All language subtitles for Tendre voyou.1966.FR.WEBRIP.720P

Mademoiselle !... Mademoiselle !

Vous avez oublié quelque chose.
Vous avez oublié de me regarder.

Mais regardez-moi !
N'est-ce pas extraordinaire ?

Votre visage et le mien,
2 profiles de camées.

Vous nous voyez,
côte à côte, sur un médaillon ?

Il faudrait... je sais pas... fonder un foyer
pour que nos enfants nous ressemblent.

Oui, un foyer. Un grand feu.

Avec de grands chiens
couchés devant la cheminée.

Fichez-moi la paix !

Mais c'est qu'une pétasse !
- Au secours !

Un satyre ! Lâchez-moi !

Non, mais eh !

De l'air ! Couché !

J'ai horreur des goujats.

Est-ce que je peux
vous déposer quelque part ?

Je ne sais pas si...
- J'ai ma voiture.

Bon, j'allais avenue Montaigne.

C'est la providence qui m'envoie.
Je vais avenue George V.

Pourquoi me regardez-vous ?

J'essaie de vous resituer.

Je vous ai déjà vue, j'en suis sûr.

Ah non ! Ne m'aidez pas !
Ça va me revenir.

Monte Carlo, la piscine du Beach.

Sûrement pas,
je n'y ai jamais mis les pieds.

Pourtant, je vous revois
en maillot de bain.

Des images qu'on oublie pas.

Attendez...
Ça y est, j'y suis !

Cap d'Antibes !
- Non.

Non plus ?

Dire que j'avais une mémoire légendaire !

Je fume plus, c'est trop bête !

Vous n'étiez pas à Portofino
vers le 15 août ?

Non, à Deauville.

Deauville, bien sûr !

Ah, le polo !

Vous avez remarqué
que je monte à l'indienne ?

Malheureusement pas.
Je ne suis jamais allée au polo.

Vous n'êtes jamais allée au polo.
Au casino, peut-être ?

Ça, c'est possible.
J'y étais tous les soirs à la roulette.

Je peux vous donner un conseil ?
Vous ne devriez pas fréquenter ces endroits-là.

Vous y allez bien, vous.
- Par obligation, vous savez.

J'ai 50 % des actions
dans la société des bains de mer.

Je suis forcé de temps en temps
de jeter un coup d'œil, sinon...

l'empire s'écroule !

«Le reflet de vos cheveux
dans la lumière».

«Je ressens encore
ce petit pincement au cœur».

«Souvenirs, souvenirs,
que me veux-tu ?»

Vous êtes un drogué ou un maniaque ?

Vous n'allez pas couper à la prise de sang.
- Jeune homme, je ne vous permets pas !

Y a pas de jeune homme !

N'abusez pas de votre âge,
c'est grâce à lui que je ne vous fais pas une tête !

Vous avez votre permis, au moins ?
- Depuis 1920.

Terminé !
Je dîne avec le préfet de police.

Je vais vous recommander.
Faites-moi confiance !

Où vous allez ?
- Je suis arrivée.

Oh, j'aurais aimé vous accompagner,
histoire de vous gâter un peu.

Avec cet imbécile,
je suis forcé d'aller changer de voiture.

La vie est infernale.

Je vous retrouve, je vous reperds.
Dites-moi, on dîne ensemble, ce soir ?

Et le préfet de police ?
- Je le décommande. Danton 84-20, et vous ?

Ciao.
- Ciao.

Oh, merde !

À nous 2, le forcené !
Alors, le numéro...

786-NF-75.
C'est pas une voiture volée, j'espère ?

Je suis forcé
de vous faire confiance.

Alors, dégâts... Phare.

Pare-choc et direction sous réserves.

À prévoir,
examen médical du chauffeur.

C'est plutôt vous
qu'on devrait examiner.

Ça manque de tuer une famille
et ça fait de l'esprit !

Attendez,
j'ai des amis à la faculté.

Quand ils vous auront vu,
c'est une patinette qu'on vous laissera conduire.

Et encore, le jeudi au square.

Jeunesse pourrie !

Salaud !

J'ai le numéro du fou.

La carte grise, la vignette,
les clefs, tout ! Allez, vite !

Qu'est-ce qui se passe, patron ?
Vous êtes fâché ?

Mais pas du tout.
Un type comme vous, faut connaître !

C'est une attraction !
Ça rend fou !

- La porte !
- Si je m'attendais à ça !

Pas une voiture vendue en 3 mois,
c'est un record, non ?

Patron, y a un de ces
marasmes dans l'automobile.

Et 5 voitures emplatrées,
c'est pas un record ?

Vous ne nuirez plus.
Je vous inscris sur la liste rouge.

Celle des dangereux,
des malfaisants !

Pour vous, la voiture
d'occasion, c'est terminé.

Terminé !

C'est fini, ces bagages ?
On va vider les lieux ?

Qu'est-ce que vous attendez ?
Des indemnités ?

Le mois double ?
Ou mon pied au cul, hein !?

Je voulais présenter
mes hommages à Mme votre épouse.

Je transmettrai.

Que je vous vois plus
rôder dans le secteur !

Vous êtes interdit de séjour !

Vous allez aux Champs-Élysées ?
- Oui.

Ça marche.

Je m'excuse. J'espère que les échos
ne vous sont pas parvenus !?

Les échos de quoi.
- Une mise au point avec le patron.

Je me suis laissé emporter.

Son chèque en morceau,
comment que je lui ai jeté à la figure !

10 million.
- Pour quoi ?

Pour que je reste. Pour que
mon nom continue à servir de paravent.

Par derrière, on trafique,
on maquille. C'est fini.

Maintenant, la tête haute.

Dis donc, vous voulez pas
repasser en seconde ?

Votre boîte fait un drôle de bruit.

Y aurait une bizarrerie dans les pignons.
Vous l'avez achetée ferme ?

Je l'ai à l'essai pour un mois.
J'ai tout de même fait un versement.

Aha !

Toujours inquiet ?

À cause de ma boîte de vitesses ?

À cause de tout.

Je ne comprends pas.
Elle n'a que 8.000 km.

Le compteur aura été trafiqué.
C'est le coup favori de la maison.

Tiens, je voudrais voir
votre direction et votre châssis.

Vous ne seriez pas le 1er
que le père Ponce envoie aux pâquerettes.

Nous vivons
une époque de voyous.

Je vais vous abandonner ici
parce que je vais retourner chez ce bandit.

Va falloir qu'il me rembourse mon argent,
et avec des excuses encore !

Vous avez fait de la boxe ?
- Oui, 5 ans en amateur.

Sans vouloir vous influencer,
il y a des corrections qui s'imposent.

Mes patins.

Non mais !

Merci.

Allô, le 117 à Évreux ?

Ne quittez pas, on vous parle.
1re cabine, monsieur.

Un jeton, madame.

Gardez la monnaie.
- Merci.

Et mon numéro, madame ?
- Ça vient.

Allô ? Allô ?

Allô chérie ?

C'est Tony.
- Tony ? - Oui.

Je ne vous ai pas
téléphoné plus tôt parce que...

Ah, te revoilà !

Y a 3 mois, tu es parti soi-disant
pour aller chercher des huîtres.

Mon Dieu que j'ai pu être bête.
Va te faire voir !

Merci monsieur.
- De rien, madame.

Ah, c'est toi ? Alors ?

Ça a marché ?
La fille du Ritz ?

Zéro, c'était une poule.

Je t'ai déjà dit 100 fois
que c'était pas mon genre.

Je fais ce que je peux.
Je me donne du mal.

C'est à la fortune du pot, notre truc.
Un jour, ça va ; un jour, ça va pas.

Ça ne fait rien.
On recommencera demain.

Non merci. J'en ai assez
de prendre des claques.

Monsieur Antoine,
je vous mets un couvert ?

- Non, j'ai pas faim.
- Je mange pas, j'ai des vertiges.

M. Antoine, quand on se dépense
comme vous, il faut manger.

Sans façon, je suis noué.

Qu'est-ce que t'as ?
- Rien.

Dis-moi, t'as l'air bizarre.

T'as même l'air emmerdé.

J'ai donné ma démission au père Ponce.
- Oh la vache !

À cause de sa femme.

Les galipettes dans le dos
du mari, j'ai horreur de ça !

J'ai mes élégances.
- Les élégances, mais...

Quand il s'agit d'honneur,
avec moi y a pas de mais.

Bravo ! Mme Aline !

Vous nous ferez marcher les cafés.

Le train bleu arrive dans 20 minutes.
Le temps de se mettre en piste.

