All language subtitles for Francoise ou la vie conjugale (1964_ André Cayatte - mHD 1080)

Jean-Marc, pourquoi
m'as-tu quittée si vite ?

J'avais tant de choses à te dire.

J'attendais.
Je n'osais pas te parler.

Ce n'est pas facile
de repartir à zéro.

Effacer toutes nos erreurs,
tous nos malentendus.

Il va nous falloir beaucoup
de patience à tous les 2.

Mais cette fois,
je ne te cacherai plus rien.

Jamais.
Quoi qu'il arrive.

Ce que j'ai à me reprocher
n'est pas bien grave.

Roger, por exemple :

tu t'es toujours demandé ce qu'il
y avait eu entre nous avant notre rencontre.

C'est tout simple, il était le 1er
garçon qui m'ait troublée.

Il voulait que je couche avec lui.
J'ai fini par accepter.

Tu n'étais pas très pressé de me retrouver ?
Tu n'as pas changé d'avis au moins ?

Quand j'ai décidé quelque chose,
je vais jusqu'au bout.

- Tu viens ?
- Où ça ?

Chez toi.

- Tes parents sont encore là ?
- Non, ils sont déjà partis.

J'ai dit aux miens que
je ne rentrerai que demain matin.

Je n'étais pas vraiment amoureuse,

mais je voulais me prouver qu'une femme

peut être aussi
indépendante qu'un homme.

Quand je me suis retrouvée seule
avec lui dans sa chambre,

j'ai compris que
ce n'était pas si facile.

- Tu as peur ?
- Un peu.

C'est normal la 1re fois.

Pas avec moi.
Tu dois me faire confiance.

Tu fais beaucoup plus
femme sans chignon.

Et plus sensuelle
avec un corsage ouvert.

Il est temps que
je te prenne en main.

Tu aimes Schönberg ?

Je vois que ton éducation
musicale a été un peu négligée.

Paix en Algérie !
Paix en Algérie !

Paix en Algérie !
Paix en Algérie !

La manifestation pour la paix
en Algérie, j'avais promis d'y aller.

À cause de toi, je l'ai oubliée.

La prochaine fois, tu viendras
avec moi. Ça compensera.

Il n'y aura pas de prochaine fois.
La politique, c'est un jouet pour les hommes.

Les femmes doivent se consacrer à
d'autres jeux. Elles sont faites pour le plaisir.

Seules ne veulent pas l'admettre
les insatisfaites, les laissées-pour-compte.

Ou les jeunes vierges qui n'ont
pas encore choisi leur voie.

Et naturellement, ma voie,
c'est d'être avec toi et pas autre chose ?

Naturellement.
C'est ça, l'amour.

Je vais te faire goûter mon saké.

Je le reçois directement du Japon.

Tu l'aimeras.

Françoise !

Françoise !
Qu'est-ce qui te prend ?

Allez, allez !
Ne discutez pas !

- La suite !
- Je proteste !

La manifestation était autorisée.
Il n'y a pas flagrant délit.

Article 41 du code d'instruction
criminelle : vous devez nous relâcher.

Mon petit, on va s'occuper de vous.
Alors, qu'attendez-vous ? Avancez !

- Qui a été victime d'une agression ?
- C'est nous !

- Qui a commis un flagrant délit ?
- C'est lui !

Ça suffit ! Foutez-la dans la cage,
ça la calmera !

Lâchez-moi !
Lâchez-moi !

Je porte plainte.
C'est une arrestation arbitraire !

Ta gueule !

Françoise !

Je t'en veux pas. Je comprends
très bien que tu te sois dégonflée.

Tu ne comprends pas. Faire l'amour,
ce n'est pas ça qui compte.

- C'est quoi, alors ?
- C'est tout le reste.

Dès que tu as été sûr de m'avoir,
en 2 minutes, tu as organisé ma vie.

Et quelle vie !

Étendue à tes pieds, décoiffée, décolletée,
écoutant du Schönberg et buvant du saké.

Et le pire, c'est que j'aurais
peut-être trouvé ça merveilleux.

- Si tu m'aimes, c'est normal.
- Je ne t'aime pas.

Je ne veux pas t'aimer,
ni toi ni un autre.

L'amour, je sais ce que c'est.
Ma mère s'y est laissée prendre.

Elle aurait pu devenir
une pianiste célèbre.

En 20 ans, mon père en a fait
sa femme de ménage.

- Elle n'est pas heureuse ?
- Heureuse !

Ce que je veux, c'est être libre.
Et réussir toute seule.

- Et rester vierge toute ta vie ?
- Pourquoi ?

Des beaux gars qu'on s'offre pour le plaisir
et qu'on oublie le lendemain, ça court les rues.

Tu serais vraiment capable de
coucher avec le 1er venu ?

Les hommes le font bien,
pourquoi pas moi ?

Parce que tu t'estimes trop pour
prendre l'amour comme un médicament.

Tu te vois lucide,
allongée sous un amant passe-partout,

suant et soufflant ?

Ça donne envie de vomir.

Si tu en étais capable,
ça te serait déjà arrivé.

L'occasion ne s'est pas présentée.

Compte sur moi,
elle se présentera.

Nous verrons
comment tu te débrouilles.

Sophie, t'as fait des progrès.

Jacqueline, c'est pas du jeu.
T'as changé de rouge à lèvres.

- Dans le genre, difficile de trouver mieux.
- Mais qui est-ce ?

Enfin, en voilà un qui t'intéresse.

Ça fait le 12e que je te présente.

Je commençais à désespérer.

Nom : Dubreuil.
Prénom : Jean-Marc. Âge : 22.

Profession : étudiant en droit.
Activité réelle : joli coeur.

Signe particulier : ne s'attache pas.

Nicole !

J'aime trop le goût de tes lèvres.
Je ne pouvais pas me tromper.

C'est un champion !

Tu perds ton temps à faire l'article.
Ton Jean-Marc est déjà en main.

Erreur. C'est pour fêter sa rupture
avec Nicole que Jean-Marc organise cette soirée.

Quelle délicatesse !

Écoutez, les filles.
Écoutez, venez.

J'ai un cadeau pour vous.

Un jeune homme, bien de sa personne,
dégagé de ses obligations sentimentales.

Tu vois, c'est facile.
Il suffit de s'inscrire.

C'est une occasion à profiter
tout de suite. Décidez-vous.

- Je peux faire un essai ?
- M'essayer, c'est m'adopter.

Un homme parfait !
Mais décide-toi !

Le beau gars sans caractère qu'on s'offre
pour le plaisir et qu'on oublie, le voilà.

- Bon, il n'y a pas d'autres volontaires ?
- Si, en voilà une.

Vas-y, Françoise.
Tu ne le regretteras pas.

Je vais déjà vous soumettre
un petit échantillon.

Lâchez-moi, vous me dégoûtez.

Les enfants, venez voir !
Ça vaut le coup d'oeil.

Si tu t'étais vue dans ses bras :
la vraie pucelle effarouchée.

Je crois que
l'expérience est concluante.

Tu n'as aucun avenir en femme fatale
qui laisse derrière elle ses amants d'un jour.

Viens, on n'a plus rien à faire ici.

Il n'y a pas de honte à être sentimental.

Tu es sûr d'avoir gagné, hein ?

Je vais me l'offrir, ton Jean-Marc,
et ce soir-même.

C'est toi qui l'aura voulu.

Alors ?

Qui est la vieille folle ?

C'est ma mère.

J'ai l'habitude, vous savez.

Je vous demande pardon pour tout à l'heure.
Vous avez dû me prendre pour une oie blanche.

- C'est ma faute.
- Pourtant, j'avais bien envie de vous embrasser.

- Il n'est pas trop tard.
- Ici ?

Venez.

Cette fois, je ne pouvais plus reculer.

Le défi de Roger m'obligeait à choisir
le genre de partenaire que je méprisais le plus.

Un Don Juan de surprise-partie, toi.

Vous n'avez pas menti.
Vous êtes doué.

C'est un examen
que vous me faites passer ?

Vous êtes reçu, avec mention.

Oh pardon !

Il n'y a pas un endroit où
on pourrait être plus tranquilles ?

Il y a bien ma chambre
à l'étage au-dessus.

Alors, que fait-on ici ?

Je vous croyais
plus entreprenant.

Je le jouais bien, n'est-ce pas,
mon personnage de fille libre ?

Je l'ai joué jusqu'au bout.

Lorsque c'était toi.

Avec un autre, je me serais
dégonflée une fois de plus.

Qu'est-ce que tu as ?

Tu pleures ?

C'est rien.
Je te demande pardon.

C'est quand même important,
ce qui m'est arrivé.

Si tu m'avais dit que
c'était la 1re fois, je...

Je ne regrette rien, au contraire.

Oh, Jean-Marc, tu n'étais
pas du tout comme je l'imaginais.

Je t'avais cru vaniteux et médíocre.

Je te découvrais doux,
tendre et sensible.

J'étais ravie.
J'avais gagné mon pari.

