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"T'ai-je demandé, Créateur,
de façonner mon argile en homme ?

T'ai-je sollicité de m'arracher
aux ténèbres ?"

John Milton
Le Paradis perdu

MPUMALANGA.
AFRIQUE DU SUD 1955

Ouistiti !

Bien.

Je vais te raconter une histoire.

La sorcière du nom de Nomahange...

Et pendant qu'ils cuisinaient,

la sorcière chantait Sisiboge...

Piet !

C'est Papa !

Ne t'inquiète pas,
je vais lui parler.

Petit merdeux !

Je t'ai interdit de venir ici !

LE CAP,
AFRIQUE DU SUD, 1993

Mon Dieu !

Où est ma fille ?
Elle n'est pas rentrée hier soir.

Dehors !

- Dehors !
- Non ! Où est ma fille ?

Dehors, j'ai dit !

La fin de L'Apartheid
en Afrique du Sud

a ouvert la voie aux premières
élections démocratiques du pays.

Nelson Mandela fut élu.

Contre la vengeance et pour la paix,
la guérison et la justice,

il ordonna la création
de la Commission Vérité et Réconciliation.

Qui avouait ses crimes de violence
politique pouvait être amnistié.

L'archevêque Desmond Tutu
présidait cette commission.

LE CAP, 1996

Mon Père !

Kefilwe, j'arrive !

C'est vrai qu'elle est belle.

Quand votre fille a-t-elle disparu ?

Il y a trois ans, mon Père.

Racontez-moi.

Elle est partie dans la nuit.
Elle disait qu'elle avait peur.

Elle est allée voir
son copain, Siswe.

Elle m'a dit que Siswe
faisait partie de la police.

Mon Père, ils ne reviendront pas.

Ni elle ni Siswe, pas vrai ?

Je vais regarder ça.

C'est promis.

Blomfeld ! Viens ici !

Ici, Blomfeld !

Blommie !

Meurtrier !

Assassin !

Stop.

On m'a déjà fouillé
au moins 12 fois, Kruger.

Ça fera 13, Blomfeld.

C'est un séjour à l'hôpital
que tu veux, mec ?

Allez. Marche.

Qu'est-ce que tu regardes ?

Pas ici. À moins que tu ne souhaites
que ta lettre finisse à la poubelle.

Blomfeld,

vous croyez que l'archevêque
va se donner la peine de lire ça ?

Qu'il va faire tout ce chemin

pour venir voir
un assassin condamné ?

Allez, sortez-le d'ici.

À plus tard, pédé.

Oui, c'est vrai.

La tumeur a arrêté de grossir,
mon Père.

Mais c'est trop tôt pour parler
de rémission.

Seul l'avenir nous le dira.

Donc je peux
me faire renverser demain,

je mourrai en bonne santé.

Je vous ai écouté à la radio.

La vérité et la réconciliation,
ce serait bien.

Mais c'est trop tôt
pour parler de rémission ?

Je peux vous parler en privé,
Docteur Biehl ?

Loin des oreilles de ce vieux bouc.

Elle va vous dire
de me mettre au repos.

Non, de t'ordonner de te reposer.

Lorsque Mandela m'a demandé

de présider la Commission
de la Vérité et de la Réconciliation,

il m'a laissé le choix.

Justement parce qu'il savait
que je n'en avais pas !

Quand le président parle,

on n'a pas le choix,
n'est-ce pas ?

- Apparemment.
- Exactement !

Tu vois ?

Écarte-toi.

On accorde l'amnistie à un noir,
on nous qualifie de partial,

mais pour un blanc,
on nous traite de chiens de fermiers.

- C'est impossible !
- Sise, c'est seulement difficile.

- N'est-ce pas ?
- Deux politiciens...

sont au point mort.

L'un finit par dire :

"Écoute, j'admets que j'ai tort,

si tu admets que j'ai raison."

"C'est bon, mais toi d'abord."

"D'accord. J'ai tort."

dit le premier.

Et l'autre crie à tue-tête :

"C'est vrai ! Tu as tort !"

C'est pour vous, mon Père.

Beaucoup de gens bons
partout dans le monde

prient pour notre succès.

Eh bien,
ils devraient prier plus fort.

Alex.

Vous aurez besoin d'endurance
pour guider tout ce monde.

Oui. Mais si la Commission
arrive à former

une espèce de groupe uni,

il y a de l'espoir pour la nation.

C'est la lettre de Blomfeld ?

En effet.

Qui aurait dû être détruite,
comme je l'avais conseillé.

Je n'arrête pas d'y penser,

Vinnie, elle est si bien écrite.

Il cite la République de Platon

et John Milton.

C'est juste...
C'est assez captivant.

Je vous déconseille
d'aller à Pollsmoor.

Il ne veut que vous nuire.

Vous le savez,
il essaiera de vous détruire.

N'exagérez pas. Arrêtez.

Mon Père,

c'est un psychopathe,
un meurtrier condamné.

- Je sais ce qu'il est.
- Donc ?

Personne n'est irrécupérable,
Vinnie.

Blomfeld,

visite au bloc C.

Oh zut !

Il est tombé.

Merci, sergent.

Le putain de prêtre de la prison
m'a dit que tu viendrais pas.

Jamais il disait.

Mais je savais que tu viendrais.
T'as pas pu résister.

Incroyable !

Eh bien...

Vous saviez que je viendrais,
vous devez donc être préparé.

Joue pas avec moi, mec.
Te fais pas d'illusions.

- Des illusions ?
- Tu rentreras pas là-dedans.

Alors mettons fin à ce jeu.

Dès maintenant.

C'est pas un jeu, kaffir.

Mon Père.

Mon Père.

Ça suffira.

Ce qui va arriver ici,
c'est pas le hasard.

J'ai tout lu sur toi.
J'ai étudié.

J'ai plein de temps
pour faire mes affaires.

Monsieur Blomfeld,
qu'est-ce que vous voulez ?

L'amnistie ?

Et si c'était le cas ?

Je ne peux même pas garantir
que je vais y réfléchir.

Mais si vous voulez être libre,

pour être amnistié il vous faudra...

"Faire des aveux en toute franchise.
Et ne rien épargner."

Je sais. J'ai appris à lire.

Vous devrez demander pardon.
Vraiment le demander.

