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- On grimpe.

- Mais c'est trop dangereux,
Francis.

- Plus t'es haut et plus le bourdonnement
électrique est fort.

Ça donne des sueurs froides.

Mais si t'arrives au sommet...

alors là, petit frère,
t'es le roi du monde.

La vue, là-haut, c'est magique.

Mais un seul mauvais pas...

Si ta main frôle ce métal
incompatible avec ton corps...

tu vas griller sur place.

Tu veux finir comme ça ?

Alors quand tu grimpes,
fais très attention.

Faut jamais que
tu me perdes de vue.

Je veux que tu suives
chacun de mes gestes.

Avant de faire un pas,
surtout réfléchis bien.

Et rappelle-toi
tous tes mouvements

jusqu'à ce que t'arrives
au sommet.

Si jamais t'oublies un détail...

t'es foutu.

10 ANS PLUS TARD

- T'as pas froid
habillé comme ça ?

- Non, ça va.
On est pas loin.

T'as l'air bien, Aisha.

Attention à la marche.

T'inquiète, on dormira pas
dans le même lit.

Je prendrai le canapé du salon.

Euh... Je t'ai sorti une
serviette et des draps propres.

- Hum... alors,
ta mère a arrêté de parler ?

- Non, elle parle...

Mais pas très souvent.
Encore moins le soir.

- Euh... Je suis...
je suis désolée.

Je... j'aurais pas dû
venir ici.

Je... j'ai l'impression
de déranger.

Tu sais, je pense encore
à Francis.

- Francis, Michael,
venez vite, je dois partir !

Vous avez de quoi manger.
Du ragoût de poulet et du riz calalou.

Francis, aide ton frère
à faire ses devoirs.

Surtout, vous n'ouvrez
la porte à personne.

Vous ne devez jamais allumer le four ou
la cuisinière, c'est clair, Francis ?

Je te préviens, gare à tes fesses si je
reviens et que ton frère ou toi êtes blessés.

Et rappelez-vous,
pas de télévision après 8 h.

J'appellerai à 9 h
pour vous souhaiter bonne nuit.

Je rentre à 6 h, demain.

Il faut que j'y aille.
Je suis payée à temps et demi.

- Allez, viens.

- Je t'aime, maman.
- Hum-hum.

- Je t'aime.
- Moi aussi.

- Salut, Francis !
C'était trop cool hier.

- T'aurais dû venir,
on a passé une super soirée.

Et la lame dévie
légèrement de sa trajectoire.

C'est un dispositif de sûreté
très utile.

Il se déclenche automatiquement
au moindre coup saccadé

ou dès qu'il y a
un mouvement brusque.

- Hé, toi !

Michael, viens là.

Allez, viens.

T'écoutes quoi ?

Yo, sérieux,
c'est quoi cette merde ?

- Rends-moi...
- Hé, il écoute de la sale musique de Blancs.

- Rends-moi mes écouteurs.
- Yo !

Tu fais quoi, là ?

- Hé, respect, Francis.

- Tu touches plus à mon frère,
compris ?

- Ouais, mec.
C'est cool.

- On se voit à la maison.

- OK.

- Tu viens, Aisha ?

- C'est un petit cadeau
pour toi.

Hé, prends ton temps, hein ?

- Merci, c'est cool.
- Y a pas de quoi.

Hé, laisse personne
te manquer de respect, d'accord ?

Et te fais pas d'ennemis.

- Tes amis, c'est des cons.

- OK, d'accord.
T'as rien compris.

Je vais peut-être
abandonner l'école.

De toute façon, les orienteurs nous
envoient tous en cours de menuiserie.

Et je veux pas être charpentier.

- Mais t'auras ton diplôme
dans trois mois.

Tu sais que maman va te tuer.

Tu vas faire quoi ?

- Aucune idée.

Peut-être travailler
dans la musique.

T'inquiète, j'y pense,
c'est tout.

- Salut, je euh...
Est-ce que je peux m'asseoir ?

- Oui.

Y a quelqu'un ?

- Hé, euh...

désolé, je, hum...
Ce livre est tellement cool.

- Ouais.

Oedipe roi,
c'est ma pièce préférée.

Oedipe a tué son père
et puis il a baisé sa mère.

- D'où tu viens ?

- Euh... quoi ?

- D'où vient ta famille ?

Mon père est d'origine jamaïcaine
et ma mère était Portugaise.

- Ma mère est Jamaïcaine et...

mon père, j'en sais rien.

- Comment ça se fait ?

- Ma mère parle
presque jamais de lui.

- Oh...

- Euh, et sinon...
pour ta mère ?

- Elle est morte
quand j'étais bébé.

C'est mon père qui m'a élevée.

Ma mère était nounou
et mon père était jardinier.

Ils travaillaient pour
la même famille à Rosedale.

Je suis une fille
de domestiques.

Je connais ton frère, Francis.

Il est très populaire dans le quartier.
- Ouais.

- Les filles du coin en sont folles,
elles parlent de lui sans arrêt.

- Hum-hum.

- Je m'appelle Aisha.
- Je sais.

Michael.

Moi, c'est Michael.

- Salut, Michael.

- Salut, Aisha.

Non, laissez-moi tranquille !

Arrêtez !

Je le jure, j'ai rien fait !

- Tu crois que
tu vas m'échapper ?

Hein, espèce de sale fils
de pute ?

- Qu'est-ce que tu regardes ?
- Attrapez-le !

- Prends ça ! Tiens !

Tiens !

- Donne-moi ça.

- Oh, ouais !

Il s'est pissé dessus.

- Tout ce quartier est à moi,
t'entends ?

Espèce de sale bâtard !

- Allez, on y va.
- Il a eu ce qu'il méritait !

- Ça va, Michael ?

- Yo.

Yo, yo !

Est-ce que ça va ?

Un autre braquage a eu lieu
à Scarborough, aujourd'hui...

- Quand est-ce que maman
rentre à la maison ?

- Demain matin.
Arrête de faire le bébé.

La police de Scarborough est actuellement
à la recherche de deux suspects noirs,

qui seraient armés et dangereux.

L'attaque d'aujourd'hui,
entièrement filmée, a fait un mort.

Attention, les images
qui vont suivre

pourraient choquer
certains téléspectateurs.

Si vous avez des renseignements
sur l'un de ces hommes,

veuillez appeler
la ligne d'urgence de la police.

