All language subtitles for 1966.Objectif 500 millions (fr)

Mélodie inquiétante

Musique de suspense

-En 1961,
à la fin de la guerre d'Algérie,

des officiers de l'armée française
s'insurgérent contre leur gouvernement.

Mélodie intrigante

-Bonsoir, M. Reichau.

-Bien, Jeannot. Lève les mains.

Tourne sur ta gauche.

Lève, Jeannot.

Du calme, Taïeb.

-Ton gauche.
Sers-toi de ton gauche.

Du calme, Taïeb, on est pas au Central.

-Faut que tu saches.

J'ai récupéré mes….

Mes jouets.

-Arrête, Taïeb ! Arrête !

-Il l'a massacré.

-Vous la connaissez ?

Elle vous connaît.
-Moi ?

-"Je suis une amie du capitaine Reichau”,
elle m'a dit ça.

C'est pour ça que je l'ai laissée entrer.

D'habitude, j'aime pas que les rombières
tournent autour de mes boxeurs.

Ce sont des détraquées, des hystériques.

Si vous aviez vu la tête de celle-là
pendant le combat…

*-.. les combats ont repris au Yémen,
où les forces montagnardes

de l'Imam Ahmad harcélent les patrouilles
du corps expéditionnaire

égyptien.

Mélodie inquiétante

-Progresser dans cette cuvette
sans s'éclairer sur les flancs !

Les cons.

Mélodie entraînante

*-Munich.

*Des mannequins ont présenté pour vous,
Madame, ce que sera la…

-C'est pire que l'alcool
pour les boxeurs.

C'est pire que l'alcool, les filles,
vous pouvez pas savoir.

Tenez. Y a deux ans,
j'avais un petit jeune.

Terrible, 17 ans, enfin, bien quoi !

Avec la mentalité, tout.

De la graine de champion d'Europe.
Et y a six mois…

-Tu pourrais encore
me prêter 10000 francs ?

-Y a six mois, il s'est fiancé.

Sa rombière l'a vu revenir
avec un œil fermé, terminé.

Elle préfère qu'il travaille en usine.

J'ai que 8 000.

-Ça va, merci.

Merci pour ça et le reste.

-Ne vous en faites pas, mon capitaine.
-Ne m'appelle plus jamais comme ça.

En trois ans de tôle, j'ai appris une chose.
Le capitaine Reichau n'existe plus.

On me l'a assez répété.

Très bien, on efface tout.

Appelle-moi comme tu voudras.
Jean, Reichau, appelle-moi…

Comme tu voudras,
mais plus jamais comme ça.

Vu ?
-Oui, mon capitaine.

-Connard, va.

Tu sais, on est pas encore morts.

Et le diable marche avec nous.

Mélodie intrigante

France Gall - "Dis à ton capitaine"

-Alors, mon vieux, on rit tout seul ?

-Elle klaxonne, celle-là,
pour qui elle se prend ?

-Vous me cherchez ?
-Oui.

-Très bien, me voilà.

Je vous préviens,
je n'ai que 8000 francs.

-C'est moi qui paie. Montez.

Montez, Delta 12.

*-Départ à destination d'Alger.
Vol Air Algérie 1405

-Qu'est-ce que vous cherchez ?

“Embarquement immédiat
porte numéro 35.

Répondez-moi !

Bon, je suis, j'étais Delta 12.
Et alors ?

Qu'est-ce que vous voulez ?

Quelqu'un qui vous change
de vos boxeurs ?

Qui vous fasse peur ?

D'accord.

Je connais plein d'histoires horribles.

Au Commando Cobra,
j'ai appris à tuer des sentinelles.

Pas avec des mannequins bourrés de paille,

avec des cochons vivants.

On les pendait par les pattes de devant
à hauteur d'homme,

ils braillaient abominablement.

Fallait bondir, leur serrer le ventre
par le bras et leur trancher la gorge.

C'était pour savoir ce que c'est
que la vie qui s'en va au bout d'un poignard.

Et l'odeur du sang qui coule.

Chaud.

Très bon entraînement.

Très efficace.

-Taisez-vous.

-Qu'est-ce que vous voulez ?

Que je dynamite Orly ?

Ça devrait bien sauter.

-Taisez-vous.
J'ai horreur des hommes

qui se prennent pour des hommes
parce qu'ils ont fait la guerre.

Venez.

Je vais vous montrer quelque chose.

*... pour Téhéran, New Delhi, Bangkok,

Hong Kong et Tokyo.

