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Pr�c�demment, dans la Bureau des L�gendes.

Je pars en Jordanie.
J'ai accept� un poste au lyc�e fran�ais d'Amman.

- Tu pars ou tu es en train de me dire autre chose ?
- Les deux.

Ma mission, c'�tait de lier connaissance.

Je devais fr�quenter des gens dans un certain milieu,

voir s'ils avaient acc�s � des informations qui pouvaient nous �tre utiles.

- C'est fini ta mission ?
- Ouais.

- M�fiez-vous, il a le syndrome du clandestin.
- Qui est ?

Avancer masqu�.

J'aimerai que tu t'occupes du prochain cland� en partance.

ELLE va en Iran.

On a trois hypoth�ses : Cyclone a �t� arr�t�, Cyclone a �t� enlev�, Cyclone a organis� sa propre disparition.

60% de notre activit� en Alg�rie peut �tre compromise.

- Tu es � Paris ?

- Ouais.
- Moi aussi.

(Nadia el-Mansour parle en arabe)

Nadia ?

Tiens, Guillaume.

A qui tu t�l�phonais ?

On m'a dit que tu �tais un espion, je ne voulais pas le croire.

On m'a dit que tu avais recrut� des gens � Damas.

Des pauvres gens qui vont se faire arr�ter maintenant.

Allo, Henri ?

Tu voulais me recruter moi aussi, c'est �a ?

Je me suis fait pi�g�, je suis grill�.

Il faut appeler le Bureau de Syrie.

Leur dire de fermer tous les r�seaux, qu'ils ferment les r�seaux. MAINTENANT !

Faut que je m'en aille.

En pleine nuit ?

Ouais, je pr�f�re. Je commence t�t demain.

T'as pas vu l'Empire des sens ?

Non.

Pute ?

Une femme qui vient de s'engueuler avec son mec.

Une femme qui a un avion � prendre.

Bah, elle avait pas de bagages.

Elle avait pas l'air �nerv�.

Elle avait pas l'air d'une pute.

Bonjour, pardon.

�a, c'est vos mouchards.

Je rentre � la maison, on se retrouve � la Bo�te.

Vous inqui�tez pas, je passe par le sas.

Admettons que les Alg�riens d�tiennent Cyclone.

Il a bu, il s'est d�nonc�, il s'est trahi ou un objet sur lui l'a trahi. Bref ...

Il passe du commissariat � une cellule du contre-espionnage.

L�, les Alg�riens ont devant eux quelqu'un de ivre

qui leur affirme travailler pour la DGSE.

Quelques heures plus tard, Cyclone est d�gris�,

il se calme,

et l�, deux possibilit�s.

Soit il continue de se d�noncer, soit il s'arr�te.

S'il continue, c'est une catastrophe : il va donner toutes les sources qu'il connait.

On en est o� de leur mise en sommeil ?

On en a d�j� pr�venu trois.

On a contact� le quatri�me qui s'est pas encore manifest�.

Bien.

Donc il donne les sources,

mais il donne aussi toutes les op�rations auxquelles il a eu acc�s avant son d�part � Alger.

Il a pass� combien de temps � la DGSE avant de partir en mission ?

16 mois.

16 mois.

16 mois d'acc�s � des donn�es confidentielles.

Donc il donne les protocoles, les m�thodes.

Et pourquoi il ferait �a ?

C'est la question que l'on doit se poser.

O� se situe notre faute ?

Pendant le recrutement ? Pendant la veille ? Pendant l'entra�nement ?

� quel moment on a laiss� passer �a ?

Un tra�tre.

Deuxi�me possibilit�.

Il est sobre, il se r�tracte, il dit qu'il a dit n'importe quoi juste pour faire l'int�ressant.

L�, les Alg�riens sont sceptiques.

Ils veulent pas passer � c�t� d'un gros poisson, donc ils enqu�tent.

Et c'est l� que la l�gende rentre en jeu.

Ils vont enqu�ter sur son travail.

De ce c�t�-l�, on est nickel.

C'est une vraie bo�te de conseils financiers.

Vrai bureau, et surtout vraie activit� avec de vrais clients.

- Et chez lui ?
- Bah chez lui, c'est chez lui.

Vous �tes bien plac� pour le savoir.

Si quelqu'un p�n�tre chez lui, il ne trouvera que sa l�gende.

Il a une vraie vie l�-bas.

D'accord.

Donc c'est l� qu'il faut qu'on fasse attention.

Il faut pas que ce soit nous, � travers nos actions et notre agitation sur le terrain qui �veillions les soup�ons.

Par exemple, nos gens qui sont en place � l'ambassade doivent faire comme s'il ne se passait rien.

Quelque action suspecte de leur part confirmera qu'on a perdu un agent.

- Donc ils savent ?
- Oui.

- Faut leur dire de faire comme s'ils ne savaient pas.
- OK.

Je voudrais aussi qu'on �tudie la possibilit� de l'enl�vement.

Apr�s tout, son portable est toujours au commissariat. Mais lui, personne ne l'a vu sortir.

- Mais ... vous croyez que ... ?
- Je ne crois rien,

mais je ne veux pas qu'il se soit fait enlever et qu'on n'ait pas �tudier la possibilit�.

Je voudrais aussi qu'on v�rifie tous les cas d'enl�vements d'agents � Alger.

