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De Sang Froid

Papa?

T'es s�r que �a va, papa?

- T'es bien matinal.
- J'ai une journ�e charg�e.

�a m'ennuie un peu que tu partes.

J'ai promis � mon
copain de l'accompagner.

Saloperie de cabane.

Tu verras qu'un de ces quatre
matins, je vais changer �a.

Je te le promets.

Conduis pas
trop vite surtout.

Excusez-moi. Monsieur,
je suis vraiment d�sol�e.

Mademoiselle,
donnez-moi une limonade.

- Et avec �a?
- De l�aspirine, s'il vous pla�t.

"Cher vieux, je suis
sorti au mois d'ao�t.

"Apr�s ton d�part,
j'ai fait une connaissance.

"Il m'a refil� un tuyau qu'on
pourrait exploiter tous les deux.

"Un jeu d'enfants.
L'affaire id�ale.

"Le truc p�p�re.
Je compte sur toi.

"Salut, Dick.

"P.S. Je serai � l�arriv�e
de ton car le 14 novembre.

"Jour P. 'P' comme
pognon, mon mignon. "

Tu me fais le plein, tu veux.

C'est une belle
journ�e pour ce sport.

- Quel sport?
- La chasse aux faisans.

Oui, tu l�as dit.

Dick Hickock,
la terreur des faisans.

Ils savent pas ce qui les attend,
mais c'est leur dernier jour sur terre.

Bonjour, papa.

- Tiens, tu es bien matinale.
- J'ai une journ�e �pouvantable aujourd'hui.

Bonjour, papa.

- Il m'a sembl� sentir de la fum�e.
- Ah, oui?

Moi aussi. �a peut �tre un tuyau
de la chaudi�re qui fuit.

Peut-�tre.

Les pastilles de menthe peuvent
ralentir la croissance.

Papa, t�l�phone.

C'est l�agent d'assurances.

Qu'il vienne cet apr�s-midi.
Pas apr�s cinq heures.

All�?

Le p�nitencier de l�Etat du Kansas.

Avec pr�avis.
Le r�v�rend James Post.

Le r�v�rend James Post.

Je m'appelle...

Perry Smith. C'est un copain
et il arrive demain dans la matin�e.

- Je peux voir la chambre?
- Vous ne travaillez pas aujourd'hui?

Non, et vous?

All�.

Perry.

Bien s�r,
je me souviens de vous.

A Kansas City?

C�t� Missouri.

J'appelle de la station d'autocar.

J'attends Willie Jay.

On devait pas
le lib�rer sur parole?

- On avait convenu de se retrouver ici.
- Perry, r�fl�chissez.

Vous avez fait une b�tise
en quittant votre emploi.

Vous en feriez une autre
en entrant au Kansas.

Attention. Vous �tes interdit
de s�jour au Kansas.

Vous ne savez pas o� il est parti?

Dites-le-moi.

C'est d'une importance capitale.

C'est peut-�tre la chose
la plus importante de ma vie.

Il faut repartir.
Pourquoi ne pas aller chez votre p�re?

Bonjour, maman.

Papa, je suis bien emb�t�e, tu sais.

Je dois montrer � Jol�ne
� faire la tarte aux cerises.

- �a, c'est s�rieux.
- Elle exige que ce soit aujourd'hui.

R�sultat: mon emploi du temps
est boulevers�.

Parce que j'ai aussi promis � Roxy
de revoir son solo de trompette.

Et j'ai des courses � faire � Garden City
pour maman, d�jeuner avec Susan...

Si je me chargeais des commissions,
�a t'arrangerait?

Merci, papa.

Ceci est le dernier appel

pour Buckner, Bluffington, Lexington,
Waverly, Marshall...

Embarquement imm�diat
� la porte num�ro six.

PERRY SMITH CHANTE

Haut les mains!

- Salut, ma vieille.
- T'es l� depuis longtemps?

Juste le temps d'assister
� ta derni�re s�ance.

- De "toi-z-� moi".
- Non, de toi � moi.

Pourquoi quand tu te regardes
dans une glace, tu entres en transe?

Comme si t'�tais en train d'admirer
une belle paire de miches.

Qu'est-ce qu'il y a l�-dedans?

Du ciment arm�?

Toutes mes affaires: des bouquins,
des lettres, des chansons.

Des souvenirs de
la guerre de Cor�e.

Un laissez-passer vers
la fortune et la gloire.

C'est une carte garantie
d'�poque qui nous m�nera

en droite ligne jusqu'au tr�sor
englouti du capitaine Cort�s.

Il y a 60 millions de dollars en
pi�ces d'or au large des c�tes du Mexique.

C'est pour �a que
ta carte p�se trois tonnes.

L'Etat du Kansas te souhaite la bienvenue.
T'es au coeur de l�Am�rique.

Le pays du bl�, du ma�s,
de la bible, et

du gaz naturel.

Ce plan n'est pas aussi lourd
que ta carte, mais c'est du concret.

Qui nous rapportera, avant ce soir,
10000 dollars en billets de banque.

A 650 kilom�tres d'ici vers l�ouest,
le p�re Clutter a une grosse propri�t�.

�a, c'est le plan des lieux.
Tous les d�tails.

Dans le bureau se trouve
un joli petit coffre-fort.

Et dans ce joli coffre-fort,
10000 dollars, peut-�tre plus.

Est-ce que tu l�as vu?

Le coffre!

Quand t'es sorti de taule,
un nouveau a emm�nag� dans la cellule.

Floyd Wells, il avait cinq ans
� tirer pour cambriolage.

Il avait boss� pour
Clutter. Il a vu le coffre.

C'est �a que tu appelles du concret?

Coco, c'est dans la poche.

On �claboussera les murs
avec leurs cervelles.

- Bonjour, Roxy.
- Bonjour, M. Clutter.

Nancy t'attend dans sa chambre.

Fais attention, petit vieux.
Tu te cames dr�lement avec ces cachets.

�a fait sept ans que �a dure.
C'est � l�h�pital que �a a commenc�.

Les docteurs.

Ils ont fait de moi un nabot.

Les docteurs, les avocats,
ils s'en foutent pas mal.

T'as jamais vu un millionnaire
griller sur la chaise �lectrique?

T'attendras longtemps.

Il y a toujours
deux lois, coco:

il y en a une pour les riches
et une pour les fauch�s.

Regarde-moi.

Quand ils ont rafistol� ma gueule
apr�s l�accident,

j'�tais m�connaissable.

Quand je pense � toutes les nanas
que j'aurais saut�es sans �a.

Ils t'ont quand m�me laiss�
un tr�s beau sourire.

Ouais, une vraie r�clame pour dentifrice.

EMPORIA - LIMITE DE LA VILLE

C'est pas tr�s malin.

�a sert � quoi de piquer un paquet
de lames, pourquoi?

On pique tous quelque chose
une fois dans sa vie.

C'est le passe-temps national
favori: voler et tricher.

Si on coffrait les femmes
infid�les et les fraudeurs,

il n'y aurait plus
personne dans les rues.

- Tu devais pas prendre des bas noirs?
- Y en avait pas.

- Arr�tons-nous ailleurs.
- O� �a?

- Dans un couvent.
- T'as de dr�les d'id�es.

Tu crois qu'on s'y pointe
comme dans un libre-service?

"Ma soeur, on voudrait des bas
noirs pour se masquer le visage?"

�a va, �crase.

D'ailleurs, les bonnes soeurs,
�a porte la guigne.

Y en a qui sont
sexy dans leur genre.

Tu dirais pas �a si t'avais v�cu
dans un de leurs orphelinats

avec ces gardes-chiourme
toujours apr�s vous.

Toujours � venir en pleine nuit
vous espionner pendant votre sommeil.

Vous frappant avec leur lampe de poche
pour avoir mouill� le lit.

Ce soir-l�, j'ai �t� sauv�
par le grand oiseau jaune.

Le quoi?

Un genre de perroquet.

Plus grand que le Christ.

D'un jaune �clatant
comme un tournesol.

Il s'est jet� sur ces soeurs
comme un ange exterminateur.

Les bonnes soeurs
imploraient sa piti�.

Inutilement, l�oiseau jaune
les a toutes massacr�es.

Ensuite il m'a soulev�,
m'a envelopp� de ses ailes

et m'a port� jusqu'au paradis.

�a rapporte d'�tre copain
avec un oiseau pareil.

C'est pour �a que j'ai horreur
des bonnes soeurs,

et de Dieu et de la religion.

Bien s�r. Les bas noirs,
c'�tait une perte de temps.

Personne se souviendra de nous
parce qu'on ne laissera pas de t�moins.

Tu ne veux pas d�ner
� la maison ce soir?

Un plateau tout frais
sorti du r�frig�rateur:

hamburger, spaghettis ou pizza.

- C'est irr�sistible.
- Je vais pr�venir maman.

- Attends, Susan. C'est impossible.
- Pourquoi tout d'un coup?

- Bobby doit venir.
- Je passe te prendre demain matin.

A neuf heures.

Apr�s tout ce travail,
on l�aura pas vol� notre d�ner.

Les condamn�s mang�rent
un repas copieux.

J'ignore ce qu'ont mang� tes condamn�s,
mais ce soir c'est un sandwich.

Demain?

Le Mexique.

- Le fabuleux Mexique.
- O� les filles ont le feu au cul.

Pays de l�or.

Tu te rappelles Bogart
dans Le Tr�sor de la Sierra Madre?