Tu m'aimais et
tu ne me demandais rien en échange.

Je te voyais tous les jours.
J'étais parfaitement libre.

Enfin presque...

Je devais quand même te quitter
tous les soirs pour retourner chez mes parents.

Maman ? Tiens, papa,
t'es déjà rentré ?

- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Pouce !

Ça fait 15 jours qu'on joue
à cache-cache. Ça ne m'amuse plus.

- Où sont mes parents ?
- Ils nous ont abandonné le champ de bataille.

Alors...

Tu as couché avec Jean-Marc ?

Le soir même ?

Le lendemain matin.

- Depuis, vous avez recommencé ?
- Ça ne te regarde pas.

- Alors, tu l'aimes ?
- Jamais de la vie !

Prouve-le !

Tu ne vas pas me refuser ça. Tu n'as plus
peur, maintenant. Tu as de l'expérience.

- Lâche-moi.
- Cesse de jouer les pucelles.

Roger, je t'en supplie !

J'en étais sûr.

Tu te prends pour une fille libre...

Tu es la femme d'un seul homme,
comme ta mère.

Tu as refusé d'être à moi, résultat
tu vas devenir l'esclave d'un minable.

Tu finiras bien par t'en rendre compte.

J'espère qu'il ne sera pas trop tard.

La femme d'un seul homme ?

Bien sûr,
notre aventure était merveilleuse.

Mais j'étais décidé à y mettre fin
avant les vacances.

Dès que nous aurions passé
notre licence en droit.

- Alors ?
- Tu es reçue avec mention bien.

- Et Jean-Marc ?
- Collé.

C'est toi qui l'a épuisé.

Tu vas pas en faire un drame.
Un échec à un examen, on n'en meurt pas.

Facile à dire quand on a décroché
une mention. Je suis un raté !

Va-t-en.
Tu perds ton temps avec moi.

Retourne chez tes parents.
Ils t'attendent pour te féliciter.

- Et toi, qu'est-ce que tu vas faire ?
- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas m'ouvrir les veines.

Tu m'avais renvoyée.
J'étais libre.

Je ne pouvais m'empêcher de penser
à toi, tout seul, dans ta mansarde.

Si faible, si triste.

Tu avais besoin de moi.
Non, je ne pouvais pas t'abandonner.

Ma petite, j'ai les idées larges,
mais là, tu passes les bornes.

- Tu te rends compte de ce que tu me demandes ?
- Oui.

Enfin, ma chemise.
Ce n'est pas trop tôt !

Tu sais ce que ta fille
a le toupet de me demander ?

Eh ben, dis-lui.

La mère d'un copain de fac,
Jean-Marc Dubreuil,

lui offre un mois
de vacances à Florence.

Il me propose de m'emmener avec lui.

- Et voilà !
- Elle a été reçue à sa licence.

Alors, tu trouves ça normal ?

Leur génération est beaucoup
moins hypocrite que la nôtre.

- Souviens-toi.
- Oui, ça va !

Si ton petit camarade tient tellement à toi,
vous n'avez qu'à vous marier.

Vous iriez à Florence
en voyage de noces.

Mais naturellement,
c'est pas ça qui l'intéresse.

Si je l'avais laissé faire,
il venait demander ma main aujourd'hui.

C'est moi qui n'ait pas voulu.

Ah, et pourquoi ?

Je ne tiens pas à finir comme maman.

Quoi ?

- T'es pas heureuse, mon poussin ?
- Si, mon chéri. Très heureuse.

Enfin, ce n'est pas tout à fait
la vie dont j'avais rêvée.

Ni celle que tu envisages
pour ta fille.

Il est temps que je prenne
en main son éducation.

Ma réponse est non.
Tu n'iras pas à Florence.

J'irai. Je l'ai promis
à Jean-Marc et je tiendrai parole.

Si tu pars, tu ne remettras plus
les pieds dans cette maison.

- Et moi aussi, je tiendrai parole.
- Fernand, ta cravate !

Florençe !

Jusque-là, nous ne savions pas
ce que c'était que de vivre ensemble.

Au fond, nous nous
connaissions à peine.

C'est là que je t'ai découvert,
avec tes qualités...

et aussi tes défauts.

Tes découragements soudains.
Tes dérobades devant la difficulté.

Mais je n'étais pas déçue.
Tout ça faisait partie de ta personnalité.

Et de la volonté,
j'en avais pour 2.

Dépêche-toi de te lever.
Aujourd'hui, on visite Florence.

On n'a pas quitté
cette chambre depuis 3 jours.

Tu n'as pas l'intention
d'y passer toutes tes vacances ?

Tu m'entends ?

Ah non, cette fois,
tu ne m'auras pas !

Toute notre journée est organisée.
Tu n'auras qu'à me suivre.

Oh, non !

C'est pas sérieux !

Dès que tu refermais tes bras sur moi,
toute ma volonté m'abandonnait.

Mais j'étais sans inquiétude.

Il me restait 3 mois
avant de penser à mon avenir.

Ces 3 mois-là,
je te les ai consacré.

Toi, tu n'as eu à
t'occuper que de ta licence.

Entrez !

- Ça y est, tu as été reçu ?
- Bien sûr.

C'est merveilleux.
Tu es formidable.

Le bijoutier m'a dit
qu'elles étaient presque vraies.

Tu sais, sans toi, j'aurais jamais
eu le courage d'aller jusqu'au bout.

Du courage, il va t'en falloir encore.

- Demain, on se remet au boulot.
- Quoi ?

La licence, c'est bien joli,
mais ça suffit pas.

Pour être avocat, faut passer
le certificat d'aptitude.

- Nous avons un mois pour le préparer.
- J'ai jamais eu l'intention de devenir avocat.

Comme tu voudras.
En tous cas moi, j'ai décidé de l'être.

J'irai travailler ailleurs.

Si je m'y présente à ton certificat,
on le préparera ensemble ?

- Bien sûr.
- Et on ne se quittera pas ?

Alors, vive le barreau !

Françoise ! Françoise !
Qu'est-ce que tu as ?

Ma petite Françoise, il faut
te faire une raison : tu es enceinte.

Vous ne vous êtes pas ennuyés
à Florence, Jean-Marc et toi.

Il va être tout fier de lui,
ton petit ami.

Il ne le saura pas.
Tu le vois en père de famille ?

Il faut que je me débrouille toute seule.

Enfin, avec toi, si tu veux bien m'aider.

Tu as fait ton droit.
Tu sais ce que je risque.

- Il me faut une petite compensation.
- Combien veux-tu ?

Pas question d'argent.

Il y a longtemps que j'ai envie de toi.
Maintenant que j'ai vu comme tu était bien roulée.

Tu es fou !
Qu'est-ce qui te prend !

Tout à l'heure,
tu n'avais pas tant de pudeur.

Tu ne vas pas jouer les pucelles.
Le mal est fait, autant en profiter.

- Jean-Marc, j'avais peur que tu ne viennes pas.
- Pour ce que ça change.

Les donations déguisées. Une chance !
Nous savions la question par coeur.

Nous l'avions même révisée
ensemble 3 jours auparavant.

Nous allions être avocat tous les 2.
Le cauchemar était terminé.

Brusquement,
l'avenir m'est apparu simple, facile.

Rien ne nous empêchait plus
de nous marier, de garder notre enfant.

Oh Jean-Marc, tout ce que j'avais
espéré sans oser me l'avouer.

Et puis je t'ai vu,
devant ta feuille blanche.

Découragé,
incapable d'écrire une ligne.

Tu allais être collé
comme tu l'avais prévu.

Toi qui n'avais aucun courage,
tu trouverais celui de me quitter.

Ta peur de passer pour un gigolo
serait plus forte que ton amour.

Moi aussi,
j'aurais pu ne penser qu'à moi.

J'avais toujours rêvé
d'être une femme libre.

Je n'avais qu'à profiter de l'occasion.

Passer mon certificat,
m'inscrire au barreau, entrer chez Rouquier.

Seulement, la liberté sans toi,
ça ne me disait plus rien.

Puisque nous ne pouvions pas être
reçus ensemble, nous serions collés ensemble.

Une année de perdue.
Je pouvais quand même te faire ce cadeau.

Dans le même cas, tu n'aurais
pas hésité, j'en était sûre.

Alors ?
Pourquoi as-tu filé au bout d'une heure ?

- Tu as séché ?
- Ma mémoire a lâché.

- C'est pas juste, tu méritais de réussir.
- Maintenant, il faut tenir le coup jusqu'à l'an prochain.

Ne t'en fais pas. Je m'en suis sorti.
Je suis sûr d'être reçu.

Au début, j'étais inquiet.
Et puis après ton départ,

c'est venu tout seul.

Bon, dès demain,
je commande ma robe d'avocat

et je pars à la chasse au client.

Et moi, que fais-je pendant ce temps ?

Tu cherches du travail.
Je t'embauche.

Je vais avoir besoin d'une collaboratrice
discrète, admirative et efficace.

