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- On va partir, tous les deux.

- Où ça ?
- Faire Le tour du monde en bateau.

Depuis le temps qu'on en parle.

- Et le bahut ? Maman voudra jamais.

- On lui dira rien.
On fera le mur, la nuit.

- Demain soir ?

- Demain soir.

Faut dormir, maintenant.

Je t'aime fort, tu sais.

Coup de feu.

Je m'appelle Marc Lagnier.

J'habite 17, allée des Acacias,
à Valmont.

Je viens de tuer mon fils.

- C'est par là.

- Bonsoir, Madame. Lt Taillac.
Ma collègue, Stéphanie Morel.

- Bonjour.
- J'ai fait du café.

Vous en voulez ?
- Je vous laisse avec Stéphanie.

- On va aller au commissariat
pour prendre votre déposition.

- Lt Taillac. Vous me dites
ce qu'il s'est passé ?

- Non, non, Dana.
L'audience est le 12.

Pas le 13. C'est comme ça,
on choisit pas.

T'inquiète pas, on se parlera
avant. IL faut que je raccroche.

Allez.

Oui, Jeanne, dossier Couteret.
Message à mon client :

"Cher monsieur,
toujours pas reçu vos pièces.

"Quand on va chez le dentiste,
on prend ses dents.

"Je décline toute responsabilité."
Il m'emmerde, celui-là.

- Lagnier veut pas vous voir.
IL dit qu'il vous verra au procès.

- Attendez.

Une seconde.

Vous allez lui donner ça.

Merci.

Ecoutez, je veux pas savoir ce qui
s'est passé. Je m'en fiche.

Mais rien dire, c'est pas

une bonne idée.
On est dans une petite ville.

On se connaît. Plus vous vous
taisez, plus ils veulent savoir.

Même votre avocat de famille,
Decaux.….

C'est pour ça
qu'il a laissé tomber.

La vérité, je m'en tape.

Je suis juste là
pour vous sortir d'ici.

Mais pour ça, il faut une histoire
à raconter. Un truc qui se tienne.

Je vous écoute.

Bon.…

Ecoutez, vous êtes obligé
d'avoir un avocat aux assises.

Moi ou un autre.

Lui, il fera peut-être ce que vous
voulez, vous le verrez au procès.

Sauf que tout
peut encore sortir au procès.

Aux assises, le président

a tous les pouvoirs, notamment
celui de refaire l'instruction.

Si vous voulez qu'on sache jamais
pourquoi vous avez tué votre fils,

c'est moi, votre meilleure chance.

Je vous laisse réfléchir.

Bonne journée.

On sonne.

- Police.

- Ca va, gros con ?
- Ca va, connard.

Pourquoi t'as accepté
cette affaire ?

- J'ai pas accepté. J'ai fait
le forcing pour l'obtenir.

- Pourquoi se casser le cul
alors qu'on a des aveux ?

Surtout avec le juge Faidherbe.
A un an de la retraite…

Il nous a demandé
aucun complément d'enquête.

Tu vas la monter sur quoi,
ta défense, si Lagnier dit rien ?

Sur une histoire fabriquée
de toutes pièces ?

- Non. C'est ce que je lui ai vendu
pour qu'il me jette pas.

- Alors quoi ?
- Ben, je vais faire mon travail.

Je vais chercher à comprendre.
Et quand je saurai, il parlera.

Hé, pas touche !

- Tu crois faire mieux que nous ?
- Justement, je suis pas flic.

Les gens me parleront
plus facilement.

Toi, dès qu'ils voient ta gueule,
c'est compliqué.

- C'est malin. Tristan,
sérieusement, je déconne pas.

Si tu franchis La ligne, personne
t'aidera. Réfléchis un peu.

- T'inquiète pas.
Je sais ce que je fais.

- Merde.

- Bonjour.
- Journaliste ?

- Non. Tristan Delmas, je reprends
la défense de votre mari.

- Vous avez une cigarette ?
- Oui, bien sûr.

Attendez.

- J'avais oublié
à quel point c'est mauvais.

- Oui.

- Je vois pas
en quoi je peux vous aider.

J'ai tout dit à la police.
Je dormais.

- C'est pas ça

qui m'intéresse. Avant, les jours,
semaines précédentes, y a-t-il eu,

je sais pas,
des signes avant-coureurs ?

Des disputes ? Des menaces ?
- Non.

- Non.

Un père tue pas son fils comme ça,
du jour au lendemain.

Je suis sûr que vous savez
pourquoi il a fait ça.

- Non.
- Non.

- Marc adorait son fils.
Réciproquement.

- Son fils ?

C'était le vôtre aussi,
accessoirement.

- Vous m'excusez ? Je suis pressée.
On m'attend.

Qu'est-ce que vous faites là ?
- Je dois vraiment vous parler.

Vous voulez pas aller ailleurs,
le temps que ça se tasse ?

-"Le temps que ça se tasse".

C'est la phrase que j'entends
le plus depuis 10 jours.

Ma femme de ménage aussi est
partie, le temps que ça se tasse.

Mais rien ne se tasse vraiment,
dans cette ville. C'est ma maison.

- Attendez.

- Pardon. Merci.

Je comprends pas. Pourquoi
vous m'avez suivie jusqu'ici ?

Vous pensiez trouver
des réponses à vos questions ?

- Peut-être, oui.

- J'ai fait tout ce que j'ai pu.

Quand il était petit, ça allait.
Comme avec Pauline.

Pauline, c'est ma fille.

Avec elle, rien à redire.

Mais lui…

Depuis le lycée, il fichait
plus rien. C'est pour ça,

je voulais le mettre en pension
après Noël. Je me disais

que ça lui ferait du bien
d'être encadré.

Mais il a pas voulu.

- Qui ça ? Votre fils ?
- Non, Marc.

Il disait qu'il pouvait très bien
s'en occuper tout seul.

J'aurais dû tenir bon.

Oui, s'il avait été en pension…

Merci d'avoir fait e nécessaire
pour qu'on nous rende le corps.

C'est gentil.

Si vous voulez voir sa chambre,
elle est sous scellés.

- D'accord.

Je.. Je reviendrai plus tard.

A bientôt.

Bon. Vous n'étiez pas drogué
ni ivre, rien.

Rien pour expliquer
un coup de folie.

Alors on dit quoi ? On dit
que vous l'avez tué parce que…

il foutait rien à l'école,
séchait les cours, fumait du shit ?

Non. Tout ça,

vous n'en aviez rien à foutre.

Votre femme l'aimait

pas beaucoup, non ? Elle parle
de lui en disant "Alex",

ou "votre fils".
Comme si c'était pas le sien.

- Elle n'a rien à voir
dans tout ça. Elle dormait.

- Elle dormait.

C'est marrant, si je faisais
de la psychologie à 2 balles,

je dirais que vous aviez

chacun votre gosse. Non ?

- T'as raison. C'est
de la psychologie à 2 balles.

- Je crois pas, non.

Mme Vasseur.

- Tristan ! Vous n'avez pas changé
depuis la terminale.

- Avant, vous me disiez "tu".
- Vous étiez mon élève, maître.

- Vous avez toujours été proche
de vos élèves. Je me suis dit

que vous pourriez

me parler d'Alex et de son père.
- Je connais bien Marc Lagnier.

Du moins, je croyais.
- C'est-à-dire ?

- C'est un type bien, très impliqué.

Il était bien plus présent
avec son fils qu'il ne l'était

avec sa fille.
- Ah bon ?