On pourrait s'acheter
une paire de mulets.

Puis quelques outils.

Doucement. Je sais pas distinguer
une p�pite d'un tas de merde.

Moi, je saurai.

Pendant six mois, mon p�re et moi
on a cherch� de l�or en Alaska.

Il m'a enseign� toutes
les ficelles du m�tier.

Ouais, � la fin,
on deviendra dingues.

L'or retournera en poussi�re.
Comme dans le film.

Alors, c'�tait pas s�rieux?

T'avais pas l�intention d'aller
au Mexique? Dis-le. Dis-le.

Mais si, on va y aller.

Bien s�r qu'on va y aller.

Avant il faut constituer un petit capital.
Ce soir, tiens.

On va ramasser 5000 dollars chacun
pour une heure de travail.

- Qu'est-ce que je vous sers?
- Deux hamburgers.

S'assurer sur la vie
c'est comme

faire laver sa voiture:
apr�s il pleut toujours.

Dans le m�tier nous appelons �a

le moment solennel.

Lorsqu'on prend une assurance vie
ou lorsqu'on fait un testament,

il est tout naturel
de penser � la mort.

Mon cher Herb, � partir de ce moment,
votre vie vaut 40000 dollars.

En cas de d�c�s accidentel,
l�indemnit� est doubl�e.

La New York Life vous souhaite
longue vie et sant�.

- Et moi aussi.
- Et moi aussi.

La petite serveuse,
je lui aurais bien fait une politesse.

Pourquoi m'avoir
choisi pour ce boulot?

Pour un coup g�nial,
il faut un associ� g�nial.

Tous les deux,
c'est l��quipe parfaite.

L'id�e est de toi.
Qu'est-ce que je fais l�-dedans?

Je sais qu'il y a
au fond de toi un tueur n�.

Tu m'as racont� des salades
au sujet de la frappe � Vegas?

Non.

Pourquoi tu l�as tu�?

Sans raison sp�ciale.
Comme �a.

C'est la meilleure raison au fond.

Tout � l�heure, t'as eu envie de me tuer.

Rien qu'une seconde, pas vrai?

C'est pass�.

T'es nerveux de la g�chette.

Si un mec te cherche,
�a y est, vlan!

Y a pas � dire,
t'es dou�, bonhomme.

L'aum�nier avait
un secr�taire, Willie Jay.

- Le type qui ressemblait au Christ?
- Il disait la m�me chose:

"Instable, explosif. "

C'est lui qui
est un p�d� explosif.

C'est un cerveau.

Il s'est quand m�me fait
prendre cinq fois pour vol.

- C'est le meilleur ami que j'ai jamais eu.
- Pour l�instant, c'est moi ton seul ami.

Ami pour la vie,
pour le meilleur et pour le pire.

Jusqu'� ce que la mort
nous s�pare, hein?

II nous manque plus
que l�alliance, coco.

C'est Bobby?

Regarde-moi ce pays!

Ils ont du p�trole,
du b�tail, du bl�, du ma�s.

Il faut que tous
en profitent aussi.

- Quel effet �a fait?
- Quoi?

D'�tre p�re de famille.

C'est chouette.

- Tes gosses � toi, tu les aimes?
- C'est moi leur p�re.

Je te demande pas si t'es leur p�re,
je te demande si tu les aimes.

J'en suis dingue.

- Mais tu les as quitt�s.
- J'ai quitt� leur m�re.

Bon d'accord, c'est elle
qui m'a plaqu�.

J'avais lev� une fille,
rien de s�rieux.

Je l�ai saut�e vite fait
sur la banquette arri�re.

Elle me fait un proc�s.
Soi-disant qu'elle �tait en cloque.

Voil� comment, � deux reprises,
j'ai �t� poss�d�.

T'as l�ch� tes deux
gosses pour elle.

Ecoute, mon coco, je lui
devais bien une r�paration, non?

Pas vrai?

Ouais.

- Bonne nuit.
- Bonsoir, Bobby, � demain.

- C'est encore loin?
- Encore dix bornes.

Le plein, de l�ordinaire.

Tu veux une boule de gomme?

Non.

�a va?

Oui, �a va.

Tu viens?

On y va.

Le Garden City Telegram et la NBC
vous pr�sentent les nouvelles.

- Bonne nuit, papa.
- Bonne nuit.

Vent du sud-est
soufflant � 25 km/h.

D'apr�s la Garden City Sale Company,
3273 t�tes de b�tail furent vendues.

Bonsoir.

Le prix du veau se situe entre 26,50 et 30 $
pour les b�tes de premier choix.

Mais celles-ci �taient assez rares.

Regarde-moi cette propri�t�.

Ne me dis pas que ce type
n'est pas plein aux as.

Foutons le camp d'ici.

Tout de suite,
avant qu'il soit trop tard.

- Il n'y a personne, on dirait.
- Peut-�tre qu'ils dorment.

Nancy?

COMTE DE FINNEY

N'y touchez pas.

Ne touchez � rien.

Vous �tes mont�?

Mon Dieu.

Y en a encore deux en bas.

Je viens de voir deux ambulances
aller chez les Clutter.

Je me demande
ce qu'il s'y passe.

Le sh�rif a appel� d'urgence
la brigade criminelle du Kansas,

dont le directeur, M. Logan, a d�sign�
quatre hommes pour mener l�enqu�te.

Ce sont les inspecteurs Dewey,
Nye, Duntz et Church.

- Ils ont annul� le match de basket?
- Ils l�ont interrompu. C'est horrible �a.

J'ai une de ces faims!

L'inspecteur Alvin Dewey est arriv�
chez les Clutter

avec quelques minutes d'avance
sur ses coll�gues.

M. Dewey, qui habite Garden City,
a �t� charg� de diriger l�enqu�te.

Les quatre �taient ligot�s
avec la m�me corde?

Oui, on retrouve partout
le m�me noeud plat.

Tous ceux qui travaillent
dans le b�tail l�utilisent.

- Vous avez retrouv� des douilles?
- Non.

Ce qui veut dire qu'ils

n'ont pas laiss�, non plus,
la moindre empreinte digitale.

Al.

- C'est la femme de m�nage.
- Merci d'�tre venue.

- Ils sont encore...
- Non, madame.

Ils ont �t� transport�s chez
l�entrepreneur des pompes fun�bres.

Examinez les lieux
avec l�inspecteur Church

pour voir si rien n'a �t� vol�.

Ils n'ont jamais fait de mal
� personne. Pourquoi eux?

Vous connaissiez Clutter.

Est-ce qu'il avait un coffre?

Gardait-il de grosses
sommes chez lui?

II y a une l�gende au Kansas.

En principe, les gros
propri�taires sont cens�s avoir

un coffre bourr�
de billets de banque.

Non. Herb payait tout par ch�que.
M�me une coupe de cheveux de 2 dollars.

Alors, pourquoi...

S'ils voulaient les abattre
� coups de fusil, pourquoi

commencer par trancher
la gorge de Clutter?

Et pourquoi le coucher d'abord
sur un carton � matelas?

Pour qu'il soit
plus confortable?

Et pourquoi le coussin
sous la t�te du gar�on?

Pourquoi parler au pluriel.
C'est un seul homme peut-�tre.

Un maniaque.

Cette photo a �t� prise
avec un temps de pause.

Elle ne montre que
ce que l�oeil a vu.

Celle-ci, par contre,
a �t� prise au flash.

Il y a une autre
empreinte de chaussures.

Oui.

Nous savons qu'ils
�taient au moins deux.

L'�clat du flash a fait ressortir
l�empreinte dans la poussi�re.

- Vous les avez d�velopp�es vous-m�me?
- Oui.

- Les journalistes ont-ils vu �a?
- Pas encore.

Ne les montrez pas.

Quand pourrons-nous
visiter la maison?

Pourquoi a-t-on tu�
les hommes au sous-sol?

Je vais exposer les faits,
pas des th�ories.

C'est arriv� vers
deux heures du matin.

Les quatre ont �t� apparemment tu�s
avec la m�me arme � feu.

Un fusil de chasse calibre 12.
M. Clutter a eu la gorge tranch�e.

Avant d'�tre abattu?

Probablement.

Tous les quatre ont �t� ligot�s
avec la m�me corde de nylon

que l�on trouve dans la plupart
des quincailleries.

Ils �taient b�illonn�s.

Comment �taient-ils ligot�s?
Quelle sorte de noeud?

On peut voir les
photos des victimes?

- Vous avez trouv� l�arme?
- Pas encore.

- Des empreintes digitales?
- Des tas. Appartenant � la famille.

On dit que l�amoureux de Nancy
serait le suspect num�ro un.

- On dit �a? - C'est le dernier
� les avoir vus vivants.

- A l�exception des tueurs.
- Il y en avait donc plusieurs?

- Les femmes ont �t� viol�es?
- D'apr�s le m�decin l�giste, non.

- Le chien n'a pas aboy�?
- Il n'a pas aboy�?

- Personne ne l�a entendu.
- Personne n'a entendu les d�tonations.

M. Dewey, � votre avis,

le ou les criminels �taient
des familiers de la maison?

- Pourquoi M. Clutter ne s'est pas battu?
- Un instant, M. Dewey.

C'est tout, messieurs.

Ce ch�que d'un montant de 1707 $

�tait le premier versement de
M. Clutter pour une assurance vie

pour un capital de 40000 $.

La double indemnit�
le porte � 80000 $.

