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- Tout est là.

- Son laptop?

- J'ai transféré les données
sur un cloud

avant de les effacer sur l'ordi.

Elle se doute de rien.

- Merci.

- De?

- Garder ça pour toi.
Je l'apprécie.

- (Fred):
Qu'est-ce que tu vas faire?

Juste pour être clair,

je veux pas que tu la stooles
aux enquêtes internes.

Moi, je veux juste être clean
au cas où elle se fasse pogner.

- Si tu rapportes pas
ce que tu sais,

ça veut dire que c'est toi
son complice.

Tandis que si c'est moi
qui le rapporte pas,

ça retombe sur moi.

- Il doit bien y avoir
une façon de...

Je veux dire,

c'est une des meilleures SD
que j'ai jamais vues.

Ça serait con.

Je comprends, c'est pas légal
ce qu'elle fait.

Mais c'est louable,
qu'elle traque des agresseurs.

- Laisse-moi y penser,
je te reviens.

(sonnerie de téléphone)

(claquement de porte)

- Juste là.

- Ton nom, ton âge,
ton occupation, s'il te plaît.

- Manuel Roy, 21 ans,

étudiant en génie mécanique.

- Toby Horvath, 22 ans,

étudiant en génie mécanique.

- Gabriel Caron, 21 ans,

étudiant en génie mécanique.

- Pierrick Bilodeau, 24 ans,

étudiant en génie mécanique.

- On aimerait entendre
ta version

sur les faits allégués
par Aida Roussel,

concernant un événement
qui se serait passé

le soir du party de mi-session.

- Bien, c'était écrit
dans les affidavits, non?

- On voudrait l'entendre
de vive voix.

S'il te plaît.

- OK.

On faisait un predrink chez Manu
avant de sortir en ville.

Le party de mi-session
nous tentait pas

parce que, bien...

on manquait de filles.

- Sauf qu'Aida a texté Manu

pour dire qu'elle l'attendait
au party au bar.

- Ça fait qu'il est allé au bar

pour la convaincre de sortir
avec nous.

- L'affaire, c'est qu'elle,
elle voulait baiser là.

- C'est elle qui a proposé
d'aller chez toi?

- Oui.

- Ç'a été quoi ta réaction?

- J'ai texté Caron pour qu'il
dise à tout le monde de partir.

- Quand on a vu ça,
on a fait comme:

"Voyons, le gars
nous invite chez eux

et il nous crisse à la porte
après 20 minutes."

Ça fait qu'on est allés au bar.

Pour lui dire que ça avait pas
d'allure, que c'était cheap.

- J'ai dit que je comprenais,
mais que je tripais sur Aida.

Ça fait que les gars
m'ont promis

qu'ils allaient prendre
un dernier drink à l'appart

avant de sortir dans un club.

- Elle était où, Aida,
pendant ce temps-là?

-Aux toilettes.

- Ça fait que tes amis t'ont dit
qu'ils partiraient?

- C'est ça
qu'ils m'ont dit, oui.

(cris entremêlés)

- What the fuck?

- C'est un predrink,
ils seront pas là longtemps.

- J'espère pour toi.

- T'as réagi comment
quand tu les as vus?

- Je vous avais dit
de décrisser!

- Hé, relaxe, dude!

- On finit nos bières,
on s'en va après, c'est tout.

- (Manu): J'étais en crisse
contre eux.

- Puis Aida,
elle a réagi comment?

- Je sais pas si elle essayait
de me rendre jaloux,

mais elle s'est mise à cruiser
tous mes chums.

Je l'ai trouvée cheap.

- Tu vas te faire couper l'herbe
sous le pied, mon gars.

- C'est beau,
je suis pas aveugle.

(rires)

- Wô, chill!

- Donnez-lui une médaille
à Pierrick, je m'en câlisse.

- Hé, man, si ça se trouve,
elle veut fourrer

avec toi et Pierrick,
un empêche pas l'autre, bro.

- Ça fait que c'est là
que l'idée d'un gang bang

a commencé à faire son chemin.

- Euh, Saviez-vous

qu'elle avait déjà
fait un fucking trip à 4?

Aida fucking Roussel!

- Plus que le temps avançait,

plus qu'on se disait que, fuck,
ça se pouvait!

- Qu'est-ce qui te faisait
croire ça?

- C'est simple,

mettons qu'elle nous envoyait
des signaux clairs.

- Je comprends pas
pourquoi les femmes

devraient se sentir
coupables d'aimer le sexe.

Si une fille veut faire
une fellation à un gars

dans les toilettes d'un bar,

elle devrait pas être jugée
pour ça.

- Non, non!

