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Il était une fois un garçon.

Il vivait dans un village
qui n'existe plus,

dans une maison qui n'existe plus,

au bord d'un pré

qui n'existe plus,

où tout a été découvert

et où tout était possible.

Un bâton pouvait être une épée.

Un caillou pouvait être un diamant.

Un arbre, un château.

Il était une fois un garçon
qui vivait dans une maison

séparée par un pré de celle d'une fille.

Ils ont inventé des milliers de jeux.

Elle était reine

et il était roi.

Ils collectionnaient le monde
par petites poignées.

Il était une fois

un garçon qui aimait une fille,

et son rire était une question

à laquelle il voulait répondre
toute sa vie.

Il lui a promis
qu'il n’aimerait jamais une autre fille

aussi longtemps qu'il vivrait...

L'HISTOIRE DE I'AMOUR

C'est ouvert !

Le café ! Il est prêt ?

Tu penses encore à elle ?

Merde !

T'as pas fait de café ?

Réponds-moi !

Tu as couché avec elle ?

Ça fait 60 ans,
il y a prescription, oublie.

Bouge ton cul.

LI est 8h, je veux mon café !

Tu as couché avec elle, oui ou non ?

Chaque jour la même question.

D'abord, le café !

Je suis ton esclave ?
Y a un café en bas.

Je parie que tu l'as fait !

Ton ragoût d'hier était à chier.

J'ai dégueulé toute la nuit.

T'incruste pas à chaque repas !

Tu crois que j'aime ta tronche
et manger la moitié ?

Je déteste partager !
Tu fais quoi ?

Je cherche un pull, ça caille.

Merde, je t'ai pas inventé,
tu n'es pas mon fils.

Allez, dégage !

Je dois partir.

- Tu vas où ?
- Ça te regarde pas.

Le café est toujours en bas.

Je suis vieux. Tu vas pas te lever ?

Vous l'avez déjà fait ?

Non.

Qu'est-ce qui vous a motivé ?

Faut que je l'écrive ?

Simple curiosité.

J'ai décidé d'être regardé
au moins une heure par jour.

C'est le seul médicament
pour pas attraper la mort.

Un vieux, personne ne le regarde.

Vous verrez, si vous y arrivez.

Deux heures chez vous,
je prends de l'avance.

Ce n'est pas pour l'argent ?

Si on peut être regardé-payé,
je crache pas dessus.

Et vous ?
On vous regarde assez ?

Faites le plein
tant que vous êtes jeune.

Car ça changera.

Pas maintenant ! Tu me déranges !

Tu es où ?

Aux Beaux-Arts, ça te va ?

Tu peins ?

Non, je suis modèle.

Je pose nu.

Tu vas te foutre à poil ?

Oui. Et ils vont me regarder.
Dix d'un coup !

Des jeunes !

Tu es moche. Pense à eux.

Tu pourris leur cours.
Tu les traumatises à vie !

J'enlève aussi le maillot de corps
et le caleçon ?

Oui, s'il vous plaît.

Leo !

Ne bouge pas !

Restez ensemble.

Ne bougez pas.

Arrêtez de bouger !

L'un à côté de l'autre.

Bruno au milieu, Leo à gauche.

C'est bien.

Allez, décide-toi !

Vous êtes tous si beaux.

Tu dois choisir.

J'épouserai Leo.

Ne bouge pas !

J'épouserai Leo...

pendant les dix premières années.

Bruno, je t'épouserai ensuite.

Je n'ai pas fini.

Et toi, Zvi, je t'épouserai en dernier.

Tu es déjà vieux.
Mais tu seras le meilleur vieux.

Avec de l'expérience.

Leo et Bruno
ne sauront jamais être vieux.

Leo, le premier était trop réel.

Je préfère
quand tu inventes les histoires.

Donc, pas bon. Dis-le.

Et le second ?

Le second...

tu as tout inventé. Trop.
Il est difficile de tout croire.

Donc...

mauvais aussi.

Deux romans ratés.

Non.

Tu es très doué.

Pourquoi tu écris ?

Pour t'impressionner.

Sérieusement.

Je veux décrire le monde, parce que...

vivre dans un monde
qui n'est pas décrit, c'est trop...

Solitaire ?

Triste ?

Tu devrais écrire sur des choses
ni trop réelles ni trop imaginaires.

Écris sur ce que tu connais.

Ce que je connais le mieux, c'est toi.

Tu es bête.

J'aime pas le dessin.

- Pourquoi t'es là ?
- Je lui tiens compagnie.

Tes parents payent le cours !

Et alors ?
Ses parents sont hyper riches.

Monsieur ! Ne bougez pas !

Merde, on m'a volé mon caleçon !

Oh, quel con !

Chaque fois que je le regardais,
ses yeux me reluquaient.

On aurait dit un gros crapaud.

Comme si j'étais
un gâteau au chocolat.

LI est canon, mais c'est un boloss.

Ta mère a mordu ?

Hier soir,
elle a revu le Dr Zilberstein.

LI est parfait :
gentil, intelligent, bon job.

On tombera toujours malade.
La science n'y peut rien.

En rentrant, elle m'a dit

que les orangs-outans
étaient plus doués pour la conversation.

C'est le troisième qu'elle me crame.
Je la caserai jamais.

Tu t'en fous !

Elle passe sa journée au lit,
à lire, à fumer et à boire du thé.

Elle me serre dans ses bras et dit :

"Toi aussi, tu seras la femme
la plus aimée au monde."

Qu'elle serre quelqu'un d'autre !

Que mon frère soit
la femme la plus aimée au monde.

Alma ! Ça va ?

Salut, Herman !

LI te kiffe grave.
Il va nous faire faire un tour.

On fait un tour ?

Me parle pas, OK ?

Si je monte dans ta poubelle,
je gerbe. Pigé ?

On bouge.

Ça t'aurait tuée de lui sourire ?

Là, on va se taper le bus
pendant 6000 ans.

- Salut, Misha.
- Ça va ?

On se pose ?

Je reste, mais Zoey doit partir.
Elle a un rendez-vous.

J'ai pas rendez-vous.

On vient d'arriver.
Je t'attends pas ?

Non, t'as un rendez-vous.

Tu veux que je rentre seule en bus ?
Tout de suite ?

Comme moi plus tard.
Je t'appelle.

Salut.

Des Chinois partout.

Tu réalises ?

On s'est connus 3,9 milliards d'années
après l'apparition de la vie sur Terre.

Moche !

La culture russe est la plus riche
et la plus importante au monde.

Ma mère est d'accord.

C'est clair.

La Grande Catherine
me drague sur Facebook.

Facebook ? Et Messenger ?

Facebook, c'est mieux.

Tu as lu Tchékhov ?

Et Soljenitsyne ?

Il était pas dans le même goulag
que tes grands-parents ?

Je lui ai dit que j'étais pris.

Je l'ai zappée, on n'est pas amis.

T'es pas pris !

Tu parles jamais
de tes grands-parents.

Ton frère se prend toujours pour Dieu ?

Pas pour Dieu.

Pour un Lamed Vovnik,
c'est différent.

Catherine est une salope.
Elle s'est tapé toute ma classe.

Elle est vulgaire et bête.
C'est quoi, un Lamed Vovnik ?

Prendre le nom d'une impératrice russe,
c'est offenser la culture...

Arrête avec ta Russie !

C'est moi, le Russe ici.

Un Lamed Vovnik est l'un
des 36 sages anonymes, dits les Justes,

qui portent le monde sur leurs épaules,
qui le sauvent.

Pourquoi tu mates ces nanas
si tu les trouves moches ?

La culture russe
se bâtit sur l'observation.

On se baigne ?

J'ai pas mon maillot.

Enlève ton pull, tu vas fondre.

M. Filipov.

LI a dit à ma mère
qu'on était ensemble.

Bonjour.

Vous avez reçu l'histoire de l'amour ?

M. Gurski,

vous me le demandez
toutes les semaines.

Ce livre n'existe pas.