Je vais avoir besoin aussi
d'une cuisinière, d'une femme de chambre,

et d'une vahiné sensuelle
et lascive pour charmer mes nuits.

Et tu comptes sur moi
pour tenir tous ces emplois ?

Mais tu en es capable.

Et si je suis content de tes services,
tu auras de l'avancement.

Tu seras la mère de mes enfants.

La mère de ses enfants !

Quand il m'a dit ça, j'ai compris
que le piège s'était refermé.

J'ai cru que j'étais capable de tout garder :
Jean-Marc et la liberté.

C'est impossible.
C'est toi qui avais raison.

Heureusement,
il n'est pas trop tard.

Voilà un chèque
sur une banque suisse.

Ton billet de chemin de fer.
Un certificat médical.

Et une lettre pour
un gynécologue de Lausanne.

Et à ton retour, je te fais entrer
à Mondial Publicité.

Tu crois toujours que
je veux te réduire en esclavage ?

Mais attention ! Jean-Marc va
tout faire pour te retenir.

Son numéro de la faiblesse.
Avec toi, ça prend toujours.

Non.

Cette fois, son numéro,
il n'aura pas l'occasion de le faire.

- Le train pour Lausanne, c'était celui-là ?
- Ah, il ne vous a pas attendu.

Entre nous, quand on manque un train,
c'est qu'on a pas tellement envie de le prendre.

Pas vrai ?

Voilà, c'est sur le quai de la gare de Lyon
que j'ai cessé de lutter contre moi-même.

Je n'avais qu'une hâte : retourner près de toi.
Je voulais arriver avant que tu n'aies trouvé ma lettre.

« Et parce que je connais votre
conscience, messieurs les jurés,

« je sais que vous direz avec moi :
cette femme est innocente ».

Si tu faisais cette tête aux assises,
tu prendrais le maximum.

La robe,
t'étais là quand on l'a livrée ?

C'est la concierge
qu'a dû la monter.

L'année prochaine, on va faire la tienne chez Dior.
Je la paierai avec mes honoraires.

Tu n'as pas échoué, tu sais. Tu as
seulement été reçu par personne interposée.

Parce que sans toi...

Je te prouverai que
tu as fait un bon placement.

Un placement de père de famille.

Jean-Marc, je suis enceinte !

Tu en es sûre ?

Françoise, tu es formidable !

- Maintenant, tu es à moi pour toujours.
- Qu'est-ce qu'on va faire ?

D'abord, on va se marier.
Cette fois-ci, t'y coupes pas.

Ensuite, tu t'occupes de rien.

Le chef de famille, c 'est moi.
Les problèmes, ça me concerne.

Le 1er, c'est trouver de l'argent.
Le 2e, trouver un appartement.

On pourrait...

Quand l'enfant naîtra,
j'aurai tout réglé.

T'as confiance en moi ?

Oui, j'avais confiance en toi.

Enfin, je savais que tu étais sincère.

J'espérais que la naissance de Christine
te donnerait le courage qu'il te manquait.

Alors, j'ai tout accepté :
les langes, la cuisine, le ménage.

Mes ambitions,
c'est toi qu'allait les réaliser.

Ta réussite serait la mienne.

Françoise, ça y est !

Tous nos ennuis sont finis.

- Tu as trouvé un appartement ?
- Non.

Celui dont on m'avait parlé
était pris.

- J'ai mieux.
- On va habiter chez ta mère ?

Encore mieux.
Une villa avec un jardin.

- Où ça ?
- À Wesel, dans les Ardennes.

J'ai obtenu un poste
de juge pour enfants.

C'est pas vrai !?

50 000 F. par mois
et le logement de mon prédécesseur.

Fallait pas laisser
passer l'occasion.

Et ta carrière d'avocat ?

Un stage dans la magistrature,
c'est la meilleure formation.

Tu verras, nous serons heureux.

Le matin, nous serons
réveillés par le chant des oiseaux.

Nous verrons le ciel s'illuminer et
le soleil s'élever au-dessus des Ardennes.

Une brise légère nous
apportera des bouffées d'air pur.

Le parfum des plantes
et le bruissement des branches.

Christine vivra en liberté.

Elle pourra jouer,
courir, découvrir la nature.

Elle aura un jardin,
un royaume enchanté à explorer.

Toi, tu auras ta villa.
Une maison claire, spacieuse.

Tu pourras passer des journées entières
à t'occuper de l'éducation de ta fille.

Ou encore à soigner
ton jardin et à arroser tes fleurs.

Et l'hiver, dans le silence de
la campagne ensevelie sous la neige,

tu rêveras au coin du feu.

Quand il fera beau, le soir,
tu viendras me chercher au palais de justice.

Et nous irons dîner ensemble en amoureux
dans une auberge sur les bords de la Meuse.

Madame Dubreuil !

M. le juge vous prie de l'excuser.
Il a été retenu par M. le président.

- Il en a pour longtemps ?
- Ensuite, nous devons mettre à jour

les statistique du mois pour le ministère.
Elles doivent partir demain matin. C'est important.

- Je n'en doute pas.
- Je vous promets de le garder le moins longtemps possible.

Ne prenez donc pas cette peine.
Bonsoir, Mme Monnier.

Bonsoir.

Alors, ma petite dame.
Ça vous tente de passer votre permis ?

Je n'en ai pas besoin.
C'est mon mari qui conduit.

Et l'égalité des sexes, alors, hein ?

La bagnole, c'est la liberté.
On se promène, on s'amuse !

On voit du monde. Vous me paraissez
douée. Je vous fais un forfait.

Non merci.
Je suis très bien chez moi.

La femme au foyer ? La pauvre petite !
Ça vous passera vite.

La femme au foyer.
C'était le seul rôle dont tu me jugeais digne.

Je me suis efforcée de le jouer
consciencieusement pendant 2 ans, et puis...

Doucement, en souplesse.

Attention, ne freinez
jamais dans un virage !

Bravo ! C'est pas mal
du tout pour une 5e leçon.

Vous croyez que je vais
pouvoir passer mon permis bientôt ?

Vous voulez déjà me quitter ?

Attention, il est méchant, ce virage !

- Soyez gentil, enlevez votre main.
- Qui donne des leçons ici ?

- Moi !
- Non mais vous...

Vous avez gagné ! La prochaine fois,
allez faire vos galipettes dans l'herbe.

- Grossier personnage.
- Ça va vous coûter cher.

- Bien fait. Vous n'aviez qu'à vous tenir.
- Espèce de petite allumeuse !

Doucement, l'ami.
Tâchez d'être poli avec les dames.

Je crois que
je n'ai plus qu'à vous raccompagner.

Venez.

Qu'est-ce qui vous a pris
de flirter avec un pareil abruti ?

Quoi ?

Vous n'avez pourtant
pas l'air d'une imbécile.

Merci.

- À qui est cette voiture ?
- Aux Ferronneries des Ardennes.

Je vous en prie.

Et on vous permet
de vous en servir ?

Les Ferronneries des Ardennes, c'est moi.

- Philippe Ducret.
- Françoise Dubreuil.

C'est maintenant que tu rentres ?
T'as conduit toute l'après-midi ?

Non. La voiture est démolie.
Nous avons eu un accident.

- Tu trouves ça drôle ?
- C'est la faute du garagiste.

Il est devenu entreprenant.

Pour l'obliger à me lâcher,
j'ai embouti le camion.

Bravo ! Comme ça,
tout Wesel sera au courant.

- T'aurais préféré que je me laisse faire ?
- Je t'en prie.

Quand un homme se permet de
peloter une femme, c'est qu'il a été encouragé.

Tu aurais pu penser à ma situation.
Tu es la femme d'un magistrat.

Laisse-moi t'expliquer.
Je te jure, c'est pas ma faute.

Inutile, j'ai compris.

J'ai pas le temps.
On m'attend à Charleville.

Quand reviens-tu ?

Dans une semaine. Je dois visiter
plusieurs centres de redressement.

Jean-Marc, emmène-moi.
Je ne sors jamais de Wesel.

Et Christine, qu'est-ce que tu en fais ?
Tu l'oublies ?

- Non, elle vient avec nous.
- Tu es complètement folle ?

Une tournée d'inspection,
c'est pas une partie de plaisir.

Comment veux-tu qu'on me respecte si
je doit traîner ma famille avec moi ?

Je t'en supplie,
ne me laisse pas seule.

Cette maison est tellement triste
quand tu n'y es pas.

Voyons, tu n'es plus une enfant.

Une semaine, c'est vite passé.
J'essaierai d'avancer mon retour.

Tu es parti sans m'embrasser.

J'avais troublé ta
petite vie bien organisée.

Ce que j'éprouvais,
tu ne tenais même plus à le savoir.

Tu étais sûr que je t'aimais
et ça te suffisait.

Et moi, j'étouffais. J'avais 22 ans,
envie de vivre, de respirer, de m'amuser.

Alors, j'ai revu Philippe.
Bien sûr, j'aurais dû t'en parler,

mais tu n'aurais pas compris.