- Wouh! Des shooters!

Je reviens.

- Donc, après ça, Ahmed,

il est allé rejoindre sa blonde
dans un bar en ville?

- Je vais rejoindre ma blonde.
Have fun!

- En fait, les 4 gars en couple
sont partis en même temps.

Puis les 4 célibataires
sont restés.

- Bon, bien, santé!
- (tous): Cheers!

- Bienvenue!
- Merci!

- Selon les affidavits,
ça dit que...

...Aida se serait mise à danser
devant Manuel.

- Oui.

- Après ça, elle se serait
agenouillée

dans le but de lui faire
une fellation?

- Exact.

- Devant Gabriel, Toby et toi?

- Hmm-hmm.

- Comment tu t'es senti
quand t'as compris

qu'elle allait
faire une fellation?

- Oh oui!
- Dude, man, elle va le sucer!

- J'ai rien ressenti
en particulier.

- Les gars sont là.

- On a demandé
si on pouvait regarder

et elle a dit oui.

- Vous regardez,
mais vous touchez pas.

- Au bout d'un temps...

(raclement de gorge)

...elle s'est mise à sucer
mes chums aussi.

Anyway, c'est de même
que ç'a fini en trip à 5.

- T'as aimé ça?

- Hein?

- Faire du sexe en groupe,
est-ce que t'as aimé ça?

- Oui. Oui, c'était nice.

- Je pensais que
ça te tentait pas au début.

- Honnêtement, non.

Mais quand elle m'a dit
que c'était ça qu'elle voulait,

j'ai dit oui.

Finalement, c'était nice.

- (Fred): Tout ce qu'ils
ont dit se tient.

C'est plausible. Ça se recoupe.
Les détails sont précis.

- C'est ça que je disais,
ils se sont préparés.

- La vidéo de consentement
d'Aida a été filmée quand?

- Attends.
- Pas de film non plus.

C'est un one shot deal.

- Non, fais juste dire

que t'es consentante
qu'on checke le show.

- Hein?
- C'est pour que ce soit legit.

- (Fred): D'après les gars,

c'était avant
la fellation à Manu.

Ça fait qu'avant
le sexe de groupe.

- Oui, mais ç'a pas
de valeur légale

si on sait qu'elle peut retirer
son consentement après.

- Je m'apprêtais à baiser

avec Manuel Roy.

Et je consens à ce que Toby,
Pierrick et Gabriel

fassent partie du show.

(cris entremêlés)

- C'était l'idée de qui?

- Pierrick.

Il voulait se protéger.
- C'est pas louche pantoute.

- C'est une bonne idée.

- Une bonne idée?

- Bien oui,
s'ils avaient pas la vidéo,

ils seraient bien plus
dans la marde.

- On devrait peut-être les
féliciter, tant qu'à y être.

- Je fais une observation.

Si ils sont coupables,

c'est un bon move
pour discréditer la victime.

Puis s'ils sont innocents...

- Juste un petit rappel qu'on
travaille pour les victimes.

- C'est drôle, je pensais qu'on
travaillait pour la vérité.

- Eille, il est midi.
On lunche-tu?

Moi, je n'ai plus de cerveau.

C'est ma tournée, poulet,
poké bowl, ce que vous voulez.

- Poké bowl, ça me tente.
- Yeah!

Tu viens-tu avec nous autres?

- Je vais me commander
de quoi.

- Pour prouver qu'elle a retiré
son consentement,

il faut qu'elle admette
avoir consenti à la base.

- Oui, mais elle veut pas parler
de l'agression.

Puis moi, j'ai peur
qu'elle retire sa plainte

si on lui met trop de pression.

- Sa version, c'est qu'elle
a consenti à rien, right?

Celle des gars,

c'est qu'elle a consenti à tout.

- C'est ça qu'ils disent, oui.

- Toi, tu penses
qu'elle a consenti,

mais qu'elle a changé d'idée.

C'est une version

que ni les suspects
ni la victime ont évoquée.

(brouhaha de voix)

- (Alice): Moi, ce que je pense,
c'est qu'elle a honte

de s'être mise dans
une position dangereuse.

C'est ça que je pense.

- Dorcely est pas là?

- Non. Puis j'ai pas
de nouvelles.

- (Charline): Tu te bases
sur quoi pour dire ça?

- Un feeling.

Tu fouilleras les statuts
publics sur ses réseaux sociaux.

Je vais parler avec sa mère.
- Good.

- On vous appelle dès
qu'on a des nouvelles, OK?

Euh, justement,

je vais vous présenter
mes collègues.

Sergent détective
Alice Martin-Sommer,

Charline Tremblay, elles vont
m'assister dans l'enquête.

