All language subtitles for Riposte Feministe-FR

Musique douce

---

-A bas l'ordre bourgeois
et l'ordre patriarcal

A bas l'ordre hétéro
et l'ordre capitalo !

A bas l'ordre bourgeois
et l'ordre patriarcal

A bas l'ordre hétéro
et l'ordre capitalo !

-A BAS L'ORDRE BOURGEOIS
ET L'ORDRE PATRIARCAL

A BAS L'ORDRE HETERO
ET L'ORDRE CAPITALO !

A BAS L'ORDRE BOURGEOIS
ET L'ORDRE PATRIARCAL

A BAS L'ORDRE HETERO
ET L'ORDRE CAPITALO !

Acclamations

---

-Aimer tout le monde
sauf les hommes cis,

c'est une puissance,
une force à ne pas négliger.

Une force qui permet de l'intérieur
de brûler le patriarcat.

Brûler cette puissance sociétale,

se détacher de leurs regards.

Ne pas vivre à travers eux
et leur prisme misogyne,

ce n'est pas donné à tout le monde.

Nous sommes belles,
puissantes et fortes !

Crions-le dans la rue
comme dans nos cercles.

Crions-le pour les petites filles,
les adolescentes,

les mères et les belles-mères.

Pour que les femmes
et minorités de genre l'entendent.

Pour que l'adelphe
qui sort de son travail l'entende.

Pour que la mère
de famille immigrée l'entende.

Pour que notre adelphe,
à l'hôpital, au marché,

dans le bus, à la rue, l'entende.

Acclamations

---

Nous sommes fortes,
sacrément badass et ensemble.

Plus que jamais, crions-le !

Acclamations

---

Musique entraînante
(Alizée, "Gourmandises")

---

Quand tu penses à moi

Toi, le loup des steppes

Tout au fond de toi

Ressens-tu l'ivresse

J'ai si faim de toi

Tu le dis sans cesse

Et prendre soin de moi

Dis-moi si ça blesse

Oh loup, y es-tu pour moi ?

Tu fais la promesse

Et si je m'offre à toi...

Détonation

Cris de la foule

-Attention, attention !

Restez bien groupés, il y a une...

Restez bien groupés.
Pas de mouvement de panique.

Restez groupés.

Ne partez pas dans tous les sens.

Sirènes de police

Elles tapent des mains.

- SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI !

SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI !

SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI !

Musique douce

---

- Nous sommes à Lyon

pour rencontrer le collectif
de collage féministe.

Depuis que nous avons découvert
un premier collage,

il y a un an, en bas de chez nous,

nous cherchons à filmer
ces jeunes militantes.

---

La nuit, dans les rues,

avec des feuilles blanches
et de la peinture noire,

ielles dénoncent les violences
sexistes et les féminicides.

---

- Y a pas que des filles.

- Excuse-nous.

- C'est en les observant

qu'on s'est rendu compte
de l'importance

de documenter leur action.

---

Parmi les 200 groupes présents
partout en France,

nous en contactons dix

et nous partons à leur rencontre.

---

- Moi, j'aimerais bien des slogans
un peu violents.

Ces temps-ci,
je lis "La Terreur féministe".

Et du coup, j'ai un peu envie
de niquer le patriarcat.

- Genre ?

- Je le lis avant de dormir,
ça donne envie de niquer des pères.

- Genre quoi ?

- Je sais pas, mais par exemple,

elle parle de la violence
du féminisme.

On dit tout le temps

que le féminisme
n'a jamais tué personne,

et elle dit
que c'est pas vrai.

A un moment, elle dit :

"Le patriarcat est violent,
sa destruction le sera aussi."

J'ai trouvé ça cool de se dire :
"Oui, tu peux pas..."

Là, on en est à l'étape
où on colle des affiches.

C'est une petite violence,
on détruit le mobilier urbain,

on s'approprie la ville,
mais c'est pas non plus...

Et ça me donne envie
de faire des trucs un peu plus...

J'aimerais bien coller ça.

"Le patriarcat est violent,
sa destruction le sera aussi."

Je trouve la phrase...

- Moi aussi,
je suis dans une phase

où j'ai envie de faire
des trucs plus chocs,

mais pas culpabilisants,
ou genre...

violents envers les hommes.

Plus violents de manière générale.

- Le dernier qu'on a mis,

"J'ai besoin de toi pour
la révolution féministe, ma soeur."

Tous les commentaires, c'est :
"Et ton frère aussi,

"pas que ta soeur."

Franchement, les gars.

- C'est pas violent
envers les hommes.

- Ils se sentent victimes.
- Peut-être.

- Mais je me dis de plus en plus :

"De toute façon, ils vont se sentir
vexés ou intimidés.

"Ou dépossédés."

Car le système leur sert à eux.

Ils seront pas ravis d'être payés
moins pour qu'on le soit plus.

Ni de devoir faire
plus de ménage.

De toute façon,
ils ne seront pas contents.

Et ces personnes
qui ne vont pas être contentes,

on s'en fiche,

car c'est à cause d'elles
qu'il y a des problèmes

et des inégalités.

Prendre cet avis-là en compte,

ça m'importe pas.

- Quand je dis que je veux faire
des trucs violents,

mais pas culpabilisants
pour les hommes,

c'est que j'ai envie que ce soit...

Les filles, en voyant les collages,
vont se dire :

"J'ai trop envie de prendre
les choses en main

"et de faire changer les choses."

Evidemment que ça passe aussi
par les hommes,

mais j'ai plus envie de faire
passer un message aux femmes,

plutôt que de dire aux hommes
qu'ils font de la merde.

- Carrément.

Tu veux valoriser les femmes,
plutôt qu'accuser les hommes.

- C'est pas en accusant
que ça va fonctionner.

- Je trouve aussi. C'est sûr.

- Coucou !

- Salut, les filles !
- Ca va ?

- Ca va ?
- Ouais, et toi ?

- Carrément.

- Tu veux un truc à boire ?
- Ouais, je vais boire.

Rires

- Il est où, ton petit père ?

- Il est là.

- T'es optimiste sur la météo.

- Ouais, carrément.

- Tu sors du taf ?

- Non, je suis allée chercher
Titouan à l'école,

j'ai un peu couru
dans tous les sens.

- Pour se mettre en forme.

- J'ai pas l'habitude
de conduire en centre-ville.

Heureusement, c'est pas Lille,

mais c'est la galère, y a du monde.

- Tu viens de Lille ?
- Ouais, je suis lilloise.

- A la tienne !

- Il boit avant d'avoir trinqué !
C'est quoi, ces manières ?

- Nous,
on n'avait même pas trinqué.

- Non, je crois pas.
- C'est vrai, ça.

Chants d'oiseaux

---

- Tu pars sur quoi ?

Je trouve ça bien de faire ça.

Pour expliquer un peu.

- Ca, tu le fais au marqueur ?

- Je vous ai ramené
un peu plus de peinture.

- Cool, merci.
- Là, on s'enflamme.

On s'emballe un peu.