Comme co�ncidence,
c'est assez �trange.

C'est une co�ncidence
et rien d'autre.

Rappelez-moi votre nom.

Bill Jensen du Weekly magasine.

Si vous ne faites pas l�information,
pourquoi �tes-vous ici?

C'est purement �go�ste.

Je ne vois pas le rapport.
C'est un crime

d�nu� de sens.

Une force aussi myst�rieuse que brutale
vient d�truire des gens honn�tes.

Aucun indice.
Aucune logique.

On se sent tous, plus ou moins,
menac�s. Vuln�rables.

Un meurtre n'a rien de myst�rieux.
Y a que le mobile qui l�est.

Vous l�avez?

Je fume beaucoup trop.

Comment sont-ils entr�s?
Une cl�? En for�ant une fen�tre?

Probablement par la porte.

- On ne verrouille pas ses portes ici?
- Ils le feront ce soir.

Je sais qu'il y a quelque chose
qui manque ici.

Je le sens.

Je ne sais pas
ce que c'est, mais...

M. Clutter ne permettait pas
qu'on fume dans la maison.

Excusez-moi.

Quelque chose.

Mais oui, bien s�r.

La radio!

Avant de se coucher, le soir,
Kenyon �coutait

les informations.

Mais o� est sa radio?

Depuis deux jours,
depuis cette nuit d'horreur,

les rues de Garden City sont presque
d�sertes � partir de 6 heures du soir.

Jusqu'ici, aucun indice n'a permis
aux enqu�teurs

d'orienter leurs recherches.

Il �tait de notori�t� que M. Clutter ne
gardait jamais de grosses sommes chez lui,

ni aucun bijou de valeur.

Il ne poss�dait m�me pas
de coffre-fort dans sa...

Mon petit coco, si tu veux pas
de ton hamburger...

Toi et ton cr�tin de Floyd Wells
avec son tuyau pourri.

Bravo pour le
joli coffre dans le mur.

"Du concret, du solide.
10000 dollars. "

Floyd est un con, d'accord,
mais on a r�ussi notre coup.

A la perfection.

On s'est tap�s
1300 bornes en voiture

et le reste pour ramasser quoi?

43 malheureux dollars.
T'appelles �a r�ussir?

Et celui-l�!

Quand il raconte qu'il n'y a
pas d'indices, tu le crois?

Qu'est-ce que tu gamberges!

Ces ploucs ne penseront jamais
� nous. N'oublie pas qu'on

n'a pas laiss� de t�moins.

Moi, j'en connais un.

Toi. T'es un t�moin.

Sacr� coco. J'ai bien cru pendant
un instant que tu perdais la boule.

T'as raison.

Toi et moi, on est
les seuls t�moins.

Et �a, coco,
c'est notre meilleur atout.

Parce que si on est coffr�s ensemble,
ils nous feront pas avouer.

Et s'ils nous font pas avouer,
ils l�ont dans l�os.

Prochaine �tape:

le Mexique.

- D�s qu'on passera la fronti�re...
- Avec quoi?

43 dollars, un sourire et des conneries?

Oui, tu l�as dit, chef.
Le sourire fait des miracles.

Comme dit la publicit� � la t�l�:

"La famille qui se serre les coudes
pour toujours se soude. "

Le chef de la brigade criminelle
du Kansas lance un appel au public

pour l�aider � �lucider le crime.

Un journal de Kansas City, The Hutchison
News a offert une r�compense

� quiconque livrerait un renseignement
menant � la capture

du ou des assassins
de la famille Clutter.

La r�compense est de 1000 dollars.

Je vous �coute, monsieur.
En effet, une r�compense de 1000 dollars.

Oui, monsieur.
O� �tes-vous en ce moment?

Oui, je vous �coute.

Qui?

A quoi avez-vous vu
que c'�tait un �tranger?

- D'accord. Merci infiniment, monsieur.
- Encore un tuyau?

II dit avoir vu
un �tranger courir.

De quelle fa�on
�a court un �tranger?

Ils sont combien en ville
qui r�clament la r�compense?

Ils essayent tous,
plus ou moins.

On parle d'un inconnu myst�rieux.

Ou de tueurs � gages.
On accuse un voisin jaloux.

Le seul que personne ne soup�onne encore,
c'est le ma�tre d'h�tel.

Alors?

Personne chez les Clutter ne portait
des semelles pattes de chat.

Ou avec le motif en losange.
L'argent de l�assurance va � la famille.

Et �a, c'�tait � la jeune fille.

On l�a retrouv� cach�
� l�int�rieur d'une pantoufle.

Quelque chose lui
a peut-�tre fait peur.

Ce qui, logiquement, devrait
nous ramener � un seul mobile.

J'imagine qu'un seul homme
au paroxysme de la rage assassine.

Mais deux?

Qui irait tuer quatre personnes
de sang-froid pour une radio,

une paire de jumelles
et 40 dollars en liquide?

De nos jours, il y a le choix.
�a court les rues.

T'as pens� � un ch�que bidon?

Je pourrais pas toucher � un ch�que
m�me s'il �tait bon.

Pas de panique.
D�tends-toi.

Excusez-moi, je m'appelle
Richard Hickock. Et vous �tes?

Sharp. Luke Sharp.

Je parie que rien
n'�chappe � Look Sharp.

Vous voyez ce monsieur l�-bas?

Vous pouvez croire que
cette demi-portion va se marier?

C'est peut-�tre pas exactement Fred
Astaire, mais c'est mon meilleur ami.

Et c'est moi qui serai son t�moin.

Je voudrais lui offrir comme cadeau
de mariage, tenez-vous bien,

tout son trousseau.

C'est le ton pour une
c�r�monie intime, n'est-ce pas?

C'est id�al.

Bien s�r, je vois qu'on est
un tantinet disproportionn�.

Je veux dire, vous avez le torse
d�velopp�, par rapport aux jambes.

Je suis vraiment d�sol�.

Il n'a pas honte de
montrer ses cicatrices.

Elles lui ont valu l��toile
de bronze en Cor�e.

Vous n'�tes jamais all� � Eden Roc,
� Miami Beach?

C'est l� que nos tourtereaux
vont passer leur lune de miel.

Deux semaines, tous frais pay�s,
cadeau de mes parents.

Votre ami a de la chance.

Il le m�rite.

Et avec ceci,
�a fait 192,70 dollars.

Faut-il les faire envelopper
et porter � votre voiture?

Non. Faites-les
livrer avec le complet.

Non!

J'ai oubli� d'aller � la banque.

Nous sommes d�sol�s.

On t�chera de repasser une autre fois.

Je vous donnerais
bien un ch�que.

Mais vous ne me connaissez pas.

Merci quand m�me,
vous avez �t� tr�s gentil.

- Nous accepterions peut-�tre un ch�que.
- Vous �tes s�r?

- Je ne veux pas vous causer d'ennuis.
- Soyez sans crainte.

Sur quelle banque
le voulez-vous?

�a n'a vraiment
aucune importance.

Mon permis de conduire, carte d'identit�,
attestation d'assurance, tennis club...

Je ne veux pas
que vous l�appeliez.

- Vous disiez bien 192 dollars.
- Et 70 cents.

Y aurait-il
un inconv�nient � ce que...

- Apr�s tout, non.
- Je vous en prie.

�a m'arrangerait
d'avoir un peu de monnaie.

Ah, oui.

Vous permettez que je vous fasse
un ch�que de 280 dollars

et 70 cents, bien s�r.

�a devrait aller, je pense.

M. Sharp, vous �tes un type bien.

T'es un as.
T'es rudement fort.

En douceur. Sans peine.
Sans effort.

- T'es un artiste, mon gars.
- Oui.

Puisque t'es accul� au mariage,
il te faut une alliance.

Pourquoi pas deux,
tant qu'on y est?

Les bijoux, les cam�ras, les t�l�s,
y a rien de plus facile � bazarder.

NOUS ACHETONS ET VENDONS
PR�TS SUR GAGES

On a s�rement quelque chose
qui tourne pas rond

pour avoir fait ce
qu'on a fait � ces gens.

Personne, mais personne
ne peut s'en tirer avec �a.

Boucle-la.

J'ai comme l�impression que l�autre nuit,
on a oubli� quelque chose.

Je sais pas quoi,
quelque chose qui nous appartient.

Tu voudrais peut-�tre y retourner
pour le chercher ton quelque chose?

Du coup, �a prouverait qu'on est
non seulement cingl�s, mais fous � lier.

Rien trouv�?

Ils n'ont pas laiss� d'empreintes,
vous pouvez �tre s�r

qu'on ne trouvera pas l�arme du crime.

Voici la liste des employ�s
de Clutter depuis 15 ans.

Contrema�tres, fournisseurs, artisans...

- Continuez.
- Au premier �tage?

Ne regardez pas.

- Qu'est-ce que vous avez vu?
- J'en suis pas s�r.

S�parons-nous. Entrez par la porte
de devant et je ferai le tour par la cuisine.

Vous quittez le KANSAS - A bient�t

C'est vrai.
C'est vraiment vrai.

On prend le large et
on ne reviendra plus jamais.

Et sans regrets.

Pour toi.
Tu laisses personne derri�re.

Moi, je laisse
mon p�re et ma m�re.

Ils sauront bien quand
mes ch�ques seront protest�s.

C'est gentil de te faire
du souci pour tes vieux.

Je suis un salaud
plein d'�gards.

Bonjour, Bess.
Du caf�?