- Pendant ce temps, à Newmarket,
les forces de l'ordre

sont toujours à la recherche
de deux individus,

qui ont sauvagement agressé un couple de
personnes âgées à leur domicile, vendredi soir,

vers 22 h.

Les deux victimes, un homme de 78 ans et
une femme de 80 ans,

ont survécu à leurs blessures, et ils
reposent à l'hôpital dans un état stable.

Les auteurs des faits ont plusieurs
fois été aperçus par des voisins,

rôdant
près de la maison du couple.

Un portrait-robot partiel des suspects
a pu être établi

et les policiers continuent leur
enquête auprès du voisinage.

- Les garçons !

Francis !

- C'est Michael, il avait peur.

Je suis là, maintenant.

Désolée, ça a été long.

- Je l'ai sucré
comme tu aimes, maman.

Merci, Francis.

Merci, Francis.
- Ouais.

Tiens ta serviette.

Tu veux que je te prépare
un thé, maman ?

- Non, non, merci,
ça va, mon grand.

Il fait trop chaud pour boire du thé.
- D'accord.

- Où est-ce que tu vas ? Je vais
bientôt vous faire à manger.

- Je vais... voir des amis.
- Quels amis ?

Je ne veux pas que tu traînes avec
des voyous, tu m'entends, Francis ?

- C'est pas des voyous,
t'es parano, maman.

- Qui t'a appris à parler
comme ça ?

« T'es parano, maman. »
Pas de ça chez moi.

Je t'ai pourtant appris
à parler correctement.

- D'accord,
je vais rentrer manger.

- Et emmène ton frère.
- Pourquoi ?

Non, pas question.

- Je préfère rester ici.

- Et là, on a couru
après ce bâtard.

On l'a pourchassé comme un lapin.
- Cool, t'es venu.

- On l'a rattrapé et je l'ai aspergé
d'essence. Il tremblait comme une fillette...

- Hé, salut ! Hé.
- Salut ! Ça va ?

- Parce qu'il méritait qu'on se
serve de lui comme exemple.

- Salut.
- Vous l'avez fait ?

- Mais évidemment qu'on a pas
mis le feu à ce bâtard !

Yo, Francis.
- Ça va, Anton ?

- Ouais, c'est cool.
Où j'en étais ?

Ah ouais, à la fin, ce fils de pute a
tellement eu peur qu'il s'est pissé dessus.

Quoi de neuf ?

- Ça va ?
- Ouais.

- C'est super.

- Ouais, mec.

Fille sexy en approche !

- Oh, salut !

Tu vas bien ? Ça va ?

Tu connais Jelly ?
- Salut.

- Bonsoir.
- On va dans le studio.

Par ici, ma belle !

Yo. T'as vu ?

- Mais ouais, n'importe quoi.

Compte de
nombreux parcs et réserves.

Le parc national du Serengeti
est l'un des plus célèbres.

Il s'étend sur 1,5 million
d'hectares

et héberge une importante migration
annuelle de gnous et de zèbres.

- Alors, l'étagère à épices
de Francis, maintenant.

Vous voyez la différence ?

- Non.

- Aucune des tablettes
n'est droite.

- Quoi ? Je... je les trouve
droites, moi.

- Vous avez pris un niveau
pour les installer ?

- Ouais.

- Je vous promets que vous ne
ferez pas long feu, dans un vrai atelier

si vous ne vérifiez pas
correctement votre travail !

Vous pouvez faire mieux,
Francis.

- Va te faire foutre, et ton cours avec,
j'arrête tout.

- Quoi, pardon ?

- J'ai dit : Va te faire foutre, et ton cours avec.
- Ça va pas ?

- Un responsable
à la caisse six. Merci.

Un commis est demandé
au rayon quincaillerie.

Un commis est demandé au rayon
quincaillerie. Merci.

- Ouah.

- Ma mère travaille
jusqu'à 19 h.

Et mon frère sera pas là
avant un bon bout de temps.

- Est-ce qu'ils sont à toi ?

- Non, c'est ceux de mon frère.

Il veut être producteur,
comme Dre.

Mais jusqu'ici,
il a pas eu de chance.

- Eh bien, ses goûts sont
vraiment très variés.

Regarde : LL Cool J, Nina Simone,
Talking Heads et...

Anne Murray ?

- Non, ça... c'est ma mère
qui lui a donné.

Pour elle, c'est
la meilleure musique du monde.

- Viens près de moi.

- OK.

- Ça va, Goose ?
- Salut, Francis.

- T'as un problème ?

Voyons voir ça...

Et voilà, c'est réparé.

Tape là-dedans.

Ouh !

- Francis...

Qu'est-ce que tu fais là ?
- J'habite ici, non ?

- Oh, c'est euh... c'est Aisha.

- Ouais, on se connaît déjà.
Ça va ?

Super.

On était dans le...

même cours de maths
en troisième secondaire.

La meilleure élève de l'école.

- Euh... je suis pas sûre de ça.

- Eh bien... c'est...

- Hum, j'aime beaucoup
tes goûts musicaux.

- Merci. T'as un faible pour...
euh, Eric B et Rakim ?

- Oui. Rakim, c'est le meilleur
rappeur de tous les temps.

C'est vrai.

« I hold
the microphone like a grudge...

B'll hold the record
so the needle don't budge.

I ain't no joke !

Tu me plais.
T'es une passionnée.

C'est rare.

- Hum...

Je dois y aller.

On se voit bientôt ?

- Ouais, ouais, demain.
À la bibliothèque.

- D'accord.
- Ouais.

- À demain.

Salut.

- Est-ce que maman est rentrée ?

- Non, elle sera là vers 19 h.

- D'accord.

- Tu les connais ?

- Non, ils sont pas d'ici.

Peut-être de Flemingdon.

Y cherchent quelqu'un,
on dirait.

Je vais partir.

- Quoi ?

Quand ?

- Bientôt.

Dans quelques semaines.
J'ai des détails à régler.

- Et pour maman ?

- Je lui dirai bientôt.

T'inquiète pas, petit frère.

Elle va comprendre.
Tu vas voir.

- Mais...
- Elle va s'en remettre.

Une bouche de moins à nourrir,
c'est bien, non ?

- Elle a besoin de toi.

- Arrête, Michael.

C'est pas comme si
je l'abandonnais.

J'enverrai de l'argent.