J'ai votre téléphone.
S'il paraît, je vous appelle.

Vérifiez encore.
Il vient peut-être de sortir.

Rien.

LI n'existe pas.

Vous m'appelez si...

Maman !

Je suis là !

Tu vas bien, ma puce ?
Viens m'embrasser !

Y a plus de Coca.

Y a plus rien à boire ni à manger !

Les courses, c'est toi. Va en acheter.

T'as pas payé l'électricité.

On a reçu un rappel.
Ils vont nous couper le courant.

Va chercher ton frère.
J'ai une bonne nouvelle.

Alma, va chercher Bird !
Viens m'embrasser.

Non.

DIEU

Quoi ?

- Tu peux essayer d'être normal ?
- Je fais ce que je veux.

Tous mes amis me parlent de toi.
Je veux pas qu'ils me croient comme toi.

Allez !

Asseyez-vous.

J'ai une grande nouvelle !

Quel est le plus beau livre du monde ?

- Facebook !
- La Torah !

Quelqu'un me demande de traduire

le plus beau livre jamais écrit.

Celui que votre père m'a offert
pour mes 25 ans.

Je suis surexcitée !
Je vais éclater.

Comment cet homme a pu savoir ?

Je vous lis la lettre.

Elle est postée de Venise, Italie.

Mon éditeur me l'a fait suivre.

Je peux avoir les timbres ?

On verra ça après.

Écoutez.

C'est extraordinaire.

"Chère Mme Singer,

Je viens de terminer votre traduction
des poèmes de Nicanor Parra."

Un poète que j'ai traduit.

"Je vous écris pour exprimer
une demande qui peut paraître singulière.

"Dans l'introduction
de votre traduction,

"vous mentionnez
l'écrivain Zvi Litvinoff

"qui a fui la Pologne
pour le Chili en 1942

"et dont l'unique œuvre publiée,
écrite en espagnol

"et jamais traduite en anglais,

"est intitulée...

"La historia del amor."

l'histoire de l'amour !

C'est pas fou ? C'est le livre...

Que papa t'a offert.

- Tu viens de le dire.
- Pour tes 25 ans.

Et qui nous a inspirés...

Maman, on sait.

Tu nous l'as dit mille fois.

L'auteur appelle son amoureuse :

"la femme la plus aimée au monde."

Oui.

"La femme la plus aimée au monde."

"Chère madame,

"ma question est : accepteriez-vous
de le traduire en anglais ?

"Je suis prêt à payer
votre prix pour ce travail.

"Je suis toujours gêné par ces questions.
Pourrions-nous dire...

100000 dollars ?"

100000 dollars !

LI est fou !

Je le ferais gratuitement.
100000 $ ! Vous imaginez ?

Je continue.

"Si cela vous paraît trop peu,
faites-le-moi savoir."

Demande 150000 $ !

C'est péché !

Cela me va très bien.

C'est même trop.
Qui suis-je pour protester ?

Nous voilà sauvés.

"Je vous saurais gré
de m'envoyer votre réponse ici,

"à l'adresse ci-dessus,
à New York, dans cet hôtel.

"Le concierge me la fera parvenir.

"Impatiemment vôtre,

Jacob Marcus."

Jacob Marcus.

Ça n'est pas un vrai miracle ?

Seul le Messie fait des miracles.

Lâche-nous.

Comme ça, enfin,

il sera en anglais.

Et enfin, vous pourrez le lire.

On est obligés ?

C'est ton histoire d'amour avec papa,
pas la nôtre.

C'est toi,
"la femme la plus aimée au monde",

pas moi.

Mais, toi aussi !

Tu en as hérité.

Tu portes le nom
du personnage du livre.

Bref...

Comme nous allons avoir de l'argent,
j'ai décidé :

vous deux partez en vacances

chez tante Frances à Londres
la semaine prochaine. Je l'ai appelée.

Non.

Elle nous déteste.

Je dois finir mon arche.

J'ai mon cours de dessin
et de secourisme.

Des enfants qui ne partent pas
en vacances, ça n'existe pas.

Si, nous, depuis des années.

Mais ça va, maman.
On a plein de choses à faire.

Je ne pars pas.

Moi non plus.

Vous êtes si compliqués.

Dans un mois,

ce livre sera traduit.

Tu as lu mes poèmes ?

Oui. Pas mal.
Tu peux mieux faire, essaie encore.

Tu es chiante à vouloir aimer
celui qui écrit le mieux.

Y a pas que ça dans la vie.

C'est Leo qui écrit le mieux.

LI va écrire un livre sur moi.

Et si on allait au Chili voir Zvi ?

Avec quel argent ?

Toi, tu continues à faire le modèle

tous les jours,
à poil dans toute la ville,

effrayant les jeunes.

Et moi, mannequin pour la haute couture.

Je suis beau, toi non,

t'es moche.

On aura assez pour l'avion.

C'est pour deux ?

Non, pour un.

Rentre chez toi.
Je t'appelle quand j'ai fini de manger.

Alma !

Qu'est-ce qu'il y a ?

Parle-moi de papa.

S'il te plaît.

Je t'ai tout dit.

Encore.

Encore une fois.

C'était un aventurier.

Un vrai.

Un homme fort
qui riait et plaisantait tout le temps.

C'est vrai
qu'il était pompier volontaire ?

Oui.

Et il aimait la varappe.

C'était un excellent alpiniste.

Une fois, il a escaladé un rocher abrupt
qui faisait au moins 75 m de haut.

Au Chili ?

Au Chili, c'était autre chose.

La danse.

LI aimait danser ?

Il adorait ça.

Il dansait même le tango.

LI l'avait appris à Santiago.

Lui et maman dansaient tout le temps.

LI poussait la table basse contre le mur

et la faisait tourner dans la pièce.

LI la soulevait,
puis la cambrait vers l'arrière.

Je ne savais pas que papa
était chercheur.

Il cherchait quoi ?

Le bonheur, banane !

Et moi, j'étais là ?

Mais oui !

Tout le temps.

LI te jetait en l'air et te rattrapait.

Comment il savait que je tomberais pas ?

LI le savait.

Comment il m'appelait ?

Plein de choses.

Buddy,

Petit Bonhomme,

Punch.

Comment il m'appelait le plus souvent ?

Je crois que c'était...

le Génie.

C'est vrai ?

Tu me l'as jamais dit.

Alors...

pourquoi tu crois pas
que je suis un Lamed Vovnik ?

Je suis l'un des trente-six Justes.

Sans nous,

le monde s'écroulerait.

On le porte sur nos épaules.

Bird...

Je suis normal !

Quand le Messie viendra,
il sera l'un des Lamed Vovniks.

À chaque génération, il y a quelqu'un

qui est potentiellement le Messie.

Peut-être
que le monde est prêt pour lui,

ou peut-être pas.

Ça suffit ! il faut dormir.

Putain, il est quelle heure ?

Oui, Bruno !

Je suis bien chez Leopold Gurski ?

Ben oui, chez qui d'autre ?

J'ai perdu les clés de chez moi.
Je cherche un serrurier.

Et alors ?

J'ai appelé les renseignements.
Ils m'ont donné votre numéro.

LI est 2h du matin !

Et j’ai pris ma retraite !

J'ai appelé trois autres numéros.
Personne n'a répondu.

OK, allez-y.

510, 92e Rue Est.

C'est à l'autre bout de la ville !

Prenez un taxi, je vous rembourse.

Je peux avoir une voiture ?

Ben oui, maintenant,
pas dans un an !

Je suis vieux.
Même demain, c'est loin pour moi.

Pardon ?

Carte de crédit ?

Je l'ai perdue.
Je paie en liquide.

Va te garer plus loin, Ducon,
j'attends un taxi !

M. Gurski ?

Oui. Comment vous savez mon nom ?

- Vous avez demandé une voiture ?
- Un taxi !

Gold Star Car Service ?

C'est des nouvelles voitures ?
Je paie pas de supplément !