Si jamais �a s'est d�j� pass�, on a pas le droit de l'ignorer.

D'accord ?

OK.

Je r�sume : il vous a sem� deux fois, il a esquint� deux mouchards, il a dormi � l'h�tel et il s'est pas cach�. C'est �a ?

Oui. Et il avait pas l'air emb�t� qu'on ait fini par le localiser.

Il �tait tout seul � l'h�tel ?

Bah �a, on sait pas, hein ?

Il y a beaucoup de va et vient dans cet h�tel.

�a fait bar aussi.

Mais si vous voulez qu'on fouille un peu plus dans sa vie, il y a pas de probl�me.

Sauf que c'est plus de la s�curisation, c'est de la surveillance.

Nous, on est l� pour v�rifier que personne n'a rep�r� notre bonhomme. Mais si vous voulez aller plus loin, il suffit de le dire. Il y a pas de soucis.

Moi, je peux vous dire avec qui il baise,

combien de coups il tire dans la nuit, si la fille a ses r�gles,

si elle se fait enculer ou s'il lui colle un doigt dans le cul.

Il n'y a pas de probl�mes, on sait le faire.

OK, OK. Bah je vous dirai �a.

Bonjour, j'ai rendez-vous avec Mr Duflot.w

Merci.

- Docteur Balm�s ?
- Oui.

Bonjour, passez votre badge.

Bonjour.

Je suis Rim Benguiti

Je suis la secr�taire de Mr Duflot.

Bonjour.

Allez-y.

- Tout s'est bien pass� � l'entr�e ?
- Oui.

Je me sens un peu toute nue sans mon t�l�phone et ma tablette.

Oui, on peut pas rentrer avec un ordinateur ou avec un t�l�phone.
Vous savez pourquoi ?

Non.

Quelqu'un peut les activer � distance et les transformer en micros.

Ah, d'accord.

On s'habitue � �tre toute nue, vous allez voir.

Peu de gens peuvent prendre cet ascenceur. C'est l'unique moyen d'acc�der chez nous.

Donc si quelqu'un de la Bo�te vous demande dans quel service vous travaillez, c'est pas la peine de dire que vous travaillez l�.

Tenez. Allez-y.

Voil� : le service des clandestins, le Bureau des L�gendes.

Voil�, �a c'est votre bureau.

Avant, c'�tait la pi�ce o� les veilleurs qui devaient travailler 24h/24 pouvaient se reposer.

Mais on a d�cid� de le transformer en bureau pour vous.

Tous les soirs, vous devez d�truire vos documents dans la "choucrouteuse".

Ou alors, vous les rangez dans cette armoire ferm�e � cl� et prot�g�e par un code.

Rien de doit trainer sur votre bureau ni dans la poubelle.

Les services de maintenance n'ont pas le droit d'entrer. C'est pareil pour le m�nage, donc c'est vous qui nettoyez votre bureau.

- Tous les num�ros sont l� : porte, armoire, t�l�phone.
- D'accord.

Ah, une derni�re chose.

Vous ne dites rien � personne.

Personne n'a � vous interroger.

Si quelqu'un vous pose une question, c'est qu'il ne sait pas ce que vous savez.

Et s'il ne sait pas, c'est qu'il n'a pas le droit d'en conna�tre.

C'est comme �a qu'on dit : le droit d'en conna�tre ou non.

- Comme le secret professionnel.
- Non, comme le secret d�fense.

Tu dors � l'h�tel, il parait.

- Bah, oui.
- Seul ?

- Pourquoi ?
- Tu peux me le dire.

�a d�pend, c'est de la curiosit� ou autre chose ?

Si je faisais l'objet d'une enqu�te interne, j'imagine que tu serais le premier � savoir si je dors seul ou pas ?

Alors, est-ce que je fais l'objet d'une enqu�te interne ?

Pas encore, mais c'est quand m�me �trange que tu cherches � semer nos �quipes.

Je cherche pas � les semer, je les entra�ne.

Ils m'ont retrouv� � ce que je sache, non?

Ouais, c'est pas comme si tu les avais aid�, hein ?

Il manquerait plus que �a.

J'ai connu des histoires comme �a, hein ?

Des clandestins qui ne parviennent pas � abandonner leur l�gende.

En g�n�ral, c'est parce qu'ils menaient une vie de patachon.

Celui qui �tait au Kazakhstan, il avait une villa avec piscine, un vrai nabab, il avait pas envie de rentrer.

Et l'Afghan, il a fait un an de d�pression.

Alors, si c'est ce qu'il t'arrive, faut le dire.

Parce que j'ai pas besoin de �a en ce moment.

J'ai besoin de toi pour retrouver Cyclone.

Ne me fais pas un coup tordu maintenant.

D'accord, j'attendrai.

Je suis s�rieux.

T'as du mal ?

Non non, �a va.

Non, j'ai besoin d'un petit peu de temps pour m'acclimater.

Enfin, le divorce, ma fille, mes ... Non non, �a va, �a va.

On va retrouver Cyclone,

je vais m'occuper de la formation de la nouvelle, tu peux compter sur moi.

Et tu n'as qu'� me laisser P�p� et M�m� sur le dos si tu veux, �a les entrainera.

Mr Duflot ? Le Docteur Balm�s est l�.

