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...

Brouhaha

---

Téléphone

*Gendarmerie, bonjour.

*- Bonjour, madame.
Je fais le ménage chez Mme Kearney.

Quand je suis arrivée chez elle,

elle était à la cave,
ligotée sur une chaise.

*- Elle est blessée, cette dame ?

*- Elle a comme un triangle
sur le ventre et puis...

un couteau dans...

*- Dans quoi ?

Musique inquiétante

*- Entre les jambes.

- Monsieur, vous allez où ?
- Je suis le mari de Mme Kearney.

Aboiements

- Couché, Alto. Couché !

*- Elle saigne, la dame ?

*- Non parce que le couteau,
il était enfoncé avec le manche.

Musique inquiétante

---

- M. Hugo ?

Votre femme est là.
Il va falloir patienter un peu.

Musique inquiétante

---

- Je vais chercher le reste.
- Oui, s'il te plaît.

---

- M. Hugo ?
- Oui.

- C'est bon, vous pouvez y aller.

Musique sombre

---

Déclics

---

---

- Aucune lésion. A part le couteau,
pas d'autre pénétration ?

Fracas

- Excusez-moi.

- Vous pouvez vous rhabiller.

Elle soupire.

- Vous auriez
un papier et un crayon ?

Je voudrais noter
tout ce qui m'est arrivé.

- Bien sûr.
- Merci.

6h30, 7h. Salle de bain.

Je me maquillais.

D'un coup, on me met un bonnet
et on me couvre les yeux avec.

J'avais l'impression
d'avoir un revolver dans le dos.

Il me fait asseoir sur un tabouret
et me scotche la bouche.

Ensuite, il me fait...

Musique douce

---

- C'est plus facile de nous virer
que de virer des hommes.

Propos en hongrois

Depuis des semaines, le directeur

refuse de négocier.

- Il ne veut pas de plan social.

Je suis venue discuter avec lui
et trouver une solution.

En hongrois

---

Propos en hongrois

- S'il nous vire, on fait quoi ?

---

On ira faire les putes

pour nourrir nos mômes ?

- Je vais demander qu'on vous paie
une formation.

Vous ne serez pas sans rien.

Propos en hongrois

- Pourquoi vous croire ?

- Je ne fais pas
de promesses en l'air.

Je me bats pour les tenir.

Propos en hongrois

---

Applaudissements

---

(En anglais)

Porte

- Maureen ?

T'as vu tes potes socialistes ?
- L'accord avec les Ecolos ?

- Ca va pas nous arranger.

- 12 % des voix, ça se refuse pas.

- Faut qu'on se voie...
- Elle m'attend.

- C'était l'objet
du dernier voyage au Japon.

J'ai vu le ministre...
On frappe.

Oui ?

- Je croyais être en retard.
- On a fini.

Il place beaucoup d'espoir en nous
pour barrer la route à la Chine.

Alors, Maureen,
ce voyage en Hongrie ?

C'est quoi le problème
avec le site ?

- Ils licencient les femmes.
Rendements trop bas.

- Pourquoi ? Elles sont

moins performantes ?
- Moins rentables.

Elles ne s'arrêtent jamais,
même quand elles sont malades.

Y a des accidents du travail,

des défauts de fabrication.

- Rien n'empêche les soins.

- Sans assurance maladie
ni sécurité sociale ?

On peut pas laisser des ouvrières
se faire licencier comme ça.

Faut mettre en place un plan social,
leur payer une formation...

- OK, très bien.

Luc, préparez une étude.

Je soumets l'idée
au comité de direction.

- Merci, madame la présidente.

- La solidarité féminine...

- Quand deux femmes
bossent ensemble,

elles ne travaillent pas,
elles sont solidaires ?

C'est pathétique.

- L'étude sera faite,

Mme la présidente.

- Merci.

Vous avez une minute ?

- Oui.

- Ce sera pas long,
mes enfants viennent déjeuner.

Bon, Maureen,
cette fois, Sarko va avoir ma peau.

Il veut régler ma succession
avant les élections.

- Pour mettre qui ?

- "Pas une hystérique en jupon",
dixit son cabinet.

- Pas Oursel, tout de même ?

- Il fait jouer ses réseaux,
le petit Luc.

- Il y connaît rien,
c'est pas possible.

Il a jamais réussi à être No 1.

- Depuis quand on demande aux hommes
d'avoir de la compétence ?

Ce sera pas une partie de plaisir
avec lui.

Vous êtes d'attaque ?

- Faudra l'empêcher
de faire n'importe quoi.

- Ca me rassure.

Je serai toujours là
pour vous aider.

J'adore vos boucles.

- C'est un cadeau de mon mari.

- Toutes ces années,
et je sais pas ce que t'as en main.

- Tu rigoles ?
Elle a le bluff dans la peau.

Sous ses airs de gentille.

- On joue pas à la parlante.
Vous jouez ?

- Je me couche.
- Moi aussi.

- Ca va chez Areva ?
C'est pas galère après Fukushima ?

- Fiona, plus tard, l'écologie.

- Elle essaie de me distraire, là.

- On leur a bien salopé la planète.

- On leur laisse une poubelle.
- Oh, tu vas pas t'y mettre !

Areva emploie

plus de 50 000 personnes.

Moi, je les défends.

Pour le reste, tapis.

- Je me couche.

Montre, c'est sûr, t'as rien.

J'en étais sûre.

Maureen rit.

- C'est qu'un jeu.
Tiens, tes 30 euros.

- Ton fric est radioactif.

- T'es pénible, toi, ce soir.

Un jour, faudra m'expliquer
ce que tu me reproches.

- Ca viendra, j'y travaille.

- Ca arrête pas de vibrer.
Y a tout Areva qui appelle.

- On revient sur l'éviction
d'Anne Lauvergeon,

patronne d'Areva.

- C'est officiel depuis hier.

Pas de 3e mandat
pour Anne Lauvergeon

à la tête d'Areva.

Des réactions en politique

où on fustige la décision
du chef de l'Etat.

- Son remplaçant est un inconnu.

- Un grand inconnu.

Luc Oursel, il est plutôt discret.

Pour l'Elysée, c'est le candidat
de la continuité chez Areva.

Son portrait
et les enjeux de sa nomination.

*- C'est pas notre genre à la CFDT
de parler gentiment aux patrons,

mais je vous admire,
Mme Lauvergeon.

Vous nous avez sorti
du nucléaire honteux et poussiéreux.

On a adoré travailler à vos côtés

et on est fiers
de ce qu'on a bâti ensemble. Allez.

- Merci, Jean-Pierre.

Merci.

Ca a été formidable
de passer ces années à vos côtés.

Je ne crois pas m'abuser
sur la force des liens

qu'on a créés ensemble.

Mais aujourd'hui,
je voudrais remercier

celle qui n'a pas ménagé ses efforts
pour défendre vos intérêts.

Celle qui considère parfois
les patrons comme des adversaires,

mais jamais comme des ennemis.

Je veux parler de Maureen, bien sûr.

C'était précieux de l'avoir
pour faire face à tous ces mecs

en costard-cravate.

La première fois où vous avez
débarqué dans mon bureau,

- c'était en 1999 ?
- Oui.

- A peine élue déléguée syndicale,
pas intimidée.

Elle tenait déjà la dragée haute
à tous.

J'ai su qu'on ferait
du bon boulot ensemble.

Et on a fait du bon boulot. Merci.

Nos petits-déjeuners du samedi
me manqueront.

- Les chouquettes.
- (Les chouquettes.)

- Merci.

Applaudissements

- Chère Anne...

Que dire ?
Vous pouvez compter sur nous

pour veiller sur cette belle maison.

Ceux qui me connaissent savent
que je ne baisserai pas la garde.

Voilà. Le combat continue !

Applaudissements

---

- Longue vie à Areva !

Applaudissements et acclamations

---

Au revoir, Luc.

(Je reviendrai.
C'est chez moi, ici.)

(Cette enflure restera pas longtemps
à ma place.)

- Au revoir, Anne.

Merci pour tout.

- A bientôt.
- A bientôt.

- Mme Kearney.

Excusez-moi.

M. Oursel vous attend
dans son bureau dans 10 minutes.

- Ah, très bien.

- Ah ! Mme Kearney.

Asseyez-vous.

Vous allez vous représenter
à la tête du syndicat ?

- Oui.

- C'est une excellente idée.

Ce sera quoi ?
Votre cinquième mandat ?