Dites donc,
vous vous y prenez à l'avance.

À New York,
ça se passe pas comme ça.

Ça doit pas être la même vie.

Là-bas on paye,
on est servi.

T'as fini ?

Ouais.
- Alors tu payes et on s'en va.

Je te dépose quelque part ?
- Oui, chez toi.

Oh non. Pas ce soir,
j'ai du monde.

Ouais, une amie.
Enfin, une relation.

Mauricette, 20 ans, fleuriste.

Extrêmement bon genre.
- Ah oui ?

Son père est aux douanes.
Elle a son BEPS.

Une primaire, quoi.
Et ça couche dans mon lit !

Je demande pas d'emballer des duchesses.
Je connais tes limites, mais quand même !

D'ici à tomber dans
la marchande des 4 saisons !

Hé ho, attention !

Où je t'emmène ?
- Chez Germaine.

La Germaine ?
- T'as quelque chose de mieux ?

Ben non.
- Alors roule.

Oh, Tony ! Tony !

Mon bijou ! Mon trésor !

6 mois sans toi !
J'ai cru devenir folle !

Elle a cru devenir folle, Germaine.

Mon bijou, viens vite.

Tu vas rentrer, mon petit trésor.

T'es tout essoufflé !
L'ascenseur est en panne ?

C'est ça qui est en panne.

Tu te souviens de ce samedi ?

Où on devait aller à Barbizon.

La joie qu'on se faisait.

Je sors ma bagnole du garage.

Je me sentais bien.

Tout d'un coup, crac !

L'infarctus.
Un homme foudroyé !

Heureusement,
c'était à un feu rouge.

2 mois de clinique.
Thrombose.

Et hop, rechute !

Hibernation.

L'antichambre de la mort.
- C'est pas possible !

Sorti ce matin.

Je devrais pas me lever.

Mais fallait que je te voie.
- C'est pas raisonnable.

Je pensais qu'à toi.
Dans mon délire, je t'appelais.

Je hurlais.
J'ai ameuté tout le service.

Les infirmières m'ont raconté.
- Mon gros chéri !

Porte de la faculté.

Pendant une semaine, on va être
forcés de vivre comme frère et sœur.

Ça va être dur.

Ta santé avant tout.
Pour pas te tenter, tu sais ce qu'on va faire ?

Tu vas prendre la chambre.
Moi je vais dormir là.

Non, ça je ne peux pas accepter.
- Tu veux faire une rechute ?

Non ? Alors !
Et demain, interdit de te lever.

Tu prendras
tes repas au lit.

T'as un régime ?

Infernal.

Des grillades, du poisson...

Dis donc, tu savais ça
qu'on recommandait le caviar ?

- Non.
- Eh ben si.

Et pour la boisson ?
Je fais rentrer des eaux minérales ?

Oui, bien sûr.
Tu peux faire entrer aussi du bordeaux.

À condition qu'il soit de 1er cru.
J'y ai droit.

Droit aussi à du whisky.

Oui, pour les troubles vasculaires,
ce serait presque un médicament.

Ta bouteille est dans le buffet.

Comme c'est drôle...

...j'ai l'impression
d'ouvrir une armoire à pharmacie.

Quelle vacherie, la vie !

Notre petit malade a bien dormi ?

Je t'ai fait du chocolat.

J'imagine que le café t'est interdit.
- Interdit, le café ? En quel honneur ?

Ah ben oui !

Par moments, j'oublie.
Je me croie normal.

T'as pas trouvé de croissants ?

J'ai pas eu le temps de descendre.
J'ouvre le magasin à 8h.

Tu sais, on est en plein inventaire.

Je reviendrai à 12h30
pour te faire ton déjeuner.

Je repartirai à 2h.
- Toi alors, t'as une de ces santés !

Nom de Dieu !

C'est pas vrai !

Oh, les pirates.
Tu te rends compte ?

Pour un peu, c'est déjà la surprise.
- Qu'est-ce que tu racontes ?

Fandango, un cheval
que je suis depuis un an.

Tiens lis, ça saute aux yeux.

Monté par St-Matthieu,
à peine chargé, terrain gras.

Et tu sais à combien ils le donnent ?
40 contre 1.

Tu vois le complot ?
C'est même pas du sport, c'est une formalité.

On joue 100.000 F. dessus,
et cling, voyez caisse !

Quelle caisse ?
La nôtre ou celle du PMU ?

Germaine, serais-tu bête ?

Je reconnais qu'ensemble, nous avons eu
quelques déboires, quelques coups de malchance.

C'est pourquoi aujourd'hui,
il faut être impitoyable.

Oeil pour œil, dent pour dent.
Le coup de massue !

T'as combien en caisse ?
- Rien.

Bravo ! Pas de contrariété, a dit le docteur.
Tu me soignes bien.

J'ai peut-être 40.000 F.
et un peu de monnaie.

40.000 F !

Moi qui voyait le coup de légende.

J'aurais fait un beau rêve.
Enfin, donne toujours.

Mon bijou.

Combien, vos fleurs ?
- Elles ne sont pas à vendre.

Je vais les porter là en face au monsieur.
- Combien ? Je vous les rachète.

- Combien ?
- 6.000.

Tenez, voilà 10.000,
et vous les portez à la dame en face.

Je te dis pas que Fandango ne soit pas
le meilleur cheval de sa génération.

Mais 100.000 F,
où veux-tu que je les trouve ?

Et la mignonne,
elle a pas une petite cagnotte ?

Ça rapporte, la fleur.
- Ouais, mais on met de côté.

On veut acheter un fonds.
Hein, Bobby ?

Ouais, au début on fera les marchés,
après on pense aller s'établir à Laroche-Migennes.

Oui, ses parents sont de là-bas.

C'est bath, dis donc.
C'est la vie.

Petit commerce. Petit fonds.

Petit bénéfice. Petit déjeuner.

Sur la petite table
de la petite cuisine.

Vous avez eu du pot
de vous rencontrer ! Chers petits, va !

C'est gai comme endroit.

C'est ce que vous appelez
un marché aux fleurs ?

Ben oui.
- Si vous voyiez celui de San Francisco.

Des étalages de 2 côtés du boulevard.

Et attention, de la fleur géante.

Tiens, votre caoutchouc riquiqui,
il ferait rire là-bas.

Emmène-le vite !

J'en ai marre et je veux plus l'entendre.
Les connards prétentieux, ça me fatigue !

Bien élevée...

Non, Mauricette !
- Toi, ça va ! Fous-moi la paix !

Toi et ton copain,
j'en ai ras-le-bol.

Tu l'as fâchée.

Tirons-nous,
tu vas me faire pleurer.

C'est quelque chose !
On n'a jamais vu ça !

Ils sont gonflés, ces 2-là...

Petit riquiqui.
- Va donc, eh paumé !

Je t'ai encore tiré
d'un joli guêpier.

Quoi ?
- Je te comprendrai jamais.

Sans être irrésistible,
t'as un bon physique.

Tu t'exprimes joliment,
même mieux que moi.

C'est parce que tu lis pas assez.

Ou alors des choses qui t'enrichisse pas.
T'as essayé Anatole France ?

Oui, comme ça, sans abuser.
- C'est souverain pour le vocabulaire.

Tu parlais de mon physique ?
- Oui.

Je trouve que tu te gâches.

Mauricette, c'est pas ton genre.

Bâti comme t'es, avec ta classe...

Parfaitement, ta classe.

Ton style à toi,
c'est la femme du monde.

Téléphone blanc
et crêpe de chine.

Tu crois ?
- Si je te le dis !

Seulement ces femmes-là,
faut aller les chercher sur leur terrain.

Il faut un crédit d'équipement.

L'argent, c'est pas grave, on l'a.
Enfin, on l'aura ce soir.

Ah oui, Fandango.
- Parfaitement, Fandango.

L'envoyé du ciel.
Le messager de la providence.

Tout ce que t'as,
tu le mets dessus,

Et après, les femmes à tes pieds,
Paris à ta botte.

Et 40.000 F.
à la Caisse d'épargne.

À 40 contre 1, ça fait déjà 3 millions...

Et entre nous,
je prévois mieux que ça mais chut !

Allez, roule, roule...

Madame joue le 6 ?
Fleur des pois ?

Madame aime le risque ?
- Pardon ?

Permettez-moi de me présenter :
Antoine Maréchal...

...fils et petit-fils de propriétaire.

Puis-je vous demander
quel est le malveillant...

...qui vous a conseillé de jouer Fleur des Pois ?

