All language subtitles for 1977.Va voir maman, papa travaille (fr)

Jérôme, mon chéri,
tu peux pas faire moins de bruit ?

Pourquoi tu travailles le dimanche ?

Parce que.

Avant, tu travaillais pas.

Avant que tu n'existes, si.
Et puis, je me suis arrêté.

Mais maintenant que tu vas à l'école...

Papa aussi travaille le dimanche.

C'est pour ça qu'il est en retard
pour t'emmener à Thoiry.

- Il gagne beaucoup d'argent, papa ?
- Assez.

- Alors, pourquoi tu travailles ?
- Parce que j'aime ça.

Allô ? Ah, c'est toi !
Justement, Jérôme s'impatientait.

Je peux pas partir
avant la fin de la répétition.

Ils sont arrivés de Londres avec 3h de retard.
Que veux-tu que j'y fasse ?

Dis donc, pour moi aussi c'est important.
C'est le 1re fois...

J'ai François en ligne.
Il veut 20 places pour ce soir.

Il paraît qu'on le leur a promis.

Qu'il aille se faire foutre. Je travaille
pour une maison de disque, pas une agence.

Attents, attends.
Écoute, Agnès, j'ai des problèmes par-dessus la tête.

Excuse-moi,
mais il faut que tu te débrouilles.

- Papa travaille ?
- Ouais.

- Et maman aimerait bien travailler.
- Alors, qu'est-ce qu'on fait?

On va chercher une solution.

- Maman, popo fini.
- J'arrive.

Fais voir.

Tu n'as pas fini du tout.
Tu n'as même pas commencé.

Encore un petit effort
pour faire plaisir à maman.

Allô ?

Allô Marianne ? C'est Agnès.

- Je te dérange pas ?
- Pas du tout. Je lisais.

Tu lisais ? Je sais pas comment
tu peux faire avec 4 enfants.

Question d'organisation.

- Maman ?
- Excuse-moi une seconde.

- Tu as rangé ta chambre ?
- Oui, maman.

- Toi, tu as fait ton devoir de math ?
- Oui, je l'ai laissé sur la table pour que papa le corrige.

- Est-ce qu'on peut
aller au cinéma maintenant ?

- Voir quoi ?
- Jour de fête.

Bon d'accord.
Ne rentrez pas trop tard.

- Merci maman.
- Merci maman.

Mettez vos manteaux.

Excuse-moi.
Les grandes sortent au cinéma.

Comment va Jérôme ?

Ça va, je voulais juste...

Antoine me fait
une varicelle carabinée.

C'est terrible, la varicelle.

Mais non.
C'est pas grave, voyons.

Les grandes l'ont eu il y a un mois.
Il ne reste plus que Stéphanie.

- Au fait, pourquoi m'appelles-tu ?
- Pour avoir de tes nouvelles.

C'est gentil, ça.

C'est vrai, on se voit si peu.

N'oublie pas
la fête chez les parents.

- C'est ça, on se voit là-bas.
- Je t'embrasse.

Moi aussi.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
- Laurence.

Allô Laurence ? C'est Agnès.

Allô.

- Mais qu'est-ce qui se passe ?
- Je t'expliquerai. Je peux pas maintenant.

- Allô ?
- Mme Leduc, s'il vous plaît.

C'est moi.

C'est toi Christine ? J'avais pas
reconnu ta voix. T'es pas malade ?

Non, non.

Je me reposais.

Tes filles sont là ?

Non, mon mari a emmené
la sienne à la campagne.

La mienne est chez ma mère
et la nôtre chez sa marraine.

Dis-moi Christine. Je suis dans le pétrin.
Tu pourrais pas me garder Jérôme cet après-midi ?

C'est que j'attends quelqu'un.

- Ah bon !
- Si tu veux. C'est un ami.

- Excuse-moi.
- Je suis désolée.

Non, ça fait rien.
Je te rappelle.

Alors, t'as plus personne ?

Ben...

Oh !
Qu'est-ce que c'est que ça, Jérôme ?

- C'est de la neige.
- De la neige ?

Au 24 heures du Mans ?

Non, c'est le rally de Monte Carlo.
Y a toujours de la neige. Je l'ai vu à la télé.

Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

Qu'est-ce qu'on fait ?

Maman, regarde les lions.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Je sais pas.
Elle m'est rentré dedans.

Je vais essayer d'avancer.

- Elle peut pas.
- Bon, d'accord.

- Bouge pas, je vais aller décrocher les pare-chocs.
- Non papa, j'ai peur des lions.

Penses-tu ! Dans les zoos,
ils sont tous complètement abrutis.

- Regarde maman. Y en a un qui vient.
- Ne t'inquiète pas, mon chéri.

Il va se faire manger.

Attention papa, le lion.

Il n'était pas abruti, celui-là.

Okay, bon.
Je compte jusqu'à 3.

Allez-y maintenant.

Et voilà.

- Bon, je vous rends votre liberté.
- Merci.

Faudrait faire réparer là-devant.
Ça risque de s'ouvrir en roulant, attention.

- Ah. Bon, excusez-moi encore.
- Je vous en prie.

- Maman, de la barbe à papa !
- J'en veux aussi.

- Jérôme !
- Patricia, ton manteau.

Fais attention,
tu t'en mets partout.

Regarde comment fait
la petite fille.

Elle est bien élevée, elle.

Tenez.

C'est vrai,
Patricia est très bien élevée.

J'ai honte de vous le rendre
dans cet état maintenant.

Gardez-le, si vous voulez.

Viens aux balançoires.

Elle est fille unique ?

- Malheureusement oui.
- Vous en vouliez d'autres ?

J'aurais bien voulu
mais ma femme n'a pas voulu.

Ah ! C'est que maintenant,
ce sont les mamans qui décident.

Vous avez raison, c'est les mamans
qui décident. Le MLF vaincra.

- Vous êtes militante ?
- Pas du tout.

- Papa, je veux un ballon bleu.
- Et moi un rouge.

Et toi, petit bonhomme.

Non, vous ne m'avez déjà pas
laissé payer la barbe-à-papa.

Vous n'êtes pas militante,
mais vous êtes indépendante.

J'essaye de l'être.
C'est pour ça que je travaille.

C'est pour ça que je ne veux pas
avoir un autre enfant.

Pourquoi je vous raconte tout ça ?

Vous savez, les choses qui
vous tiennent le plus à cœur,

on préfère souvent les dire
à quelqu'un qui s'en fout.

On risque moins d'être contredit
ou découragé, je sais pas.

Le couple idéal.
Tenez, elle sera prête demain.

Vous savez que vous n'avez pas
le droit de prendre des photos sans autorisation ?

Excusez-moi, je suis étudiant.
Je fais ça le dimanche.

Vous voulez le négatif ?

Pour moi,
ça n'a pas d'importance.

- Pour cette fois, ça va.
- Merci.

Tu me donnes de l'argent
pour le manège ?

Encore ?

- Moi, j'ai plus de monnaie.
- Je vais en faire.

- C'est vrai que vous avez un bateau ?
- Oui, c'est vrai.

Un bateau très joli qui va très vite
quand il y a du vent.

Il s'appelle Patoune 4.

Pourquoi 4 ?

Parce qu'il y a eu Patoune 1
Patoune 2, Patoune 3.

Y aura Patoune 5 ?

Je sais pas.
Demandez à Patricia.

- Tiens.
- Tu me gardes mon ballon ?

Partage avec la petite fille.

Il est où, votre bateau ?

- À Menton.
- Vous habitez Menton ?

Non, mes parents.

Moi, j'habite Ville d'Avray.
J'ai une entreprise.

Je construis des maison.
Et vous, qu'est-ce que vous faites ?

Vous m'avez dit
que vous vous en fichiez.

Je disais ça comme ça.

Mais c'est vrai.

J'ai du mal à m'intéresser aux gens
depuis quelque temps. C'est drôle.

Tout ce qu'on me raconte, je l'ai déjà entendu :
la politique, la bouffe, les mômes, les vacances...

Même les gens que je rencontre pour la 1re fois,
j'ai l'impression que je les connais déjà.

Vous voulez vous asseoir ?

Mais vous, je suis sûr
que je vous ai jamais vue.

Ça ne doit pas être drôle
tous les jours, vos états d'âme.

Non.

C'est ce qu'a pensé ma femme, d'ailleurs.
Elle a préféré divorcer.

- Et vous, vous ne vouliez pas ?
- Au début, non.

Elle a réussi à me persuader
que la vie à 2 est un enfer.

Maintenant, je suis convaincu.

Maman, maman !

Alors, vous me dites
ce que vous faites ?

Je travaille avec une décoratrice
boulevard St-Germain.

Maman, maman !

Qu'est-ce que t'as, mon amour ?
Où est-ce que t'as mal ?

Montre à maman où t'as mal.
Mais c'est rien.

- C'est rien.
- Mais t'es un homme.

On va nettoyer ça.

- Au revoir.
- Merci.

- Ça va, toi ?
- Je peux pas marcher. J'ai mal.