Justement.

- Bonjour, Docteur.
- Bonjour Mr Duflot.

- Je vous pr�sente Guillaume de Bailly qui est notre nouveau directeur adjoint.
- Bonjour.

Guillaume, je te pr�sente le Docteur Balm�s qui va s'occuper de nous tous ici, parce que ...

depuis l'affaire Cyclone, on va tous tr�s mal.

Enfin, surtout lui.

Bien, vous ferez connaissance avec tout le monde plus tard, j'ai besoin de vous en salle de crise.

D'accord.

Alors, vous ouvrez grand vos oreilles.

Vous ne posez pas de questions ; si on vous dit de faire un truc, vous le faites mais vous demandez pas pourquoi.

- Parce que si on vous le dit pas ...
- C'est que je n'ai pas le droit d'en connaitre.

Exactement. Voil�, c'est ce qu'on appelle le cloisonnement, c'est essentiel.

Vous ne savez pas tout, donc vous ne pouvez pas tout dire. Vous comprenez ?

Je crois que oui.

Si je vous dis par exemple : qu'est-ce que ma cravate r�v�le de ma personnalit� ?

- Vous ne me demandez pas pourquoi je vous pose cette question, vous me r�pondez. Vous comprenez ?
- Oui.

Ah !

Vous voulez avoir l'air sympa.

Facile.

C'eeest votre signature.

Votre cravate, c'est vous.

Votre c�t� rebelle, un peu ?

C'est tout ce que vous avez ?

Bon, c'est un peu court.

Elle est ridicule.

� la bonne heure ! La v�rit�, c'est ce qu'il y a de plus important.

Si vous ne savez pas, vous dites que vous ne savez pas. Si vous n'�tes pas s�re, vous dites que vous n'�tes pas s�re.

- C'est comme �a que vous gagnerez ma confiance, en me disant la v�rit�.
- D'accord.

Apr�s vous.

Il m'�nervait ! Je supportais m�me plus son petit ricanement hautain,

qui d'habitude me plait, tu sais ?

Non, la cortizone, c'est g�nial, pour travailler. Mais tu finis par t'engueuler avec tout le monde.

Enfin, bref.

�a va ?

Non.

Qu'est-ce que tu as ?

Je m'en vais.

O� ?

D'ici, je quitte la Bo�te.

C'est-�-dire ?

Je quitte la DGSE aujourd'hui.

Quoi ? Mais pourquoi ?

On m'a propos� une mission un peu longue. Je l'ai dit � mon copain, il l'a tr�s mal pris.

Tr�s mal.

Donc, voil�.

Si je peux pas faire mon travail ici, �a sert � rien.

Enfin, il peut pas t'emp�cher de travailler !

Mais il m'emp�che pas, �a le d�molit.

De me savoir loin, longtemps, dans un endroit un peu chaud.

J'ai vu que �a le d�truisait.

Et je tiens � lui.

- Bah, il va se faire � l'id�e !
- Non !

Non, je sais que non.

Je vais le perdre.

Wouauh !

Et tu vas faire quoi ?

Je vais travailler dans une grosse soci�t� d'ing�nierie et de la construction.

Qu'est-ce que vous voulez dire, me mettre en sommeil ? �a veut dire quoi ?

�a veut dire que vous arr�tez tout.

Vous ne livrez plus rien, on ne communique plus jusqu'� nouvel ordre.

C'est nous qui reprendrons contact avec vous.

C'est comme si on n'existait plus.

Et, pourquoi ?

C'est une mesure de prudence.

De prudence ?

- Je suis grill� ?
- Non, pas du tout.

Alors, pourquoi on arr�te ?

Vous voulez pas me le dire.

Il y a un gros probl�me, c'est s�r.

Il n'y a aucun probl�me.

On applique seulement le protocole de s�curit�.

Cyclone, notre clandestin en Alg�rie a disparu.

Par mesure de s�curit�, toutes les sources qu'il a identifi�es ont �t� mises en sommeil.

- Gherbi en fait partie.
- Merci.

Monsieur Jacques.

Mes coll�gues sont des militaires.

On les appelle les "Scorpions".

� la moindre alerte, ils sortent leur dard et ils vous assassinent.

Personne ne va vous assassiner, Monsieur Gherbi.

Je demande � �tre exfiltrer.

Si vous ne le faites pas, je m'exfiltrerai moi-m�me.

Docteur Balm�s, vous allez me dire � quel point cet homme est paniqu�.

Si vous pensez qu'il l'est s�rieusement, on l'exfiltre.

�a veut dire, on trouve un pr�texte pour le faire sortir d'Alg�rie, on cr�dibilise le sc�nario.

Et, �a nous co�te les yeux de la t�te.

Si vous pensez qu'il n'est pas si paniqu�,

on lui dit de rentrer chez lui et de penser � autre chose.

Si vous vous trompez, il risque d'�tre arr�t� et ex�cut�.

Donc, ...

� quel point est-il, � votre avis, paniqu� ?

Alors ?

Imaginez qu'on vous fasse une radio des poumons et qu'on vous dise d'arr�ter imp�rativement de manger de la viande.

Quel est le rapport ?

C'est ce que vous demandez � votre radiologue : quel est le rapport ?

Maintenant, imaginez que ce derniez vous r�ponde : "Excusez-moi mais je pr�f�re ne rien vous dire".