- Sixième.
- Vous savez...

le dialogue social
doit être une de mes priorités.

Et je serai ravi qu'on travaille
de manière constructive.

Mon père.

Colonel dans la Marine.

Comme lui, j'ai le sens du devoir

et je ferai tout
pour redresser Areva.

C'est ma mission.

J'ai bientôt un déplacement
à la centrale Latina.

Vous pourriez m'accompagner.

- A Rome ?

Si c'est pour parler
de l'avenir des salariés,

pourquoi pas ? Volontiers.
- Parfait.

Nous allons innover ensemble.

Et nous avons
du pain sur la planche.

Je vous raccompagne ?

- Vous connaissez nos séminaires
sur l'égalité ?

- Oui, j'y suis très attaché.

- Vous les avez supprimés
du budget.

- Je dois faire des coupes

après la gestion désastreuse...

Vous sabrez le programme qui donne
des responsabilités aux femmes.

- C'est en réflexion.
Rien n'est figé.

On en parlera à Rome
autour d'une grappa.

- Je ne bois pas.

Prenez la grappa.
Je garde les séminaires.

Au revoir.
- Au revoir.

Concerto pour piano en la mineur
Edvard Grieg

---

- J'ai été réélue

comme déléguée syndicale.

- Tu voulais pas raccrocher ?
Avec ton boss, c'est l'enfer.

- Justement, il est dangereux.

Si je me bouge pas,
on va dans le mur.

- Wonder Woman
a pas encore rendu son costume.

- Wonder Woman, avec son minishort
et son lasso magique.

Je vaux mieux que ça.

Concerto pour piano en la mineur
Edvard Grieg

---

- Tu voulais changer de job.

- C'est que pour deux ans.
C'est la dernière fois.

- OK.

Je continue les concerts.

J'aurai des trimestres
pour ma retraite.

(En anglais)
- Merci, Xavier.

- Maureen ! T'as vu
l'état de Philippe, ce matin ?

- Il a quoi ?

- A son entretien, il a dit
n'importe quoi sur ses collègues.

La DRH a failli le mettre à pied.

- Depuis le départ
de Lauvergeon, c'est tendu.

- C'est urgent.
Il va nous faire un burn-out.

Téléphone

- Je dois prendre.

*- Maureen Kearney,

j'ai des informations
pour vous sur Areva.

- Vous êtes qui ?

*- Je travaille chez EDF.
Appelez-moi Tirésias.

Musique intrigante

---

Mme Kearney, votre téléphone.

- Vous faites quoi chez EDF ?
- Cette boîte, c'est ma vie.

Depuis l'arrivée de Proglio,
je suis au placard.

- Lauvergeon se fait virer
et vous débarquez ?

Je suis pas une imbécile.

- Proglio veut dézinguer Areva

et faire tomber tout le nucléaire
chez EDF.

- C'est pas nouveau.
- Il va y arriver.

Il négocie avec la Chine
dans le dos du gouvernement.

- Pourquoi faire ?

- Construire des centrales avec eux
et faire couler Areva.

- Vous avez des preuves ?

- Voilà un protocole d'accord
avec un consortium chinois.

- Donnez-le à la presse,
ça les intéresse.

- Je me méfie des journalistes.
- Pas de moi ?

- Vous êtes une emmerdeuse

qui connaît du monde.

Si les socialistes sont élus,
ils vous écouteront.

Musique intrigante

---

- Bonjour, Mme Kearney.

Elle vous attend.
- Merci.

Bonjour, Anne.
- Bonjour.

Alors, des problèmes avec Oursel ?

Que se passe-t-il ?
- Alors...

Sa nouvelle lubie,

c'est de s'allier
avec EDF et les Chinois

pour construire
des centrales low-cost.

Il rêve de décrocher des marchés
à l'international.

Dans notre dos, bien sûr.

- Ce crétin a pas eu l'idée.

C'est lui qui est derrière tout ça.

Oursel est un 2nd couteau.

L'ennemi, c'est Proglio.

C'est le prédateur.

Un malade de pouvoir.
EDF lui suffit pas.

Il veut être No 1 mondial
du nucléaire.

Il lâchera pas.

Il va détruire
tout ce que j'ai mis en place.

- Ca va être un massacre
pour nos salariés.

Il faut alerter les politiques.

- Maintenant ?

Avec les élections qui approchent ?
Vous n'y pensez pas.

Aucun n'aura les couilles
de foutre son nez dedans.

Surtout qu'on n'a aucune preuve.

Ca sort d'où ?
- Un type d'EDF

qui a une dent contre Proglio.

Vous ne vous êtes jamais
doutée de rien ?

- Si vous saviez les coups tordus
qu'ils m'ont fait...

C'est dingue que vous ayez pu
vous procurer ça.

Si je prouve
que ce document est vrai,

ça fera l'effet d'une bombe.

- Si vous balancez ça,
vous serez en première ligne.

Sans moi pour vous protéger,
vous allez prendre des coups.

Vous êtes prête ?

- Je commençais à me ramollir.

*Musique de suspense

*- Le résultat s'affiche,
il est 20h.

François Hollande,
selon nos estimations

a été élu
président de la République

avec 51,9 % des voix.

- T'aurais pu mettre une cravate.

- J'ai déjà retiré le gilet CFDT.

- Quand on est reçu par un ministre,
on s'habille comme lui.

- Il est pas signé, votre truc.

Vous angoissez pour rien.

- Si ça se signe, on perd tout.
C'est un risque pour nos emplois.

Franchement, Maureen,
l'urgence est ailleurs.

Areva doit finir ce chantier
de construction d'EPR en Finlande.

- Il y a du retard, c'est vrai.

- 2,6 milliards d'euros

de pénalité.

Un bras, deux reins.

- Donc, on sacrifie Areva ?

- Depuis Fukushima,
c'est compliqué.

Si EDF peut vous aider
à traverser cette passe difficile,

réjouissez-vous.

C'est bien que l'expertise française
soit monnayable avec la Chine.

- L'étape d'après, c'est quoi ?

La Chine construit chez nous
et on devient chômeurs ?

- Je comprends.
Vous avez bien fait de m'alerter.

Mais personne

ne veut la peau d'Areva.

- Qui vous l'a dit ?

Proglio ?

- Faites-moi confiance.

L'heure est à la mondialisation.

Je ne peux pas faire construire
de centrales en France.

Mais je protégerai le savoir-faire
et les emplois d'Areva.

Ca, oui.

- D'accord. Oui.

A plus tard. Merci.

- C'est toujours ta patronne,
Lauvergeon. Vous vous lâchez pas.

- Dis pas de bêtises
et va me chercher un plat.

Cadeau de ma taupe chez EDF.

- On dirait la brochure

d'Areva pour le salon de Séoul.

- Ils ont changé la mise en page,
remplacé du bleu par du rouge.

Ca fait plus chinois.

- Putain, c'est en train de cramer !

Attends, tiens.

Si c'est pas Lauvergeon,
c'est la Chine. Débranche.

- Gilles, c'est super grave, là.
Téléphone

- Ah... Allez, vas-y, réponds.
Réponds !

Dis-lui de venir à ta copine.
Faut racheter des merguez.

- Maureen se défonce,
c'est du 24/24.

- Ca fait 20 ans que c'est du 24/24.

Franchement, c'est pas le paradis ?

Dans quelques années,
on s'installera ici, on ralentira.

- Maureen est au courant ?

- Maureen ?
- Oui ?

- Tu penses à ralentir, toi ?

- Ralentir, moi ?
Pourquoi ? J'ai jamais roulé vite.

Musique intrigante

---

- A quoi vous jouez à la CFDT ?
C'est quoi, ce délire ?

Vos jérémiades auprès du ministre ?
Vous vous prenez pour qui ?

- On vous interroge
sur le projet chinois avec EDF.

Vous refusez de répondre.

- Vous mêlez pas
de la stratégie d'entreprise.

- Vous bradez nos technologies
aux Chinois.

- Me prenez pas pour un con.
Vous intriguez avec Lauvergeon.

- Vous êtes parano.

- Vous la voyez partout.
- Ca vous excite

de vous croire importante ?

- Ne me touchez pas !

- Faites attention.

Je vous traînerai au tribunal.
J'ai des moyens

que vous n'avez pas.

Syndicaliste de merde...

- M. le député.
- Désolé, Mme Kearney, pas le temps.

- Monsieur.

- Ca m'intéresse pas.
- Vous devez préserver les emplois.