Demander pardon ?
Pardon pour quoi ?

Balayer des pourritures de noirs
qui voulaient me voler mon pays ?

- Notre pays.
- Mon cul, votre pays !

Vous avez fait quoi
pour le construire ?

Les élections d'il y a 2 ans.
Une élection libre.

Où ceux qui souhaitaient voter
pouvaient le faire.

Sans violence.

Et ça, c'est un grand pas.

Ça t'aide à mieux dormir, hein ?

Fier de ton grand pas.

Écoute, mec.

Mon Père. On était d'accord.

Qu'est-ce que ça fait ?

D'être copains
avec tes anciens maîtres blancs ?

Copains ? C'est-à-dire ?

Esclave un jour, esclave toujours.

Tes maîtres blancs sont toujours là.

Tu leur obéis toujours.

Seulement maintenant
on appelle ça la réconciliation.

Tu les couvres,
voilà ce que c'est.

Allez, sois franc,
essaie, c'est facile.

Nous devons apprendre
à vivre ensemble,

ou nous mourrons ensemble.

Bien joué, kaffir.
T'es pas bête.

T'arrives au bout du tunnel.

La vie, c'est un animal
qui en mange un autre.

La mort, c'est un animal
qui se fait manger par un autre.

Soit t'as un ventre plein,
soit tu finis dans un ventre plein.

Darwin. Irrévocable.

Le reste, c'est de la poudre
de perlimpinpin. Chintz.

Nous sommes tous
des enfants de Dieu.

Nous sommes tous connectés
par notre humanité.

Je vais te dire
deux, trois choses sur l'humanité,

sur ce qu'on a enterré
sous le sol rouge de ce pays.

Sur les "disparitions",

les "éliminations",

les "méthodes
peu conventionnelles",

les "commandos",
"Hacksaw".

Eh oui...

Tu penses qu'on partage
tous la même humanité, kaffir?

Nous sommes tous
capables de dépravation.

- Même toi ?
- Oui, même moi.

Bon garçon !

Quand tu t'assieds à ta commission,
dis pas que tu ressens pas de colère.

Oh, je suis en colère.

Et tu te demandes pas

pourquoi Dieu ne passe pas
l'éponge sur les bipèdes qu'il a créés ?

Parfois, oui.

Tu me fais pitié, enfant de catho.

Tends l'autre joue.

Pardonner est un choix

fait par d'autres personnes
ordinaires,

bien plus courageuses
que je ne le serai jamais.

Allez ! Sois un homme.

Aie un peu de cran.
Lance-toi.

Je n'accepte pas
votre vision de l'humanité

et je vais continuer
à me battre contre celle-ci.

Combien sont prêtres
à la Commission ?

Quatre.

Malins, nos chefs !
Le pardon, c'est dans la poche.

La guerre civile,
que vous semblez vouloir,

n'est dans l'intérêt de personne.

Le bain de sang est inévitable.

C'est pur, honnête.

De là émerge un vainqueur.

Le fort, le supérieur, devant qui
les faibles se mettent à genoux.

Que tu échoues
aujourd'hui ou demain,

j'ai raison, kaffir.

Ça se voit à ta tête.

Je veux que la guerre nous entraîne
dans un tourbillon sanglant,

parce que le vainqueur,
écoute-moi,

sera blanc !

La visite est finie.

La visite est finie !

Pourquoi m'avez-vous demandé
de venir, M. Blomfeld ?

Pour te donner cette même chose
que tu voulais me donner.

L'illumination.

Nous avons passé notre journée
à étaler nos limites.

Vous trouverez peut-être
l'illumination plus tard.

J'ai tué. Beaucoup.

Des kaffirs, car j'en avais envie.

J'ai exercé ma volonté de le faire.
J'ai adoré.

Viens pas ici avec ta foutue croix
en prétendant que tu m'aimes.

Vous jurez. Trop.

C'est vrai, mon frère !
Mais je suis rentré dans ta tête.

Et je suis là à chaque fois
que tu te regardes dans le miroir.

La haine.
Toujours en toi désormais.

J'ai pas raison, kaffir ?

L'aberration, c'est la brutalité,
M. Blomfeld.

Pas l'amour.

Réfléchissez-y,

peu importe
à quel point ça vous gêne.

Merci, sergent.

Attention, il était dans la police.
Certains y étaient aussi.

Amandla.

Amandla.

Je vois clair dans ton jeu.
Bien joué, mon ami.

Ta gueule.

Ouvrez.

Ouvrez.

Au revoir
les vacances en Namibie, pédé.

Tu disais que les dossiers
avaient été brûlés.

Il y en avait trop.

Personne ne saura
tant que tu fermes ton bec.

Ça vaut aussi pour toi, Mosi.

Merde !

Je vais régler ça.

Ça va, mon pote ?

Ça fait un bail.

T'as de nouveaux amis.

Tu passes du bon temps.

Je peux vous aider ?

Emmenez-le aux toilettes,
il va se pisser dessus.

- Où est le prêtre ?
- Pourquoi ?

Je le vois pas
jouer dans le sable.

Il est occupé.

Quel bosseur.

Achetez de la crème solaire.

Vous allez attendre longtemps,
il est en rendez-vous.

On sait attendre, Madame.

On sait attendre.

Mme Morobe, Kefilwe,

il doit bien y avoir
quelque chose de plus.

Personne ne l'a vue
depuis son départ.

Personne ne sait rien.

Mais Mpho disait

que Siswe avait peur.

Elle avait peur ?

Je lui avais dit
de rester à la maison.

Mpho m'a dit :

"Non, je ne vivrai pas
comme une prisonnière".

Mon Père, Mpho disait

que Siswe faisait partie
de la police.

Il avait peur de l'opération Hacksaw
ou quelque chose comme ça.

Hacksaw ?
L'opération Hacksaw ?

Mon Père...

Je vous en supplie.

S'il vous plaît...

Trouvez juste un morceau d'os.

Que je puisse enterrer ma fille
décemment.

C'est promis, Mme Morobe.

- C'est promis.
- Merci.

Officier !

Bonjour, mon Père.

Mon Père.
Je veux juste lui poser une question.

- C'est bon.
- Je peux ?

À propos de la loyauté.

Vous servez votre pays
pendant 30 ans, loyalement...

Et après, c'est vous, la sorcière.
C'est des conneries, non ?