- On a tendance
à culpabiliser les victimes,

et quand tu as subi des violences
sexistes ou sexuelles,

tu n'oses pas trop en parler,

c'est toi qui as honte.

Et quand tu lis sur les murs :
"La honte doit changer de camp",

c'est une réalité,

c'est ce que tu vis
quand tu as subi des violences.

Et l'écrire sur les murs,
c'est libérateur, ça fait du bien.

J'ai réalisé, avec "Me too",

que j'étais pas seule
à avoir subi des violences,

et que c'était pas de ma faute.

J'étais suivie par une assistante
sociale, à l'époque,

je m'étais fait agresser,

et on m'a demandé
comment j'étais habillée.

Alors que j'avais 16 ans
et que la personne avait 50 ans.

Je l'ai entendu un nombre de fois.

J'ai malheureusement eu
plusieurs agressions,

et à chaque fois, on m'a demandé
comment j'étais habillée.

Certains diront :
"C'est une légende urbaine,

"la police te demande pas ça."

Mais bien sûr qu'on te le demande.

On te demande
si t'as pas aguiché la personne.

Je travaillais en restauration,
j'avais 16 ans,

pourquoi mon patron
m'a sauté dessus ?

Tu vois ?

Du coup, si même les adultes
qui sont censés te protéger

ont un doute sur toi,

comment tu veux
avoir confiance dans le système ?

Quand, une fois,
en revenant de vacances,

j'ai vu sur un mur : "Je te crois",

ça m'a bouleversée.

C'est ce qu'on oublie
de dire aux victimes.

"Je te crois."

Musique douce

---

- Tout au long, là.
- On se met là ?

---

- C'est bon, là, non ?
- Ouais.

- Peut-être qu'on attend un peu ?

- Peut-être rajoutes-en.

- De la colle ?
- Ouais.

- Ah oui,
on l'a mise à côté, la colle.

- Elle est là.

J'avais la pince à linge
pour fermer les sacs.

- On dirait qu'on fait
de la potion magique en public.

Ah ouais !

- Il est tout lisse, en plus.

- Lui, il est pas mal.

Bon, il est un peu crépi, mais...

- Ca boit, mais c'est bien.
- Grave, franchement.

Il est pas mal, non ?

Musique classique
Super musique pour nous accompagner.

- C'est pas mal.
- Y a une poubelle, en plus.

- T'es prête ?

- Du coup, je monte toute seule ?

- Tu la tiens bien ?
- Je tiens la poubelle.

Elle tombe.

- Mon pied a glissé.

Tu m'as pas bien tenue.
Je préfère me tenir là.

- Mets ton pied sur le petit muret.

- Tu veux mettre la colle ?
- Oui.

- Du coup, je me mets à droite.

- Je te colle.
- Il a l'air foireux, celui-là.

- Il faut qu'une de vous descende
pour bouger la poubelle.

- Ouais.

- Moi, je suis obligée
de tenir le rouleau.

C'est ça, le problème.

Pardon.

Je descends.
- En plein dans l'oeil.

- Ou alors, tu enlèves le...
Attends.

Première fois qu'on utilise
cette technique.

- On voulait
gagner du temps, mais...

- Non.

- Il faut pas faire
poubelle et rouleau.

- Il faut bien qu'on teste.

- Grave.
Il faut qu'on enlève les cales.

- T'es prête ? Tiens-toi.
- Attends.

- Décale au max.

On dirait pas Spiderman ?

- C'est : "Anonyme, 86 ans,
atteinte d'Alzheimer,

"tuée par son mari."

- Ce qui a choqué les gens,

c'est plus le fait
qu'il ait tué sa femme,

ou à cause d'Alzheimer ?

- Oui, ça fait une différence.

Plein de gens disaient :
"Le pauvre, il devait la supporter."

Ouais, mais non, en fait.

- Vous savez
pourquoi il y a des gens

qui, systématiquement,
déchirent vos affiches ?

- Parce que ça les gêne.
- Ca les dérange.

- C'est étonnant,
parce que ça gêne pas tellement.

- Ben...

on affiche des vérités
que les gens veulent pas voir.

Sinon, on le ferait pas.

- C'est pour ça qu'on les met
sur les murs.

On peut pas y échapper.

---

- Parfois, je réponds.

Parfois, non.

Mais avant, je répondais jamais.

C'est ça,
la différence des collages.

Maintenant, je réponds souvent.

Mais parfois,
je mets mes écouteurs et je trace.

Je voudrais dire aux gens
que c'est OK de le faire.

Il n'y a pas d'injonction
à la violence.

- Moi, je me suis sentie
plus forte.

Maintenant,
je suis capable de réagir.

Et nous, dans un collage,
un homme était très agressif.

Je me suis senti pousser des ailes
car elle était là

et parce qu'on était
en train de coller.

C'est vrai que j'ai hurlé,
je l'ai insulté

et je me sentais pleine de colère,
tout sortait, c'était fou.

- Je me suis dit :
"Cette meuf est badass !"

On était toutes les deux,

c'était une des premières fois
où on collait ensemble,

dans un quartier qui était pas ouf.

Et moi, j'aboyais et tout.

Je me suis dit : "Il se passe quoi ?
Ca prend et tout."

Après, on est allées boire un coup,
on était là...

On tremblait un peu.

- Il le saura jamais.
- Non, il le saura pas.

- Le truc de ne plus avoir peur,
depuis que je colle,

je m'en bats les couilles.

Je sors dans toutes les tenues,
à toute heure,

et je suis là : "Viens me parler,
je vais te hurler dessus.

"Je vais t'insulter,
t'es pas prêt." Vraiment.

N'importe quel mec qui me parle,
je l'insulte.

Je lui dis : "Casse-toi, dégage !"

- Même si on met des écouteurs,
on n'a plus peur.

- C'est vraiment ce truc de peur
qui est parti.

- Le sentiment d'insécurité.

Ca permet de te rendre compte

qu'on a construit socialement

le fait que l'espace
pour les femmes,

les minorités de genre
et plein de gens,

c'est pas l'espace public.

Ca, c'est pour les hommes
cis blancs.

Y a une stigmatisation aussi
des hommes cis racisés.

Les collages m'ont aussi appris ça.

C'est une construction sociale.
A qui est l'espace public ?

On devrait l'appeler
l'espace des hommes cis blancs.

Fin de l'histoire.

Avec les collages, on le revendique.
C'est un enjeu féministe.

Avant même le message qu'on colle,

le fait qu'on soit présents
et présentes dans la rue,

le soir, tard, en train de faire
une activité illégale,

en groupe, sans mecs cis,

donc sans cette protection
symbolique...

-"Protection".
- Ouais, c'est ça.

Non, mais clairement,

pour moi, c'est hyper important

la manière dont, du coup,
tu recrées l'espace public,

et même, symboliquement,

tu envoies le message
que c'est aussi ton espace,

tu donnes l'exemple à d'autres.

Tu as le droit d'être dans la rue,

et tu as le droit de laisser
ta trace dans la rue.

Même si on parle des milieux
du graph et du street art,

ils sont hyper masculins cis,

mais en plus hyper virilistes.