-Regardez bien cet appareil.

Celui vers lequel marche un aviateur.

-C'est un Dakota. C'est tout ?

-Regardez.

-Il a passé l'inspection.

Il descend.

Ça doit être le mécanicien.

Oui, c'est le mécanicien.
Il va jauger l'essence maintenant.

L'avion va pas tarder à décoller.

-Vous vous y connaissez en avions ?
-On avait les mêmes chez les paras.

J'ai l'impression
qu'ils les ont un peu modifiés.

Quelque chose d'autre.
Une sorte de carénage.

-Regardez bien, maintenant.

À gauche.

Encore à gauche. Encore.

Voilà.

-Ce sont des sacs postaux.

-Regardez.

-Ils vont procéder au chargement.

-Écoutez, dans un quart d'heure,

cet avion décolle pour Bordeaux.
C'est la Postale de nuit.

Une fois par mois, dans un de ces sacs,

il y a un peu plus de 5 millions.

500 millions d'anciens francs.

-Vous êtes folle.

Complètement folle !

Aussi folle que moi. Je vous adore.

-500 millions, tous les mois.

Je connais le jour.

-Et alors ?

Qu'est-ce que vous me proposez ?

-Venez avec moi.

Je vais vous faire rencontrer quelqu'un.

Il prétend que vous êtes
l'homme qu'il me faut.

-Je le connais ?

-Oui, très bien.

-J'adore le champagne !

-Salaud !

-Où allez-vous ?
-Foutez-moi la paix !

-Vous êtes idiot,
je vais vous expliquer. Venez.

-Si ce numéro vous amuse, moi,
je marche plus. Je suis pas votre homme.

-Vous êtes sûr ?

Oui, c'est vrai.

Vous cherchez les filles à 8000 francs.

Moi, je suis beaucoup plus chère.

Je vaux 500 millions.

*Nouvelle minute de vérité à Bruxelles.

*Les ministres des Six se réunissent
aujourd'hui, lundi,

pour en finir avec le financement
de l'agriculture européenne.

“Les techniciens sont d'accord
pour considérer que le problème,

après huit mois de crise
pendant laquelle la France…

…eft deux mois de négociations…

“-Au Viêt Nam, la guerre continue.

“*Au nord du 17e parallèle,

la DCA a abattu
un chasseur bombardier fantôme.

“Le pilote a été fait prisonnier.

*“La guerre continue.
Elle a commencé il y à 20 ans,

en 1946.

Mélodie dramatique

-Regardez ce marinier,
il ressemble à Kolowitch, le Polonais.

Le sergent à la troisième compagnie

qui s'est suicidé

la dernière nuit de duel.

Celui qui disait :

"La première qualité du vin,
c'est qu'il est rouge.”

Mon capitaine…

J'ai parlé avec un de mes jeunes.

Il boxe depuis un an ici,
un peu mou, pas assez hargneux.

Son père cherche quelqu'un.

Il a une affaire de ravalement de façades.

Il cherche quelqu'un
pour surveiller ses chantiers.

Mieux payé que le boulot
que vous avez quitté.

Avec lui,

vous n'aurez pas à vous bagarrer.

C'est un type bien, comme mentalité.

Enfin…

Que vous sortiez de l'îÎle de Ré,
ça lui fait pas peur.

Il pensait comme nous pour l'Algérie.

Enfin…

Je crois.

-J'irai le voir.

Je te promets, j'irai le voir.

J'irai le voir.

-J'oubliais.

La rombière est revenue.

Elle vous a attendu une heure.

Taïeb était fou,
il a failli assommer Jeannot.

Il a pris sa douche
en laissant la porte ouverte, le salaud.

Alors…

Vous la connaissiez ?

-J'en ai marre.

J'en ai vraiment marre !

Je voudrais foutre le camp. Loin.

Quitter leur polygone étriqué.

Je veux dire leur hexagone.

Je voudrais la jungle et la mousson.

Tu te souviens,
la dernière nuit du régiment ?

On devait s'installer en Amérique du Sud.

S'organiser en communautés, en kolkhozes.

En kibboutz.

On devait apprendre la technique du rail
aux Brésiliens, dans la jungle.

Faire du riz de montagne.

On était peut-être un peu fous,

mais on avait raison.

Je déteste Paris.

Je déteste !

Je voudrais la jungle et la mousson.

Sortir de l'auberge, bon Dieu !

Ou alors,
y aura de la viande contre les murs !

-La rombière…

Elle vous a laissé un message.