- Il avait un lien fusionnel
avec Alex. Ca n'a aucun sens.

- Alex

avait une petite amie ?
- Je suis prof, Tristan.

Je ne tiens pas
le courrier du cœur.

IL plaisait aux filles, c'est sûr.

- Après sa mort, ils ont mis en
place une cellule psychologique ?

- Oui, bien sûr. Je peux
te faire la liste des jeunes

qui ont demandé à voir le psy.

- Ce serait génial.

- Je trouve très courageux que
tu prennes la défense de Lagnier.

J'espère
que t'y laisseras pas des plumes.

- Moi aussi.
- Putain, c'est Le bâtard

qui défend le père d'Alex.
- C'est moi, le bâtard. Enchanté.

Maître Delmas.

Oui… C'est moi, le bâtard.

- C'est vous, l'avocat ?
- Oui.

- Bonjour. Venez avec moi.

C'est pas possible.
Marc a pas pu tuer Alex.

- Il a avoué.

- Les flics font dire
n'importe quoi.

- Pas les avocats.

- Peut-être, oui.
Mais j'y crois pas.

Tenez, la preuve.
J'ai demandé un parloir à Marc.

Il a refusé. IL savait qu'avec moi,
il pourrait pas mentir.

Son fils était tout pour lui.
Marc s'en est toujours occupé.

- Et pas Valérie ?

- Y a eu des complications
à l'accouchement.

- Quel genre ?

- Je sais pas. Mais elle est restée
des mois à l'hosto.

- Marc était comment comme patron ?
- C'est resté un type simple.

Il fréquentait
les amis de sa femme,

mais c'était pas des potes. Avec
moi, pas besoin de faire semblant.

- Ca a dû vous surprendre quand
il a épousé La fille du patron.

- Venant de Marc, non.
Il était fou amoureux.

- Elle aussi ?

- Elle ? Elle l'a même pas regardé,
au début.

Un jour, il l'a dépannée,
elle avait crevé.

Et un mois après, ils se mariaient.
Le vieux Dantin

espérait mieux pour sa fille,
mais elle était enceinte.

Alors il en a pris son parti.
- Attendez.

Elle était enceinte si vite ?

- Faut croire.

- Pauline n'est pas
la fille de Marc ?

Vous voulez que j'aide votre pote ?

- Bon.….

Marc m'a jamais parlé de Pauline.

Mais même si j'étais nul à l'école,
je savais compter.

- M. le juge ! Me Delmas,
l'avocat de Marc Lagnier.

- J'ai une audience.

- Avez-vous comparé les ADN
de Marc et de son fils ?

- De quoi parlez-vous ?
- De test de paternité.

Si Alex n'était pas le fils de
Marc, ça changerait la donne, non ?

- Je vois pas en quoi.
- Ecoutez.…

IL adorait ce gamin.
Et là, tout d'un coup,

il apprend que c'est pas son fils,
au bout de 17 ans.

Ca peut faire péter Les plombs.
- Vis-à-vis de la mère, peut-être.

- Justement.

- Bon. On les fera.

Mais faites attention
où vous mettez les pieds.

- Bien sûr.

- Il refuse de s'expliquer.

IL dit juste qu'il assume
ses responsabilités,

et qu'il veut être vite jugé.
- Je peux pas me contenter de ça.

*-Nous sommes toujours
en direct sur EBFM, 94.8.

*Je suis avec Tristan Delmas,

*l'avocat de Marc Lagnier.
- Tristan est l'avocat de papa ?

*-Et la présomption d'innocence ?
- Tu le connais ?

- Comme ça, oui.
On était ensemble en terminale.

*-Vous y étiez, vous ?
Parce que moi, non.

*-94,8, voici Les titres.

*Dans l'affaire Kathy Balard,
une piste sur la disparition

de cette jeune saisonnière.
Un junkie squattant

*dans la vieille fabrique
de Villers-l'Etang...

- Comment ils savent,

ces connards ?
- Ils ont pas le même budget.

- Espérons que notre suspect
n'écoutait pas la radio.

Ca va ?
- Bonjour.

- Ca se passe où ?
- Par là.

- Tiens, il pleut.
- C'est quoi, ce monde ?

Viens, maman.

Ca va aller.

- Bonjour, Pauline.

- Non.
Assieds-toi.

- J'ai été étonné de ton appel.
Je te pensais avec ta famille.

- Pourquoi tu défends mon père ?

- Oui.
- Parce que c'est mon travail.

Mais je sais que tu as voulu
l'affaire. Pourquoi ?

Pour te faire un nom
sur notre dos ?

- T'es la seule à penser
que cette affaire est un tremplin.

- Je te connais.

T'es un opportuniste,
tu penses qu'à toi.

Mais Là, il s'agit de mon père.

Il mérite quelqu'un
qui se batte pour lui.

- Merci pour les encouragements.

Fait chier !

Pauline ! Je le défends
parce que c'est un défi pour moi

et c'est une affaire compliquée.
- Et médiatique.

- Oui, et alors ?
Raison de plus pour pas se planter.

- Il t'a dit ce qui s'était passé ?
- Non, il m'a rien dit.

Son pote d'enfance
est persuadé que c'est pas lui.

Y avait ma mère, elle l'a vu.

- Non. Ta mère a été réveillée
par un coup de feu.

- Ca change quoi ?

- Rien ne dit que c'est la vérité
ou que ton père la couvre pas.

Y avait qu'eux deux.

- T'insinues quoi ?
- Rien.

Je fonde des hypothèses.
Je défends ton père, pas ta mère.

- Donc c'est ça ?

Tu vas l'accuser pour dédouaner
mon père ? Tu peux pas !

C'est son fils à elle aussi.

- Pourquoi elle s'est pas portée

partie civile, comme le font
toutes les familles de victimes ?

- Quoi ?

- Pauline !

- Tu l'adorais.

Qu'est-ce qui s'est passé ?

A moi, tu dois m'expliquer, papa.

Je le répéterai pas,
mais j'ai besoin de savoir.

De comprendre.

- Je suis désolé.

- T'es désolé ?

Tu dis que t'assumes,
mais c'est pas vrai.

Sinon, tu t'expliquerais.

T'assumes rien du tout.

T'es lâche !

Qu'est-ce que tu caches ?

Et qu'est-ce que maman cache ?
Personne sait ce qui s'est passé

à part vous deux.

- Elle cache rien.

Elle s'en veut juste
de n'avoir rien vu venir.

- Vu venir quoi ?

La dernière fois que je suis venue,
à Noël, tout allait bien !

Mais parle-moi !

Qu'est-ce qui a pu
se passer en un an

pour que.…

Tu te rends compte

du mal que t'as fait ?

Du mal que tu fais en te taisant ?

Si tu nous aimais…

- Parce que je t'aime.

Je suis désolé.

- Mais t'es malade.

Et Tristan qui fait tout
pour te sortir de là.

J'espère qu'il va te lâcher

et que tu vas prendre un max.

- Oui, Pauline, c'est moi.

T'es en colère, je comprends. Je me
suis comporté comme un connard.

Si t'as la gentillesse de me
rappeler, j'ai besoin de te parler.

Merci.

Qu'est-ce qu'il veut, lui ?

Oui, Marc ?

On se voit cet après-midi.
Ca peut pas attendre ?

- C'est toi qui as mis ces idées
débiles dans La tête de ma fille ?

Tu veux la rendre
encore plus malheureuse ?

- Non. Pauline est malheureuse
car son père a tué son frère.