- Mais c'est presque fini.
- Ben je vais te porter.

- C'est gentil.
- Viens, on va accompagner le petit garçon.

Il est tard.

Tiens, papa est là.

Jérôme a eu un accident de toboggan.

Monsieur a eu la gentillesse
de m'aider à le ramener.

Y a longtemps qu'il n'avait pas
ramassé une bûche, celui-là.

- Papa, on rentre.
- Oui, oui.

- Vous voulez pas boire un petit verre ?
- Non merci. Ma fille veut rentrer.

Ah!

- Au revoir, madame.
- Au revoir, Patricia.

- Je suis confuse.
- Je vous en prie, c'est rien.

- J'espère que ça ira pour le petit.
- Oui, oui.

- Au revoir.
- Au revoir.

Merci.

Excusez-moi.

J'ai pensé... ce serait peut-être plus prudent
de lui faire faire un vaccin anti-tétanique.

Oh oui, vous avez raison.
Merci.

De rien.
Au revoir.

Papa, mon ballon !

J'ai pas fait exprès.
Va voir maman.

Maman.

- Tu te plais dans ta nouvelle école ?
- Yes. I like it very much.

My friends are...

Comment on dit
« distingués » en anglais ?

Je sais pas. « Distinguished »
ou quelque chose comme ça.

T'as pas appris l'anglais ?

Si, mais j'ai oublié.

Maman a décidé de s'y mettre.
Le dr Devine lui paye des leçons.

Il a beaucoup de clients étrangers.

On est forcé d'aller chez tante Stéphane ?

Il est veuf, le dr Devine, non ?

Oui.
Il me donne des biscuits diététiques.

C'est sa spécialité, les régimes.

- Il a une maison en Corse.
- Et un chalet à Verbier, je sais.

Pourquoi tante Stéphane
vient avec Laurette ?

Elles partagent l'appartement.
C'est plus économique.

Maman dit que
c'est pour autre chose.

Ah bon, et pourquoi ?

Mystère.

C'est fou ce que tu as grandi
depuis que je ne t'ai vue.

Non, ni grandi ni grossi.

Cher petit ange, tu ne veux pas
devenir une grande fille plus tard ?

Je veux être petite,
comme maman.

Vous prendrez quand même
un peu de clafoutis ?

Très peu.
Y a beaucoup de calories.

Et toi, je t'en mets pour 2.000 ?

Non, j'ai pas très faim.

Ben, qu'est-ce qu'il y a ?

Au fond, un A est un V
à l'envers avec une barre au milieu.

Intéressante remarque.

Et Tahiti, c'était comment ?

Dégueulasse.
Tiens, regarde.

Ah, t'as pris des photos ?
Non, c'est des cartes postales.

Ça n'a pas l'air si mal.

Les plages désertes,
le ciel bleu, le sable blanc...

Les crabes de terre, les moustiques géants,
les noix de coco qui vous tombent sur la tête.

- T'es déçue ?
- Sauf par les Vahinés.

Ah, tu vois !

À poil, elles sont tellement laides
qu'elles vous enlèvent tous vos complexes.

J'ai profité de l'absence de Stéphane
pour prendre des cours d'esthéticienne.

Tiens, je t'ai apporté un cadeau.

Ça te plaît, au moins ?

Je n'aime pas le rouge.

C'est pourtant joli,
avec vos yeux bleus.

Je n'ai plus les yeux bleus.
Ils ont foncé.

J'ai les yeux gris, comme maman.

Mais avec ton teint clair,
le rouge va bien.

J'ai le teint clair
parce que je suis fatiguée,

mais normalement, j'ai le teint mat,
comme maman.

Et le trou du cul,
elle l'a comme sa mère ?

Jacques est mort.

- Ton ex-mari ?
- Non, mon chat.

Pauvre bête.
D'un accident ?

Non, un suicide.

Il n'a pas supporté mon absence.
Il s'est jeté par la fenêtre.

Tu te fous de moi, ou quoi ?

Mais pas du tout.

Pourquoi est-ce que les chats
ne se suicideraient pas ?

La chienne du dr Devine
va avoir des petits.

Il m'en donnera un.

- C'est un King Charles.
- Un quoi ?

Un chien anglais.

Son nom doit commencer par un D.
Je l'appellerai Dicky.

C'est bien pour un anglais.

C'est dommage qu'il soit pas français.
On l'aurait appelé Ducon.

Qu'est-ce que tu fous ?
Il est 4h du matin.

Ben, ils sont partis à 2h.

Le temps de tout déblayer.
J'ai commencé il y a une heure.

Écoute Agnès, une femme
qui travaille, c'est déjà pas marrant.

Mais alors le côté Cendrillon
qui torche les mômes la journée...

et qui bachotte la nuit,
c'est vraiment très chiant.

Par contre un mari qui s'occupe
de son petit garçon le dimanche après-midi,

qui emmène ses copains
à dîner au bistro...

pour que sa femme n'ait pas
la vaisselle à se taper à 2h du matin,

qui de temps en temps sacrifie
une minute de son travail...

pour qu'elle puisse faire le sien,
ça, c'est un mari merveilleux.

C'est beau, tous ces roux.
C'est doux.

Même très doux.

Ne t'arrête pas, continue.

J'aime bien quand tu travailles.
Le travail, c'est la santé.

Ah, tu m'empêches de bosser, Serge.

- J'aime bien quand tu te défends.
- Arrête, c'est pas le moment.

Arrête.

Tu vas réveiller Jérôme.

- C'est toi qui va le réveiller.
- Tu vas le réveiller, arrête.

Serge, j'ai du travail.

J'ai du travail.

Arrête.

Pourquoi vous vous battez ?

- Vava n'est pas là ?
- Si, là-haut avec un client.

Fais voir, toi.

Ben dis donc !

Je te signale que toi,
c'est pas la grande bonne mine non plus.

Je sais.

Hier au téléphone, qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Désolée, je n'ai pas pu te rappeler.

Larguée.

Jean-Pierre m'a larguée hier après-midi.
Après le match de foot.

Ça marchait si bien.

C'est Patrick. Il est arrivé
à l'improviste en plein après-midi.

À l'improviste ? Il est pas
toujours avec toi le dimanche ?

Si, mais hier il était collé.

Il a rien trouvé de mieux que de
faire le mur et de débarquer comme ça.

Jean-Pierre était là.

- Il l'a souvent vu chez toi.
- Pas tout nu devant la télé.

Aïe.

Je te passe les détails.

En résumé, il a fallu que je choisisse entre mon fils
qui me reprochait de le sacrifier à un pauvre mec

et mon amant qui me reprochait
de le sacrifier à un petit connard.

Et t'as choisi le petit connard.

Évidemment.

Vous me promettez 15 jours.

J'appelle Jeanette tout de suite. Si le tissu
est en stock, vous l'aurez la semaine prochaine.

- Au revoir, merci.
- Au revoir.

Bonjour Agnès.

Excuse-moi, je suis un peu en retard.
Mais ça y est, je t'ai ramené le dossier Rocher.

Ma chérie, tu peux le garder.

Ce salaud m'a téléphoné chez moi.
Il prend un décorateur anglais.

- C'est râpé.
- Quoi ?

De toute façon, c'est un emmerdeur.
Il nous aurait gâché la vie pendant des mois.

Il pouvait pas le dire plus tôt, ce con ?

Mme Valentine Vatrin, s'il vous plaît.
J'ai un télégramme pour vous d'Amsterdam.

- D'Amsterdam ?
- Au revoir madame.

Ce sont les fleurs artificielles.
Elles viennent d'arriver.

On peut aller les chercher à Orly.

- Tu viens avec moi, Laurence ?
- Oui.

Ne t'en fais pas.

À tout à l'heure.

S'il vous plaît ?

Ça sert à quoi, ces œufs ?

Ça sert à rien.
C'est beau, ça se touche. C'est tout.

Ah bon.

Y a 17 magasins de décoration
bd St-Germain, et j'ai commencé par celui-ci.

L'instinct.

Y a quelque chose qui va pas ?

Vous savez, le projet
dont je vous ai parlé hier ?

Eh ben c'est fichu.

On le fiche à la poubelle.

On va boire un café ?

Non merci. Je peux pas.
Il faut que je garde le magasin.

Mais si vous voulez,
je peux vous en faire un.

- Y a longtemps que vous travaillez là ?
- Depuis 4 mois.

Mais je travaillais déjà ici avant.
Je veux dire avant la naissance de Jérôme.

Vava est une amie de mes parents.

C'est d'ailleurs un peu grâce à elle
si j'ai fait les beaux-arts.

Et à la sortie,
elle m'a prise avec elle tout de suite.

- Et maintenant...
- Elle veut passer la main ?

Oui. Enfin, elle ne le dit pas vraiment,
mais j'ai l'impression.

- Ce serait bien pour vous.
- Ce serait formidable.

C'est dur de recommencer à zéro.

Y a des moments,
j'ai envie de tout laisser tomber.

Ça doit pas être vraiment votre genre
de tout laisser tomber, je me trompe ?