- Ca vous intéresse pas ?
- Non.

- M. Delannoy.
- Oui ?

- Lisez ce document.

On trahit le nucléaire français
en le bradant à la Chine.

- OK, Maureen.
Je lis ça très vite, promis.

- Vous avez mon numéro.

- Oui.
- Merci.

- Ca chauffe à la défense.

Notification

-Ah, Montebourg se manifeste.

"Arrêtez vos démarches
auprès des députés.

"Ca me met en porte à faux."

- Il est énervé.
- Que vas-tu faire ?

- Ca bouge en haut lieu.
Il se passe quelque chose.

- Fais gaffe,
c'est la cour des grands.

- Si t'as peur,
je me débrouillerai toute seule.

Téléphone

---

*- Henri Proglio à l'appareil.

On doit se parler,

si vous voulez faire exploser
la filière nucléaire.

- Je veux rien faire exploser.

*- C'est quoi, votre vision
du secteur dans les 10 ans ?

Soyez mignonne, épargnez-moi
les idées de Lauvergeon.

- D'abord, je suis pas mignonne,
j'ai pas envie de l'être.

- Parfait, alors je serai heureux
d'avoir votre point de vue.

J'oubliais,
vous n'êtes même pas ingénieure.

Un conseil,
retournez à vos cours d'anglais.

Tonalité

Musique inquiétante

---

Choc

---

Elle hurle.

Musique inquiétante

---

Klaxon

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Papa m'a appelée du Havre.

- Pourquoi t'es venue ?
C'est rien.

- Pour toutes les fois
où t'es venue me chercher.

- Rentre, c'est bon.
Ca va durer des heures.

- Ca va, aller.

J'ai posé une main courante,

la semaine dernière.

Je fumais au balcon.
Un type était là, dans sa Laguna.

- Il te surveillait ?
- Je sais pas.

Le lendemain, il m'a suivie.
J'ai pris sa plaque.

- C'est une impression
ou t'es sûre ?

T'es pas en train
de te faire un film ?

- T'es chiante.

- Fiona, excuse-moi.
Je suis tendue.

- T'es tout le temps tendue.
Tu veux pas d'aide.

- Le café est dégueu.
T'en veux un ?

- Mme Kearney ?

On peut y aller.

- Je t'attends.

- Applique-toi, ma puce !

Il les fout dans le filet.
Il ira jamais à Rolland Garros.

Je vous ai dit
que j'écris un bouquin ?

Je vais pouvoir régler mes comptes
avec ces abrutis.

- C'est le bon moment ?

Hollande va bien
vous proposer quelque chose.

- Avec les casseroles
qu'ils nous foutent au cul ?

Non, j'aurai rien.
Mais je m'en fiche.

Je me débrouillerai toute seule.

- C'était choquant
qu'Areva enquête sur votre mari.

- Qu'on vous accuse...
- Ils veulent m'intimider.

Je reçois des appels anonymes,
des menaces.

Ils me font pas peur,
je les attends.

J'ai pris

un garde du corps pour mes enfants.

Vous devriez aussi vous méfier.

Ils se laisseront pas faire,
surtout par une femme.

- Me méfier de qui, exactement ?
A part Oursel et sa clique...

- Alexandre Djouhri, pote de Sarko,
l'homme des basses oeuvres.

Là, il m'a dans le viseur.
Après, ce sera vous.

- J'ai du mal à croire...

- S'ils peuvent se venger,
ils le feront, croyez-moi.

Et notre affaire, on en est où ?

- Je remue ciel et terre,
personne m'écoute.

- Faut que vous tapiez haut.
Très haut.

- Le président ?

Et ce type de chez EDF
qui donne des infos maintenant.

Drôle de coïncidence, non ?

Musique intrigante

---

Vous m'avez dit que je pourrai
toujours compter sur vous.

- Vous me faites plus confiance ?

Musique intrigante

---

- Ils veulent rajouter des dates.
Je me ferai remplacer.

- Ca va,
j'ai tellement de travail...

*- Le dernier concert serait lundi,
je rentrerais mardi.

Maureen, tu m'entends ?
Tu m'entends ?

- Oui !
*- J'ai cru que ça avait coupé.

Ca capte mal, ici.

- La connexion est pas bonne.

*- On doit charger le camion.
Je t'embrasse.

- Moi aussi.

Téléphone

Gilles ! Allô ?

*- Mêle-toi de tes affaires.
Dernier avertissement.

Musique inquiétante

---
Aboiements

---
---

---

- Le journal interne d'EDF
sort l'info.

Avignon, le mois dernier.

Proglio et son cabinet noir
menacent des journalistes.

- Quel cabinet noir ?
C'est pas l'Ukraine.

- Il y a eu des piratages
et des vols de données chez eux.

- Attendez une minute. Attendez.

Vous avez déjà vu ce type ?

- Alexandre Djouhri ? Un dingue.

Il fait l'intermédiaire.

- Il porte des mallettes ?
- Il fait pas que ça.

- Vous me dites pas tout.
Et Lauvergeon ?

Vous étiez à l'école des Mines
ensemble.

Hé, oh !

- Areva est une entreprise
en redressement.

Nous arrivons à l'équilibre en cash.

C'est inédit depuis 8 ans.

- Voilà la preuve que vous mentez,
M. le président.

Vous avez négocié quoi
avec les Chinois

et avec EDF
avant de signer cet accord ?

- Ce sera votre faute
si l'accord capote

et si des gens perdent leur job.
- Eh bien...

On y arrive enfin. Il était temps.

Le gouvernement est informé ?

- Pourquoi je répondrais ?

Vous êtes à la botte de Lauvergeon.

Elle ment,
rien n'est jamais sa faute.

- Elle a des couilles,
comme vous dites.

- J'ai aussi des preuves.

Je sais ce que vous tramez

lors de vos rendez-vous secrets.

- Ne justifiez pas vos échecs

par des complots imaginaires.

Vous êtes le larbin

de Proglio.

Elle hurle.

Musique sombre

---

Bonjour, c'est Maureen Kearney.

Je voudrais un rendez-vous
avec le président Hollande.

Le plus vite possible. C'est urgent.

Très bien. Lundi prochain.

Quand vous voulez,
je me débrouillerai.

Merci.

Elle gémit.

- Maureen, ça va ?

Elle gémit.

- Vous avez eu

un traumatisme violent
de l'épaule droite

avec atteinte des tendons

de la coiffe des rotateurs.

C'est ce qui provoque la douleur,
vous comprenez ?

Il faut éviter
de porter quoi que ce soit...

Musique sombre

---

- T'es sûre de vouloir y aller ?

N'y laisse pas ta santé.

- Un bobo à l'épaule
contre 50 000 emplois,

c'est pas cher payé.

- C'est plus qu'un bobo.

Je n'arrêterai pas

tant que je n'aurai pas la peau
de ces enflures.

- T'es obsessionnelle.
C'est chiant.

- Merci pour ton soutien.

- Regarde le tableau électrique.

- Bonjour.

Gémissements

---

Cris

Merde...

- Je te dépose à la gare ?

- Excusez-moi pour le retard.

Merci, merci beaucoup.

Vous, vous n'êtes pas convié.

- Je fais quoi ?
- Vas-y.

- J'y vais ?
- Oui.

- Asseyez-vous.

Vous croyez m'obliger à quoi
avec ces menaces de tribunal ?

Délit d'entrave ?
Vous êtes sérieuse ?

- M. Oursel, vous avez une semaine
pour nous répondre

sur l'alliance
entre EDF et les Chinois.

- C'est du chantage ?

- Une petite syndicaliste
ne m'intimidera pas !

- M. Oursel,
j'ai 50 000 salariés derrière moi.

Des ministres.

Et bientôt M. Hollande ?

Vous êtes une grande mytho !

Ca fait des mois
que je sacrifie ma vie

pour sauver Areva !

Je vous laisserai pas vous mettre
en travers de mon chemin.

Je vous réduirai en miettes.

Assignez-moi au tribunal.

Allez-y, si ça vous amuse !

Maintenant, dehors.

Dehors !

- Au revoir, M. Oursel.

*Match de football à la télévision

---

Je vais me coucher.

Grosse journée, demain.

- Je t'accompagne
chez le chirurgien ?

- Non, pas la peine.

Après,
j'ai rendez-vous avec Hollande.

C'est ma dernière cartouche.

Si ça donne rien,
je sais plus quoi faire.