Et puis...

elle est plus forte
que tu crois.

T'imagines même pas
à quoi elle a survécu.

On prendra soin d'elle ensemble.

Je dois partir.

Allez, on rentre.

Non, toi, ferme-la !

Fils de pute !

- Va te faire foutre !
- Dégagez d'ici !

- Oh, ouais.
Tu te prends pour qui ?

Tu nous fais pas peur, Anton !
- Ah ouais ?

- T'as intérêt à retourner
dans ton sale trou à rats.

- T'es plus rien.
- Quoi ?

- Vas-y, répète ça,
et vous êtes morts !

- Hé ! Tu vas le regretter,
sale bâtard !

- Laisse tomber
et on te fera rien.

- Tu me cherches, connard ? Hein ?

- Tu fais quoi, là ?

- Foutez le camp ou vous êtes morts, d'accord ?
- Ouais, dégagez !

- Allez, fais-le !
- Occupe-toi de lui !

- Vas-y, qu'est-ce
que t'attends ?

- Attention, Anton.
- Il est même pas chargé.

- Recule, c'est dangereux.
- Le fils de pute a peur !

- Je t'avais dit de plus jamais
remettre les pieds dans mon quartier !

Ici, c'est mon territoire... Ça
fait vingt ans que j'habite là !

- Vingt ans que tu joues
au petit chef !

Toi et tes petits soldats,
vous êtes foutus !

Yo !
- Tu vas faire quoi avec ça ?

Arrête, t'es fou ?

- Restons pas là !
- Où est-ce que tu vas comme ça ?

- Francis ! Non !

Francis !

Francis, Francis !

Francis !
- Anton !

- Allez. Allez !

Hé.

- Je prépare le petit-déjeuner.

- Ça va aller, maman.
Laisse tomber.

Je dois aller travailler.

- Oh...

- Laisse ça.
Laisse. Hé, viens.

Viens t'asseoir.
Je vais faire à manger.

- Je peux pas m'asseoir,
je... vais mettre la table.

- D'accord.

Je reviens tout de suite.

- Aisha ?

- Cette fille.

Dans ton lit.

- C'est juste une amie, maman.
Aisha.

C'est une ancienne voisine.

Elle vivait près d'ici
avec son père.

C'était une bonne élève.
- Oui.

La jeune fille
qui a eu une bourse.

Elle fait quoi, maintenant ?

- Je sais pas trop.

- Ses jeans sont
beaucoup trop serrés.

- Pas tant que ça, maman.

Son... son père est...
mort y a pas longtemps.

Alors je l'ai invitée à passer
quelques jours chez nous.

- Dans ton lit.

- Elle veut revoir le quartier.

Ici, elle a plein de souvenirs.

- Et donc...

combien de temps
elle va rester chez nous ?

J'en sais rien, maman.

Elle est en plein deuil.

- Pauvre petite.

- F-R-A-N-C-I-S.

Francis.

F-R-A-N...

C-I-S.

S'il vous plaît...
Aidez-moi à le retrouver.

À minuit,
c'est son anniversaire.

- Madame, vous devez
me donner le nom de la ville.

- Maman.

- Allô ?

Vous êtes là ?

Qui essayez-vous de joindre ?

- Je le sais bien.

Il est parti.

Les abeilles sont
des hyménoptères.

Leurs habitudes alimentaires se résument
à la consommation de pollen et de nectar.

Elles sont d'importants...
- On se voit plus tard, OK ?

On compte plus de 20 000
espèces sur la planète.

La plupart d'entre elles
sont solitaires et sauvages,

mais plusieurs sont élevées pour la
pollinisation des récoltes et la production...

- Il faut dormir, d'accord ?

- Michael a peur.

- Oh, viens par là.

De quoi il a peur ?
- Je sais pas.

Peut-être des meurtriers noirs.

- Qui ça ?

- Les hommes noirs
à la télévision.

- On dit « criminels », Francis.

Les criminels sont arrêtés par
la police et ils sont punis.

Il n'y en a pas ici.
On est en sécurité.

- Mais lui, il se sent pas
en sécurité.

- Il n'y a pas de raison.
- Non, on est pas en sécurité.

- Oui, je t'assure, Francis.

Viens là.

Et si on faisait
un pique-nique, demain ?

On pourrait aller au parc
Rouge Valley.

- Un commis est demandé
au rayon de la plomberie.

Un commis au rayon
de la plomberie. Merci.

- Aisha ?

- Mains sur la tête,
couchez-vous à terre !

- Vas-y, fais-le.
- Tout de suite !

- Michael,
mets les mains sur ta tête !

Michael, regarde-moi !
Mets les mains sur ta tête !

- Tu vas mettre tes
putains de mains sur ta tête !

- Ah, tu vas voir !

- Lâchez-le !
- Ça suffit !

- Va te faire foutre.

- Francis.
- Ta gueule !

- Francis.
- Ferme-la, je te dis !

Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Allez, descendez.

Qu'est-ce qu'ils ont fait ?

Négatif.
On n'en sait rien.

Soyez vigilants.

- C'est ma mère.
- C'est bon, allez-y.

À toutes les unités.

Qu'est-ce qui s'est passé ?

Un appel
pour violence conjugale.

- Vous êtes leur mère ?
- Hum-hum.

- Vos fils ont été témoins
d'un échange de tirs.

On ne les considère pas
comme suspects.

- Quelqu'un a été blessé,
monsieur l'agent ?

- Un jeune homme a été tué

et une fillette a été touchée
pendant qu'elle dormait.

Une balle perdue a traversé
le mur de sa chambre.

- Une fillette ?

Pendant qu'elle dormait ?
- Oui, c'est ça.

- Elle est morte ?

Quoi ? Il y a
une petite fille qui est morte ?

- L'enquête est toujours
en cours.

Bonne nuit.

Unité 402, on se dirige vers
le centre-ville.

Parfait.

- Je veux que tu me racontes
absolument tout.

T'entends ce que je dis ?

Raconte-moi,
je veux tout savoir !

Francis !

Est-ce que tu connais
une des victimes ?

Je viens de te poser
une question !

Qu'est-ce que tu fais ?

Où est-ce que tu vas ?
- Nulle part.

- Je t'ai posé une question !
Où est-ce que tu vas ?

- Nulle part.
- Francis, je veux savoir où tu vas !

- Laisse-moi !
- Dis-moi où tu vas ! Ah !