J'espère que non.

J'espère aussi, parce que
j'ai une affaire à vous proposer.

- Une affaire ?
- Oui.

Mon sœur est kinésithérapeute.
Elle veut transformer sa boutique.

J'ai pensé que vous pourriez le faire,
si ça vous intéresse.

Je peux vous aider ?

Non, je vous en prie.
Ne vous dérangez pas.

Il suffit qu'on me regarde
pour que je n'achète rien.

- Il est où le cabinet de votre sœur ?
- Rue Damrémont.

- Coucou, qui est là ?
- Qu'est-ce que tu fais là ?

Il est odieux.
Impossible de faire mon travail.

Il s'était caché pour me faire peur.
Vous savez où ?

- Dans la machine à laver.
- Et si elle s'était mise en marche ?

C'est de ma faute. J'aurais dû
t'envoyer à l'école ce matin.

- Tu te souviens du monsieur qui...
- Je m'appelle Vincent.

- Qu'est-ce qu'il fait là ?
- Il est venu me proposer du travail.

J'ai un dessin pour toi.

C'est très joli.

C'est vrai que c'est joli, hein ?

Oui, c'est très joli.

- Bon, il faut que je m'en aille.
- Bon.

- Pour ce projet, vous voulez qu'on se revoie ?
- Oui.

- Téléphonez-moi.
- Mais quand ?

Demain.

- D'accord, demain.
- Au revoir.

Salut, Jérôme.

Bon ben faut t'en aller,
mon petit poulet.

Vava revient dans quelques minutes.

Je suis ici pour surveiller son magasin,
pas mon petit garçon.

- Et lui, il va revenir ?
- Qui ça ?

Ben lui, le papa de Patricia.

- Non, pas aujourd'hui.
- Tant mieux.

- Pourquoi ?
- Parce qu'il est moche.

Tu viens, Jérôme ?

Ah oui ? Mme Tolère ?

Non, madame. Ne soyez pas inquiète, c'est noté.

Oui, à mercredi.

Stéphane est avec un client.

- Ça fait rien. C'est toi que je veux voir.
- Ah bon ?

J'ai réfléchi l'autre nuit
après vous avoir quittés.

- Puisque tu prends des leçons d'esthéticienne...
- Tais-toi, elle est furieuse.

On peut faire un cabinet d'esthétique ici.

Y a de la place.
On peut faire des travaux.

On pourrait faire ta cabine de soin ici.
L'autre pour le bronzage là-bas.

Et puis mettre un peu de gaieté.
C'est sinistre ici.

On triplerait la clientèle.
Je me tue à le lui dire.

Et dans la cave,
on ferait un sauna.

- Un sauna ?
- Oui.

J'ai l'habitude de gagner ma vie
à la sueur de mon front,

pas à celle de leurs fesses.

- Cette maison est une entreprise médicale.
- Et pas un institut de massage thaïlandais.

Ce que tu peux être fatiguante, ma pauve Stéphane,
avec ton côté médecin refoulé.

Au revoir, Mme Marielli. À lundi.

Il me semble
que ça s'arrange un peu.

- En tous cas, ça n'empire pas.
- Au revoir, madame.

Au revoir.

6 enfants, des seins
aux genoux, un ventre flasque,

des vergetures, des varices,
et elles veulent que ça s'arrange.

Avec Vincent,
on pourrait faire des travaux à peu de frais.

On refuserait du monde
au lieu de poireauter toute la journée.

Non mais écoute-la !

Elle fait des tas
d'économies de bouts de chandelle.

2 rondelles de tomate,
3 grammes de compote.

1 centimètre cube de viande racornie,

mais elle voudrait dépenser
5 briques au bas mot.

5 briques ! C'est pas
une affaire, de nos jours.

Ben parle pour toi,
pas pour nous.

Mais je parle pour moi.
Je peux vous les avancer, si vous voulez.

Écoute, les rides, les varices,
les kilos, c'est des mines d'or.

En un an, vous aurez récupéré l'argent
et m'aurez remboursé.

Je veux bien prendre le risque,
si vous voulez.

Je connais une décoratrice
jeune, pleine de talent,

qui vous fera ça
vite, bien, pas cher.

- Comment elle s'appelle ?
- Agnès Lucas.

Ah ! Agnès, avec un
grand A comme un V à l'envers.

- Elle est blonde ?
- Non, elle est rousse.

Elle a les yeux bleus.

Tiens, c'est une photo
prise dimanche dernier à Thoiry.

Elle a une tête
à avoir de jolies jambes.

Le couple idéal.

C'est justement
ce qu'a dit le photographe.

Et cette super-décoratrice,
tu la connais depuis quand ?

Eh ben, depuis dimanche, justement.

Tu te souviens de Dereau,
la prof de français ?

Ah oui, celle qui t'adorait
et qui pouvait pas me piffer.

Figure-toi que je cherche
une répétitrice pour Éloïse.

Je mets une annonce dans Le Figaro
et qui je vois arriver bd Suchet ?

Dereau ?

On est tombées
dans les bras l'une de l'autre.

Et comment est-elle ?

La même.
Elle a toujours eu 75 ans.

Elle vient tous les jours faire leurs devoirs
aux petits puisque j'ai plus le temps.

Je t'ai pas dit ?
Je travaille !

Non ! Où ?

Dans la chambre de bonne.
J'écris.

Bravo. Depuis le temps
que t'en avais envie.

J'ai fait un arrangement avec Pépita.

Elle a droit à 3h de repos par jour.
Alors, je lui prête ma chambre.

Et moi, je monte
travailler en paix au 6e.

Et Pierre, qu'est-ce qu'il en pense ?

Ça l'exaspère que je travaille.

Et puis une lui suffit.
Sa maîtresse est PDG.

Ce que t'es décontractée !

Moi aussi, j'ai quelqu'un.

Ah bon ?
Quelqu'un que t'aimes ?

Non. Quelqu'un. Tout court.

- C'est plus commode quand on peut.
- Quand on peut quoi ?

Être avec quelqu'un tout court.

J'ai jamais pu.

Tu sais, dimanche,
j'aurais bien voulu te dépanner.

Je sais ce que c'est.

Mes filles, je passe ma vie
à chercher des gens à qui les confier.

C'est drôle, j'ai tout le temps l'impression
que je devrais être avec Jérôme quand j'y suis pas.

Et quand j'y suis...

J'ai envie d'être ailleurs,

de faire des choses qui m'intéressent.

Ça me fiche des complexes.

Mais ça nous en fiche
à toutes, ma vieille.

L'équilibre mère-femme, c'est justement
ça dont je voudrais parler dans mon bouquin.

Voilà mes filles.
Faut que je les emmène chez le dentiste.

Elles ont toutes les 3 besoin
d'un appareil. Y en pour 2 briques.

- T'as de la chance, va !
- Pourquoi ?

D'avoir un mari
plus riche que ton dentiste.

Allô ?

Est-ce que je pourrais parler
à Mme Agnès Lucas ?

Ne quittez pas.

Agnès, c'est pour toi.

Allô ?

Mme Lucas ?
C'est Vincent Marielli.

Ah, bonjour.

Je peux passer au magasin cet après-midi ?
J'ai quelque chose pour vous.

- Oui mais pas avant 6h.
- 6h, d'accord.

Oui.

Au revoir.

Comment il est ?

Grand ? Petit ?
Gros ? Maigre ?

- Oh !
- Jeune ? Vieux ?

- Apaisant.
- Apaisant ?

Méfie-toi, ma vieille.
La sérénité, y a rien de plus dangereux.

Tiens, c'est celui-là,
le bleu de Mme Gasser. Fais-en 38.

- Enfin quoi, c'est un partant ?
- Un partant pour quoi ?

Je sais pas, une nuit,
un mois, une vie ?

Une nuit, je ne sais pas.

Un mois, ça ne m'intéresse pas.
Une vie, c'est impossible.

Agnès, faut y aller.
On va être en retard.

Y a le chantier Delépine et faut passer
chez moi prendre les échantillons.

En effet, dis donc !

Mais qui est-ce ?

- Ma fille.
- Anne ? Mais c'est pas possible !

Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Cette fois, elle s'en sortira.
Ne vous inquiétez pas trop.

Mais je ne vous assure pas
qu'elle s'en sortira la prochaine fois.

Vous savez, les drogues dures.

De toute façon, il faudrait que vous l'ameniez
à la montagne ou en croisière pendant quelque temps.

L'éloigner de Paris.

Bien.
Je vous remercie, docteur.

- Au revoir.
- Au revoir.

Eh ben dis donc !

Je ne savais pas pour Anne.

Personne savait.

Elle a fait une fugue y a 2 ans.

J'ai fait faire des recherches
dans le monde entier.

Finalement, on a retrouvé sa trace
à Amsterdam, dans une communauté.

Quand les flics l'ont ramenée
à Paris, elle a sauté du train.

Là, je dois dire
que je me suis découragé.

On peut pas obliger
quelqu'un à vivre avec vous,

même pas son enfant.

