ?

Ça s'invente pas, tu sais.

Une fois, pour amuser, mais jamais
au point de tirer au revolver.

Heureusement
qu'il a visé son double.

Cela s'appelle l'autoscopie.

Beaucoup d'écrivains ont eu ça :
Musset, Goethe.

Ils voyaient leur double.

L'oncle de Guy aussi,
d'après ce que m'a dit sa mère.

C'est de famille, en somme.

D'après vous,
il devient fou ?

Vraiment fou ?

Au point qu'on devra
l'enfermer ?

- Laissez, laissez, monsieur.

C'est moi
qui vais vous raser.

Si tu veux.

Un premier de l'an.

L'année commence mal.

Pas mal.

Tes vers ont au moins
50 ans de retard, mon garçon.

"Voyez partir l'hirondelle,
fuir à tire-d'aile,

“mais revient
toujours fidèle à son nid."

Lamartine a écrit
des choses comme ça.

Oh ! Tu me fais rire, Flaubert.

Dis-moi,
quand t'avais son âge,

qu'est-ce que tu écrivais ?
Tu t'en souviens ?

Du Chénier, ma chère.

Quand l'homme que j'aimais
le plus au monde est mort,

mon maître,

Flaubert.

C'est moi qui ai fait
Sa toilette.

C'est moi
qui ai fermé ses yeux,

ses beaux yeux

et j'essayais

de me représenter

tout le travail fourni
par ce cerveau,

par cette tête incomparable.

Oh !

Pardon.

Mais mes yeux me font mal,
ce matin.

J'ai comme du brouillard.

Si je ne devais pas aller
chez ma mère...

mais il le faut,

sinon elle va me croire malade.

Ecoute, chez elle,
tu me prépareras du thé,

et des œufs. Rien d'autre.
Rien d'autre.

Et tu resteras près de moi,
pendant tout le déjeuner.

Ne me quitte pas, François.

Ne me quitte pas.

Tu as travaillé, mon chéri ?

Je piétine.

En fait, j'ai rien écrit
depuis des semaines.

C'est le problème de finir,
n'est-ce pas ?

C'est ta faiblesse.

L'autre soir, je relisais
"Fort comme la mort".

Je sais, tu n'aimes pas
la fin de "Fort comme la mort".

Pourtant l'accident,
c'est l'imprévisible.

Justement.

Justement, je n'aime pas
l'imprévisible, je n'y crois pas.

Mais c'est le hasard,
c'est la fatalité.

Mais enfin,
comment peux-tu dire ça ?

C'est tout le sens
de mon livre.

C'est mon plus grand
succès de librairie.

Oh ! C'est à moi
que tu dis ça ?

Quelle importance.

Le succès de librairie
n'a rien à voir avec l'art

et il n'y a que l'art
qui compte.

Et l'art n'aime pas
le hasard.

D'ailleurs, Flaubert...
Je sais, Flaubert me l'aurait dit.

Un peu de vin ?

Non, merci.

Pas une goutte de vin.
Quel malade exemplaire.

Daremberg me l'interdit.

Daremberg,

il ferait mieux
de se l'appliquer, son régime.

Un jour de fête, il faut savoir
faire des entorses aux régimes.

Ecoutez, ma tante, n'insistez pas.
Je ne bois pas.

Je ne bois pas.

- Je veux partir.

Ce n'est rien.

Ne pleure pas,
ne pleure pas.

C'est pas grave.
Sois sage.

Comme elle ressemble
a Hervé.

Des pas s'approchent.

Là ! Là !

Là !

Là !

Là ! Là !
Là ! Là !

Guy !
Guy ! Guy !

Là, je te dis.

Maman.

Je veux partir, maman.

Un coup de feu résonne
et une glace se brise.

Salaud. C'est toi
qui m'as changé mes balles.

Tu m'as changé mes balles.
Salaud. Voleur.

Je te chasse.
Tu m'as volé.

Salaud.

Raymond.

Raymond !

Raymond.

Ma gorge.
Tu as vu, François, je l'ai coupée.

J'ai voulu me tuer.

C'est la preuve. Là !
Je suis fou. Je suis fou.

Merci. Je suis fou.
Je suis fou. Je suis fou.

Lâchez-moi,
je suis immortel.

Lâchez-moi,
je suis original.

Je suis original.

Ça recommencera
et il y aura d'autres tentatives.

Il faut l'interner.

Provisoirement, peut-être.

C'est à vous
de prendre la décision.

Mais Hervé n'est pas...

Guy n'est pas fou.

Il est violent,
comme son père

et puis
il a les yeux malades.