Comment vous r�agissez ? Est-ce que vous paniquez ou vous gardez votre sang-froid ?

OK, on l'exfiltre.

Bonjour.

Bonjour !

- Vous voulez du th� ?
- Oui, merci.

Merci.

Alors, ces adieux ?

�a va !

Je vais devoir vous demander votre portable.

Vous avez amen� votre passeport ?

Comme vous avez des tampons isra�liens, vous le d�clarerez perdu.

Vous vous en ferez faire un nouveau.

Donc, vous avez s�journ� en Isra�l ?

Oui, il y a un an.

Qu'est-ce que vous y faisiez ?

Bah, j'ai accompagn� un ami dans un kibboutz.

O� �a ?

Pr�s du mont Carmel, dans la r�gion de Ha�fa.

Il va falloir virer tout �a.

Bon, votre ami. C'�tait votre petit ami ?

C'est ce que vous aviez d�clar� � la s�curit�.

Bah, oui.

Bah, on a fini par sortir ensemble.

Dans le kibboutz ?

Ouais, mais �a a pas dur�.

Son nom ?

Zvisigal.

Zvisigal.

Vient de se marier dans le XIIe � une certaine Karen More.

Qu'est-ce que vous allez faire ?

On va faire le m�nage.

- Bonjour.
- Bonjour.

Vous me suivez ?

Oui.

Vous avez rencontr� Marie-Jeanne. Marie-Jeanne va �tre votre r�f�rent durant votre mission.

Vous �tes entre de tr�s bonnes mains, elle a �t� mon r�f�rent.

- Vous vous sentez comment ?
- Impatiente.

Impatiente de ?

- De commencer.
- De commencer quoi ?

Ma mission.

Et elle commence quand votre mission ?

Je sais pas.

Elle commence maintenant.

Maintenant ?

Vous allez partir � T�h�ran

pour rep�rer des ing�nieurs nucl�aires iraniens.

Votre formation de sismologue vous permettra d'en approcher pas mal.

Vous allez faire comment ?

Pour ?

Pour trouver un job en Iran.

Bah, je pensais que c'�tait vous qui alliez me le dire.

Vous allez vous faire engager par cet homme.

Reza Mortazavi.

Il est le directeur du programme d'�changes entre la France et l'Iran

dans le domaine de l'�tude des risques sismiques.

Il vient en France tous les deux ans et repart � T�h�ran avec un ing�nieur fran�ais.

Il est � Paris depuis un mois

� l'Institut Physique du Globe.

Vous allez vous y faire engager

puis vous allez vous faire rep�rer par ce Reza Mortazavi,

et vous allez le convaincre que vous �tes la meilleure personne pour partir avec lui.

Comme �a, vous arriverez dans les bagages d'un officiel iranien : il n'y a pas de meilleure l�gende.

Et comment je fais pour rentrer � l'Institut Physique du Globe ?

Vous vous d�brouillez.

Et si j'y arrive pas ?

Marina, chaque fois que vous allez me poser la question, vous allez avoir droit � une seule r�ponse.

Si vous n'�tes pas capable, vous rentrez chez vous et on s'oublie.

Vous avez fait quoi, vous, pour partir ?

J'ai d� passer l'agreg de fran�ais pour �tre s�r d'�tre pris au lyc�e fran�ais de Damas

et j'ai d� apprendre l'arabe en un an.

Mon colonel.

La Direction des Op�rations m'a appel�. Ils sont furieux.

Vous avez communiqu� avec un de leurs agents ?

Vous croyez quoi ? Qu'en �voquant l'op�ration Felis avec votre beau-fr�re

�a n'allait pas faire de bruit ?

Vous voulez savoir quoi sur Felis ?

- Je voulais juste v�rifier que mon beau-fr�re �tait dessus.
- Pourquoi ?

- Parce que vous vous inqui�tez pour lui ?
- Non.

Je ne peux rien vous dire sur cette op�ration, mais je peux vous dire une chose.

Elle vaut de l'or pour la DO [Direction des Op�rations].

Quand je leur ai dit que votre Cyclone �tait sur le point de la compromettre, ils sont devenus compl�tement fous.

Ils refusent cat�goriquement de l'annuler, vous entendez ? Cat�goriquement !

C'est � nous de nous d�merder pour que Cyclone ne la balance pas, voil� ce qu'ils disent.

Alors, vous allez me faire plaisir.

Vous allez pas en rajouter.

D'ailleurs, vous ne pourrez pas.

Parce qu'� partir de maintenant, c'est le black-out total sur les communications avec Felis.

Les familles de nos agents peuvent vous remercier.

"Votre Cyclone" ...

Pour communiquer avec le clandestin chinois, on passe par mail.

On lui a cr�� une vraie soci�t� de chasseurs de t�tes

il a un ordinateur dans sa bo�te et il envoie des mails.

Il n'y a pas un risque qu'on lise ses mails ?

Si quelqu'un se met � v�rifier sa messagerie, c'est qu'il est grill�

et l'id�e, c'est qu'il ne soit jamais grill�.

Il fait rien qui puisse le compromettre.

Il ne prend pas de photos, il ne vole pas de documents, il ne recrute pas.

Il travaille vraiment comme chasseur de t�tes,

il nous envoie des rapports.