Surtout pas son enfant.

Alors j'ai décidé d'attendre.

- J'ai eu raison puisqu'elle est revenue.
- Mais oui.

Ah ! Vous êtes là ?

Excusez-moi pour tout à l'heure.
J'ai pas pu passer au magasin...

Oui, je sais. Votre amie Laurence
m'a tout expliqué.

Je vous attendais là parce que vous auriez
pu préférer faire semblant de pas me voir.

- Si Jérôme me guettait par la fenêtre ?
- Oui, ou votre mari.

Mon mari n'est jamais là
à cette heure-ci.

Il travaille dans une maison de disque.
Beaucoup de concerts le soir.

Des horaires très spéciaux.
Nous avons une vie décousue.

Je comprends. Je vous ai apporté
la photo de dimanche, vous savez.

Ma sœur trouve que
vous êtes ravissante.

Elle est indulgente.

Non, ce n'est pas
une de ses qualités dominantes.

- Merci.
- Vous pouvez la garder.

- À moins que...
- Oh non, non.

Jérôme était avec nous.
Il trouvera ça tout naturel.

- Et Serge ?
- Vous connaissez son nom ?

Je l'ai vu sur la porte dimanche.

Bon, faut que je m'en aille.
Au revoir.

Attendez, je vous ai mis
le numéro de téléphone derrière.

C'est chez moi. C'est mon bureau.
C'est chez ma sœur Stéphane où je dîne souvent.

C'est le chantier où je travaille,
si jamais vous avez envie... besoin...

Merci, mais je ne vous
appellerai pas, vous savez.

Je sais.

Au revoir.

Allô ? Allô ?

- Agnès ?
- Vous saviez que c'était moi ?

Ben oui.

C'est formidable cette idée de Vava.
On va pouvoir changer la couleur tous les 6 mois.

Qu'est-ce que tu fais ?

Je regardais si la ligne
n'était pas en dérangement.

Je suis sûre qu'il va t'appeler.
Tu l'as vu hier ?

Ben oui. On a déjeuné
ensemble, comme d'habitude.

Il devait m'appeler hier soir.
Pas de nouvelles.

- Et toi, tu l'as appelé ?
- Non. Enfin, si. Une fois ou 2.

Il n'était pas là.

- Allô ?
- Allô maman ?

- Oui, Jérôme.
- À quelle heure tu rentres ce soir ?

Comme d'habitude, mon chéri.
Le plus tôt possible.

- Tu n'es pas à l'école ?
- C'est mercredi.

Ah oui c'est vrai.
Je t'embrasse. Va jouer.

- Tu te dépêches ?
- Oui.

Mais pourquoi
il ne m'appelle pas ?

Il n'a peut-être pas
le téléphone là où il est.

À notre époque, quand on veut vraiment
téléphoner, on se débrouille, même dans le désert.

Passe-moi le tissu, tu veux.

Vava a téléphoné de Zermatt.

Elle file le parfait amour avec sa fille.

- Y a combien de temps qu'elles sont parties ?
- 3 semaines.

Bon. J'ai connu Vincent
une semaine avant.

- Ça fait un mois que tous les jours...
- Il te téléphone matin et soir.

Hier soir, rien.
Ce matin, rien.

- Allô ?
- Mme Lucas ?

Oui, Mme Clary ?

Je voulais vous demander :
qu'est-ce que je prépare pour le dîner ?

- Des paupiettes et des pâtes.
- Où je mets le couvert ?

- Dans la cuisine.
- Combien de personnes ?

Pour 2, comme d'habitude.
Mme Clary, on n'a pas téléphoné pour moi ?

- Non.
- Merci.

J'ai un pressentiment
qu'il a eu un accident.

Ne dis pas de bêtises.
Allez, viens m'aider.

Non, c'est idiot.

Parce qu'on aurait prévenu sa sœur,
et elle m'aurait prévenue.

Qu'est-ce qu'il a, alors ?

Il a peut-être simplement
envie de t'énerver un petit peu.

- Pourquoi ?
- Devine.

- Allô ?
- Ne quittez pas. Je vous passe M. Lucas.

C'est Serge.

Écoute Agnès, fais quelque chose.
Tous les mercredis, Jérôme appelle 10 fois à mon bureau.

T'exagères pas un peu ?

Non, ça fait 2 fois qu'il m'interrompt.
J'ai une réunion importante.

Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ?

Je voulais te dire :
je pars à Nice cet après-midi.

Je te rejoindrai directement
chez tes parents pour la fête.

La fête ?

Je t'embrasse.
Embrasse bien Jérôme.

- Oh, mon Dieu.
- Une mauvaise nouvelle ?

L'anniversaire de maman.

Tous les ans, la famille entière se réunit
pour ça. C'est sacré pour mes parents.

C'est le week-end prochain.

- Tu avais prévu quelque chose avec Vincent ?
- Je t'en prie. Celui-là, ne m'en parle plus.

Bon, bon, bon.

Il aurait pu m'appeler,
même pour me dire merde.

D'ailleurs, si c'est lui qui m'appelle,
c'est moi qui lui dis merde.

- Allô ?
- C'est moi.

Ah !

Vincent.

- J'étais inquiète.
- Tu peux venir chez moi ce soir ?

- Ce soir chez toi ?
- Tu peux ?

Oui.
Je me débrouillerai.

- Je fais à dîner.
- D'accord.

- Je t'embrasse.
- Moi aussi.

Dis-moi,
tu peux me garder Jérôme ce soir ?

C'est le jour J ?

J'ai l'impression.

Hello, daddy.

Qu'est-ce qui se passe ?
Y a un mariage ?

- Oui, y a un mariage.
- Qui se marie ?

La fille de mon comptable.
Alors, tu es venue me voir ?

Ben, c'est mercredi aujourd'hui.
Maman t'a prévenu qu'elle partait pour Deauville.

J'avais oublié.

Elle est avec le dr. Devine. Ils sont partis
voir un client trop gros pour se déplacer.

Mais alors tu vas rester dormir ici ?

Oui.

- Ça aussi, c'est pour le mariage ?
- Ah non.

- Ça, c'est pour nous 2.
- C'est bien beau pour une fois.

Qu'est-ce qu'il y a pour manger ?

- Caviar, saumon fumé.
- Tu n'aimes pas ça ?

Non, ça fait grossir.

T'as pas du fromage blanc
sans matière grasse ?

Non mais il y a un épicier
qui ouvre tard. Je vais t'en acheter.

Petrossian.

Vous auriez un somnifère
pour un enfant ? Un léger.

Oui monsieur.

T'es forcée d'y aller
au salon des antiquaires ?

Absolument obligée.

Je représente Vava
qui est en vacances avec sa fille.

- Non, pas là !
- Si, justement là. C'est important.

- Alors, moi.
- Mais... Oh !

T'es une femme, quand même.

Tu sens pas comme ça, d'habitude.

J'ai changé de parfum.

J'aimais mieux l'autre.

Tu me donneras
ton numéro de téléphone ?

Mais je l'ai pas.
Et puis t'en n'as pas besoin.

Laurence sera là dans quelques instants.
Tu l'aimes bien, Laurence.

J'aime toi et papa, c'est tout.

Hier j'ai eu mon 1er cours
d'éducation sexuelle.

Maintenant, je sais
comment j'ai été fabriquée.

Ah bon ?
Dis-moi, ça m'intéresse.

C'est quand ton spermatozoïde
a rencontre l'ovule dans la trompe de maman.

Techniquement parlant, c'est ça.

En tous cas, maman
m'a dit que c'était ça.

Chacun ses souvenirs.

T'as sommeil.
On va aller faire un gros dodo.

Allez viens, mon chéri.

Allez ouste, au lit !

Allez.

Dodo.

Bonne nuit.

J'ai apporté un peu de caviar
et aussi quelques...

- Et un gâteau.
- C'est une bonne idée.

Hier j'ai eu la visite d'un ami canadien.
Il est architecte.

Il vient de décrocher un gros chantier. La construction
d'un village de vacances dans les Rocheuses.

Il veut me mettre sur le coup. Une grosse affaire.
Y en a au moins pour 3 ans là-bas.

- T'as accepté ?
- Oui.

C'est vrai ?

Oui, je sais pas ce qui m'a pris.

J'ai eu peur des luttes,
des problèmes, des difficultés...

Le truc habituel, tu sais...

Tout ce qui faudra
casser pour rester ensemble.

Tu préfères aller casser
des pierres dans les Rocheuses ?

Non parce que ce matin,
j'ai tout annulé.

C'est pour ça que
tu ne m'as pas appelée hier.

- Tu m'as appelé, toi ?
- Non.

C'est curieux, regarde.

J'ai prêté la maison à mon ami
quand il était là. Regarde ce qu'il m'écrit.

« Mardi minuit. Merci,
vieux frère, de ton hospitalité.

« Bon lit, bonne chère, etc...

« La prochaine fois, fais-moi une fleur.
Arrête ton putain de téléphone.

« Il a sonné toutes
les 10 minutes depuis 3 heures.