Personne.
Le nom m'a plu.

Amusant. Mais ne croyez-vous pas
qu'en matière hippique,

le langage des fleurs
puisse amener quelques surprises ?

Ce n'est plus l'homme du monde qui vous parle,
mais l'homme de cheval.

Une chance, une seule : Fandango.

Vous croyez ?
- J'en suis sûr.

Dis donc, c'est le bon tuyau.

Allez, on le joue.
- D'accord.

Le 9, 5 fois gagnant.

Le 9, 10 fois gagnant.

Le 9, 15 fois.

Le 9, 20 fois.

Le 9...

Je vois pas le 9 !
- Hein ?

Je connais une licence qui va sauter.

C'est la faute de Marcel, vous entendez !
- Marcel ?

Un petit misérable qui a débuté
chez père comme palefrenier.

J'en ai expédié d'autres en Australie.
Le boeing demain matin !

Tenez, il est là !
Allez, venez !

Cette fois, il s'échappera pas !
- Tu vas voir sa tronche !

Suivez-moi, venez !

Voulez-vous, chère madame,
que je vous dépose quelque part ?

Vous avez une voiture.
- Non, surtout pas. Je loue un taxi à l'année.

Les embouteillages me rendent fou.
C'est beaucoup plus pratique.

Alors ?
- Oui, je sais ce que vous allez me dire.

Nous avons encore été trahi par Marcel.
Je vais l'expédier à Sydney.

- Monte.
- Mais, quoi ?

- Là-bas. La voiture !
- Fumier !

Ordure ! Voleur !

Allez, ami.
Et ne roulez pas comme un fou.

Hé ho dis !
- Mon ancien pilote.

Fidèle comme un chien
mais une tête brûlée.

J'ai dit doucement.

Dites donc, nous avons encore
besoin de la voiture ?

Je ne pense pas.
- Mon ami, vous pouvez aller dîner.

Ah oui, avec quoi ?

Bibi !

Tony, réveille-toi.
Lève-toi vite ! Dépêche-toi !

Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Chut, moins fort.

Bibi est là. Rhabille-toi.
- Bibi. Qui est Bibi ?

Ah Bibi ! C'est pas une heure !
Il est dingue de venir si tôt !

Habille-toi, vite !

J'aime pas me lever de bonne heure.

Où t'as mis mes chaussettes ?

Tiens, voilà.

C'est toi, Bibi ?
- Oui, c'est moi.

Viens vite m'ouvrir.
J'ai une grosse surprise.

2 petites minutes. J'arrive.

Je suis dans mon bain.

Mon autre chaussette ?

Là, sous le lit.

Et mes godasses ?
- Chut !

Sous le fauteuil.

Il faut que je dorme parce que...
- Chut !

Quand j'ai pas mes 9h, ça va pas.
Je me sens pas bien.

Dépêche-toi, je t'en supplie.
- Et ma cravate, non ?

C'est l'anniversaire à qui ?
À mon petit pigeon !

Viens vite voir.
Ça n'a pas été commode.

Il a fallu passer par le ministre,
agiter les douanes, alerter les finances,

je la voulais pour aujourd'hui,
pour nos 2 ans.

Tiens, là.

Tu remercieras le ministre, Bibi.
Tu peux la rendre.

J'aurai jamais mon permis.

Je me suis encore fait recaler hier matin.

La marche arrière ?

Je suis maudite.

Mes jumelles !

Tant pis, j'irai pas à Megève.

Mon petit pigeon !
- Ton pigeon, tu feras du ski sans lui.

Bonjour, cousine !

Tu t'attendais pas à me voir, hein ?

Monsieur.
- Monsieur.

Ben, présente-moi.

Ah oui c'est vrai.
Excusez-moi.

Gabriel Dumonceaux,
PDG des filatures du nord.

Un grand ami.
Mon cousin Antoine, de Bourges.

Antoine Maréchal.
Je t'en ai parlé 100 fois.

Ah oui bien sûr. Bien entendu.

Enchanté de vous connaître.

Alors c'est vous le fameux Bibi.

Muriel me parle tout le temps de vous.
Vous êtes son idole.

Je suppose que vous êtes venu
consoler votre pauvre cousine ?

Consoler ? Pourquoi ?

Oui, je me suis encore
fait recaler au permis de conduire.

C'est la 3e fois.

Mais qu'est-ce que t'as fait ?
- La marche arrière, j'y arrive pas.

Naturellement,
c'est toujours ça qu'on me demande.

C'est pourtant pas sorcier de conduire !

Tout le monde conduit.
Les gros, les petits, les maigres...

Tu peux parler, toi.
Tu te trimbales en taxi.

Tu devrais dire ça aux journalistes, tiens !

Tu sais que tu ferais rire ?

Moi quand je conduis,
c'est sur les circuits européens.

Monza, Monte Carlo, 24 heures.

Et encore, je ne te parle pas
de ma campagne américaine.

Là-bas, je suis l'enfant chéri,
avec Jim Clarke.

Jimmy, il m'a pris du public, celui-là !

Ah ben dis donc,
je savais pas tout ça.

T'as pas l'air très au courant ?

On se voit rarement.
- Si on se voyait plus souvent...

...tu saurais conduire. À partir d'aujourd'hui,
je prends les choses en main.

Et dans 8 jours, tu auras ton permis.
- Dans 8 jours, c'est trop tard.

Bibi part ce soir à Megève.

En famille.
Tant pis, j'irai par le train de neige.

Sac au dos, avec un club.
Je coucherai en dortoir.

Personne ne me verra.
- Alors là, c'est non tout de suite.

À cause de la famille.

Muriel est une enfant.

Tu te vois toute seule
dans un train, sans protection ?

Livrée aux convoitises d'étudiants
boutonneux, complexés à zéro ?

Merci.
Pas un mot de plus.

Toi, tu pars ce soir pour ton chalet dans ta voiture
- Comment ?

Avec ton cousin.
- Pardon ?

Ah, non, pas possible, mon cher Bibi.

Ce serait avec joie, mais...

Vous savez ce que c'est que la vie.
Le travail...

...1000 obligations...
où trouverais-je le temps ?

Une semaine, peut-être...

...avant les essais du
Grand Prix de Mexico, et encore !

Une semaine, parfait. Tu vois, tout est simple !
- Quel jour sommes-nous ?

Samedi.
- On ne part plus. - Pourquoi ?

Les banques sont fermées.
- Et alors ?

J'avais pas prévu ce voyage.
J'ai pas de liquide sur moi.

Les banques ne sont jamais fermées
pour Gabriel Dumonceaux.

Grâce à la banque Dumonceaux,
c'est bien pratique.

Combien vous faut-il ?
500.000, ça va ?

Voilà. Je vais téléphoner
au caissier pour le mettre au courant.

Merci. Parfait.
À tout à l'heure.

Attendez...

Vous oubliez vos jumelles.

Très juste.

Il est sympathique, ton cousin.

Vous avez des chaînes ?
- Pour quoi faire ?

C'est que ça glisse là-haut.

Le rallye des neiges,
vous avez entendu parler ?

Je l'ai gagné 3 fois
les doigts dans le nez.

Ah, les pompistes
me feront toujours marrer.

Tony ! Arrête ! Qu'est-ce que tu fais ?

Oh dis donc, Tony !

C'est vrai.
T'as gagné le rallye des neiges.

Dis donc, t'as jamais entendu
parler du dérapage contrôlé...

Qu'est-ce qui te fait rire ?
- C'est ton pull.

Il est discret.
- C'est exprès.

Figure-toi que quand je déboule à 120 km/h,
j'aime mieux qu'on me voie arriver de loin.

À 12 ans,
j'étais chamoix d'or.

Alors, va faire tes petites glissades.
Va faire joujou, hein.

Et laisse tomber, tu veux ?
- Très bien.

Mais qu'est-ce que c'est ?
Des bâtons en plus !

Poussez-vous !

Eh dis, ça va pas !

Nom de Dieu !
Mais qu'est-ce que c'est que...

Dis donc, je croyais
que t'étais chamoix d'or ?

Chausser des skis
en descendant de voiture...

C'est un coup à foutre
ma saison de printemps en l'air !

La nature est une vaste
leçon de choses.

Quand je pense qu'à longueur d'année,
je me détruis le système nerveux,

je m'engorge les coronaires,

Et tout ça pour quoi ?

Pour quelques centaines
de millions de plus ou de moins.

Alors que tout ça existe à 1h d'avion...

Oh, Tony !

Gabriel, vous ici,
quelle surprise !