Elle vous attend demain soir, à 20h,
à cette adresse.

La prochaine fois, je vais lui téléphoner,
elle finirait par me casser la baraque.

Vous vous embarquez pas
dans un coup foireux ?

-Dis donc, je garde la voiture.

Le mécanicien monte dans l'avion.

Passe l'inspection.

Ah, il monte sur l'aile
pour jauger l'essence.

Ah, le courrier.

Mélodie entraînante

-Il ne viendra pas.

-Qu'est-ce que je t'avais dit, hein ?

Écoutez-moi, capitaine.
Écoutez-moi cinq minutes.

Nous valons 500 millions.

Moi, je connais la date du transport.

Vous, vous êtes un spécialiste
des commandos et Pierre est pilote.

Et surtout,
il saura quoi faire avec cet argent.

Pierre a des amis à Tanger.

Ils échangeront les billets
contre des dollars.

Je sais, après votre espèce
de révolution en Algérie,

c'est lui qui a indiqué votre cachette
à la police d'Oran.

Mais ça, c'est le passé.

C'est lui qui m'a dit où vous trouver.

Chez votre sous-officier misogyne.

Pierre, c'était votre ami autrefois.

Il paie, maintenant.

500 millions pour trois ans.

C'est correct, non, capitaine ?

-Ne m'appelez plus jamais capitaine.

Salaud.

J'aimerais pas être dans ta peau.

-Écoute-moi, Jean.

Tu m'as frappé,
aujourd'hui, tu m'insultes…

Je vais te dire,
tu me fais pas peur.

J'ai pas honte non plus.

Parce que je suis bien vivant, moi.

J'en suis sorti intact
de votre histoire de dingue, en Algérie.

Alors, ne me pousse pas.

Ne me pousse pas trop
parce que je pourrais te tuer

pour avoir la paix.

-Tu es armé ?

-Je t'en prie, Pierre.

-Ça va, Yo.

-C'est quoi, Yo ?

Yolande ?
-Non.

Pierre a un plan.
Voulez-vous l'entendre ?

Vas-y, Pierre.

-Voilà.

Le Dak se pose à minuit trente à Mérignac.

Bordeaux Mérignac.

À cette heure, le terrain est désert.

Le zinc roule en bout de piste
pour prendre la bretelle du parking.

Le bout de piste
est à trois kilomètres de la tour.

Il a été rallongé à cause des Boeings.

Bon.

À 15 mètres du bout de piste,
y a un grillage

et de l'autre côté du grillage, une route.

Et une voiture.

Tu devines la suite.

En moins de sept minutes,
on rejoint la nationale.

Toi, tu seras dans l'avion.

Je t'expliquerai.

-C'est quoi, Yo ?

-Yovanka.

-Pourquoi ?

-Comme ça.

De toute façon, c'est pas mon vrai nom.

-Oui, vous pouvez monter dans cet avion.

Quand le mécanicien est sur l'aile,
avant que les charriots n'arrivent.

Mais votre plan est idiot.

Vous pourriez faire quelque chose
de beaucoup plus…

De bien mieux.

Pratiquement sans risque.

Une opération de routine.

-Alors, vous marchez ?

Alors ?

-Alors, il va marcher.

Je le connais depuis 15 ans, tu sais.

Il va marcher, tant pis pour nous.

-Comment ?

-Il est complètement fou.
Il va foutre sa folie dans cette histoire.

-Son idée ne sera pas bonne ?

-Si, elle sera impeccable.
Il connaît son métier.

Seulement, il est fou.
T'as pas vu ses yeux ?

-Oui, il a les yeux tristes.
-Les yeux tristes, tu me fais rire…

Tu connais l'histoire
du petit partisan russe ?

L'histoire de Malaparte ?

Il devait être fusillé par les Allemands,
il avait pas peur, le petit Russe.

Ou bien c'était un petit Juif ukrainien,
je sais plus.

L'officier lui demande :
"On va te fusiller, tu n'as pas peur ?"

"Non."

"Pourquoi ?"

"Parce que je vois
que ton œil droit est triste.

"Je vois dans ton œil droit
que tu vas pas le faire.”

L'officier allemand
sort un mouchoir de sa poche,

soulève sa paupière,
enlève son œil, pour l'essuyer.

Il avait un œil de verre !

Le petit partisan russe a été pendu.

Ou bien c'était un petit Juif ukrainien,
je sais plus.

Méfie-toi des gens
qui ont les yeux tristes.