Pas parce que je fais

mon travail. J'ai pas le choix.
J'ai un client qui lâche rien.

J'irai pas faire de la figuration
aux assises. Mais virez-moi !

Les clients se bousculent.

- T'as fini ton numéro ?

Ouvre grand tes oreilles, c'est
la dernière fois que je te le dis.

Je suis le seul responsable.

Fous la paix à ma femme
et à ma fille.

C'est clair ?

- Vous l'aimiez pas, votre fils.

- J'aurais donné ma vie pour lui.
- Ah oui ?

Pourtant, il avait pas
de maladie incurable. Hein ?

Alors c'est quoi ?

Il était pédé ?

- Non.

- C'est ça, il était pédé.

Il voulait changer de sexe ?
Se convertir

à l'islam ? Putain, parlez-moi !
On tue pas un fils qu'on aime !

C'est Tristan. Le dossier Dubois
passe au TJ demain

alors qu'il est informatisé
à la semaine prochaine.

- Un coursier m'a donné ça.
Ca vient du palais.

- Merci. Ca va, ton fils ?

- Enfoiré.

- Bonne journée à toi aussi.

Alors, qu'est-ce qu'il y a…
Maman.

*-Je t'ai entendu à la radio.
J'étais avec Simone.

*Ca m'a fait honte.
Pourquoi tu le défends ?

- Parce que je suis un connard.
*-Ton père comprend pas.

* a rien à comprendre. Raccroche.
- C'est bon.

Dégueulasse.

On sonne.
J'arrive !

Deux minutes !

T'es pas patiente.
- Et t'es pas rapide.

- Désolé, c'est le bordel, mais
je travaille ici, en ce moment.

- Tu reçois tes clientes
dans ta chambre ?

- Oui, ça arrive.
- Ah oui ?

- Non, je rigole.

Merci.

- Oui.
Café ?

C'est les entrepôts
de mon grand-père.

Là, à la télé.

Qu'est-ce qu'ils foutent ?
- C'est pour Le TGV.

- Mais non.
- Mais si.

*-Après 2 ans de procédure, voici
le début des travaux du tracé TGV.

- Mon père va être fou.
*-Et la démolition des entrepôts.

- Ils sont pourris, ces hangars.

- Non, ils sont pas pourris.
C'est important, c'est un symbole.

A Noël, ils se sont engueulés,

ma mère voulait vendre le terrain.
- C'est un symbole de quoi ?

- Un symbole.

IL dit qu'il faut
se souvenir d'où on vient.

- C'est pas faux.

Je suis désolé.

- T'y es pour rien.
- Si. Le tracé du TGV

était sur des champs, avant.
Et j'ai défendu

le collectif d'agriculteurs.
Et j'ai gagné.

- T'en rates pas une.
T'es fier de toi ?

- Non. Je suis désolé.
- Si, t'es fier de toi.

- Désolé.

Tu veux bien jeter un œil ?

C'est la liste des lycéens
qui ont vu la psy

après la mort de ton frère.
Tu en connais certains ?

- Moi, après le bac, je suis partie
à Paris faire archi.

Alex avait quoi… 9 ans.
Ses copains, j'ai pas suivi.

- Et ça ?

Aucune idée ?

- Putain…

C'est tellement lui.

Sauf qu'il a l'air…

Il a l'air désespéré.

C'est peut-être pour ça
qu'il a dit ça.

- Tu parles de qui ?
- De mon père.

IL m'a dit

que ma mère n'avait rien vu venir,
qu'elle s'en voulait.

- À propos d'Alex ?
- Oui.

Enfin, je sais pas,
il était pas clair.

- Ca a toujours été comme ça
chez vous ?

On dirait que vous parlez jamais.
- Si, on se parle.

- Non. Ta mère, faut lui arracher
les mots de la bouche.

Avec toi, au lycée, elle était

déléguée des parents, présente.
- Un peu trop.

- Pas avec ton frère.

A Noël, elle voulait même
l'envoyer en pension.

Tu savais pas ?

- Non. Mais ça veut pas dire
qu'elle l'aimait pas.

Ca veut pas dire qu'elle l'aimait
pas. Un garçon, c'est différent.

Je sais pas… Quand il est né,
elle était pas là. Ma grand-mère

était malade.

- C'est pas ta mère
qui a été hospitalisée ?

- Non. Ma grand-mère.

- Non, je crois pas.
- Qui t'a dit ça ? Qui ?

- Peu importe.
- Dis-moi.

- Peu importe, je te dis.

Tu veux un autre café ?
- Non.

- J'ai un service à te demander.

Je pourrais voir les saisies

de la perquise Lagnier ?

Juste la chambre d'Alex.

Ses affaires, son ordi,
les photos…

- Y en a une partie chez le proc.
On a rendu le reste.

Tu trouveras rien.

- Sa chambre est toujours
sous scellés ?

- Jusqu'à ce qu'on passe
les enlever, oui.

Au fait, je t'ai entendu,
à la radio.

- Oui.
- Oui. T'es bon, hein.

Enfoiré, va.

Mais semer le doute suffira pas
à sauver Lagnier. Faudra plus.

- J'y travaille, mon poulet.

Portable.

Attends, excuse-moi.

Oui ?

Non, vous me dérangez pas.

Bruit de pas.

- J'ai un peintre
qui doit venir effacer tout ça.

Entrez.

- Pourquoi ils ont écrit ça
au pluriel,

sur le portail ?

- Si vous voulez récupérer des
affaires d'Alex, c'est en haut.

- D'accord.

Une porte s'ouvre.

- Les coups de fil anonymes, les
tags, et après quoi ? L'agression ?

Maman, tu peux pas

rester ici. Fais une valise
et viens à la maison.

- Je préfère rester chez moi.
- S'il te plaît.

- Ca va aller, ma chérie. Désolée,
tu t'es déplacée pour rien.

- C'est pas pour ça
que je suis venue.

C'est pour te parler d'Alex.

Pourquoi t'as menti
quand il est né ?

T'as dit que tu t'occupais de mamie
mais t'étais à l'hôpital.

- C'est pas le moment, là.
- Pourquoi c'est pas le moment ?

Parce qu'il y a Tristan ?
J'ai vu sa voiture.

Ca peut l'intéresser, lui aussi.
Pas vrai, Tristan ?

- Arrête ça !

- Mais pourquoi vous gardez tout
pour vous, dans cette famille ?

Ca te suffit pas,
ce qui s'est passé ?

- Ce n'est pas le moment !
- C'est jamais le moment !

- C'est pas grave.

Porte qui claque.

- Ca va ?

Elle lâche son verre.
- Pardon.

- Tout va bien.

Laissez, je vais Le faire.

Tenez,

c'est une liste des lycéens.
Vous en connaissez certains ?

- Un seul.

Fred Collot.

C'était le meilleur ami d'Alex,
au lycée.

IL allait souvent chez lui,
à Villers-l'Etang.

- Ca pourrait être Fred
qui a dessiné ça ?

- Je sais pas.

- Le monstre, là, vous croyez...

C'est censé représenter quelqu'un ?

- Vous avez entendu
mon échange avec Pauline.

Alors vous en tirez
des conclusions.

Un père qui s'occupe de son enfant,
c'est admirable.

Une mère défaillante,
ça fait tâche.

- Pourquoi, défaillante ?

- Après la naissance d'Alex,
j'ai fait une psychose puerpérale.

J'avais des envies de suicide,
des crises de démence.

Je pouvais être dangereuse pour
moi, pour lui. On m'a internée,

je me suis remise tout à fait
et tout est rentré dans l'ordre.