Au début des collages,
on a eu plein de problèmes.

- Nous aussi.
- Ben ouais.

On se faisait insulter,
c'était en permanence des menaces.

"Si on vous voit dans la rue,
faites attention à vous."

-"On va tout arracher."

-"On va se mettre en bande
et tout arracher."

C'est vraiment lunaire.

Y a pas que les hommes cis
qui peuvent laisser leur trace,

y a nous aussi,
les minorités de genre.

On a des choses légitimes à dire,

et on va laisser une trace physique
de notre passage.

Même quand le collage est arraché,
on est identifiées.

On sait qu'on est passées par là.

Même si on lit plus le message,
ça reste un message.

Les colleuses sont passées par là.

T'as marqué ton territoire,
parce qu'il s'agit de ça.

- Je me suis rendu compte de ça.
Les hommes sont comme des chiens.

Ils marquent en permanence
leur territoire.

- Le nombre de tags de bites

qu'il y a sur le tour de France !

Il y en a des milliards.

Les mecs ont des techniques
ultra rapides

pour transformer les bites
en lapins ou cadeaux

tellement il y en a.
C'est lunaire, les mecs cis !

A faire des zizis
partout dans la ville.

- Ou ils écrivent leur nom.

Même les trucs institutionnels.

Les architectes mettent des plaques
car ils ont fait le bâtiment.

Les affiches, les graphs.

- Les noms de rue.
- C'est ça.

Ils sont tout le temps présents
sur les murs, partout.

En fait, nous, on n'est jamais
présentes nulle part.

- 51 pour cent de la population.

- Oui, d'aucune manière
dans la rue.

- Complètement.
Quand t'es une femme

ou tu fais partie
des minorités de genre,

on t'a toujours dit
que ta voix n'a pas d'importance.

Tu dois avoir honte de toi.

Et dire : "J'ai pas honte

"et j'ai des trucs à dire",
c'est révolutionnaire

pour plein de gens.

C'est un message
que je trouve hyper fort

et qui a aidé plein de gens

à s'affirmer dans plein
d'autres parties de leur vie.

Qui sont impressionnantes.

---

Percussions

---

- Ti to to ti ti to to

- RIPOSTE FEMINISTE !

- To to to to ti to to

- DANS LA RUE, NOUS ON EST LA

- Ti to to ti ti to to

- MON CORPS, MON CHOIX, TA GUEULE

- To to to to ti to to

- TON AVIS, TU LE GARDES POUR TOI

- Ti to to ti ti to to

- DONNEZ LA PMA

- To to to to ti to to

- TOUT CE QU'ON VEUT,
C'EST LES MEMES DROITS

- Ti to to ti ti to to

- FEMINISTES ANTIFASCISTES

- To to to to ti to to

- DETRUISONS LE PATRIARCAT

---

RIPOSTE FEMINISTE !

TO TO TO TO TI TO TO

TON AVIS, TU LE GARDES POUR TOI

TI TO TO TI TI TO TO

FEMINISTES ANTIFASCISTES !

Elles rient.

- Hé, c'était la suite.

- T'es la seule à suivre.

---

Musique douce

---

- Les collages, c'est pas seulement

de prendre des slogans
et d'aller les coller dans la rue.

C'est : "Nous, femmes,
minorités de genre,

"on prend la rue, la nuit,
sans hommes cis,

"on en fait notre territoire

"et on s'exprime sur les murs."

Du coup,
le fait de sortir dans la rue

sans homme cis,

c'est déjà en soi un...

- Un acte militant.
- C'est ça, exactement.

- C'est une manière
de se réapproprier...

nous, en fait.

De se réapproprier la rue,
nos milieux,

les lieux où on évolue.

Ca devrait être normal

de pouvoir évoluer
librement dans la rue,

sauf que ça l'est pas.

C'est une vraie manière
de dire : "En fait, si.

"Je suis là, j'existe.

"Et j'ai pas besoin
de mec dans ma vie,

"j'ai besoin de personne."

Ce que j'aime aussi
dans la non-mixité,

c'est cet aspect un peu de...

se retrouver en groupe.

On se sent plus fort, moins seul.

Je trouve ça hyper fort,

c'est hyper cathartique

et hyper fort,

le fait de se retrouver
tous ensemble

pour niquer le patriarcat.

- Au début du collectif,

t'étais là,

Agla, un soir où on avait collé.

On était plusieurs groupes
dans le centre-ville

et on s'était tous retrouvés
à la fin, on était 20 ou 25.

Ouais, on était super nombreux
et nombreuses.

C'était grave cool.

On se met devant le dernier collage
pour prendre la photo.

On avait collé
pendant toute la soirée,

on finit notre session,

tout fiers de nous et tout,

et en fait,

dans la rue perpendiculaire,

on a cramé des gens

en train d'arracher le collage
qu'on venait de faire.

On voit trois personnes
qui l'arrachent.

Au départ, je voyais
quelques personnes du groupe

qui regardaient, comme ça, genre :

"Qu'est-ce qui se passe ?"

-"Ils font quoi ?
Devant nous, là ?"

- Et quand on l'avait collé,
on avait entendu des gens

gueuler à la fenêtre :

"Gauchos de merde !

"Barrez-vous ! Vive la cocarde !"

On l'a pas pris au sérieux.

Plein de gens nous gueulent dessus
de leur fenêtre.

Généralement, ils sont courageux
mais pas téméraires.

Ils descendent rarement.

On était juste là :
"Ta gueule ! On t'emmerde !

"Tiens, ben on le colle."

Et en fait, c'étaient eux
qui étaient descendus

avec leur petite raclette
pour enlever nos collages.

- Avec la raclette ?
- Avec les petites raclettes.

Ils étaient prêts.
- Professionnels du décollage.

- Non, mais c'était ça.

Et j'ai jamais...

Je me suis jamais sentie
aussi puissante dans la rue

qu'à ce moment-là.

On s'est tous et toutes
mis à gueuler

et on leur a foncé dessus

en mode : "Vous faites quoi ?
C'est quoi, votre problème ?

"Pourquoi vous arrachez
nos collages ?"

Franchement, c'était dingue,

parce que
c'est le genre de personnes,

si on avait été seules,

ou deux, ou trois...

- Ils auraient pas hésité
à nous taper dessus.

Ils se retenaient
parce qu'on était 25 et eux, 3.

- Ils allaient se faire défoncer.

- C'était génial.

C'était trop bien
de pouvoir se dire :

"On se défend, quoi."

Cette fois-ci,
on ne s'est pas laissé faire.

On sait que ces gens-là existent

et qu'ils ne nous aiment pas,

pour tout un tas de raisons.

Ils ont bien tort.

Et le fait
de pouvoir les intimider,

de dire : "Voilà,

"la petite meuf fragile

"que la semaine dernière
tu faisais chier dans la rue,

"que t'accostais
comme le king de la rue,

"là, tu es tombé
sur toute une bande

"et aucun d'entre nous
n'est fragile."

- Allez, go, go, go !

Oh là, là, la drache.

- Tiens, prends le "SS".

- Au pire,
on met le égale barré ici ?