M. Dewey, l�homme qui
fouinait chez les Clutter,

- vous l�avez fait avouer ou pas?
- Oui.

C'est pas l�assassin.
Un �chapp� de l�h�pital psychiatrique.

Si c'est pas lui le coupable,
qu'attendez-vous pour coffrer le vrai?

J'ai des filles et des femmes chez moi
qui ont peur d'aller seules aux toilettes.

Bandes de vieilles toupies
qui jacassent et jouent � se faire peur.

C'est quelqu'un qui avait de la rancune,
qui d�testait les Clutter, � mon avis.

On ne vous le demande pas.
Et personne d�testait les Clutter.

Du moins, personne
qui les ai connus.

T�l�phone.

Si �a peut arriver � des gens honn�tes
et bien-pensants comme cette famille,

qui est en s�ret� maintenant?

All�?

- �a vient d'ici?
- Non de Topeka et c'est urgent.

Allez-y.

C'est un d�tenu qui pr�tend
savoir quelque chose.

Donnez-moi la fiche signal�tique
de cet homme. Il a fait allusion aux Clutter.

Il refuse d'en dire plus et veut faire
sa d�claration hors de la prison.

Son gardien attend sur une autre ligne.
C'est peut-�tre la bonne piste.

Alors, je serai ce soir � Garden City
avec la bande magn�tique.

Ce serait trop
risqu� par t�l�phone.

All�? Oui.

"Maison centrale du Kansas 14-323.
Floyd Wells. "

- C'est dans la prison que je l�ai connu.
- Hickock?

Oui, monsieur.
On partageait la m�me cellule.

Continuez.

Chacun de nous a racont� sa vie.
Je lui ai dit

que j'avais travaill� chez
un �leveur nomm� Clutter.

Vous avez travaill� chez lui?

Oui, monsieur.
Il y a dix ou onze ans.

Dick m'a demand� si Clutter
�tait riche. Je lui ai dit qu'il

lui arrivait parfois de d�penser 10 000
dollars par semaine sur son exploitation.

Apr�s, il n'a cess� de revenir � la charge,
de poser des questions.

Combien ils �taient dans la famille?
S'il avait un coffre-fort?

II a dit qu'ils allaient cambrioler
la maison de M. Clutter,

lui et son copain.

Et qu'il allait
tuer tous les t�moins.

Je l�ai pas cru.
J'ai pens� que...

Pourquoi a-t-il mis
tant de temps � parler?

La peur de passer pour un mouchard.
Lancez un mandat d'amener.

Alertez tous
les postes de police.

Vaut mieux dire que c'est pour
�mission de ch�ques sans provision.

S'ils savent qu'on les recherche
pour meurtre...

- Oui. - Reste � savoir
pourquoi ils ont fait �a.

Pourquoi Cain a
tu� Abel? Qu'importe?

Ils ont tu� et
ils seront pendus.

S'ils ont tu� et
si nous pouvons le prouver.

Quand on aura travers� ce pont,
on sera au Mexique.

Sains et saufs,
et libres.

Salut � toi,
fabuleux Mexique.

M. Smith?

M. Tex Smith?

- La police?
- Police criminelle du Kansas.

LE LOUP SOLITAIRE

C'est votre fils, Perry?

Oui, c'est lui.

Il ressemble �
sa m�re plut�t.

Une Indienne cherokee.

- Vous voulez du caf�?
- Il y a longtemps que vous l�avez vu?

- Il y a bien deux ans.
- En prison?

Je vais me faire � manger.
Vous voulez casser la cro�te?

II est rest� en prison trois ans et demi.
Lib�r� sur parole depuis six mois.

Dans ce cas j'ai pas d� le voir
depuis au moins cinq ou six ans.

C'est pas �tonnant,
Perry est un loup solitaire comme moi.

Vous pouvez �tre s�rs d'une chose,

vous n'aurez plus jamais
� vous plaindre de mon gars.

Il a compris,
il se tiendra � carreau.

Quand il �tait en taule,
il m'a �crit et je lui ai r�pondu:

"Tu vas purger ta peine
sans te plaindre.

"Je t'ai pas appris � voler,
alors je vais pas pleurer

"parce qu'on te fait
la vie dure en taule. "

II n'est pas imb�cile,
il sait quand il est battu.

La le�on que vous lui avez donn�e,
il s'en souviendra. La loi commande.

Il sait distinguer
entre le bien et le mal.

Avec mes gosses, j'ai �t� strict.
Je leur ai appris � pas mentir,

� bien se laver,
� �tre sobre et ind�pendant.

Quant � Perry,
je lui ai appris

� prospecter, pi�ger les b�tes,
monter des charpentes,

et d�pendre de personne.

Mon gars, c'est bien
le fils de son p�re.

J'ai pas eu � me plaindre de mes gosses,
tant que Flo et moi on �tait ensemble.

Elle a pr�f�r� faire la vie.

Elle a foutu le camp avec les gosses.
Elle les montait contre moi.

Tous sauf Perry.

Je sais pas ce qu'elle a eu.

Elle a picol�,
c'est devenu une horrible pocharde.

Elle sortait avec des jeunes types.
Je l�ai surprise un soir...

Elle est morte en se cuitant.

Elle a �touff� dans son vomi.

J'ai pris mon petit gars et on s'est mis
� courir les routes.

Je l�ai emmen�
partout avec moi.

Si vous saviez combien il m'aimait.

La nuit, quand
il faisait tr�s froid,

il �tait l�,
blotti contre moi.

Il m'entourait de ses petits bras
et il serrait tr�s fort. Il �tait heureux.

Je lui racontais des histoires sur
les grandes aventures qu'on allait vivre.

Il disait qu'on allait
tomber sur un filon.

Il parlait de
tr�sors engloutis.

D'or.

En Alaska.

C'est l� que j'ai pris cette photo.
Lui et moi, en Alaska.

Demandez donc � Perry si
j'�tais pas un bon p�re.

Je partageais tout avec lui.
Quand je mangeais, il mangeait.

Dites-lui que quand je serai mort,
mon assurance, il la touchera.

Oui, monsieur.

Il est par� pour la vie.

Dick, tiens-toi bien!

J'ai rencontr� un jeune gars.
Il est cireur de bottes.

Il a un cousin
au Yucatan, un p�cheur.

- Qui a un bateau � moteur.
- Alors?

Alors, on roule jusqu'au Yucatan,
on vend la bagnole,

avec le fric on s'ach�te
tout le mat�riel de plong�e,

et c'est parti, on ramassera
le tr�sor de Cort�s � la pelle.

60 millions de dollars
en pi�ces d'or.

Bien s�r, faudra partager avec le gars,
avec son cousin aussi.

Y en a assez pour
nous tous. Yucatan!

C'est chaud, c'est sec,
c'est propre.

Pas de foule,
pas de bruit.

On fera ce qu'on
�tait venus faire.

- Combien tu peux tirer de la bagnole?
- 120 dollars.

C'est tout?

De quoi payer nos ardoises,
l�h�tel, le bar, l��picier.

Et avec ce qui restait,
j'ai pris deux billets d'autocar,

jusqu'� Barstow en Californie.
Apr�s �a, on fera du stop.

Ta poubelle de
trois tonnes, elle g�ne.

Alors, tu la mets � la poste!
Au feu! Ou aux chiottes!

Je ne veux plus la voir.
Parce que demain, on fout le camp.

- On rentre aux Etats-Unis.
- Attends, �coute-moi.

Toi, �coute.
J'en ai marre!

De toi, tes cartes, tes bateaux,
tes tr�sors � la gomme!

J'en ai ma claque!
Tu te fais du cin�ma.

Ton Cort�s, il n'a jamais exist�.
Y a pas de tr�sor.

Et m�me s'il y en avait un, pauvre mec,
tu sais m�me pas nager.

Tu veux rester avec moi,
je suis d'accord.

Tu veux qu'on se s�pare,
je suis d'accord aussi.

Mais alors tu te d�cides.

- Je vais exp�dier nos affaires
� Las Vegas. - Bon.

J'ai rencontr� une se�orita,
elle vient ce soir.

J'essaierai de finir les bagages
avant que tu sois revenu.

Tu peux rester, �a me g�ne pas,
je suis pas timide.

R�sultat: si nous d�couvrons le mobile,
nous d�couvrons le tueur.

R�sultat: si nous d�couvrons le mobile,
nous d�couvrons le tueur.

Si.

Ce rapport a �t� r�dig� six mois

avant l�assassinat des Clutter.

Il s'intitule: Meurtre ex�cut�
sans mobile apparent.

Des chercheurs de l�Institut
psychiatrique du Kansas

ont analys� le comportement
de quatre assassins.

Ils avaient tous
certains traits communs.

Ils avaient tous commis
des crimes d�nu�s de sens.

Ils se sentaient tous physiquement
inf�rieurs et sexuellement incomp�tents.

C'est une enfance orageuse,
l�absence du p�re ou de la m�re.

Ou d'avoir �t� �lev�s
par des �trangers.

Ils �taient incapables de distinguer
le fantastique du r�el.

Ils ne ha�ssaient pas leurs victimes,
ne les connaissaient pas.

Ils n'�prouvaient aucun remords
de leur crime et n'en avaient rien retir�.

Et le plus important, ils avaient dit
aux policiers ou aux psychiatres

qu'ils ressentaient le besoin de tuer
avant d'avoir commis le meurtre.

On ne tint pas compte
de leur avertissement.