Francis !

- Pardon.

Hum...

- Laisse-moi voir...

- Michael, laisse-moi
tranquille.

Laisse-moi tranquille.

- Qu'est-ce que je peux faire
pour toi ?

- Est-ce que...
Aisha est à la maison ?

- Pourquoi tu veux voir
ma fille ?

- Tout va bien.
- Où tu vas avec ce garçon ?

- Je rentre bientôt. OK ?

- Vraiment ?

Trois voitures ?

- Ouais. Ils ont pas encore
attrapé les tireurs.

Ils courent toujours.

- Et Francis, tu sais où il est ?

- Sûrement au Desirea.

- Tu devrais aller le voir.

- J'y suis pas allé depuis longtemps.
Et il m'a pas invité, donc...

Qu'est-ce qu'ils font là ?

Et avec trois voitures,
c'est n'importe quoi.

C'est Goose.

La petite fille
qui a été touchée.

- Quoi ? Goose ?

La petite qui se balade toujours
sur son vélo bleu ?

- Ouais.

Ils disent que son état
est stable.

Et aussi qu'elle a eu
de la chance.

Bon, je dois y aller.

- Hé, les gars, venez par ici !
Je veux vous parler.

- Ton père était
vraiment très fier de toi.

Il racontait à tous les
Antillais qu'il croisait

que sa fille avait eu
une bourse d'études.

- Aisha est programmeuse
informatique.

- Oui, et je suis
une travailleuse nomade.

Dans les trois derniers mois,
j'ai travaillé à Manille,

Austin, Kampala...

- Kampala ?
- Ouais.

C'est là-bas que j'étais
quand papa a appelé.

- Hum.
Je suis désolée pour toi.

- Quand papa est mort,
j'ai appelé Michael.

Et il m'a invitée à venir passer du
temps dans mon ancien quartier.

Alors j'ai accepté.

- Vous savez, euh,
il y a un an, j'ai...

je suis allée visiter
le village natal de mon père.

Et j'ai appris que vous êtes née
au même endroit.

Ouais. Ouais, j'ai vu
les champs de canne à sucre,

maintenant en friche, et la statue
de Nanny, la reine des marrons.

Ouais !

Vous vous rappelez ?
Hein, Ruth ?

J'ai beaucoup pensé à
ce village depuis que papa est mort.

- Parle-moi un peu de Kampala.

- C'est qui ?

- Notre père, je crois.

- Et où il est ?

- J'en sais rien.
Quelque part.

- Maman a dit qu'il étudiait
pour devenir un homme,

mais il a abandonné
comme un lâche.

Bonne nuit,
faites de beaux rêves.

- Pourquoi vous riez, comme ça ?

- Oh, c'est notre petit secret.

Hé...

Écoute, j'ai réfléchi et...

on pourrait peut-être
organiser quelque chose.

Une réunion toute simple.

Il y aurait des trucs
à manger et de la musique,

et on pourrait dire un petit mot à
propos des gens qu'on a perdus.

- Ouais, je... euh...
J'en sais rien.

Ma mère n'a pas envie d'avoir
plein d'étrangers dans son salon.

- Des étrangers ? Ces gens-là ne
sont pas des étrangers, Michael.

C'est juste des gens qui essaient de donner
un sens à tout ça.

- Ils ont qu'à faire ça chez
quelqu'un d'autre. D'accord ?

Je suis désolé.
Mais c'est non.

- Tu sais, ça pourrait faire
du bien à ta mère.

Et peut-être à toi aussi, Michael.
- Ça suffit.

Me dis pas ce qui est bon
pour nous, Aisha.

- Écoute, ta mère ne va pas
très bien, tu le sais ?

- Elle tient le coup.

- Tout à l'heure,
quand t'étais au travail,

je l'ai vue traverser
le boulevard sans même regarder.

J'ai crié pour qu'elle revienne sur le trottoir.
- Elle vieillit.

- Non !
L'âge n'a rien à voir là-dedans.

Tu le sais très bien, Michael.

Ça fait dix ans, maintenant.

Elle arrive toujours pas
à l'accepter.

Elle peut pas faire son deuil.

- Je trouve
qu'elle va un peu mieux.

Je veux pas
la stresser inutilement.

Il y aura pas de réunion.

- Salut, Goose.

- C'est ta mère. Je l'ai vue
marcher vers la vallée.

Elle est pieds nus.

- Maman ?

Allez, viens.

Tiens, mets tes chaussures.

- Oh...

- Ça va ?

- Encore une journée très
chaude,

avec un taux d'humidité très élevé
pour la région métropolitaine de Toronto.

- Oui, il fera de plus en plus
chaud dans le sud de l'Ontario.

Avec des températures maximales atteignant
les 35 degrés dans les prochains jours.

Alors que les conditions chaudes
et humides

continuent de prédominer
dans la province,

une partie du reste du pays
n'échappe pas à la canicule.

C'est le cas de l'Ouest
canadien,

où de nombreux feux de forêt

font rage depuis une semaine.

Plusieurs équipes de renfort
ont d'ailleurs été déployées

dans le but de maîtriser
la situation.

Cependant, dans l'est du pays,
et surtout dans les Maritimes,

la situation est
très différente.

Elles reçoivent des quantités
d'eau record,

en raison des pluies diluviennes
qui durent

depuis plusieurs heures.

- On ne peut pas dire que dame
Nature soit d'humeur égale.

Mais il faut se consoler, car
d'autres régions ont connu pire.

- Oui ! En effet, dame Nature
est capricieuse,

j'aurais deux mots à lui dire
si je pouvais.

Wouhou !
Je suis content. Très content.

Vous êtes de plus en plus
nombreux à nous regarder !

Et pour ceux qui nous suivent
depuis le début : merci de votre fidélité.

J'espère que vous êtes en grande forme en
ce samedi après-midi.

Aujourd'hui, nous avons une émission très
spéciale pour vous.

On a sur le plateau DJ Wayne
et Regina Belle,

qui vont interpréter Baby...
- Donc, c'est tout ?

- C'est tout quoi ?

- C'est tout ce que tu manges
aujourd'hui ?

- J'ai pas très faim.

- Et ça, c'est quoi ?

- Du papier d'aluminium.

- Je sais bien, mais qu'est-ce
que ça fait là, Michael ?

- Euh, et ben, ça sert
à bloquer le soleil.