Ses yeux sont malades, oui,
mais ce n'est qu'un symptôme.

Vous n'avez jamais rien
compris à mon fils.

Guy est un nerveux
et ce sont les nerveux

qui ont fondé les religions,
donné des chefs-d'œuvre.

Il fera d'autres tentatives.

Et on ne l'enfermera pas.
Pas Guy.

On ne l'enfermera pas
comme on a enfermé Hervé.

Bien.

Je vous aurai prévenue, François
n'arrivera pas toujours à temps.

Alors, pas au même endroit,

pas au même endroit qu'Hervé.

Il y a la maison de santé
du docteur Blanche. C'est un ami.

Guy le connaît.
Il ne pourra pas être mieux soigné.

Si je lui télégraphie,
un infirmier sera là après-demain.

Alors, surtout pas
un mot aux journaux.

Et puis,

et puis il y a autre chose.

Il faut absolument que
François reste auprès de lui.

Je compte sur vous, Daremberg,

s'il vous plaît, parce que...

c'est très important,
François,

c'est très important.

Non !
Il hurle.

A la gare.

Non, pas à la gare,
le port.

Il faut l'emmener au port.

C'est par là, par là.

L'escalier, là.

Cris des mouettes

Monsieur de Maupassant.

Je vous présente le docteur Meuriot
qui s'occupera de vos soins.

Nous vous avons préparé
l'appartement 15.

Ohé, Raymond.

Ohé du "Bel-Ami".

Guy,

c'est toi qui es fou,
mais c'est toi, le fou de la famille.

Il était fou. Il était fou.
Me faire enfermer.

Calmez-vous.

Mais c'est lui, le fou.
C'est lui. C'est lui, le fou.

Cri

La syphilis entraîne
cette désorganisation

des facultés intellectuelles.

Délire, mélancolie,
hypocondrie.

Un cas typique.

Les hallucinations deviennent
de plus en plus fréquentes.

Est-ce qu'il va guérir ?

Guérir ?

C'est vrai
que j'ai écrit des livres ?

- Oui, monsieur.

Voilà, monsieur.

Et des bons livres.

Oh allez, François.

Ne pleure pas.

Tu sais, on y passera tous.

Appelle, François,
appelle, vite.

Ça recommence,
appelle.

Appelle, vite.

Attache-moi, vite.

Aie ! Aie ! Aïe !

Mais c'est Gisèle.

Gisèle ?
Ah non, monsieur.

Non. Elle s'appelle Jeanne,
je crois.

Mademoiselle ?

Vous vous appelez Jeanne ?
Qui.

Elle s'est jamais
appelée Gisèle ?

Jamais Gisèle ?
Non.

Elle s'est jamais appelée
Gisèle, monsieur, jamais.

Elle est donc là,
elle aussi.

Mais de qui parlez-vous,
monsieur ?

La dame en gris.
La ! Là, qui vient de passer.

Vous faites une erreur.
C'est la femme du docteur Meuriot.

Qu'est-ce que c'est que
cette histoire, voyons ?

Mais enfin quoi,
on me cache quelque chose.

Lâchez-moi, mais enfin,
on me cache quelque chose.

Mais enfin, ma vie
est une horreur.

François ? François ?
Est-ce que je suis moi ?

Est-ce que je suis moi ?
Alors, est-ce que je suis moi ?

Cette maison,
j'en ai assez.

Rien que des vérolés, partout.
Je n'ai pas la vérole, moi.

J'ai de l'herpès.
De l'herpès.

De l'herpès.

Ils le savent bien, monsieur.
Ils le savent bien.

Pourquoi m'ont-ils volé mon argent ?
Toi aussi, tu me voles.

Il faut que j'enlève tout ce sel
que j'ai sur le corps.

T'as pissé, aujourd'hui ?

Je pisserai pas.
- Donnez-lui à boire.

Il faut le sonder.

Non ! Non ! Je veux pas pisser.
Bande de voleurs.

Je pisserai pas.
Je pisserai pas.

Musique angoissante

Maman !

Non, non.

Non, Daremberg, non.

Je ne peux pas.

Non, je ne peux pas.

C'est son anniversaire
dans 3 jours.

Votre présence pourrait ramener
un peu de lucidité dans son cerveau.

Non, c'est pas possible.
Je peux pas.

Pourquoi moi ?

Pourquoi ne demandez-vous
pas ça à son père ?

Là,

là, voilà, la voilà.
C'est elle, vite.

Allez vite, vite.

Dépêche-toi, François.
Dépêche-toi.

Je compte sur vous.