« On a beau être un crack.
Ça déconcentre. Amitiés. P.R. »

Curieux.

De quoi j'ai l'air, moi maintenant ?

Et à minuit,
j'ai pris un somnifère.

À minuit, j'ai réveillé toute ma famille.
J'ai téléphoné à ma mère.

À ma sœur, à mon ex-femme.
Personne n'était mort.

Alors j'ai su que c'était toi.
J'ai attendu toute la nuit que tu m'appelles.

Et ce matin ?

Je suis parti pour Fontainebleau.
J'étais fou de rage.

Je suis allé sur une chantier
où j'avais rien à faire.

Mais à mi-chemin, j'ai craqué
et je t'ai téléphoné.

Papa !

Allez dors.
Dors, mon bébé.

- Elle était là ?
- Ouais.

Quand ils dorment,
on en aurait volontiers 12.

Laurence ?

Laurence, ça y est. Je suis rentrée.

Tu peux partir.

Laurence ?

Christine, qu'est-ce que tu fais là ?

- J'ai quitté mon mari.
- Quoi ?

- Je peux passer la nuit ici ?
- Bien sûr.

Mais tu vas être bien là ?
Et Laurence ?

Elle est rentrée
puisque j'étais là.

T'es partie comme ça ?

Il me trompe, je le trompe.

On mène une vie idiote.

Et puis j'ai besoin d'être seule
pour écrire mon roman.

Parce que tu t'y es mise
vraiment maintenant ?

Je suis en train de faire le plan.

- Et les enfants ?
- Quels enfants ?

La sienne, la mienne ou la nôtre ?

- Toutes.
- Là aussi...

je fais des plans.

Bon ben tu me raconteras ça
demain matin.

Plus haut, maman.

Ça y est,
tu as apporté la viande ?

Encore plus haut, maman.

- Laissez, belle-maman.
- C'est gentil, c'est lourd.

Oncle Serge, t'oublies pas
les places pour le concert ?

Non, je te l'ai promis.

Il fait froid, dis donc !

- Tu veux quelque chose ?
- Un petit pastis.

Ça a l'air bon, tout ça.

- Ça va être bon.
- Ça sent bon.

- Y a assez de braises. Ça va aller.
- Attention, chéri.

- C'est un petit bébé, tu sais.
- Mamie ?

- T'as froid ?
- Moi non, mais le petit peut-être.

Tiens.

Amenez ça à tante Agnès.

Tiens.

Merci. Antoine, tu me remplaces ?

D'accord.

Maman, où tu vas ?

Écoute Jérôme, pour une fois,
joue tout seul. J'ai mal à la tête.

Plus haut, Antoine !

Plus haut !

- Qu'est-ce qu'il y a ? Ça va pas ?
- Mais si. Pourquoi ?

Je te trouve drôle en ce moment.

Ouais, j'ai la migraine.
Je vais prendre de l'aspirine.

- Il te faut quelque chose ?
- Non merci, je suis mal fichue.

Tout à l'heure.

Jérôme ! Jérôme !
Qu'est-ce que tu fais ?

Allô Vincent ?
J'en pouvais plus.

- Moi non plus, j'en pouvais plus.
- C'est dur, hein !?

En-dehors de toi,
je peux plus rien supporter, ni personne.

C'est agréable !

Il faut qu'on soit ensemble,
mais tous les 2.

Le prochain week-end ?

- Je vais arranger ça, je te promets.
- Agnès, tu viens ?

- Je te rappelle quand je peux. Je t'aime.
- Moi aussi.

Alors, elle s'ennuie autant que toi ?

- On dirait.
- C'est merveilleux !

En amour, plus on s'ennuie de loin,
moins on s'ennuie de près.

Fais gaffe, j'aurais l'air
d'une vieille goudou.

Lydie va encore raconter
des horreurs à sa fille.

Faut bien que j'apprenne.

Où est Patricia ce week-end ?

Avec Lydie
chez le dr Devine à la campagne.

Il la saute ?
Je parle de Lydie, évidemment.

Oui, je pense.

Tant mieux ! Patricia va avoir un nouveau papa.
Elle ne t'empoisonnera plus la vie.

Tu vas pas recommencer, Stéphane.

Oh, ça suffit.

Tout le monde est empoisonné
par les gosses. Personne n'ose le dire.

Regarde Vincent, regarde Agnès.

Sans son connard de mioche,
où est-ce qu'il serait en ce moment ?

À faire des projets d'avenir
dans son immense plumard à la campagne.

À faire un autre
connard de mioche, surtout.

Dis-moi que c'est pas débile, ça !

C'est con.

Tout ce que les gosses aiment,
c'est con.

Guignol, c'est con.

Le Petit Chaperon rouge,
les clowns, c'est con.

Et à dada sur mon bidet,
là vraiment, c'est con !

Et les Fables de La Fontaine ?

Et quand ils sont grands,
ils se font la malle.

On va au cinéma ?
Je vous emmène.

- D'accord.
- Qu'est-ce que vous voulez voir ?

N'importe quoi, pourvu
que ce soit interdit aux moins de 18 ans.

Eh ben d'accord.

Y a quelqu'un ?

Bonsoir madame. Je peux
téléphoner à Paris, s'il vous plaît ?

Tout au fond dans la cabine.

Vous me faites un petit café ?

Oui madame.

- Allô Vincent ?
- Agnès ?

Je suis au village.
J'ai fait le mur.

J'ai retrouvé l'échelle de mes 15 ans.

D'ailleurs, c'est simple : j'ai 15 ans.

- Je voudrais que tu sois là, près de moi.
- Moi aussi.

Bonjour, madame. Un café, s'il vous plaît.

Dis-moi Vincent,
je me suis arrangée pour le week-end.

Serge sera à un festival à Montreux,
et ma sœur me prend Jérôme à la campagne.

- Ah bon ?
- Ouais.

C'est formidable.
J'ai vraiment hâte d'être à vendredi.

- Moi aussi.
- Je t'aime.

Moi aussi.
Je t'embrasse.

Moi aussi.
Je t'embrasse.

Tu sais, j'ai le sommeil léger
depuis la crise de ton père.

Je t'ai entendue sortir
et je t'ai vue grimper à l'échelle.

Je dois dire que
ça m'a rappelé des souvenirs.

Tu vas me trouver... Je sais que
je t'ai déjà dit ça une fois.

Mais je crois que je viens de rencontrer
l'homme qu'il me faut. Vraiment.

- La 1re fois, je ne t'avais pas crue.
- Tu ne me l'as pas dit.

Tu ne m'aurais pas crue non plus.

Agnès !

- C'est gentil d'être venu.
- Bonjour.

Elle a une mine superbe.

Quoi de neuf au magasin ?

J'ai reçu les tissus.
Ils sont très jolis, tu verras.

Les meubles anglais sont arrivés.
Je n'ai pas payé l'ébéniste.

Il a dépassé le devis de 3.000 F.
Tu te rends compte ?

Je serai pas là samedi.
Je pars en week-end. Laurence me remplacera.

Très bien.

Madame, cet enfant couve quelque chose.

Qu'est-ce qu'il a ?
Ah non ! Tu vas pas me faire ça !

Tante Marianne serait tellement déçue.
Qu'est-ce qu'il a ?

- J'ai vu un bouton.
- Où ?

Là.

Mais non.
C'est un moustique.

Un moustique en novembre ?

Merde ! Allez discuter ailleurs !
J'ai 500 km à faire dans la journée !

Viens.

C'est pas croyable.

Pour commencer,
tu vas pas aller à l'école.

Tu vas rester au chaud toute la journée.
Comme ça tu seras en forme pour partir ce soir.

Si vous voulez mon avis,
il ne pourra pas partir.

- Prenez sa température.
- Je ne vous demande pas votre avis, pour une fois.

- Tu me grattes le dos ?
- Si tu veux.

Je prépare la valise
de monsieur pour Deauville ?

Allez-y. Il va à Montreux.
Mais pour vous, c'est pareil.

Ah bon ?
Je l'ai entendu retenir une chambre à Deauville.

- Ça change rien.
- Qu'est-ce que tu dis ?

Que pour nous, ça change rien.

Agnès, Jérôme, je m'en vais.

Jérôme, ton père s'en va.

Ta bretelle.

Amuse-toi bien.

Ciao.

Comment va ?

Merci, hein.

Tu sais, un de plus, un de moins...
Travaille pas trop.

Non, non.

Aïe !

Tu m'abîmes la peau.

Trempe.

Voilà la quiche.

Sers-toi, Agnès.

Merci.

- Pas tout à fait rouge, c'est ?
- Rose.

Violet.

Violet.

Jérôme, viens ici une seconde.

Là.

Martine, va me chercher le thermomètre.

La varicelle, t'es sûre ?

Ah oui ma vieille, aucun doute.
D'ailleurs, Stéphanie l'a aussi.

- Il a de la fièvre ?
- 38°. Et la petite 39°.

- Alors j'arrive.
- Non, c'est pas la peine. C'est pas grave.

- T'es sûre ?
- Je te le ramène dans quelques jours.