- Enchantée.
- Bonjour.

- On y va?

- Je pensais qu'on avait dit
que c'était une femme

qui rencontrait
la victime en premier.

- Ah, c'est ma faute.

Elle avait besoin d'être prise
en charge rapidement

puis vous étiez pas là.

- (Alice):
On était à 12 minutes à pied.

- (Fred): Inquiète-toi pas,
ç'a bien été.

Mais on a un problème.

- (Alice): Elle a aucun souvenir
de son agresseur?

- (Fred): Aucun.

- (Alice): Elle est allée à
l'hôpital? Au poste de police?

- (Fred): Elle est rentrée
chez eux, elle s'est couchée,

elle s'est réveillée,
elle est venue au GICCS.

- Pas de trousse médicolégale?

- Non, elle a pris sa douche
et elle a lavé son linge.

- Même modus operandi
que pour Keyinsa.

Joggeuse, femme racisée,

attaquée dans un parc la nuit,

coup à la tête, pas de témoin.

- Quelqu'un m'a violée.

- C'est un fantôme pour vrai.

- Oui, un fantôme qui a sévi
deux fois en 4 jours.

Rien nous dit qu'il a pas fait
d'autres victimes.

- Je pensais que c'était
un crime d'opportunité.

- Moi aussi, je pensais ça.

- Qu'est-ce qui le drive?

Crimes haineux? Haine raciale?

- Pour le savoir, il faudrait
rentrer dans sa tête.

Viens-tu, je vais aller parler
avec la mère d'Aida.

- Pour?

- Charline propose une nouvelle
approche pour l'enquête.

Viens, je vais t'expliquer.

(brouhaha de voix)

(sonnerie de téléphone au loin)

- (Charline): Mettons que,
dans un monde hypothétique...

Mettons qu'on apprend
qu'elle nous ment.

Je dis pas qu'elle ment.

Je me demande juste ce serait
quoi la procédure.

- (Alice): Bien, la procédure,

ce serait que son statut
passerait de victime à suspect.

On l'interroge et si on a
des preuves de méfait public,

on soumet ça au dossier
au procureur.

- OK. Ça pourrait se revirer
en procès contre elle?

- Je sais pas, mais le DPCP

refuse presque tous
les dossiers.

(notification de messagerie)

- OK, à moins d'une catastrophe,

ça peut pas se revirer
contre Aida?

- (Alice): Où tu t'en vas
avec ça, toi?

- (Charline):
Je me dis juste que...

tant qu'à avoir des suspects

qui sont rodés
au quart de tour...

...si on teste la solidité
de la version d'Aida,

on va peut-être découvrir
des choses

qui feraient avancer l'enquête.

Puis au pire...

...ça finira pas en cour.

- Elle s'est beaucoup cherchée
au secondaire.

Elle faisait du sport,
du chant, du théâtre.

Le genre d'affaire
où il y a pas de débouché.

Ça fait qu'en secondaire 5,

il a fallu que je la casse.

À cet âge-là,

on réalise pas que
le chômage, ça peut venir vite.

- Il a fallu que
vous la cassiez comment?

- Je lui ai dit soit elle prend
ses études au sérieux,

soit je la mets en dehors
de la maison à 18 ans.

- Vous trouvez que les domaines
artistiques et sportifs,

ça manque de sérieux?

- Bah...

Aida est très...

comment je dirais ça...

elle a l'air réservée,

mais elle aime ça
avoir l'attention.

Il faut tenir la laisse serrée,
sinon, elle fait des niaiseries.

- Je trouve qu'elle a l'air
d'une jeune femme responsable.

- Elle l'est, elle l'est,

mais quand il y a
un spotlight, elle le veut.

Quand elle jouait au soccer,

elle fêtait ses buts
comme une hystérique.

Quand elle faisait du théâtre,

elle enterrait les autres.

D'ailleurs, ça tombait sur
les nerfs aux autres filles.

- Est-ce qu'elle avait
des amies proches,

des confidentes?

- La seule qui me vient en tête,
c'est Tranh.

une amie du cégep.

Quoique dans
les derniers mois...

- La plupart des filles ne
voulaient pas amener leur chum

quand elle était là.

Tout son non-verbal changeait.

Elle flirtait avec eux,

devant leurs blondes.

C'était gênant.

- (Alice):
Mais vous avez été amies?

- Parce que, quand il y a pas
de gars autour,

elle est super.

Elle est brillante,

et ouverte.

Elle a full d'écoute.

Mais elle veut tellement plaire
aux gars...

Puis le nombre de fois qu'elle
m'a parlé de son trip à 4,

sérieux!