Par ici, je vous prie.

85 dollars.

Quoi ?

Je veux pas acheter la voiture.
Ouvrez la vitre.

M. Scott ?

Vous pouvez le régler ?

Vous prenez une limousine au retour ?
Vous étiez serrurier des stars ?

Croyez-moi, je ne me prends pas
pour quelqu'un de spécial.

Il y a 20 ans, ils avaient des Renault,
des voitures françaises.

Lis sont devenus riches.

C'est pas ma faute.

Le capitalisme leur a ouvert
trop de portes.

- Voilà, monsieur !
- C'est magnifique.

Entrez, je vous en prie.

Entrez.

Vous prendrez un thé ?

Isaac Moritz - Le Remède

À M. Scott, tous mes vœux.
Isaac Moritz

Vous l'avez lu ?

Je suis son père.

C'est mon fils.

Son père ?

Combien je vous dois ?

50 dollars.

C'est tout ?

C'est moins que la limousine.

Alors... disons 100.

Tarif de nuit.

À l'ordre de M. Moritz ?

Non. Gurski.

Votre fils a gardé le nom de sa mère ?

C'est ça, exactement.

Vous n'avez pas du liquide ?
Je suis nul avec les chèques.

Je les perds tout le temps.

Voilà 100.

Et 20 pour le taxi.

À Leo, mon père.

Des mots pour tout

Alma, va ouvrir !

Tu es prête ?

Ça va, Alma ? Un mariage ?

Un enterrement.

Charlotte est là ?

Dr Zilberstein,
je vous l'ai dit, n'insistez pas.

Une dernière chance.

Un, elle ne veut pas vous voir.
Deux, moi non plus.

Vous êtes lourd.
Elle vous l'a fait comprendre.

J'ai vendu
que 2 l de citronnade.

Dis bonjour !

T'as pas fait les courses.

Un Lamed Vovnik,
ça fait pas les courses.

Je comprends pas,
c'est toi qui nous as présentés.

J'ai eu tort.
C'était une mauvaise idée.

- C'était qui ?
- Bird.

LI a sa clé.
Lui ouvre plus.

Grouille, on est en retard !

Je peux y aller seule.

Je suis pas sortie
depuis trois jours.

Bon anniversaire !

Je suis la mère d'Alma.
Zdravstzye, Misha.

Vous êtes beau garçon.

Salut, maman.

À tout à l'heure, ma puce.

Amuse-toi bien.

Il t'a embrassée ?

LI ne m'a pas dit un mot de la soirée.

Dès que la nuit tombe,
saute-lui dessus.

Devine quoi :
j'ai trouvé un mec pour ma mère.

Un aristocrate.

Il vit à Venise, voyage beaucoup,
aime la littérature

et nous a envoyé un chèque de 25000 $
qui est dans ma culotte.

Qu'est-ce que tu fous avec 25000 $
à l'anniv de Misha ?

T'occupe.

LI nous enverra 100000 $ en tout
en quatre fois,

chaque fois qu'on lui enverra
un quart de la traduction.

- Ce foutu livre sera pas qu'une plaie.
- "On" ?

Ben oui. Je vais le remercier
pour ma mère.

J'ai un plan.
Ce mec est pour nous.

Je te laisse.

- Tu pisses comme nous, alors ?
- Quoi ?

Rien.

Maman, t'as dit 30 min
y a une heure.

C'est la honte, grouille...

Viens.

Tu es ma petite amie.

Maintenant, je suis ton petit ami.

J'ai trouvé un mec pour ma mère.

Je préfère qu'on reste amis.

Quoi ?

Tu es folle ?

"Amis" ?

On est pas en maternelle,
au 19e siècle. T'es dingue de lui.

LI l'a pris pour un non.

Les Russes sont fiers. T'es con !

Je veux pas qu'il me croie facile.

LI te calcule depuis six mois.

Tu dis non quand y a trois filles
pour un mec dans cette ville,

quand les nanas sucent aux chiottes
pour exister ?

Ouvre les yeux. C'est la guerre !

Appelle-le ! Dis-lui que tu l'aimes,
que c'est ton mec.

Jamais !

C'est décidé.

Elle part à New York.

Les Allemands sont à moins de 300 km.

On va tous mourir.

Si tu l'aimes, Leo,

laisse-la partir.

Un jour, j'espère,
quand tu auras assez d'argent,

tu la retrouveras.

Là-bas.

Tu n'aurais jamais dû accepter.

Tu m'oublieras.

Même mort, je ne t'oublierai pas.

Alma...

viens t'asseoir.

Tu as dit que je serais le premier.
Épouse-moi avant de partir.

Dis-moi seulement :
"Je suis ta femme."

Je promets de te faire rire
toute ta vie, jour et nuit.

La nuit, je dors.

Leo, on se mariera.

À New York !

Promets-moi.

Tu ne mourras pas.

Tu viendras.

Tu vivras !

Pour moi.

Je te le promets.

Est-ce que Zvi écrit mieux que moi ?

Quoi ?

Bruno t'a lu un poème
que tu as aimé.

LI t'a menti.
Il était de Zvi, pas de lui.

Tu disais que Zvi était mauvais.
Maintenant, tu aimes ses poèmes ?

Alors, Zvi écrit mieux que moi ?

Mon amour...

tu m'écriras chaque semaine.

Dans chaque lettre, tu mettras
un chapitre de ton livre sur moi.

C'est toi, le meilleur écrivain.

J'ai oublié.
Trois coups, c'est pas "Je suis mort" ?

Un coup : "Je suis mort".
Deux coups : "Je vais bien".

Trois coups : "Je veux te parler".

Deux coups, c'est con.
Si ça va, pourquoi le dire ?

Comme ça, tu stresses pas.
T'es juif, tu stresses. Je compatis.

Toi, tu stresses
pensant que je stresse.

De quoi veux-tu parler ?

- Il n'a pas appelé.
- Qui ?

Mon fils !
Il a le manuscrit depuis une semaine.

Je le sais.
Je l'ai envoyé en recommandé.

Va donc le voir
pour lui dire que tu es son père.

Lui envoyer ton manuscrit
autobiographique, c'est la pire connerie.

LI doit en recevoir dix par jour.
Ça a dû atterrir dans la poubelle.

Et pourquoi tu l'as envoyé
que maintenant ?

Je l'ai fini il y a peu.
Et je n'avais pas de titre !

Mazel tov ! Et le titre est...?

Des mots pour tout.

Alors, vas-y !

Et dis-lui "des mots pour tout".

Avoue, c'est pas normal
qu'un fils n'appelle pas son père.

J'hallucine !
Tu peux pas être son père,

il sait pas qu'il est ton fils.

Il a qu'à lire le manuscrit !

Il est à la poubelle !

C'est pas un rencard du vendredi soir.

Fais-le sérieusement.
Dans le monde réel, il serait mort.

Écoutez-moi, dans ces interventions,
le temps est primordial.

Retenez ça. Sinon...

adieu victime.

Allons-y !

Jack, à vendredi.

Alma, ça va ?

Ça va pas ?

Je pourrais venir
sur un vrai incendie ?

- Tu veux brûler ?
- Je veux aider.

Je vois ce que je peux faire.

À vendredi.

- Qu'est-ce que vous faites là ?
- Je savais pas qu'il...

Je dois y aller, j'ai un rencard.

Alors, pourquoi t'es là ?

- Tu nous laisses ?
- Ouais. Je t'appelle.

Reste !

Pourquoi on doit rester amis ?

Quand je t'ai embrassée,
tu m'as rendu mon baiser. J'ai pas rêvé.

Tu avais l'air d'aimer.
Tu m'aimes, oui ou non ?

On va s'embrasser, coucher.
Et ensuite ?

Tu délires !

Les histoires d'amour durent jamais.
Ouvre les yeux. Pas vrai, Zoey ?

Ouais...

N'importe quoi !
Et tes cours de bouche-à-bouche bidon ?

Zoey, t'en mêle pas.