Je vais rester ici avec eux
en attendant que la fièvre retombe, c'est mieux.

T'es sûre que c'est mieux ?

Allô maman ?
Où tu es ?

- Chez une cliente.
- Avec papa ?

Non. Papa est à Deauville, enfin Montreux.
Comment te sens-tu ?

Tu sais, tante Marianne
m'a donné une tirelire.

Elle mettra dedans 1 F. par bouton.

Bon, alors je t'en souhaite
plein partout.

Mais surtout ne te gratte pas.
Ça ferait des marques très laides après.

- Promis ? Promis ?
- Oui maman.

Bon, je t'embrasse. Je t'aime.
Je t'appelle demain.

Je t'aime.

Je t'embrasse, chérie.
Au revoir.

La varicelle ?
Alors, on a encore ce soir ?

- J'ai honte.
- Pourquoi t'as honte ?

D'être contente parce que
mon fils a la varicelle.

Ah, parce que t'es contente !?

Alors j'ai confié la mienne à ma mère,
la sienne à sa mère à lui,

la nôtre est restée chez nous.

Moi, je me suis installée
à l'hôtel d'Alsace rue Mouffetard.

Et j'ai enfin commencé
à écrire mon roman.

- Où tu en es ?
- Au 2e chapitre.

Mais vous verrez.

- On verra rien du tout.
- Oh si.

Tu vas craquer au bout de 8 jours.

Tu rentreras à cause des enfants
et tu retomberas dans l'engrenage.

Tu dis rien.
Qu'est-ce que tu en penses ?

Que t'as un certain courage
pour tout laisser comme ça. Bravo.

Et toi, Vincent ? Raconte !

Il m'a confié la décoration
du magasin de sa sœur.

C'est tout ?

Y a rien d'autre à dire.

Ben alors, c'est grave.

C'est important ?

Oh !

- Bonjour, maman.
- Bonjour ma chérie.

Comme tu es jolie.
Tu as les joues toutes roses.

- Je rentre de l'entraînement.
- Quel entraînement ?

Tennis. J'ai décidé de m'y remettre.
Je commence les leçons avec Santini demain.

Tu as revu Santini ? Mais c'est lui qui
voulait te reprendre dans son équipe avant ton départ.

Oui, il dit que c'est pas trop tard.

Dis, il me faudrait un peu
d'argent pour l'équipement.

Bien sûr.

- Combien te faut-il ?
- Je sais pas, moi.

Y a la raquette,
les chaussures, un short,

et la cotisation aussi.

Ça va ?

Ça va.
Au revoir maman.

Merci pour le déjeuner.

À bientôt.
Tu m'appelles alors ?

- Je t'appelle.
- Au revoir.

Dis donc, et ton week-end ?
Tu dis rien.

Épatant.

Saint-Étienne a battu Nantes 3-2.
Burt Lancaster a battu Lee Marvin par K.O.

Patrick m'a battue
d'une longueur au dos crawlé.

Et on a fait match nul à la belotte.

Merci monsieur.

Eh !

Tu dors ?

C'est pas chic de m'avoir
laissé tomber comme ça.

Le pédiatre m'a dit qu'il lui fallait
absolument une cure avant l'hiver. Je l'emmène.

Ce serait bien si tu pouvais
attendre les vacances de la Toussaint,

parce que j'ai promis à Patricia
de l'emmener à Menton chez mes parents.

- Crapette !
- Ah.

Allô, l'hôtel du Parc. Monsieur ?

Georges ! Georges !

Ne quittez pas.

On ira sur les petits ânes demain ?

- Tu ne dors pas ?
- Il viendra, papa ?

Non je ne crois pas, il a du travail.
Dors maintenant, il est tard.

- Je t'aime.
- Moi aussi.

Maman !

Allô Agnès ?
C'est pas facile de t'avoir.

Je te rappelle.

Maman !

- Chut.
- C'était papa ?

Non, c'était une erreur.
Allez dors.

Allô ? Je voudrais le 360215
à Menton. C'est urgent.

- Menton, attente indéterminée.
- J'attendrai.

Maman.

Maman.

Mais que...

Oh !

Mon amour, j'ai essayé
toute la nuit d'obtenir Menton.

Je suis sûre que cette salope
de Mme Billot l'a fait exprès.

Ça commence bien.

Ici, voilà le programme :

Le matin, petite cure. Puis petite
promenade sur petits ânes.

L'après-midi : petite sieste,
petit coloriage et puis petit livre.

Jamais je ne tiendrai 15 jours.

- On joue au ballon ?
- Pas maintenant. J'écris.

- À papa ?
- Ouais.

- Je peux lui faire un dessin ?
- Après, mon amour.

Tu sais jouer aux billes ?

Écoute Jérôme,
va demander aux autres enfants !

- Je les connais pas.
- Attendez, je vais appeler ma petite fille.

Mireille ! Elle s'appelle Mireille
à cause de Mireille Mathieu.

Mireille !

Elle est moche. On dirait
l'épagneul breton de tante Marianne.

Elle est assez bien
pour jouer aux billes. Allez.

Va jouer avec le petit garçon.
Il a l'air gentil, non ?

Allez va.

C'est pour ses oreilles
ou pour ses bronches que vous êtes ici ?

- Ses bronches.
- Mireille, c'est pour les oreilles.

Elle me fait otite sur otite.

- Comme sa mère.
- Ah bon.

J'ai eu 7 enfants.
Y a qu'elle qui m'a fait ça.

Peut-être parce que c'était
la 7e et que j'en voulais pas.

Et le bon Dieu qui m'a punie.
Je l'ai eue aux forceps.

Après j'ai eu une phlébite.

Et puis elle ne voulait pas de mon lait.

Plus tard, elle a voulu
rentrer aux postes.

Bref, elle tombe enceinte du receveur.
Marié, père de famille.

Vous vous rendez compte du scandale !

C'est maintenant décidé.
Je vais quitter Serge.

Ce que j'ai toujours cherché,
je l'ai trouvé avec toi.

Je sais enfin que ça existe.

Je pense que Jérôme prendra bien les choses.

Il voit si peu son père.

Eh ben dites donc,
vous en avez des choses à raconter !

Pour une femme
qui n'ouvre jamais la bouche !

Alors, elle a préféré partir
et elle m'a laissé la petite.

Et ça a recommencé :
les couches, les biberons...

Des cures.

Ça, c'est les bons souvenirs.

Enfin, c'est la vie.

- Ah non.
- Qu'est-ce que vous dites ?

Ben non.
C'est pas ça, la vie.

La vie, c'est aussi l'amour, non ?

C'est les couchers de soleil.

C'est 2 corps allongés
sur un édredon de plumes.

Non, c'est pas ça, la vie ?

Vous savez, les hommes
veulent tous la même chose

et une fois qu'ils l'ont eue,
ils se fichent pas mal de vous.

Vous n'allez pas me dire
que vous n'avez jamais pris votre pied ?

Mon quoi ?

Vous devriez essayer.
C'est très agréable.

C'est mieux que les forceps.
Croyez-moi.

Oh !

Oh !

Mamie !

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il a essayé de m'enlever la culotte.

Folle ! Hystérique ! Vicieuse !

Pourquoi t'as fait ça ?

Je voulais un élastique
pour me faire un lance-pierres.

Son fils est encore pire qu'elle.

Si on me demande au téléphone...

Je vous préviens : je ne passe plus
de communication dans les chambres après 22h.

D'ailleurs, ça réveillerait le petit.

Allô, hôtel du Parc.
Mme Lucas ? Je l'appelle.

C'est pour vous.

Je préfère le prendre dans la cabine.

Toi, tu m'attends là.

Allez, le 1er arrivé
dans la chambre, d'accord ?

1, 2, 3.

Hôtel du Parc.
Bonsoir monsieur.

Une chambre simple ?
Oui monsieur. Demain ?

C'est possible. À quel nom ?

Bonjour monsieur.

- Je suis M. Marielli.
- Mais vous êtes attendu.

Mme Lucas, mais quelle surprise !

M. Marielli, vous faites une cure ?

Mais non, je passais ici
pour affaires. Et vous ?

C'est pour mon fils Jérôme, pour ses bronches.

Tu te souviens de M. Marielli ?

Non ? Ben tant pis.
Il a grandi.

- C'est l'heure des petits ânes.
- Je vais vous accompagner.

Si vous voulez.

Vous êtes gentille de mettre
ça dans ma chambre. Merci madame.

Pauvre Vincent.
Il s'en donne, du mal.

- Il va peut-être se noyer.
- Oh.

Et si on mangeait du gâteau ?

Avant le déjeuner ?

J'ai une idée : on ne va pas déjeuner.

On ne va manger que des gâteaux, d'accord ?
Des petits, des grands, à la crème, à la confiture.

Une orgie de gâteaux.

- C'est quoi, une orgie ?
- Tu vas voir. Allez viens.

- Merci madame.
- Voilà.

C'est mon 3e baba.

Il va rester avec nous,
le monsieur, cet après-midi ?