- C'était dans quel contexte,
le trip à 4?

- Une date sur FeelU.
- Sur quoi?

- Un site de
rencontres sexuelles.

Aida était assez active
là-dessus.

- Je veux que tu te mettes
sur le mandat rapidement.

Plus vite on va avoir accès
à son profil FeelU,

plus vite on va avancer.

OK, merci, Charline.

- Elle devait se douter
que le trip à 4

se revirerait contre elle.

Sinon, elle
nous en aurait parlé.

- Ses habitudes sexuelles ont
rien à voir avec l'agression.

Même si elle a
fait un trip à 12,

elle serait pas plus coupable.

- Il reste qu'elle nous cache
bien des affaires.

- Moi aussi, si j'avais une mère
stricte de même,

je suis pas sûre
que j'étalerais ma vie sexuelle.

Je...

Je voulais m'excuser.

- Pourquoi?
- À midi.

Quand j'ai dit qu'on devrait
les féliciter.

- C'est correct, c'est oublié.
- Non, non.

T'étais là pour moi dernièrement

puis de remettre en doute
ton intégrité,

c'est cheap de ma part.

Je suis désolée.

- Il y a personne de parfait.

- Hé.
- J'ai eu le mandat!

J'ai déjà commencé à éplucher
son profil.

- Je peux finir la job
si tu veux.

Il faut que je reste
au bureau anyway.

- Fred, j'ai pas réussi
à rejoindre Dorcely.

- Qu'est-ce que tu lui veux?

- Euh... je veux prendre
des vacances avec la petite.

- Mais Fred, ça me dérange pas
de rester.

Moi, j'ai rien à soir.

À moins qu'il y ait de partants
pour un 5 à 7!

- Tellement pas moi!

- Maudit que vous êtes plattes!
Sérieux!

♪♪♪

- Juste pour être claire,

je suis pas en train
de blâmer ma fille

pour ce qui s'est passé.

- (Alice): On n'en doute pas
une seconde.

- Elle a vite compris que
la séduction, c'est une arme.

Dans mon métier, en tout cas,
c'en est une.

C'est juste
qu'elle l'utilise mal.

- Vous êtes agent d'immeuble?
- Oui.

- Rémy Deblois,
vous le connaissez?

- De nom seulement.
C'est un agent. Pourquoi?

- Oh non, rien.

Curiosité.

Merci.
- Merci.

♪♪♪

(signal d'ouverture de session)

- Elle a l'air réservée, mais
elle aime ça avoir l'attention.

Quand il y a un spotlight,
elle le veut.

- C'est qui Rémy Deblois?

- Un agent d'immeuble avec qui
je veux faire affaire.

- Tu déménages encore?

- Je me cherche un chalet.

- Toi?

Toute seule dans un chalet?

- Je fais juste regarder.

(sonnerie de téléphone)

- Rémy Deblois.

- Oui, allô, euh...

C'est la fille que t'as...

[à qui t'as... bien...]

[tu sais, la fille qui
travaillait à côté de toi]

[hier soir au bar?]

- Hein?

OK!

Oui, OK!
Que me vaut l'honneur?

- [Je...]

C'est ça, je voulais savoir
si t'étais libre ce soir.

- Euh...

- [Parce que je me cherche
un chalet,]

puis la barmaid m'a dit
que t'étais...

[euh...]

[Allô?]

- Oui, oui, non,
c'est tout à fait possible,

sauf pas ce soir.

Je suis pas disponible
en ce moment,

je suis en pleine visite.

[Mais peut-être demain soir?]

- Ah bien non, demain,
pas de problème.

8h, est-ce que ça va?

- Oui, tout à fait.

Euh...

je peux me déplacer chez toi
si tu veux.

- Non, non, non.

Non, le bar de l'autre fois,
c'est parfait.

En plus, je serai jamais capable
de ramasser mon bordel

d'ici ce temps-là,
ça fait que...

- Parfait! Ton nom, c'est...?

- Jade! Jade Roussel.

- Enchanté, Jade.

À demain!
- [Oui, à demain.]

- Je suis tombée en bas de ma
chaise en scrutant son profil.

C'est vrai qu'elle était active
sur FeelU, jusque-là, ça va.

Mais la personne avec
qui elle était en contact

pour le trip à 4, par exemple,
attachez vos tuques.

- Ah bien!

- Je sais pas
ce qu'elle vous a dit,

mais c'est la fille la plus
hypocrite que j'ai jamais vue.

- (Fred): C'est arrivé quand?

- (Charline): Il y a 3 mois.

Chez un cousin à Ahmed, un mois
et demi avant l'agression.