Pourtant, je n'avais rien
à me reprocher.

Pour moi, Philippe était un
camarade de jeu, rien de plus.

Enfin, j'en étais persuadée.

Alors, vous vous ennuyez
toujours en province ?

Je ne l'ai pas cherché, mais je savais
que ça finirait par arriver.

- Nous avons tout gâché.
- Inutile de nous cacher la vérité, Françoise.

Vous en aviez envie autant que moi.

C'est vrai. Quand je m'en suis aperçue,
je n'aurais pas dû vous revoir.

Mais je n'ai pas pu.
Maintenant, je dois tout dire à Jean-Marc.

Adieu, Philippe !

C'est pas vrai, Françoise !
Vous n'en avez pas le droit.

Je vous en prie.
Laissez-moi partir.

Pendant des mois, pour me distraire,
je n'ai eu que les mariages et les enterrements.

Il m'en a fallu
du courage et de la patience.

Et tu ne t'en es même pas aperçu.

J'étais capable de tenir jusqu'au bout,
à condition de ne plus revoir Philippe.

Vous connaissez ma femme ?
M. Ducret.

M. Ducret a accepté de prendre dans
son usine de jeunes délinquants libérés sur parole.

Votre mari plaide la cause de ses jeunes
protégés avec une telle passion

qu'il est impossible de lui résister.

Vous êtes le seul industriel
que j'ai réussi à convaincre.

Je vous aiderai à
forcer la main aux autres.

Je suis en retard. Je ne peux pas
te déposer, je suis attendu au palais.

- Pas grave, je prendrai l'autobus.
- Je ne le permettrai pas.

Je vous en prie !

Vous m'en voulez ?

J'ai essayé de vous oublier.
Je n'ai pas pu.

C'est pour m'oublier que
vous vous occupez de jeunes délinquants ?

Je voulais connaître
l'homme qui a su vous retenir.

J'avoue que je ne comprends pas.

C'est un petit
fonctionnaire sans ambitions,

bien installé dans sa routine.

Vous perdez votre temps avec lui.

Alors que je pourrais devenir
la maîtresse d'un riche industriel,

me laisser couvrir
de fourrures, de bijoux.

Où m'emmenez-vous ?

Vous avez parfaitement
le droit de gâcher votre vie,

mais avant, vous allez savoir
à quoi vous renoncez.

L'usine marche toute seule. Ce qui
m'intéresse, c'est la ferronnerie d'art.

Je reçois des commandes de partout :
Washington, Tokyo, São Paulo.

Je ne peux pas courir le monde,
voir mes clients et créer en même temps.

Je ne peux pas m'absenter.
Je dois rester ici à l'atelier.

Et vous comptez sur moi pour aller à
Washington, Tokyo ou São Paulo ?

Oui, exactement.

Je ne cherche pas
à vous séduire, Françoise.

Je suis sûr que vous êtes
capable de faire ce travail.

Nous nous ressemblons beaucoup tous les 2.
Notre vie est de lutter et de vaincre.

Vous êtes la femme que j'attendais.

Si j'avais pu me contenter
d'une bonne ménagère,

il y a longtemps que je serais marié.

- Impossíble. J'aime Jean-Marc.
- Vous essayez de vous en persuader, par orgueil.

Dans le fond, vous refusez
d'admettre que vous vous êtes trompée.

Ce n'est pas vrai. J'aime mon mari,
c'est la seule chose dont je sois sûre.

Je l'aime assez
pour l'arracher à Wesel.

En faire un avocat
et l'obliger à réussir.

En êtes-vous tellement sûre ?

Comment pouvais-je en être sûre ?

Petit à petit,
tu t'installais dans ta routine.

Les projets d'avenir
que nous avions fait ensemble,

tu paraissais les avoir oubliés.

Quand je t'en parlais,
tu devenais évasif, tu ne répondais pas.

La vie dont j'avais rêvé,
une vie de lutte, d'espoir, de succès,

c'était maintenant
Philippe qui me l'offrait.

Bien sûr, c'était
toujours toi que j'aimais.

Mais ça ne me suffisait plus.

Il fallait que tu me rassures,
que tu me prouves que malgré les apparences,

rien n'avais changé.

Et puis j'ai vu ton visage défait,
pathétique. Un visage que je connaissais bien.

Tu étais perdu et
tu m'appelais à ton secours.

Tu venais
d'apprendre la mort de ta mère.

Brusquement, tu découvrais qu'il n'y avait
plus que moi sur qui tu pouvais compter.

Alors, je n'ai rien dit.

J'ai étouffé mon impatience, j'ai été
la femme attentive, tendre,

dévouée dont tu avais besoin.

Patricia, il faut que m'aides, sinon
je resterai enterrée à Wesel jusqu'à ma mort.

Il y a 3 ans, tu m'as proposé
de me faire engager par ton père.

La proposition tient toujours.

Pour t'aider à reprendre ta liberté,
je suis prête à me traîner aux genoux du paternel.

Mais je ne veux pas quitter Jean-Marc,
je voudrais simplement...

que tu le fasses
engager à ma place.

Ça, c'est une autre histoire.

Écoute, Patricia !
Tu n'as pas vu Jean-Marc depuis 3 ans.

Ce n'est plus un gamin. Il a prouvé
de quoi il était capable dans la magistrature.

- Là-bas, ils ne demandent qu'à le garder.
- Et lui ne demande qu'à y rester.

Il s'est attaché à ces gosses
dont personne ne s'occupe.

Ils lui rappellent son enfance, il voudrait leur
donner l'affection dont il a été privé.

C'est attendrissant !

Que veux-tu que le père Rouquier fasse d'un
St Vincent de Paul dans son usine à procès ?

C'est justement ce qui lui manque
au père Rouquier : un avocat honnête.

C'est assez rare pour
qu'il saute sur l'occasion.

À force de rouler tout le monde,
il doit commencer à fatiguer les magistrats.

Jean-Marc est sincère.
Il inspire confiance.

Rien que pour ça,
ton père devrait lui faire un pont d'or.

En plus, Jean-Marc a du talent.

Belle plaidoirie.
La cause est entendue.

Dis à ton honnête avocat
que je l'engage.

Mais je ne peux pas lui en parler.
Il ne sait pas que je suis venue.

Il est parti visiter un centre
de redressement. J'en ai profité.

Ça va, j'ai compris.
Je vais lui écrire.

Je lui dirai qu'à Paris, on parle déjà
de sa valeur, de son intégrité.

Tu dînes avec nous ?
La tenue de soirée n'est pas de rigueur.

Non, j'ai mon train à prendre.
Je veux rentrer avant Jean-Marc.

Bonsoir et merci.

Et quand daignera-t-il nous honorer
de sa présence, ton grand homme ?

Le 10 juin. Le 9, le président
du tribunal donne sa réception annuelle.

Nous ne pouvons pas y couper.

À partir d'aujourd'hui,
vous êtes membre actif du cercle Saint-Hubert.

1er Parisien à notre tableau de chasse !

Mais je revendique
l'honneur de la capture.

Chère petite madame, venez donc
féliciter notre nouveau récipiendaire.

Vous voilà devenue
citoyenne des Ardennes à part entière.

Hélas, citoyenne d'honneur seulement.

Ce sera un souvenir
de notre bref séjour à Wesel.

Allons, vous n'allez pas me dire que
vous avez toujours l'intention de nous quitter ?

Pour une fois que j'ai
un collaborateur consciencieux

qui rend ma présence
au palais presque inutile.

Je n'ai pas l'intention
de le laisser filer.

Mme Monnier, venez à mon secours.
On veut nous enlever notre protégé !

Vous avez des droits sur lui.
C'est vous qui l'avez formé.

Je suis tombée sur un stagiaire
particulièrement doué.

- J'aimerais pouvoir compléter mon oeuvre.
- N'insistez pas.

Dans un ménage moderne,
le mari doit suivre sa femme partout.

Alors, chère madame,
c'est vous que je dois convaincre.

Pendant ce temps, occupez-vous
de votre poulain : faites-le danser et boire.

Il aura peut-être son mot à dire.

Vous permettez ?

Tenez, regardez cette arme.

C'est une pièce unique. J'avais
l'intention de vous la prêter cet automne.

C'est aussi facile
à manier qu'un jouet d'enfant.

Voyez ?

Quelle légèreté !
Quelle élégance !

Elle convient parfaitement
à une jolie femme.

Essayez-la.

C'est l'arme idéale
pour la chasse aux sangliers.

En ce moment, ce serait plutôt sur
les magistrats que j'aurais envie de tirer.

Oui, mais attendez
l'ouverture de la chasse.

Vous pourrez abattre
tous les magistrats que vous voudrez.

Ce sera excellent
pour l'avancement de votre mari.

Mon cher président,
voilà un engagement bien imprudent.

Car je suis sûr que vous allez le garder,
votre jeune collaborateur.

J'ai obtenu l'accord
des industriels de la région

pour le placement des jeunes délinquants.