- Tout est rentré dans l'ordre.
- Tout est rentré dans l'ordre.

- Salut.

- Salut.
- Ca va ?

- Ca va, et vous ?
- Oui. Merci.

- Avec plaisir.

- Tu veux une cigarette ?
- Non, je fume pas.

- T'as raison.

Bon…

Il venait souvent

bosser chez toi ?

- Oui. Mais ça faisait un mois
qu'il était pas venu quand...

Vous voyez.

- Vous vous étiez engueulés ?

- Non. Mais il s'en foutait
des études. Sans ses parents,

il aurait tout plaqué.
Mais son père

était toujours sur son dos.
Quand Alex venait chez moi,

il appelait toujours pour savoir
s'il était là. C'était relou.

Du coup, Alex était obligé
de mitonner pour sortir.

- Mitonner ? Comment ça ?
C'est-à-dire ?

- Ben, le jour où il a été tué,
j'ai vu son père

passer devant chez moi en bagnole.
Or Alex

était pas censé venir.
Mais j'en sais rien.

Peut-être qu'il est passé
par hasard.

Je sais pas.
- Oui, si ça se trouve.….

Et si Alex avait menti,
ça aurait été pour quoi,

à ton avis ? Une copine ?
- Non.

Sinon il aurait été plus heureux.
- Selon toi,

il était pas heureux ?
- Je sais pas.

- Pourquoi

tu dis ça alors ?

- Je sais pas.

- C'est toi qui as dessiné ça ?

- Non, c'est Alex.

Il était doué. IL dessinait
souvent des trucs comme ça.

- J'ai rien trouvé chez lui.
- Il finissait toujours

par les déchirer. Mais celui-là,
j'ai réussi à le sauver.

- C'est toi qui l'as accroché
sur la grille.

Ca représente quoi, le monstre ?

- D'après Alex, c'est la mort.

Portable.

- ALLÔ ?
*-Oui, c'est Pauline.

*Ca te dit qu'on dîne ensemble,
ce soir ?

- Euh, non, ça me fait un peu chier.

*Bien sûr, que ça me dit.

- Tiens.
- Merci.

- J'aurais dû me douter qu'elle
avait menti pour sauver la face.

Comme si une dépression,
c'était une tare.

Et puis

elle était pas heureuse
quand elle attendait Alex.

Comme si elle voulait pas
d'autre enfant.

- Elle voulait pas d'autre enfant
ou pas d'autre enfant avec Marc ?

- Tu sais que c'est pas

mon père biologique ?

- Ton vrai père, tu sais

qui c'est ?
- Non. Ma mère veut pas me le dire.

Je m'en fous, mon père, c'est Marc.

Peut-être que t'as raison.

Qu'elle aimait pas Alex de
la même façon car il était de lui.

- Hé, dis donc,

t'avais pas une maison comme ça
quand on était en terminale.

Pas mal.

Pas mal du tout, même.

Tu sais, je suis pénaliste.

Si t'as fait une connerie,
braqué une supérette,

tu peux me le dire.
- J'ai hérité de mon grand-père.

On a tout pété, avec Alex.
- Ah oui ?

- Oui. Il avait un double des clés.
Quand je suis partie en Inde,

il pouvait venir
pour être tranquille.

C'est lui qui voulait tout
repeindre en noir. Il a pas fini.

Putain, j'ai trop bu.

- Oui.
- Je vais te laisser tranquille.

- Oui.
- On se parle demain ?

Portable.

- Oui ?

Je suis désolé, j'ai fait au mieux.

Qu'est-ce qu’il y a ? Pauline,
qu'est-ce qu'il y a ?

Hé, qu'est-ce qu’il y a ?

*-Je me sens trop mal, Pauline.

*Ca fait des semaines que
j'y pense, je sais plus quoi faire.

*Ca me bousille de l'intérieur.

*Faut que ça s'arrête.

*J'ai peur tout le temps.

*J'en peux plus.

*Je veux pas vivre comme ça.

*Faut que j'en finisse.

- Si j'étais pas partie,
il se serait pas suicidé.

- Tu peux pas dire ça.

IL dit qu'il veut se tuer.

- C'est pas possible.
Pourquoi ton père aurait dit ça ?

Il est pas con. IL risque perpète.
- Je sais pas.

Je vais lui montrer.

- Non. Les matons te laisseront
pas rentrer avec une tablette.

- Mais toi, oui.
- Et t'es pas objective.

Je m'occupe de ton père.
- Je viens avec toi.

- T'as passé le barreau ? Tu peux
pas rentrer dans un parloir avocat.

Ca existe pas.
- Mon frère m'a laissé un message.

Je lui dois ça. Je le dois
à mon père aussi. C'est important.

C'est ça
ou je te donne pas la vidéo.

- OK, je vais me démerder.

- Tire !

- Allez, les mecs.

- Doucement.

*-J'en peux plus.

*Je veux pas vivre comme ça.

*Faut que j'en finisse.

- Hé, Marc.

Vous saviez

qu'il allait mal.

- Ca changerait quoi ?
- Mais ça change tout !

Alex voulait se tuer.

T'as pas réussi à l'en empêcher.
C'est la vérité.

C'est un accident.
- La vérité, c'est…

S'il voulait mourir, c'est que
j'ai pas été un bon père.

- Non.
C'est ça, la vérité.

Et même si c'était vrai,
ça fait pas de toi un meurtrier.

Hein ?

- Pauline a raison. Si vous avez
essayé de l'empêcher de se tuer…

- Y a pas de "si".
- Pauline, s'il te plaît.

Si vous avez essayé de l'empêcher
mais que vous avez pas réussi,

pourquoi n'avoir

rien dit aux flics ?
- Pour protéger ma femme.

- Sérieusement ?

C'est mieux qu'elle croie
que vous avez tué votre fils ?

- Je te demande pas de comprendre.

- Je veux pas que t'ailles en prison
pour un meurtre

que t'as pas commis.
- Chérie…

- Non. Je veux pas te perdre
toi aussi. N'abandonne pas.

- Ecoute, j'ai avoué que j'avais tué
Alex. Plus personne me croira.

- Moi, je te crois.
Tristan te croit.

Mais dis-lui, toi.

- Il va falloir être
très convaincant.

Et bétonner votre histoire.
Je peux rien faire sans vous.

Y aura pas d'autre aller-retour.
La question, c'est :

êtes-vous prêt à revenir

sur vos aveux ?

- Oui.

- Ne te fais pas trop d'illusions
quand même.

Sa version va être difficile
à vendre sans preuve concrète.

- Sors-le de là.
- Je vais faire le maximum.

- Merci beaucoup.

- Mais laisse-moi faire
les choses à ma façon.

Ne parle à personne de cette vidéo.
- À ma mère ?

- Non. À personne.

*-Faut que j'en finisse.

- Cette vidéo doit être versée au
dossier comme pièce à conviction.

- Vous pensez renverser la vapeur
avec ce témoignage ?

Tout indique que Lagnier l'a tué.

La balistique, les tests poudre.
- Ces analyses

ont été faites après les aveux.

Y avait pas lieu
de chercher ailleurs.

- Vous doutez de la rigueur
et de l'objectivité de La police ?

- Ecoutez,

je veux qu'on revoie les analyses
à la lumière de cette vidéo.

Mon client a peut-être voulu
désarmer son fils.

- Si c'était le cas,
pourquoi ne pas le dire

tout simplement ?
- Il y a mille raisons de se taire.