Tu peux l'appeler Vincent, tu sais.

Chambre 510, s'il vous plaît.

- Voilà mon petit.
- Merci.

Il va dîner avec nous ce soir,
le monsieur ?

Non, non.

Marielli.

Chambre 17.

- Tu aimes Fred Astaire ?
- Oui, beaucoup.

L'autre jour,
je l'ai vu dans un film à la télé.

Et alors, il dansait bien ?

Non, il ne dansait pas.

T'es sûr que c'était Fred Astaire ?

Tu veux que je te raconte l'histoire ?

C'était un monsieur qu'est marié
avec une dame et puis ils ont divorcé.

Et puis ils ont une fille.
Elle s'appelle Carrie.

Alors un jour, Carrie se marie,
et Fred Astaire vient à son mariage,

puisque c'est son papa.

Et il revoit sa femme.
Elle est devenue très vieille.

Mais il tombe amoureux d'elle
une seconde fois.

Ça arrive en vrai ?

Pas souvent.

Dis-moi, qu'est-ce que c'est,
pour toi, tomber amoureux ?

C'est avoir envie d'être
avec quelqu'un tout le temps.

C'est bien vrai.

Moi, j'ai tout le temps
envie d'être avec toi.

Alors, je suis amoureux de toi ?

Jusqu'au jour où
tu tomberas amoureux d'une jeune fille.

Même quand ça arrivera,
jamais je ne te quitterai.

Si tu ne l'aimes pas,
je la renverrai.

Merci.

Vous n'attendez pas
de coup de téléphone ce soir ?

Tu viens, mon amour ?

Gratte-moi plus fort,
je sens rien.

Il est tard. Faut dormir maintenant, Jérôme.

Tu me racontes encore
l'histoire du petit lapin blanc ?

Je t'ai déjà raconté.

Ce soir,
tu t'es pas démaquillée.

C'est vrai ça, tiens. J'ai dû oublier.
Tu sais, j'ai tellement sommeil.

Moi, j'ai pas sommeil.

Il part demain, le monsieur ?

Oui, demain matin.

Il était une fois...

Je crois que je viens de passer
le jour le plus long de ma vie.

Eh bien prépare-toi
à passer la nuit la plus longue.

Monsieur, vous désirez ?

- Mme Vatrin ?
- Oui monsieur ?

- Où est-elle ?
- Qui ça ?

Anne.

Ça fait 5 fois de suite qu'elle me file
rencard au café d'à côté. J'en ai marre.

Je veux mes 800 sacs demain à midi.

Quels 800 sacs ?

Dites-lui que si je les ai pas demain à midi,
je lui coupe tous les robinets.

Elle trouvera plus un seul mec
à Paris pour la ravitailler.

Mais monsieur, qui êtes-vous ?

Anne ? Anne ?

Madame ! Madame !

On vous demande au téléphone.
C'est la police.

Il y a eu un accident.

Dans l'actualité également ce soir,
un nouveau drame de la drogue.

Le cadavre d'une jeune fille a été découvert
hier soir sur un banc de la place Maubert.

Il s'agit de Mlle Anne Vatrin,
la fille d'une célèbre décoratrice parisienne.

Anne Vatrin est âgée de 17 ans. Elle a
vraisemblablement été victime d'une overdose d'héroïne.

C'est quoi, une overdose ?

La police enquête évidemment. Il y a déjà
2 arrestations : Fabrice Richard et Francis Leroy

sont passés aux aveux après 12h
de garde-à-vue dans les locaux de la PJ.

Jérôme !

Oh, papa.

Tu t'es levé ?

Je suis content que vous soyez rentré si tôt,
mais vous auriez pu prendre un train plus tard.

- L'enterrement est à 11h.
- La pauvre enfant.

- Tu t'es bien amusé ?
- Oui.

- J'ai une surprise pour toi.
- Qu'est-ce que c'est ?

- Alors, elle te plaît ?
- Oh oui. Regarde maman, elle est chouette.

On va faire un tour.

Jérôme.

Tu viens pas avec moi
à l'enterrement ?

Ce serait gentil pour Vava.

Jérôme, viens.

Non, je veux monter devant.

Non mon chéri, c'est trop dangereux.
Les petits enfants derrière.

Quand je pourrai ?

Dans une dizaine d'années,
mon petit ange.

J'ai décidé de ne plus rien faire,
sauf par amour ou par intérêt.

Ça veut dire quoi ?

Ça veut dire que dorénavant, je ne me
consacrerai qu'à mon travail et à mon garçon.

Et à ma petite femme, évidemment.

Alors, Jérôme, Mme Clary est en vacances,
et maman au cimetière.

Le programme : Bois de Boulogne, hamburger
chez Joe Allen et peut-être La Guerre des étoiles.

Youpi !

Alors, je te dépose ?

À qui t'as téléphoné au restaurant ?

- À Agnès.
- Je la connais ?

Non, pas encore.

Tu sais, maman va se remarier.

- Ah bon ?
- Tu veux savoir avec qui ?

Avec le dr Devine.

- Il a une maison en Corse...
- Et un chalet en Suisse, je sais.

Et toi, tu vas te remarier ?

Peut-être.

Le rédacteur en chef m'a téléphonée.

Et séparément, j'ai reçu une lettre
du service lectrice de Elle.

Sans s'être concerté, ils étaient
tombés amoureux de ma nouvelle.

Ils m'ont proposé d'entrer au journal.

- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je vais résister à la tentation.

Je vais d'abord finir mon bouquin.
C'est ça qui compte.

Dis-moi, tes filles ne te manquent pas ?

Si, mais je les vois pendant le week-end.

Je m'en occupe peu mais bien.

Tout le monde y gagne.

Et toi ?

- Moi, je vais quitter Serge.
- Ah ben bravo.

Ça ne mérite quand même pas
des félicitations.

T'es rentré ?

- Tu es seule ?
- Oui.

Laurence est allée
raccompagner Vava. C'était affreux.

- Comment est-elle ?
- Oh, efficace, mécanique.

- C'est curieux.
- Et toi ?

Ça va.

Bien sûr, ça fait beaucoup
de responsabilités d'un seul coup.

- Mais tu vas t'en tirer.
- Tu crois ?

J'en suis sûr.

C'est plus que gentil
d'être rentré si vite.

C'est quoi ?

C'est... c'est toi.

- T'es libre ce soir ?
- Non.

Mais je le serai.

Et maintenant, t'es occupée ?

Non, mais je sens
que je vais l'être.

Son attitude a complètement changé.

Il est comme une nounou avec son fils.

Il l'emmène partout
jusqu'à des heures indues.

Jérôme est grisé.
Moi, j'y comprends rien.

C'est pas dur à comprendre.

Il se rend compte que ça sent le roussi
et il met le paquet.

C'est une occasion inespérée
pour toi de larguer ton gosse.

T'es folle ou quoi ? Tu t'imagines pas qu'Agnès
va venir vivre avec moi sans Jérôme.

On serait heureux ni l'un ni l'autre.

Parce que vous croyez que vous allez l'être
avec un gosse qui t'a pris en grippe ?

Et qui va vouloir se fourrer dans les jupes
de sa mère chaque fois que tu voudras y être ?

On sera 2.

Il ne résistera pas à mon charme.

Et comment tu le charmeras ?
En lui faisant un petit frère ou une petite sœur ?

Pourquoi pas ?

C'est ça.
Comme si le tien ne te suffit pas.

Tu rêves d'être la femme de sa vie.
Tu ne seras que la mère de ses gosses.

Arrête, Stéphane. Tu compliques tout.
C'est du sectarisme. C'est ridicule.

Vincent, les gens qui n'ont pas d'enfant
ne peuvent pas comprendre.

Moi je peux,
parce que j'en ai 2.

Enfin, j'en ai eu 2.

Oui, des jumelles.

Stéphane leur a tout sacrifié.
Et puis un jour, quand elles ont eu 17 ans,

elles sont parties
aux États-Unis voir leur père

qu'elles n'avaient jamais vu,
qui ne s'était jamais occupé d'elles.

Et puis elles sont restées avec lui.

Il y a quelque chose qui me trouble.

Oui, c'est quoi ?

C'est qu'au fond de moi,
je sens bien que Stéphane a raison...

dans sa façon de penser. Hein ?

Ben oui, et alors ?

Ben j'ai quand même envie
d'un enfant de toi.

Alors cette soirée avec Vava ?
Pénible, je suppose.

Ouais.

T'as réussi à lui remonter le moral,
à cette pauvre femme ?

Écoute, Serge, je suis crevée
et j'ai pas du tout envie de parler de Vava.

Tu as raison.
Nous ne parlerons plus de Mme Vatrin.

Elle s'est suicidée cette nuit
dans sa maison de campagne.

Qu'est-ce que tu dis ?

Je dis que Mme Vatrin s'est suicidée cette nuit
dans sa baignoire. Elle s'est coupée les veines.

Et Laurence, qui elle a passé la nuit là-bas,
l'a découverte il y a une heure.

C'est pas possible.