Le rêve de votre mari. Il ne laissera
jamais à d'autres le soin de le réaliser.

D'ici l'ouverture, j'espère persuader Mme Dubreuil
de renoncer à ses intentions homicides.

Et même, si on restait.

Après tout, c'est moi
qui la gagne, notre vie.

J'ai quand même le droit
de faire le métier qui me plaît !

Tu les as entendus ?

- Ils veulent tous me garder.
- Bien sûr.

Le président a besoin de toi pour faire
son travail pendant qu'il va à la chasse.

Quant à Mme Monnier, elle
te mène par le bout du nez.

- Le véritable juge pour enfants, c'est elle.
- Ce n'est pas vrai.

Tu n'aimes pas ce métier. Seulement,
il te rassure, c'est tout ce que tu demandes.

Dans 30 ans, si tu es bien sage et modeste,
tu finiras dans la peau d'un président de tribunal.

Ben quoi, c'est pas si mal.

Jean-Marc, je te demande
d'avoir un peu de courage, une seule fois.

Tu peux devenir un grand avocat.

En travaillant avec Rouquier,
tu as toutes les chances de ton côté.

Moi, je serai là pour t'aider.
Je prendrai tous les risques avec toi.

Inutile d'insister.
Ma décision est prise.

Je reste !
Je viens de leur donner mon accord.

Alors, vous êtes au courant ?

J'étais sûr que
nous arriverions à le convaincre.

Soyez belle joueuse, vous
ne serez pas malheureuse avec nous.

Et ma carabine est
toujours à votre disposition !

Je vous attendais, Philippe.

Grâce à vous,
Jean-Marc va rester à Wesel.

Vous m'avez prouvé qu'il n'était
qu'un petit fonctionnaire sans ambitions.

Maintenant, je n'ai plus qu'à vous suivre
et à refaire ma vie avec vous, n'est-ce pas ?

Oui, si vous voulez toujours de moi.

Vous ne m'avez pas laissé le choix.

Alors, vous acceptez ?

Partons tout de suite, Françoise.
Nous n'avons plus rien à faire ici.

Non, Philippe... non.

Vous n'auriez pas dû intervenir, pas vous.
Il fallait laisser une chance à Jean-Marc.

J'étais prêt à faire
n'importe quoi pour que vous le quittiez.

Vous en avez trop fait.

Avec vous, j'aurais pu oublier
que je recommençais ma vie sur un échec,

que j'abandonnais Jean-Marc
à sa médiocrité.

Vous le pouvez encore.
Nous serons heureux ensemble, Françoise.

Heureux, comme 2 complices
qui profitent sans remords de leur mauvais coup ?

Non, pas dans ces conditions.
Je ne me le pardonnerais jamais.

Maintenant,
il ne me reste plus qu'une solution.

- Françoise, qu'allez-vous faire ?
- Reprendre mon mari.

- Je vous en prie !
- Ne vous inquiétez pas. J'ai toute ma raison.

Ce serait dommage de quitter Wesel
sans un beau tableau de chasse.

Ce n'est pourtant pas
le gibier qui manque !

Qu'est-ce que je vais bien
pouvoir m'offrir ?

3 petites dindes sur canapé ?

Non, ce que je veux,
c'est du gros gibier !

Le voilà !

Un vieux sanglier, prêt
à mourir pour sauver le troupeau.

Alors, on n'aime plus
la chasse dans les Ardennes ?

Tiens, un renard !

Donnez-moi cette carabine !

La plus belle pièce !
Celle-là, il me la faut !

Je l'accrocherai au-dessus
de ma cheminée !

Tu n'avais plus le choix.
Tu m'as suivie.

J'avais brisé ta carrière de magistrat,
mais je ne regrettais rien.

Je savais qu'un jour, tu comprendrais.
Ta réussite prouverait que j'avais eu raison.

Tu pouvais être un grand avocat,
et grâce à moi, tu allais le devenir.

C'est gentil de venir me voir.

J'aurais pu attendre
longtemps ta visite.

Depuis notre retour,
je n'ai pas une minute à moi.

Mais je ne t'ai pas oublié.

[En espagnol] - Mais qu'attendez-vous ?
- Rien, madame.

Je sais que tu fais des étincelles
à Mondial Publicité.

Alors ?

Françoise,

On m'a proposé la direction
d'une grosse boîte à New York.

La diffusion
des produits français.

- Qu'est-ce que tu en penses ?
- Moi ? Ça ne me regarde pas.

Malheureusement.

Pendant 4 ans, j'ai attendu que
tu viennes me dire : « Roger, tu avais raison ».

Je me suis trompé.
Je laisse tout tomber et je repars à zéro.

On aurait fait
une équipe formidable tous les 2.

J'en suis sûre.

Mais c'est avec Jean-Marc
que j'ai choisi de faire équipe.

Il commence une belle
carrière d'avocat.

Et toi ?

Une belle carrière
de femme de ménage ?

Non.

Moi, je m'occuperai de sa publicité.

Je me ferai des relations.
Je trouverai des clients, des gens importants.

Tu veux connaître des gens importants ?
Jeudi, je t'emmène au Pré Catelan !

Le concours des
plus belles jambes de France.

Comme membre du jury.
Je te présenterai Quentin Lacroix.

- Quentin Lacroix ?
- Mais oui, Quentin Lacroix...

des Filatures du Nord,
des plastiques, du crynile,

des laines d'Argentine,
des sucreries du San Salvador...

Le comité national d'électronique,
les chemins de fer du Pakistan...

Tout le monde connaît Quentin Lacroix.

Et toi, tu le connais
particulièrement bien ?

On ne se quitte plus.
Je l'ai rencontré au Pré Catelan.

Je lui ai donné quelques conseils.
Depuis, il ne jure plus que par moi.

J'ai pensé qu'il aurait besoin d'un juriste
compétent pour s'occuper de ses affaires.

- Ça vous intéresse ?
- Eh, doucement.

Tu te rends compte du paquet
que ça représente, un contentieux pareil ?

- Et tu te crois capable d'enlever le morceau ?
- Quand je voudrai.

- À une condition.
- Nous y voilà. Laquelle ?

Vous confiez le dossier
Quentin Lacroix à Jean-Marc,

et vous lui donnez
un pourcentage sur l'affaire.

J'ai mieux à te proposer :

Tu reprends ton mari, tu lui passes
la machine à laver et l'aspirateur,

et toi, tu viens ici t'occuper
des dossiers Quentin Lacroix.

50 / 50.

Ne te laisse pas abattre.
Je plaisantais.

On finira bien par en faire
un avocat, de ton mari !

Je viens de l'envoyer à Marmande
pour une affaire assez difficile.

Je sais.

S'il la réussit,
j'accepte tes conditions.

Il la réussira.

Alors, tu auras même droit à ta
petite commission, de la main à la main.

Ma commission, je vais me l'offrir
moi-même et tout de suite.

Je l'ai déjà repérée dans une vitrine.

Qu'est-ce que tu fais là ?
Je te croyais à Marmande.

- Tu vois, je n'y suis pas allé.
- Pourquoi ?

C'est très important
pour toi, cette affaire.

J'aurais pas
une chance sur 10 de la réussir.

Une sur 10, il fallait la tenter.

Et Rouquier, tu l'as prévenu ?

Je viens de lui téléphoner.

- Il t'a mis à la porte ?
- Pas du tout.

- C'est moi qui lui ai donné ma démission.
- Le résultat est le même.

De toute façon, j'en avais assez
de faire le garçon de course.

Et nous, avec quoi allons-nous vivre ?

Comment allons-nous le payer,
l'entrepreneur ?

Je sais pas. On cèdera l'appartement,
on vendra la voiture, les meubles...

On n'était pas mieux
dans notre petite mansarde ?

- Qu'est-ce que ce manteau ?
- Je l'ai acheté à crédit.

Il faudra le rendre.

Naturellement, il n'y a
que l'argent qui compte pour toi.

Tu as raison, Jean-Marc.

Tu n'es pas fait pour travailler avec Rouquier.
Tu vaux mieux que ça.

Tu vas t'installer ici.
Tu travailleras tout seul.

Tu deviendras un grand avocat.

Ce sera long,
mais tu y arriveras.

Et pour le reste, les problèmes
pratiques, moi je m'en charge.

Finalement, pour nous sauver,
il n'y avait plus qu'une solution :

que je gagne ma vie, moi aussi.

Un peu plus de soleil
sur les cheveux, s'il vous plaît.

Encore.

Là.

Tu peux y aller.

Françoise,
qu'est-ce que tu fais là ?

Je cherche du travail.
Ta proposition tient toujours ?

- Enfin ! Tu as plaqué Jean-Marc ?
- C'est une condition ?

Danielle ! Françoise, le
grand amour de ma jeunesse.

Va t'habiller.

Tu vas pas déjeuner
dans cette tenue, non ?

Viens.

- C'est ta petite amie ?
- C'est une camarade.