OK.

Donc, �a c'est le nuage t�l�phonique d'Alger, donc avec tous les portables qui �mettent � un moment donn�.

Donc, � chaque seconde, il y a des portables qui s'allument, d'autres qui s'�teignent.

Le satellite le capte et ensuite nous, on peut se repasser le film de la journ�e

et �tudier les mouvements.

Donc, en gros, les mouvements correspondent aux d�placements des masses.

Donc, vous avez de la banlieue jusqu'au centre le matin

et du centre vers la banlieue le soir.

Ensuite, on peut se concentrer sur un quartier

et �tudier le nuage plus en d�tail.

Le quartier o� trainent les salafistes, par exemple.

On a r�ussi a reproduire le pattern, c'est-�-dire les patterns, les sch�mas qui correspondent � l'activit� t�l�phonique de tel ou tel groupe terroriste

au moment de tel ou tel �v�nement.

Donc, par exemple,

chaque fois qu'il y a eu l'ex�cution d'un tra�tre,

le nuage a ressembl� � peu pr�s � �a.

Vous avez ici reproduit le mouvement qui correspond � un assassinat,

et l� en bas, le mouvement qui correspond � un enl�vement.

Voil�.

Euhh, donc �a, c'est Alger il y a 3 jours,

le jour o� Cyclone a �t� arr�t�.

Ici, les deux patterns qui nous int�ressent, on les a mis en boucle.

Donc, il ne me reste plus qu'�, voil�, qu'� passer le nuage, � �tudier tous les quartiers, � retrouver les mod�les de patterns qui correspondent.

Juste un mot, vous m'avez toujours pas dit pour de Bailly.

On reste sur lui ou non ?

Je veux juste savoir o� il dort cette nuit.

D'accord.

Mais il sait qu'on sait ou il sait pas qu'on sait ?

Je pr�f�rerai qu'il ne sache pas, mais je ne suis pas s�r que vous y arriviez.

C'est quel mouchard celui-l� ?

Il est � pied l� ?

Non, c'est pas un mouchard. C'est le GPS de son t�l�phone.

Tant qu'il est allum�, c'est bonnard.

Il est peut-�tre dans le m�tro ?

Ceux qui se battent contre Bachar aujourd'hui

me mettraient dans la terre et laisseraient d�passer ma t�te

ils inciteraient les passants � me tuer � coups de pierre.

Il y a quelques semaines, je me suis dit que c'�tait bien que tu sois parti

parce que maintenant, ce ne serait plus possible pour moi.

C'est trop dangereux.

C'est dr�le, parce que je me demandais vraiment pourquoi tu restais.

Tu commen�ais � �tre mal vu avec ton club litt�raire.

Je me disais que c'�tait pour moi.

�a n'aurait pas pu durer longtemps, et ...

�a aurait pu mal se finir, tr�s mal.

M�me ici, � Paris, il faut faire attention.

Allo ?

Je peux savoir o� tu es ?

Tu le sais pas ?

Descend.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

C'est mon �diteur.

Je lui avais dit qu'il pouvait me trouver ici en cas d'urgence.

Il est tr�s possessif.

J'en ai pour 10 minutes.

�a continue alors ?

Jusqu'� ce que je sois rassur�.

Localisation de mon portable, vous sortez les grands moyens.

Si je t'avais dis o� tu �tais, tu aurais r�pondu ?

Je l'ai laiss� allum�, c'est comme si je l'avais fait.

Guillaume, je t'avais dit que j'avais pas besoin de �a en ce moment.

Quoi ? Que je baise pas � la maison ? C'est �a d'on t'as pas besoin ?

J'ai demand� ton nom � la r�ception, il te connaisse pas.

Quel pseudo tu utilises ?

Celui de la femme mari�e qui m'attend l� haut.

Tu veux qu'on aille lui demander quel nom elle a utilis� pour r�server la chambre ?

Viens ! �a ne me d�range pas du tout, elle, �a va la surprendre. Mais, tant pis !

On sort plut�t.

Tu me fais payer quoi ? Un sentiment d'ins�curit� dans le service ?

Tu as peur de quoi ?

Est-ce que tout va bien ?

Oui !

C'est tout ce que je veux savoir !

�a va !

- Tout va bien ? Tu ne me fais pas le "syndrome du clandestin" ?
- C'est quoi �a, le syndrome du clandestin ?

C'est nous mettre tous en danger parce qu'on ne veut plus de sa vraie vie.

J'attends � tout moment qu'on nous annonce que Cyclone est entre les mains d'un groupe terroriste, ou que l'une des sources qu'il a identifi�e se soit faite arr�ter

ou qu'une op�ration se soit mal pass�e parce qu'il l'a balanc�e.

Ou alors il est mort dans un foss�.

Ah, c'est �a ma vraie vie.

Tu t'attendais � quoi ?

Je sais pas.

Bah moi non plus.

On reste amis.

�a se finit en eau de boudin leur histoire.

D�cevant, hein ?

Qu'est-ce qu'il voulait ton �diteur ?

Il croit que j'�cris ici, �a le rassure.

Tu as dit que tu �crivais ce soir ?

- Tu as pas dit que tu �tais avec un pute ukrainienne ?
- Si.

- J'ai eu peur.
- C'est pour �a qu'il est parti.