- (Alice): C'est qui
qui l'a initié, elle ou lui?

- (Charline): C'est elle.

- (Alice): Avaient-ils établi
des paramètres clairs

avant de se rencontrer?

- Oui. C'est full respectueux,
pour vrai.

Aida avait même un safe word.

En gros, Aida
voulait coucher avec Ahmed

pendant que ses cousins
les regardent.

Il a beaucoup insisté pour
que ce soit un one shot deal

et qu'ils en parlent
à personne après.

- Alice? Dorcely veut te voir
à son bureau.

- Oh, parfait.
- Maintenant.

- On va aller le rencontrer.

Tu peux m'attendre dans le char.
- Ouais.

(brouhaha de voix)

- Oui?

- Assieds-toi.

- J'ai pas beaucoup de temps. Il
faut que j'aille à l'université.

- Pour?
- Pour l'enquête.

- Mais encore?

- Parler à quelqu'un.

- À qui?

- Un témoin. Pourquoi?
Tu veux venir avec moi?

- Alice, est-ce
que tu te considères

comme quelqu'un de loyal?

- Oui.

Je suis loyale avec les victimes
que je défends,

avec les personnes que j'aime.

Je suis loyale avec ceux
qui le sont avec moi.

- Et si quelqu'un venait à
manquer de loyauté à ton égard,

tu réagirais comment?

- Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
a manqué de loyauté à mon égard?

- Réponds à la question.

- J'ai pas beaucoup
de pitié pour ça.

- Et si toi,
tu manquais de loyauté?

- Est-ce que j'ai déjà manqué
de loyauté?

- Pas à ma connaissance.
- Pourquoi tu demandes ça?

- J'ai des décisions importantes
à prendre prochainement,

qui auront un impact
sur le GICCS.

- Quel genre de décision?

- C'est long à expliquer.

Et je voudrais pas retarder
ton enquête.

♪♪♪

(Toc! Toc! Toc!)

- Désolé, j'ai rien à vous dire.

- Permets-moi d'en douter.

- Je suis pas obligé
de vous parler.

- Non, mais je vais m'arranger
pour que tu le sois

tant que tu nous parleras pas
de ton expérience

de sexe en groupe
avec Aida Roussel.

- Fuck.

Ma blonde et moi, on est en
couple depuis qu'on a 13 ans.

Après tout ce temps,
c'est normal qu'on ait envie

d'essayer des nouvelles choses,
des nouvelles expériences.

On a perdu notre fucking
virginité ensemble.

- On n'est pas ici
pour te juger.

On veut juste savoir c'est quoi
ta relation avec Aida.

- Il y a pas de relation
avec Aida.

On a fait un trip à 4
et on s'est dit bye.

- T'as pas l'air de l'aimer
beaucoup, on dirait.

- Non, pas spécialement.

Je vous l'ai dit,
c'est une fucking hypocrite.

- Est-ce que ta blonde
était au courant

que t'avais un profil sur FeelU?

- Ça, ça vous regarde pas.

- Moi, je pense que c'est
pour ça que t'en veux à Aida.

Parce que ta blonde l'a su.

Ta blonde l'a su?

- Oui.

Elle l'a textée pour lui dire.

- Pourquoi elle a fait ça?

- Je sais pas,
vous lui demanderez.

- Comment tu décrirais
ton expérience avec Aida?

(rire)

- Vous êtes sérieux?
Vous voulez savoir ça?

Vous voulez des détails et tout?

- Est-ce que ça s'est mieux
passé avec tes amis chez Manuel?

- Oui, ça s'est mieux passé
qu'avec mes amis chez Manuel.

- C'est parfait ça.
Donc, il y a pas eu de dérapage?

- Zéro, on a mis des limites
claires et on les a respectées.

(sonnerie de téléphone)
- Oui?

- On a pris des fucking bières
ensemble après.

- C'est beau.

- OK.
- Alice.

- Attends un petit peu.

- C'était Charline.

Aida a retiré sa plainte.

(bruits d'orage)

- Ça sert à rien à part lui
faire revivre son agression.

Il doit bien y avoir quelque
chose que vous puissiez faire?

- Savez-vous pourquoi
elle a changé d'idée?

- Non.

- Moi, je pense que si
elle veut retirer sa plainte,

c'est parce qu'elle a honte.

- J'imagine, pauvre elle.
- Non.

Par rapport à vous.

- Bien voyons.
Je la supporte.

- Mme Roussel--
- Je la crois depuis le jour 1.

Je suis jamais dans le jugement.

- Je pense justement

que c'est de votre jugement
que votre fille a peur.

Parce qu'elle était probablement
consentante dès le départ.

- Consentante?