IL s'en veut, il a rien vu venir,
rien pu empêcher.

Pour protéger sa famille.

- De là à préférer passer
pour un assassin…

- Oui. Je sais que c'est difficile
à imaginer.

Mais qui sait comment on réagirait
dans une situation pareille ?

- Très bien. Vous aurez
ces nouvelles analyses.

Je ne devrais pas dire ça,

mais j'espère qu'elles
vous donneront raison.

- Moi aussi.

- T'es tellement pessimiste !
- Non. Réaliste, c'est différent.

Je regarde les faits, c'est tout.
- Les faits, c'est cette vidéo.

C'est son mal de vivre,
ses notes qui chutent,

le témoignage de son pote Fred,
le dessin que tu m'as montré !

Regarde cette photo.

C'est son dernier voyage
avec mon père, en Suisse.

IL a l'air malheureux.

C'est pas rien, ça. Non ?
- C'est pas rien.

Hé…

- T'as des scrupules, toi ?

- Ton père, c'est mon client.

- Oui.….

Y a un truc dans le Code pénal
qui l'interdit ?

Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

Tu me quittes tout de suite ?
T'attends une semaine ?

- On attend une petite semaine.

- Pourquoi tu m'as quittée,
au lycée ?

- Parce que tu me plaisais.
Parce que tu me plaisais vraiment.

- C'est ça.…

- Ben oui. C'est ça.

C'est con, mais c'est vrai.

Tu veux savoir pourquoi ?

A l'époque, je faisais des petits
boulots pour payer mes études.

Le soir, je sortais pas,
je bossais.

C'est pour ça qu'on se voyait pas.

- Pourquoi tu me l'as pas dit ?

- Parce que je suis con.

Parce que je suis orgueilleux,
parce que je suis lâche.

- C'est dommage.

- Oui, bonjour.

Gaëtan Legrand ? Oui.
Me Tristan Delmas à l'appareil.

J'ai quelques questions
à vous poser.

D'accord. Merci beaucoup.
Merci, Olivier.

ALLÔ ? J'entends pas. Allô ?

Oui. Ibrahim Sidi, s'il vous plaît.

T'as dit qu'elle s'appelait
comment ? Margaux Costes. D'accord.

Tu le connaissais un peu, Alex.
Sinon t'aurais pas vu la psy.

*-Je le connaissais vite fait.
Ca fout les boules, sa mort.

- Tu sais s'il avait
des petites amies ?

*-Ben oui, des fois.

- Des fois, ça veut dire quoi,
Margaux ? Ca veut dire beaucoup ?

La dernière, c'était qui ?
*-Charlotte. Mais ça n'a pas duré.

- Charlotte…

Charlotte Nemours, c'est ça ?
*-Oui, Charlotte Nemours.

- Et tu sais pourquoi
ça n'a pas duré ?

*-J'en sais rien.
Demandez-lui à elle.

- D'accord.

Margaux Costes. Elle est con.

Ca sonne à l'autre bout du fil.

Ca sonne.

- ALLÔ ?

*-Charlotte Nemours ?
- Oui.

- Bonjour. Tristan Delmas,

*je suis avocat. Je t'appelle
à propos d'Alex Lagnier.

- Tous les volets
sont fermés depuis 3 jours.

- Qu'est-ce que vous foutez là ?

- On croyait que t'étais partie.

- Non. C'est juste
pour plus vous voir.

Si vous pouviez

aller bavasser ailleurs,
ça m'arrangerait.

- Excusez-moi. Pardon.

Voilà. On les a bien niqués.
- Franchement, merci.

Y avait que toi
qui pouvais me sortir de là.

T'es le meilleur.
- Dana, t'as une mise à l'épreuve.

La prochaine fois, c'est la taule.
- Je me ferai plus choper.

- Non. Tu te tiens à carreau !
- D'accord !

Oh... Maître.

- Fais attention à toi.

Bonjour.

- Toi, t'as du nouveau.
- Pas vraiment.

- Arrête. C'est en rapport
avec le client ou sa fille ?

- Je vois pas ce que tu veux dire.
- Ta caisse était devant chez elle.

- Arrête. Je suis content
car ma cliente a été relaxée.

C'est tout.
- Ah oui ?

- Dis-moi, je vous ai vus,
l'autre jour, à Villers-l'Etang.

Le junkie vous a dit
où était Le corps ?

- Non. Juste qu'il l'a vue
ce jour-là.

Elle avait rencard avec un mec
vers les marais.

- Et bim, vous trouvez le corps.
- Le junkie peut crier son innocence

mais on l'a déferré devant le juge.
Tu faisais quoi à Villers-l'Etang ?

Elle habite pas par là, la petite.
- J'ai vu un pote de son frère.

- Et ?

- Et tu sais très bien
que je peux rien te dire.

- Donc t'as rien.
- Voilà !

Les résultats des nouvelles
analyses sont pas concluants.

- Donc c'est pas perdu.

- Mais c'est pas gagné.

- T'y crois plus.

- Mais non, c'est pas ça.

Mais il nous faut des éléments
concrets. On a rien.

- Comme quoi ?
- Comme des témoins fiables,

par exemple, qui pourraient
attester que ton frère allait mal,

je sais pas, un psy, quelqu'un
à qui il se serait confié.

- Je sais pas.

Sa marraine.

IL allait souvent voir sa marraine,
à une époque.

- C'est qui, sa marraine ?
- Hélène.

Hélène Decaux.

IL sonne.

- Bonjour, maître.

- J'ai un cabinet en ville.
- Je sais.

Mais j'aimerais voir votre épouse.

Alex aimait beaucoup sa marraine.

IL passait du temps ici.
- Il ne venait plus.

- Peut-être qu'elle pourrait
m'aider à mieux le cerner.

- Elle ne le voyait plus.

Il l'a à peine remerciée
du dernier cadeau de Noël,

Ecoutez, ce drame
nous a tous suffisamment affectés.

A commencer par elle. Je veux pas
que vous rouvriez la plaie.

- Très bien.

- Pourquoi tu n'as pas dit
qu'Alex était venu en avril ?

- Ca ne le regarde pas. Et ça n'a
rien à voir avec cette histoire.

- J'en suis pas sûre.

- Hélène, tu m'emmerdes.

- Salut.
- Charlotte !

Charlotte Nemours ?
- Vous êtes flic ?

- Non, avocat.
- J'ai rien à vous dire.

- C'est important. 5 mn.
- J'ai rien à dire.

- C'est important. Ecoute-moi.

- Pourquoi vous êtes Lourd ?
- C'est mon travail, je suis avocat.

Il s'est passé quoi avec Alex ?

- Rien. C'était un bouffon.

Ca vous va ?
- Non, ça me va pas.

Un bouffon ?

Ca t'a remuée, sa mort.
Sinon t'aurais pas vu la psy.

C'était quoi, le problème ?
- C'est à cause de son père.

Un jour, on était dans La chambre.
On s'embrassait.

Mais on faisait rien de mal.

Son vieux a débarqué
et son regard m'a mis les boules.

- Ca veut dire quoi ?

- Je sais pas.
Il m'a lancé un regard space.

- IL t'a parlé ?
- Il m'a dit de partir.

Et Alex
s'est écrasé comme une merde.

- Alex t'a expliqué, pour son père ?
- Il m'a plus jamais reparlé.

Je peux y aller ?

- Oui.

Merci.

Fais gaffe sur la route.

- Café calva à 8h du mat
parce que tu fais plus la une ?

Un café, s'il te plaît, Joe.