T'inqui�te pas.

C'est la ville des amants ici.

Mon �diteur.

Je vais y aller.

C'est pas possible !

Qu'est-ce qui se passe ?

Avec R�mi, on devait se parler ce matin.

Son pseudo Skype n'existe plus !

Non, mais regarde !

Vas-y, essaye !

C'est un bug ?

Si c'est un bug, tu peux faire quelque chose ?

Je sais pas.

T'es nul en informatique !

Allo ?

Mr Gherbi ?

�a fait des heures que je cherche � vous joindre.

Mr Jacques ?

Oui. On s'occupe de votre demande.

�a pourra se faire d'ici 48 heures, le temps de s'organiser, et puis heuuu...

on revient vers vous.

�a y est, j'ai plus besoin.

Comment �a ?

Je dois vous laisser, Mr Jacques. L'embarquement pour Paris a commenc�.

Il a racont� � son sup�rieur que son fr�re �tait tr�s malade

et qu'il devait s'occuper de toute urgence de sa famille.

Faut aller le r�cup�rer � l'a�roport.

Et rendre son histoire v�rifiable.

- Tu prends Balm�s avec toi.
- Pourquoi ?

- Pour qu'elle voit.
- Qu'elle voit quoi ?

Bah, pour qu'elle voit comment �a se passe.

- � quoi elle va servir ?
- Bah, elle peut apporter son expertise si jamais les choses deviennent difficiles.

Son expertise ?

Guillaume ! Oui, je te colle la psy dans les pattes, �a pose un probl�me ?

J'aimerai bien savoir quelle est la psy qui t'a fait d�tester toutes les psys, toi.

C'est quoi votre sp�cialit� ?

J'ai fait ma th�se en psychologie comportementale.

J'ai travaill� dans l'arm�e pendant 15 ans.

J'ai �cris un gros article sur le comportement au volant.

Au volant ?

En gros, �a disait quoi ?

Que la conduite est un moment privil�gi� pour l'observation et l'analyse du patient par son th�rapeute.

- Vous vous foutez de ma gueule ?
- Pas du tout !

Exemple : depuis qu'on roule, vous regardez en gros dans le r�tro toutes les trois secondes.

C'est excessif. �a peut d�noter diff�rentes choses.

Que je suis un conducteur prudent, peut-�tre ?

Ou que vous �tes atteint de ce qu'on appelle "hypervigilance chronique ou aig�e".

Ce qui est le cas de beaucoup de soldats revenus de mission.

En g�n�ral, �a concerne surtout les gens qui ont eu un p�pin sur le terrain.

J'ose plus regarder mon r�tro, maintenant.

Pardon, pardon ... Regardez dans votre r�tro, s'il vous plait !

- C'est lui.
- Merci beaucoup !

Bonjour, monsieur !

- Vous �tes monsieur Sa�d Gherbi ?
- Oui, c'est moi-m�me.

Bonjour, Didier Vincent.

Je suis m�decin militaire. Voici ma coll�gue, Dr Balm�s.

- Nous venons au sujet de votre fr�re.
- Qu'est-ce qu'il a ?

Il vient de se faire arr�ter � Alger.

Quoi ?

En ce moment-m�me, il est interrog� par les services du contre-espionnage alg�rien qui le soup�onnent de travailler pour le service de renseignements fran�ais.

Il risque d'�tre arr�t� pour haute trahison, c'est le consulat qui nous a pr�venu.

Et qu'est-ce qu'il a fait ?

Rien ! � mon avis, il a �t� d�nonc�.

Malheureusement, il a pris peur et il est parti pr�cipitemment de son travail.

C'est ce qu'il ne fallait pas faire, il s'est comport� en coupable.

Quel con !

Il est incapable de faire un truc pareil.

Espion, c'est ridicule !

Il est incapable de resquiller quand il y a la queue.

Monsieur, vous n'avez pas � nous convaincre. Nous pensons que tout �a est faux, mais ...

en attendant, il faut le sortir de l�.

Mais qu'est-ce que je peux faire ?

Vous pouvez vous faire hospitaliser.

Votre fr�re a pr�venu sa hi�rarchie qu'il venait � Paris pour vous rejoindre car vous �tiez atteint d'un cancer.

Ah bon ?

Alors quoi ?

J'ai fait une rechute ?

Vous avez d�j� eu un cancer ?

Il y a trois ans, oui.

Je vais devoir retourner � l'h�pital ?

- Bonjour !
- Bonjour !

- C'est pour ma m�re.
- Oui.

Vous me donnez sa carte vitale ?

Merci.

C'est quoi ce truc ?

- Sophie ?
- Oui ?

- Vous m'excusez deux minutes ?
- J'ai un probl�me, l�.

Oui ?

- Qu'est ce qui t'arrives ?
- Bah, regarde !

On dirait que c'est revenu.

- C'est bon ?
- Humm, je ne sais pas?

Je vais te dire.

Oui, apparemment.

- �a marche !
- OK.

Vous vous installerez plus tard.

Posez votre valise, on part � l'h�pital.

Pour quoi faire ?

Vous nous avez pas dit que votre fr�re �tait malade ?

Beh, beh c'�tait ...

Il plaisante.

C'�tait pour voir si vous suiviez.

Pourquoi vous voulez pas faire une pause ?