C'est pour ce soir.

C'est un dîner costumé.
Alors, venez comme vous voulez.

Mademoiselle.

C'est pour ce soir.

Il faudra en parler
ni avant ni après.

Je veux plus le voir.

C'est fini.

Je veux garder le souvenir
de mon fils vivant.

Et il est mort,
il est mort le 1er janvier.

Et puis, Daremberg,
je suis malade.

Je ne vois plus.

Veston.

Allez.

Non, je ne pisserai pas.
Pas ce soir.

Ça fait dormir et moi,
je veux pas dormir.

Mon urine, c'est de la pierre
précieuse, c'est du diamant.

Il faut la mettre
dans un coffre-fort.

Ne me touche pas.

Je suis le fils de Dieu.

Jésus-Christ a couché avec ma mère.
Je suis le fils de Dieu.

Le fils de Dieu.

Je veux plus le voir.

Lâchez ça. Lâchez ça.

- Laure, Laure.
Lâchez ça.

Elles sont sales, ces chaussures,
elles sont sales.

Mon Dieu.

Un vrai spectre.

Il me faut du rouge, là.
Il me faut du rouge, là.

Il me faut du rouge, là.

Voilà.

Voilà, voilà.

Voilà, voilà.

Ah oui.

C'est bien ?

Voilà, voilà.

Voilà.

Elles vont venir ?

Qui,

oui, bien sûr, monsieur.

Je vais chercher
d'autres chandelles.

Ah oui, c'est une bonne idée.
Prends-en un tas.

Qui, monsieur.

Du laudanum. Comment
a-t-elle pu s'en procurer autant ?

Elle a les nerfs malades.

Elle en prend régulièrement.

Elle aura constitué une réserve.

Depuis que Guy est interné,
elle a des accès de fureur.

La mère de Guy crie.

- Oh mon Dieu.

Des ciseaux. Vite.
Elle essaie de s'étrangler.

Laure !

Ah non ! Non.
Elle hurle.

Maman.

Ah, comme je suis heureux.

Et Hervé.

Et papa.

Vous revoir ensemble,
tous les quatre.

Mon grand, ça me gêne
un peu de te demander ça,

mais tu pourrais
me prêter un peu ?

Ta mère ne me donne rien.
Il faut pourtant bien...

Mais bien sûr.
Elle est jolie au moins ?

Une petite blonde. Seulement
à mon âge, ça devient difficile.

Mais dis-moi, as-tu songé
à inviter Dieu ?

Bien sûr.
Il est en retard.

Comme d'habitude.

M. Gustave Flaubert.

Vous n'auriez pas dû
m'attendre.

L'orchestre démarre
un air de musique gaie.

J'ai chaud. Je vais me mettre
à l'aise, si vous le permettez.

- Monsieur Emile Zola.

"L'Angélus".

Voix en écho
- "L'ANGELUS, L'ANGELUS".

"L'ANGELUS, L'ANGELUS".

Toujours pas de nom
pour mon bateau ?

Appelez-le "Nana".

"Nana".

Pourquoi "Nana” ?

Pour que tous
puisse monter dessus.

ls rient.

Dépêche-toi de finir ton roman,
tout le monde a faim.

"L'Angélus".

Voix en écho
"L'ANGELUS, L'ANGELUS".

Il faut que je termine
"L'Angélus".

"Le mouton qui...
le mouton qui."

Oh non, j'en peux plus.
Ma vie est une horreur.

- Monsieur est servi.

Musique sensuelle

Musique romantique

Guy.

Guy.

Guy.

Musique de cabaret

Valse

- Au suivant, messieurs.

Qui veut se mesurer
à mon champion ?

Musique de cabaret

Valse

Musique de cabaret

Guy ?

Guy ?

La patronne.

Je suis en retard ?
Pas du tout.

Gisèle est là ?
Non, pas encore.

Voix de femme en écho
- Guy ? Guy ?

Guy ?

Guy ?

Guy ?

Guy ?

Guy ?

Guy ?

Valse

Musique de cabaret

Des voix résonnent
dans sa tête.

- Mon Dieu, quel désespoir.
Ce sont des choses qui arrivent.

- Je ne guérirai pas.

- Soigne-toi surtout, tu as
une tête à faire peur. Soigne-toi.

Là. Mais si, elle est là.

Là.

Là.

Un rire de femme résonne.

Musique de bal

Viens.

- Reste.

Oh, reste.

Musique angoissante

Il crie.

Monsieur ?

Monsieur ?

Monsieur ?

Monsieur ?

Monsieur le Comte.

Musique du générique