Alors, qui a assassin� les Clutter?

J'aimerais bien que quelqu'un
m'explique les mobiles du journaliste.

D'abord vous hurlez:
"Trouvez les assassins. "

Tant qu'on court apr�s
vous r�clamez notre r�vocation.

Quand nous les d�masquons,
vous nous accusez de brutalit�.

Avant qu'ils ne soient jug�s,
la presse instruit leur proc�s.

Lorsqu'ils sont condamn�s,
vous voulez leur sauver la mise

en prouvant qu'ils sont fous
et donc irresponsables.

De tout ce que vous venez de dire,
j'en d�duis que vous tenez les assassins.

Entre nous,
vous les tenez?

Deux suspects.

M�me si on les tenait,
�a n'avancerait � rien.

S'ils n'avouent pas, les preuves ne
suffisent pas pour ouvrir une instruction.

Et � moins d'amener les suspects ici,
dans cette pi�ce,

� moins de ligoter les assassins
� ce morceau de corde,

ils ne seront jamais pendus.

Perry!

C'�tait bon, ma poule?

C'�tait bon?

C'�tait vraiment bon?
Dis-le-moi.

Un camion �a sert � rien,
il te prend et te d�pose.

Il faut voir plus grand.

Un p�p�re avec un gros portefeuille,
une bagnole rapide et un si�ge arri�re.

Je grimpe � c�t� du type.

Toi, t'es � l�arri�re,
je raconte quelques blagues.

Ensuite je dis:
"Perry, passe-moi une allumette. "

�a, c'est ton signal.

Tu l��teins pendant
que je prends le volant.

Puisque tu es si cal�,
assieds-toi donc � l�arri�re.

Et fais-le, toi.

Sois plus souriant.

T'as de la veine,
peau d'hareng.

N'oublie pas le signal:
"Passe-moi une allumette. "

- Grimpez les gars. O� allez-vous?
- On vous emm�ne.

Pas avec vous.

Merci quand m�me.

T'as vu ces mecs?

C'est eux qui
nous auraient vol�s.

Vol� quoi?

Je ne dois pas prendre de gens
dans la voiture de soci�t�, mais...

- Vous avez raison, on ne vit qu'une fois.
- C'est ce que je dis.

Vous �tes pas trop mal derri�re?

Je peux vous emmener
jusqu'en Iowa.

D'o� venez-vous comme �a?

Du Mexique.
Pas d'avenir l�-bas.

�a d�pend, mon ami.

Mon voyage de noces
s'est pass� � Mexico.

On peut dire que c'est l� o� j'ai plant�
la semence de l�a�n� de mes enfants.

J'ai labour� et plant� quelques
se�oritas, moi aussi.

Comment on appelle une prostitu�e
qui n'a pas d'instruction?

Comment?

Une analpha-b�te.

Je connais une devinette.

- Vous y �tes?
- Allez-y.

Pourquoi un type qui se pointe aux toilettes
c'est comme s'il se pointait au cimeti�re?

Voyons. Un type
qui se pointe aux toilettes...

comme s'il se pointait
au cimeti�re...

Vous donnez votre langue au chat?

Quand on doit y aller,
on doit y aller.

Perry, passe-moi une allumette.

Je ne refuse jamais
de prendre un soldat.

Comme �a, il f�tera
No�l en famille.

Il a du pot.

�a tient du miracle.

Vous n'auriez pas vu une radio portative
par hasard, � peu pr�s de cette taille?

Un Z�nith?

Qu'est-ce qui le
pousse � faire �a?

A s'attaquer aux gens?

C'�tait un sportif, au basket, au base-ball,
au rugby, toujours dans la premi�re �quipe.

Il jouait toujours pour gagner.
Il jouait sec, mais propre.

Quand il est parti, je savais
qu'il s'�tait mis dans des histoires.

Dites, M. Nye, � cause
de sa lib�ration sur parole,

est-ce qu'il devra
retourner en prison?

Vous aimez la chasse, M. Hickock?

C'est le fusil � Dick.

Lorsqu'il est sorti de prison,

les gens d'ici ont dit
qu'il �tait devenu m�chant.

Qu'est-ce qu'ils en savent? Qui sait

ce qu'il y a dans
le coeur du voisin?

J'en ai plus pour tr�s longtemps, M. Nye.
J'ai le cancer.

Mon fils est au courant.

Avant de partir, il m'a dit:

"Ecoute, papa, je ne ferai jamais
quoi que ce soit qui te cause du tort. "

Et il le pensait.

Si vous aviez vu comme
il s'amusait avec ses enfants.

Je crois que n'importe quel gars
qui aime et respecte sa famille

chez ce gar�on,
il y a du bon.

J'esp�re que vous le retrouverez.
Avant qu'il soit trop tard.

Je vais te
dire ce qu'on est.

Toi et moi, on est la preuve
vivante que le crime paie.

Un cadeau du ciel.

Plus de soucis d'argent.

Joyeux No�l.

Kansas City, nous voici.

Tu es cingl�.

Il faut que je d�gotte du fric.

Tu crois aller loin avec une
caisse vol�e et des ch�ques bidon?

T'as raison,
je vais m'en aller tout seul.

- Pas question, mon vieux.
- Je te retrouverai plus tard.

On reste ensemble.

On va d'abord � Las Vegas,
r�cup�rer nos affaires.

Tout ce que j'avais exp�di� du Mexique.
Ensuite,

on file au port et on embarque sur un cargo
en partance pour l��tranger.

Cette fois pour toujours.

Je ne marche pas.

Tu marcheras.

Et si je refuse?

Donc ce cas,
mon petit biquet,

je crois que
je serai forc� de te tuer.

Oui, mais pour l�instant,

on va sortir
le carnet de ch�ques et foncer.

TERMINAL PUBLIC
KANSAS CITY, PROPRIETE DU KANSAS

Un autre ch�que, on sera rentr�s
et sortis de la ville en une heure.

C'est dans la poche.

T'as pas fini de te ronger?

Al, nos amis sont l�.

Comment le savez-vous?

Ils ont vol� une voiture et ont pay�
deux pneus avec un ch�que sans provision.

O� �a?

En ville. C'est le pompiste qui a relev�
le num�ro. Il n'avait pas confiance.

La ferme de Hickock est surveill�e?

S'ils y mettent le nez,
ils seront pris.

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COMTE DE JOHNSON
POLICE DU KANSAS

Je m'en vais � la ferme.

Oui?

Oui.

Ils vous ont �chapp�?

Si ce n'�tait pas pour voir ses parents,
pourquoi sont-ils revenus ici?

II est possible qu'ils cherchent
� se faire capturer.

Il faudrait qu'ils
fassent un petit effort.

On ne va pas s'arr�ter pour eux?

Vise le g�teux,
il est affreux � voir.

Et s'il claque dans la bagnole?
On aura les flics, les questions.

R�fl�chis, coco.

Tout r�fl�chi,
t'es une belle ordure.

Merci, c'est bien gentil � vous.

Montez.

Vous allez o�?

En Californie. Mon grand-p�re a une
soeur � Needles. Il va rester chez elle.

Tu entends �a, Johnny?

�a va, Johnny?

Vous avez un peu d'argent?

- H�, toi.
- Non, monsieur.

Pas m�me un dollar
pour l�essence?

On n'a que �a.

- Elles valent trois cents la bouteille.
- Alors?

Si vous roulez lentement sur le bord de
la route, on peut se faire quelques dollars.

C'est avec �a qu'on mange tous les deux.
L'argent des bouteilles.

Monte.

Nous l�avons enfin trouv�.

Le tr�sor englouti
de ce cher capitaine Cort�s.

Trois cents la bouteille.

Une mine d'or!

C'est Le Tr�sor
de la Sierra Madre.

Voil�, monsieur, 12,60 $.
Moiti�-moiti�, d'accord?

Tu sais que t'es un petit g�nie.

- Bonne ann�e!
- Toi aussi.

Continue � prospecter, petit.

J'ai jamais vu autant
de blondes � draguer.

Et tout ce fric de divorce,
quelle joie.

Dis, grand chef,

t'as de la chance
au jeu de craps?

Deux, trois et douze.

Monsieur Double As en personne.

Si on met ce billet sur le tapis

et si on le laisse courir.

Si on fait en tout,
dix passes...

C'est plus de 5000 dollars
qu'on peut ramasser.

Qu'est-ce que t'en penses?
Je me sens en veine ce soir.

Vous avez une visite.

All�.

Coco, c'est le moment de lancer
un appel � ton ami l�oiseau jaune.

Bonjour, messieurs.

- Smith.
- Hickock.

Et cabot avec �a.

Ils ne savent rien encore?

- De quoi les avez-vous inculp�s?
- De vol de voiture.

S'il vous pla�t.

- Vous savez pourquoi vous �tes ici?
- Oui.

Vous pouvez m'appeler Dick.

D'accord, Dick.

Pour votre extradition,
vous avez sign� les papiers.

Oui, qu'est-ce que vous voulez.

C'est une violation de parole
et il y a une tap�e de ch�ques bidon.

Ah oui, et la voiture.

On l�a vol�e.

Voil�.
C'est tout le paquet.

- Je peux fumer?
- Bien s�r.

Je suis content
que ce soit fini.

Je suis pr�t � ce qui m'attend.
Je purgerai ma peine et je vous jure

que je recommencerai plus.

Votre lib�ration sp�cifiait que vous
ne deviez plus revenir au Kansas.

