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[Taro] J'avais tout organisé.

J'ai trouvé l'homme de paille.

Je lui ai mis le pied à l'étrier
et je l'ai poussé devant moi.

Je pensais
que je dirigerais tout à distance.

Je ne donnerai pas
les clés de ma ville à un cambrioleur.

- Que dit le procureur ?
- Accident.

Une ancienne juge,
ça attire les représailles, non ?

Une vengeance, des bagarres de clans...

Elle n'avait plus de dossiers sensibles
depuis longtemps. Non.

Je ne crois pas à cette thèse.

Je vous le dis tout de suite, M. le Maire,

mon groupe n'a pas dépensé
tant d'argent et tant d'énergie pour rien.

Le casino se fera.

C'est une trahison.

Voter contre le casino,
c'est me trahir, moi.

Et la ville de Marseille.

Vous, peut-être. Marseille, non.

La ville ne vous appartient pas.

Allez.

[générique chanté en arabe]

Costa, tu vires Barrès
de la délégation du port.

[Costa] D'accord.

Je l'ai vu grandir, ce garçon.

Je ne peux pas m'être trompé à ce point.

Je l'avais choisi pour prendre ma place.

C'est d'ailleurs ce qu'il a fait.

Oui, c'est ce qu'il a fait.

Pourquoi vous avez voté
contre la vente du port ?

Et pourquoi pas ?

Ça va compliquer les choses
pour les élections.

Vous savez...

je m'en fous
qu'il le prenne pour une trahison.

D'ailleurs, c'est ce que je voulais.

J'aime bien le noir en général,

mais sur vous,
je trouve que ça vous va pas.

- Pas terrible.
- Alors, ne me regardez pas.

C'est difficile
de pas vous regarder, Barbara.

Pourquoi vous m'avez demandé
de vous accompagner ?

Vous ou une autre,
ça n'a pas d'importance.

J'aurais eu l'air
d'un con tout seul, non ?

[portable qui sonne]

Putain, c'est mon patron.

Que tu lui dises aujourd'hui ou demain,
faudra bien que tu finisses par lui dire.

Il va me tuer, mec.

C'est une Mégane avec toutes les options.

Je sais pas combien
je vais devoir lui rembourser !

Tu veux que je te dise
ce qui me fous le seum ?

C'est qu'avec deux montres,
tu lui en rachetais une.

Je pense qu'avec les assurances,
s'il déclare la voiture volée

et que je lui file 5 000 boules,
ça passe ?

Et tu les trouves où les 5 000 ?

On pourrait se refaire une bijouterie.

C'est pas con, ça !
Bonne idée.

Faut juste qu'on vole un autre TMAX,
qu'on refasse un maquillage de plaques,

qu'on repère une autre bijouterie,
qu'on rentre dedans et qu'on se serve !

Réfléchis, Éric.

Tu crois qu'un braquo,
ça s'organise comme ça ou quoi ?

Putain, mais toi, des fois, je te jure !

Quel moment t'attendais depuis 20 ans ?

- Quoi, le moment de ma libération.
- Ça veut dire quoi ?

- Je vous le dirai le moment venu.
- C'est une menace ?

C'est à vous de voir, M. le Maire.

Barrès !

C'est quand même délirant d'avoir appelé
des cités aussi pourries...

Laurier, Églantine...
Ah oui, Rosiers, c'est pas mal, ça !

C'est un nom de fleur, donc ça fane.

Non, mais merci, maman, j'ai compris.

Sauf que tu mets un pied au Frais Vallon,
tu respires, t'es défoncée !

Tu veux écrire ton article sur les cités ?

Ouais.

Je trouve
que c'est le gros problème à Marseille.

- C'est un peu partout pareil, non ?
- Non.

Ici, les cités, elles sont dans la ville.

Ailleurs, comme à Paris,
elles sont autour. Ça change tout.

Et alors, pourquoi tu écris pas
ton article ?

J'ai pas envie de signer du nom de papa.

Pharamond, ça l'arrange, ça va grandir
son journal, mais moi, ça m'emmerde.