À se faire baiser par 4 gars
en même temps? Voyons donc!

- On a des raisons de croire
qu'elle a consenti au début,

mais elle a retiré son
consentement en cours de route.

- Ma fille, c'est une charmeuse,
mais c'est pas une...

- Elle a déjà fait du sexe
en groupe dans le passé.

- C'est arrivé
au moins une fois.

On a des preuves, des témoins.

- Mais c'est pas
ce que vous pensez.

C'est elle qui voulait vivre
cette expérience-là.

Elle a même dit à des proches
qu'elle avait aimé ça

et que ça s'était fait
dans le respect.

- Je pense pas
que se faire baiser

par une gang de gars,
ça s'appelle du respect.

- Il est là, le problème.

Parce que oui, ça peut se faire
dans le respect.

Mais si elle a peur
que vous la jugiez

ou que vous la mettiez
à la porte,

ça se peut qu'elle soit
hésitante dans sa démarche.

- C'est ma fille,
je la jugerai pas.

- C'est pas à nous autres
qu'il faut dire ça.

(sirène de police au loin)

(brouhaha de voix)

- Bonsoir.

Ah!

- Jade.

- Oui.
- Ça va bien?

- Oui, ça va.
- Très content de te voir.

Ça fait que...

un nouveau chalet!

- Oui!
-Beau projet, ça!

- Oui, quand même.

Ma job me tire bien du jus,

ça fait que j'ai besoin
d'une place pour me sauver.

- Hmm, c'est quoi tu fais
comme job?

- Une job de bureau.
- OK.

- Fonction publique,
platte à mort.

- Ah! Je compatis.

J'ai fait quoi, 5 ans
comme analyste dans la GRC.

J'ai haï ça.

Alors, on se dit...

j'imagine pas trop loin
de Montréal?

Combien de pièces?
- Euh...

Je sais pas,
j'ai pas pensé à ça.

- Bien, as-tu des enfants?
Un conjoint?

- Non, ni un ni l'autre.

- OK.

Alors...

Excuse-moi,
tu me rappelles quelqu'un.

- OK.

Quelqu'un de bien, j'espère.

- Oui, oui, oui.

Un vieux quelqu'un.

Euh...

Alors, tiens, regarde.

Je vais juste ajouter 75 000.

- Ah oui, hein!

- Regarde.

Tout d'un coup, t'as un lac.
Tu vois?

- Oui, c'est juste
que je sais pas

si je suis capable de monter
mon budget aussi haut.

- Bon, bien on oublie
le bord de l'eau,

on change peut-être de région,

tu vas peut-être devoir faire
deux heures de voiture.

- Ouais...
(petits rires)

- Gros dilemme.

- Oui, quand même.

- Euh...

- Ça va prendre encore
un peu de ça.

- On change les paramètres
un petit peu.

Non, merci, pas pour moi.

Ça va-tu?

- Je...

je pense que j'ai assez bu
finalement.

Ça et dérange-tu si on remet ça
à une autre fois?

J'ai comme mal au coeur.

- Non, non, ça va.

T'es correcte? Veux-tu
que j'aille te reconduire?

- Non, non, je vais y aller.

Merci pour le... ça.

- Tu me fais signe
quand tu vas mieux?

- Oui, oui.

(brouhaha de voix)

C'est quoi?

- Je fais le tour des archives
de différents médias

pour voir s'il y a d'autres
attaques de joggeuses.

- Puis?

- Non, soit les victimes
sont caucasiennes,

soit les agresseurs
ont été retrouvés.

- Bon, on continue à chercher.

Hé!
- Allô.

- Excusez-moi.

Il y a Aida Roussel et sa mère
qui aimeraient vous parler.

- (Alice): D'abord,
je veux que tu saches

que tu fais la bonne chose.

- Bonjour.

- (Alice): On est conscients
que c'est difficile

et que ça demande du courage.

Mais si tu veux qu'on t'aide,

il va falloir que tu nous dises
la vérité, Aida.

On a fait la chronologie
des événements,

on aimerait ça vérifier ça
avec toi.

On va commencer
avant l'agression.

Prête?
- Oui.

- Oui.

- Il y a 3 mois,
est-ce que t'es allée

sur une date FeelU avec
Ahmed et ses deux cousins?

- (Alice): On n'est pas là
pour juger ta vie sexuelle.

On veut juste t'aider.

- Oui.

- Qu'est-ce qui s'est passé?

- J'ai baisé avec Ahmed

pendant que ses cousins
se masturbaient.

- Est-ce que
ça s'est bien passé?

- Vraiment.

- (Ahmed): Je vais être honnête
avec vous, Aida,

c'est une agace!