Elle te kiffe. Où est le problème ?

Qu'est-ce que tu racontes ?

Je le kiffe comme ami.
Il comprend rien.

L'amitié, c'est mieux que l'amour.

Mais non. L'amour, c'est mieux.

De quoi tu te mêles ?

- Tu m'as dit de rester.
- Pas pour prendre sa défense.

Puisque vous êtes sur la même
longueur d'ondes, sortez ensemble.

Salut.

"Cher M. Jacob Marcus,

"quel honneur
de pouvoir dialoguer avec vous !

"J'aimerais vous parler de notre tribu,
pour que vous visualisiez

"dans quel contexte votre livre
se revêt de la langue anglaise.

"Nous sommes une famille formidable.

"Tout d'abord,
merci pour ce premier chèque.

"Nous l'avons fêté,
musique russe à l'appui,

"en organisant
un Thanksgiving slave fort joyeux

"avant l'heure, un repas gargantuesque,

"une énorme dinde...

"Nous avons dansé et ri grâce à vous.

"Voici les membres
de ma petite famille.

"Ma fille est brillante
et d'une rare beauté.

"Excusez le regard subjectif d'une mère,

"mais qui déforme à peine la réalité.

"Elle est à la fois
littéraire et scientifique.

"Elle connaît tout des espèces
et de la vie sur Terre.

"Elle est très sportive
et apprend chaque jour

"à survivre en toutes circonstances,

"surtout en milieu hostile.

"Elle est drôle, sociable

"et très intuitive.

"Mon fils de dix ans
est de cinq ans son cadet.

"C'est un visionnaire.

"Il est déjà très responsable
et se pose des questions spirituelles.

"Nous l'appelons Bird
car il est libre,

"poétique, léger

"et qu'il plane
sur les grandes questions du monde.

"Il se comporte en adulte,
mais conserve son innocence infantile.

"Quant à moi, j'élève seule,
avec bonheur, ces deux beaux enfants.

"J'aime la littérature, les spectacles,

"les voyages,

"faire la cuisine,

"déguster des mets succulents

"et, de temps à autre,
un bon vin français.

"Mes enfants me disent très belle,

"mais je suis consciente
que le temps a fait son ouvrage,

"même si leur affirmation subjective
me flatte.

"J'aime les amitiés
sincères et durables,

"pas comme celles des jeunes
qui choisissent hâtivement

"et qui déclarent à tout bout de champ
qu'ils vous aiment.

"Je vous ennuie sans doute.

"Cela nous ferait plaisir

"si vous acceptiez de dîner un soir
en notre compagnie.

"Votre fidèle, Charlotte Singer."

Alma, éteins-moi
cette musique de sauvage !

Ça me casse les oreilles !

Ton fils n'a jamais écouté cette merde.

C'est du bruit, pas de la musique.

C'est complètement con de vouloir
vivre synchrone avec ton fils.

Moi, j'aime.

Isaac a écouté tout ça !

Isaac !

Isaac, je l'ai trouvé !

C'est génial.

C'est pas ça, être père !
Il faut vivre avec ton fils, en vrai.

Tu aurais dû
lui faire écouter du klezmer.

Ça, c'est de la musique.

Un violon, une clarinette, un accordéon.

Tu te rends compte qu'à cause de toi,
il ne connaîtra jamais Dudu Fischer ?

Tu assumes ?

Dudu Fischer !

Tu es un vieux con,

mais c'est bon de t'avoir !

Tu vends toujours ta citronnade ?

Bien sûr !

Un verre ?

- 3 $.
- Quoi ?

C'était 50 cents.

Le Déluge approche.
Il faut soutenir le Messie.

Merci.

Prends ce que tu veux.
On est vieux, mais pas invisibles.

Ça se fête !

Des nazis !

Savourez-le.

Un sucre.

Salaud !

C'est pas grave, monsieur.

Désolé.
Toute cette vieillesse, d'un coup...

Ça ne fait rien.
Je vous en apporte un autre.

Et voilà.

Tu es un salaud ! Elle est adorable.

Lis t'ont fait quoi, les Allemands ?

Les gars, c'est parti.
Mendez, éclaire le bâtiment !

On y va !

Capitaine, qu'est-ce qu'on a ?

Évacuez l'immeuble.

Envoyez la flotte.

Deux gars à l'intérieur.

Mon fils !

Mendez, sors l'échelle.
Y a un gamin au 3e !

Jeff, monte.
Y a un gamin au 3e.

J'y vais.

Shalom !

Dieu te bénisse.

Entre.

Alma, Misha est là !

Viens.

Alma est là ?

Elle est pas là.
Elle est au cours de secourisme.

Tu veux l'attendre ?
Elle va pas tarder.

Une citronnade ?

C'est 3 $.

Quoi ?

Elle t'aime grave.

Elle te le dira pas,
elle est con et trop fière.

Promets-moi de jamais la quitter.

C'est moi, l'homme de la maison,
maintenant.

Réveille-toi.

Tu es arrivée.

Merci.

Content que tu sois venue.

Un jour, tu feras pareil.

Tu étais top !

Merci.

Merci. Bonne nuit.

La Poste vous remercie pour votre appel.

Que pouvons-nous faire pour vous ?

Souhaitez-vous suivre un envoi ?

Quelle est votre demande ?

Bonjour.

Je m'appelle Leo Gurski.

J'ai envoyé un pli recommandé
à mon fils

il y a deux semaines.

La livraison a été confirmée.
J'ai reçu l'accusé de réception.

Mais malgré cette confirmation,
a-t-il pu se perdre ?

Être livré à la mauvaise adresse ?

Merci de me rappeler
au 9175550123.

C'est important.

Merci !

Un répondeur...

Bande de feignasses !

Ils ne travaillent jamais ?

Statut : Célibataire

Alma : Ça va ?

J'allais dormir.

Mon imprimante est en panne.
Tu peux imprimer ma traduction ?

J'ai fini le premier quart.

Maintenant ?

Tu le veux maintenant ?

Ou demain matin.

Envoie-moi un e-mail.

Alma, je ne te demande pas le ciel.
Tu peux m'aider, oui ou non ?

Transfère le fichier
sur une clé USB.

Je dois lui envoyer.
Il nous paie à la réception.

D'accord.

Merci.

Alma : Ça va ?

Catherine : "Tu as trouvé la clé
de mon cœur dans ma culotte."

Fran : "C'est beau, l'amour."
Lian : "Je t'aime, Catherine."

Statut : En couple

T'inquiète, c'est que du cul,
pas de l'amour.

Les Russes ont besoin de cul.

C'est un connard !

Il a fait ça pour te faire chier.

Je l'emmerde ! Et sa pétasse aussi !

Ne t'inquiète pas,
les Russes reviennent toujours.

Tu veux que je vienne ?

Non, ça va. Je survivrai.

Il l'appelait : "Alma, mon Alma,
la femme la plus aimée au monde."

Alma Mereminski !

Dépêchez-vous, on doit partir !

J'arrive dès que j'ai l'argent.

Et je t'écris.

Réponds-moi,
ne me laisse pas sans nouvelles.

Ton roman : un chapitre par lettre !

Promis.

Je t'aime.

Almoushka...

Va.

Pars !

Maman, ça suffit !

Je t'aime !

Je t'aime, Alma !

Je t'aime !

Je t'aime, Leo !

Je ne veux plus m'appeler Alma.

Ce prénom du shtetl et cette histoire
de "femme la plus aimée au monde",

c'est des conneries.

Je ne veux pas être aimée.

L'amour n'existe que dans les livres.

Ce n'est pas vrai.

Alma Mereminski a vraiment existé.

Elle a été aimée comme personne.

Rien à foutre.

D'ailleurs, comment tu le sais ?

Ton père l'avait retrouvée.

LI l'a rencontrée ?

Non, il n'a pas osé.

Mais tout ce que ce livre raconte
est vrai.

L'amour est vrai.

Ton père m'a aimée.

À la folie.