-Tu racontes toujours des choses horribles.

Qu'est-ce que vous avez tous ?

Je me fiche de tes souvenirs littéraires.

-C'est des faits que tu veux, alors ?

En 61, ton beau capitaine triste
et ses petits copains

ont monté une opération de représailles.

Une route en corniche,
un camion d'essence,

un petit tanker rouge et jaune.

Au-dessous, un bidonville un peu fellaga,
comme ils l'étaient tous.

Freins lâchés, moteur débraillé…

Toi aussi, tu es folle.

Tu veux brûler, tu veux…

Est-ce que je sais seulement
ce que tu veux ?

Et l'autre dingue qui nous prépare
une opération de kamikaze !

-Pourquoi tu m'as demandé
de le contacter ?

-Tu as raison. C'est peut-être
la première connerie de ma vie.

C'est drôle, hein.

Je voulais le revoir.

-Tu veux qu'on laisse tomber ?

-T'es très belle, ce soir.

-Tu crois qu'il va marcher ?

Mélodie inquiétante

Allô ?

Mélodie intrigante

M. Reichau !

-Gauche !

-Tu fais de la boxe, maintenant ?

-Non, du judo.

Santé et sobriété.

-Voici ce que vous m'avez demandé hier,
au téléphone.

-Attendez. Je sens qu'on énerve
mon sous-officier misogyne.

-Allez, au travail !

Gauche !

Contre !

-Pour la boxe, les femmes
c'est encore pire que l'alcool.

C'est ce qu'il dit, lui.

C'est par là.

Formidable. C'est formidable.

Encore mieux que ce que je pensais.

C'est beau, hein ?

Un PPK kalachnikov.

Russe.

Un fusil d'assaut.

À 400 mètres, un type qui court,

il peut le stopper net.

Quel que soit l'endroit du corps
où vous le touchiez.

Avec 200 outils comme ça,

en une nuit,

on prend la République.

-Qu'est-ce que vous en faites,
de la République ?

-C'est ça, qu'est-ce qu'on en fait ?

Rien.

Elle ne nous aime pas.

On l'a déjà prise, une fois, vous savez ?

Elle est très belle.

Très, très belle.

Elle ne nous aime pas.

Si j'avais eu ce kalachnikov à Oran
où ce salaud m'a dénoncé…

Faut jamais être prisonnier.

Et je ne le serai plus jamais.

La mort, c'est pas terrible.

Une fois, j'ai cru qu'on allait me fusiller.

J'étais un caillou.

Vous avez déjà vu
des hommes qu'on fusille ?

IIs sont comme ça, debout.

Parfois, ils ont un bandeau sur les yeux.

Parfois, ils ont les mains
liées derrière le dos.

Quelques fois…

Ils font ça, ils disent non.

Mais c'est rare.

Presque toujours,
ce sont des cailloux qu'on fusille.

Pourquoi Yovanka ?

Vous êtes Allemande.

Pourquoi ce prénom slave ?

Pourquoi voulez-vous ces millions ?
-C'est simple, j'en ai besoin.

-Ah, ça, évidemment.

C'est plus drôle que tout ça.

-Vous n'avez plus besoin de moi,

capitaine ?

-Y a pas de Français, ici ?

-Hein ?

-Sur le chantier, y a que des étrangers ?
-Vous pensez bien.

Les Français font plus
des boulots pareils.

-Oh, pardon, chef.

-Qu'est-ce que t'étais
pendant la guerre, fellouze ?

-Oui.

-Dans quel coin ?
-Jijel.

-La 47 ?

-Ah, tu connais tout, toi.

-Dans ma partie,
y a du travail pour des années.

Il me faut quelqu'un
qui sache manier les hommes.

Un chef, quoi.

Vous démarrerez
à 80000 francs par mois.

La sécurité sociale,

les congés payés,
trois semaines.

Et au bout de six mois,

si ça marche,
y a pas raison que ça marche pas,

vous ferez dans les 100000.

-Le thème de la manœuvre
est le suivant : dérouter l'appareil

et l'amener sur une DZ balisée.

La manœuvre est basée
sur le radiophare de Cognac.

De là, cap sur la DZ,

une plage.

Au 240, en gros.

À cette distance,
vu la dérive et le reste,

on peut pas se tromper
de plus de deux degrés.

Ça doit faire dix kilomètres
sur le terrain, exact ?

Faudra me donner les prévisions météo
24 heures avant.

-Tu sais, le mieux, c'est la télé.
On la regarde toujours avant de partir.