Évidemment, question alibi,
faudra trouver quelqu'un d'autre.

Je t'en prie, Serge,
c'est pas le moment.

Si, c'est le moment.
Et il y a longtemps que je l'attends.

Très bien.
Je vais te quitter, Serge.

J'avais compris, figure-toi.

Je suppose que t'as réfléchi
et qu'il est inutile que j'insiste ?

Oui.

Enfin non, c'est pas la peine.

De toute façon, je suis pas le
1er homme abandonné par sa femme.

Je vais pas m'accrocher.

- Tu peux partir.
- Tu veux garder l'appartement?

C'est pas que j'en sois fou,
mais Jérôme sera assez perturbé comme ça.

Je ne veux pas en plus
le changer d'école et d'habitudes.

Il n'est pas question
que je parte sans Jérôme.

Alors, tu restes. Parce qu'il
n'est pas question que tu l'emmènes.

Enfin Serge, tu t'en es jamais occupé.
Tu ne vas pas maintenant...

Je m'en occupe très bien
depuis quelque temps.

D'ailleurs, j'ai vu mon avocat.
Il m'a dit que j'avais de bonnes chances.

T'as un avocat ?

Écoute, Agnès,
tu voulais un enfant, tu l'as.

Tu voulais un métier, tu le fais.

T'as voulu un amant,
c'est pas un drame.

Mais maintenant,
tu veux me piquer mon gosse ?

Alors là, je ne marche plus.

Je ne marche plus du tout,
et j'irai très loin.

C'est pour m'emmerder,
uniquement.

T'en as rien à fiche,
ni de moi ni de Jérôme.

Ce que tu veux,
c'est nous mettre en conserve.

Comme ça, quand t'en as assez
de tes petites aventures minables,

tu peux rentrer une heure ou 2
jouer au papa ou à la maman, c'est ça ?

Écoute Serge, faut que tu comprennes.

Je peux plus être heureuse avec toi,
ni Jérôme sans moi.

Et avec M. Marielli,
tu crois qu'il serait heureux ?

Je sais pas.

Moi je sais qu'il ne le sera pas
parce qu'il me l'a dit.

Il te l'a dit ?

Vous en avez parlé ?

On ne parle que de ça en ce moment.

J'avais peur que ça le traumatise
alors je l'ai préparé doucement.

Tu as osé mêler un enfant de 7 ans...
Mais de quel droit ?

De mon droit de père.

Tu n'as pas osé
bouleverser sa vie ?

De toute façon, ne t'inquiète pas.
Il a très bien pris la chose.

On vivra en célibataires.

Il viendra me chercher
au bureau après l'étude.

Je ne sortira plus le soir.

Maman viendra nous voir
de temps en temps.

Et on se le partagera
pendant le week-end.

Il l'a très bien pris ?

Ouais, il m'a même dit qu'un papa
était plus marrant qu'une maman pour s'amuser.

Et voilà.

Des trucs comme ça,
ça arrive tout le temps dans la vie.

On ne va pas tout foutre en l'air
pour une connerie.

Je te propose quelque chose.

On change d'appartement
et on vit en célibataire tous les 3.

À l'extérieur, on vit en solo.

Et on se retrouve au point d'orgue.

Et le point d'orgue, c'est Jérôme ?

Réfléchis.

Laisse-moi.

Agnès.

Mais bon Dieu,
y a des gens qui refont leur vie.

Y a des gens capables de tout bousculer.
Ça existe. On en voit autour de nous.

Depuis plus d'un an, tous les soirs dans mon lit,
je pense à toutes ces femmes autour de moi.

Celles qui sont parties,
celles qui sont restées...

Je n'arrête pas de me demander où est
la bonne solution, de passer d'un doute à l'autre.

Et puis tout à coup,
quand il s'agit de perdre Jérôme...

Pourquoi perdre Jérôme ?

Tu te rends compte que Serge a déjà
commencé à me détruire dans l'esprit de mon gosse ?

Et c'est pas fini.
Il ira jusqu'au bout, il me l'a dit.

Oh non. J'ai pas le courage
de prendre le risque.

Alors, c'est une scène de rupture ?

Mais non, pas du tout.
On va se débrouiller.

Serge est d'accord. On va...

« On va se débrouiller ».

Beaucoup de gens pensent qu'il vaut mieux
ne pas vivre ensemble. Même toi.

Oui, même moi.
Même moi, c'est vrai.

Mon amour.

Tu te souviens
le jour où je t'ai rencontré ?

Tu me disais que la vie à 2
devenait tôt ou tard un enfer.

Écoute, quand on s'est rencontrés...

Je ne t'avais pas rencontrée.
Je disais des conneries, c'est tout.

Mais je t'aime.
C'est ça qui compte.

Mais moi aussi, je t'aime.

Je vais rester.

Oui, tu vas rester un peu.

Je vais encore me réveiller
dans un plumard vide

pendant que tu rouleras à 100 à l'heure

pour si jamais Jérôme se réveille.

Mais je ferai 1.000 km toutes les nuits
pour passer 5 minutes dans tes bras.

C'est toi ?

- Ouais.
- Alors t'es revenue ?

- Ouais.
- Tu restes ?

C'est raisonnable.

À propos, Vava a laissé
un testament sur son bureau.

Elle vous laisse la boutique,
à toi et à Laurence.

Serge ! Jérôme n'est pas dans sa chambre.

- Qu'est-ce que tu racontes encore ?
- Maman !

Ah, tu es là ? Mais qu'est-ce que
tu fais là, mon petit amour ?

Tu dors pas ?

Tu n'étais pas là.
Je peux pas dormir quand t'es pas là.

Comme le petit lapin blanc.

J'en ai pour 5 minutes.

C'est formidable.

Oh Vincent !
Tu tombes à pic ! T'as vu ?

- Agnès n'est pas là ?
- Non, le rendez-vous de chantier est à 2h.

- Tu pourras lui donner ça ?
- Oui, si tu veux.

Bon, je me sauve.
Je suis pressé. Le taxi m'attend.

- Où tu vas ?
- Agnès t'expliquera.

Mais qu'est-ce qu'il y a ?
Dis-moi au moins ce qu'il y a.

- Il y a que je pars au Canada.
- Au Canada ?

- Sans elle ?
- Oui, sans elle.

T'avais raison.
Ça peut pas marcher.

- À cause du gosse ?
- À cause du gosse, oui.

Allez.

Pour les 5 briques,
tu me les mets de côté.

J'en aurais peut-être besoin
dans 4-5 ans quand je reviendrai.

C'est pas vrai, mais quelle merde !

Téléphone !

Serge !

Réponds.

Allô, Marianne ?

Combien de fois je t'appelle
depuis ce matin ? Je n'arrête pas !

Tu ne sais pas ce qu'il m'arrive ?
Mes filles ont quitté la maison.

- Elles ont quitté la maison.
- Hier soir, et pas seules.

Elles sont parties avec des mecs ?

Avec un mec, avec le mec.

Avec le même ?
Dis donc, tes enfants de Marie !

C'est de ma faute.
Je les ai trop tenues.

Non Marianne, ne te culpabilise pas.
Tu n'as rien à te reprocher.

C'est quand même moi
qui les ai élevées.

- C'est toujours la mère qui...
- Écoute Marianne, je peux pas te parler maintenant.

On va chercher Jérôme à l'aéroport.
Il revient d'Irlande.

De son camp de vacances.
Je te rappelle tout de suite après.

- Tu me le promets ?
- Promis. Promis.

Serge, tu te dépêches.
On va être en retard pour Jérôme.

Qu'est-ce que tu dis ?

L'avion arrive dans une heure.
Dépêche-toi. Faut y aller.

Faut que je file à Colmar.
J'ai un sac de nœuds pour le concert.

Ils viennent d'appeler. En plus,
le big boss vient d'arriver de New York.

Et quand le big boss est là,
c'est plus toi le big boss.

Quand même. Jérôme,
ça fait 2 mois qu'on l'a pas vu.

Ça fait rien.
On dînera tous les 2.

- Tu lui expliqueras. À 15 ans, il peut comprendre.
- Comprendre quoi ?

Que je préfèrerais 100 fois passer le
week-end avec lui plutôt qu'aller me faire chier...

...en province dans des coulisses
crasseuses avec des connards barbus.

Je lui expliquerai.

Et puis, il a l'habitude.

- Jérôme.
- Maman.

Mais t'es gigantesque.
T'as pris un sacré coup de vieux, dis donc !

- Et papa ?
- Il a du travail en province.

- Il pourra pas dîner avec nous.
- Au fait, pour le dîner...

- J'ai rencontré une fille dans l'avion.
- Et alors ?

Et alors,
elle m'a invité à dîner.

Elle a 18 ans.

Alors je vais
chercher la voiture, c'est ça ?

Tu pourras prendre ma valise ?
Je préfère rentrer en car avec Caroline.

Je t'adore.

Au fait, encore une chose.

Je lui ai fait croire
que j'avais 17 ans.

Tu fais pas de gaffe !

Vincent !