- Alors, c'est comme ça
que tu me vois ?

Pour toi, je suis le genre de femme à mettre
du papier d'aluminium dans les fenêtres ?

À faire de la publicité
pour du papier d'aluminium ?

Pour tous les voisins
qui passent dans notre rue ?

- Eh bien, c'est pas
une mauvaise idée.

Et plein de gens le font.
- Oh !

Et moi, je suis comme
tous ces gens, c'est ça ?

Ouais, toi, tu es assis là, à
regarder ta mère, ta propre mère,

et tu te dis : « Ma mère est comme
tous ces gens, exactement pareille ! »

Est-ce que...

Tu te rends compte des sacrifices
que j'ai faits pour vous deux ?

Hein ?

Est-ce que tu es blessé ?

- Non, ça va.

- T'as quelque chose au visage.

- C'est du jus de mangue.

- Tu sens ça ?

De l'aneth.

- Ouais, il l'a bien cherché.

- Il aurait pas dû y aller.

Attends. Tu cherches Francis ?

C'est son petit frère ?
- Ah, ouais ?

Ouais, c'est bien.

Francis !
- Yo !

Maman t'a fait à manger ?

T'as avalé quelque chose
aujourd'hui ?

- Ouais, j'ai...
j'ai mangé un petit peu.

- Je vais aller te chercher
des provisions.

- T'as les clés ?
- Ouais.

- Merci.
À plus tard.

Tu viens ?

- Elle est à qui la voiture ?

- À moi.

C'est vrai.

- Tu l'as achetée ?

- Bien sûr que je l'ai achetée.

Comment je l'aurais eue, sinon ?

- Tu as faim ?

- Ouais.

- De quoi t'as envie ?

- Je sais pas, n'importe quoi.

- OK, allez, viens, je t'invite.
- Ah ouais ?

OK.

- Tu sais, ça peut pas
continuer comme ça.

- Quoi, mais...
mais de quoi tu parles ?

- Eh ben, y a des choses
que tu dois changer.

- Comme...?

- OK, comme...

l'expression que t'avais
au Desirea. Tu vois ?

T'as... t'as toujours l'air de
quelqu'un qui a pas confiance en lui.

Arrête de...

de tout prendre au sérieux

et laisse pas ton... ton visage
trahir ce que tu ressens.

Pense à l'image
que tu donnes de toi.

Même si t'es pauvre, rien
t'empêche de remonter ton col.

Parce que le style, le look,
c'est important, tu vois ?

Ça prend pas grand-chose.

Y a toujours moyen de montrer aux gens
qu'on est pas des moins que rien.

Des perdants.

Faut que tu sois prêt
à saisir ta chance.

OK ?

OK ?
- Ouais, ouais.

Ouais.

- Et je t'emmènerai voir papa.

- Mais on le connaît pas.

- Et alors,
c'est quand même notre père.

- Oui, mais on sait rien de lui.
On sait même pas où il vit.

- J'ai appris qu'il vit ici,
à Scarborough.

- Comment t'as fait ?

- Bien, je me suis renseigné.
- Depuis quand ?

Et... pourquoi
tu m'as rien dit ?

- Eh bien, je te le dis
maintenant.

- Où, à Scarborough ?

- Dans un petit immeuble,
l'Oberlin.

Au nord de l'autoroute.
- Pff ! C'est trop loin.

- J'ai une voiture,
tu te rappelles ?

- On peut pas débarquer
comme ça, Francis.

OK ? Ça... ça fait trop
longtemps.

- Tu vois ?

C'est exactement de ça
que je te parlais.

Jamais rien oser.

Jamais faire confiance.

Je sais bien que c'est pas ça
qui va changer nos vies.

Je suis pas stupide.

On peut
quand même essayer, non ?

On peut au moins aller
lui parler.

- Euh...
J'en sais rien, Francis.

- Allez, on y va.

- Détends-toi.

Ça se passera bien.

C'est ici : 195.

- On s'en va, Francis.

- T'es pas curieux ?

Salut.

Oui ?

- Désolé.

Ouais ?
C'est qui ?

- Euh, je me suis trompé.

- Ouais, allez jouer ailleurs.

- Ouais, désolé.

- Vous êtes perdues, les filles ?

Quoi ?

- Bonsoir.

- Je sais pas ce que tu vends,
mais j'en veux pas.

- Non, je...
je suis pas un vendeur.

C'est juste moi.

C'est moi.

C'est nous.
Francis et Michael.

C'est pas la bonne adresse.

- Hé.
- Hé.

Mon père travaille comme agent de sécurité,
toute la nuit.

Entre.
- D'accord.

- Est-ce que tu crois
que c'était ton père ?

- Non.

Je sais pas.

Et je m'en fous.

- Demande à ta mère
de te parler de lui.

Peut-être qu'elle sait
où il est.

- Elle va s'énerver.

Pas maintenant.

- Yo.

Ça va ?

- Ouais, ça va.

- Non, ç'a pas l'air d'aller.

- Salut.

- Qu'est-ce qu'il fout là ?

- Écoute, je savais pas
qu'il viendrait.

J'ai... j'ai envoyé un message
à une amie et...

c'était même pas
une vraie invitation.

J'ai seulement proposé
qu'on se réunisse, c'est tout.

- Ma mère a pas besoin de ça,
d'accord ?

- Oui, je sais...

Il a débarqué,
toi, t'étais pas là,

et ta mère lui a ouvert.

Ils ont plein de
choses à se dire.

C'est pas une bonne idée, Aisha.

Je veux surtout pas
qu'on perturbe ma mère.

Elle est fragile.
- Je sais.

Je te jure que c'est temporaire.

Tu sais, c'est ta mère qui l'a
invité à dormir là, ce soir, et...

c'est pas la place qui manque.

Et puis, il a aucun
autre endroit où aller.

- Yo.

- Hum...

Salut.

- Salut.

- Ça va, Michael ?

- Et voilà !
- C'est des bodi ?

- Euh, non, des haricots verts,
des bodis, il n'y en avait plus.

- Euh, on sera prêts à manger
dans quelques minutes.

Pas vrai, Jelly ?
- Ouaip.

Ouh !

Hé, tu veux que j'ouvre
un peu la porte ?

Ça doit sûrement être
à cause des piments.

Non.

Ça va. Je dois y aller,
de toute façon.

- Quoi ?