-Bon.

Quelle est la routine
des vacations radio à la Postale ?

-Vacation normale
au départ d'Orly, QAP.

L'avion ne contacte Mérignac
qu'à l'approche.

-Et pour le radar,
qu'est-ce qui se passe ?

-Pour les militaires,
pas de problème, c'est un vol régulier.

Le plus emmerdant,
c'est Mérignac, le radar civil.

Il est très puissant.

-Quelle est sa limite inférieure
de détection ?

-Mille pieds. À mille pieds,
les échos parasites brouillent l'écran.

-Alors à mille pieds
au sud-ouest de Cognac, ça va ?

-Affirmatif.
Pas d'obstacle au-dessus de 400 pieds.

-Il reste trois points importants.

Premièrement,

date de l'opération.

Deuxièmement,
repérage et balisage de la DZ.

Troisièmement, ça, c'est plus difficile,

je veux visiter un taxi de la Postale.

Ça fait quand même trois ans.

-D'accord, je t'arrangerai ça.

-À vous de jouer, maintenant.

-Moi ?
-Eh!

Le feu vert,

la date, c'est vous qui la donnez.

-Le 27.

Tous les 27 du mois.

-Le 27, ça fait six jours.
On le fera le mois prochain.

-Ah non, le mois prochain, je serai
en taule ou j'aurai quitté la France !

Pars demain et repère la DZ.

Emmène Yo avec toi.

-Ah, pas de bonnes femmes en opération !

Six jours, merde ! C'est serré !

-Écoute, Jean.

Le 27, tu seras pas sur la DZ, toi.

Faut bien que Yo m'indique
l'endroit que tu as choisi.

Vous partez en week-end,
un couple d'amoureux…

N'oublie pas, il y a trois semaines,
t'étais encore en taule.

-J'oublie pas, Pierre.

J'oublie pas.

-Et bien, c'est réglé.
On part ensemble demain.

-Bon.

On dispose d'une heure avant que la police
commence les recherches.

On pourrait avoir la vie devant nous.

Une charge de plastic,
l'avion tombe dans l'océan…

Un accident.

La vie devant vous.

Mélodie inquiétante

-Madame ou Monsieur ?

-Ça n'a pas d'importance.

C'est la piste du mur de l'Atlantique.

Un barrage antichar.
IIs y plantaient des poutrelles d'acier.

-Qui ça ?

-Ben les Allemands.
-Les Allemands sont venus jusqu'ici ?

Mélodie de suspense

-La mer.

Ces petites pistes sont pourries.
De vraies souricières.

On aura toutes les chances
de se faire coincer.

Non. Je crois avoir trouvé notre DZ.

Rentrons à Bordeaux.

La DZ, ce sera Lacanau.

La mer descend.

-Qu'est-ce que tu as cherché, là ?

-Rien.

Je voulais connaître les courants. Ça va.

-Alors, c'est ici que ça va se passer ?

Juste devant le village, comme ça ?

-T'as vu l'enterrement, hier ?

C'est pratiquement désert, l'hiver, ici.

Et Bordeaux est à moins de 30 minutes.

-Tu vas vraiment faire sauter l'avion ?

-Pourquoi ?

Tu as peur ?

Y a beaucoup de sang,
dans le corps d'un homme.

On ne le sait pas
tant qu'on ne l'a pas vu.

Des litres et des litres de sang.

La mer descend.

Elle remontera après six heures.

Si, entre la descente et la remontée,
on y versait le sang de tous les hommes,

elle monterait pas à marée haute
plus que l'épaisseur de mon ongle.

-Je n'aime pas ça, Jean.

-On perd la guerre, Yo,
car on aime pas faire certaines choses.

À Alger, au moment du putsch,

si on avait…

lls auraient mieux fait de me fusiller.

Yo !

Si tu veux, on peut tout arrêter.

-Rentrons.

Mélodie de suspense

-Des câbles et des gouvernes.

-Je sais.

Et ça ?

-Des fusées éclairantes,
en cas de crash.

-Combien de sacs par casier ?

-Une dizaine.

-La radio ?

-Là et là.

-Éclaire-moi.

Le cap ?
-Affirmatif.

-L'altimètre ?

Le radiocompas, maintenant.

-Voilà.

À la verticale de Cognac,

la grande aiguille va basculer.
Tu vois la plus longue,

la fine ?

C'est le moment de changer de cap.

Tu passes du 209

au 243.

Il sera environ minuit.