Peut-être une grève de la faim ?

Bon, allez. Bon match.

- Tu m'appelles

s'il y a une tête de cheval

dans notre lit.
Téléphone

---

- Allô ?

Allô ?
Tonalité

- Ca va ?
- Oui, oui.

Musique inquiétante

---

Vibreur

---

Vibreur

---

Vous croyez me faire peur ?

Vous perdez votre temps.

Musique inquiétante

---

- Maureen ?

Je suis là !

Maureen ?

Vous êtes là-haut ?

Aboiement

Oh, Alto...

Aboiements

Oh, le chien...

Bonjour, le chien.

Aboiements

Bah oui.

---

Ah !

Maureen...

Maureen... Maureen ?

Gémissements

- Aidez-moi.
- Oui...

Gémissements

Aïe !
- Oh, pardon.

Qu'est-ce qui s'est passé ?

- (Ah, je sais pas
ce qui s'est passé.)

(Je sais pas.)

Musique sombre

---

- Je vais vous aider.
Je... Je vais l'enlever.

Maureen gémit.

Musique sombre

Gémissements
Pardon...

---

Musique sombre

---

Sirènes

---

- Depuis un an, je travaille
sur un dossier sensible chez Areva.

J'avais rendez-vous
avec le président Hollande.

Je pense que ça a à voir avec ça.

- Vous pouvez nous en dire plus ?

Vous avez subi

des pressions ?

- J'ai l'habitude
de prendre des coups.

C'est mon métier.

- En dehors de votre travail,
vous avez des ennemis ?

*- Kearney s'est fait agresser
chez elle.

- Vous pensez pas
que je suis impliqué ?

*- Vous devez calmer le jeu.

Ca s'arrête quand
avec les syndicats ?

- Je fais tout pour éviter
au nucléaire d'exploser.

*- On va avoir
un incident diplomatique

avec la Chine !

On vendra pas vos centrales !

Tonalité

- Il me fait chier, lui...

- Bonsoir.
- Bonsoir.

Porte

Je vais promener Alto.

Tu viens ?

- Allez.

Musique intrigante

---

- Bonjour, mon adjudant.
- Bonjour.

Bonjour.

Musique intrigante

---

- Vous avez vu quelque chose ?

- Au sujet de l'agression
de Mme Kearney.

- Je vous écoute.

- Il paraît que j'ai hérité
de son caractère.

Ca facilite pas les choses.

Après, on est très soudés.

- Je vais m'allonger.

- Avec votre femme, ça va ?

Musique intrigante

---

- Ca fait 20 ans qu'on vit ensemble.
Il y a des hauts et des bas.

Mais l'amour reste.

- Nos relations

sont professionnelles.

On n'a jamais eu de relation privée
avec Mme Kearney.

Même si après mon départ d'Areva,
on a gardé un lien

de sympathie.

- C'est une fonceuse, Maureen,
mais là, elle était à bout.

Elle aurait dû s'arrêter.

Elle est allée trop loin.

- C'est quel genre de femme ?

- Je dirais
que c'est une femme simple,

dans le sens direct.

C'est une combattante,
beaucoup d'énergie.

Ce qui est très surprenant,

c'est qu'elle a malgré tout
quelque chose de fragile

qui fait qu'elle a besoin
de se sentir soutenue.

Musique intrigante

---

- Mme Kearney se sent peut-être

délaissée par son mari ?

Ca expliquerait
qu'elle se soit jetée

dans cette affaire ?

- Vous ne connaissez pas Maureen.
Son job, c'est son adrénaline.

C'est une tentative d'intimidation.

Elle doit gêner quelqu'un.
- Son bureau.

- Mme Kearney vous a fait part
des pressions qu'elle a subies ?

- Oui.

Elle m'a dit qu'elle ressentait
une pression forte

autour des accords EDF-Chine,

qui... la choquait.

Qui l'obsédait, en fait.

- C'est une fonceuse, Maureen.

Mais là, ça résistait.

Personne la croyait.

Elle savait plus quoi faire.

- C'est une petite syndicaliste
sans importance

qui s'est monté la tête
en s'inventant des histoires.

Elle a voulu attirer la lumière

en exposant
ses relations politiques.

- Mme Kearney
subissait des pressions.

Elle rencontrait des difficultés
avec sa direction

dès qu'elle l'interrogeait
sur les projets avec la Chine.

- Son agression serait liée
à ses activités syndicales ?

- J'ai du mal à l'imaginer.

- Je la suis depuis 10 ans.
- Merci.

- Vous avez eu ou vous avez encore

une emprise psychologique
sur Mme Kearney?

- C'est une vraie question ?

- Si ma femme de ménage

n'avait pas appelé les gendarmes,
je les aurais pas prévenus.

J'aurais juste tout arrêté.
Mon boulot et tout le reste.

- Bonjour.
- Bonjour.

- M. Bachman.
J'ai rendez-vous.

- On est au courant. Allez-y.
- Merci.

Il vient de sortir.
Tu l'as pas encore lu ?

- Non.

Mais j'arrive pas à lire,
même pas les journaux.

- Je m'en veux.

J'ai pas su prendre au sérieux
ces menaces, cette pression.

- T'en veux pas.
Tout ça, c'est ma faute.

Et ça va, je suis pas morte.

Je mangerai plus tard.

Vous en êtes où avec Oursel ?

Il vous a montré
l'accord avec les Chinois ?

- Toujours pas.

- Vous l'avez assigné ?

- Non.

Le comité de groupe
a décidé de ne pas...

Mets-toi à notre place,
on est tous sous le choc, là.

Tout le monde se demande
qui sera le prochain.

- Reprends-le, ton baba,
je le mangerai pas.

- Repose-toi.

- Oublie tout ça.
- Oublier ?

Tu veux voir le "A"
gravé sur mon ventre ?

...

Il soupire.

Musique sombre

---

- T'es dingue ?
Qu'est-ce que tu fais ?

- Je supportais plus de les voir.

- Tu peux pas détruire
une scène de crime.

Il y avait peut-être des traces.

- Ces chaises étaient sous scellés ?
Non.

- La police en pensera quoi ?
- Ils s'en foutent.

T'as vu ce qu'ils ont pris
pour faire leurs analyses ?

Musique sombre

---

- Ca va aller.

Cette fois, je suis là.

---

- En tant qu'avocat,
je vous aide à faire la lumière

sur l'agression. Merci.

Je veux montrer
que vous avez été victime

d'une opération de déstabilisation.

- Qu'on a voulu vous flinguer.
- Mais qui ?

EDF ? Areva ? Vous aurez du mal
à prouver qu'ils aient fait ça.

- On va trouver.

Peu importe les intérêts
que je dérangerai pour ça.

Nous aurons la vérité de notre côté.

- Bon, je dois vous laisser.

J'ai un rendez-vous chez mon psy.

Et je dois aller chez le coiffeur.

- C'est pour toi qu'on fait tout ça.

- Moi aussi, c'est pour moi
que je fais tout ça.

- Je vous laisse ma carte
si vous avez besoin de me joindre.

Porte

---

---

- Il a l'air gentil,
votre chien.

- Oui, mais il est très vieux.

- Vous avez rendez-vous
avec mon mari ?

Tirésias, non ?

Il viendra pas.

Il est mort il y a deux semaines.
Crise cardiaque.

Vous venez ?

- Je suis désolée.

- Vous aviez une liaison avec lui ?

- Euh...

Non, il m'a aidée, c'est tout.

- Je dois vous paraître ridicule,
mais je voulais savoir.

Vous êtes le genre de femmes
qu'il aimait bien.

Faites attention à vous. Au revoir.

Musique intrigante

---

- Je vais à Paris, messieurs.
L'air pollué me manque.

Je ramène des particules fines ?
- C'est ça. Bonne journée.

- Bonne journée...

C'est bon !

- Contente de voir
que vous tenez le coup.

- Ca dépend des jours.

Vous, comment ça va ?

- Dès qu'un gouvernement se forme,
on me voit dedans, mais non.

C'est que des rumeurs.

- C'est à cause de moi, tout ça.

- Qu'est-ce que vous racontez ?
On est victimes toutes les deux.

Vous savez si l'enquête avance ?

- Des collègues
parlent d'un intermédiaire

qui aurait fait du zèle
pour ses commissions.

- Des pots-de-vin,
comme pour les frégates de Taïwan.

- On parle de nous
dans les dîners en ville.

- De nous ?