Yo...

Je te l'avais dit.

- Je crois pas, non.

- Yo, attendez, attendez !

On les connaît, ceux-là ?
- Non

On s'en va.

- Pas question.

L'abribus est à tout le monde.

- Yo, connard.

Hé, je te parle.

Hé !

Hé !
Non, mais t'es sourd ou quoi ?

Un vrai fils de pute.

- Quoi ?
- « Quoi ? »

Quoi ?

C'est au putain de sodomite de me le dire.

Va te faire foutre.

Qu'est-ce qu'il lui a dit ?

- Quoi ?
Attends.

Vas-y, répète ça !
- Hé...

Hé, je...
Désolé, d'accord ?

J'ai juste...

Détends-toi.
- Hum...

- D'accord ?

- Hé, yo.

Putain, lâche ça.

Tu...

Qu'est-ce que tu fous ?

Foutu malade.

- Yo.

Francis ?

Francis !

- Michael.

Euh, je vais tout t'expliquer,
d'accord ?

Écoute, tout va bien.

Michael. Michael !

- Hé !
- Je suis désolée. Michael, attends. Arrête.

Je t'en prie,
laisse-moi t'expliquer.

Michael, hé !

Où t'étais passé ?

Fais pas ça. Michael ?

- Non, Michael !
- Arrête. Allez.

- Michael !
- Du calme !

- On était juste en train d'écouter
de la musique et parler !

- Je t'avais dit,
pas d'étrangers.

- C'est juste des amis, Michael.
Ils sont au courant

et ils voulaient vous témoigner
leur respect.

- Je me fous de leur saleté
de respect.

Je veux qu'ils partent tous d'ici.
- Michael, ça suffit !

- Sortez de chez moi !

Dégagez ! Dehors !
Plus vite que ça !

Foutez le camp !
- Qu'est-ce qui te prend ?

- Allez !

- Il va pas très bien.
- Désolé.

- On s'en va.
- Je vais m'en occuper.

Je suis désolée.

Merci beaucoup d'être venus.

- Tu connais cet endroit ?

La statue de cette femme ?

- Non.

- C'est Nanny,
la reine des marrons.

Je ne savais pas qui c'était
avant d'aller en Jamaïque.

Elle a mené une guérilla
contre le système esclavagiste.

C'était une guerrière.

Une hors-la-loi.

Mon père habitait à quelques pas
de sa statue, mais...

il m'en a jamais parlé.

Il me racontait rien
de sa vie d'avant.

Et je n'ai jamais su pourquoi il avait
travaillé des années comme jardinier.

Et comme agent de sécurité.

Même son cancer,
il l'a gardé secret.

Je l'ai appris...
beaucoup trop tard...

par une infirmière.

Comment nos parents immigrants
ont pu...

laver les toilettes des autres,

s'occuper des enfants
de tous ces riches,

se faire rabaisser
toute la journée,

se saigner pour payer le loyer,

se lever toujours fatigués...

tout ça pour nous ?

- Ma mère parlait pas souvent
de mon père, donc ça m'a marqué.

La première fois,
on allait fêter Noël.

C'était un an
avant la mort de Francis.

- T'en as pas gardé
un peu pour toi ?

- Oh, non, j'ai pas très faim.
Mangez.

J'aimerais qu'on parle de Noël.

Je vous préviens, ce sera
très simple, cette année.

On fera un bon repas,
mais y aura pas de cadeaux.

Les temps sont durs.

Je vais avoir un nouveau travail et,
j'espère, plus d'heures supplémentaires.

- Grandis un peu, Francis,
sois un homme.

Pas un lâche comme ton père.

Écoute...

je suis désolé de m'être énervé.

Je sais que tu voulais
bien faire.

J'aurais dû te prévenir qu'il faut y aller
doucement avec ma mère.

C'est pas facile pour elle.

- Yo, bienvenue, bienvenue !
- Salut.

- Allez, entre, ma belle.
- Merci.

- Carte d'identité.

- Va te faire foutre.
- Ah, ouais ?

Eh, un peu de respect,
OK, le petit malin ?

Allez, entre.
- C'est ça, c'est ça.

Yo !
- Yo !

Whou !

- Yo !
- Hé, salut petit frère, ça va ?

- Ouais, ça va.

- Ouais ?
- Tu te souviens d'Aisha ?

- Bien sûr que
je me souviens d'Aisha.

Hé ! Tu sais que j'ai connu
ton paternel ?

- Hein ! Mon père ?

- Ouais, il écoutait
de la bonne musique.

Et puis, il avait
une super voix.

- Ouais, mais
comment tu peux savoir ça ?

- Eh bien, je... je le sais,
c'est tout.

Je... je sais tout ce qui se
passe dans le quartier,

- Oh.
- OK ?

- OK !
- Hé, bienvenue au Desirea.

- N'importe quoi !

- C'est quoi ?
- T'es pas au courant ?

Y a des auditions.
Pour un contrat de disques.

Jelly s'est déjà inscrit.
C'est cool.

Il est temps de... de monter sur scène
pour leur montrer ce qu'on sait faire.

Je suis son producteur.

- C'est cool !

Génial !

Yo !

Yo, c'est parti !
- Plus fort !

Allez, plus fort !

Ouais, vas-y, monte le volume !

- Volume !
- Volume !

- Eh oh, eh oh, eh oh !
Le volume !

Volume !

- Volume !

Volume !

- Faut que ça chauffe,
Scarborough, Scarborough !

Pump of the volume !

Ouvrez la porte !

- Oh, fait chier.

C'est la troisième fois depuis
qu'Anton s'est fait tuer.

- OK, wô, wô,
qu'est-ce qui se passe ?

C'est quoi le problème,
monsieur l'agent ?

- Il y a eu un vol à main armée
au bar de Conrad.

C'est à quatre rues d'ici.

Les deux suspects,
deux hommes noirs,

ont été aperçus
sur l'avenue Lawrence.

Quelqu'un les a vus ?

- On a rien vu,
monsieur l'agent.

- Très bien, alors,
tout le monde face au comptoir.

Videz vos poches et mettez
vos mains bien en évidence.

Allez.
On se dépêche.

- Toi aussi, petit génie.
- Yo, le touchez pas !

- Pardon ?

- Allez, fouillez-les.

- OK, ça va, ça va, ça suffit.

Venez, on s'en va.