- Ouais, j'avoue.

- Tu mets la première couche,
Claire ?

- Ouais.

Il y a quoi, comme place ?

- Fais au maximum. Je te dirai.

Mais c'est en petit, donc...

Vas-y, Claire.
Ce mur, c'est de la merde.

- OK.

- Ca, c'est bien vu, Morgane.

---

- Tu vas pas être centrée.

- Non, le "sur",
c'est trois lettres.

Ah oui, putain.

- Occupez-vous de...

- Il est stylé, j'aime bien.

A refaire.

- Go au collège.

- On va se mettre là-bas.

Celui qu'on avait collé là,
il est parti direct.

- J'habitais là, moi, Morgane.

- Je sais, je parlais de celle-là,

où les fachos
avaient collé leur bail

et nous avaient récupérées...

- Croiser les flics

pendant une session,

à part pour me prendre
135 euros d'amende,

ça me fait pas très peur.

C'est plutôt les gens
qui sont un peu réticents.

Les gars de Beauregard,

j'aurais pas envie de les croiser
à 2h du matin, à deux.

Vraiment pas.

- Vu les messages qu'on avait eus.

- On a eu des menaces.
Tu te dis :

"C'est vraiment des mecs

"qui sont capables de mettre
leurs menaces à exécution."

- Au début, on avait...

En même temps,
c'était nouveau pour tout le monde.

Mais maintenant,
on a pris la confiance.

Et moi aussi,
si je voyais les flics,

je me suis fait des scénarios
de ce que je leur dirais.

- Par contre, les autres,
je sais pas ce qu'on ferait.

C'est plus ça, aujourd'hui,
qui me...

Vraiment, je pense que,

si on se retrouve face à eux,
on peut être en danger.

Qu'on soit 2 ou 4.

- On les surestime pas un peu ?

- Non.
- Non.

- Grâce aux collages,
on se réapproprie la rue...

Là, par exemple,

je me dis que je dois
me déconstruire encore et...

ça se maîtrise pas trop, mais...

ne pas avoir peur.

S'imposer et dire :

"Même s'il nous arrive un truc..."

C'est un peu
ce que dit Virginie Despentes

dans "King Kong Théorie".

Qu'elle s'est fait violer,

qu'elle a "pris le risque"
et que oui, ça lui est arrivé,

mais elle était dans le truc.

Quand j'ai lu ça, je devais avoir
20 ans, je me suis dit :

"Comment elle peut
penser comme ça ?"

Mais maintenant,
si je sors dans la rue,

et qu'un gars me tombe dessus
et me casse la gueule,

ce sera lui, la grosse merde.

Oui, ce sera traumatisant pour moi,

mais merde...
- T'auras fait ce que tu voulais.

- Je veux pas me limiter
parce qu'il y a un risque.

- C'est clair.

Je pense pas qu'on se limite.

- Sur le moment,
tu te dis quand même...

Quand on avait collé vers Fresh,

et un gars faisait
des allers-retours

avec sa bagnole noire, tu sais,

sans rien dire.

Quand tu vois la bagnole
passer quatre fois,

ça te met un petit coup de...
un truc au-dessus de toi qui dit :

"Fais gaffe."

Mais j'essaie de faire
ce travail sur moi-même

de me dire :
"Ben non, c'est nous.

"On doit y aller.
On a autant le droit que..."

- Il faut plus se cacher.

- Oui, c'est ça.

---

Musique douce

---

- Ca faisait longtemps
que j'étais féministe.

Depuis au moins le CP,

quand on m'a dit : "Le masculin
l'emporte sur le féminin."

Et là, c'était ma première
démarche féministe.

Je trouvais ça assez accessible.

Tu colles quand tu veux,

il y a des sessions
tous les 2 ou 3 jours,

c'est accessible,

comparé à d'autres
associations féministes

où il faut prendre ta carte.

Je me suis lancée un jour.

- Tu t'es sentie à l'aise ?

- Oui, c'était bien,
on était assez nombreuses.

- Oui, on était deux groupes.

---

- Pour nos collages,

on manque de forces militantes,
on est trois.

Neuf viols par heure en France.

-"9 victimes de viol sur 10

"connaissaient leur agresseur."

---

- Il y avait plein de choses.

Rien que des remarques verbales,
en mode :

"T'es pas assez ceci,
pas assez cela.

"T'es trop ceci, trop cela."

Il disait : "Une femme,
ça doit être comme ça."

Moi, c'était mon premier copain,
je savais pas,

je rentrais dans son truc,
et il était en mode :

"Oui, et puis même,

"les plus sexistes,
c'est les féministes."

Des trucs comme ça.

- T'es restée longtemps avec lui ?

- Au début,
seulement quelques mois,

puis après,
c'était un petit peu du...

chantage, des trucs comme ça,

les trucs basiques
de chantage au suicide.

- Ah oui ?
- Oui.

- Pour que tu reviennes.

- Et même, après,
c'était l'isolement des amis,

de la famille.

J'étais encore mineure,

j'ai dû emménager avec lui,
parce que, du coup,

je me suis disputée avec ma mère.

- Il avait quel âge ?
- 21 ans.

Du coup, c'était constamment ça

et j'étais totalement isolée.

Il m'a carrément ramenée
dans une autre ville.

Ca n'a pas été facile.

- Il a des frères et soeurs ?

- Non, il n'a pas de famille.

- Mais il a quand même une maman ?
- Non.

Non, pas du tout.

Il ne connaît pas sa mère.

Du coup, c'était assez particulier.

Au final, j'ai dû rester
près de deux ans avec lui.

Jusqu'au jour où j'ai eu un déclic.

- C'était quoi, le déclic ?

- Ben, j'ai eu un déclic...

Il était vraiment violent.

- Verbalement ?
- Et physiquement.

- Ah oui ? Il t'a frappée ?

- Oui, c'est arrivé

quelques fois.

Ensuite, le déclic,
ça a été un soir où...

Parfois, il arrivait
qu'il se drogue.

Ce soir-là, il s'était drogué.

Je suis partie me coucher
car j'avais cours le lendemain.

A un moment donné,
je me réveille, normal,

et je le vois à côté de moi,
qui me fixe.

Je commence à flipper, normal.

Et il me dit : "Je me demande

"ce que ça ferait
si je te tuais maintenant."

Ca a été le déclic.

J'ai attendu
qu'il sorte de la chambre,

j'ai pris un sac d'affaires
et je suis partie.

J'ai appelé le 115 à Quimper
pour avoir un logement d'urgence.

- Ils t'en ont trouvé un ?
- Oui, le soir même.

Ils ont pu m'héberger comme ça.

Puis j'ai commencé
à avoir des aides.

Et j'ai pu revenir sur Brest.

- Mais tu as porté plainte ?
- Oui.

Quelque temps après.

- Ils ont accepté ta plainte ?

- Oui, mais ils m'ont dit :

"Faites en sorte
que ça ne vous arrive plus."

- Ils ont rejeté la faute sur toi.

- En gros, c'est ça.