Personne ne m'aimera comme lui.

Ah bon ?

Alors, pourquoi il est parti ?

Ton père ne t'a pas quittée.

LI ne nous a pas quittés.

Le cancer l'a emporté.

Bien trop tôt.

Ne lui en veux pas.

Fais-moi un bisou.

Comment tu es devenue
si grande, si vite ?

Tu seras la femme
la plus aimée au monde.

Je te le promets.

Ne m'en parle plus.
C'est fini, c'est du passé !

Tu as tort, il t'aime...
C'est bon, je me tais.

Je dois donner ce pli en mains propres
à M. Jacob Marcus.

LI n'est pas là.
Laissez le pli, je lui donnerai.

Tu me donnes le timbre ?

Je peux l'attendre.

LI est à l'étranger.

Merci monsieur.

On attend. Dès qu'on a tourné le dos,
le concierge a décroché le téléphone.

Je suis sûre qu'il est là.

Bonjour, John.

George, un pli pour moi ?

Tout à fait.

T'as tout faux.
Jacob Marcus est une femme.

Monsieur, vous montez ?

Non, merci.

J'ai le mal de mer.

L'Amérique !

Merci !

Excusez-moi, monsieur. Où est-ce ?

Tout droit et à gauche.

Leo !

Oh, mon Dieu !

Entre.

Mon Dieu...

Tu es vivant.

Tu es vivant !

Attends.

Assieds-toi.

Je reviens.

Assieds-toi, attends-moi là.

Attends-moi là.

Mon Alma, mon amour.

Tu m'as tellement manqué !

Nous sommes ensemble !

Nous sommes réunis.

Toutes ces années,
j'ai pensé à toi jour et nuit.

Année après année !

J'ai survécu grâce à toi.

Je t'ai promis de vivre,
j'ai tenu grâce à toi.

À toi.

J'ai été un animal.

Mais un animal
ne peut aimer comme moi,

penser à une seule chose
comme je l'ai fait.

J'ai survécu grâce à ton rire,

à tes yeux,

à chaque tache de rousseur de ton corps,

à la douceur de tes cheveux,

à ta nuque,
à tes longs doigts, à tes sourcils !

Je vais être écrivain,
le meilleur écrivain.

J'ai tant de choses à raconter.
Accumulées pendant des années.

Je vais tout te raconter.

Rien qu'à toi.
J'écrirai des livres, plein de livres.

Ni trop réalistes ni trop imaginaires,
mais comme tu as dit :

inimaginables !

Tu seras fière de moi.

J'ai travaillé comme un chien
pour avoir l'argent pour émigrer.

Je ne sais pas comment j’ai fait.

Je ne savais plus marcher,
plus parler ni même penser.

J'ai entassé ballot après ballot
dans un port, comme une machine.

Jusqu'à pouvoir embarquer.

Alma, comme tu es belle !

Ma femme la plus aimée au monde !

Je veux te faire l'amour.

Mon Alma, j'ai envie de toi.

Je suis mariée.

Tu as cessé d'écrire, Leo.

Au début, j'ai reçu tes lettres.

Puis, plus rien.

Rien !

Pendant des années.

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Je te croyais mort.

Puis, j'ai appris que nos deux familles
avaient été tuées.

Quelques mois
après mon arrivée à New York,

j'ai accouché d'un garçon.

Tu es son père.

Je l'ai appelé Isaac.

Comme ton père.

Ton fils

s'appelle Isaac.

Mordechaï Moritz, mon mari,
m'a épousée pour me protéger.

J'étais seule avec un enfant.

Sans ressources,
sans aucune nouvelle de ma famille.

Dans un pays et une ville
que je ne connaissais pas.

Mets-toi à ma place.

Ce n'est pas lui.

C'est Bernard.

Le demi-frère cadet d'Isaac.

J'ai eu un deuxième enfant
avec mon mari.

J'ai deux enfants.

Isaac n'est pas là.

J'ai une famille, Leo.

Je regrette.

Promets-moi...

de ne jamais dire à ton fils
que tu es son père.

Cela le tuerait.

Viens avec moi.

S'il te plaît, Alma.

Viens avec moi.

S'il te plaît, Alma.

Prends Isaac et viens avec moi.

Je ne peux pas.

S'il te plaît !

S'il te plaît, Leo.

S'il te plaît.

"Je voulais que quelque chose arrive.

"Mais rien n'advint.

"Aucun vent

"balayant toute chose.

"Aucune crise cardiaque...

"Aucun ange...

à la porte."

Zoey :
Cette fois, foire pas. Baise !

Autre chose, Alma ?

Non, merci.

Je l'ai. Il liste les plantes et insectes
consommables en milieu hostile.

Milieu marin, haute montage,
savane, désert.

Tu sais, la végétation arctique
est comestible.

Je m'en fous. Je veux...

Tu veux rien !
Tu as couché avec Catherine ?

La question est pourquoi.

Réponse :
"Parce que je suis un gros con

et comme tout mec,
je veux baiser la conne bien roulée."

Je voulais te faire chier.
Tu m'as baisé, avec ton pompier.

Qui, Jeff ? Qu'est-ce qu'il a ?

LI t'a ramenée chez toi
et t'a embrassée.

Il m'a ramenée, point.
Qui t'a dit qu'il m'a embrassée ?

Je l'ai vu de mes yeux.

Tu te planquais vers chez moi ?

Pourquoi t'es pas venu me voir ?
Il m'a pas embrassée.

Bon, il t'a pas embrassée.
Tu veux quoi ?

- De quoi ?
- De moi !

Qu'est-ce que tu me trouves ?
Tu aimes la Russie,

pas moi.
Ce pays lointain enfoncé dans la neige,

avec des ours blancs, des reines
et des petits Tchékhov partout.

LI y a aussi l'été là-bas,
tu es au courant ?

Et tu aimes l'histoire
de mes grands-parents

déportés en Sibérie par Staline.

Deux héros juifs : Moïse et Moïsette.

Mais ce n'est pas moi.
Je n'ai survécu à rien.

Je ne connais la Sibérie qu'en photos.

Je suis né à Moscou.
Le New York russe avant qu'on nettoie.

Mes parents, des scientifiques,
gagnaient du blé

et polluaient gaiement la Russie,
leur revanche sur une enfance en Sibérie.

Lis m'ont couvert d'amour
et offert le plus beau des cadeaux :

L'Amérique.

Tu veux plus qu'on soit amis ?

Je veux pas qu'on soit amis !

Amoureux, oui !

Mais je veux que tu m'aimes, moi !

J'en ai marre de tes conneries
sur la survie.

Il faut vivre, pas survivre.

Regarde bien ta mère.
Un jour, tu seras comme elle.

Alors, sauve-toi d'abord.

J'espère être toute ma vie
comme ma mère !

Tu la connais pas !

C'est la femme la plus aimée au monde.

Forte, comblée et lumineuse !

Mon père l'a aimée
comme personne ne peut aimer.

Aujourd'hui,
y a plus d'amour, que la guerre.

Je veux pas aimer
et je veux pas être aimée.

J'ai envie d'être avec toi,

qu'on soit ensemble.
Y a personne à sauver.

Personne nous menace,
y a pas de guerre.

Oh si !

La guerre ne cesse jamais.

Fous-moi la paix.
Tu ne comprends rien à l'amour.

L'amour, c'est pas un "like"
sur Facebook.

L'amour, c'est une histoire
depuis le début et sans fin.

Fous-moi la paix.

Tu veux savoir un truc ?

Quand je suis avec Catherine,
je suis bien.

Elle est peut-être con,
mais elle a rien à dire.

Et elle sait ce qu'elle veut.
C'est reposant.

Toi, un jour c'est blanc...

Je suis comme ça !

Bon.

Salut !

Alors ? il a remis "célibataire".
C'est super !

J'ai merdé !

Bonjour. il y a 541 $ et 50 cents.

Un aller pour Jérusalem,
s'il vous plaît.