-Qui est-ce ?

-Je sais pas, le gardien.

Pourtant, à 5 h,
il devrait y avoir personne.

-Où sont les réservoirs d'essence ?

-Dans les ailes, là et là.
Pourquoi ?

-Si l'avion saute et qu'on trouve
des débris dans l'Atlantique,

autant que ça ait l'air naturel.

Je mettrai le plastic là.

-Là, tu vas trop loin.

-Bouge pas !

-Qu'est-ce qui te prend, t'es fou ?

-Tu es une ordure, Pierre.

Un salaud !

Je pourrais te tuer.

Tiens, regarde ma main.

-Tu es dingue,
c'est vrai que tu es dingue.

-J'ai pas oublié Oran, Pierre.

Et je ne l'oublierai jamais !

Remets-toi, mon vieux.

Tu es pâle comme la mort.
T'as eu peur, hein ?

C'est ce que je voulais savoir.
Si je pouvais encore faire peur.

Allez, viens. Allons boire un verre.

Qu'est-ce qu'il y aura comme équipage ?

Le 27. Tu t'es renseigné sur l'équipage ?

-Le commandant de bord, c'est Delpierre.

Il a fait l'Indo, Royal Air Cambodge.

Tu dois le connaître. Il a repéré
une section de supplétives en 54,

dans la région de Tao-Saï.

Il a fait des missions pour l'armée.

-Faudra être masqué.

-Qu'est-ce que ça peut foutre ?

Si l'avion saute,
tu t'en fous qu'il te reconnaisse.

T'as peur qu'il sache, c'est ça ?

Avant de mourir.

Qu'il sache que toi aussi, t'es un salaud.

-Et les autres ?

-Les autres, des jeunes.

Ils ont volé qu'en France.
Rien du tout, quoi.

-Bon.

Faut que je te signale des modifications
au plan initial.

D'abord, avec le bruit des vagues,

tu entendras l'avion au dernier moment
et tu pourras pas me diriger.

À Cognac, je mettrai le cap
deux ou trois degrés plus au nord.

En débouchant sur l'océan,

la DZ sera forcément au sud.

Vu ?

-Pas besoin de radio, alors ?

Je veux que tu me donnes la direction
et la vitesse du vent au sol.

Il te faudra un anémomètre.

La DZ,

c'est Lacanau-Océan.

-Le bled ?

T'es complètement fou, non ?

-Mais non, tu verras.

Yo t'expliquera. C'est évident.

En moins d'une demi-heure,
on sera peinards à Bordeaux.

La route est toute droite.

-Avec le bled, tu me fais peur.

-Bon, dis donc.

Pour la mise en place du dispositif,
j'ai pensé à quelque chose.

Il est possible que je puisse pas
monter dans le taxi.

Inutile que vous traîniez toute la nuit
sur la plage.

Yo et toi, vous m'attendrez à Bordeaux,
dans ce café.

Personne vous remarquera.

Si j'ai pas téléphoné à 11 h…

Vu ?

-À propos, comment ça s'est passé avec Yo ?

C'est une petite garce cynique
et égoïste, tu sais ?

Elle t'a vampé ?

Un peu nymphomane, aussi.

Petite garce, méfie-toi.

-Occupe-toi de la radio.

-Tire un peu plus. Là. Tes yeux.

Ah ! Oh, c'est ça. Tu es belle.

Aphrodite, Mélisande !

Ah, tes seins, donne tes seins !

Voilà, là. Oh, tes cuisses ! Là.

Là, j'y suis. Oh ! Oh ! Mon dieu !

Là, attention ! Voilà.

Bouge pas, salope. Bouge pas. Hop !

-Je reviens dans deux heures.

-Tu t'en vas, toi ? Au revoir, ma chérie.
-Au revoir !

-Reviens sans faute.

À nous deux. Reviens.

J'ai peur, j'ai vu Pierre.

Il m'a raconté. Il a peur.
Il a peur de toi.

-Oui, il a peur de moi.

Depuis Oran, il a peur de moi.

C'est pour ça qu'il t'a envoyée
me chercher. Pour savoir.

-Il m'a dit que tu étais fou.

Il te croit fou.

-Tu l'as aimé, Pierre ?

-Non.

C'est-à-dire… Je l'aimais bien.

Il était très gentil avec moi.

Son côté réaliste,
avide de vivre, m'amusait.

Tu as eu tort de lui faire peur.

-Dis donc, Yo, tu es sûre
que cet argent sera dans l'avion ?