Ça, c'est amusant !
Antoine Maréchal, ma femme, Béatrice.

Antoine Maréchal est un
expert financier de grand avenir.

Il étudie pour notre groupe
le marché ecossais.

Ma cousine Muriel.

Bonjour.
- Mme et M. Dumonceaux.

Antoine m'a souvent parlé de vous.
J'ai même retenu votre prénom.

Il est charmant.
Vous ajouterez 2 couverts.

Si, si, j'y tiens.

Vous n'êtes plus à Édimbourg ?
- À Édimbourg ?

Ah oui, le marché écossais.

Non, j'ai laissé tomber pour
accompagner Muriel aux sports d'hiver.

Vous êtes à l'hôtel ?
- Non, nous sommes en chalet.

Si on peut appeler ça un chalet.
C'est une bicoque en rondins.

Mais j'aime ce côté refuge.

Oui, ça lui rappelle l'époque héroïque.

Oui, le ski que j'ai connu.

La solitude, les pentes vierges,
les remontées en peau de phoque.

Ça doit être exaltant.

Ah, exaltant, chère madame, c'est le mot.

Les hommes surtout,
mes compagnons d'alors,

Et Émile Allais, mon père spirituel,
qui m'a tout appris, voyez-vous.

Sauf la position dite de l'œuf
que j'ai inventée.

Vous faites l'œuf ?

C'est même devenu
chez lui une seconde nature.

Qu'est-ce que j'apprends, Gabriel...

...M. Maréchal nous quitte après-demain.
- Eh oui, le travail, chère madame.

Vous n'allez tout de même
pas tuer ce pauvre garçon.

Vos moutons écossais
peuvent attendre, non ?

Faut bien admettre que
nous ne sommes pas à 8 jours près.

Du moment que nous avons
nos estimations avant la fin du trimestre.

Mon cher Gabriel, à la fin du trimestre,
je serai au Guatemala.

Planification des phosphates.

Ensuite Moscou :
le problème du maïs.

Faut savoir prendre
un peu de bon temps, M. Maréchal.

Appelez-moi Tony.
- Alors, donnant-donnant.

Je vous appelle Tony,
et vous restez une semaine de plus.

Eh ben soit !

Oh, mais non voyons !

Qu'est-ce que c'est que cette fable ?

Le Guatemala... Moscou...
Il est insupportable !

Il fallait pas inventer ton histoire
d'expert financier, c'est idiot !

Fallait trouver quelque chose
qui impressionne ma femme.

Ce qui impressionne surtout ta femme, c'est...
j'aime mieux me taire, tiens !

Alors, c'est dit ? Bravo !

Eh, Gabrielle !

Oui !

Remercie notre ami Tony.

Pour quoi ?

Il vient à notre petite fête, ce soir.

Nous allons nous amuser.

Ah, mon bâton !

À ce soir.
- C'est ça, à ce soir.

N'importe quoi, hein !

Tout est bon à monsieur
pour faire le joli cœur.

Je te préviens que si
tu comptes me rendre ridicule...

Oh assez !
Nuit de folie !

7h de volant, 3h de ski.

Et en prime, une scène de ménage !

Si on joue avec mes nerfs,
j'abandonne.

Je vous laisse tomber.
Et puis je retourne en Écosse.

C'est pas vrai !

Tu t'es pas mis à y croire,
aux moutons écossais ?

Tu vois, je sais plus
où j'en suis avec vos histoires !

Tahiti. Oh, Tahiti !

Je ne peindrai qu'en plein midi.
Votre liste d'invité n'est pas close ?

Si.
- J'en suis ?

- Non.
- Oh Maxou le pauvre. Une couchette dans la soute.

Une œuvre que je pourrai
enfin vous dédier.

Oh quelle vache !

Oh, ce cher...

- Qui c'est, la vamp ?
- Une baronne allemande. Lilly, pour les intimes.

Aciérie, produits chimiques, yacht aussi.
- Intéressant.

Ce n'est pas encore très animé,
mais nous attendons beaucoup de monde.

C'est très réussi, merci.

On reste 1/4 d'heure et on se tire.
- Ouais, y a rien à emballer.

Où tu voles les 3 jours ?
Ma petite fille, vous auriez pu me le dire.

Ça ne te tente pas ?

Vous savez, le Tyrol, Josette...

Appelle-moi Jo et dis-moi «tu».

Eh bien votre ami Antoine ? Pas encore arrivé ?
- Si justement, les voilà.

Qui est-ce ?
- Antoine Maréchal.

Un extraordinaire expert financier.

Un cerveau prodigieux.

Oui, il travaille pour moi.

Il s'est montré particulièrement efficace
dans l'établissement de certains budgets africains.

Une poésie des chiffres.

Un sens de la synthèse.

Excusez-moi.

Un boxeur ?
- Antoine Maréchal.

Expert financier.

Vous êtes en retard.
- On attendait le veston de Tony.

Ah, mon cher Tony, impeccable !

Quel chic ! Quelle allure ! L'étiquette.

L'étiquette ?
- L'étiquette.

J'ai cru que vous m'aviez oubliée.
- Vous oublier, vous ?

Votre robe est une vraie petite féerie.

Je vous abandonne une seconde.

Ça va me paraître un siècle.

Depuis 48 h,
on s'est pas vus 5 minutes.

On se voit tout le temps.
- Tu sais bien ce que je veux dire, quoi.

Edward Swift.

Les échos de votre réputation, M. Maréchal,
me sont déjà parvenus.

J'aimerais vous demander un avis.

Entre nous...

Les Filatures Dumonceaux...

Ben, ça tourne.

M. Maréchal, je joue cartes sur la table.

Mon groupe envisage d'entrer
pour un milliard dans ces filatures.

Quelle cadence d'amortissement
prévoyez-vous ?

Aucune. Gabriel a été
un titan, un moment de la France,

et puis, brusquement, le démon de midi,

les amours infernales, l'opium peut-être...

Résultat, un homme hébété,

un empire qui s'écroule

dont je renonce à colmater les brèches.

Antoine Maréchal renonce.

Tony, vous êtes un homme de cœur.

Organisez-moi un départ feutré,
une évasion discrète.

Pardonnez-moi, Edward.
Enfin, nous sommes entre hommes.

Votre cousine et moi
aimerions filer à l'anglaise.

Encore pardon, Edward.

Je compre sur vos habituelles idées de génie.
Après tout, vous me devez bien ça.

Gabriel !

Vous voyez où nous en sommes ?

Cette ravissante enfant
est votre cousine ?

Oui, et je vais aller le lui rappeler.

Est-ce que ça va finir ?
- Qu'est-ce qui te prend ?

Il me prend que depuis l'âge de 9 ans,
je veille sur toi, et j'ai bien l'intention de continuer.

Tu parles de quoi ?
Il est fou !

La faute à qui si je suis fou ?

3 nervous breakdown en 2 ans
à cause de tes inconduites.

L'étudiant malgache, tu l'as oublié ?

Et le garde-chasse du château ?

Et maintenant, ce petit pédé roumain ?
- Non, je suis d'Angoulême.

Raciste, en plus ?
Petit fumier !

Rentre immédiatement au chalet.

Ça alors !
- J'ai dit immédiatement. Mon cher Gabriel...

...raccompagnez-la.
En vous, j'ai entière confiance.

Allez-y, les petits gars.

Oh dis donc, cette paire de claques ! Vlan !

J'ai cru qu'il allait t'assommer.
Il a été grandiose.

Écoute-moi bien, Dumonceaux.

Si chaque fois que t'as une idée derrière la tête,
je dois me faire massacrer, je rentre à Paris.

Mon petit pigeon !

Mon petit pigeon !

Qu'est-ce qui t'arrive, ma grande ?

Allons !
- Laisse-moi !

Mais où allons-nous ?
- Petite surprise !

Enfin seul avec moi !

Ma petite brute.

Je suis folle de toi. Bats-moi.
- Pardon ?

Bats-moi.

Tu l'as bien battue, elle.
Pourquoi pas moi ?

Bats-moi.

Vous y tenez absolument ?
- Oh oui. Oh oui, oui.

Pas comme ça.

Comme ça !

Je savais que ce serait merveilleux.

Je savais que ce serait merveilleux.

Je savais... je le savais !

Ça va pas être une promenade !

Écoutez madame.
Oh non, pas ça, pas ça !

Pas les poils de la poitrine.
Oh non pas ça !

Oh, mais qu'est-ce qu'elle a ?

Tony ! Tony, il faut que je te parle !