Vous allez me faire le coup : "Dites moi, � quoi �a vous fait penser ?"

Non, parce qu'on finit toujours par voir la m�me chose au bout d'un moment.

Une bite et des couilles.

Voil� !

Je trouve rien.

Je trouve rien du tout.

Vous pr�f�reriez trouver quelque chose ?

Non, bien s�r ...

Je peux pas dire �a, mais ...

Au moins, �a voudrait dire que c'est pas de ma faute.

Vous voulez dire des entretiens ?

Un suivi de tout le monde ?

Oui, des s�ances, quoi.

Non, non. Vous �tes l� pour vous occuper uniquement des clandestins.

Poisson ? Viande ?

- Je vais prendre le poisson, s'il vous plait.
- Et vous, madame ?
- La m�me chose.

Vous dirigez le service des clandestins, vous g�rez 9 clandestins.

Toutes les personnes autour de vous sont d�vou�es � la gestion de ces 9 clandestins

et vous en avez perdu un.

Vous croyez que ce n'aura aucun effet sur personne ? Les gens sont de vraies m�res poules ici.

Vous exag�rez.

C'est d�j� arriv� ?

- Quoi ?
- De perdre quelqu'un comme �a ?

Non, je ne crois pas.

- Voil�, madame.
- Merci.

Poisson ? Viande ?

Moi, je pense que �a va peser sur tout le monde. Que �a p�se d�j� sur tout le monde.

Et la petite qui va partir ? �a va rien lui faire de penser qu'elle peut s'�vaporer comme �a dans la nature ?

M�me de Bailly, il est nerveux, il est aux aguets.

Ah bon ?

Oui, il est pas en confiance.

Vous savez l'impression qu'il me donne ? Il me donne l'impression d'�tre toujours en mission.

C'est une convention o� tout le monde se congratule.

Vous serez donc en terrain favorable.

Il y aura les principaux acteurs du secteur.

Compagnies p�troli�res, bureaux d'�tudes et d'ing�nierie, op�rateurs de forage.

Votre cible : Anne Le Barbier.

47 ans, ancienne directrice de Siementec.

Une soci�t� sp�cialis�e dans les capteurs sismiques.

C'est elle qui dirige le d�partement de sismologie de l'Institut Physique du Globe de Paris.

Vous devez imp�rativement d�crocher une mission contractuelle aupr�s d'elle.

- Bonjour.
- Bonjour.

Merci.

Merci beaucoup.

Bonjour.

Elle va pas rester longtemps.

Elle n'a rien � attendre de cette convention.

Elle doit juste y faire une apparition un peu politique. La fen�tre de tir sera tr�s petite.

Qu'est-ce que vous attendez ?

Une occasion comme �a, �a ne se repr�sentera pas. Apr�s, c'est par mail ou par t�l�phone et �a prendra des semaines.

Allons-y.

Mme Le Barbier ?

- Oui ?
- Bonjour, excusez moi de vous d�ranger. Je suis Laurent Laveine, un des organisateurs de cette convention.

Cette jeune demoiselle me pose des questions auxquelles je suis bien incapable de r�pondre.

Je pense que vous pourrez le faire � ma place.

Mademoiselle, vous avez le courage d'affronter les forces telluriques. Vous aurez le courage de poser des questions � Mme Le Barbier.

Merci.

Vous �tes dans la sismologie ?

Oui. Enfin, en fait, je suis sortie de Polytechnique il y a deux ans

et j'ai eu envie de changer d'air, donc j'ai travaill� pour une ONG qui construit des ponts et des maisons en zones � risques sismiques majeures.

C'est l� que j'ai d�couvert ce domaine.

Et c'�tait amusant. J'ai mis au point des tables vibrantes pour trouver des r�ponses aux tremblements de terre dans la construction.

Et, j'ai vraiment ador� la pr�vention sismique. Donc, voil�. J'ai d�cid� de me sp�cialiser en sismologie.

Et, quelle est votre question ?

Oui, pardon. J'ai �t� approch�e par les gens de Geoscopia.

- C'est une petite structure ...
- Je connais, oui.

Et j'ai demand� � ce monsieur qui organise ce qu'il pensait d'eux.

Si �a valait le coup de consid�rer leur proposition et il m'a dit qu'il pouvait pas vraiment me renseigner mais que vous, vous pourriez.

Qu'est-ce que vous voulez faire � Geoscopia ?

M'�panouir de ma nouvelle sp�cialit�.

Ils ne font que dans le satellite et l'informatique.

Un dernier d�tail : avant d'int�grer l'IPGP, elle dirigeait la soci�t� Geoscopia.

Elle s'est faite d�barquer pour des probl�mes de vision strat�gique.

Elle s'est s�parer d'eux en tr�s mauvais termes.

� la demande de Mr Duflot, donc, on se voit pour faire un bilan de votre �tat d'esprit depuis votre retour.

Et je plaisantais � moiti� l'autre jour dans la voiture. Je vous ai trouv� anormalement nerveux.

Et ensuite, avec Gherbi, vous m'avez trouv� nerveux aussi ?

Non, l� il y avait une tr�s grande ma�trise, au contraire.

Mais j'ai pens� peut-�tre, quand vous rel�chiez le contr�le, vous pouviez faire remonter

une certaine anxi�t� d� � votre changement de vie.