Si elle est ta maîtresse,
je ne vois pas pourquoi tu me le cacherais.

T'es jalouse ?

Non, Jean-Marc n'a pas abandonné le barreau.
Il va travailler seul.

Évidemment, il faudra
du temps avant d'avoir une clientèle.

Pendant ce temps-là, tu dois
gagner ta vie et la sienne.

Il n'y a pas d'autres solutions.

M. Roger !

On a failli tomber en pleine conférence.
Granjouan est un type dans le genre Napoléon.

Toutes les filles de la maison y passent
entre 2 portes et 2 rendez-vous, c'est la règle.

- J'espère que tu seras l'exception.
- Jaloux ?

La voie est libre.

- Où est Riquet ?
- À la projection.

Médor, vous gâtez cet homme.
Toujours en train de le bichonner.

Oh vous savez,
je les adore, les hommes.

Bien sûr, les meilleurs amis du chien.

Mais ce qu'il faut avec eux,
c'est de l'autorité.

Je ne pourrais jamais.
Regardez ses yeux : on dirait qu'il va aboyer.

S'il le pouvait,
savez-vous ce qu'il demanderait ?

Bien entendu, le seul objet
qui fait la joie de tous les hommes...

Coupez, lumière.

Et c'est pour ça
que vous m'avez dérangé ?

Je dois présenter un projet dans 15 jours.
Un budget de 50 millions.

Et je n'ai rien, absolument rien !

- Quoi ?
- Rien.

Vous travaillez ici ?

Pas encore,
mais elle voudrait bien.

Françoise Dubreuil,
je t'en ai parlé.

Ah, oui.
C'est vous, l'oiseau rare.

Et naturellement, vous avez toutes
les qualités qu'il faut pour réussi dans la publicité.

- Donnez-moi l'occasion de le prouver.
- D'accord.

Voilà tous nos projets, pour
savoir ce qu'il ne faut pas faire.

Vous avez 3 jours pour trouver.

Toi, qu'est-ce que tu as décidé.
Tu vas à New York ou tu restes avec nous ?

- Je reste.
- Alors viens. Nous avons du travail.

Ma petite Dubreuil, une exposition « Formes
italiennes » au Grand Palais, ça va faire du bruit.

Si nous réussissons, nous avons l'Europe.
Si c'est le fiasco, nous sommes coulés.

C'est ce que j'aime dans ce métier.

Je vous ai préparé
la liste des artisans de Florence.

Je vous fais confiance.

Et un petit speech pour la réception
demain matin à la gare de Rome.

Merci.

Maintenant, allez vous coucher.

Je veux que vous soyez en forme demain.

Bonne nuit.

Françoise !
Françoise !

Je voulais vous dire
encore quelque chose.

Ma petite fille, voilà plus d'un an
que nous travaillons ensemble.

Vous ne pourriez pas
me dire tout ça demain matin ?

Vous avez cru que l'heure
était venue de passer à la casserole ?

« Granjouan le croque-mitaine »,
il faudrait que je raconte ça à Roger.

Je m'intéresserais volontiers
à ce que vous cachez sous cette chemise,

mais je tiens davantage
à ce qu'il y a là-dedans.

Vous mériteriez de ne pas
savoir ce que j'étais venu vous annoncer.

Vous vous occuperez seule
de cette exposition.

Moi, je pars en Sicile.
J'ai besoin de vacances.

N'oubliez pas de fermer le verrou.

Vous permettez ?

Merci.

Vous êtes la secrétaire de M. Granjouan ?
Comte Ettore Baldini.

Je suis délégué auprès de M. Granjouan
pour lui servir d'interprète.

- Vous connaissez Rome ?
- Non, Florence seulement.

- Bienvenue dans la ville éternelle.
- Merci.

Vendredi 11h, industrie d'art.
1h, déjeuner au ministère du commerce.

16h, visite des usines Vanzetti,

18h, conférence avec le comité
d'organisation de l'exposition.

Il me faudrait une dactylo
connaissant le français.

Granjouan attend mon rapport.

- Entrez !
- Donnez-le-moi !

J'ai une machine à écrire.
Je vais vous le taper.

Soyez gentil,
demandez-moi d'abord Paris 30085.

J'ai peur de ne pas
me faire comprendre.

- Ils vont rappeler dans une minute.
- Mon pauvre Ettore.

Je vous fait faire tous les métiers.
Enfin, dans 3 jours, vous serez débarrassé de moi.

La Chambre de commerce
m'envoie aussi à Paris, sur ma demande.

- Allô ? Paris ?
- Oui, madame.

- Jean-Marc ?
- Oui.

Ça me fait du bien
d'entendre ta voix.

Tu me manques beaucoup.
Comment va Christine ?

- Mal.
- Quoi ?

- Qu'est-ce qu'elle a ?
- 40 de fièvre.

Jean-Marc, c'est affreux ! Il faut
appeler un médecin tout de suite.

Merci du conseil.

Tu me promets de me rappeler
dès que le médecin sera venu ?

Entrez !

J'avais entendu, « entrez ».

Excusez-moi, j'avais oublié.

Retenez-moi une place
dans le 1er avion pour Paris.

Bien.

Je n'aurais même pas
eu le temps de voir Rome.

Allez, sois sage.
Fais dodo !

Tu n'as plus de fièvre.

Non mais papa m'a dit
que j'avais été très malade.

Maintenant, il faut dormir
si tu veux être guérie demain.

Ça ne devait pas être bien grave.

Tu regrettes que
je t'ai fait revenir ?

Non, ça prouve que toi aussi,
tu avais envie de me voir.

Maintenant, j'aimerais
qu'on parle sérieusement.

Assieds-toi.

- Ferme les yeux.
- Pourquoi ?

Pour me faire plaisir.

Et donne-moi ta main.
La gauche.

C'est pour que je compte
les minutes quand tu seras pas là ?

Oh, Jean-Marc !

Ne me fais pas de scène.

Pas ce soir.

J'aime bien sentir ta peau.

Serre-moi fort dans tes bras.

Désolé, mais j'ai un travail
urgent à terminer.

- Ça ne peut pas attendre ?
- Non.

Tu en as pour longtemps ?

J'en sais rien.

Bon,

moi aussi,
je vais travailler.

J'ai fini.

- T'en as encore pour longtemps ?
- Oui. Ne m'attends pas, va te coucher.

Laisse-moi, sinon je n'aurai
pas le courage de terminer.

Attention à mon plan !

Tu es fou ?
Tu vas tout mélanger !

Je t'en supplie !
Jean-Marc, non !

- Lâche-moi, je ne veux pas.
- Tu vas voir.

Non !

Non !

Salaud, tu m'as encore eue !

Tu regrettes ?

C'était le désir qui te jetait vers moi,
ce n'était plus de l'amour.

C'était pour toi le moyen
d'affirmer ta supériorité.

Nous devions nous ressaisir,
nous retrouver tous les 2 loin de Paris

pour faire le point.
Nous pouvions encore tout sauver.

- Patron, j'ai à vous parler.
- Moi aussi.

J'aimerais prendre
15 jours de congé.

Oui, j'ai un peu délaissé
mon mari et ma fille depuis quelques mois.

J'aimerais les emmener
aux sports d'hiver.

Et votre exposition ?
Elle commence dans 6 semaines.

À ma place,
vous l'accorderiez ce congé ?

- Certainement pas.
- Alors, venez voir !

Voilà ! Maintenant,
vous êtes à ma place.

Les congés,
c'est vous qui les donnez.

Moi, je passe à l'étage
au-dessus : président-directeur général.

Je n'ai pas fait enlever la lampe rouge.
Ça peut toujours servir.

Regarde. Tu vois,
les pieds bien parallèles.

Le poids du corps en avant.

Y a que les hanches qui bougent.

Françoise, vous me reconnaissez ?
Nicole.

Voyez, je me donnais l'illusion
d'aller moi aussi aux sports d'hiver.

J'étais juste venue dire 2 mots à
Jean-Marc au sujet de mon divorce.

Rassurez-vous,
je ne veux pas vous l'enlever.

Bon, je vous laisse.

Au revoir.
Je te reverrai à ton retour.

Regarde, maman !

Nicole m'a demandé
de m'occuper de son divorce.

Je pouvais difficilement lui refuser.

Je ne peux pas
partir à Megève maintenant.

Mais c'est pas sérieux ?

Christine, tu entends ?
Ta mère veut nous priver de vacances.

- C'est vrai, maman ?
- Mais non, voyons.

Nous partirons
un peu plus tard, voilà tout.

Je t'en prie, Jean-Marc.
Essaie de me comprendre.

Je te demande seulement de retarder
ce voyage d'un mois, le temps de m'organiser.

Il fallait y penser plus tôt.

Je ne pouvais pas prévoir
que je serais nommée directrice.

C'est important
pour mon avenir.

Ton avenir, ta carrière !
C'est tout ce qui t'intéresse !

Christine et moi,
on ne compte plus.

On le sait que tu réussis,
on le sait que tu gagnes plus d'argent que moi !