Écoute, j'ai rompu avec Bibi.

C'est pas vrai !
- Si.

Les bijoux, les fourrures,
l'appartement, la voiture, je leur rends tout.

On rentre tous les 2 à Paris.
Je remporte juste ma brosse à dents.

On travaillera. On louera un petit studio.
Je te ferai de la bonne cuisine !

On verra ça tout à l'heure, hein !

J'ai envie de te mordre.
- Attention, ton mari pourrait nous voir.

Je me contrefous de Gabriel.
Je viens de téléphoner à mon père. Il est d'accord.

Sur quoi ?
- Eh bien, je divorce.

Je laisse tout à mon mari.
Je n'emporte rien sauf ma brosse à dents.

Je vais pouvoir monter un petit commerce.

Oh, cousin !

Alors, ça va, cousin ?

Pas de blague, cousin.

Vous permettez ?

Raide.
- Ah oui ?

Trop raide !

Je sais pas nager.
Sauvez-moi !

Sortez-moi de là !

Bien, Madame la Baronne.

Où suis-je ?
- Dans ma chambre.

Je vous laisse.
Reposez-vous 1h ou 2.

Si la natation vous passionne,

j'ai peut-être mieux
à vous proposer qu'une piscine.

Les Mers du Sud, vous connaissez ?
- Pourquoi ?

Je pars en croisière avec quelques amis.

Ah oui, où ça ?
- À Tahiti.

Tahiti ?

J'espérais quelque chose
de plus original.

Enfin, va pour les cocotiers.

Vous ne le regretterez pas.

Tahiti !

À propos, vous avez une voiture ?
- Une voiture ?

Évidemment que j'ai une voiture !

Parfait. Mon yacht est à Cannes.
Nous voyagerons ensemble.

À plus tard.

Mme Aline, vous devriez
lui mettre son caoua au bain-marie.

Monsieur Tony.

Bon, avale ton café fissa.
Le train bleu arrive dans 10 minutes.

C'est terminé pour moi, le train bleu.

J'ai d'autres projets.
Je vais faire le tour du monde.

Ton tour du monde, tu le fais dans quel sens ?
- J'ai pas demandé.

Allez-y, mon brave !

Ciao !

Vous savez à quoi je pense ?

Oui.

Vous y pensez aussi ?
- Bien sûr, mais je me domine.

Vous savez, les chauffeurs, les ragots...

Essayons de penser à autre chose.

Moi, Tony, je peux pas.
Jamais !

Ça y est, ça redémarre.

Chauffeur, dites-moi...

Vous comptez débarquer sous le cocotier
en anorak et en fuseau ?

Je m'étais équipé pour Megève.

Toute ma garde-robe
tropicale est chez le teinturier.

Il y a à Cannes des boutiques très amusantes.
Attendez-moi.

Admirable amie !

Pardon.

Pas mal, non ?
- C'est osé, mais monsieur peut se le permettre.

Vous n'avez rien de plus léger ?

De plus aéré ?

Je vais voir, Madame.

Vous avez une musculature d'athlète.

C'est de l'acier.

Vous avez joué au basket ?
- Non.

Vous avez pourtant
une morphologie de basketteur.

Ou alors de gymnaste.

Vous avez sûrement fait
des barres ou des anneaux.

Pas spécialement, non.

Alors, vous êtes né comme ça ?

C'est merveilleux !

Votre dos est extraordinaire,

trapézoïdal,
terriblement grec.

On pense à Phidias, à Polyclète.

C'est vrai qu'on y pense.

Dites donc, vous pouvez pas
penser à autre chose, vous ?

Allez, mon ami. Nous vous appellerons
quand nous aurons besoin de vous.

De quoi parlions-nous ?
- Polyclète est un de ceux que je ne connais pas.

Je vous apprendrai tout ça.
La littérature, la statuaire...

J'ai une très intéressante
bibliothèque sur mon yacht.

Vous connaissez Histoire d'O ?

Oh mon Dieu !

Je m'occupe de vous depuis 2h,
et nous appareillons dans 1h.

Il est grand temps
que je m'occupe un peu de moi.

Rendez-vous au bateau,
anneau n°6 juste en face de Palm Beach.

Pardon, monsieur. Pour la facture ?
- Oui, vous donnerez ça au Majestics.

À quel nom ?
- Monsieur Groucho.

Nous allons partir
dans quelques instants.

Le voilà !

Vous prenez les paquets, hein.

Enfin.

Et moi ?

Je crois que votre chauffeur vous demande.

Mon chauffeur ?
Ah oui, mon chauffeur !

C'est mieux qu'un chauffeur,
c'est un ami, un confident.

C'est même un voyant.

Oui, c'est un ancien fakir.

Je ne joue jamais à la bourse
sans le consulter.

Beaucoup mieux qu'une cartomancienne.
Il ne se trompe jamais.

Il m'a fait gagner des millions.

C'est tellement amusant !
- Prenons-le à bord.

Darling, ça ne dépend pas de moi.

Oui, emmenons-le !

D'accord.
- Bravo !

Viens !

Saute, voyons !

Ça va, matelot ?
- Ça va, ça va.

Tony ! Tony !

Vous qui êtes tellement artiste,
tellement poète,

c'est vrai que je casse
les oreilles de tout le monde ?

Oh ma fée, ma reine !

J'ai encore rêvé de vos doigts
hier soir en m'endormant.

Méprisez, méprisez.

Qu'est-ce que vous nous sculptez là,
Comtesse ?

La mer, mais ça bouge tout le temps.

Mesdames, je vous baise les mains.

Tony ! M. Tony, aidez-moi.

J'ai un ordre à faire passer
à Londres avant la clôture.

J'ai des problèmes.
On ne pourrait pas consulter votre...

- Fakir ?
- C'est ça !

Allô ?

Oui, Capitaine.
Es-tu prêt ?

Monte sur le pont.
On te demande.

Ah, le voilà !

Approchez. Approchez.

Excusez-moi de vous déranger, mon cher Bob,
mais Lord Swift a besoin d'un conseil.

- Vous êtes en forme ?
- Ouais, terrible.

Bien, nous allons commencer tout de suite.
Vous êtes prêt ?

- Qu'est-ce que je dis ?
- Réponds «Oui, Maître».

- Oui, Maître.
- Bien.

Concentrez-vous, Bob.

Concentrez-vous.

Vous êtes concentré ?

Je suis concentré.

Bob !

Êtes-vous avec moi ?

Je suis avec vous !

- Qu'est-ce que vous voyez.
- Je vois un Noir.

- Vous êtes sûr que c'est pas des Noirs ?
- Je vois des Noirs !

Encore des Noirs !

Toujours des Noirs.
Je vois l'Afrique. L'Afrique noire.

Je vois un fleuve immense.

Les crocodiles dans les roseaux.

Ah, les sales bêtes !

Qu'est-ce qu'il raconte ?
- Non mais interprétez.

Est-ce qu'il me conseille des valeurs africaines ?
- Mais oui, c'est ça.

Mais ce serait prodigieux.

Le fleuve, le grand fleuve.

Ce serait le Zambèze ?

Mais bien sûr, c'est le Zambèze.

Les mines du Zambèze, c'est le cuivre.

Il est tombé de 7 F.
ce matin à l'ouverture.

- Eh bien, achetez !
- Croyez-vous ?

Mais bien sûr.
C'est ce qu'il se tue à vous dire !

Bravo ! Bravo !

[En anglais] Ne me dites pas
ce que j'ai à faire. Écoutez-moi.

[En anglais] Du cuivre.
Je veux tout le cuivre qu'on peut trouver.

[En anglais]
Oui. Quand est-ce qu'ils ferment ?

- Beau temps, capitaine !?
- Oui.

Ça n'a pas l'air de vous faire plaisir ?

Voilà 6 ans que je barre
pour madame la baronne.

Chaque fois qu'elle est à bord, je n'ai jamais vu
le baromètre descendre d'un millibar.

Avec elle,
c'est toujours l'éternel été.

La mer d'huile, le calme plat.
Elle ensorcelle la météo.

Les tempêtes, les typhons,
je ne les ai jamais vus qu'au cinéma.

Et je le regrette.

Moi qui voudrais tant voir une vraie tempête.

Ah, je vous comprends.
La griserie du coup de tabac.

Le vertige de la houle.

Je suis né à la pointe du Raz.

À 2 ans, mon père m'avait sorti
déjà 3 fois de l'eau.

Alors les tempêtes...
Mais dis donc, qui c'est ça ?

C'est la protégée de madame la baronne.