Merci beaucoup,
mesdames et messieurs,

merci de votre coopération.

- Merci, monsieur l'agent.

- Wô ! Oh...!

- Ça va ?
- Ouais, ouais, tout va bien.

Vas-y, continue.

- D'accord.

On y est presque, petit frère.

- Wouh !

- Et voilà !
Tout le monde descend !

- Ça va ?
- Ouais, c'est cool.

- T'es prêt ?
- Ouais.

Prêt à tout, Michael !

Ouais, prêt à tout !
Wouhou !

- Ah !

- Ouais !
- Quoi de neuf !

- Francis !
C'est le grand jour, ouais !

- Salut, Dru !
- Salut !

- C'est l'heure d'y aller, non ?

Bientôt.

Le gars est colérique

et les gens qui travaillent
pour lui restent pas longtemps.

C'est dommage parce qu'il a beaucoup
de talent pour repérer les bons rappeurs.

Il faisait du rap, lui aussi,
avant de devenir producteur.

- Est-ce que c'est à nous ?
- Bon, allez, on s'en va.

- Relaxe, mec,
ton tour va venir.

- Hé, c'est vous les prochains.
Laissez-les entrer.

- OK, les superstars,
c'est à vous.

- Ouais ?
- Bon, allez-y.

- Ouais ?
- Ouais !

- C'est parti !
- Cool !

- Scarborough, c'est nous !
- Wouh !

- Ouais, on est là.
- Hé, salut, les gars !

- Allez-y, messieurs.
- Quand vous êtes prêts.

- Voyons ce que vous avez
dans le ventre.

- Ouais !

- Allez, Jelly, on est là !

Montre-leur ce que tu sais faire
et d'où tu viens !

Vas-y, t'es le meilleur !

OK, mon vieux, c'était hum, plutôt cool.

Ça sort de l'ordinaire.

Ouais, ça me donne envie
de bouger.

Bon, je peux pas en dire autant de
mon partenaire, mais euh...

moi, je trouve qu'en général,
t'as une très bonne technique.

Et t'as vraiment beaucoup de talent pour
le choix de ta musique.

Alors, euh... continue comme ça.

Et surtout,
lâche pas les études.

- Ouais, merci.
Au suivant !

- Quoi ?

- Vous voulez entendre
autre chose, ou...?

- Ouais, ça va aller.
Non, merci.

- Parce qu'il peut...

il a plein d'autres
compositions, vous savez.

- Non, merci. Il y a un autre
groupe qui attend.

- Hum...

Donc vous... vous nous contactez
si jamais on gagne ?

- Ouais, bien sûr,
comptez sur nous.

- OK. Donc...

l'audition est terminée,

et il est temps que vous foutiez
le camp d'ici, d'accord ?

- OK, hé, Francis, allez, viens.
On s'en va.

Il y a un autre concours de DJ,
à Ottawa, dans un mois.

- T'as été super, Jelly.

- Ouais, ouais, ça, c'est sûr.

Vous savez quoi,
on va quand même aller fêter ça.

On se voit plus tard
au Desirea, d'accord ?

Je te prends ça ?

- Ouais.

- Je m'en occupe.
- Merci, vieux.

- Bon, je dois rentrer chez moi et Dru
m'a offert de me raccompagner alors...

- On se voit demain, OK ?
- Tu peux me ramener ?

- Francis, ça va aller.

Hé, Scarborough, c'est nous.

À bientôt, OK ?

Et bonne
chance pour tout à l'heure.

- Yo, leur installation,
c'est de la vraie merde.

Les tables tournantes sont
trop hautes.

Et on a pas eu assez de temps.

Hé, comment ils vont
nous contacter ?

Est-ce que quelqu'un leur a
donné nos numéros de téléphone ?

Je vais aller voir le promoteur.

Hé, je dois parler au promoteur.

- Non, désolé, on est fermé.

- Hé. Écoute. Nous, on veut
juste voir le promoteur.

- T'as pas entendu ?
Y a personne qui entre.

- Non, attends,
t'as pas compris.

On vient de participer
au concours.

À l'audition.

- Oh, vous êtes des participants.
- Ouais.

Tu t'es donné en spectacle avec tes petits
copains, c'est ça ?

Avec tes bâtards.

- Tu vas nous laisser
entrer, OK ?

Allez, c'est bon.
- Non, je crois pas, connard.

- OK, viens, on y va,
Francis, allez.

Viens. On rentre.

- Ouais, Francis.

Il a raison,
écoute le petit bâtard.

- Hé !

- Hé ! Hé ! Arrêtez !

- Stop ! Non, Francis !

C'est mon frère,
lui faites pas de mal !

Lâchez-le !

Je vous en prie !
Laissez-le tranquille !

Non, non, arrêtez !
Lâchez-moi !

Pitié, arrêtez.

- Michael ! Michael, lève-toi.
Il y a eu un accident.

- Quoi ?

- C'est ta mère.
Jelly est avec elle.

- Francis ! Non !

Francis !

Francis.

Non ! Oh, non !

- Michael !
- Lève-toi, allez !

Lève-toi !
- Il faut l'emmener à l'hôpital !

- Pas d'hôpital.
- On rentre chez nous !

- Maman !
Maman !

- Francis ?
- Maman.

Maman.
- Francis.

Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- Je suis désolé, maman.

Je suis désolé pour tout.

- Je vais chercher de l'aide.
- Je suis désolé d'être un mauvais fils.

Désolé de t'avoir déçu
et de t'avoir brisé le coeur.

Je te demande pardon.

Je voulais pas, je te jure.

- Tout va bien, tout va bien.
- Pardon.

- Assieds-toi un peu, tu veux ?
Chut...

Allez, mon grand, viens.
T'en fais pas. Ça va aller.

Viens t'asseoir, mon grand.

Je t'abandonne pas.
Je te le promets, Francis.

Maman est là et elle reste
avec toi, c'est promis.

Attends, je vais seulement te chercher
un peu de gaze et de la pommade.

Je reviens tout de suite. OK.

- Est-ce qu'elle va bien ?

- Ouais.

Il faut nettoyer ça, d'accord ?
- Pardon, Michael.

- Arrête, ça va, t'en fais pas.
Ça va. Ça va aller.

- Non, toi, tu restes là.
Tu bouges pas.

- Maman.

Hé, maman, maman, hé !
Hé, regarde-moi. Regarde-moi !