Elle veut qu'on se crosse
en la regardant.

- Je vois pas le lien
que tu fais.

- C'est juste une fille
qui cherche de l'attention.

Puis là, elle s'est trouvé
de l'attention

en foutant la fucking merde
dans mon couple.

- Est-ce que t'as écrit
à la blonde d'Ahmed

pour lui dire que t'avais couché
avec son chum?

- C'est pas un piège, là.

C'est juste pour vérifier
des informations.

- Oui.

- Pourquoi?

- Il parlait d'elle
comme si c'était une épaisse.

Il s'est vanté de l'avoir
trompée plein de fois,

il disait qu'elle baisait mal.

Je sais pas,
ça m'a mise en crisse.

Je m'en suis voulu.

J'ai regretté.

- Pour le party de mi-session,

est-ce que c'est toi qui
as invité Manuel Roy en date?

- Oui.

- Est-ce que c'est toi qui as
proposé de rentrer avec lui?

- Oui.

Je m'excuse d'avoir menti.

J'avais peur qu'on pense que...

...que c'est de ma faute.

- (Alice): T'as pas à te juger
pour ça, Aida. C'est correct.

- (Fred): As-tu flirté
avec les amis de Manuel?

- Je suis tellement conne!

Je me suis pitchée dans le piège
comme une estie de conne.

Mettons qu'à soir, je voudrais
baiser avec Manu.

Puis...

une couple de gars
dans votre gang.

- Ouain?

- Personne devrait me dire
que c'est mal?

- Bien non. Non,
c'est sûr que non.

- Wouh! Des shooters!

Je reviens.

- (Alice): T'es pas conne
et c'est pas de ta faute.

C'est pas parce que tu dis à
quelqu'un que t'as envie de lui

que ça lui donne le droit
de faire ce qu'il veut avec toi.

(roulement de voitures)

- J'ai vraiment aimé ça
avec Ahmed et ses cousins.

Puis j'ai eu une occasion de...

...de le refaire.

- (Alice):
Qu'est-ce qui s'est passé?

- Elle a accusé Manu
de l'avoir violée

puis elle l'a retexté pas plus
tard qu'hier.

Si c'est pas une fille
qui cherche du drama...

- Attends, elle a texté
Manuel hier?

- Oui! Plusieurs fois, même.

- (Alice):
Pourquoi elle a fait ça?

- Elle voulait savoir
s'il voulait l'aider

à dénoncer les autres gars.

Crisse de folle, celle-là!

- Tu peux nous suivre.

Merci beaucoup
de t'être déplacé.

On voulait vérifier certaines
informations

avant de fermer le dossier.

- Ça me fait plaisir.

- OK.

Parle-nous de tes amis...

- Hein?

- Bien oui, votre dynamique
de groupe, là...

de qui t'es proche,
de qui tu l'es pas,

ce que vous faites,
vos activités.

- En quoi c'est important?

- On veut juste se faire une
tête sur ce qui est arrivé.

- OK, euh...

On s'est rencontrés
au début du bacc.

On est huit.

- Juste des gars?

- On a genre 92% de gars
en génie mécanique.

- Hmm-hmm.

Qu'est-ce que vous aimez?

Le hockey, la boxe?

- Ces affaires-là, oui.
Des trucs de gars.

- Comme?

Aller aux danseuses?

- Ça peut arriver, oui.

- T'as pas l'air d'aimer ça.

- Honnêtement, pas tant.

- Une fois de temps
en temps, non?

- Bah...

Payer une fille
pour qu'elle fasse semblant

de te trouver cute, non merci.

- Mais ça t'arrive
d'y aller quand même?

- Quand la gang y va,
je la suis.

- Mais t'es pas obligé.

Comme quand t'as couché
avec Aida,

il y a quand même 4 gars
qui sont partis.

- C'est normal,
ils avaient des blondes.

- OK, ça fait que t'es plus
proche des célibataires?

Pierrick, Caron, puis...

- Toby.

- Pourquoi on parle d'eux?

- On nous a dit
que c'était tes bons amis.

- Oui, oui, on est proches.

- Ouais?
- Ouais.

- Vous avez votre
propre dynamique, hein?

- Hmm-hmm.

On se voit souvent.

- Hmm-hmm.

C'est quoi ça?

- D'où tu sors ça, toi?

- Si je te disais
que c'est quelqu'un de ta gang

qui me l'a envoyé,
tu réagirais comment?

- Esti!

Mon avocat m'a dit

que j'étais pas obligé de
répondre à vos questions, OK?

- Absolument, c'est vrai.

Je vais essayer
de deviner pareil.