Madame la baronne attend
Monsieur Maréchal dans sa cabine.

- Oui, tout de suite.
- Elle peut pas se passer de vous.

- Alors vous me raconterez ?
- Pardon ?

Les tempêtes, je veux dire.
- Ah oui.

Entrez.

Vous m'avez appelé,
ma belle et tendre amie ?

Si je ne vous appelais pas,
je ne vous verrais jamais.

Je pensais que
l'air du large vous stimulerait.

Vous savez, l'ardeur des sentiments
ne peut étouffer les bonnes manières.

J'ai été distribuer
quelques hommages.

Croyez-vous raisonnable de distribuer
à droite et à gauche des hommages...

...dont vous n'êtes pas tellement prodigue.

Soit dit entre nous.

Oooh ! Quel monstre d'ingratitude !

Je vous ai quittée
y a pas 5 minutes.

Et encore, je ne vous ai pas quittée du tout
si on tient compte des fuseaux horaires.

Mon chéri.

Mon amour, je vous en prie.
Ne vous laissez pas aller.

Reprenez-vous vite.
- Elle est pas vraie !

Ça va, Monsieur Maréchal ?

Ça va, ça va.

Avouez que j'ai bien fait
de vous l'amener, mon petit tanagra.

- Il est fascinant.
- Je fatigue.

Voulez-vous vous taire,
petit monstre !?

Vous êtes peut-être en train
de devenir éternel.

Les femmes du monde,
y a que ça de vrai.

La comtesse me masse
entre les pauses.

Elle me récite des poèmes.

T'as déjà entendu des poèmes
en roumain ? C'est indicible !

Je nais à la vie.

- T'en veux un peu ?
- Non.

- Qu'est-ce que t'as ? T'en fais, une tête !
- J'en ai marre.

- De quoi ?
- Marre de ce bateau !

Devant, derrière, à babord, à tribord,
toujours de l'eau !

- Vive la montagne !
- On retourne à Megève ? - Non !

J'en ai marre de faire le gugusse.

- Tony !
- Oh, non !

Tony !

Ah, Monsieur Maréchal !

Aujourd'hui au Panama, demain
nous allons entrer dans l'océan Pacifique.

Ah oui, et alors ?

Un typhon est annoncé
sur les îles Marquises.

- De quoi vous plaignez-vous ?
- Je vais vous faire voir.

Regardez, nous sommes ici
et nous serons là demain.

Le typhon passera à 200 milles à gauche.
Alors, pas de tempête !

- Un coup de barre à droite, ça se donne.
- Mais si madame la baronne le sait...

Une femme, ça se dresse !

M. Maréchal,
Vous êtes l'homme que je cherchais !

Tony !

Tony !

Avez-vous vu M. Maréchal ?

Non, Madame la Baronne.

- Je peux entrer ?
- Pas du tout. - 5 minutes.

- Non. - 2 minutes ?
- Tony !

Alors, où est-il ?

Il était là il y a un instant, madame.

Trouvez-le !

Vous jouez à cache-cache ?

Amusant, non ?

Qu'est-ce que vous faites
sur ce bateau avec Lily ?

- Je voyage.
- Vous êtes amoureux d'elle ?

De quoi je me mêle ?
Et vous...

on peut vous demander
ce que vous faites sur ce raffiot pourri ?

Un de mes oncles est mort à Tahiti.
Je suis son héritière.

Et comme le voyage
était au-dessus de mes moyens...

...Lily m'a gentiment...

- Qui est là ?
- C'est Edward, ma petite Veronica.

«C'est Edward, ma petite Veronica.»

Je viens vous rendre
une petite visite.

- «Il vient vous rendre une petite visite.»
- Pas maintenant. Plus tard.

Mais enfin, franchement.
Il vous plaît ?

Remarquez, je vous comprends.

Et c'est pas vous
qui faites la mauvaise affaire.

Ça va, Edward ?

Ah enfin !
Je vous cherchais partout.

Où étiez-vous ?

Vous êtes insaisissable.

- J'ai soif...
- Un petit verre d'eau ?

Soif de baisers, soif de caresses.

Étanchons cette soif ici tout de suite.

Sois mon oasis, je serai ta gazelle.

- Veux-tu que je rampe à tes pieds ?
- Non, non !

Aimons-nous furieusement comme
des bêtes affolées par les feux de la savanne.

Aimons-nous comme à l'aube du monde !
- Et si on dormait un petit peu ?

Dormir, c'est du temps perdu !

Écoutez, arrêtez.
Cessons ce jeu qui n'a pas de sens.

Arrêtons ! Arrêtons ! Écoutez...

Pas ça...

Tony.

Tony.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Cette folle m'empêche de dormir.

La salope !

Unique avertissement :

si j'entends encore un son sortir de ce
bastringue, je le fous à la mer et vous avec !

Sale type ! Sale type !

Ma contrebasse ! Assassin !

Si on s'en allait tous les 2 ?

Si on quittait
cette bande de cinglés ?

On volerait un canot de sauvetage.

On serait recueillis par un cargo japonais.

Il nous débarquerait
du côté de Manille ou Bornéo.

On vivrait là, tous les 2,
avec nos enfants autour de nous.

Vous voulez, hein ?

Oh, vous voulez pas !

Vous voulez jamais rien.

C'est pas drôle,
les gens comme vous.

On leur parle...

...ils écoutent pas.
Ils comprennent rien.

Y a de quoi se flinguer !

Moi j'en ai marre.

Je rentre chez moi
et je rends mon tablier.

Oh, non !

Assassin de la musique !

Je vous hais !
Je vous déteste, sale type !

Allez, tiens !

Sale type, va !

Monsieur Maréchal !
Ça y est, le voilà. Il arrive !

Qui ça ?

Notre typhon des îles Marquises.
L'aiguille du baromètre est devenue folle.

Nous allons avoir la plus grandiose
tempête de l'histoire de la marine.

Monsieur Maréchal, merci !
- De rien, de rien.

Vous voulez ma ruine !?
Vous voulez me ruiner !?

Vous dites n'importe quoi.
Le Zambèze, hein !

Laissez-moi.
J'y suis pour rien.

Edward, qu'est-ce qu'il vous a fait ?

Il m'a fait perdre 100.000 dollars.

Il est beau, votre fakir !
Il est nul ! Minable !

- Escroc !
- Qu'est-ce que vous dites ? - Escroc !

- Ah, j'avais compris autre chose.
- Je sais pas ce qui me retient de...

- Arrêtez, ça suffit maintenant.
- Non, ne me touchez pas.

Allez vous coucher !

- J'ai l'air fin, moi.
- Ne t'inquiète pas.

Ils vont nous débarquer, c'est sûr.

- Non. À ta prochain vision, tu fais un malheur.
- Ah non, les visions, merci !

Écoute, j'en ai une en or à te proposer.
C'est du tout cuit.

Véronique. C'est moi, Tony.

Je vous rapporte votre châle.

Véronique.
Vous pouvez pas laisser ça traîner !

Ouvrez.
Il faut que je vous parle aussi.

Véronique ! Mais ouvrez !

Tenez, votre châle.

Mais vous voyez ?

M. Maréchal, retournez dans votre cabine.

- Vous voulez dire la vôtre ?
- Gardez vos plaisanteries pour un meilleur moment.

C'est encore lui !

Préparez-vous tous...

...au châtiment suprême.

La tempête arrive.

La tempête dévastatrice !

J'ai vu la tempête, je l'ai vue !

Que ceux qui ne savent pas nager
prennent des leçons !

- Assez !
- C'est fini, Monsieur Bob !

Vous nous prenez
pour des imbéciles ?

À moi, j'étouffe !

Comment va notre fakir ?
Il va mieux ?

Et comment va notre génial
expert financier ?

Lequel joue mieux la comédie ?
Lequel est le plus grand menteur ?

Bob ne se trompe jamais !

Bob a vu une tempête.
Il y aura une tempête.

Voilà votre tempête !

Vous vouliez pas le croire !
Eh ben vous voyez !

Alors, voilà votre tempête !

Ah, Monsieur Maréchal !

Quel dommage qu'on ne se soit pas
connus plus tôt, hein !?

Vous êtes content, hein ?
Vous l'avez, votre tempête ?

Madame la baronne
va se rappeler sa nuit.

Ça va. Maintenant qu'on s'est fait plaisir,
si on pensait un peu à elle ?

Tony !

Je prends la barre,
et tout ira très bien.

Ô toi, grand sorcier blanc !
Grand manitou !

Venez vite ! Je pensais pas que
la tempête était aphrodisiaque.