Bonjour. Tu veux dire Tel-Aviv ?

Non, Jérusalem.

LI n'y a pas d'aéroport
à Jérusalem.

Ça coûte 700 $.
Ce n'est plus 540 depuis longtemps.

Tu voyages seul ?

LI y a un aéroport à Jérusalem !

Pourquoi Jérusalem absolument ?

Vous savez garder un secret ?

Je suis un Lamed Vovnik
et peut-être même le Messie.

Y a pas de réduction ?

Si tu es un Lamed Vovnik,
fais que le billet coûte 540 $.

Pardon. Viens avec moi.

"Maman, Alma,
il va y avoir un déluge.

"Ne vous inquiétez pas,
je vous ai construit une arche.

"Alma, tu sais où elle est.

"Vous devez survivre.

"Je vous aime. Bird."

il répond pas.
J'ai la messagerie !

Pourquoi tu ne sais jamais
où est ton frère ?

C'est où, son arche ?

LI n'y a rien ici !

Quelqu'un l'a vu ?

Non, personne !

Mon Dieu ! Mon Bird...

Laisse-moi tranquille.

Merci messieurs. Entrez.

Je vous sers quelque chose à boire ?
Un thé ?

Non, merci madame.
Juste quelques papiers à signer.

Les gens croient que c'est facile
d'être un Lamed Vovnik.

Mais nous devons porter le monde
sur nos épaules.

Personne ne voit les déluges.

Pourtant, ils menacent de partout.

Toi, t'as pas d'amoureux
et tu dois te coltiner Zoey.

Maman n'a pas de mari,
elle fume, jardine

et va mourir du cancer !

Auschwitz.

Les clochards qui dorment dans la rue,
même en hiver.

Le Rwanda.

Le Congo.

Les enfants qui n'ont plus de parents.

La famine en Afrique.

Une fille dans ma classe
qui a un doigt en moins.

Le sida.

Le Cambodge.

La vache folle.

Les guerres, presque partout.

Non ! C'est l'arche de mon fils !

Ne la détruisez pas !

C'est à mon fils.

C'est pas à vous !

C'est l'arche de mon fils !

Tu n'es pas responsable
de tout ça, Bird.

Tu ne peux pas sauver le monde.

Et toi ?

Je veux sauver mon prochain,
pas le monde.

Par la science.

Est-ce que la science a sauvé papa ?

LI a survécu à tout, sauf à la maladie.

Mon Bird...

Je te promets, tout ira bien.

Alma Mereminski,
la femme la plus aimée au monde

Mereminski, mère de...

Alma Moritz-Mereminski,
la mère d’Isaac Moritz,

le célèbre auteur du Remède...

...dont le personnage
de Jacob Marcus...

Le Remède d’Isaac Moritz

Jacob Marcus, personnage récurrent,

digne héritier
des personnages tragi-comiques...

Jacob Marcus est un pseudo.
Le mec s'appelle Isaac Moritz.

C'est un écrivain,
le fils d'Alma Mereminski.

Et je m'appelle ?

OK, t'es trop lente,
je t'expliquerai plus tard.

En tout cas, tout est lié,
c'est génial !

Merde.

Laisse-moi t'aider.

Isaac Moritz...
Pourquoi tu lis tout ça ?

L'auteur est vivant,
il peut pas être bon ?

Seul un mort mérite le prix Nobel,
c'est ça ?

Le Remède.
Ça me dit quelque chose.

C'est le fils de...

De ?

De sa mère, Mme Moritz.

C'est pour toi.

Jacob Marcus nous envoie le solde.

Tu te rends compte ?
Il y a encore des gens honnêtes.

On a touché les 100000 $
et je n'ai pas envoyé le dernier quart.

Tu n'avais pas besoin de chaussures ?

Non, ça va.

LI dit qu'il est souffrant.

LI demande de lui envoyer la fin
directement à son adresse.

Souffrant ? Montre.

Quand la traduction sera finie,
tu la liras ?

Je sais pas.

Bonjour ! Parlez-vous allemand ?

Oui !

Pas moi, mais je parle yiddish.
Farshtaist ?

Un café, s'il vous plaît ! Espresso.

Tenez.

Je suis désolé !

Ah, la vieillesse !

Quel imbécile je fais !

J'aimerais enfin mourir.

Dites pas ça.

Vous êtes encore jeune.

Vous trouvez ?
Vous viendrez à mon enterrement ?

Voici, monsieur.

Vous voulez que je vous le pose
sur la table ?

Ça ira.

Allô, Bruno ?
N'est-ce pas bon d'être en vie ?

Merci, je n'ai besoin de rien.

Je n'essaie pas de te vendre
quelque chose ! Écoute.

Je suis assis au café.
Je bois un Espresso,

devant une jolie demoiselle

aux cheveux orange
et soudain ça m'a frappé.

- Qui t'a frappé ?
- La vérité !

C'est tellement bon d'être en vie.

En vie !

Et je mourais de te le dire.

Enfin, je ne voulais pas mourir
sans te le dire.

Je dis que la vie
est une chose de beauté, Bruno.

Une chose de beauté
et une joie éternelle.

D'accord, comme tu veux.
La vie est une beauté.

Et une joie éternelle !

C'est ça. Et une joie.

Éternelle !

L'écrivain Isaac Moritz
est mort à New York

Merde !

Vieil emmerdeur !

Vous faites toujours ça !

Vous venez, vous salopez tout
et je dois nettoyer !

Ça veut dire que tu es vivant
ou mort ?

Vivant !

Deux coups, c'est "vivant" !

Je te l'ai dit mille fois,
vieux de merde !

11 années plus tôt

Même en l'absence de gravité,

les astronautes et les cosmonautes
ont ressenti un grand poids.

En bas,
l'anneau d'amarrage de la navette.

La station Mir approchant au-dessus.

Après les vérifications de sécurité,

le commandant de la navette
ouvre l'écoutille.

C'est facile, sans la gravité.

L'accueil de la station russe Mir
fut chaleureux.

Spécialement
pour l'astronaute américain.

Je suis absent.
Merci de laisser un message. Bip !

Leo, c'est Alma.

Je sais que je ne devrais pas...

Alma !

Allô ?

Leo ?

Ce n'est pas un répondeur ?

Non.

C'est moi.

Je filtre.

Ça va ?

Ça fait...

Leo...

j'ai besoin de te voir.

Entrez.

Leo !

Almoushka !

Tu reprends tes études ?

Tu veux faire médecine ?

Mon Leo !

Tu sais que je ne peux pas
accepter ces fleurs.

LI va les voir.

Il ne verra rien.

Je les reprends en partant.

Et je les ramène chaque jour.

S'il te plaît, non.

Tu es si belle !

Si je venais à mourir...

De rire ?

Ou étouffée
par cette bouffe de mendiant ?

Écoute-moi, Leo.

C'est sérieux.

Si je venais à mourir...

tu dois me promettre deux choses.

La première :

ne reste pas seul.

Trouve-toi quelqu'un.

Et la deuxième :

ne dis jamais à Isaac
que tu es son père.

Heureusement
qu'ils font aussi hôpital.

Ça marcherait jamais
comme restaurant.

Leo, c'est sérieux.

Dis-le.

Je te le promets.

Leo...

as-tu fini le livre ?

Tu sais...

tes premiers chapitres,

je les ai tous lus à mon fils.

En yiddish.

Tous les soirs,
avant qu'il ne s'endorme.

"... Malade d'amour,

"son bruit de bottes,

"son bruit de canon

"était ce vide,

"cette chute incessante...

"depuis qu'Alma était partie.

"Y a-t-il un remède, se demandait-il,

"un remède à l'amour,

"à la folie des hommes
qui teignent la beauté en déluge..."

"Mon Almoushka,

"tu as eu raison de partir.

"Tu me manques,
mais je suis heureux de te savoir loin.

"Ici, la guerre fait rage.

"Les Schor sont morts.

"Les familles fuient en Russie.

"Je continue à travailler à Minsk.