J'en ai m�me pleur�.

Vous aviez s�rement
une bonne raison pour revenir.

Je devais voir ma soeur � Fort Scott.

- Pour r�cup�rer de l�argent qui �tait � moi.
- Elle vous l�a rendu?

- Elle avait d�m�nag�.
- O� �a?

J'en sais rien.

Quelle distance
de Kansas City � Fort Scott?

Je ne sais pas.

�a vous a pris combien de temps
en voiture, une heure, deux?

Trois? Quatre?

Je ne me rappelle pas.

Quel jour c'�tait?

Samedi.

Oui, �a me revient.

On est arriv�s �
Fort Scott vers 16 heures.

- On est all�s directement � la poste.
- Pourquoi?

Pourquoi?

Pour demander o�
habitait la soeur de Perry.

L'employ� a dit qu'elle
avait quitt� la ville.

Sans laisser d'adresse
ni d'argent.

- �a a d� vous faire un coup.
- Un coup d'assommoir.

Qu'avez-vous fait ensuite?

On est revenus �
Kansas City. On a dragu�.

�a a march�?

Tr�s mal. On s'est
retrouv�s avec deux putes.

Nomm�es?

Je leur ai pas demand�.

Vous avez pass� la nuit avec ces femmes
sans leur demander leur nom?

C'�tait que des prostitu�es.

O� les avez-vous amen�es?

Je ne me rappelle pas de ces choses-l�.
Dick pourra vous le dire.

Comment elles �taient ces filles?

D�crivez-les.

Blondes? Brunes? Petites? Grosses?

Des cicatrices?

Des grains de beaut�? Des marques?

Vous voulez les d�tails sordides?

N'importe quoi.

C'est comme �a
que vous vous excitez?

C'�tait une vraie contorsionniste.

J'imagine que vous savez
pourquoi on est ici?

On n'est pas venus d'aussi loin pour arr�ter
deux escrocs � la petite semaine.

N'est-ce pas, Dick?

- J'�coutais pas.
- Vous m'�coutez maintenant?

Avez-vous entendu parler
du meurtre des Clutter?

Personne peut m'accuser
de meurtre, pas moi!

- Avez-vous entendu parler de l�affaire?
- J'ai d� lire �a quelque part.

Vous avez commis trois erreurs.

La premi�re: de laisser un t�moin.

Un t�moin vivant
qui viendra d�poser en justice.

Y a pas de t�moin vivant,
c'est pas vrai.

Personne ne peut venir
m'accuser de meurtre.

Le samedi 14 novembre,
vous �tes all�s � Fort Scott.

A la poste, vous avez demand�
l�adresse de la soeur de Perry.

Voil�.

Perry Smith n'a pas de soeur � Fort Scott.
Il n'en a jamais eu.

Le samedi apr�s-midi, le bureau de poste
de Fort Scott est toujours ferm�.

�a, c'�tait votre deuxi�me erreur.

Perry est un peu vaseux
sur ce qu'il a fait ce soir-l�.

Il faudrait peut-�tre
lui rafra�chir la m�moire.

Oui, �a ne serait pas trop t�t.

Regarde-moi, petit.

Dans la nuit du 14 novembre,
tu �tais � Holcomb dans le Kansas.

Tu assassinais toute
la famille Clutter.

Je n'ai...

- J'ai jamais...
- Jamais quoi?

J'ai jamais connu personne
qui portait ce nom.

- Clutter.
- Nous avons un t�moin vivant.

Alors, Perry?

Vous n'auriez pas une aspirine?

Ils m'ont piqu� mes aspirines.

�a ne va pas?

J'ai mal aux jambes.

Au fait, demain, tu sais quel jour ce sera?

L'anniversaire de Nancy Clutter.

Elle aurait eu 17 ans.

Vous essayez de
m'avoir � l�usure.

Si au moins vous aviez des preuves:
un t�moin oculaire,

des empreintes digitales.

Devant Dieu qui me regarde,
je veux bien br�ler en enfer

si j'ai tu� quelqu'un.

Attention, mon gar�on.

Vous avez une aspirine?

Comment �a marche?

Trois heures sur le gril
et tout ce qu'on a:

"Non, je ne m'en rappelle pas.
Demandez � Dick. "

Cent fois j'ai attrap� ce salopard
en train de mentir et il refuse d'avouer.

Je crois que notre ami va craquer
d'un moment � l�autre.

J'esp�re que vous
ne vous trompez pas.

Pourquoi les mecs de votre
esp�ce se font tatouer?

"Les mecs de mon esp�ce"?

- De quelle esp�ce?
- Les d�tenus. Vous �tes tous tatou�s.

Cette gueule de tigre, �a vous sert � quoi?
A vous prendre pour un dur?

L'insigne de poulet, �a vous sert � quoi?
A vous prendre pour un honn�te homme?

Tout le monde
porte un tatouage.

Sauf que vous appelez �a un club.

De chasse, de polo, de scouts.
Toujours pr�ts. Le ciel. L'enfer.

Le salut secret est sous-entendu.
"Ne pas marcher sur les pelouses. "

Des clubs o� on se tatoue
l�int�rieur du cr�ne.

Pour jouer au golf ou au bridge.
Pour traiter des affaires.

Clubs pour flambeurs,
pour ivrognes.

Sans compter le club des matraqueurs
dont vous �tes membres.

Comment croyez-vous me faire parler?
A coups de matraque?

C'est un peu �a, oui.

J'ai dit que vous aviez
commis trois erreurs.

Primo,
vous avez laiss� un t�moin.

Secundo,
votre alibi ne tient pas debout.

Et tertio?

Un peu de patience.

Voici deux empreintes.

Faites � l�endroit m�me
o� M. Clutter a �t� assassin�.

Et voici les chaussures
qui les ont faites.

�a, c'est la v�tre.

Cette empreinte-l�,

a �t� faite dans
le sang de M. Clutter.

La chaussure de Perry.

La semelle, la pointure
et le sang sont identiques.

Et maintenant,
Dick, la v�rit�.

Je veux pas qu'on m'accuse
d'avoir commis ces meurtres.

C'est pas moi qui ai tir�.

J'ignorais ce qui se passait
dans cette putain de piaule.

C'est Perry.
Lui tout seul.

J'ai essay� de l�arr�ter.
J'ai pas pu.

Il les a tous tu�s.

C'est vous qui
les avez appr�hend�s?

Si vous les aviez
pris cinq minutes plus t�t,

avant qu'ils ne
prennent leurs bagages...

Un coup de chance.

Quelque chose comme �a.

Hickock jure qu'il a essay�
de t'en emp�cher.

- Il a eu peur que tu le descendes, lui aussi.
- Il a dit que tu les as tu�s. Tous.

�a vous arrangerait que
je dise que c'est lui.

Dick n'est pas un tueur,
il le sait tr�s bien.

C'est parce qu'il avait besoin
d'un tueur, qu'il t'a choisi.

T'avais rien � perdre puisque
t'avais d�j� tu� un homme � Las Vegas.

Tu l�as tu� � mort
avec une cha�ne de bicyclette.

C'est vraiment un dur
et gonfl� � bloc.

Je savais que
si on se faisait coincer,

si jamais il se d�boutonnait,
il cracherait le morceau sur Vegas.

Moi, je n'ai
jamais tu� personne.

Jamais � part cette nuit-l�.

Parce que cette nuit-l�,

je crois que...

Non, je veux me rappeler
exactement de cette nuit-l�.

Nous sommes arriv�s
l�-bas vers minuit.

C'est �a.

Foutons le camp.

Tout de suite, avant
qu'il soit trop tard.

Si tu veux faire le coup,
il faudra que tu le fasses tout seul.

Tu crois que j'aurais
peur de le faire seul?

Je vais te montrer
de quoi je suis capable.

Ton gars de Las Vegas, comment
tu l�as tu�? En l��touffant de baisers?

Le h�ros de la guerre de Cor�e.

Merde!

Pourquoi est-ce que j'ai march�?

Parce que �a a commenc�...

Qui sait quand les choses
commencent vraiment?

Quand Dick m'a parl� de son plan,
�a m'avait pas l�air vrai.

Ensuite, plus on avan�ait,
plus �a devenait r�el.

Comme si ce num�ro de dingue poss�dait
une vie propre que rien ne pouvait arr�ter.

Comme si je lisais un roman,

et qu'il fallait que
je connaisse la suite.

Puis comment �a allait finir.

Attends.

Si on le trouve, ce coffre,
tu sais comment l�ouvrir.

Je connais quelqu'un qui sait.

Ch�rie? C'est toi, ch�rie?

Qui est l�?

- Venez avec nous. Allez!
- Qu'est-ce...

Allez.

Dans le bureau.

Maintenant, monsieur,

dites-nous o� est le coffre.

Quel coffre?
Je ne poss�de pas de coffre.

Arr�tez vos mensonges, salopard.

Je sais que vous avez un coffre.
Il est ici, dans ce bureau.

Je regrette, mais
il n'y a pas de coffre ici.

Il n'y en a jamais eu.

Y a d'autres t�l�phones?

Oui, dans la cuisine.

Ouvrez ce classeur.

Il n'est pas ferm�.

O� il est?

Allez, grouille-toi.

Grouille-toi.
Sors ton fric.

Trente et un malheureux dollars.

Un homme aussi riche que vous.

Vous devez avoir
plus de pognon que �a.

Pas en liquide.
Je peux vous faire un ch�que.

Un ch�que?