Elle l'est ?

- Extraordinaire.
- Oh, merde !

- C'est beau.
- Un paysage de rêve.

Oh, la vache !
Oh, c'est beau, dis !

Oh, c'est beau comme Le Tréport.

Attention, je vois venir le coup.

Alors je dis : attention !

Attention au folklore. Attention
aux vahinés bidons, au punch frelaté.

C'est pas Hollywood.
Je connais les îles, moi.

- Lesquelles ?
- Toutes !

Des îles Marshall aux îles Marquises,
tout le monde me tutoie.

C'est pour ça que je dis :
attention aux mirages.

Je veux bien descendre avec vous. Je comptais
rester dans ma cabine pour travailler.

Alors on va visiter la mission,
la léproserie et le musée.

Mais pas d'alcool et pas de femmes !

C'est avec ça qu'ils ont buté Gauguin.

Viens toi aussi.

Un peu de tenue, je vous prie.

Vous représentez l'Europe.

Vous voyez que je suis occupé,
chère madame, à découvrir des joies simples.

La vie saine.
Je fais une cure d'innocence.

Ô nature, ô ma mère !

À boire pour tout le monde !

Excusez-moi, mes petites chéries.

- Ben, ça va pas ?
- Non.

Écoutez, y a du soleil.
Il fait beau, je suis là.

- Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?
- Je suis allée chez le notaire ce matin.

- Ah oui, et alors ?
- Alors...

Tenez.

Tatahuo-Rao, qu'est-ce que c'est que ça ?

L'héritage de mon oncle.

4 hectares, 80 cocotiers,
des cailloux partout, pas une goutte d'eau.

Ben dis donc,
comme coup fourré, c'est assez gaulois !

Ce matin encore, j'étais une héritière.
Me voilà redevenue clocharde.

- Ça vous fait rire ?
- Non, c'est une rire nerveux.

Mon pauvre Tony.

Vous pouvez pas comprendre.
Vous avez toujours été riche.

Ah oui ?
Qui est-ce qui vous a dit ça ?

- Tout le monde.
- Ben tout le monde se trompe.

La vérité,
c'est que je suis un pauvre type.

Un minable.

Mais surtout, un menteur. Menteur !

J'en reviens pas moi-même !

L'expert financier,
l'Einstein du planning,

ça n'a jamais existé.

Non, j'ai toujours vécu
aux crochets des autres.

- Vous me croyez pas ?
- Non.

C'est terrible, ça !

Vous mentez mal, mon pauvre Tony.

Très mal,
mais vous êtes gentil tout de même.

Mais qu'est-ce que vous sentez ?

C'est parce qu'ils m'ont versé
du rhum sur la tête.

Attendez, bougez pas.

- Je vais aller me tremper dans la mer.
- Qu'est-ce que vous faites ?

- Je vais me purifier.
- Arrêtez.

N'ayez rien à craindre.

Véronique ! Véronique !

Edward ! Edward !

Si je vous disais que j'ai des terrains sur la
côte d'Azur et des coffres en Suisse, vous me croiriez ?

Oui, oui, bien sûr.

C'est le drame d'avoir une bonne tête !

Ma grosse, sers-moi à boire !

Merci, merci, mes toutes belles.

Ah oui parfait.
Je vois ce que c'est.

Eh ben ça tombe bien !

Justement, j'avais envie
de le quitter, votre raffiot.

Je me laissais corrompre.

J'allais vendre ma jeunesse.

Merci, trop peu pour moi.

Allez, fidèle compagnon, debout !

- Allez viens, homme pur !
- Je peux pas.

Je suis pas fini, mon vieux.
New York m'attend.

Non, la ferraille, c'est à St-Ouen.

- C'est là-bas qu'on t'attend, pauvre con !
- Oh dis eh !

J'espère qu'il va mourir de faim, voilà !

Ne rêvez pas, chère idiote.
Ces hommes-là ne meurent jamais de faim.

Là, regardez-moi ça.
C'est original, hein !

C'est le dernier chic !

Ça avec, c'est extra.
En prime, le petit chapeau.

Très bien.

- 300.
- 2 ? - 3 !

- 2.
- Voilà tiens, 3.

D'accord, 3.

- 1, 2, 3.
- Voilà.

Merci.

Je sais pas qui vous êtes...

...ni ce que vous êtes
venu faire ici.

Mais repartez tout de suite !

N'attendez rien
de cette Terre maudite.

J'ai débarqué ici y a 20 ans.

J'avais 100 millions à la banque.

Et sur un parchemin,
le titre d'ingénieur des mines !

Du manganèse.

Vous savez pas ce que c'est,
nom de Dieu ? Du manganèse !

Ben si, c'est du manganèse.

Le plateau océanique polynésien est
le plus riche du monde en manganèse

Des millions de tonnes !

Des millions de dollars !

20 ans à creuser des trous dans toutes les îles...
- 2 bières.

J'en ai pelleté, des tonnes de terre.

Tiens, avec ça, y a 2 ans,
je suis parti pour la dernière chance.

Dans une vieille barque.
Un Chinois m'avait fait crédit.

J'ai creusé un jour, 2, 3...

J'avais plus de forces.
Toutes mes provisions étaient épuisées.

J'allais manquer d'eau.

D'un coup, le minerai est apparu.

J'ai pas eu la force
de prendre des échantillons.

J'étais comme une bête agonisante.

J'allais crever, c'est sûr.

Jamais je retournerai
au paradis du manganèse !

Plus jamais je retournerai à Tatahuo-Rao !

- Comment ? Qu'est-ce que vous avez dit ?
- Tatahuo-Rao.

- Répétez le mot que vous avez dit.
- Tatahuo-Rao.

Monsieur le gentleman !

- Grand fou, qu'est-ce qu'il te prend ?
- J'en ai marre. Je vais rejoindre Tony.

Chéri, où vas-tu ?
Viens près de moi.

Bourrée de manganèse.
Votre île est bourrée de manganèse !

Le notaire ne m'a parlé de rien, pourquoi ?

- Pourquoi ? Naïve enfant !
- Eh, Tony ! - Quoi ?

- Tu m'emmènes ?
- T'as de l'argent ?

- Encore un peu.
- Alors viens.

- Allez, viens !
- Au revoir.

Coupe le moteur.
Coupe le contact ! Arrête !

Je peux pas...

Oh ben mon vieux, hein !

Hé là ! Venez voir !

- C'est le campement du vieux.
- Pauvre type, si il savait...

Bon, maintenant c'est pas le tout.
Faut trouver le gisement.

Hein, allez !

Ça y est ! Ça y est !

- Où il est ?
- C'est la caverne d'Ali Baba.

Venez voir, c'est extraordinaire.

- Allez, venez.
- Approchez. Y en a partout des pierres extraordinaires.

Oh la vache !

C'est d'une beauté ! Envoie le sac. Là !

- C'est pour une analyse ?
- Évidemment.

- Nature du minerai ?
- Manganèse.

- Lieu du gisement ?
- Secret.

- Dis donc, papa ?
- Oui, mon grand ?

3,4 millions + 16,8 millions,
ça fait combien ?

Ça fait 20,2 millions.

- Oui, plus 15 millions ?
- Attends que je me concentre...

- 35,2 millions.
- Et en anciens francs ?

- Je vous amène Edward.
- J'avais dit pas de visite !

Je suis en pleine création.
J'ai la tête qui éclate.

Excusez-moi, mon cher Edward,
mais je ne peux voir personne.

Mais je ne suis pas personne.
Je suis la fortune.

Veronica m'a raconté tout.

Magnifique, mon cher Tony !

J'ai connu Rockefeller, Vanderbilt,
vous êtes leur maître à tous.

Seulement le manganèse,
c'est bien joli, mais il faut le vendre.

Eh bien, j'achète.
- J'écoute.

À titre d'intermédiaire et d'ami,

mes royalties vous sont réservés dans
une banque suisse, si telle est votre volonté.

Ce que je voudrais,
c'est entendre un autre langage.

Je ne suis pas un intermédiaire,

mais le représentant
de Mlle Véronique Duval.

Va voir ce que c'est.
- Ouais, ouais.

Et je ne laisserai pas dépouiller
une orpheline par un rapace insulaire.

Tenez, ça peut vous intéresser.

C'est le résultat
de l'analyse du minerai.

71 %.

Une affaire qui vaut 2 milliards.

Vous avez 3 minutes
pour entrer de moitié dedans.

Mais c'est le couteau
sous la gorge !

Je vous signale que
le compte à rebours est commencé.