"Bientôt, j'aurai assez d'argent
pour venir en Amérique.

"Voici un nouveau chapitre du livre.
Dis-moi ce que tu en penses.

"Je t'aime, je t'aime.

"Leo."

Comment j’aurais pu ne pas le finir ?

Bien sûr que je l'ai fini.

Pour toi.

Pourquoi tu ne me l'as pas envoyé ?

C'était la guerre.

La poste ne marchait pas.

Et...

après...

Après, quoi ?

L'histoire de l'amour

Voici mon manuscrit, Zvi.

Emmène-le, ne le perds pas.

Tu me l'enverras
quand je serai à New York.

Si je meurs,

envoie-le à Alma, à cette adresse.

Il y a quelques années,

j'ai écrit à Zvi au Chili, lui demandant
de m'envoyer mon manuscrit.

"... Un océan de malheur
sans aucun espoir

"de repeupler mon cœur

"de tes joies, de tes peurs,

"de tes paroles,

"de tes baisers.

"Mais te revoir,

"mon amour,

"serait une vie sans mort,

"une histoire sans fin,

"notre histoire d'amour."

Tu es un génie !

"Mon cher Zvi, voici l'adresse
à laquelle tu dois l'envoyer.

"Encore merci d'avoir sauvé
mon Histoire de l'amour.

"J'espère te revoir bientôt.

"Maintenant, tu as mon adresse
et j’ai la tienne.

"Ton ami, Leo."

Sa femme m'a répondu
que le manuscrit

s'était perdu dans une inondation.

"Concernant le manuscrit
de l'histoire de l'amour,

"il a été détruit dans une inondation.

"Zvi est souffrant.

"Il vous salue."

Aucune inondation ne peut effacer
l'histoire de l'amour.

Aucune, madame.

J'aurais tant aimé connaître la fin.

Mais où est le problème ?

Je connais la fin par cœur.

La prochaine fois,

je te la raconterai.

"Mon cher fils,

"je m'appelle Leo Gurski,

"je suis ton père.

"Je commence à t'écrire,
à te raconter ma vie,

"ce jour où j'apprends que
mon histoire d'amour avec ta mère,

"ma chère Alma,

"a été emportée par une inondation.

"J'avais dédié un livre à ta maman.

"Il s'appelait : l'histoire de l'amour.

"Le livre est mort,

"disparu,

"balayé par les flots.

"Sur ses cendres
naissent ces mots pour toi,

"mon fils.

"Je me lance.

"Il était une fois un garçon..."

Almoushka.

Pourquoi tu fais ça ?

Pourquoi, Dieu ?

Pourquoi ?

Bruno ?

Bruno Leibovitch ?

Toi ici, à New York ?

À New York ! L'Amérique, Leo !

- Tu vis à New York ?
- À Brooklyn.

- Bruno, tu sais quoi ?
- Quoi ?

Tu es une manne tombée du ciel.

Je viens de promettre à Alma
de ne pas rester seul.

Appelons ça un signe.
Tu feras l'affaire !

- Tu lui as promis quoi d'autre ?
- Peu importe.

Une chambre se libère
au-dessus de chez moi. Pas chère.

Alors ?
Deviens mon voisin !

- Où ?
- Eldridge Street.

Chinatown ?

Y a plus aucun juif là-bas.
Ils sont tous partis.

Non, il en reste un. Moi !

Maintenant, on sera deux !

T'as pas très bonne mine.

En fait, t'as une tronche d'enterrement.

Je viens de perdre ma femme.

Bonjour, monsieur.

Vous faites quelle taille ?

Je ne sais pas.
Pas trop grand.

Ce que vous voyez,
je ne vais plus grandir.

Pas cher.
Un costume qui se vend pas.

Je vous en prie, suivez-moi.

Installez-vous.

LI vous va comme un gant.

On dirait du sur-mesure.

Vous êtes beau.

Elle va vous adorer.

Elle ne m'a pas vu depuis des années.

Je ne veux pas faire mendiant.

Si vous voulez, pour pas cher,
je le reprends un peu ici.

- Il serait prêt quand ?
- Dans deux jours.

- Et ça coûte ?
- 200.

200 quoi ?

Sans retouches, je vous donne 100.

On est frères.
Juifs et gitans...

Je suis indien, pas gitan.

Mais OK pour 100.

J'ai fini la traduction.

Je l'envoie.

On va faire un tour ?

C'est une blague ?

Non.

- Tu vas pas gerber dedans ?
- Mais non.

J'ai pris mes médicaments.

Donne-moi 5 minutes.

- Tu aimes ?
- Grave !

- Tu as repéré la route ?
- On m'appelle GPS.

"Guide & Playboy Sexy".

T'aimes la campagne ?

Je suis dingue de la campagne !

J'aime m'allonger dans l'herbe.

M. Moritz est né
à Lower East Side, New York,

en 1942,

de parents immigrés.

Je m'incline devant la douleur
de Mordechaï,

son père,

et de Bernard, son frère,

ici présents.

Les romans d'Isaac Moritz,

si profondément juifs,

sont remarquables par leur humour.

Cet humour qui nous permet
de combattre le désespoir.

Malgré les ténèbres,

le peuple juif n'a jamais cessé
de chercher la lumière.

Le personnage fétiche d'Isaac,
son alter ego, Jacob Marcus,

nous a accompagnés

et continuera à vivre
dans nos cœurs éternellement.

Malheureusement,

la vie de son créateur

n'a jamais trouvé, elle, son Remède.

LI n'a pas toujours été facile
de vivre dans l'ombre

d'un écrivain célèbre,
d'une personnalité.

J'étais le frère d’Isaac.

Comme je l'admirais...

Je me suis souvent senti impuissant
face au désespoir d'Isaac,

qui l'a consumé.

Devant son repli,
je me sentais comme un étranger.

La mort de notre mère
l'a déchiré, anéanti...

il reste deux places.
Hillary, viens avec nous.

Bonjour. Vous êtes de la famille ?

Je l'étais. Et vous ?

Je suis Hillary, son éditrice.

On va où ?

Dans sa maison.

C'est encore loin, ton champ ?

On y est presque. Y a une maison.

La maison est vide ?

Non, y a l'amoureux de ma mère.
Il s'appelle Isaac Moritz.

LI est gentil, tu verras.

Et la maison est grande.

Vous vous souvenez de moi ?

On était au lycée ensemble ?

Non. Les Beaux-Arts !

Vous avez posé.
Vous m'avez rempli une fiche.

Vous venez pour le défunt,
ou pour être regardé ?

Pour être regardé.

On est chez qui, ici ?

Chez Bernard Moritz, le frère du défunt.

Vous savez où sont les toilettes ?

À l'étage.

Y a personne. T'as les clés ?

Attends-moi.
Je reviens tout de suite.

Pardon.

Je ne savais pas
qu'il y avait quelqu'un.

Je viens de Mislow.

J'étais un ami de la mère d'Isaac.

De votre mère.

Alma Mereminski.

On s'est connus au shtetl,
en Pologne.

Je suis ravi.
Elle nous en parlait souvent.

Tant d'histoires !

Comme vous l'avez connue à l'époque,
j'ai quelque chose à vous montrer.

C'est moi, avec mon amoureuse
qui m'embrasse au shtetl,

quand j'étais jeune.

C'est elle, mon Alma du livre.

Elle est belle !

LI pleut.

Prends-en une autre.
Leo était caché. On le verra mal.

Non. il pleut.

Prends ton chapeau !

Vous l'avez bien connue ?

Nous étions cousins.

Éloignés.

De quel côté ?

Des deux.

L'histoire de l'amour

"Te revoir, mon amour,
serait une vie sans mort,

"une histoire sans fin,
notre histoire d'amour..."

Réveille-toi !
Il l'a piqué.

Imbécile !

Ton fils t'a piqué ton livre,
Des mots pour tout.

LI va le publier sous son nom.
C'est quand même dingue !