- Y a rien qui avance.

- Avec Pauline ou avec son père ?
Si c'est avec lui, ça va te plaire.

Le juge nous demande
un complément d'enquête.

- De quoi tu parles ?

- De ta putain de vidéo. T'as réussi
à semer le doute raisonnable,

comme on dit. Et le juge flippe
à l'idée de se planter.

Alors on doit creuser plus.

Merci. Tu peux te vanter

d'avoir foutu la merde.

- J'ai fait mon boulot.

- Ah oui ?

En défendant la thèse du pseudo
suicide que le père n'a pu éviter ?

C'est n'importe quoi.
- Je te trouve bien sûr de toi.

- Pourquoi Alex se serait suicidé
chez ses parents

alors qu'il pouvait le faire
peinard chez sa frangine ?

T'y as pensé ?
- Ben non, je suis con.

- T'as perdu

une partie de ton cerveau
en prenant l'affaire.

Et l'autre partie
en tombant amoureux

de la fille de ton client.
- Tu deviens lourd.

- Faut que je récupère l'iPad
d'Alex.

- Je te le dépose ce soir.

Tiens. Voilà la bête.
- OK. On va voir

ce qu'elle a dans le ventre.

- C'est quoi, ça ?
- Un programme

de récupération.

Voilà.

Ces 2 fichiers,
on a écrasé leur contenu.

- Ca, c'est 2 fichiers écrasés ?

On peut les récupérer ?
- Non.

Même les keufs peuvent pas.
Ou alors les Experts Miami.

- Attends, on peut bien…
- Non, désolée.

- Non.
- On peut rien faire ?

Hé… T'as vraiment
besoin de ces fichiers ?

- À ton avis ?

- Je te demande, parce que
je suis en mise à l'épreuve.

Mon avocat m'a dit de pas déconner,

de rester droite…
- C'est bon, t'as fini ?

- Oui, j'ai un logiciel
capable de récupérer ça.

Ce logiciel vaut une blinde.

Allez.
- N'en fais pas trop non plus.

- C'est parti.

- Oui.
- C'est toi, ça ?

Tu vois ?

- C'est pas mal.
- Eh oui.

Téléchargement terminé.

Tu déconnes pas, hein ?

*-Le monstre.

*IL a étouffé la fille.

*Avec de la terre.

*Plein de terre.

*C'était comme un mauvais rêve.

*C'est sûrement un rêve.
Le lendemain, y avait rien

*dans les journaux.

*Le cauchemar.

*Ca fait des semaines que je l'ai
pas eu et il est revenu. Le même.

*La terre,

*le monstre…

*IL étouffe La fille.

*Sauf que cette fois,
c'est pas la même fille.

*Ni le même endroit.

*C'est à Givry que ça se passe.

*Et la fille, je la connais.

*Elle s'appelle Joséphine.
Bruit de porte.

*Je l'ai rencontrée à la soirée.

*Elle existe.

*IL la traîne,

*derrière La croix,

*sur le chemin Noir.

*IL creuse un trou.

*Il la met…
Tristan arrête.

- Oh, putain.

Ca va ?

- Pourquoi tu t'intéresses
à ce bled ?

- Tu connais ?
- Oui, enfin,

mon père a une cabane de chasse
dans le coin.

Quel rapport avec l'affaire ?
- Aucun rapport.

J'ai un client qui habite là-bas.

- Je vais m'habiller.
- Ca marche.

Chiens qui aboient.

Je suis complètement taré.

*C'est en rasant
les entrepôts Dantin

*que Les ouvriers ont découvert
un corps sous les gravats.

*On ignore l'identité de
la victime, qui serait une femme.

- Kathy Balard, maintenant elle.
- Ce serait le même tueur ?

- Même profil de fille, même mode
opératoire, la terre dans la gorge.

Oui, c'est le même enfoiré.

- Une chance que vous l'ayez chopé.
- Le junkie ?

Non, il a pas pu tuer la fille de
la casse. Sa mort remonte à 8 mois.

A cette époque, il était en taule.
- Et La fille, tu La connais ?

- Une gamine de 16 ans qui a fugué
en avril dernier, Joséphine.

Tu gardes ça pour toi.

Pour une fois
qu'on a un peu d'avance.

- Désolé, je suis en speed.
Faut que j'y aille.

Je t'appelle ce soir.

Ciao, Joe !
- Salut.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Mauvaise nouvelle ?

- Oui.

Oui, j'ai une mauvaise nouvelle.

On a retrouvé Le corps
de Joséphine,

dans les décombres.

Les décombres des entrepôts.

C'est pour ça que vous vouliez
pas vendre le terrain ?

Dites-moi qu'il n'y avait pas

de lien entre vous et cette fille.
Ou avec l'autre fille, Lola,

dans le lac de Saint-Jeannet,
ou avec Kathy Balard, repêchée

dans l'étang de Villers. Dites-moi
que c'est un mauvais film !

Putain, c'est pas vrai.

J'ai pas pu me tromper
à ce point-là.

- Qu'est-ce que tu croyais ?

Je t'ai toujours dit
que j'avais tué mon fils.

Il avait compris que c'était moi
et il allait tout dire.

Je pouvais pas le laisser faire.

- Alors vous lui avez mis une balle,
comme ça, de sang-froid ?

- Oui. Sur le moment, ça m'a paru
être la seule solution.

- Vous auriez pu vous dénoncer

ou vous buter aussi.

- Oh, ben non. J'ai paniqué.

J'ai paniqué. Et de toute façon,

après, dire la vérité
n'aurait servi à rien.

Juste faire souffrir encore plus
Pauline et Valérie.

- Mentir à votre fille,
ça vous dérange pas.

- Je t'ai rien demandé. Et surtout
pas d'impliquer ma fille là-dedans.

C'est toi qui voulais savoir,
comprendre.

- Ca a dû vous faire bander,

quand je me suis démené comme
un con pour prouver le suicide.

- Ca faisait bien tes affaires,
M. L'avocat ambitieux.

Cette vidéo, c'est toi qui l'as
portée au juge, pas moi. Non ?

- Quand vous l'avez regardée,
cette vidéo,

ça m'a fait mal pour vous.
Alors qu'en fait, c'était juste

une façon de vous sortir

de ce merdier.
- Oui.

Et c'est cette ligne de défense
que tu vas plaider, M. L'avocat.

- M. L'avocat, il vous emmerde.

Allez vous faire foutre.

- Je ne veux pas
entendre vos arguments.

Je vous l'avais bien dit.

Vous vouliez l'affaire,
vous la gardez.

D'autant que la date du procès
a été fixée.

Vous serez là,
que vous le vouliez ou non.

Vous avez un mois
pour vous préparer.

Je vous rappelle votre serment.
Quoique vous ait dit votre client

pour sa défense, c'est ça

que vous devez plaider. Sinon,

il peut vous faire radier du
barreau. Je ne m'y opposerai pas.

Alors faites votre travail
jusqu'au bout et faites-le bien.

Sinon je ne vous louperai pas.
Allez-y.

IL marmonne.

Le portable vibre.

*-Joséphine, Lola, Kathy,

*on sait maintenant de source sûre
qu'il n'y a qu'un seul tueur.

*Un tueur toujours en liberté
plongeant dans l'angoisse

*les parents d'adolescentes.

*Les parents arrivent
sur le lieu du drame.

On sonne.

- Tristan ! Je sais que t'es là,
j'ai vu ta voiture. Ouvre !

- Oh hé ! Putain, c'est bon !

- Qu'y a-t-il ?