J'ignore le lieu du gisement.
Je ne sais même pas s'il existe.

Il faut au moins que je puisse voir.
Que je puisse me rendre compte.

Alors écoutez,
je veux bien vous faire une faveur.

Parce que c'est vous.

Vous donnez un acompte de 200 millions
et on vous fait voir le gisement.

200 millions ?
Vous êtes fou !

Je vous rappelle que le monde
est bourré d'amateurs,

des exaltés, des gloutons.

50 millions.

Non mais dites donc,
on parle entre adultes ou quoi ?

- 150.
- 70...

- 125.
- 90.

- Bon.
- D'accord.

- Quand voulez-vous le chèque ?
- Tout de suite.

Au nom de Véronique Duvall.

Et un chèque non barré.

Alors, homme de peu de foi.
On ne doute plus ?

- Je peux toucher ?
- Mais bien sûr, Edward.

C'est un homme méfiant.

À l'assaut ! En avant !

Halte, capitaine.
Y a des civils, là.

- Qu'est-ce que vous faites là.
- Vous êtes dans une propriété privée.

- Je sais, sur un terrain de manœuvre.
- Tiens donc !

- Sur un terrain militaire.
- Ah ?

- Et on peut savoir depuis quand ?
- Depuis 1880.

Et alors ? On casse tout,
on saccage tout, on fait des trous.

C'est vous qui avez fait ce trou ?

- Non.
- Rebouchez-le tout de suite !

Et en vitesse !

Non mais !

Vous survolez l'île en ce moment.

Je vois, mais y a des soldats.
Mais qu'est-ce qu'ils font ?

Oh, c'est magnifique.
Regardez-les, ils rebouchent le trou.

J'ai mis 15 jours à le creuser.

J'ai mis 3 jours à y mettre du manganèse.

Et ils rebouchent le trou !

Viens voir, vite !

Oh, les pauvres petits gars !

Je vais dire au pilote
de faire encore un tour.

Papa, je t'en prie.
Allons nous-en.

Mais qu'est-ce qui te prend ?
Mais qu'est-ce que t'as, fifille ?

- Fais pas cette tête-là !
- Laisse-moi tranquille.

[En anglais] Je vais te tuer !

Tirez ! Il faut le tuer, soldats !

Fusillez-le !

Attaquez-le !
Abattez-le !

- Ça va, ça va !
- Il faut le fusiller tout de suite !

Silence et au travail !

Alors, les 2 comiques !

La pression baisse.

Faudrait voir à le gagner un peu,
votre billet pour Marseille.

O tempora, o mores !

- Quoi ?
- J'essaie de tirer l'enseignement des choses.

Le drame de l'homme moderne,
c'est la franchise, la sensibilité.

Surtout avec les dames,
ça pardonne pas.

Tu sais, on devrait
toujours les mener à la baguette.

- Jamais mollir.
- Mais j'ai jamais molli.

Toi, toi ! J'essaie de poser des principes
philosophiques et tu ramènes tout à ta petite personne !

Je te cause plus, tiens !

Allô, Germaine ?
Ça va, mon petit cœur ?

T'as lu le journal ?

- T'as vu ce qu'ils ont osé me faire ?
- Qui ça ?

Les voyous,
non mais tu te rends compte !

J'ai fait faire une enquête, à cause de toi.

Qu'on me fasse des misères, je veux bien
fermer les yeux. Mais à toi, ça me rend fou.

Alors je me suis terré dans le Vaucluse,

comme une bête.
J'ai fait une sorte de retraite, comme les moines.

Je sais pas si tu vas me reconnaître.

J'ai beaucoup changé.

À la voix, peut-être.

Faut plus qu'elle l'entende, Memel, votre voix.

Plus jamais !
Le docteur l'a défendu.

Au cas où vous auriez des envies de retour,
j'ai acheté un fusil de chasse.

Il est bourré de chevrotines.

George, allez voir.
Il est peut-être blessé.

Oui, y en a qui vont comprendre !

- Bravo, mon vieux !

Ne bougez pas. Vous avez
sûrement quelque chose de brisé.

Mais j'ai tout de brisé ! Vous n'avez pas
entendu ce craquement de bois mort ?

Faites quelque chose, George !
Allez chercher une ambulance.

Ah non, pas l'hôpital.
Ils vont me saboter.

Dans 8 jours, il faut
que je soit debout quoiqu'il arrive.

Même si je dois me faire accrocher
à la barre du gouvernail,

dans un corset de fer.

- La course des Bermudes. Tabarly-Vatan.
- Oh, il délire !

- On vous conduit à la clinique ou chez vous ?
- J'ai plus de chez moi.

Je devais êtes à Orly dans 1h.

Mes Renoir sont dans un coffre,
mes fauteuils sont dans des housses,

mes Aubusson dans la naphtaline !

Et tout ça pour déclarer forfait !

Les Anglais vont se marrer !
C'est Trafalgar qui recommence !

Pas un mot de plus ! Je vous installe
chez moi et j'appelle mon médecin.

- Nous vous sauverons !
- Vous habitez où ? - Avenue Foch.

- Ça ira.
- Bon.

Doucement !

- Je suis pourtant pas douillet.
- Ça doit être le péroné.

Je me le suis fracturé une fois à St-Maurice.
C'est affreusement douloureux.

Doucement, allons !
Faites attention !

Installez-le sur mon lit.

Non, ça recommence. Là.

Là, voilà.

Voulez-vous un alcool ?

- Du champagne ?
- Un doigt, alors.

Vous avez entendu ? Notre petit blessé
réclame du champagne. Allons, vite !

- Quelle marque, monsieur ?
- D'habitude, je prends du Don Pérignon.

Oh non, si ça doit faire des histoires !

- Aucunement, monsieur.
- Avez-vous un médecin de famille ?

- Je suis orphelin.
- Très bien.

Je vais appeler le professeur Lifshitz.

Il opère à Vienne.
Il sautera dans le 1er avion.

Je lui ai fait toute sa clientèle.
Allô ?

Dans 1h, ce sera le hall de gare !

Le professeur et ses assistants.

Et vos amis qui tripoteront
mes plaies en mangeant des petits fours.

Et j'agoniserai dans les théières.

Mais il est fou !
Georges, Empêchez-le.

Ne me touchez pas, l'écraseur !
Ou j'appelle la police.

Tu trembles, carcasse.

Il est envoûtant !
L'albatros blessé.

C'est bon, j'abdique.

Peut-être que
je ne sortirai plus jamais d'ici.

Jamais plus je ne reverrai la mer.

Georges, laissez-nous.
Et vous aussi.

- Y a longtemps qu'il est à votre service ?
- Georges ?

Il a toujours conduit toutes nos Rolls.
Il a conduit celles de mes maris...

C'est un excellent chauffeur de Royce.
Pourquoi me demandez-vous ça ?

Pour rien.
J'espère me tromper.

Un attentat déguisé en accident,
ça s'est déjà vu.

Est-ce que vous êtes
une femme à garder un secret ?

- J'adore.
- Alors je me présente.

Antoine Maréchal, ingénieur atomiste.

J'arrive de Mururoa, de Tahiti.
La bombe !

Vous avez entendu parler ?
Je suis son père.

Attention, j'ai toutes les
puissances étrangères à mes trousses.

Ça doit en savoir des choses,
un savant !

Mais nous parlons,
on ferait mieux de regarder, non ?

Dites donc, regarder quoi ?

Ah ben oui.

- Venez vous allonger.
- Écoutez, est-ce vraiment...?

Je vous demande de l'attention.

Installez-vous gentiment.

On va regarder ça tout de suite.

- Aïe !
- Vous êtes splendidement bronzé !

Mais je ne vois rien.
Ça doit être très grave.

Eh ben tant mieux.
Je te soignerai jour et nuit.

Je serai ton infirmière,
ta petite femme en blanc, ton esclave.

- Je serai ta chienne. Je marcherai à 4 pattes.
- Mais madame !

Appelle-moi Margerie.
Tu ne me crois pas ?

Je serai ta petite chienne.
À 4 pattes. Et puis j'aboie.

Tu ne me crois pas ?
Ouaf, ouaf !

Margerie. Margerie. Margerie, au pied !

- À la niche !
- Parle-moi comme ça !

Debout ! Couché !

Elle me mordrait, cette conne-là !

Debout, assis, couché.
Attention au susucre.

Il doit y avoir du travail chez Renault.

Oh, non. Non ! Non ! Non !

J'en ai marre, moi !
Marre, marre, marre, marre !