Vous avez pass� 6 ans � Damas, c'est �a ?

- Sous couverture lourde, comme on dit ?
- Humm, c'est �a.

- Comment vous vous appeliez l�-bas ?
- Paul Lefebvre.

Et pendant 6 ans, donc, vous vous �tes ... on vous a appel� Paul Lefebvre.

Qu'est-ce que �a vous fait de retrouver votre vrai nom ?

Je ne l'avais pas vraiment perdu.

Non, bien s�r. Mais qu'est-ce que �a vous fait de ne plus �tre ce Paul Lefebvre ?

Rien.

Le retour � la vie normale fait partie du m�tier.

Tr�s bien.

Et pendant aussi longtemps, j'imagine qu'on se fait des amis, non ?

Enfin, je veux dire, vous avez eu une vraie vie normale l�-bas, sous votre fausse identit�.

Oui, bien s�r.

Et qu'est-ce que deviennent ces amis ?

Bah, on les quitte.

On est oblig� de rompre les liens ?

Oui, on s'efface progressivement.

On r�pond aux mails et aux appels une fois de temps en temps.

On reste vague, distant.

Puis, on r�pond de moins en moins.

Puis, petit � petit, avec les semaines, on r�pond plus du tout.

On disparait.

Et puis les gens vous oublient.

C'est pas trop douloureux ?

Douloureux, je sais pas, mais on est pas des machines.

Et donc, vous avez �t� amen� � rompre certaines relations qui ont pu �tre assez fortes, j'imagine ?

Vous vous y prenez mal.

Comment �a ?

Vous avez lu mon dossier, vous savez tr�s bien de qui on parle.

Madame Nadia El Mansour.

Voil�.

Et comment on fait pour g�rer �a ?

On g�re, mal.

On en parle � son r�f�rent, on prend conseil. C'est pas facile.

- Et il y en a pour qui c'est plus facile que d'autres ?
- Je sais pas.

Vous croyez que Cyclone a pu avoir du mal � g�rer une relation comme �a ?

Oui, Cyclone aurait pu avoir une relation avec une personne qui ...

aurait pu avoir des doutes sur sa v�ritable activit�, effectivement.

Ou alors, il lui en a parl� parce qu'il se sentait en confiance.

Oui, �a aurait pu circuler et arriver aux oreilles des mauvaises personnes.

C'est la raison pour laquelle on a mis Gherbi � l'abri.

Et oui.

Et vous croyez que c'est �a qui est arriv� � Cyclone ?

Baisser la garde au mauvais moment, aupr�s de la mauvaise personne ?

Ouais, c'est une des options possibles.

Je ne vois pas de Nadia El Mansour sur mon �cran.

- Mais allez voir au planning, au troisi�me �tage.
- Merci.

Je peux vous parler ?

Vite fait, alors.

Qu'est-ce qu'il y a ?

En 1990, � Alger

un agent anglais s'est fait emmener au poste de police pour conduite en �tat d'ivresse et il est jamais ressorti.

�a, c'est une note du SAS de l'�poque qui demande � la DGSE de retrouver leur agent.

On l'a jamais retrouv�.

Sauf que le type s'est fait rep�rer 5 ans plus tard par les Anglais.

Il �tait devenu officier traitant pour les renseignements alg�riens en Lybie.

- Il travaillait pour les Alg�riens ?
- Depuis le d�but.

C'�tait un agent double. C'est comme �a que les Alg�riens l'ont fait sortir du circuit.

Voil� !

J'ai lu aussi que c'�tait une m�thode du KGB dans les ann�es 60.

Cyclone est un agent double depuis le d�but, c'est ce que vous �tes en train de me dire ?

- El Mansour Nadia, oui, ils sont en salle 402, c'est la salle de projection.
- Merci.

Bon, je vous propose de faire une pause.

On se retrouve dans 15 minutes pour d�battre du film.

Bonjour, je suis � la recherche d'une personne qui participe � vos conf�rences. Nadia El Mansour.

Nadia El Mansour.

Oui, oui, elle est bien inscrite. Vous lui direz bonjour de ma part !

Elle n'est jamais venue � mes conf�rences. Enfin si, elle est venue le premier jour.

Elle a point� pour se faire enregistrer.

C'est obligatoire, sinon l'Unesco ne valide pas sa formation.

Et depuis, plus rien. J'esp�re qu'elle profite bien de son s�jour parisien.

- Merci.
- Au revoir.

Les r�gles sont faites pour �a.

Pour ne jamais �tre en situation de se dire : "�a va aller".

Elles sont l� pour vous prot�ger.

Vous, vos sources, et la DGSE.

Quand on esp�re que �a va aller, c'est qu'il est d�j� trop tard.

Vous avez enfreint la r�gle et vous avez perdu toute protection.

Vous vous soumettez � la loi de la peur, du soup�on, du doute.

J'aurai pu rentrer � la bo�te et dire � mon chef Henri Duflot

"J'ai fait une connerie".

Mais j'�tais soumis � une autre loi d�j�.

Une loi que connaissent tous ceux qui vivent en clandestinit�

durant une longue p�riode.

La loi de la toute-puissance.

Celle qui vous fait dire : "J'en suis capable".

Celle qui vous fait dire : "�a va aller !".

Parce que je suis capable de tout.