Pourquoi ?

- On dit que je serais à l'origine
des fuites sur les contrats chinois.

Vous seriez ma marionnette.

Je vous aurais demandé
de vous sacrifier

pour sauver mon empire.
Rires

- Du Oursel tout craché, ça.

- Bientôt, ils diront

qu'on couchait ensemble.

Vous avez parlé de nous

aux enquêteurs, de nos rendez-vous ?

- Euh...

je ne crois pas, non.

C'est un peu embrouillé
dans ma tête,

en ce moment.

- Il faudrait savoir.

C'est important.

- En y repensant,
je suis sûre que non.

Je n'ai rien dit aux enquêteurs.

- C'est bien, faut pas.
Les gens cherchent la petite bête.

- Ces histoires de pots-de-vin,

faudrait en reparler aux enquêteurs.

- Mais qui ? Moi ?

- Ca aurait plus de poids. Non ?

Musique sombre

---

- Pourquoi cacher

que vous alliez à Paris ?

Vous avez vu Lauvergeon au Lutétia.

- Vous êtes là pour nous protéger,
pas nous espionner.

- Vous êtes convoquée
à l'unité médico-judiciaire.

Ils vous attendent.

- Je t'emmène ?

Musique sombre

---

- A tout à l'heure.

---

- J'aimerais pratiquer
un nouvel examen gynécologique.

Faudrait que je regarde aussi
les marques sur le ventre.

Patientez deux minutes.
Je serai pas long.

Elle chantonne.

---

Faudrait faire un dernier test.

- Quel test ?

- Asseyez-vous
pour que je tente d'introduire

un speculum de 8 cm
dans votre vagin.

La même taille

que le manche du couteau.

Maureen tousse.

- Vous avez le droit de faire ça ?
L'adjudant l'a demandé ?

- Nous voulons vérifier des choses
avec votre accord.

- Et si je refuse ?

Si je refuse ?

- Je mets du lubrifiant.

Ce sera pas long.
Ecartez vos jambes.

Voilà, détendez-vous.

Euh...

Ca va ?

- Oui, ça va.
Pourquoi vous posez la question ?

- C'est fini.
Vous voyez, c'était pas grand-chose.

Miaulement

---

Maureen hurle.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il y a quelqu'un ?

J'ai senti une main.

- Merci, c'est bon.
Je vais me...

C'est ton bras.
T'as dû dormir dessus.

- Je le sens plus du tout.

- Il faut le bouger.
Il est ankylosé.

Voilà.

On va faire circuler le sang.

Ca va passer.

- Ca faisait longtemps
que j'avais pas eu un massage.

(T'as pas envie ?)

- (Avec le GIGN
partout dans la maison ?)

(- On s'en fout.)

(Viens.)

Ma femme de ménage arrive.
Il s'est passé des heures.

Il ne m'a pas tuée.

Je suis dans ma salle de bain,
je me maquille.

Je me fais mon chignon.

Avant, je suis dans la cuisine.
Je bois du thé.

Je bois beaucoup de thé.

Vous avez du café ? Pour moi, là ?

- Je reviens.

- C'est dingue, elle débite tout ça
avec un aplomb...

- Si elle se trompe pas
en le disant à l'envers, c'est vrai.

- Ou elle a tout appris
comme une mytho.

- Faites-la mariner 10 mn
et amenez-la dans mon bureau.

- Si un mec s'était pris
un couteau dans le cul,

il le croirait ?

- T'as vu le rapport du médecin ?

Impossible de garder le couteau
6 heures sans l'expulser.

- Il connaît les Tampax,
ton médecin ?

- Quand il vous recouvre les yeux,
vous ne vous défendez pas ?

- J'avais trop peur.
J'étais tétanisée.

- Vous avez crié ?

- Je pense.
Mais personne ne pouvait m'entendre.

- Vous avez vu quelque chose
dans le miroir ?

- Non, rien.

- Votre chien était dans la maison.

Il s'est manifesté ?

- Il a pas bougé.
C'est un vieux chien.

Maureen tousse.

- Quand il a gravé le "A"
sur votre ventre,

vous n'avez pas lutté ?

- C'était étrange.

Je me voyais de l'extérieur.

J'avais pas mal.

- Après le départ de l'agresseur,

vous avez tenté
de vous libérer de vos liens ?

- J'en étais incapable.

Je pensais qu'il m'avait éventrée,
je sentais les...

mon intestin sur mes genoux.

La chaleur de mes intestins.

- Vous lisez beaucoup

de romans policiers, non ?

Qu'est-ce qui vous intéresse
dans ces lectures ?

Et pourquoi avoir surligné
tous ces passages ?

- Je...

- Elle se comporte pas
comme une victime de viol.

- Elle pourrait avoir tout inventé ?

- Dans les menaces reçues,
aucune piste.

A force, on s'interroge.

- Pas d'agresseur,
donc pas d'agression ?

Un coup monté, en somme ?

De l'automutilation ?
Ce serait énorme.

- On a perquisitionné chez son psy.

Une copie de son dossier médical.

Elle est psychologiquement
très fragile.

Elle a pu perdre pied ?

- Il y a des pressions politiques
dans ce dossier.

En haut lieu,
on considère sa vie en danger.

Ni vous ni moi
ne pouvons nous tromper.

- A la CFDT, j'ai été élue
et je me suis battue

pour mettre en place
un vrai plan social.

- On parle de toi dans Libé.

- Pas trop de conneries ?

Je rêve. Je serais une ex-alcoolique
devenue dingue ?

Tu peux le garder, ton torchon.

- Elle est paumée, papa.

- C'est lourd, ça remue des choses.

On vit avec des flics,

des journalistes
qui racontent notre vie.

- Je trouve ça sexy,
des mecs en uniforme, non ?

Je vais rester dormir.

Tu veux bien de moi ?

- Je peux me faire remplacer.

- Ca va te faire du bien,
ces concerts.

Que veux-tu qu'il m'arrive,
ici, maintenant ?

Allez, vas-y
avant que je change d'avis.

Musique intrigante

---

Merci.

---

- Allez, les gars.

- Une dernière, s'il vous plaît.
Restez encore un peu.

- OK, mais c'est la dernière.
- OK.

Un petit calva, ça vous dirait ?

Musique intrigante

---

- Merci d'être venu.
- C'est naturel, cher ami.

On s'est pas vus depuis un moment.
Comment allez-vous ?

- Mal.

Cette histoire a assez duré.
Ca me fait du tort.

- La syndicaliste ?

- Vous avez des pistes ?

- L'adjudant qui mène l'enquête
a des doutes sur ce qu'elle raconte.

- Ah oui ?

- Elle a tenté de se suicider
il y a quelques années.

- Je vous le dis.
Cette femme est folle.

Elle veut tout faire péter,
une kamikaze.

- Montebourg semble croire
qu'elle a un pouvoir d'influence.

- Un pouvoir de nuisance.

Elle me fait passer
pour un incapable.

Mettez-vous à ma place !

Je joue les boucs émissaires

alors que je répare
les conneries des autres.

J'espère que vous éclaircirez vite
cette affaire.

*- Mme Kearney ?

Adjudant-chef Brémont.

Pourriez-vous venir avec votre mari
demain, à la gendarmerie ?

M. Hugo, par ici, s'il vous plaît.

- Ca va, Maureen ?
- Oui, ça va.

- Il va falloir être forte
et garder votre calme.

- Bonjour, Mme Kearney.
- Bonjour.

- Entrez.

Asseyez-vous.

A partir de maintenant,
vous êtes en garde à vue.

- Ils vous soupçonnent
de dénonciation de crime imaginaire.

- C'est absurde.

- Les analyses qui ont été faites
chez vous sont formelles.

A part vos empreintes
et celles de vos proches,

on n'a rien trouvé.

- Il portait des gants.
- Ca laisse des traces.

Des particules.

On n'a aucune trace d'ADN non plus.

- C'est pas possible.

- Vous avez raison,
c'est pas possible.

Des agressions sans traces
d'agresseur, j'en connais pas.

De ce fait,
l'enquête pour viol est close.

- Maureen,
aussi fou que ça puisse paraître,

vous passez du statut de victime
à celui de suspect.

- Aucune preuve, aucun témoin

pour accréditer votre thèse.

J'ai été menacée, j'ai été violée !

Et la cicatrice, qui me l'a faite ?

Laissez-moi ! Lâchez-moi !
Ne me touchez pas !

- S'il vous plaît.