Sauf que,
c'est pas pour trouver des excuses,

en étant isolée,
sans moyens, mineure,

sans logement ni rien,

en dépendant totalement de lui,
plus son chantage,

je ne me voyais pas partir.

C'était la seule personne
qui restait.

Mais ouais, en gros, c'était ça.

- Ca m'a beaucoup touchée, en fait.

Je ne sais pas quoi te dire,

ou même, je sais pas...

Je sais pas quoi dire, en fait.

- Y a rien à dire.
- Non.

- C'est mieux. Je sais pas
comment j'ai réussi à dire ça.

- C'est bien.

- En gros, voilà.

Pour la petite histoire.

- Ca me fait mal au coeur.

- J'ai de la peinture sur le doigt,
je vais te tacher.

- C'est fait pour ça, son truc.
Mais toi, je vais pas te tacher.

Tu veux un mouchoir ?

- Ca me touche vraiment.

Tu es assez jeune
et tu as vécu tout ça.

Tu es courageuse, quand même,

de parler de ça.

Cris des mouettes

Tonalité d'appel

-Salut, salut !
Si je ne réponds pas,

c'est que soit
je suis en train de sommeiller,

mais dans ce cas,
ça va être compliqué,

soit j'ai plus de batterie
ou mon portable est en silencieux.

Veuillez me rappeler plus tard
ou m'envoyer un SMS.

Je vous rappellerai
quand je verrai l'appel manqué.

Merci beaucoup !

- Ecoute, on pourra commencer
sans elle,

et au pire,
elle nous rejoint après...

- Oui, on lui envoie un SMS.

- Il est tôt, il est 6h30.
- On y va ?

- On y va.
On peut commencer par la route.

- Là où tu avais fait :
"Nos seins ne sont pas vulgaires."

- Ouais.

Musique douce

---

Colle en bas,
parce que là, il va s'ouvrir.

---

- Il faut mettre la colle
là-dessus aussi.

- Ah oui.

Ah ben tiens.

- Bonsoir.

- Ils voulaient juste...

- Ils s'attendaient à quoi ?

"Bonne soirée, monsieur.
Salut, à la prochaine."

- Mon identité est politique.

Le fait d'être une femme

ou de ne pas relationner
avec des hommes, d'être lesbienne

et de n'être intéressée
que par les femmes,

c'est politique, en fait.

Pour une femme, ne pas relationner
avec des hommes

mais exclusivement avec des femmes,
c'est politique.

C'est déjà engagé.

- Ca, c'est un truc
que j'ai vachement vu malgré moi,

parce que moi, avant,

je me pensais être mec cis
plus ou moins hétéro.

Et du coup, de ce statut-là,

de me dire : "Ah merde,
je suis une femme trans."

Et de...

D'être dans ma famille

et de voir que le fait
que je sois une meuf trans,

ce soit politique,
ce soit pas anodin,

que clairement, ce soit politique,

juste le fait d'être,
même sans rien revendiquer,

ben ouais, c'est...

C'était un peu...

je vais dire une déception,
parce que...

Ca pourrait pas juste
être simple et normal ?

Qu'on puisse être en paix.

- C'est pour ça aussi qu'on se bat.

J'ai envie qu'un jour,
les meufs s'en foutent,

qu'elles aient pas besoin
de revendiquer

qu'elles sont des femmes,
qu'elles sont lesbiennes ou noires.

Mais pour l'instant,
c'est pas le cas.

Je fais ça pour qu'on n'ait
plus besoin de le faire.

Moi, c'est mort,

je vivrai pas dans un monde
sans lesbophobie,

sans patriarcat, sans validisme.

Mais je veux me battre
pour que celles d'après puissent.

Et malheureusement,
je pensais à un truc l'autre jour.

Quand on parle
des hommes et du féminisme,

je pense que beaucoup d'hommes,
et de femmes aussi, peut-être,

qui ne comprennent pas
qu'être féministe,

c'est dur, c'est des efforts.

Il faut te déconstruire.

Tout ce que tu as pensé
toute ta vie,

tu dois le repenser,
te questionner,

changer tes comportements,

arrêter d'agir
de telle ou telle manière

pour être meilleure avec les femmes

autour de toi.

Et c'est pas juste :

"Moi, j'aime les femmes,
je les respecte.

"Je regarde
'Portrait de la jeune fille',

"et j'ai tweeté 'He for she'."

C'est super,

mais est-ce que tu traites bien
ta daronne à la maison ?

Est-ce que tu partages
la charge mentale avec ta copine,

ou bien elle fait tout ?

Est-ce que tu as
des remarques désobligeantes

envers plein de femmes à la télé,

juste parce que c'est des femmes ?

Ca demande des efforts.
C'est pas juste se dire féministe.

Non, en fait, c'est dur.

Et même en tant que femme,
tout ce qu'on t'a toujours appris,

tu dois tout oublier,
tout repenser.

Je sais pas vous, mais moi,

quand j'ai commencé à militer,

enfin, quand je me suis intéressée
au féminisme,

j'étais là : "Mais en fait,

"ça fait dix ans que je déteste
mon corps et je devrais pas,

"j'ai acheté un épilateur
à 70 balles

"alors que j'ai plus envie
de m'épiler."

Tu remets en question toute ta vie

et tu te dis : "Merde, quoi."

Je sais pas.

-Asseyez-vous,

s'il vous plaît.

Changement de programme,

les prises de parole
se feront ici.

Asseyez-vous, s'il vous plaît,
pour que tout le monde puisse voir.

-Nous sommes Garces,

collectif féministe radical
autogéré de Sciences Po Paris,

en mixité choisie sans hommes cis.

La lutte contre les violences
sexistes et sexuelles

ne passe pas
par des newsletters bien-pensantes

et des photos sur papier glacé.

Cela implique d'écouter
les survivants et survivantes

et d'agir en conséquence,

de mettre fin
à l'impunité des agresseurs,

surtout quand ces criminels
sont parmi nos proches.

En ce week-end centré
sur la lutte contre le patriarcat,

les violences sexistes
et sexuelles

et pour les droits des femmes,

rappelons que la situation
précaire des étudiants

est causée par un système
capitaliste, patriarcal,

raciste, lesbophobe, homophobe,
transphobe et validiste

dont les dynamiques gangrènent
notre société et nos universités.

Nous continuerons à lutter

pour faire entendre nos voix
et nos revendications.

La révolution sera féministe
ou ne sera pas.

Acclamations

---

- ANTI, ANTI-PATRIARCAT !

ANTI, ANTI-PATRIARCAT !

ANTI, ANTI-PATRIARCAT !

PAS DE VIOLEURS DANS LE SUPERIEUR !

PAS DE VIOLEURS

DANS LE SUPERIEUR !

PAS DE VIOLEURS DANS LE SUPERIEUR !

- ASSEZ, ASSEZ DE CETTE SOCIETE

QUI NE RESPECTE PAS LES TRANS,
LES GOUINES ET RACISEES !

ASSEZ, ASSEZ DE CETTE SOCIETE

QUI NE RESPECTE PAS LES TRANS,
LES GOUINES ET RACISEES !