Ce n'est pas
une chasse aux sorcières.

Merci, Officier.

Excusez-moi, mon Père.

Je me demandais juste...

Vous pensez être meilleurs que nous ?

Je dis ça parce que...

Disons-le clairement,
on a un président de merde.

Si c'étaient nos corps
qui étaient enterrés, là,

vous nous déterreriez aussi
en pleurant pour la réconciliation ?

Je prie pour, oui.
Je pense que oui.

Oui, mais rien n'est sûr.

- Merci.
- Pardon.

Madame, je lui demande
ce que je veux.

Excusez-moi, mon Père,
une dernière question.

Dites-moi,
qu'y a-t-il de bon là-dedans ?

Ce qui est enterré doit le rester.

Tout ce qui restera enterré,
c'est la colère et la rancœur.

Vous avez besoin de nous
de votre camp, c'est tout.

Il n'y a pas de camps.
Nous sommes une nation.

Une nation ?

Eh ben, on va trouver l'or
au pied de cet arc-en-ciel !

Bonne journée, Officier.

- Je suis désolée, mon Père.
- Ça va.

Ils n'ont rien sur nous.

C'est des conneries.
Faut rien dire, se la fermer.

Mosi, viens.

Tellement de secrets...

C'est comme un cancer.

C'est à cause de cette créature
du mal à Pollsmoor ?

Ne le laissez pas entrer, d'accord ?

Si c'était la seule personne
qui était entrée,

je me sentirais mieux.

Note à vous-même, alors :
"Ne retournez pas à Pollsmoor."

D'accord ?

Vinnie, peux-tu demander à Oliver
ou un autre chercheur

de me donner des informations

à propos
de l'opération secrète Hacksaw ?

Bien.

Le nouveau,
tu veux rejoindre le 28 ?

Tu veux être soldat ?
On doit te tester avant.

- T'entends ?
- C'est quoi ton nom, gamin ?

Benjamin, Monsieur.

Et d'où il vient ce nom,
Benjamin ?

J'étais dans une école catholique
vers Nelspruit, Monsieur.

- Une école catholique, Benjamin ?
- Oui, Monsieur.

Tu es Ubuntu, Benjamin ?

Oui, Monsieur.
J'honore mes ancêtres.

Nique tes ancêtres, d'accord ?
Nique tes ancêtres.

Réponds à cette question.

C'est quoi le 28 ? C'est quoi ?

C'est le pouvoir, Monsieur.

- Plus fort.
- Ouvre la bouche.

- C'est le pouvoir, Monsieur.
- Eh ouais, Mogamat, le pouvoir.

Maintenant, réponds
à cette autre question.

T'es dans une tempête, énorme,
et t'es le seul avec un parapluie.

Tu fais quoi ?

Avant que tu répondes,

moi, je suis un juge,
général dans le gang 28.

Tu réponds quoi ?

Je vous appelle pour que vous veniez
partager le parapluie.

T'es fou ?
Partager un parapluie ?

- Oui.
- T'entends, Mogamat ?

C'est pas un soldat, frère !

C'est une pédale.

Tu vois ce qui lui arrive ?
C'est ce qui t'attend.

Tu ferais mieux de t'endurcir.
T'es plus chez maman.

Penses-y.

Femme.

Non.

Tu vois ?
T'es une femme !

La femme du général !

Expliquez-nous le but de la SSA.

La SSA, la police...

Le but était
de soutirer des informations.

On nous a dit
de le faire proprement, mais...

Continuez, Monsieur Xhosa.

Par la torture, en tapant
les parties génitales jusqu'au sang

et au pus.

L'enculé. T'y crois, toi ?

Des fils électriques
dans les vagins...

Pardon.

Est-ce que le nom de Mpho Morobe
vous évoque quelque chose ?

Non.

Et l'opération Hacksaw ?

M. le Président !

Je dois arrêter ce témoin. J'ai ici
une ordonnance de la Haute Cour

qui interdit toute poursuite
de déposition.

Vraiment...

Alex.

Colonel,

n'avez-vous rien
à dire à ces familles ?

Celle de David Lyon

ou celle de Simba Goniwe ?

Qui n'ont pas de nouvelles
de leur cher enfant

ou de leur cher mari
depuis des années ?

Vous n'avez rien
à leur dire pour les soulager ?

Pour qu'ils puissent
tourner la page ?

Une seule chose, mon Père.

Nous étions en guerre
contre le communisme.

Je me battais
contre une menace commune.

Des régimes communistes,
cruels et répressifs,

qui voulaient nous voler l'Afrique.

Colonel,

regardez le visage

de ces familles.

Ils font partie de votre peuple !

Colonel, vous ne pouvez pas
revenir en arrière,

ou changer votre passé,

mais vous pouvez choisir
où vous allez.

M. le Président, j'ai porté plainte
auprès du Protecteur public.

Ceci n'est qu'une insulte motivée
par des considérations politiques

et porte atteinte
à l'intégrité de mon client

et de la SADF.

Vraiment, mon Fils ?

Cette histoire rend beaucoup
de Sud-Africains blancs fous.

Si c'était votre but, c'est réussi.

Je ne vois là plus aucun rapport
avec la paix ou la réconciliation.

Votre attention !

Pause de 5 minutes, s'il vous plaît.

Mme Morobe, Kelfiwe,

que faites-vous encore là ?

Rien de spécial.

Mpho a 20 ans demain.

Je dois allumer ses bougies. Vingt.

Rentrez chez vous.

Dès que j'en sais plus,
je vous le dirai, c'est promis.

Elle voulait étudier.

Devenir médecin.

Elle économisait
tout le temps pour des livres.

Oui. Demandez à Kefilwe.

Comment puis-je prier pour elle

si je ne sais pas où elle est ?

Bonsoir.

- Comment ça s'est passé ?
- Intéressant.

Tu ne viens pas chercher ton chocolat
alors je te l'apporte.

Bonne nuit !

Cette musique me rappelle
l'inauguration du Président Mandela.

Je la leur ai mise.

Ils voulaient en savoir plus
sur cette journée spéciale.

Mais comment transmettre
ce sentiment de liberté ?

Ce premier instant.
Goûter à la liberté.

Ce doux nectar.

Comment transmettre cela

à quelqu'un qui est né libre ?