- Vous reconnaissez ce scotch ?

- C'est pas du scotch,
c'est du gaffer.

Je l'utilise pour le boulot,
j'en ai un stock.

- Ce morceau

vient des menottes de votre femme.

Le même que votre scotch.

- Arrêtez de dire mon scotch.

Je suis pas le seul à en avoir.

- Le scotch, le bonnet, le couteau.

Tout ce qui a servi à agresser
votre femme vient de chez vous.

- Pour des pros, venir sans rien,
c'est bizarre.

- Vos voisins n'ont rien vu.

Chez vous, aucune trace

d'un inconnu.

- Le mec va pas laisser
de l'ADN partout.

- Vous voyez, M. Hugo,

on croit pas
la version de votre femme.

- Cette histoire
de contrat chinois...

ça l'a un peu dépassée, non ?

Le mieux,
c'est que vous nous aidiez

pour qu'elle avoue.

- Vous êtes des malades.

- Un suffira.

C'est bon.

- Vous consentez
à reprendre cet interrogatoire ?

- Je peux aller aux toilettes ?
- Bien sûr. On vous accompagne.

- Votre femme
est une ex-alcoolique ?

Elle est suivie par un psy, non ?

- Et alors ?

- Elle a pu tout préparer

avant l'arrivée
de la femme de ménage.

- Les menottes en scotch.

Un enfant de 10 ans
aurait pu les défaire.

- Bon...

On va en rester là.

- On se calme, M. Hugo.

- Que je me calme ?

Vous la croyez assez tordue
pour se mutiler ?

Vous délirez complètement !

- On se rassoit.
- Je me rassois si je veux !

Je suis accusé de quoi ?

Suis-je accusé de quelque chose ?

- S'il vous plaît.
Fracas

Je disais à votre avocat
qu'on devrait aller

à votre domicile

pour être dans les conditions
de votre agression.

Vous seriez d'accord ?

- J'étais en train de me maquiller.

D'un coup, on me met
un bonnet sur la tête.

- Face au miroir,
vous n'avez pas vu l'agresseur ?

- Non.

- Bon... Poursuivez.

- J'ai senti comme un revolver
dans le dos.

Il me fait asseoir sur ce tabouret.

Il me met un sparadrap
sur la bouche.

Il me fait lever et m'emmène
de force dans la laverie.

- On vous suit.

Aboiements

Excusez-moi.

---

Vous m'avez dit que votre chien
n'avait pas réagi.

- Il est sourd. Parfois il entend,
parfois il entend pas.

- Ca dépend de ce qui l'arrange.

- Il me fait asseoir sur une chaise.

- Elle est où ?

- C'était trop...

de mauvais souvenirs.

- On l'a brûlée.

- D'accord.

- Je vais en chercher une autre.

- Une fois que vous êtes assise ?

- Il commence à m'attacher.
Les pieds d'abord, puis les mains.

Il s'énerve. Je vois rien.

Il dit
que c'est le dernier avertissement.

Et j'ai cru

qu'il allait me poignarder.

Et il a commencé
à tracer des lignes

sur mon ventre.

- Là, il avait déjà le couteau ?

- Non, il l'a trouvé ici.
Il est à nous.

- Vous le rangez où ?

- Deuxième tiroir.

Faut soulever un peu.

Grincement

Musique intrigante

---

- D'accord.

---

Selon vous, à qui ça profiterait
de vous faire taire ?

- A des intermédiaires, peut-être ?

- Dans ce genre de contrat...
- Vous avez des preuves ?

Vous êtes toute seule.

Tout le monde vous a lâchée.

A commencer par votre mari.

Musique sombre

---

Vous voulez
qu'il vous le dise en face ?

---

Et le "A" gravé sur votre ventre...

c'était pour mettre en cause Areva ?

Et brûler vos chaises, c'était
pour faire disparaître des preuves.

Dans quel polar
vous avez trouvé tout ça ?

Et surtout,

pourquoi ne pas avoir expulsé
le couteau de votre vagin ?

- J'ai essayé, je crois.

- Ce serait mieux de dire la vérité.

Franchement, vous m'aidez pas, là.

Musique sombre

---

- J'aime pas les gens comme vous.

Musique inquiétante

---

Vous trouvez pas
que ça a assez duré ?

Si vous n'avouez pas,

un rouleau compresseur médiatique
et judiciaire va vous écraser.

Vous vous en remettrez pas.

---

Votre famille non plus.

Alors, dites la vérité.

Parlez maintenant,
ce sera plus simple.

Musique inquiétante

---

Alors !

---

Le policier soupire.

---

- Je veux pas que ça se répète.

- Après ce que vous avez vécu...

c'est normal de perdre les pédales.

Musique sombre

---

- J'ai tout inventé.
J'ai tout imaginé.

J'ai dû péter les plombs.

Je peux avoir une cigarette,
s'il vous plaît ?

Merci.

Musique sombre

---

- Vous partez ?
- Oui.

Merci pour votre accueil.

Et...

Peut-être que je devrais pas,

mais avec les collègues,
on voulait vous dire...

faites attention.

Méfiez-vous.

Musique sombre

---

- M. et Mme Oursel,
votre table est prête.

- Merci beaucoup.

- J'en parle à Cazeneuve.

Au revoir.

- Excuse-moi, je reviens.

M. le ministre,
vous avez entendu la nouvelle ?

Je vous l'avais dit.

La syndicaliste
a complètement craqué.

Elle a tout inventé,
c'était un coup monté.

- J'ai entendu la radio,
mais attendons.

- Vous doutez encore ?

Je vous le dis depuis le début,
cette femme est folle.

- Vous auriez été à la hauteur,
rien ne serait arrivé.

- Ca tourne. Ca tourne.

- T'as pris ton médicament ?
Luc...

Respire.

- J'ai mal.
- Je te donne ton médicament.

Luc halète.

---

Tiens.

Télévision en fond

---

Klaxon

- Vous faites quoi dans la vie
pour traîner ici à cette heure-ci ?

- J'écris des bouquins.

- Oh...

Quel genre ?

- Des polars.

- J'adore les polars.

Vous écrivez quoi, en ce moment ?

- J'écris l'histoire d'une femme
qui met en scène son viol.

- C'est glauque.

C'est glauque.

Et ça finit comment ?

Téléphone

- Bonjour, Maureen.
C'est Jean-Pierre.

Quoi qu'il se soit passé,

pour nous, tu seras
toujours une victime.

Voilà. Je t'embrasse.

Musique intrigante

---

- Qu'est-ce qu'il fait ?

---

Crissement

---

Moteur

Aboiements

---

- Ah...

- Mon adjudant, j'ai quelque chose.
- Oui ?

- Le 22 juin 2006, 3 hommes cagoulé
ont agressé une femme.

Son mari travaillait chez Veolia,
le distributeur d'eau.

Ils l'ont violée,
ont scarifié sa peau.

- Vous savez,
il y a des cinglés partout.

- Le mode opératoire
fait penser à Maureen Kearney.

Pas d'indices,

pas de témoins, pas d'ADN.

C'est une piste à creuser, non ?

- Vous avez quoi,
à part un article ?

- Le commissariat
n'a plus le dossier.

Le parquet de Versailles non plus.

- Tout a été détruit.
- Pas de parano.

- C'est la procédure.
- Oui, mais...

- Non, mais Chambard,
réveillez-vous !

Le proc va avoir ses aveux écrits.
L'affaire est bouclée.

Arrêtez de perdre votre temps, là.

C'est un ordre.

Disposez.

- Alors, c'est grave ?

Ce qui est grave,

c'est ce qu'on a eu hier
avec la police.

C'était n'importe quoi.

- Tu veux que je revienne
sur mes dires ?

- Rien ne tient
dans ce que t'as dit.

Ca n'a aucun sens.

- Si on repart là-dedans,
on va se faire broyer.

Je vais rédiger ces aveux
et tourner la page.

- Faudra expliquer
comment tu t'es attachée seule.

Tu me montres ?
Tu veux du scotch ?

Tu fais ça pour nous protéger.

Mais je sais que tu regretteras.

- Je comprends pas,
tu ne parles plus de ton burn-out.

- Un burn-out, ça fait pas ça.

Là, c'est plutôt, comment dire...

un pétage de plomb,
comme un syndrome de Munchhausen.

Quand tu t'inventes
des symptômes imaginaires.

Pour attirer l'attention.