- Mais rien, putain !
Tu veux un café ?

- Non, je suis pas venue là
pour un café. T'es malade ou quoi ?

Pourquoi tu réponds pas
à mes appels ?

Tristan !
- Oh hé ! J'ai mal dormi.

Je dois me concentrer sur le procès
et avec toi, j'y arrive pas.

- Arrête tes conneries.

J'avais un parloir avec mon père,
hier, il a pas voulu me voir.

- Pauline, ton père est mon client.
Ce qu'il me dit est confidentiel.

Tu le sais très bien.
- Tu te fous de moi ?

Ne te planque pas
derrière ton serment.

- On baise ensemble
mais je ferai pas d'exception.

- Quoi ?

Va te faire foutre.

- Pauline !

- Ta gueule !

- Pauvre con, va.

Toi aussi, ta gueule !

- Mon Dieu, les brocolis,
c'est dégueulasse. Les choux...

Ah, connasse !
- Y a un problème ?

- C'est toi qui as un problème.
Je te connais, t'es une connasse !

Une connasse ! Ca se voit sur
ta gueule que t'es une connasse !

- Valérie !

- Lâche-moi ! T'es qui, toi ?
Pour qui tu te prends ?

Tu peux même pas voir toutes
les poufs que ton mec se tape !

Et toi, là, Paul ! Paul !

Pendant combien de temps tu vas
croire que ton fils est hétéro ?

Jusqu'à ce qu'il en crève ?
Il va en crever !

- Calme-toi.
- Prenez vos grands airs.

Lâchez-moi. Moi non plus,
je voulais pas voir.

Moi non plus.

Et ça vous emmerde !

- Valérie !

- Ca fait exploser
votre petit monde de merde ! Ha !

Lâchez-moi !

Je voulais pas voir.

- Mon Dieu, Alex, qu'est-ce qui
se passe ? Que t'est-il arrivé ?

- J'ai vu un truc horrible.
J'ai eu peur.…

J'ai fait un cauchemar.
- Paul !

Qu'as-tu vu de si horrible ?
- Je sais pas…

- C'était quoi,

qui t'a fait si peur ?

- Que faisais-tu dehors,

en pleine nuit, par ce froid ?

- J'étais….

J'étais au cabanon avec papa.

Et…

- Tu n'es pas venu

à pied depuis là-bas ?

- Non.
Non, on est rentrés à La maison.

Et j'étais claqué.
Alors je suis allé me coucher.

Et…

J'ai dû faire un cauchemar.

Enfin, ça m'est déjà arrivé.

Ca pourrait être du somnambulisme.

Et…

Je me suis réveillé dans le jardin.

J'avais claqué la porte
et j'avais pas les clés.

- Et ton père, il était pas là ?

- Il est parti rechercher
son portable, au cabanon.

- J'appelle ta mère.
- Ca sert à rien.

Maman est à Paris,

pour le week-end.

Je suis juste venu vous demander
le double des clés.

- Et mon mari l'a ramené chez lui.
IL dit que ça n'a rien à voir

avec ce qui s'est passé,
mais moi, ça me travaille.

- Vous en aviez parlé
aux parents d'Alex ?

- Oui, à Valérie. Ca l'a énervée.

Alex n'avait pas le droit de sortir
à cause de ses résultats scolaires.

Elle n'était pas contente
que Marc l'ait emmené au cabanon.

L'état d'Alex me préoccupait.

- Et pas elle, visiblement.

- Je lui ai conseillé
d'emmener Alex consulter.

Je lui ai même indiqué
un très bon psy pour ados.

- Et elle l'a fait ?

- Je sais pas.

Après ça, elle a mis
de la distance avec moi.

- Vous saviez
qu'elle avait été internée,

après la naissance d'Alex ?
- Non.

Mon Dieu, la pauvre.

Peut-être qu'elle ne voulait pas
voir qu'Alex allait mal.

Je m'en veux.

J'aurais dû insister.

Essayer de parler avec Alex
de nouveau.

*-C'est sûrement un rêve.
Le lendemain, y avait rien

*dans les journaux.

-26 février.

26 février…

26 février, putain.

Lola faisait un stage de ski
à Saint-Jeannet.

La dernière fois qu'on l'a vue,
c'est le 25 février, à 20h30.

Or quelques heures plus tôt,

vous vous êtes cassé la jambe
sur une piste et nuit à l'hosto.

En aucun cas,
vous n'auriez pu l'enlever.

Et encore moins la tuer.

La vérité, Marc, c'est que…

celui qui a tué Lola,
Joséphine, Kathy,

c'est votre fils.
C'est ça, la vérité.

- IL n'avait pas cessé
de regarder cette fille, au resto.

Il l'a même abordée
en allant chercher des cafés.

Sur le moment, j'ai pris ça
pour ce que ça semblait être.

Cette fille lui plaisait.

Puis j'ai appris qu'elle avait
disparu quand j'étais à l'hosto.

On avait retrouvé son corps
dans le lac.

- Pourquoi vous avez pensé
que c'était Alex ?

- Parce qu'un jour.…

IL avait 6 ans,
je l'ai amené à la chasse.

J'avais tiré un lièvre.
Alex a foncé le chercher.

Quand je l'ai rejoint,
le lièvre était juste blessé.

Mon petit garçon l'achevait en lui
bourrant de la terre dans la gorge.

C'est le regard de mon gamin. C'est
comme s'il ne ressentait rien.

IL ressentait rien.

- Lola….
Vous en avez parlé avec lui ?

- Non.

Je me suis voilé La face,
je me suis dit que je me trompais.

Mais il était mal avant
que je l'emmène à la montagne.

- Et après ça, il allait mieux ?

- Pendant quelque temps, oui.
Mais à la rentrée, ça a recommencé.

Une semaine avant Noël, Valérie
passait le week-end à Paris.

J'ai amené Alex au cabanon.

- Givry, la fête.

- À un moment donné,
je l'ai perdu de vue.

Quand je l'ai retrouvé,
il draguait cette fille.

On est allés se coucher,
on est rentrés au cabanon.

Je dormais à moitié
quand je l'ai entendu sortir.

Et quand je l'ai enfin repéré,
c'était trop tard.

Il finissait d'enterrer
cette pauvre fille.

- Au pied de la croix de pierre.

Alex a fait une vidéo où il parle

de son cauchemar.
Comme si c'était un autre que lui.

- D'une certaine façon, c'était pas
lui. IL était en transe.

Je lui parlais, il m'entendait pas.

On est rentrés, je Lui ai dit que
j'allais rechercher mon portable.

Je l'ai mis au lit,
j'ai attendu qu'il dorme.

- Et vous êtes reparti
dans la forêt.

Il tousse.

Vous avez caché Le corps
dans les entrepôts.

En espérant qu'il referait
jamais surface.

- J'étais terrifié à l'idée
qu'on puisse remonter à mon fils.

Et terrifié aussi
à l'idée qu'il recommence.

- Il aurait pu voir un psy.
- Je l'y ai emmené.

On est allés en Suisse,
en Belgique, sous un faux nom.

On m'a parlé de sociopathie,
de schizophrénie.

Il a eu des médocs.

- Ca n'a pas suffi, c'est ça ?

C'est pour ça
que vous avez viré Charlotte

de sa chambre.
- Je l'ai éloignée de lui.

- Oui. Jusqu'à la suivante.

- J'étais au téléphone quand
je l'ai entendu partir en scooter.

Je l'ai appelé,
il avait coupé son portable.