-Oui, j'ai confiance.

-Après-demain, cet argent sera à nous.

Une opération de routine.

Non.

C'est sur la plage que tout va se jouer.

Si j'étais Pierre,
c'est là que je liquiderais Reichau.

-Tu es fou !

-On partira tous les deux
en Amérique du Sud.

Les anciens du régiment
nous rejoindront après.

Tu verras.

-Tu verras peut-être, Jean.

Moi, jamais. Qu'est-ce que tu crois ?
J'ai envie de vivre, moi !

Écoute, Jean.

Tu pourrais trouver un métier,
avec tes capacités.

-Y a que trois métiers pour un homme.

Roi,

poète,

ou capitaine.

Malheureusement, je suis pas poète.

-J'ai posé.
Je n'ai pas eu le temps de me changer.

Ça m'amusait de venir
te retrouver comme ça.

-Les anciens sont là, on vous attend.
-J'arrive.

Je range tout ça et j'arrive.

-NOUS N'AVONS PAS SEULEMENT DES ARMES

MAIS LE DIABLE MARCHE AVEC NOUS

Des hommes chantent au loin.

NOUS N'AVONS PAS SEULEMENT DES ARMES

-Salut, mon capitaine !

-MAIS LE DIABLE MARCHE AVEC NOUS

Chant

-Alors, Reichau,
comment c'est, la liberté ?

-Douze ans en arrière, comme ça !

-Un peu de pinot ?

-Vous vous souvenez,
mon commandant ?

La nuit où le régiment a été dissout,

on avait tous décidé
de s'embarquer pour un pays neuf.

Pour l'Amérique du Sud.

On voulait faire un kibboutz
avec rien que des types de chez nous.

Seulement, il nous fallait de l'argent
pour démarrer.

Eh bien, messieurs, ça y est.

Cet argent, je l'aurai !

Si vous voulez, dans un mois,

on se retrouve tous au Brésil !

La première qualité du vin,
c'est qu'il est rouge.

Hein, Édouard ?

Comme disait ton copain Kolowitch.

-Reichau,

j'espère que vous n'allez pas faire de folie.

-Une folie ?
Mon plus beau raid de commando.

Mon septième débarquement.
Non, mon huitième.

Cette fois-ci, y aura pas
la septième flotte en appui-feu.

Ça sera quitte ou double.

-Et quitte ?

C'est pour quand, la prison ?

-Y aura plus jamais de prison, pour moi.

-Reichau.

Ne franchissez pas le septième cercle.

-Quel cercle ?
-Voyons.

Cette vieille légende chinoise.

La mort est au centre
des sept cercles de la peur,

comme au cœur d'une cible.

L'homme qui n'a jamais franchi
le premier cercle est un lâche.

L'homme qui franchit le premier,
le deuxième, le troisième,

le quatrième, le cinquième cercle
est courageux.

L'homme qui franchit le sixième cercle
est téméraire.

Et celui qui franchit le septième
est un fou.

Il entre alors dans le royaume de la mort.

-Hm, le royaume de la mort…

Y a longtemps que nous sommes entrés
dans le royaume de la mort !

-Regardez-les !

Ils sont tous recasés.

Ils ont leur femme,

se racontent leurs prouesses en pleurant
sur l'ingratitude de leur patrie.

-Ils viendront pas ?

Et vous ?

-Mon beau-père a une affaire de meubles.
Je la fais marcher.

Peut-être un jour, j'écrirai mes mémoires.

*-Au cours des prochaines 48 heures,

une zone de haute pression persistera
de l'Afrique du Nord à la Russie.

“Les gelées matinales
seront fortes dans l'Est.

*L'aprés-midi,
il fera beau sur la moitié sud

mais les nuages deviendront
plus nombreux sur le nord.

-… SE BATTENT LÀ-BAS
NOUS EMBOÎTONS LE PAS

NOUS N'AVONS PAS SEULEMENT DES ARMES

MAIS LE DIABLE MARCHE AVEC NOUS

Chant

CAR NOS AÎNÉS DE LA LÉGION

SE BATTENT LÀ-BAS
NOUS EMBOÎTONS LE PAS

NOUS N'AVONS PAS SEULEMENT DES ARMES

MAIS LE DIABLE MARCHE AVEC NOUS

Chant

Mélodie dramatique

*-Des B-52 et des Sky Raider
ont déversé 800 tonnes de bombes

sur le triangle de fer.