- Vous nous prenez...
- Arr�te!

- Quelqu'un en haut est r�veill�.
- Ecoutez,

il y a que ma famille,

y a ma femme, mon fils et ma fille.

Elle a de l�argent,
votre femme?

- Non, elle n'est pas bien.
- Mais oui, mon petit p�re.

- On va monter.
- Mes lunettes. Je ne vois rien sans.

D�p�chons-nous.

Qu'est-ce qui vous
pousse � faire tout �a?

Je ne vous ai rien fait.

- Je ne vous ai jamais vus.
- La ferme. On vous dira quand parler.

Ne t'inqui�te pas, ma ch�rie,
n'aie pas peur.

Ces hommes veulent
de l�argent, c'est tout.

Ils pensent que nous
en avons dans un coffre.

- J'ai dit qu'on n'avait pas de coffre...
- Bouclez-la.

C'est pourtant la v�rit�,
il n'y a pas de coffre chez nous.

Je sais foutrement bien qu'il y a un coffre.
Je vous conseille de me le montrer!

Floyd Wells t'a menti.
Y a pas de coffre.

Ligote-les-moi.

Allez, la dame,
dans la salle de bains.

Ne faites de mal � personne.

Ils n'en n'ont pas l�intention, ch�rie.
N'est-ce pas?

Ils veulent un peu d'argent
et apr�s ils partiront.

Ne faites pas de mal aux enfants.

Mon Dieu? Qu'est-ce que c'est?
Une farce?

Si vous faites un geste,
ou poussez un cri,

on leur tranchera la gorge,
� tous les deux.

Allez. Vous autres, en bas.

Dick! Par ici.

Toi, par l�.

Qu'est-ce? Un bahut?

Un coffre � linge.

Un cadeau de mariage
pour ma soeur.

Pas elle,
elle est trop jeune.

Elles sont jamais trop jeunes.

Papa!

Prie le bon Dieu que
je trouve ce coffre.

Kenyon?

Papa?

Vous avez froid?

Oui.

Vous dites que vous voulez
de l�argent, pourquoi?

Si vous faites �a � ma femme,
elle en mourra.

Ma m�re, ne lui faites pas �a.
Je vous en supplie.

L'autre a l�air m�chant.
J'ai peur qu'il fasse du mal.

Qu'il prenne tout l�argent
qu'il voudra, tout,

mais je vous en prie, qu'il ne
touche pas � ma petite fille.

Je vous en prie.

T'as jamais couch� avec un homme?

Je vous en supplie, non.

Qu'est-ce qui te prend?

Va chercher le coffre.

Plus tard.

- Je vais d'abord me taper la gamine.
- Non.

Qu'est-ce que �a peut te faire?
Tu peux te la taper aussi.

Non.

�a va, coco.

Prends le transistor du gosse.

Et attends-moi en bas.

Y a des types que je m�prise:
ceux qui ne savent pas se contr�ler.

Vous allez � l��cole?

A l�universit�,

l�ann�e prochaine.
Pour �tudier la musique et la peinture.

Je joue de la guitare.

Je dessine un peu, aussi.

J'ai �t� � l��cole que
jusqu'� la sixi�me.

Vous aimez les chevaux?

Oui.

Ma m�re...

c'�tait une championne d'�quitation.
Dans les rod�os.

Et mon p�re, lui...

Mon p�re...

Qu'est-ce qui va pas?

Nous. On ne tourne pas rond.
On est ridicules tous les deux.

Tu tapes sur les murs
pour trouver un coffre inexistant.

Tape, tape, on dirait
que tu appelles les esprits.

Et moi.

En train de ramper sous les meubles,

avec mes jambes en feu.

Et pourquoi? Pour voler une enfant,
lui voler une pi�ce d'argent.

C'est ridicule!

Stupide!

Pourquoi tu r�les?
Y a pas de raison!

C'est eux qui l�ont mauvaise.

Mais �a,
c'est entre nous.

�a n'a rien � voir avec eux.

Regarde, mon petit.
Regarde de tous tes yeux.

Je suis la derni�re
personne vivante que tu verras.

Non, ne faites pas �a,
je vous en supplie.

Tout �a n'a pas de sens.

Je parle de ce qui s'est pass�.

Y avait pas de raison.

�a n'avait rien � voir
avec la famille Clutter.

Ces gens ne m'avaient rien fait.
Ils se trouvaient l� par hasard.

M. Clutter �tait un type bien,
tr�s sympathique.

Je le pensais et pourtant
je lui ai tranch� la gorge.

Piti� pour ces hommes.

Ces assassins.

Il est fort heureux que
leurs admirables d�fenseurs

n'aient pas �t� pr�sents durant la nuit
du drame au domicile des victimes.

Ils peuvent s'estimer heureux
de ne pas avoir eu l�occasion

de plaider et de demander gr�ce
pour cette infortun�e famille.

Car, s'ils avaient �t� l�,

nous les aurions retrouv�s
morts, eux aussi.

Si vous les condamnez
� la prison � perp�tuit�,

ils seront remis en libert�
conditionnelle au bout de sept ans.

Et �a, c'est la loi.

Messieurs,

quatre de vos concitoyens

ont �t� massacr�s
comme des porcs � l�abattoir,

par eux:

Ils n'ont pas frapp� sous l�empire
de la col�re ou de la folie,

mais pour de l�argent.

Ils n'ont pas tu�
dans un but de vengeance.

Leur but �tait de
voler de l�argent.

De quelle somme d�risoire

ces existences furent-elles pay�es?

Quarante dollars.

Dix dollars pour chaque vie.

Ils ont couvert 650
kilom�tres pour venir ici.

Ils ont apport� leurs armes
dans leur voiture.

Ce fusil de chasse,
ce poignard.

Et voici la corde qui servit � ligoter
leurs malheureuses victimes.

Et voici le sang qu'ils ont r�pandu.

Le sang de Herb Clutter.

Eux, qui furent sans piti�,
sollicitent votre piti�.

Eux, qui furent sans merci,
aujourd'hui r�clament votre cl�mence.

Eux, qui n'eurent pas de larmes,
aujourd'hui r�clament les v�tres.

Si vous avez des larmes � verser,
ne pleurez pas sur ces hommes,

mais plut�t sur leurs victimes.

En �coutant les citations de la sainte Bible
expos�es par les avocats de la d�fense,

vous pourriez croire que la parole de Dieu
fut �crite afin de prot�ger les assassins.

Mais la d�fense ne vous
a pas cit� ce passage

dans l�Exode, chapitre 20,

verset 13e,
dans lequel on dit:

"Tu ne tueras point. "

Ou ceci encore,

dans la Gen�se,
chapitre 9, verset 12:

"Si quelqu'un verse
le sang de l�homme,

"par l�homme son sang
sera pareillement vers�. "

II fallut 4 heures
pour s�lectionner les jur�s.

Trois jours � la partie civile
pour pr�senter ses conclusions.

Il fallut une heure et demie
� la d�fense pour plaider.

Il fallut 40 minutes aux jur�s

pour �tablir leur verdict.

Ces types-l� devaient �tre fous.

Non. Stupides peut-�tre, mais
parfaitement sains d'esprit.

Comment un homme sain d'esprit

peut-il commettre
un acte aussi d�ment?

Attention s'il vous pla�t,
l�agent Linhard,

et l�agent Brackin

sont pri�s de se
pr�senter au secr�tariat.

Attention s'il vous pla�t,
l�agent Charles Wright

est pri� d'appeler le secr�tariat.

- Qu'est-ce qu'ils font maintenant?
- Ils attendent la mort.

Combien d'autres attendent
la mort dans d'autres prisons?

A peu pr�s 200.

Perry et Dick commenc�rent
leur attente dans le b�timent "S.I.":

S�curit� et Isolation.

Deuxi�me �tage,
c'est le couloir de la mort.

Par la fen�tre ils peuvent
voir le terrain de base-ball.

Derri�re le mur
qui borde le terrain

se trouve un vieil entrep�t
avec un toit de t�le.

Il a un nom cet entrep�t?

Dans cette prison, on appelle
ce lieu "Le Recoin".

Les jours d'ex�cution, les hommes disent:
"On l�emm�ne au Recoin. "

Perry et Dick ont
rendez-vous au Recoin.

A minuit et une minute,
le vendredi 13 mai.

D'apr�s un expert
en m�decine l�gale,

ni l�un ni l�autre
n'aurait tu� tout seul.

Mais ensemble, ils form�rent
une troisi�me personne.

C'est elle qui a tu�.

H�, Andy!

On dit dans tes bouquins ce qui arrive
lorsque tu passes � la trappe?

Tes vert�bres cervicales se brisent,

et tu chies dans ton froc.

Ton probl�me Andy, c'est que
tu n'as aucun respect de la vie humaine.

M�me pas de la tienne.

La date fatidique du vendredi 13 mai,
vint et s'en fut.

Personne ne fut emmen� au Recoin.

Perry et Dick firent appel. Routine.

On leur accorda un sursis.
Routine.

Pour la peine capitale, l�administration
tourne pendant un an et plus. Routine.

Le couloir de la mort a aussi
sa propre routine.

Douche, un d�tenu � la fois,
une fois par semaine.

Ils se rasent deux fois par semaine.

Le gardien verrouille
le rasoir m�canique.

S�curit� d'abord.

Pas de radio, pas de cin�ma,
pas de t�l�vision.

Pas de cartes, pas de jeux,
pas d'exercices.