Tout ira bien.

- Oui, bien sûr.

Francis ? Franc...
Michael...

J'y vais. OK ?

Francis !

Francis, pourquoi t'es parti ?

On rentre chez nous, OK ?

Non. Maman veut que
tu rentres à la maison.

- Emmène... emmène-moi
au Desirea.

- T'es sûr, tu veux aller
au Desirea ?

OK, je t'emmène.

On y est presque.

Hé, venez m'aider !

Raj, apporte-moi une serviette !

- On va l'asseoir ici.
- Pourquoi il est pas à l'hôpital ?

- Attention...
- Est-ce que ça va ?

Doucement, doucement, Francis.

- Ça va aller, Francis,
ça va aller !

- Faut l'emmener à l'hôpital.

- Non, j'irai pas
dans un putain d'hôpital.

- Francis. Francis !

Arrête. Viens t'asseoir !
- Allez !

- Viens t'asseoir.
- Allez. Allez, s'il te plaît.

Repose-toi un peu.

- Ah ! Pourquoi
t'es comme ça, Francis ?

Calme-toi, merde,
on essaie de t'aider !

- Regardez-vous.

Tous autant que vous êtes.

Des sales...

des sales perdants.

Des sales...

Des sales bons à rien.

C'était juste un rêve.

- Francis.
- C'est ça.

Eh oui, juste un rêve.

Y a pas d'issue.

Y a... y a pas
de porte de sortie.

Je rêvais, c'est tout.

- Hé, hé.

- Francis, viens au moins
t'asseoir, OK ?

Ju... juste t'asseoir.

S'il te plaît.
Allez, viens t'asseoir.

- J'en sais rien, petit frère.

- Allez.
- Allez, laisse-moi nettoyer ça.

- Oui.
- Il faut qu'on nettoie ta blessure.

Passe-moi l'alcool.

- S'il te plait.
- Allez, laisse-moi faire.

- Hé, wô ! Je peux vous aider,
messieurs ?

- Ouais, on a reçu un appel
au sujet d'une bagarre.

- C'est pas ici, mais merci,
monsieur l'agent.

- Et lui,
qu'est-ce qui lui est arrivé ?

- Une chute.
Il s'est blessé en tombant...

et on s'occupe de lui.

OK, vos cartes d'identité.

Tous contre le comptoir.
Vous savez quoi faire.

Allez !
- Lève-toi.

- On se dépêche !

- Allez, lève-toi.
- Non.

Non. Je les emmerde.
Pas question.

- Vous trois, séparez-vous.

- On doit l'aider,
il est blessé.

- On s'en occupe.
Et tu fais ce qu'on te dit.

- Qu'est-ce qu'on a fait ?

- Toi, sur la chaise !

- Hé. Hé. Francis !
- Tout de suite !

- Francis, écoute,
fais ce qu'il dit. Fais-le, OK ?

- Hé. Dites-moi qu'est-ce
que j'ai fait ?

Je suis pas un criminel.

- Je te préviens,
fais pas un pas de plus.

- Francis, arrête.

- Vous croyez que je suis fou ?

Ou que je suis dangereux ?

- Je vous demande d'aller
vous rasseoir, monsieur.

- Wô, wô, wô, wô.
- Je ne le répéterai pas.

- Francis...

- M'appelez pas « monsieur ».

Faites pas semblant.

Répondez à ma question.

Je veux une explication.

- Fais ce qu'il dit !
- Francis, s'il te plaît.

S'il te plaît.

- Francis.
- Fait chier.

- Francis.
- Non !

- Francis !

- Non. C'est aujourd'hui
que ça change.

Aujourd'hui.

Dites-moi ce que j'ai fait.
- Pas un geste.

- Arrête, Francis...
- Non, le touchez pas !

Une intervention policière
musclée a eu lieu, hier en fin de soirée,

au Desirea, un salon pour hommes
de Scarborough.

Des policiers sont intervenus à la suite
d'un appel pour une bagarre.

Une fois sur les lieux,
ils ont dû faire face

à la résistance d'un des suspects,
qui a plusieurs fois refusé d'obtempérer.

Les policiers n'ont pas eu
d'autre choix que d'intervenir,

car l'individu en question avait
un comportement dangereux.

- Maman ?

Maman !

Quelle pagaille.

Comment on peut mettre sa maison
dans... dans un tel état ?

- Maman.
- Hum ?

- Maman, arrête.

S'il te plaît,
donne-moi le marteau.

S'il te plaît.
- Allez. Donne-le-moi.

Donne-le-moi. Lâche-le.

Allez. Lâche-le. Lâche-le.

Maman, lâche ça.

Je le tiens, je le tiens.

- S'il te plaît.
Maman, allez, lâche-le.

Lâche-le.
- Non.

- Maman, donne, OK ?

Je l'ai. Arrête.

Allez.

Donne-le-moi.

Allez.

S'il te plaît.

- Il était pas en sécurité.

Non, il était pas en sécurité.

Il était en danger.

J'ai pas su protéger mon enfant.

J'ai pas su protéger mon fils.

J'ai pas su protéger Francis.

Il était en danger, Michael.

Il était en danger.

Calme-toi.

- C'est pas le bon moment.

- Ça fait deux semaines
que c'est pas le bon moment.

Michael...

Je vous ai apporté
quelques provisions.

Alors, comment elle va ?

- Elle dort.

Je peux pas parler longtemps.

Je veux pas qu'on la dérange.

- Et toi, ça va ?

- Ça va.

- J'ai voulu contacter
les gars du Desirea, mais...

- Ouais, les journaux
en ont parlé.

L'enquête est finie.

Ils nous ont interrogés,
maman et moi.

Ils disent que les policiers
étaient dans leur droit.

Francis avait juste un
portefeuille sur lui

et le vieux passeport jamaïcain
de maman.

- La plupart des témoins
ont disparu.

Jelly est parti.
- Je, hum...

Il... il faut que j'aille voir
ma mère.

Je...
je passerai te voir bientôt.

- Michael, il faudrait
qu'on parle.

- Ouais, je sais.

- Je veux pas que ça finisse
comme ça.

- Au revoir, Aisha.

- Monsieur Joseph ?

Votre mère va bien.

À part quelques côtes fêlées
et une fracture capillaire,

il n'y a rien d'autre
à signaler.

Vous pouvez aller la voir.

Salut.

33 TOURS