C'est pas une raison
pour faire la loi.

Nous avions décidé
de prendre des vacances ensemble.

Moi je m'étais arrangé pour être libre.

Et mon métier
compte autant que le tien.

Tu veux venir, oui ou non ?

Pas tout de suite.

- Laisse-moi au moins 15 jours.
- Non !

- Christine et moi, nous irons sans toi.
- Écoute...

N'insiste pas !
C'est une question de principe.

Si jamais tu changes d'avis,
préviens-moi. Bonsoir.

Allô, l'hôtel des Neiges ?
Je voudrais parler à M. Dubreuil.

- De la part de sa femme.
- M. Dubreuil est sorti, madame.

- Et ma fille, elle est couchée ?
- Mlle Dubreuil n'est pas à l'hôtel.

Comment ça ?

Elle est au home d'enfants Les Poussins.

Demandez le 60 à Megève.

Merci.

Bonne année !

Que fais-tu ce soir?

Je vais rejoindre Danielle chez des amis.
Pourquoi, tu avais besoin de moi ?

Je pensais qu'on aurait pu
sortir ensemble.

Il y a si longtemps
que ça nous est pas arrivé.

- À qui la faute ?
- Oh, pardon !

Que faites-vous ici ?
Je vous croyais parti.

Je travaillais sur une maquette.
Vous voulez la voir ?

Elle attendra bien
jusqu'à l'année prochaine.

Alors, à l'année prochaine.

Pauvre Ettore !
Il croyait te trouver seule.

Où allons-nous ?

- Et Danielle ?
- Bah...

Danielle doit
se demander ce que tu es devenu.

Ça te fait plaisir, hein ?

Tu l'aimes ?

Tu l'aimes ?

Tu veux savoir si je l'aime
comme je t'ai aimé ?

Tu le sais très bien.

Attention ! Dans 10 secondes,
nous serons en 1963 !

9, 8, 7, 6, 5,

4, 3, 2, 1 !

Bonne année !

Bonne année, les amoureux !

Je suis bien avec toi.

J'ai l'impression de revenir
d'un long voyage.

Tu as pris ton temps...

Tu n'as pas changé.

- Où allons-nous ?
- Chez moi.

- C'est pas possible.
- Pourquoi ?

- Parce que j'ai rendez-vous.
- À cette heure-ci ? Avec qui ?

- Avec ton amant, peut-être ?
- Justement.

- Toi, un amant ?
- Pourquoi pas ?

- Naturellement, je ne le connais pas !?
- Justement, si.

- Qui est-ce ?
- Ettore.

Où veux-tu le rejoindre,
ton amant ?

À son hôtel ?

Très bien.
Je te dépose.

Non, je t'en prie.
Je préfère rentrer.

Jamais de la vie ! Une nuit d'amour,
tu ne vas pas t'en priver à cause de moi.

Surtout, ne le fais pas attendre.

Après cette soirée,
j'ai préféré ne plus sortir.

Je t'ai attendu en travaillant.

J'espérais que notre séparation
t'aurait fait comprendre à toi aussi

à quel point
nous avions besoin l'un de l'autre.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Je ne vous attendais pas
avant la fin de la semaine.

Il n'y avait pas de neige et tous les
les autres enfants sont partis.

C'est gentil d'avoir
avancé ton retour.

- Je m'ennuyais sans toi.
- Vraiment ?

Je ne dérange pas tes projets,
au moins ?

Tu vois ?
Je n'ai pas cessé de travailler.

Pour ne pas trop penser à toi.

Tu aurais dû sortir,
te distraire.

Tu n'es pas sortie du tout ?

- Si, une fois.
- Ah, quand même.

Et avec qui ?

Va te faire couler un bain.
Je te rejoins tout de suite.

J'ai passé le réveillon
du jour de l'an avec Roger.

C'est moi qui lui ai demandé.
Je me sentais seule.

- Nous sommes allés...
- ...à l'Éléphant rose, je sais.

Ne prends pas cet air étonné.
Tu sais très bien qu'on vous a vus.

C'est pour ça que tu m'en parles.

- Qui nous a vus ?
- Nicole !

Vous vous embrassiez à pleine bouche !

Ça fait combien
de temps que ça dure ?

- Nicole ! Quand t'a-t-elle dit ça ?
- À Megève.

À Megève ? Je croyais
qu'elle restait à Paris.

Ah, je comprends maintenant
pourquoi tu voulais tellement partir.

Pourquoi tu as mis
Christine dans un home d'enfants !

Non, non, non, c'est trop facile.

C'est de toi qu'il s'agit.
De toi et de Roger.

T'as le culot de me parler de Nicole !

Comme si t'avais attendu que
je couche avec elle pour me tromper !

Vous vous êtes bien moqués de moi,
tous les 2 !

J'aurais tort de me priver.
Après tout, nous sommes un ménage moderne !

Jean-Marc, écoute-moi,
je t'en supplie !

Inutile. Nous n'avons
plus rien à nous dire, tu entends ?

C'est fini, fini !

Non, c'était pas possible.
Je ne pouvais pas le croire.

Tu voulais me quitter, et plutôt que
de l'avouer, tu n'avais pas hésité à m'accuser.

Mais j'étais prête à tout
pour te retenir.

À supplier Nicole,
s'il le fallait.

Je n'avais plus
ni orgueil, ni fierté.

J'étais trop malheureuse.

- Allô ?
- Allô, l'hôtel Lévis ?

S'il vous plaît, est-ce que Mme Nicole
Davison est à Paris, en ce moment ?

Oui madame.
Elle est rentrée cet après-midi.

Pouvez-vous me la passer ?

Désolé, Mme Davison a demandé
qu'on ne la dérange sous aucun prétexte.

Voulez-vous laisser un message ?

Où on va ?

Je te l'ai déjà dit.
On va habiter chez mémé.

- Et papa ?
- Il est en voyage.

- Où, maman, où ?
- Je t'en supplie, arrête ces questions !

Je t'avais attendu toute la nuit.

Cette fois, c'était bien fini.
Je renonçais à lutter.

Allô ?

Non, Jean-Marc,
Françoise n'est pas là.

Si elle était là,
elle refuserait de vous répondre.

Non, il ne faut pas
non plus lui écrire.

Si vous avez quelque chose à lui dire,
adressez-vous à son avocat.

Bonsoir, Jean-Marc.

J'ai essayé de tenir le coup,
mais c'était plus fort que moi.

J'ai couru vert toi,
je t'ai cherché partout.

Je ne savais même pas ce que j'allais te dire
mais il fallait absolument que je te parle.

Halte !
On ne passe pas.

Avoue-le :
c'est Jean-Marc que tu venais voir ?

Alors maintenant, c'est contre
toi-même que je dois te défendre ?

Tu n'es pas
une cliente facile, tu sais ?

Ne te désole pas.
De toute façon, Jean-Marc n'est pas là.

Nicole l'accapare.
Il n'a même plus le temps de travailler.

- Ils vivent ensemble ?
- Pas tout à fait. Ce serait trop beau.

Entretien d'une concubine au domicile conjugal,
flagrant délit : le divorce est dans le sac.

Ça finira par arriver.
Tu verras. Je l'attends au tournant.

Il faut le comprendre,
ce pauvre Jean-Marc.

Il a enfin trouvé
plus faible que lui.

Avec Nicole, il se sent un homme.
Il a des responsabilités.

Cette pauvre enfant a
tellement besoin d'être protégée.

Toi, tu ne lui as
jamais donné cette chance.

Il est normal
qu'il prenne sa revanche.

Entre nous, tu ne crois pas
qu'il est plus heureux maintenant ?

Et toi,
profite de mon expérience.

Contente-toi des hommes
qui te donne du plaisir.

Pour les femmes comme nous,
c'est la meilleure solution.

Ciao.

Ce jour-là,
j'ai perdu tout espoir.

J'avais cru que
tu étais aussi malheureux que moi.

Et déjà, tu avais
commencé une nouvelle vie.

Une vie dans laquelle
je n'avais pas de place.

Un peu de silence, s'il vous plaît.

Vous buvez trop de café.
Vous allez vous rendre malade !

C'est sur le film
que je veux votre avis.

- Danielle...
- et Roger.

Ils sont heureux de
vous faire part de leur mariage

- qui a été célébré aujourd'hui...
- dans la plus stricte intimité.

Ils invitent tous leurs amis
à sabler le champagne

à l'issue de cette projection.

Coupez ! Lumière.

Qu'est-ce que c'est que cette plaisanterie ?

Ce n'est pas du tout une plaisanterie.

Nous sommes mariés.

Mes félicitations. Je vous donne
jours de congé à tous les .

Voici les clefs
et la carte grise.

La voiture est devant la porte.

- Comment est-elle ?
- Elle est digne de vous.

Vous allez m'apprendre à la conduire.

Ne t'en fais pas. La conciliation,
c'est la dernière formalité.

Après ça, tu seras
complètement libre.

Et surtout, ne flanche pas.