ASSEZ, ASSEZ DE CETTE SOCIETE
QUI PROTEGE LES VIOLEURS

EN TOUTE IMPUNITE !

Musique entraînante

---

Cris de la foule

---

- SO, SO, SO, SOLIDARITE
AVEC LES FEMMES

DU MONDE ENTIER

SO, SO, SO, SOLIDARITE

AVEC LES FEMMES DU MONDE ENTIER

SO, SO, SO, SOLIDARITE

AVEC LES FEMMES DU MONDE ENTIER

-Pardonnez-nous nos offenses

comme nous pardonnons
à ceux qui nous ont offensés.

Et ne nous laissez pas
entrer en tentation,

mais délivrez-nous du mal.

-Je vous salue,
Marie pleine de grâce.

Le Seigneur est avec vous.

Vous êtes bénie
entre toutes les femmes

et Jésus, le fruit
de vos entrailles, est béni.

Sainte Marie, mère de Dieu,

priez pour nous, pauvres pécheurs,

maintenant
et à l'heure de notre mort, amen.

Je vous salue,
Marie pleine de grâce.

Que les petites femmes
qui sont à l'état embryonnaire

soient respectées aussi !

Les féministes sont là,
nous le disons clairement.

Et nous continuons à prier.

- Prie, ça change rien.

- MON CORPS,
MON CHOIX ET FERME TA GUEULE !

MON CORPS,
MON CHOIX ET FERME TA GUEULE !

- La manifestation est là-bas,
vous êtes en infraction ici.

-Délivre-nous du mal.

- MON CORPS, MON CHOIX

ET FERME TA GUEULE !

MON CORPS,
MON CHOIX ET FERME TA GUEULE !

MON CORPS,
MON CHOIX ET FERME TA GUEULE !

-Vous êtes bénie
entre toutes les femmes...

- CASSEZ-VOUS !

CASSEZ-VOUS ! CASSEZ-VOUS !

CASSEZ-VOUS !

-O mon Jésus, pardonnez-nous.

Préservez-nous du feu de l'enfer

et conduisez au ciel
toutes les âmes,

surtout celles
qui en ont le plus besoin.

- CASSEZ-VOUS !

CASSEZ-VOUS !

Acclamations

---

CASSEZ-VOUS ! CASSEZ-VOUS !

CASSEZ-VOUS !

Coups de sifflet de la police

(Voix démoniaque)
- Qu'on empale tous les mâles

- CASSEZ-VOUS ! CASSEZ-VOUS !

CASSEZ-VOUS !

- A bas le sexe fort !

A mort, à mort, à mort !

A bas le sexe fort !

A mort, à mort !

Assez parlementé

Vive la lutte armée

Assez parlementé

Vive la lutte armée

Qu'on empale tous les mâles !

---

- Près d'ici, on avait collé :
"Qu'on empale tous les mâles."

- Ah, c'est...
J'adore cette chanson !

C'est Brigitte Fontaine.

- Tout à fait.

- Tu la connais ?
- Non.

- Elle est tellement bien.

- Je me sens à côté.
- Elle est géniale.

- Twitter avait pas apprécié.

- Brigitte Fontaine !

A bas le sexe fort !
A mort, à mort, à mort !

Elle est en mode sorcière.

Qu'on empale tous les mâles !

- Je savais pas
que c'était un trigger.

- Je l'ai écoutée en boucle.

- Elvire va retenir ce collage.

Ca va devenir

un collage emblématique.

- Je ne mettrais pas ça,

parce que même si je conçois
que ce soit libérateur

d'utiliser ce type de slogan...
- Personne ne comprend.

- Enfin, si,
tout le monde comprend.

- Mais pas la référence
à la chanson.

- Et donc,

ça fait hyper violent et anti-mecs.

Moi, je suis pas anti-mecs.

Je suis misandre,
mais ça, c'est autre chose.

J'ai pas de violence particulière
envers qui que ce soit.

J'ai pas trop ce truc-là,
et pour moi,

c'est une expression de la colère
hyper nécessaire.

- C'est une réappropriation
de la violence.

- Une expérience
de la violence, même.

Elle t'a jamais appartenu,
la violence.

- Euh, oui...
- C'est pas une réappropriation.

Ca te permet d'exprimer
une violence qu'on t'interdit.

- Dans le féminisme,
on dit toujours :

"Le féminisme
n'a jamais tué personne."

Le fait que le féminisme
soit pas vu comme une menace...

Historiquement,
dans tout mouvement,

on efface la partie violente,
comme si elle n'amenait rien.

Mais Martin Luther King
sans les Black Panthers,

c'est pas que c'est personne,

mais y aurait pas eu
toutes ces conséquences.

- Je comprends
que certaines personnes le fassent,

mais c'est se réapproprier
un système

dans lequel on gagne
si on est violent.

Et pour moi, la violence,
c'est une histoire de domination.

C'est de la domination.

La violence exercée sur l'autre,
c'est une domination.

Et je veux pas rentrer là-dedans,

dans un rapport de force
où on domine par la violence,

qu'elle soit psychique ou physique.

Si tu rentres dans ce système,

c'est la personne
qui tape le plus fort

qui gagne.

- Vu les armes qu'on a,
du côté féministe,

par rapport au patriarcat,

tu taperas jamais aussi fort
que le patriarcat.

En vrai, c'est juste que, pour moi,

les violences n'ont pas à être
dans l'individualité.

Je m'attaque à un système
et non à une personne.

Par exemple, on prend n'importe
quelle personne transphobe,

la personne en tant que telle,
je m'en fous.

Ce qui me dérange,
c'est la transphobie d'Etat

et le fait
que les personnes trans meurent

parce que notre société
ne leur fait pas de place

et qu'elle pathologise
la transidentité.

Du coup, avoir des actes violents
contre ce système-là,

ça me dérange pas.

Après, je ne vais pas
menacer physiquement des gens.

Mais être totalement
dans une non-violence,

c'est pas ma philosophie.

Et le fait qu'on soit,

en permanence, dans le féminisme,

dans une idée
de non-violence absolue,

c'est aussi, pour moi,

un déterminisme de genre.

Depuis que t'es enfant,

on te dit que la violence,
c'est pas pour toi.

- Je trouve ça plus difficile

de pas être violente,
même verbalement.

Ce truc-là d'être dans l'attaque,

ça m'intéresse pas,
ça me fait perdre mon énergie.

Je préfère trouver des solutions

que dire :
"Vous êtes tous des merdes."

---

- C'est bien.

Ca doit d'abord faire une pâte
avant d'être liquide.

- C'est vrai.

- T'as l'impression
d'être une sorcière, Cécile ?

- Je suis un peu
avec mon chaudron, là.

Rires

Je prépare des sorcelleries.

- Tu fais des incantations,
dans ta tête ?

- Oui, dans ma tête, là,
il se passe beaucoup de choses.

- Quelle est cette magie noire ?

-"Faites
qu'on se fasse pas arrêter."

Rires

"Faites que les gens
se posent des questions."

- La colle nous portera bonheur.

-"Faites que nos slogans
tiennent plus d'une demi-journée."