Tu écris un livre sur Alma,
tu te le fais voler par Zvi.

Imbécile !

Tu écris un autre livre sur toi
pour ton fils. On te le vole aussi.

Et par qui ?
Par ce même fils !

Bravo ! Crétin !

Tu vois, il l'a lu.

LI a compris que j'étais son père.

LI a volé ton livre !

Lis disent que c'est son meilleur !
Appelle-les.

Tu te rends compte :

Isaac et moi,
nous sommes enfin réunis,

dans le même livre,
la même histoire.

Vous n'avez pas vécu la même histoire !

Vous n'avez rien fait ensemble.

LI a dû faire une copie.
Il n'a pas envoyé ton original. Merde !

Va chez lui et récupère ton manuscrit.

Revendique-le !
Dis que tu existes et que c'est le tien.

Bonjour. Nous nous sommes rencontrés
à son enterrement.

Je me souviens.

Vous désirez ?

Je m'appelle Leo Gurski,
je suis le père d'Isaac Moritz.

Pouvez-vous m'offrir un exemplaire
de son dernier livre ?

Dis-lui que tu l'as écrit !

Très drôle. Leo Gurski est le nom
du personnage du livre.

Bravo, bonne blague,
mais j'ai du travail.

Le livre n'est pas sorti.
Nous n'en sommes qu'aux épreuves.

Et je viens de raccrocher
avec M. Moritz, le vrai père.

Montre-lui tes papiers.
Elle te croira.

- Je les ai pas.
- Crétin !

Je ne comprends rien
à tout ça.

Alors, M. Donald Duck
ou qui que vous soyez,

dans un mois, vous pourrez
acheter le livre en librairie !

Comme le gentil garçon
que vous êtes sûrement.

Je vivrai peut-être pas jusque-là.
Je veux lire ce qu'il dit de moi.

Au prochain enterrement ?
Au revoir.

Tu laisses faire ?

Ce livre a atteint son but.
Mon fils a su que j'étais son père.

Fin de l'histoire.

Et l'histoire de l'amour
a atteint son but ?

Alma ne l'a jamais lu !

Disparu dans une inondation, mon cul !

Tu n'as même plus une ligne
du roman de ta vie !

Tu t'es fait déposséder de tout :

ta femme, ton fils, tes livres,
tes vies possibles à venir !

Et tu sais quoi :

oui, j'ai couché avec Alma au shtetl !

T'avais un doute ?
Maintenant t'en as plus.

J'ai couché avec elle.
Heureux ?

Le jour où on s'est rencontrés
à New York...

je t'ai dit que j'avais perdu ma femme.

Ma femme, c'était Alma.

Je la voyais à l'hôpital
en cachette de son mari.

Tu allais à l'hôpital dans mon dos ?

T'étais pas son mari.
C'était Mordechaï.

Non. Alma était à moi !
Et elle le sera pour toujours !

Ta merveilleuse Histoire de l'amour !
Clochard !

À moi de te dire un truc.

Avant de mourir, Alma m'a fait promettre
de ne jamais vivre seul.

Je lui ai donné ma parole.

Elle voulait que je trouve une femme.

J'ai triché.

Je t'ai inventé toi, à la place,
pour me tenir compagnie.

Pour lui faire plaisir.

Je pensais que tu serais
moins encombrant qu'une femme.

Quelle erreur !

Quelle connerie de t'avoir choisi !

Tu ne comprends pas ?

Tu n'existes pas !

Tu pouvais pas
aller à l'hôpital dans mon dos.

Je t'ai inventé après sa mort !

Retourne dans ta tombe.
T'es qu'un ver de terre !

Si j'existe pas, t'as plus personne.

Plus de fils, plus de femme,
plus d'ami !

Meurs ! Va chez ton fils
récupérer ton manuscrit.

Encore mieux : meurs chez Isaac

avec ton unique chef-d'œuvre
sur ton cœur.

Connard !

Disparais !

Il pleut à nouveau aujourd'hui.

Il pleut dans nos cœurs.

C'est un moment difficile pour tous.

Aujourd'hui, nous enterrons notre fils,

notre ami,

Bruno Leibovitch,

tué par les nazis

dans la fleur de l'âge, à 19 ans.

Une pensée émue à Shlomo et Esther,

ses parents,

Lea et Avishag, ses sœurs,

Leo et Zvi,

ses meilleurs amis.

Viens avec moi au Chili.

Ils nous tueront tous.
Ils ont tué tous les juifs à Staszów.

J'irai à New York, Zvi.

Dès que j'aurai l'argent.

Jamais ils me tueront !

Bonne journée.

Des mots pour tout
de Leo Gurski

"Mon cher fils,

"Je m'appelle Leo Gurski,

"je suis ton père.

"Je commence à t'écrire,

"à te raconter ma vie,

"ce jour où j'apprends que
mon histoire d'amour avec ta mère,

"ma chère Alma,

"a été emportée par une inondation...

"un déluge.

"J'avais dédié un livre à ta maman.

"Il s'appelait l'histoire de l'amour.

"Le livre est mort,

"disparu, balayé par les flots...

"Qui sait si un jour,
un miracle le fera ressurgir du passé ?

"Sur ses cendres,

"naissent ces mots pour toi, mon fils.

"Je me lance.

"Il était une fois un garçon...

"il s'appelait Leo Gurski.

"Il vivait dans un village
qui n'existe plus,

"au bord d'un pré

"qui n'existe plus,

"dans une maison qui n'existe plus,

"où tout a été découvert

"et où tout était possible.

"Par la suite, tout devint impossible."

J'ai la fin de l'histoire de l'amour.
Appelez-moi. Alma.

Si tu faisais la vaisselle
et les courses,

tu penserais moins
à porter la Terre sur tes épaules.

Un Lamed Vovnik
fait pas ces trucs-là.

Les Lamed Vovniks n'ont qu'à changer,
ils commencent à me gonfler !

Le téléphone !

Ferme le robinet !

Vous m'avez laissé un mot.
Vous avez l'histoire de l'amour ?

Oui.

Seulement la fin ?

Non.

En entier ?

Oui.

On peut se voir demain à 16h
à Central Park ?

Oui.

Le banc près de Sheep Meadow

et du restaurant Le Pain Quotidien,
ça vous va ?

Oui.

Alma...

tu vas bien ?

Oui.

Vous connaissez le secret
de "la femme la plus aimée au monde" ?

Comment on le devient ?

On ne le devient pas.
On l'est ou on ne l'est pas.

Comment on sait si on l'est ?

Je te le dirai.

Il est temps que je te dise tout.

Je porterai une robe à fleurs.

À demain. Au revoir.

Merde, ma robe à fleurs !

Bird, t'as pris ma robe à fleurs ?

Un Lamed Vovnik porte pas
de robes à fleurs !

Maman, t'as vu ma robe à fleurs ?

Tu portes des robes, maintenant ?

Tu peux me prêter ta robe à fleurs ?

C'est pour Misha ?

Je te raconterai.
Tu me la prêtes ?

Écris-lui, pauvre con.

Écris-lui !

Elle t'aime. Écris-lui !

Tu m'as promis de l'aimer.

Écris-lui !

Maintenant !

Misha : Ça va ?

Miracle !

Je suis un Lamed Vovnik !

Je suis un Lamed Vovnik !

Je t'èm. Sove-moua !

Bonjour.

Vous êtes Isaac Moritz ?

Non. Son père.

Son père ?

Le mari d'Alma Mereminski ?

Pas le mari.

L'amoureux.

Leo ?

Vous avez quel âge ?

Avec ou sans la TVA ?

Vous avez survécu à la guerre ?

J'ai survécu à tout.

Ça vaut la peine
de survivre à tout ?

L'histoire de l'amour

"... notre histoire d'amour..."

Il pleut ?

Non.

Vous pleurez.

Ah bon ?

Alors...

vous vous appelez Alma ?

Oui.

C'est une longue histoire.

Adaptation : Pascale Joseph

Sous-titrage : HIVENTY