C'est euh...

la longueur de vos pénis?

En pouces?

- Hein?
- En centimètres?

- Eille, fuck off!
- C'est quoi d'abord?

- C'est n'importe quoi, c'est...

C'est le nombre
de filles qu'on a fourrées

depuis le début
de la session, c'est tout.

- OK!

- Boy!
Tu traînes de la patte.

- J'étais en couple
avec Ophélie, c'est normal.

- Vous comptabilisez les filles
avec qui vous couchez?

- Non, c'est juste...

C'est parce qu'on se niaise
souvent là-dessus

puis les gars exagèrent
leurs chiffres.

Je tiens le décompte,
c'est tout.

- Penses-tu qu'ils font la même
affaire avec toi?

- C'est moi qui me fais le plus
niaiser, ça fait que non.

Bien, on se niaise entre amis.

- C'est des bons amis.

- Oui.

- C'est pas ça
que ton ex nous a dit.

Hein?
- Non.

- Elle nous a même dit

que tu te mettais à plat ventre
devant eux autres.

- Il voulait vraiment être
one of the boys.

- De quoi elle se mêle, elle?

- Il paraît que c'est pour ça
qu'elle t'a laissé.

- Man, elle va le sucer!

- (Fred): Je pense
qu'elle te trouvait mou.

- C'est ça, hein?
- Mou? Moi ça?

Esti!
- Je le comprends, tu sais.

Un gars qui est pas capable
de défendre sa blonde...

- C'est ça qu'elle t'a dit?

- C'est ça que j'en déduis.

- Les gars sont là.

- Un gars qui ramène une fille

et qui laisse ses chum
lui passer dessus.

- Va chier!
- C'est pas vraiment viril.

- On lui a donné
une estie de go, à Aida.

- Je penserais pas, non.

Même si t'essayes
de jouer au tough,

c'est pas ton genre,
donner des go.

- Oui, puis t'en sais quoi, toi?

- Si ça avait été ton genre,
t'aurais bandé, non?

- Fuck...

- Come on, dude!

- C'est pas grave.

- On change de place, au pire.

- Non.

C'est pas grave, pour vrai.

- Fuck, Manu!

- Lâchez-le donc!

- Non, c'est pas ça pantoute
qui s'est passé.

- C'est la version d'Aida.

- C'est n'importe quoi,
sa version.

- Pourquoi elle aurait
inventé ça?

Elle nous a pas dit
que les 3 autres bandaient pas.

- C'est pas comme ça qu'on fait.

- Qu'est-ce que tu fais?

(mots indistincts)
What the fuck!

(mots indistincts)

- (Aida): Arrête!
- (Manu): Pierrick, arrête.

(gémissements)

Pierrick, arrête!

Pierrick!

- C'est pas grave.

(gémissements)

T'as pas à te sentir mal

de pas avoir été excité par ça.

C'est pas tout le monde
qui aime ça, le sexe en groupe.

Puis c'est pas tout le monde
qui aime ça

assister à ce que t'as vu.

- (Manu):
Ils l'ont fourrée devant moi.

Ils savaient
que je tripais dessus

et ils l'ont fourrée devant moi!

(gémissements d'Aida)

- Est-ce qu'elle a changé d'idée
en cours de route?

- Non.

- Non.

- Elle a rien dit
à ce sujet-là, non.

- (Manu): Elle a dit
qu'elle voulait pas.

Elle voulait qu'ils regardent,
mais c'est tout.

Eux autres, ils disaient que...

qu'elle le méritait parce
qu'elle avait agi en salope.

- Police!

- (Alice): Manuel...

...quelqu'un qui veut pas,
il y a un nom pour ça.

Je suis désolée.

(gémissements)

(sanglots)

- C'est fait.

- Là, dites-moi pas qu'on
s'en va pas à la bière tantôt!

- Let's go!

- On y va!

- Ha! Ha! Ha!

Hi-ha!

Ah bien, un revenant!

- Alice!

Est-ce que je peux te parler
dans mon bureau, s'il te plaît?

- Tu nous rejoindras après.

Viens-t'en!

- Une douzaine de policiers
ont fait le party

dans un bar près du GICCS.

L'agression a eu lieu
dans la voiture du suspect,

derrière le bar.

- Dorcely veut te transférer
dans un autre département.

- Hein?

- Fred a l'expérience du GICCS,

c'est le meilleur candidat
pour ça.

- Ma fille de 16 ans s'est fait
photographier la vulve

pendant qu'elle était soûle
dans un party.

Elle s'est fait slut shamer

jusqu'à tant
que je la change d'école.

S'il y en a un icitte

qui prend ça à coeur,
c'est bien moi!