Tu oublies Jean-Marc !
Tu ne le regardes pas, tu ne l'écoutes pas.

C'est le juge qui compte.
Tu ne t'adresses qu'à lui.

S'il te pose des questions, n'oublie pas
que la vérité, c'est ce qu'il y a dans le dossier.

Mme Françoise Dubreuil !

Vas-y, à toi de jouer.

Je t'attends à la buvette.

M. Jean Marc Dubreuil !

M. le juge vous prie de l'excuser.
Il sera là dans quelques minutes.

Mais non, Patricia.
Je ne suis pas folle.

Je sais ce que je fais.

Tout est arrangé.
Mais oui.

Jean-Marc m'a juré
qu'il n'avait pas couché avec Nicole.

Et il sait qu'il ne s'est rien
passé entre Roger et moi.

Et puis je l'aime, tu comprends ?

Oui, nous allons à Florence.
Un nouveau voyage de noces.

On repart à zéro.

Ma pauvre Françoise !
On ne repart jamais zéro.

On repart toujours de là où l'on est.
Tu t'en apercevras vite.

Tu ne comprendras
jamais rien à l'amour, ciao !

Bien sûr, elle avait raison.
C'était une folie.

Mais nous 2 nous savions que
nous ne pouvions pas vivre l'un sans l'autre.

Il ne nous restait plus
qu'à tout recommencer.

Florence, tu te rappelles ?

Nous y sommes
quand même revenus ensemble.

Rien n'a changé depuis 6 ans.

Et nous,
nous n'avons pas changé non plus.

Viens.

J'espère que madame est contente
d'avoir retrouvé sa chambre.

- C'est une chance qu'elle n'a pas été retenue.
- Grazie.

- Tu es déjà venue ici sans moi ?
- Un aller-retour il y a 3 mois,

pour signer un accord
avec la Chambre de commerce.

T'as eu ce grand lit pour toi toute seule ?

À qui la faute
si j'étais toute seule ?

T'aurais pu venir avec un autre.

Après tout, je ne sais pas
ce que tu as fait pendant 6 mois.

- Tout ce que j'ai fait, je peux te le dire.
- Tout ?

Si t'as eu des amants,
tu me le diras ?

Je pourrai pas le supporter.

Françoise,
c'est pas vrai ?

Tu m'en crois capable ?

Non.

Entrez !

[En italien] Bonjour monsieur,
bonjour madame.

- Ils n'ont pas monté vos bagages ?
- Nous n'avons pas de bagages.

Pourriez-vous nous apporter
des brosses à dents, du dentifrice,

un rasoir, un peigne,

une chemise de nuit pour moi
et un pyjama pour monsieur.

- En somme, tout ce qui nous manque.
- Oui, madame. Je l'apporte tout de suite.

Merci.
Vous avez tout le temps.

L'avantage des hôtels de luxe, c'est qu'ils ne
cherchent pas à savoir si on a de l'argent.

Ça ne les empêchera pas
de nous présenter la note.

Il me reste 10 000 lires, et toi ?

Ne t'inquiète pas.
Je me débrouillerai.

Les industriels de Florence
ne peuvent rien me refuser.

Voilà toujours 300 000 lires
pour commencer.

Quand vous les aurez dépensés,
revenez me voir.

- Ne me tentez pas.
- Tout ce que je possède est à vous.

Grâce à votre exposition, j'ai déjà
plusieurs commandes pour la France.

Vous devriez venir travailler en Italie.

Avec votre intelligence et votre beauté,
vous feriez fortune. Pensez-y !

Des Italiens qui
n'ont rien à te refuser ?

La preuve.

Il y a longtemps
que tu es là ?

2 minutes. Je voulais pas
troubler votre intimité.

Notre intimité ?
Je le connais à peine.

Il m'a pourtant paru
très familier avec toi.

Pour 300 000 lires,
il peut se le permettre.

Il n'a peut-être pas
attendu que t'aies besoin de son argent !?

Une Française jeune, jolie, libre...

ça devait les exciter,
tous ces Italiens.

Tu n'avais aucune raison de te priver.

Ne fais pas cette tête.
Je plaisantais.

Non, tu ne plaisantais pas.
Tu étais jaloux.

Et je ne savais que faire
pour retrouver ta confiance.

Tu t'installais dans ta jalousie.
Tu me surveillais.

Tu cherchais les
occasions de me surprendre.

Tu étais même capable de
les provoquer, de me tendre un piège.

M. Dubreuil,
un télégramme pour vous !

J'ai rendez-vous au ministère
de la justice demain matin.

- C'est important ?
- Pour moi, oui.

Si on part tout de suite,
on peut y arriver.

Non, en voiture,
c'est trop risqué.

On est à la merci d'une panne.
Je vais prendre l'avion.

Il y a un avion pour Paris ce soir ?

Il y en a un qui
part de Pise dans une heure.

Mais Pise est à 60 km.

Dépêchons-nous.

Et les bagages, la note d'hôtel,
la voiture, qu'est-ce qu'on va en faire ?

Tu restes ici, tu t'occupes de tout.

Tu rentres demain par la route.
Je ne veux pas que tu roules de nuit.

- Mais je ne veux pas te quitter.
- Viens, ne perdons pas de temps.

- Qu'est-ce que tu attends ?
- Je ne retrouve plus la clef.

J'ai dû la laisser à la réception.
Je vais la chercher.

Tant pis, je vais prendre un taxi.

- Pise !
- Mais tu n'as pas assez d'argent.

- Tiens.
- Merci.

Tu ne m'embrasses pas ?

Surtout, ne roule pas comme une folle.
Et ne pars pas avant demain matin.

[En italien] Allons-y !

Vous cherchez vos clefs ?

Les voilà.

Françoise, je ne comprends pas.

Vous aviez l'air de tenir à moi
et brusquement, vous êtes partie sans rien dire.

Quand j'ai appris que vous étiez à Florence
avec votre mari, je n'ai pas voulu le croire.

- Pourtant, c'est la vérité.
- Je sais.

Alors moi, vous me congédiez ?

Disons que je vous rends
votre liberté.

Qu'est-ce que j'en ferai ?

Je vous aime.

Moi, je ne vous ai jamais caché
que je ne vous aimais pas.

Non, jamais.
Mais j'espérais qu'un jour...

J'ai rêvé de revenir
à Florence avec vous.

De vous recevoir
dans le palais de ma famille.

Trop tard.
Je pars demain matin.

Alors, je vous en prie,

venez une fois,
une seule fois au palais Baldini.

Je voudrais simplement garder
le souvenir de votre présence.

C'est tout ce qui me restera de vous.

Vous n'avez pas le droit de refuser.

C'est un repas improvisé.

Seule la vaisselle
n'est pas indigne de vous.

Vous êtes merveilleux, Ettore.
J'ai l'impression de vivre dans un rêve.

Ce palais n'est plus
habité que par des fantômes.

Il s'éteint tout doucement, comme
la glorieuse famille des Baldini.

Seule une femme comme vous
aurait pu lui rendre la vie.

Si vous aviez accepté d'y rester.

Vous pouvez me quitter, Françoise,

mais ce qu'il y a eu entre nous,
vous n'arriverez pas à l'effacer.

Je ne tiens pas à l'effacer.

Grâce à vous, j'ai compris
qu'il n'y avait qu'un seul homme dans ma vie :

Jean-Marc.

- Il est tard. Je dois m'en aller.
- Françoise !

Je vous en supplie.
Ne partez pas.

J'ai fait préparer votre chambre.

Giuseppe va vous y conduire.

Soyez sans crainte.

Je ne vais pas vous
imposer ma présence.

Mais cette nuit,
je saurai que vous êtes encore là,

tout près de moi,
pour quelques heures.

Soit.

La voilà la vérité. Elle est toute simple
mais difficile à dire.

J'espère que
je trouverai les mots qu'il faut.

Je ne suis pas tout à fait
innocente, bien sûr.

Mais si tu fais
un effort pour me comprendre,

il te sera facile
de me pardonner.

Tu souffriras peut-être un peu,
mais nous serons ensemble.

C'est la seule chose qui compte.

Françoise !
Vous alliez partir sans me dire au revoir.

J'aurais préféré.

Je dois aller à Florence.
Je peux vous accompagner ?

Bon.

Françoise,
nous ne nous reverrons plus jamais.

Avant de vous quitter,
laissez-moi vous embrasser encore une fois !

Je sais que pour vous, ça compte
si peu, tandis que pour moi...

Oh, Jean-Marc, tu ne m'as
même pas laissé une chance de t'expliquer.

Ta décision était déjà prise.
Tu n'es revenu que pour me prendre en faute.

Tout est fini maintenant.
Je ne te reverrai plus.

Non, ce n'est pas possible !
C'est trop bête !

Tu m'aimes encore, j'en suis sûre.
Tu finiras par comprendre.

Tu verras, je te prouverai
qu'il n'y avait que toi dans ma vie.

Il n'y aura jamais que toi !