On ne peut pas, c'est impossible.

Mon chéri,
bois ton chocolat, il refroidit.

Tu te souviens de ces avions ?

Dans le ciel,

qui diffusaient les couleurs
du nouveau drapeau ?

Et toutes ces acclamations.

Oui, et toi qui dansais
avec ce gros businessman blanc.

Comme deux phoques.

Il n'était pas businessman,
c'est justement ce que je disais.

C'était l'ancien geôlier
de Nelson Mandela.

Et nous dansions...

car ces avions, dans le ciel,
c'étaient les nôtres.

À personne d'autre.

À nous.

Nous étions libres.

Il ne faut pas oublier ça.

Non.

Mais à quoi pensais-tu juste là,
mon mordu du travail ?

Mme Morobe et sa nièce

sont venues chaque jour
à la Commission, cette semaine.

Je leur ai promis...

Mpilo,

avec ta maladie,

je ne sais pas si tu devrais
continuer la présidence.

Comment ?
Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

Desmond Mpilo Tutu,
tu es incorrigible !

Ton vieux bouc
est encore plein de vie !

Je sais que c'est important
pour Mme Morobe et tous les autres.

Ce M. Blomfeld...

Lavinia veut que tu promettes
de ne plus le voir. Il est dangereux.

J'ai vu la lettre.

Dieu seul sait ce qui se passe
dans sa tête.

Il est très intelligent.

Cela ne veut pas dire
qu'il aura le dernier mot.

Oui, c'est pourquoi j'ai demandé
à Varney de te sortir son dossier.

Connais tes ennemis.

- Tu l'as lu ?
- Deux fois.

Leah Nomalizo Shenxane...

Même après toutes ces années
de mariage,

tu me surprends chaque jour

encore et encore.

Viens, viens.

Viens câliner ton bouc.

T'es dans une tempête de pluie
et t'es sous un parapluie.

Moi, ton frère, j'arrive.
Tu me dis quoi ?

Parle !

Je sors de sous le parapluie.

Je reste avec vous,

mes frères.

Avec ça, tu fais saigner.

Et avec ce sang,
tu entres dans le gang 28.

Ils écriront des poèmes
et chanteront tes exploits.

Parce que tu fais partie du 28.

Docteur...

Oui, Monsieur.

Encre cet homme.

Et comment, Monsieur.

N'oublie pas ta place, soldat.

Ton 28 dépasse pas mon 28.

Ne trahis pas, ne désobéis pas.

Et ne me mens jamais !

Sinon,

Je t'arrache le cœur.

Et on le mangera tous.

À table !

Blomfeld.

T'aimes ma déco, Kruger ?

Oui. J'aime bien.

Les kaffirs mijotent quelque chose.
Tu devrais les rappeler à l'ordre.

Tu connais
"Le Paradis perdu", Kruger ?

C'est une boîte de nuit ?

C'est un poème, gogol, sur moi !

Va te faire foutre.

À terre !

À terre, merdeux !

C'est moi, le patron.

À terre !

Moi.

Allez !

Maintenant.

C'est le confinement
que vous voulez, sauvages ?

Non, Monsieur !

- Il y a des règles ici, bâtards ?
- Oui, Monsieur !

- Qui donne les règles ?
- Vous, Monsieur !

- Qui donne les règles ?
- Vous, Monsieur !

- Souvenez-vous-en !
- Bien, Monsieur !

Idukwe est un homme maintenant !

L'ex Président FW De Klerk
a commencé

par ce que l'archevêque Desmond Tutu
a qualifié d'excuses remarquables.

L'apartheid était injuste.

Je m'excuse, en tant que dirigeant
du Parti National,

auprès des millions de Sud-Africains

ayant subi ces effroyables renvois

de leurs foyers,
lieux de travail et pays.

Qui ont éprouvé cette honte
d'être arrêtés arbitrairement.

- Hansie ?
- Quoi ?

La fête de l'école de Melissa.
Tu devrais venir.

Ils vont me demander
où tu es passé.

Sanette et Jan seront là.

On va faire un barbecue
avec les enfants.

Un barbecue...

Faisons ça.

Au moins, les leaders des noirs
les soutiennent.

... auprès des millions
de Sud-Africains

ayant subi ces effroyables renvois

de leurs foyers,
lieux de travail et pays.

Qui toutes ces années,

ont éprouvé cette honte
d'être arrêtés arbitrairement.

Qui au fil des décennies,
même des siècles,

ont souffert l'ignominie,
l'humiliation de la division raciale.

La tête du département juridique
de l'ANC, M. Phosa, a également dit

que M. De Klerk était à Pretoria

et savait ce qui se passait
au camp Quattro de l'ANC en Angola,

mais ne savait rien sur Vlakplaas.

De retour ?

T'es gourmand.

"F.W. De Klerk s'excuse du mal causé
par la politique de l'apartheid."

T'as battu ce porc de De Klerk.
Et alors ?

Alors on voit la vie en couleurs.

On dit qu'il faut unir

cette nation arc-en-ciel,
maintenant.

C'est ce qu'on dit ?

Toi, le blanc de Hout Bay,
qui tire ton coup discrètement ?

Terre'Blanche et l'AWB ?

Le vert et le doré, hein ?
C'est de la bouse de vache !

Vous savez, M. Blomfeld,

quand je suis parti
la dernière fois,

je ne me suis même pas dit :
"C'est tout."

"C'est fini !"

J'ai bien...

bien étudié votre cas.

Et ?

Et...

L'amnistie pour vos crimes...

Il y a peu de chances
qu'on vous l'accorde.

Vous n'avez eu aucune pitié
pour vos victimes,

et excepté leur extrême brutalité,

vos crimes n'ont
aucun contexte politique.

Pas de contexte politique ?

Mon contexte,
comme tu l'appelles,

remonte à 300 ans.

Quand mes ancêtres cultivaient
ces terres et construisaient ces villes,

vous vous cachiez dans les buissons
pour les massacrer.

Voilà le contexte.

C'est ton peuple qui tuait le mien.

Au Zimbabwe. Je sais.

Zimbabwe, Afrique du Sud,
même différence.

Vraiment ? La même ?

Je sais pas, c'est toi l'expert.
À ton avis ?

Votre peuple...

croyait...

en ce petit livre subversif.

C'est un joli livre.