Comme personne ne m'écoutait...

que j'étais sous pression,
que j'étais face à un mur...

la seule solution pour moi,
c'était d'être une victime.

Un viol, une agression,
c'est imparable.

Je force les gens à m'écouter,

je suis au centre
d'une affaire d'Etat.

Ca marche.

Quoi ?

- T'es sûre de toi ?

Maureen marmonne.

- "En insérant
un manche de couteau..."

Musique exaltante

---

Non, t'as raison.

C'est pas possible.

Je peux pas.
Je m'en remettrais pas.

Musique exaltante

---

- Mme Kearney !

Le juge est indisponible.
L'audition est repoussée.

- Et la réouverture de l'enquête ?
Viol, acte de barbarie.

- J'ai déposé une plainte
avec constitution de partie civile.

- Il fait quoi, le juge ?

- Calmez-vous.
- Non, ça suffit !

Ils m'ont trouvée
pour m'extorquer des aveux !

- Laissez-moi, vous me faites mal.
- Sortons.

Musique exaltante

---

- Vous en faites pas,
ça va bien se passer.

On va réparer votre épaule.
On va poser un drain.

---

- Les procès pour dénonciation
de crime imaginaire sont rares.

Les charges sont faibles.
On obtiendra un non-lieu.

Mais on doit parler d'une chose
que j'ai trouvée dans votre dossier.

- Quoi ?

- Votre premier viol.

Ce qui m'ennuie,

c'est qu'à l'époque,

les avocats de l'accusé
ont pu mettre en doute votre parole.

- Oui.

A l'époque, quand ce type
qui m'avait prise en stop

m'a sauté dessus dans sa voiture,
je ne me suis pas débattue.

- Certes, mais il y a
un autre problème sur l'agression.

- Oui, parce que je portais pas...

de culotte ?

- C'est ça.
- J'avais 20 ans.

- Et le violeur

a bénéficié
de circonstances atténuantes.

Il n'a écopé

que de 3 ans de prison
dont 2 avec sursis.

Ce tribunal ne vous a pas crue.

- J'étais pas une bonne victime,
déjà ?

C'est ça ?

- Ca suffit, je vous l'ai expliqué.

Ce tribunal ne peut pas modifier...

- Je veux pas aller en prison.

- Ca va aller.

Elle a la réputation
d'être sévère, mais juste.

- Affaire numéro trois...

Le ministère public

contre Maureen Kearney

pour dénonciation mensongère

à une autorité judiciaire

ayant engendré
des recherches inutiles.

On ne boit pas dans le tribunal.
Ce n'est pas un lieu de pique-nique.

Déclinez votre identité à la barre.

- Je m'appelle Maureen Kearney.

- Vous dites avoir été victime
d'un viol et d'actes de torture

et de barbarie à votre domicile
le 17 décembre 2012.

L'enquête menée

par la section de recherche
de Versailles

a relevé des incohérences.

Vous avez reconnu avoir imaginé
les faits avant de vous rétracter.

Je vous rappelle
que vous encourez une peine

de 6 mois d'emprisonnement
et de 7 500 euros d'amende.

Qu'avez-vous à répondre
à cette accusation

de dénonciation
de crime imaginaire ?

- Je suis innocente.

J'ai vraiment été agressée
le 17 décembre 2012.

- A quelle heure ?

- Entre... 6h30 et 7h, je crois.

J'ai dit ça à ma déposition.

- Je ne demande pas
une récitation de votre avocat.

Je vous demande
ce dont vous vous souvenez.

- Il y a beaucoup de choses
dont je ne me souviens plus.

Quand vous pensez
être face à la mort,

votre cerveau ne réagit
pas tout à fait normalement.

- Vous connaissiez
les rapports de force,

étant syndicaliste.

Vous viviez très mal ces combats.

Vous avez personnalisé
cette tractation avec M. Oursel.

- Non, je...

Je ne personnalisais pas.

Luc Oursel était très colérique.
Il était connu pour ça.

- Je regrette
que la maladie l'ait emporté.

J'aurais aimé entendre sa version.

- L'affaire l'a rendu malade,
l'a dévoré de l'intérieur.

- Revenons-en aux faits.
Que lui reprochiez-vous ?

- M. Oursel générait du stress.
Il pouvait être très violent.

Il m'a jeté une chaise dessus.

- Vous le harceliez. Il a craqué.
Vous l'attendiez, non ?

Vous étiez obnubilée

par ce contrat avec la Chine.

Votre fille dit que vous aviez
des tendances suicidaires.

Vous avez commencé
les antidépresseurs

la veille des faits
que vous dénoncez.

Ca vous provoque des rêves,

ces médicaments, non ?

- Mais non, je...

Je ne rêvais pas.

- Comment expliquez-vous

qu'on vienne les mains vides
pour vous agresser ?

- Je ne me l'explique pas.
Je n'ai jamais agressé personne.

- Votre assaillant vous aurait
attaché les pieds avant les mains.

Ca manque de logique.

De même, attacher les mains
en tortillant le scotch...

C'est compatible en revanche

avec des liens
que vous auriez faits vous-même.

Non ?

Le fait qu'il ait baissé le collant
n'est pas logique pour l'agresseur.

Il aurait été plus simple
de le déchirer.

Vous ne portiez pas de culotte
sous votre collant ?

Autre incohérence,

il se serait passé six heures

entre votre agression et l'arrivée
de votre femme de ménage.

Six heures pendant lesquelles

vous n'auriez eu
aucune réaction physiologique

pour expulser le couteau
de votre vagin.

Comment l'expliquez-vous ?

Musique sombre

Mme Kearney ?

Pouvez-vous répondre
à cette question ?

Musique sombre

---

*- Maureen.

Maître Duchesne à l'appareil.

Je viens d'avoir le greffe.

Vous avez été déclarée coupable.

Vous écopez de cinq mois
de prison avec sursis

et d'une amende de 5 000 euros.

Vous vous en sortez bien.

Musique douce

---

- BE, WAS, WERE, BEEN.

- Commencer.

- BEGIN, BEGAN, BEGUN.

- Began, begun.

- A toi, M. le secrétaire général
de l'union fédérale

des syndicats du nucléaire.

- Tu fais partie de l'élite.

- Ca te va bien de dire ça.

- Joue, plutôt.

Attention, parfois on pense
qu'on peut changer le monde

et on le paie cher.

J'ai décidé de faire appel.

- Tu es sûre ?

- T'en as parlé à l'avocat ?

- Non, pas encore.

Je vais d'abord
reprendre mon dossier.

Trouver des nouvelles pistes.

Enfin, les chercher, plutôt.

Essayer de comprendre.

Et après,

je chercherai un nouvel avocat.

Atout !

Là, je gagne.

- Il sera bio, naturel et fabriqué
selon les meilleures techniques.

- Merci, M. le ministre.

Après une page de pub,
Virginie Desfontaines

pour le flash info de 18h.

- M. le ministre !

Je suis Gilles,
le mari de Maureen Kearney.

- Ah, Maureen.

C'est injuste ce qui lui est arrivé.
Comment va-t-elle ?

- Elle se remet petit à petit.

- Tant mieux.
Quel scandale, cette affaire.

Je sais qu'elle veut faire appel.
Je la comprends.

Dites-lui que si elle le souhaite,
elle peut compter sur moi.

J'espère qu'elle sera blanchie
et qu'on trouvera les auteurs.

Bon courage.

Musique inquiétante

---

Alarme

---

- Gilles, réveille-toi !
Y a l'alarme !

---

Appelle les pompiers !
Appelle les pompiers !

---

- Qu'est-ce que tu fous ?
Allez !

- Laisse-moi !
Maureen crie.

Musique inquiétante

---

- Bon...

C'est bizarre, je sais pas
d'où vient le départ de feu.

C'est circonscrit. Plus de danger.
Vous pouvez rentrer chez vous.

- Bonne journée.
- Merci.

- 12/7. On est bon, tout va bien.

- C'est pour ça
que t'as risqué ta vie.

- Je n'ai pas menti.

Mon casier judiciaire dit
que je suis folle, menteuse.

Je n'ai pas menti !

- On se fout de ce qu'ils pensent.

- Non, on s'en fout pas.
Je dois trouver la faille.

La chose qui prouve
que j'ai pas menti.

- Bon...

Et la prochaine fois ?

Euh...

Si c'est toute la maison
qui devient un barbecue,

comment on...
Rires

"Nocturne No 20"
Frédéric Chopin

---

- As-tu besoin d'aide ?
Ca a pas l'air pratique.