“Le mois dernier,
le tonnage de bombes utilisé au Viêt Nam

a atteint 90 % du tonnage total consommé

pendant les 37 mois
de la guerre de Corée.

Mélodie épique

Musique de suspense

-Quoi ?

Bobonne !

-Surtout, qu'il ne bouge pas, hein.

Il en a pour 40 jours.

Qu'est-ce qu'il dit, le docteur ?

-Reichau avait raison, 28 minutes.

Donne-moi du feu.

Mélodie intrigante

Merci.

Dis donc, on te voit partout,
même à Lacanau-Océan.

-Pierre, y a quelqu'un.

-Aide-moi au lieu de dire des conneries.

Il est malin ton capitaine
de faire ça en plein bled !

-Paulo, va voir derrière,
y a quelque chose avec les gouvernes,

elles sont dures.

-Qu'est-ce qu'il fout, Paulo ?

-Je vais leur foutre !

Qu'est-ce que c'était ?

-Bouge pas.

Bougez pas.

Toi, sors de là. Vite.
Doucement ou je tire !

Touche à rien.

-Vous voulez l'avion ?

Pour quoi faire ?

-Pas l'avion, le chargement.

Si tu fais l'idiot,
je bousille ton copain.

Verticale de Cognac.

Laisse tomber le pilotage automatique
et descends à 1000 pieds.

Cap au 243.

-Si vous êtes si fort, débrouillez-vous.

-Fais ce que je te dis
ou le prochain coup, c'est dans la gueule.

Vite !

Cap au 243.

Voilà.

Ça va, stop.

Cap au sud. Longe la mer.

-Tu vas le tuer.
Je sais que tu vas le tuer.

Tu vas le tuer ou il va te tuer.
Vous êtes fous.

-Tu as peur pour ton capitaine, hein ?

Il me tuera pas, lui.

Qu'est-ce que vous feriez de l'argent,
tous les deux ?

C'est moi qui connais les gens de Tanger.

Cobra noir de rouge.

Cobra noir de rouge, parlez.

Moi, par contre, dans quelques minutes,
j'aurai plus besoin de lui.

Cobra noir de rouge, parlez.

“Cobra noir de rouge, parlez.

-Cobra rouge de noir, j'écoute.

Rouge, répétez. Répétez.

-Vingt kilos, deux fois dix,
ouest, nord-ouest.

Je répète : vingt kilos, deux fois dix,
Oscar, November, Oscar. Reçu ?

“-Rouge. Négatif.

-Je répète : vingt kilos, deux fois dix,
Oscar, November, Oscar.

*-Reçu, terminé.

-OK.

Écoute-moi bien.

Tu vas voir des feux,
tu vas garder le cap dessus.

Je vais derrière avec ton copain.
Si tu fais l'idiot, je le bousille.

N'essaie pas de me désarçonner
avec un coup de manche.

Je tiendrai ton copain contre moi,
le revolver dans les reins.

Si tu fais l'idiot, je le bousille
et je te règlerais ton compte.

Un conseil : fais pas le con, vu ?

-Vous n'avez aucune chance
de vous en sortir.

-Ta gueule.

Saute ! Saute !

-Yo, planque-toi,
il va nous exploser dessus !

Sale con !

J'ai cru qu'il le ferait sauter !

Fusées éclairantes.

-Attention, Jean ! Il va te tuer !

-Conne !
-Il va te tuer !

Non ! Pierre, non !

Oh, non ! Pierre !

-J'aurais pu te tuer.

Yo était sûre que j'allais le faire.

-Non.

Tu m'as donné,
mais t'es trop con pour me tuer.

-Attention, Jean. Je peux encore te tuer.

-Non.

Petit salaud !

Maintenant, je vais te dire.

C'est moi qui te baise.

-Du courrier ! Non !

-Tiens !

Bouffe-le, ton fric !
-Pierre !

-Va chercher un téléphone.

Vite !

-Allô ?

Allô ?

Allô ? Allô ?

La ligne marche pas.

-Ça n'a pas d'importance.

Une balle dans le foie.

Il est foutu.

-Tout ça est votre faute.

Pourquoi tu n'as pas pris l'argent ?

Pourquoi ?

Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ?

Non !

Non !

Salaud ! Lâche !

Salaud !

Va te faire tuer

puisque c'est ce que tu veux depuis toujours.

Salaud.

-Halte !

Halte !

Au nom de la loi ! Halte !

-Tire.

Il ira pas loin, ce con-là.

-Salaud.

Mélodie dramatique