C'est mon préféré.

Il nous apprend à...

"Proclamer aux captifs la délivrance,

et aux aveugles
le recouvrement de la vue,

pour renvoyer libres les opprimés".

C'est Luc 4:18.

Votre peuple

se sentait opprimé par les Anglais,

ils ont riposté,
puis ils étaient libres.

Vous devez donc
apprendre de votre histoire,

que quand un peuple
décide de sa liberté,

mon cher, rien,

absolument rien

ne l'empêchera d'atteindre son but.

Très bien.
Très noble de ta part.

Mais il y a quelque chose
que tu comprends pas, kaffir.

Tu ne peux juste pas comprendre.

Tuer quelqu'un n'a rien de politique.

Peu importe ce que les gens disent,

tuer quelqu'un, c'est personnel.

C'est toujours personnel.

C'est simple.

Tu lis, donc ?

Étudie ça :

"Une volonté insurmontable,
l'étude de la vengeance,

une haine immortelle,

un courage qui ne cède
ni ne se soumet.

Qu'est-ce autre chose
que n'être pas subjugué ?

Mieux vaut régner en enfer
que servir le ciel !"

Lucifer.

Vous avez cité ce poème
dans la lettre.

Papa était prof, j'imagine qu'il sait
que c'est "Le Paradis perdu".

Si tu ne le sais pas, ça fait de toi
un Mzee à moitié instruit à mes yeux.

T'as de l'imagination, bamboula,
je te l'accorde.

De l'imagination ?
Oui.

Pendant 40 ans,

je me suis imaginé
en train de voter.

Librement,

dans un pays libre,
le pays où je suis né.

Pendant 40 ans,
j'étais dans la nature.

Et c'est finalement arrivé.

Il y a eu cette neutralisation...

J'étais sous le porche,
baignant dans les cervelles,

le sang et la merde des kaffirs.

J'avais la tête
comme une citrouille.

Après le massacre,
on a allumé un feu.

J'entendais une voix dans ma tête
aussi clairement que vous m'entendez.

Elle disait que j'avais pas de rêves,

pas de passion,

pas d'espoir.

"Quel est l'intérêt sans tout ça ?"
elle me disait.

"J'ai de la passion !"

"J'ai des rêves !"
j'ai crié.

Tous les autres étaient là.
François, Hansie, les Hacksaw,

me regardaient
à travers les flammes et cette voix...

"Quels rêves ? Quels rêves ?"

J'ai eu des rêves !

J'en ai eu, un jour, oui.

Mais votre putain de peuple,
vous me les avez pris.

Quel âge aviez-vous

quand vous avez rejoint l'AWB ?

C'est quoi le putain de rapport ?

Quel âge ?

Dix-sept.

Qu'en avez-vous tiré, M. Blomfeld ?

Trente-trois années de haine ?

Va te faire foutre !

C'est trop pour toi, hein ?
La Commission.

C'est déjà assez.

Je ne suis pas venu
pour parler de la Commission.

Tu peux pas me pardonner.

Tu perds la foi, hein ?

J'ai vu la lueur

s'éteindre et mourir
dans tellement d'yeux !

Ça fout la trique, je te le dis !

J'ai soulagé des mourants,

et je connais la mort.

Quand t'enfonces la lame,
ils y croient pas.

Ils sont sous le choc.

Après ils l'acceptent.
Oh oui...

Ils sont reconnaissants, non ?

Parfois, je les entendrais
presque murmurer :

"Merci."

"Merci".

Alors viens pas me donner de leçon,
sale balourd hypocrite.

La Commission t'a brisé de l'intérieur,
a réduit ta foi en miettes.

J'ai raison, non ?

Tu peux pas pardonner aux monstres
que tu côtoies tous les jours.

Et le cancer te bouffe.
T'es tellement fini, mec !

Arrêtez de m'appeler "mec",
Blomfeld !

Ou quoi ?

Derrière cette façade...

vous vous détestez tellement.

C'est plus facile...

de détester le monde

que de se détester soi-même.

Je comprends.

Vous aviez ça sur vous,
lors de votre arrestation.

Vous l'avez gardée

pendant 40 ans.

Pourquoi ?

Visite terminée.

Que s'est-il passé ?

Ne vous cachez pas derrière
Aristote, Platon ou Milton.

C'est vrai, c'est vrai.

Je dois me regarder dans le miroir,

chaque jour.

Mais vous aussi.

Vous n'êtes pas un ange déchu

et je ne suis pas Dieu.

Nous sommes juste...

des hommes.

Dernière question :

que savez-vous de cette opération ?

L'opération Hacksaw.

J'ai dit visite terminée, kaffir.

Vous êtes bloqué
dans deux prisons, Blomfeld.

L'une est faite de pierre
et de barbelés.

L'autre est pire.

Parce qu'elle est là.

Dans votre tête.

"L'esprit

est à soi-même
sa propre demeure,

il peut faire en soi
un ciel de l'enfer,

un enfer du ciel".

Milton.

Si vous voulez le lire,
ne le faites pas au compte-gouttes.

Faites le correctement.

C'est quoi ça ?

Ça,

c'est votre sortie de prison.

Ça pourrait vous sortir

de votre enfer personnel.

Sortez, Blomfeld.

Sortez.

Ne restez pas là.

Dieu vous attend.

Sortez.

Il a cité Milton.

J'ai perdu mon sang-froid.

Mais il sait pour Hacksaw,

et peu importe ce que c'est,

c'est lié à la mort de Mpho Morobe.

Blomfeld !

Je pense aller me payer une bière
après le boulot.

Ou peut-être un petit cul
à 100 rands.

Allez, frère.
Il se passe quoi avec ce kaffir ?

Tu penses que tu peux tout balancer

comme ces bâtards ?

Me traite pas de putain de balance.

Compris ?

Ce que je choisis de lui donner,
c'est tout ce qu'il aura, enculé.

Personne ne m'appelle balance.

Va te faire foutre, François !
Va vendre de la drogue au 28.

J'ai du mal à croire,
Président De Klerk,

qu'avec l'influence
d'au moins un ministre

et de deux commissaires de police,

les violations au droit des hommes

ne représentent rien de plus
que des aberrations par des marginaux.

Mais des massacres
ordonnés par l'État se produisent,

pourtant l'État n'a encore fait
comparaître aucun ministre.