- Vous l'avez suivi
jusqu'à Villers-l'Etang.

Et Fred vous a vu passer.
- Je suis arrivé trop tard.

Il venait de jeter cette fille
dans le marais.

- J'ai peur, papa.
- Calme-toi.

- J'ai tout Le temps peur.
J'en peux plus.

- Calme-toi.

- J'ai refait ce cauchemar.

Le monstre, La terre,
il étouffe ces pauvres filles…

J'en peux plus, papa. Il faut que
ça s'arrête. Je deviens dingue.

J'en peux plus, de tout ça.

Faut que ça s'arrête.

- Je vais trouver une solution.
Je te le promets.

Une porte s'ouvre.

- Tu m'as fait peur.

Qu'est-ce que tu fais ?
T'es malade ?

- Non, non.

- Les traces de boue
dans le couloir ? C'est Alex ?

- Non, c'est moi. Je nettoierai.

C'était bien, ta soirée ?
- Le dîner, super.

Mais alors le film, Un vrai navet.

Je comprends pas comment il a pu
être encensé par la critique. Nul.

Bon, je vais me coucher.
Je suis fatiguée. Tu viens ?

- J'arrive.

On va partir, tous les deux.

- Où ça ?

- Faire Le tour du monde en bateau.
Depuis le temps qu'on en parle.

- Et le bahut ? Maman voudra jamais.

- On lui dira rien.
On fera le mur, la nuit.

- Demain soir ?

- Demain soir.

Allez, dors.

Je t'aime fort, tu sais.

- Fort.

C'est ce que tu disais
quand j'étais petit.

- Je t'aime fort, fort.

Fort.

Coup de feu.

- Hé !

Votre fils était malade.

Tout ce que vous avez fait,
c'est par amour pour lui.

C'est ça qu'on va plaider. Quand
les jurés vous entendront raconter

ce que vous venez de me raconter,

je suis sûr que beaucoup
comprendront.

- Non, je peux pas faire ça.

- Pourquoi ?

- Valérie est déjà détruite,
mais Pauline, t'as pensé à elle ?

Le petit frère qu'elle adorait,
un monstre !

Tu peux me garantir
qu'elle supportera ça ?

Qu'elle s'en remettra ?
Qu'elle aura une vie après ça ?

Non, tu peux pas.
Et je prendrai pas ce risque.

J'ai déjà fait assez de mal
autour de moi.

Alors Alex s'est suicidé, j'ai pas
pu l'en empêcher. Reste là-dessus.

- D'accord…

Et si je me plante ?

Si je convaincs pas les jurés ?

Vous êtes bon pour 30 ans.

30 années de taule, Marc.

Vous êtes prêt à risquer ça ?
- Oui.

- Et les familles des victimes ?

On s'en tape ?

- On fait jamais le deuil
d'un enfant.

- Non, Marc. Je vais pas
vous laisser faire ça.

- T'as pas le choix.

- Pardon ?
- T'as pas le choix.

T'as prêté serment, Me Delmas.

Tout ce qui s'est dit ici,
entre nous, n'a jamais existé.

- Allez.…

Merde.

Non, l'appelle pas.

- C'est un pote. J'arrive.

Putain, mec !
Qu'est-ce qui t'a pris ?

- Je suis un con.
- Je confirme.

Tu roules avec 0,5 g dans le sang,
tu te prends la tête avec le mec

à qui t'as grillé La priorité
et tu fais chier les collègues.

- Putain, je suis dans la merde.
- Ca va, y a pas mort d'homme.

- Si, je suis dans la merde.

- Si c'est pas Pauline qui t'a mis
dans cet état, c'est son père ?

C'est pour ça que t'as essayé
de me joindre, cette nuit ?

Tu sais la vérité, c'est ça ?

Qu'est-ce

qu'on n'a pas vu ? Hein ?

Tu sais pourquoi j'ai arrêté

le droit pour faire flic ?
- Les 6 ans d'études ?

- À cause de ce putain
de serment client et avocat.

C'est de la merde.
J'ai jamais pu saquer les avocats.

T'as beau être mon pote,
là, je te déteste.

- Merci, mon pote.

T'as raison. Les serments,
parfois, c'est de la merde.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- M. le président,

madame, monsieur, La cour,

madame le premier juré,

mesdames et messieurs les jurés,
ce que je vais vous demander

est difficile.

Ce que je vais vous demander
aujourd'hui,

c'est de réfléchir
à la signification du mot "tuer".

Qu'est-ce que "tuer"

signifie pour vous.

Oter la vie,

faire disparaître,

sacrifier.

Je voudrais rappeler l'étymologie
du mot "tuer".

"Tutare", en latin.

Eteindre un feu.

Etouffer.

Tuer, mesdames et messieurs les
jurés, c'est donc aussi parfois

une forme de courage.
Madame la présidente,

mon client, Marc Lagnier,
aime sa famille.

Comme vous, M. Le premier juré.
Comme vous tous,

mesdames et messieurs les jurés.

Le travail d'un père
qui aime son fils,

c'est de lui donner les clés
pour se construire.

C'est de le protéger.

Et quand cet enfant grandit,
qu'il fait ses propres choix,

il vous échappe.

Un jour, cet enfant,
c'est un adolescent.

Et il peut devenir un étranger

qui ne vous parle plus
de ses peines, qui s'isole,

qui prend de la drogue,
qui sèche les cours,

qui s'enferme dans sa chambre.

Et malgré tout cela, cet enfant,
vous continuez

à l'aimer. Parce que cet enfant,
c'est votre sang,

votre famille,
c'est une partie de vous.

Ce que je vous demande

d'imaginer, mesdames et messieurs,

c'est de vous mettre
à la place de mon client,

quand il a découvert
que son fils était malade.

Atteint d'une maladie
qui vous ronge l'âme.

Atteint d'une maladie
qui vous étouffe,

qui vous fait voir le monde
sombre et noir.

Atteint d'une maladie
qui vous empêche de vivre.

Qu'est-ce que vous auriez fait ?

Qu'est-ce que vous auriez fait
à sa place ?

Marc Lagnier a tué

son fils.

- Non. Je demande….

- Il est revenu

sur ses aveux, maître.

- Ce que j'essaie de faire
comprendre, c'est jusqu'où

un père peut aller par amour.

- Silence, s'il vous plaît.
- Mon client, Marc Lagnier,

est un père de famille
qui aimait son fils.

- Un peu de silence,

mesdames, messieurs.
- Mon client, Marc Lagnier,

dont le nom a été plus que sali
ces dernières semaines, mon client

a tout fait, tout, pour protéger
son fils, mais il a échoué.

Et c'est pour ça
qu'il a choisi de mentir.

C'est pour ça qu'il a choisi

de s'accuser. Et aujourd'hui,

mon client est convaincu
qu'il l'a tué, ce fils.

Mon client
se sent profondément responsable

de ce suicide,
parce qu'il n'a pas su l'empêcher.

C'est ça,

la vérité.

Alors….

Madame La présidente,

mesdames, messieurs les jurés,

l'amour d'un père pour son fils

est-il condamnable ?

Je ne crois pas.

- Mlle Lagnier, vous devez être
soulagée par ce verdict.

- Oui.

Euh, pardon.

Tristan !

Merci beaucoup, vraiment.
T'as été génial.

Je raccompagne mon père
et je te rejoins.

- Je t'aime.

- Hé, bravo.
Ton truc du suicide, super !

Mais t'inquiète pas,
je trouverai ce qui s'est passé.

- J'espère, oui.

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