Des trucs comme ça.

Mais on souhaite de mal à personne.

Il y a un feu
qui chauffe pour rien.

- Quoi, ma poule ?

- Le feu chauffe pour rien,
pour l'instant.

- On commence
au début du mur blanc ?

Et moi, je reste un peu là ?
- Oui.

- Je vais de l'autre côté.

---

- J'ai foutu de la grosse colle.

- Elle est bien épaisse.

-"Présumées menteuses".
- Ouais.

- La fameuse présomption...
- D'innocence.

- T'as que ça à foutre
de porter de fausses plaintes.

- Et puis on gagne de l'argent.

- Oui, c'est connu.

- C'est pour l'argent.

- Si demain, je suis en rade,

je vais porter plainte pour viol.
C'est un marché...

- C'est lucratif !

- Oui, je valide.
- Go ?

C'est parti, alors.

Chants d'oiseaux

---

- Si j'étais maire de Compiègne,
je laisserais les collages

jusqu'à ce qu'ils deviennent
détériorés

et qu'ils ne soient plus lisibles,
ou qu'ils enlaidissent...

Il faut les laisser un peu.

Ou alors, je vous donnerais un mur.

- C'était mon avis.
On aurait pu négocier un mur,

qui serait un mur d'expression.

Tout le monde dirait
ce dont il a envie.

Ce serait l'idéal.

- La bonne solution est là.

Que les mairies donnent
un mur des colleuses.

- On devrait l'instaurer
dans toutes les villes de France.

- C'est clair.

- Ce serait un peu aussi...

- Trop banalisé ?

- Enlever le pendant un peu...

- Oui, c'est un peu transgressif,
quand même.

C'est comme quand les parents

vous donnent un tableau
pour ne plus écrire sur les murs.

C'est tout de suite
beaucoup moins amusant

que de faire de la peinture
sur les murs.

- Aussi, comme vous disiez,
on rend visible l'invisible

sans laisser le choix aux gens.

Et en les collant
là où ça nous semble pertinent,

là où les gens le verront,
on s'impose.

J'adore cette idée.

On fait rien de mal,
c'est pas de l'agression,

mais ils ont pas le choix
que de s'éduquer.

C'est de l'éducation.

- Par ailleurs,
c'est un peu subversif,

mais c'est pas
un trouble à l'ordre public.

Il ne faut pas exagérer.

Le trouble à l'ordre public,

c'est qu'on est le 8 mai,
et on est à 40 féminicides

depuis le 1er janvier.

40 féminicides en 4 mois et demi.

Ca, c'est un trouble
à l'ordre public.

D'abord pour les victimes,

et pour nous toutes et tous.

De vivre aussi près

d'autant de dangers
pour les femmes.

Et de se dire qu'à chaque fois,

ces femmes avaient porté plainte,

étaient entrées
dans des procédures judiciaires,

civiles ou pénales,

et, pour des raisons
à chaque fois différentes,

autant de cas,
autant de dossiers différents,

mais à chaque fois,

on a été incapables,
collectivement...

La justice, la police,
celles et ceux qui les entourent,

ont été incapables de les sauver,
de les protéger.

Moi, j'ai toujours un sentiment...

une grande empathie.

Je pense à la peur
qu'elles ont dû avoir,

pendant des jours et des jours.

Vivre avec la peur, tout le temps.

Ca a dû être terrible, voilà.

Et avec les enfants.

Je suis toujours frappée
par les féminicides,

les auteurs,
c'est une catégorie d'assassins

assez particulière.

Parce que les délinquants,
le plus souvent,

commettent des crimes,

mais ils ont quelque part
une petite voix qui leur dit :

"Sois plus malin que la police,
te fais pas prendre."

Ils jouent. Le braqueur, il joue.

Il croit qu'il sera plus malin
que tout le monde

et qu'il se fera pas prendre.

Tandis que là,
les auteurs savent

qu'ils vont se faire prendre.

La deuxième nuit,
ils la passeront en prison.

Et en fait,
leur haine est plus forte encore

que leur propre
instinct de conservation.

C'est un type
de délinquant particulier,

tellement animé par la haine,

c'est tellement irrépressible
de tuer cette femme

que, y compris,
ils vont directement

vers la condamnation et la prison.

Et ils y passent de plus en plus
de temps, heureusement.

Je suis frappée,
on parle beaucoup de sécurité,

le gouvernement est mobilisé
sur la question,

probablement à juste titre,

car la sécurité est un droit
pour les citoyens,

mais je suis étonnée que
les féminicides ne rentrent jamais

dans le discours sur l'insécurité.

Alors que c'est quand même
une délinquance majeure.

C'est comme s'il y avait
l'insécurité, les voyous,

les trafiquants de drogue,
les cambrioleurs,

et les féminicides par ailleurs.

Que ce soit un autre sujet,

entre la sécurité et la santé.

Le tonnerre gronde.

---

- On a un stylo
pour placer les lettres ?

Sinon,
je vais me retrouver...

- Toi, tu pourrais faire :
"#Féminicides", Clem.

Ca rentre ?
- Oui, je pense.

- Fais un "#StopFéminicides".

---

- On a dit qu'on écrivait
plutôt "mémoire".

- Oui, "mémoire", c'est bien,
tu te poses pas la question.

-"En ce jour de souvenir,
nos pensées vont également..."

-"A la famille de Manon

"et à toutes les autres femmes."

- Peut-être préciser : "A Manon".

-"Et sa famille."
- Oui.

- Ouais.

Mais je vais préciser, du coup,
"assassinée en juillet".

"Ainsi qu'à toute sa famille."

- Et, pour recontextualiser
ce qui s'est passé avec Manon :

"Le suspect de 26 ans,
ancien gendarme,

"aurait reconnu,
selon France Bleu Picardie,

"avoir porté des coups
de couteau sur la victime,

"mais nie son intention de tuer.

"Selon l'autopsie,
la victime, 19 ans,

"a subi de nombreux coups
de couteau au niveau du coeur.

"L'accusé était connu de la police

"pour dégradation,
incendie, évasion

"et appels téléphoniques
malveillants

"envers une ex-compagne.

"En 2017, il avait été condamné
à 10 mois de prison,

"dont 8 ferme,

"après avoir incendié

"la voiture
de ses ex-beaux-parents à Amiens.

"Il avait alors
été viré de la gendarmerie."

Petit rire étouffé
- Pardon.

- Il aura fallu ça.

- Il s'est suicidé
quelques mois plus tard.

- Il s'est suicidé ?
- Oui.

-"Le collectif de collage féministe
d'Amiens est ici avec vous

"pour apporter son soutien
aux familles de Claire et de Manon.

"Nous aurions aimé
ne pas avoir à être là.

"Nous souhaitons
que les violences faites aux femmes

"et aux minorités de genre cessent.

"On dit souvent de nous

"qu'on est la voix
de celles qui n'en ont plus.

"Elles sont aussi la nôtre,

"car c'est dans leur histoire
que l'on puise la force

"de continuer à se battre.