Tu fais quoi, putain de kaffir ?

Pas moyen, petit kaffir sournois.
Pas moyen que ça marche.

Bonjour, mon Père.

Tata est tombée très malade.
Je ne sais pas quoi faire.

C'est quoi l'antimoine, mon Père ?
Les docteurs parlaient de ça.

C'est un poison, j'ai bien peur.
Un poison.

N'abandonnez pas.

Dieu ne vous veut pas

venir à lui comme cela.

Pourquoi ?

Mon âme est sèche
comme une feuille morte.

Je ne pourrais jamais l'enterrer.

Que pouvez-vous faire, tout seul ?

J'ai une piste.

J'ai de l'espoir.

S'il vous plaît, ne désespérez pas.

Nous ne vous abandonnerons pas.

J'ai commis une erreur.

Non, ma chère.

Vous avez fait une petite erreur.

Toute petite.

Je suis désolé, mon Père,
je ne peux rien faire. Vraiment.

Si votre nom n'est pas écrit,
vous ne rentrez pas.

Peu importe qui vous êtes.

N'importe quoi.

Appelez-moi le Directeur.

Directeur,

je dois voir
M. Blomfeld immédiatement.

Le Département des Services
Correctionnels a rejeté ma demande

et je ne peux rien y faire.

- Je vois.
- Bonne journée, mon Père.

Bonne journée.

Journée gâchée ?

Non, j'ai pu vous voir.

Bonne journée.

On doit contacter le Département
des Services Correctionnels.

Désolé de vous apporter
une mauvaise nouvelle.

Inkatha a publié
un communiqué de presse.

Il dit que la Commission n'arrive pas
à être impartiale dans l'enquête.

- Nous serions les chiens de l'ANC.
- Pardon ? En quel honneur ?

Il n'y aurait aucun lien
entre les preuves et nos conclusions.

Ne réalisent-ils pas
le mal qu'ils font ?

À nous tous !

À leur propre peuple !

Excusez-moi !
Votre attention, s'il vous plaît !

Il y a une alerte à la bombe
à la Commission.

La police a ordonné
d'annuler la session d'aujourd'hui.

Je vous tiens au courant
dès que je peux.

Alex, mon Père voudrait vous parler.

Allez-y doucement.
Je ne l'ai jamais vu aussi mal.

Je vous tiens au courant.

Mon Père ? Alerte à la bombe ?
Bon Dieu ! Et après ?

Et après ?
Et après ?

Inkatha a publiquement attaqué

l'intégrité du Président Mandela.

Comme si on en avait besoin.
Du tribalisme.

Mon Père,

toute cette entreprise
menace de s'effondrer.

N'est-ce pas ?

Je ne sais pas, Alex.

À votre avis ?

Je ne sais pas.

Mon Dieu,
pourquoi es-Tu silencieux ?

Fais-moi un signe, s'il te plaît.

Mpilo...

Mon amour.

Tu te souviens ? Les enfants
voulaient jouer sur cette plage,

mais c'était interdit aux Noirs.

Ils voulaient tellement aller nager,
les pauvres.

J'étais tellement énervée.

Oui, et humiliée.

J'ai ressenti ça,
l'autre jour à Pollsmoor.

Je vois ! À Pollsmoor.

Ça me rappelle, enfant,

quand j'allais à l'école
avec mon père.

Traverser cette zone blanche...

Regarder mon père

montrer ses papiers à la police.

Ils lui criaient dessus
et l'insultaient.

Il a tout enduré pour moi.

Et je me tenais là,

incapable de le soulager.

Je l'ai laissé tomber.

Leah, je l'ai laissé tomber.

Peut-être que cette âme perdue
a raison.

Peut-être que je ne suis...

qu'un vieux charlatan.

Délirant

et indigne.

Mpilo, n'importe quoi !

- Non.
- De quoi parles-tu ?

Tu as passé ta vie
à défendre la dignité des autres.

Sans jamais abandonner.

Jamais !

Et tu n'abandonneras pas maintenant.
Absolument pas.

Oui.

Tellement de haine...

Contre quoi ?

Un pigment d'imagination.

M. Pollsmoor te sous-estime
complètement.

Complètement.

Ce paquet,

plus ça,
si t'élimines Blomfeld.

Pas d'embrouilles pour vous
pendant un mois.

Pourquoi tu veux le tuer ?

C'est un putain de pédophile.

T'as compris,
c'est tout bénef qu'il soit plus là.

Il veut ton territoire.

Fais-le vite.

Benjy !
Bouge ton cul !

J'attends.

Sur mes deux étoiles brillantes

j'ai une rayure,

une veste, verte et rouge.

Enfin...

mes bottes noires.

Voilà, Général.

Tu sais ce que c'est ?

Une lame mortelle, Général.

Je veux que tu tues
ce putain de Blomfeld pour moi.

Je le fais quand ?

Je retourne au camp,
je te dirai quand.

Dehors.

T'écoutes jamais rien.

Tout le temps la même chose, bordel.
Sortez, tous !

Sortez, tous !

T'aimes bien te faire baiser ?

T'aimes bien qu'on te baise ?

Tu crois que j'aime bien ça ?
Te baiser tout le temps ?

Tu crois que ça me plaît ?

Va te faire foutre.

Je peux t'aider, kaffir ?

C'est toi, Blomfeld ?

Tu veux quoi ?

Tu veux quoi ?

C'est un couteau, ça.

Tu sais ce qui va arriver, hein ?

Oui, Monsieur.

- Pardon ?
- J'ai dit oui, Monsieur, je sais !

T'as des tripes de venir
essayer de me tuer.

Qu'est-ce que je t'ai fait ?

Dans le passé ?

À ta famille, peut-être ?

Pourquoi tu fais ça ?

On m'a payé pour vous tuer.

Montre-moi tes tatouages.
Enlève ton haut, bordel !

J'ai pas de tatouages.

Comment ça se fait ?

- Pourquoi t'as pas les 28 tatouages ?
- Je ne suis pas encore soldat.

C'est bien ce que je pensais.
Quel âge tu as ?

Dix-sept ans, Monsieur.

Dix-sept ?

Alors, pourquoi ils t'ont envoyé ?

Personne ne m'a envoyé.

Tu veux faire l'homme ?
Rejoindre la fratrie ?