Pas de miroir, pas de bouteilles,
pas de verres.

Pas de couteaux,
pas de fourchettes.

Le suicide est interdit.

Vous pouvez manger, dormir,

�crire, lire, r�fl�chir, r�ver.

Vous pouvez prier,
si vous en avez envie.

Mais en g�n�ral, ils ne faisaient rien.
Ils attendaient.

Le gars qui est � c�t�, Andy,
�a fait plus de deux ans qu'il attend.

Un reporter l�a appel� une fois
"Le gar�on le plus gentil du Kansas".

H� bien, un beau soir, il a tu� sa soeur,

et sa m�re en lui tirant 6 balles,
ensuite son p�re en lui tirant 17 balles.

Andy est dingue, mais je l�aime bien.

H�, Andy. Dis bonjour
� monsieur Jensen.

Il est en train d'�crire
l�histoire de ma vie.

Pourquoi?

Je vous disais
qu'il �tait dingue.

Ronnie, Jim, je vous pr�sente
monsieur Jensen.

Ils en ont descendu sept.
Des inconnus.

Ronnie a dit qu'il leur
rendait service en les tuant.

Parlez-moi de Perry.
Vous ne vous entendez pas?

Personne ne peut
s'entendre avec lui.

On est cinq ici � attendre
de faire le grand plongeon.

H� bien, le petit Perry est le seul qui
r�le encore � propos de la peine de mort.

Ne me dites pas
que vous �tes pour?

Pour les autres,
c'est rien qu'une vengeance.

Je suis pas contre la vengeance.

J'aimerais m�me pass�
ma vie � me venger.

Bien s�r, je suis pour la pendaison.

A condition que ce soit
pas moi qui soit pendu.

A un de ces jours.

Merci pour les journaux.

Jim, est-ce qu'il
ressemble � Willie Jay?

Tel que vous le voyez, oui.

Ce jour-l�, � la station d'autocars,
quand je vous ai t�l�phon�,

si j'avais contact� Willie Jay,
rien de tout �a ne serait arriv�.

Peut-�tre aussi si vous
n'�tiez pas revenu au Kansas.

Si un psychiatre avait �t� l�
durant ma premi�re d�tention,

il aurait su qu'il y avait une bombe,
il l�aurait vue.

Il aurait su que
je n'�tais pas pr�t � sortir.

- Vous le saviez?
- Ouais.

Pourquoi ne pas me l�avoir dit?

J'aurais pas eu ma conditionnelle.
Pas vrai, mon R�v�rend?

Quelques minutes apr�s minuit,
au mois de novembre,

l�un d'eux fut emmen� au Recoin.

Les autres le regardaient traverser
le terrain de base-ball vers la potence.

C'�tait Andy.

"Le gar�on le plus gentil du Kansas. "

Ils entendirent
le bruit de la trappe.

Ils continu�rent � regarder
et � attendre, pendant 19 minutes,

jusqu'� ce que son coeur
ait cess� de battre.

Pour Andy,
l�attente �tait termin�e.

Perry et Dick attendirent cinq ans.

Trois fois, leur dossier fut renvoy�
devant la Cour supr�me des Etats-Unis.

Mon Dieu, c'est affreux!
Ce harnais.

Richard, ceci est un mandat
de la Cour supr�me de l�Etat du Kansas.

"Il est ordonn� par cette Cour

"que l�ex�cution de la sentence de mort
par pendaison de Richard Eug�ne Hickock,

"prononc�e par le tribunal du comt�
de Finney dans le Kansas,

"soit fix�e au mercredi 14 avril 1965.

"Commande au gardien chef
du P�nitencier de l�Etat du Kansas,

"de proc�der � l�ex�cution de la sentence. "

O� est Smith?

"En v�rit�, ceux qui esp�rent en toi
ne seront pas confondus.

"Seuls seront confondus ceux
qui sont infid�les sans cause.

"Fais-moi conna�tre tes voies, Seigneur,
apprends-moi tes sentiers.

"Conduis-moi dans ta v�rit�,
instruis-moi. "

J'ai besoin d'aller aux toilettes.

On peut pas �ter le harnais.
On n'aura peut-�tre pas le temps.

Je vous en prie.

Essayez de vous retenir.

Ils ont dit que,

au moment o� on ouvre la trappe,
tous les muscles se rel�chent d'un coup.

J'ai peur de
salir mes v�tements.

Qu'importe, il faut pas avoir honte.
�a leur arrive � tous.

Mais enfin, pour l�amour du ciel!

"Il est ordonn� au gardien chef
du P�nitencier de l�Etat du Kansas que,

"� la date du mercredi 14 avril 1965,

"entre minuit une
et deux heures du matin... "

C'est lui le...

Combien le paie-t-on
pour faire ce travail?

Trois cents dollars par personne.

Il a un nom?

"Nous, le peuple. "

"... � la Cour supr�me de l�Etat du Kansas. "

Est-ce que vous avez
quelque chose � dire?

Je n'ai de rancune pour personne.

Vous m'envoyez dans un monde
meilleur que celui-ci n'a jamais �t�.

C'est gentil d'�tre venu.

Jim, Thoreau.

L'homme et la nature.

Je vous le donne
si vous le voulez.

Et Dick?

Est-ce que son coeur bat encore?

- Quelle heure est-il?
- Allons, du calme.

Vous voulez que j'�crive � votre p�re?

Je pourrais lui
envoyer un de vos dessins.

Ou votre �toile de bronze.

Envoyez-lui mes cartes
du golfe du Mexique.

Il trouvera peut-�tre le tr�sor, lui.

Le Loup solitaire.

Vous savez, il y eut une �poque
o� on l�a presque eu, le filon.

Rien que lui et moi.

Il avait eu l�id�e fumante de b�tir
un pavillon de chasse en Alaska.

On allait recevoir
des tas de touristes.

On allait faire fortune.
Mieux qu'avec une mine d'or.

Mais plus que tout, on allait poss�der
tout ce qu'on n'avait jamais eu.

Un vrai foyer.

On l�a b�ti, ce pavillon.

Rien que lui et moi,
travaillant c�te � c�te.

Le jour o� on a termin� le toit,
il a dans� dessus en chantant.

Je n'ai jamais �t� aussi heureux.

On avait une magnifique maison.

Mais les touristes
ne sont jamais venus.

On n'a eu personne.

On restait l� � vivre,

seuls dans cette grande maison vide.

Jusqu'au jour o�
il en a eu assez de moi.

C'est arriv� comment d�j�?

Je mangeais un biscuit.

Je l�entends gueuler et me traiter
d'enfant de salope.

Je lui suis rentr� dedans,
je l�ai pris � la gorge.

J'arrivais pas � me retenir.

Il s'est d�gag� pour
aller chercher un fusil.

Et il a dit:
"Regarde mon petit!

"Regarde bien car je suis la derni�re
personne vivante que tu verras. "

Et il a appuy� sur la g�chette.

Et le fusil n'�tait pas charg�.

Il a commenc� � pleurer.

Il pleurait comme un gosse.

Je suis all�
marcher dans les bois.

Quand je suis revenu,
la maison �tait sombre.

La porte verrouill�e.

Toutes mes affaires �taient
empil�es dehors dans la neige.

L� o� il les avait jet�es.

Je suis parti et je n'ai
jamais regard� en arri�re.

Je crois que la seule personne
qui va me manquer,

c'est ce pauvre vieux.

Avec ses r�ves impossibles.

Je suis content que
vous ne ha�ssiez plus votre p�re.

Mais je le hais.

Je le hais.

Et je l�aime.

- Tu viens?
- Pour quoi faire?

A quoi �a sert,
tout �a, en d�finitive?

Au bout du compte, quatre innocents
et deux coupables assassin�s.

Trois familles bris�es.

On a imprim� et
vendu plus de journaux.

Les politiciens feront
de beaux discours.

La police et les commissions
encaisseront plus de reproches.

On votera un peu plus de lois.

Et tout le monde s'en lavera les mains.

Et ensuite, dans un an,
dans un mois,

la m�me chose recommencera.

Il se peut que ceci
contribue � l�emp�cher.

�a n'a jamais rien emp�ch�.

Ceci est un mandat de la
Cour supr�me de l�Etat du Kansas.

"Il est ordonn� par cette Cour que
l�ex�cution de la sentence par pendaison

"de Perry Edward Smith,

"prononc�e par le tribunal du comt�
de Finney, dans le Kansas,

"soit fix�e au mercredi 14 avril 1965."

Est-ce que vous avez quelque chose � dire?

J'aimerais bien...

J'aurais voulu m'excuser.

Mais � qui?

"Le Seigneur est mon berger,
je ne manquerai de rien.

"Je vais reposer
dans de verts p�turages.

"Il me dirige vers
des eaux paisibles.

"Il me restitue mon �me.

"Et me conduit dans les sentiers
de la vertu pour glorifier son nom.

"En v�rit�, quoique je marche � travers
la sombre vall�e de la mort,

"je ne craindrai pas le mal

"car tu es avec moi.

"Ta houlette et
ton b�ton me r�confortent.

"Tu dresses devant moi une table
en face de mes ennemis.

"Tu oins ma t�te avec de l�huile. "

Est-ce que Dieu est aussi ici?

"Ma coupe d�borde.

"Le bonheur et la gr�ce m'accompagneront
tous les jours de ma vie.

"J'habiterai dans la maison de l�Eternel
jusqu'� la fin de mes jours. "