"Pour que cette marche
soit la dernière,

"pour qu'il n'y en ait
pas une de plus,

"on continuera à se battre."

---

Cloches

---

-Je ne connaissais pas Claire,

mais par les photos,
les témoignages,

j'ai pu voir une fille,
une maman, une collègue,

une amie adorable et pleine de vie.

Je suis venue
soutenir la famille de Claire

dans cette douloureuse épreuve,

car moi-même, ma vie
s'est arrêtée le 29 juillet 2020.

Ma fille Manon a été assassinée
de 17 coups de couteau

par son ex-petit-ami.

Elle était la 56e victime
de féminicide.

Manon était une jeune fille
pleine de vie,

sociable, serviable,
aimée de tout le monde,

une adolescente pleine de vie,

une confidente,
protectrice pour ses soeurs.

Elle avait encore
plein de choses à vivre.

Il nous a pris notre fille,
notre soeur, notre amie.

Malheureusement, il s'est suicidé.

Pour la famille,
il n'y a pas de procès.

Il est parti
avec la présomption d'innocence,

malgré ses actes de barbarie,

et je reste
avec mes questions sans réponses.

Arrêtons d'être
des numéros de dossiers,

nous sommes des humains.

J'ai mis au monde Manon,
c'était mon enfant,

je l'ai élevée,
nous avons eu beaucoup d'amour.

Nous avons traversé
de bons et de mauvais moments.

En tant que famille de victime,

je ne me suis pas sentie aidée
par les institutions.

Ne parlons plus
de crime passionnel.

C'est de la barbarie.

Il n'y a pas d'amour
dans un crime.

Aujourd'hui,
on ne vit plus, on survit.

Ma vie s'est arrêtée
au 29 juillet 2020.

Que justice soit faite pour Manon,
pour Claire

et pour toutes les autres victimes
et familles de victimes.

---

- Silence !

- ILS NOUS TUENT !

SILENCE !

ILS NOUS TUENT !

---

- Et un cri d'amour
pour nos mortes !

Acclamations

---

- LE KEROSENE,
C'EST PAS POUR LES AVIONS

C'EST POUR BRULER
VIOLEURS ET ASSASSINS !

LE KEROSENE,
C'EST PAS POUR LES AVIONS

C'EST POUR BRULER
VIOLEURS ET ASSASSINS !

LE KEROSENE,
C'EST PAS POUR LES AVIONS

C'EST POUR BRULER
VIOLEURS ET ASSASSINS !

LE KEROSENE

C'EST PAS POUR LES AVIONS

C'EST POUR BRULER
VIOLEURS ET ASSASSINS !

- Un violeur à l'Intérieur,
un complice à la Justice !

- UN VIOLEUR A L'INTERIEUR,
UN COMPLICE A LA JUSTICE !

UN VIOLEUR A L'INTERIEUR,
UN COMPLICE A LA JUSTICE !

UN VIOLEUR A L'INTERIEUR

UN COMPLICE A LA JUSTICE !

FLICS, VIOLEURS, ASSASSINS !

FLICS, VIOLEURS, ASSASSINS !

FLICS, FLICS, PRENEZ NOS PLACES !

NOUS SOMMES FORTES,
NOUS SOMMES FIERES

ET FEMINISTES ET RADICALES
ET EN COLERE

NOUS SOMMES FORTES,
NOUS SOMMES FIERES

ET FEMINISTES ET RADICALES
ET EN COLERE

NOUS SOMMES FORTES,
NOUS SOMMES FIERES

ET FEMINISTES ET RADICALES
ET EN COLERE

NOUS SOMMES FORTES,
NOUS SOMMES FIERES

ET FEMINISTES ET RADICALES
ET EN COLERE

- Plus fort !

Musique entraînante

---

- Ca va faire encore plus chier.

Et si tu le mets là, en face ?

- Je vais pas niquer leur beau mur
tout bien crépité.

- Comme tu veux.
- Je vais le mettre ici.

De toute façon,
ça va durer une nuit.

- Vas-y.

- Je peux prendre la...
- Vas-y.

Vas-y.

- Mets-en beaucoup,
beaucoup.

Ouais, mets-en sur le côté.

- Attention, me fous pas
le balai dans la gueule.

Vas-y.

- C'est une A4.

- T'inquiète, je tiens.

Elle est à l'envers.

Vas-y.

Vas-y.

Aboiements

OK, on se taille.

- Montez pas sur la fenêtre,
ça va casser.

- Grave. Désolée.

- Ouais, c'est bon, ça passe.

- Mesdemoiselles !

Mesdemoiselles.

Pourquoi vous faites ça ?

Bonsoir.

Vous êtes des stars ?

- Ouais, on est des stars.
Tu crois quoi ?

Il les siffle.

Je rêve
ou il nous fait des bruits de...

- Là, là !

- OK, nickel, c'est bon.

- Pourquoi tu nous siffles ?
Tu fais des bruits d'animaux.

Tu me prends pour un animal ?

- J'ai sifflé ?
- Oui, t'as sifflé.

Pourquoi tu m'appelles
comme un animal ?

- J'ai dit :
"Qu'est-ce que vous faites ?"

- Tu vois bien
qu'on peut pas répondre.

- Perds pas ton temps.
Nous suivez pas.

- Mais fais plus de bruits
d'animaux aux meufs.

C'est ça.
- Perdon, disculpa.

Elle les siffle.
- Ferme ta gueule !

- On sait que vous êtes des chiens,
mais quand même.

- Salope !

Elle rit.

- Bonne soirée !

- On a touché
ton pauvre petit ego !

Et ton pauvre petit pénis.

- Je vous casse en deux !

---

Chant des grillons

---

- Mon frère, l'année dernière,
m'a mis une claque.

Ca m'a fait péter un plomb.

- Tes parents disent rien ?

- Ca peut être très frustrant

de ne pas voir
le résultat de tes combats

sur le court terme.

C'est frustrant de te dire :
"Je me bats tous les jours,

"je mets ma santé
et ma vie, parfois, en danger.

"Je mets tellement d'argent,
d'énergie, de temps

"dans quelque chose
dont je verrai jamais le résultat."

Et parfois, ça donne envie
de pleurer, honnêtement.

Mais en même temps,

si personne ne le fait,
qui va le faire ?

Je suis bien contente, aujourd'hui,

si je tombe enceinte,

de pouvoir me faire avorter
dans une clinique

où on me jugera pas,

et d'avoir le droit de le faire
sans aller en prison.

Et ça, je ne l'ai pas eu
par le Saint-Esprit,

mais parce que des femmes
ont donné leur vie

et se sont battues pour ça.

Du coup,
j'estime que c'est mon devoir

de faire la même chose
pour d'autres droits

que mes filles, petites-filles
ou arrière-petites-filles

pourront avoir.

Musique douce

---

Musique entraînante

---

Nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

Nous sommes fortes,
nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

Nous sommes fortes,
nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

Nous sommes fortes,
nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

Nous sommes fortes,
nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

Nous sommes fortes,
nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

Nous sommes fortes,
nous sommes fières

Et féministes et radicales
et en colère

---

Musique entraînante

---