- T'as pris combien de temps ?
- Quatre ans, Monsieur.

Si tu me tues, ça fait 20 ans.

- C'est ce que tu veux ?
- Non, Monsieur.

T'es la femme de Mogomat ?
Son servant, c'est ça ?

Tu t'es bien chié, non ?

T'es fait comme un rat
dans un labyrinthe.

Ton nom ?

Mboweni, Benjamin.

Mboweni ? Tu es Tsonga ?

Mon père est Tsonga,
il vient de Mpumalanga.

Qu'est-ce qu'ils vont te faire,
Benjamin ?

Ils vont me tuer, Monsieur.

Ils vont te tuer. C'est sûr.

Je vous rends votre petit.

Blomfeld, tu nous piques
nos femmes, maintenant ?

Non, il m'a attaqué.
Tout seul, d'homme à homme.

Toi, t'es de taille.

Ouais, tu l'es.

Mais j'emporte quelques nez,
oreilles et bites avec moi.

Vous me haïssez tous
pour ce que j'ai fait à votre peuple.

J'absorbe votre haine.

Je m'en nourris.

Et toi, François ?
Petite pute.

Tu me détestes à cause
de tout ce qu'on a fait ensemble.

Discipline.

Je demande si ce gosse a un père ?

Quelqu'un pour se battre pour lui ?

Personne.

Il en a un.

Moi.

Calmez-vous, les gars.

Benjamin.

On n'a pas de querelle avec lui.

Il vient de la campagne.

Gardien,

tu dois arrêter cette merde,
t'entends ?

Je te l'ai déjà dit,
le deal tient plus. T'entends ?

Fais face
à tes problèmes toi-même.

Offre un verre à Blomfeld.

Blomfeld, je t'offre ce verre.

Dans tes rêves, kaffir.

- Howard est parti ?
- Oui.

Pollsmoor est une cause perdue.

J'espère que vous n'avez pas envoyé
Howard sur une fausse piste.

Non.

J'apprends à connaître mon ennemi.
D'après les conseils de Leah.

Des nouvelles de Mme Morobe ?

Kefilwe a appelé.
Elle est sortie de l'hôpital.

Bien.

Mon Père...

Vous vous sentez mieux ?

Oui. L'autre soir,

j'étais vraiment énervé après Dieu,

je pensais :

"Comment peux-Tu autoriser
ceci et cela ?"

Je l'ai réprimandé

pour ne pas montrer
que c'est Lui qui commande.

J'ai dit : "C'est vraiment Toi
qui commandes, Dieu ?"

Puis je me suis rendu compte

que c'était Sa façon
de me relever de cette panade.

Mme Van Den Bergh ?

Vous être très ponctuel, M. Varney.

On m'a dit que vous arriveriez
à 11 heures. Il est 11 heures pile.

Vous vous souvenez
d'un certain Piet Blomfeld ?

Vous avez l'air d'avoir soif.
Venez à l'intérieur.

Allez-y !
Ils pensent qu'ils sont alsaciens !

C'est du sang.

T'as besoin de vinaigre
pour le nettoyer.

T'as besoin de vinaigre, j'ai dit.

L'acide élimine le sang.
Frotte.

T'as de la chance d'être là,
Benjamin.

C'est mieux que toutes les écoles.

D'abord, je vais t'apprendre
à savoir qui tu es.

Après, que la seule personne
qui peut te changer, c'est toi-même.

Compris ?

J'ai promis que j'allais me battre
pour toi, mais autrement...

J'en ai rien à foutre.

Je t'ai interdit de venir ici !

Putain de merde.

Garde !

C'est Pollsmoor.

Oui ?

Mon Père...

Ils vont se pisser dessus en Enfer
à cause de ce que je vais faire.

Viens me voir.

Oui, je vais te parler
d'un certain barbecue,

et de ce qu'on a fait
avec un coup dans le nez.

Tu vas prier Dieu
de t'enlever les oreilles.

Après ça, tu m'oublies.

T'auras ce que tu voulais.
Et ce sera fini.

Je serai là demain.

Quel putain de merdier.

Dites à Mme Morobe

que Blomfeld est prêt à parler.

Merci.

Celui-là, c'est mon testament.

Celui-là, c'est au cas où,
tu vois ?

Vous postez celle-ci en personne,
en dehors de la prison ?

Oui, on va vous bouger
dans l'aile à haute surveillance,

vous y serez en sécurité.

Sécurité. Ouais, c'est ça.

M. Varney !

M. Varney.

Vous oubliez les coupures de presse.

Merci.

Il y a quelque chose
que je n'ai pas dit.

Vous devez comprendre
qu'après la fusillade,

Rian Blomfeld, le père de Piet,
ce monstre fanatique

a battu Piet tellement fort

qu'il lui a cassé le bras.

Puis ils sont partis au Zimbabwe.

Ils ont envoyé Piet
dans un internat pour blancs.

Il avait juste 10 ans !

Il n'était pas là
quand la famille a été tuée.

Par vengeance, apparemment.

Et il pense que c'est de sa faute.

J'espère que vous pourrez
aider Piet. C'est possible ?

Je l'espère.

Au revoir, Mme Van den Bergh,
et bonne chance.

Donc il vient le voir.

Demain.

Qui ? Qui vient voir qui ?

Le prêtre kaffir.

Il vient voir Blomfeld.

Le département
a renversé le Directeur.

Blomfeld se fout de ma gueule.

Il se passe quoi entre vous deux ?

On était dans le même commando.

On s'est fait arrêter.
Je suis devenu infiltré.

Lui et moi,
ça remonte à très longtemps.

Même avant Vlakplaas.

Le Chef lui-même
nous donnait des ordres.

Connard.

Celui qui a mis avec moi
la main dans le plat,

c'est celui qui me livrera.

Tellement vrai, mon frère.

S'il plonge, je plonge avec lui.

Putain.

Je le voyais pas balancer.

Le Directeur l'a mis dans l'aile J.

Ah ouais ? Ben...

Ça va pas le sauver.

Vous allez faire quoi ?

Je vais descendre cette ordure.
J'ai encore des alliés.

C'est allé vite, faut le dire.

Il est temps de payer.

Mais tu brûleras en Enfer avec moi.

Oh oui, ça c'est sûr.

Pas le temps de tergiverser.