Avant de t'attacher les mains,
enfile le bonnet sur ta tête.

Sans parler du reste...

- Personne n'a essayé.

Personne ne m'a demandé
comment j'avais fait. C'est dingue.

- Baisse les rideaux, si on te voit,
ça arrangera pas ton cas.

"Nocturne No 20"
Frédéric Chopin

...

- Bonjour, Mme Kearney.
- Bonjour.

- C'est gentil d'avoir accepté
de me rencontrer.

- J'ai hésité.

Vous revoir ne me faisait
pas plaisir, Mlle Chambard.

- Je comprends bien.

On peut peut-être s'asseoir ?

A l'époque, j'étais auxiliaire.

J'étais pas d'accord sur la façon
dont on a mené l'enquête.

- Celle que j'ai inventée
de toutes pièces ?

- Pendant l'enquête,
j'ai trouvé quelque chose.

Ca a pas convaincu mes supérieurs,
mais...

Musique intrigante

---

Si j'avais pu le faire plus tôt...

---

- Je peux le garder ?
- Bien sûr.

---

- A l'époque, mon mari
était ingénieur chez Veolia.

Pour le traitement de l'eau

Il travaillait
au lancement d'un marché

de plusieurs milliards d'euros
pour les pays du Golfe.

A un déjeuner avec un investisseur,
on lui a présenté...

"celui sans qui
Henri Proglio n'est rien."

Alexandre Djouhri.

Quelques jours plus tard,
à un autre déjeuner,

le ton est monté.

Djouhri voulait
ses 20 % de commission.

L'investisseur a refusé.
Mon mari l'a soutenu.

Il a été licencié de Veolia
pour un motif bidon.

Djouhri et l'investisseur...

se sont retrouvés
à la une des journaux,

car ils s'étaient battus
au George V.

Mon mari a révélé à la justice

les pots-de-vin versés par Veolia.

Et notre vie est devenue un enfer.

On a commencé
à recevoir des menaces.

On a porté plainte.
C'est devenu un film d'horreur.

Musique sombre

"Ferme-la", "T'es mort"

sur la voiture,
la boîte aux lettres.

Un après-midi,

j'étais seule à la maison.
Je travaillais chez moi.

Les enfants étaient partis

à l'école.

Il faisait chaud. Les portes
du jardin étaient ouvertes.

Musique sombre

---

Ils étaient trois,
habillés tout en noir,

masqués.

Quand ils sont entrés,
je n'ai rien pu faire.

Impossible de me défendre.

On m'a entraînée

dans la cuisine,

attaché les mains,

allongée

sur la table.

Musique sombre

---

Ils m'ont tailladé au cutter
une croix sur le ventre.

Et un cercueil
au-dessus du sein gauche.

Musique sombre

---

Après, ils m'ont violée
tous les trois.

A tour de rôle.

Ca m'a semblé durer des heures.
J'ai perdu connaissance.

Quand on a déposé plainte,

le gendarme a dit

que ça devait être des pros.

Aucune empreinte, aucun ADN.

Ils n'avaient aucune piste
et mon récit manquait de cohérence.

Ils se demandaient
si je n'avais pas tout inventé.

Musique sombre

---

- Cette enquête,
c'est du zéro pointé.

J'ai jamais vu ça.

Ce rapport est rempli
de contrevérités

assénées sans preuve.

Il ne démontre qu'une chose,
la conviction du gendarme.

Je suis honoré
que Mme Kearney m'ait choisi

pour assurer sa défense.

- M. Temime a mis en évidence
qu'il était impossible

de m'attacher moi-même
les mains dans le dos.

A cause de mon épaule.

J'avais une rupture des rotateurs
de la coiffe de l'épaule droite.

Le chirurgien témoignera.

- D'autres pièces nouvelles

feront enfin éclater la vérité.

- Vous pouvez en dire plus ?

- La plainte de la femme
d'un cadre de Veolia

pour une agression similaire
à celle de ma cliente.

Personne ne savait.

La presse n'en a quasiment pas parlé
et il y a peu d'articles.

- Votre théorie ?
- Je n'exclus pas

l'hypothèse
que ce sont les mêmes agresseurs

à six ans d'intervalle.

Dans le choix des victimes,
deux femmes au lourd passé

avec une fragilité intérieure,

ayant subi une agression sexuelle

Perversité destinée à les briser.

Des femmes vues
comme des maillons faibles

par des hommes
qui ont tout prévu.

- Vous avez des preuves ?

- Entrez.

- Mme Kearney.
- Bonjour, M. Brémont.

Vous allez recevoir
une convocation au tribunal.

Mon affaire passe en appel.

Alors ça, ce sont...

les relevés téléphoniques de 2012.

Je vous ai surligné

les deux appels anonymes.

Ceux qui n'existaient pas,
selon votre enquête.

Voilà, je vous le laisse.

Un petit début de preuve pour que
vous arrêtiez de faire passer

une victime pour une coupable.

On se voit au tribunal, M. Brémont ?

Au revoir, M. Brémont.

- Maureen !

La foule scande "Maureen".

---

Applaudissements

- On est tous là. Merde !

La foule scande "Maureen".

---

Heureusement pour ma cliente,

son esprit lui permet
de s'échapper de son corps.

De ne pas crier de douleur

quand son agresseur
introduit de force

quelque chose dans son vagin.

Ce couteau, elle ne le sent pas.

Elle ne sent plus rien, d'ailleurs.

Elle ne sait plus où elle est,
ce qu'il se passe.

Elle n'est plus présente.

On lui a reproché
de ne pas s'être défendue,

de ne pas avoir tenté
de se dégager de ses liens,

d'avoir été sidérée.

On oublie aussi,

c'est pratique,

que le moindre mouvement d'épaule

lui envoyait
une décharge électrique

dans tout le corps.

Ce petit corps blessé, torturé,

bâillonné par surprise,

puis cagoulé...

ne s'est pas défendu

contre un agresseur
dont elle ne savait même pas

s'il était armé ?

Mme Kearney n'a pas été
une bonne victime.

Une vraie victime,
d'après messieurs les enquêteurs,

elle ne se comporte pas comme ça.

On oublie aussi

que les empreintes relevées
sont celles de la main gauche

de Mme Kearney qui est droitière.

Preuve qu'elle ne pouvait pas
se servir de sa main droite

et encore moins s'attacher les mains
dans le dos avec du scotch.

Aucune des analyses d'ADN demandées
sur les objets de la scène de crime

n'a été conservée.

Rien !

Les scellés envoyés au labo
ne sont jamais revenus.

Tous les prélèvements ont disparu...

comme par enchantement.

Maureen Kearney

a été soupçonnée d'entrée de jeu
d'être une mythomane.

Et pourquoi ?

Ah, oui !

Il y a eu
cette première agression sexuelle...

Parce qu'elle a été victime
d'un viol à 20 ans, Mme Kearney

aurait été amenée
à en inventer un autre ?

Mme Kearney est coupable aujourd'hui
parce qu'elle a été victime hier ?

C'est ce que vous avez voulu dire,
Mme l'avocate générale ?

Musique douce

---

- Premier exemple :

"They said that we must always wear
our school uniform."

Deuxième exemple :

"I must worry

"about our school exams."

Musique douce

---

- Non, c'est ma balle !

---

- Messieurs-dames,

je vous demande le silence.

La séance va commencer.

Mme Kearney, je vais vous demander
de prêter serment,

de dire la vérité,

toute la vérité, rien que la vérité,

de lever la main droite et de dire :
"Je le jure."

- Je le jure.

- Je vous remercie, madame.
La parole est à vous.

- Merci, M. le président.

Messieurs les rapporteurs,
messieurs les députés,

suite au démantèlement d'Areva
et à la débâcle qui a suivi,

comme je le craignais

et n'ai cessé de le répéter
pendant des mois,

des milliers d'emplois
ont été détruits.

De ces milliers de victimes
sans noms, sans visages, sans voix,

vous pouvez chercher partout,
dans la presse ou ailleurs,

il ne reste rien, aucune trace.
A part la mienne.

Je suis la seule à posséder encore
un nom, un visage et une voix.

J'ai longtemps été
"La Syndicaliste d'Areva".

Du moins,
c'est le nom qu'on me donnait.

Je m'appelle Maureen Kearney.

Je n'ai pas menti

et je n'ai rien inventé.

Musique intrigante

---

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