Ne pas prier. Ne pas supplier.

Ne jamais se soumettre.
Ne jamais céder.

Qu'ils viennent.

Qu'ils viennent, putain !

Tu te sens comment
maintenant, connard ?

Tu pensais pouvoir balancer ?

Je suis ce que je suis.

On se voit en Enfer,
abruti de traître.

Hansie !

Hansie !

Hansie !

Elle avait ses règles.

Alors on l'a déshabillée.

Elle devait rester
avec les mains sur la tête,

le sang coulait sur ses jambes.

Pour lui briser l'esprit.

Siswe, son mec, était toujours
drogué à l'arrière du pick-up.

D'autres gars,

Hansie Coetzee,
François Schmidt, et d'autres,

sont allés chercher des pneus
et du bois pour le feu.

Rensberger est retourné à la ferme
chercher des bières et des steaks.

Je suis allé dans la cabane,

la fille avait mis un morceau
de plastique sur l'entrejambe,

par pudeur.

Ça couvrait rien.

Je l'ai fait s'agenouiller.

J'avais un Makarov
avec un silencieux,

je l'ai pointé
sur l'arrière de sa tête

et je lui ai explosé le crâne.

Éteignez !
Éteignez !

On reprend dans 10 minutes !

En attendant que les corps brûlent,

on a bu des bières et on a...

Quelqu'un a dit "Faisons..."

On a fait un barbecue.

Ces deux jeunes gens...

Ces enfants...

Vous veniez de les tuer.

Et vous,

en les brûlant,

avez fait un braai ?

Un barbecue ?

Oui.

Que Dieu me vienne en aide...

Est-ce que mon bébé était
un ennemi de l'état ?

En quoi ?

Je sais,
rien ne pourra la ramener.

J'aimerais.

Dieu seul est mon témoin,
Mme Morobe.

Je ne veux rien de plus.

Je mérite d'être puni.

J'ai perdu mon droit de vivre.

Mais je ne peux pas annuler
le passé, même si j'aimerais.

Je ne peux
vous demander d'oublier.

Ni de me pardonner.

Je ne peux pas...

Je ne peux pas me pardonner.

Tout ce que je peux dire...

c'est que je suis...

Je suis...

vraiment désolé de ce que j'ai fait.

Levez-vous, M. Coetzee.

Vous m'avez volé

la plus belle chose de ma vie.

Vous m'avez laissée
aussi morte

que ces deux enfants.

Ce n'est pas vous
qui avez tué ma fille,

mais vous n'avez rien fait

pour la protéger.

Une adolescente, à votre merci,

et vous n'avez rien fait.

Vous êtes bien insignifiant.

Regardez-moi, M. Coetzee.

Je vous écoute parler
de la mort de ma fille,

et mon cœur
me crie de vous tuer.

Mon cœur de mère me le crie !

Oui, j'aimerais vous tuer,

comme vous l'avez tuée.

Vous voyez ce que vous avez fait ?

Mais je ne veux pas souiller sa mort

par la vengeance et le sang,

parce qu'elle était belle,

trop belle
pour qu'on salisse sa mémoire.

M. Coetzee,

ma fille nous regarde de là-haut.

Je le sens.

Et elle nous offre l'occasion

d'un nouveau départ.

Pour que vous vous rachetiez.

Pour être un homme.

Et pour moi

pour vivre à nouveau.

Et pour elle,
je suis prête à le faire.

Hansie Coetzee,

laissons-la regarder

alors qu'on fait table rase.

Pour elle.

Benjamin.

Enchanté.

- Sais-tu pourquoi tu es là ?
- Ça a à voir avec Blomfeld ?

Oui, ça a à voir avec Blomfeld.

Directeur ?

- Bonjour, Benjamin.
- Oui, Monsieur.

- Tu vas bien ?
- Oui, Monsieur.

Ne t'inquiète pas. Le département
te sort de cette prison.

Mais avant ça,

je te lis les dernières volontés
et le testament de Piet Blomfeld.

"Tout ce que j'ai,
c'est de la camelote,

à part ma copie du Paradis perdu...

... que je lègue à Benjamin Mboweni.

J'ai un peu d'argent
à la Banque de Witwatersrand.

Je te le lègue, Benjamin. Pour toi.

Écoute, ce n'est pas une excuse,

mais une compensation,

pour te libérer des conséquences
de ce que ton peuple a subi."

Bonjour, je voulais vous parler.

Asseyez-vous.

Je voulais vous remercier
pour tout ce que vous faites.

Apporter de la lumière
dans ces ténèbres.

Vous êtes une femme courageuse,

Mme Coetzee.

Au début, je vous détestais.

Bien sûr.
Je suis aussi détestable qu'aimable.

J'imagine que j'étais
dans une bulle.

Et maintenant je me demande
comment j'ai fait pour ne rien voir.

Je ne parle pas que de Hansie,

mais de tout ce qui se passe.

Je faisais comme si de rien n'était,

mais je savais...

C'est rien dit comme ça,

mais je voulais m'excuser.

Pourquoi ça ne serait rien
de s'excuser ?

Peut-être parce que je pense
que je suis mauvaise.

Vous penserez que ce sont
des larmes de blanche.

Heureusement,
les larmes n'ont pas de couleur.

Et je pense que vous avez
besoin d'un câlin.

Comme tout le monde.

- En quel honneur ?
- Désolé.

Ces deux dernières années
ont été dures pour toi, Leah.

Sache que je ne t'ai jamais
considérée comme acquise. Jamais.

Que racontes-tu, vieux bouc ?
Tu me demandes pardon ?

C'est bien possible.

Regarde. Quelle belle vue !

Oui, la mer et ses couleurs.
J'ai toujours adoré ça.

Non, je veux dire ici,
sur la plage.

Notre plage.

Le pardon et la guérison
sont deux étapes essentielles

pour arriver à cette société
juste et charitable,

pour laquelle tant de personnes
ont souffert et donné leur vie.

Les CVR n'étaient que le début.
Pas la fin.

Desmond Tutu

Cette histoire
est tirée de faits réels.

Dans certains cas, les incidents,

personnages et la chronologie ont
été modifiés à des fins dramatiques.

Bien que tirés de témoignages
fournis à la CVR,

certains personnages peuvent être
composites ou entièrement fictifs.