Écoute, moi, j'ai jamais voulu
que tu sois journaliste, donc...

Ça, j'ai compris,

même avant de partir au Canada,
c'était très clair, je te rassure.

Mais oui, mais... fatalement, ça te fait
rejoindre les traces de ton père,

donc la politique,
donc les magouilles en tout genre...

Mais arrête un peu
avec ce genre de discours, maman.

- Non, mais c'est vrai.
- Je suis plus indépendante que ça, non ?

J'espère.

On en connaît encore des politiques
qui sont capables de se battre

pour défendre leurs idées.

Qu'ont une idée.

Rien qu'une idée, c'est énorme, une idée.

Tu parles comme ton père.
C'est très noble.

C'est vrai qu'il était comme ça,
parlait comme ça, et parle comme ça,

mais j'entends quand même l'admiration
de la petite fille amoureuse de son papa !

Il n'y a que toi que ça fait rire.
Non, mais je te le dis !

Hep ! Où tu vas ?

Wesh, cousin, qu'est-ce qui t'arrive ?

Ça y est, on a réglé nos comptes,
on peut se checker maintenant.

Je t'avais prévenu que je te la mettrais,
si tu me prêtais pas ta caisse.

Lâche-moi.

T'as plus de voiture ?
Je te propose un deal.

J'en ai rien à foutre de ton deal.
Je suis dans la merde, moi.

Et moi, je peux t'en sortir, cousin.

Je te remplace ta caisse,

je te mets à ton compte,
et tu bosses un peu pour moi.

Non, mec, je peux pas.

Comment ça, tu peux pas ?

Écoute-moi bien, je bute ta meuf,
celle avec qui je t'ai vu ?

Allez, réfléchis.

Allez, venez, on va daller.

Je vais vous poser une question simple.

Est-ce que vous croyez
que je peux me présenter ?

Et pourquoi, s'il vous plaît ?

Les listes sont presque bouclées.
Tu as choisi Barrès.

Les gens comprendraient pas
que tu reviennes sur ta décision.

- Même s'il a trahi ?
- Il vous a trahi. Mais...

- Mais ?
- Le port, c'est pas ça qui compte.

Bien sûr que si ! Le port,
c'est la première richesse de Marseille.

Si on ne le développe pas, on est mort.

- Si on attire pas les investisseurs...
- Robert, tout ça, on le sait.

Et je crois
qu'on est tous d'accord avec toi.

Mais là, on parle des élections.

La campagne est déjà lancée.
C'est un gros risque.

Si je n'y vais pas,
c'est le milieu qui prendra la ville.

Ni Barrès ni personne n'aura les couilles
de s'opposer à la mafia.

Il n'y a que moi.

D'accord, mais je te le redis,
c'est un gros risque.

- Tu veux dire que j'ai peu de chance ?
- T'en as aucune.

Bon, allez, du vent.

Du vent, du vent.

Costa, attends.

Tu commandes un sondage.

Si je me présente, quel score j'obtiens ?

- Non, Robert, ça, c'est une connerie.
- Non, c'est juste un risque. Pas plus.

C'est beaucoup plus qu'un risque.
C'est une folie.

Allez, va.

Je ne t'ai jamais connu
en si petite forme.

Remarque, c'est un grand classique.
Quand le stress monte, le reste descend.

Tu vas voir le grand classique.

Allonge-toi.

Taro va se présenter.
T'aurais jamais dû te démasquer.

Tu l'avais avec toi,
et maintenant, tu vas l'avoir contre toi.

Mal joué.

J'ai une petite idée pour toi contre Taro.

[Barrès] Ouais ? Vas-y, je t'écoute.

C'est assez dégueulasse, mais...

si tu me lèches encore comme ça
la prochaine fois, je t'aiderai peut-être.

C'est-à-dire ?

J'ai dit la prochaine fois.

Et ça ?

J'aime tes doigts.

La prochaine fois,
essaie dans des gants de cuir.

Bon, vas-y, qu'est-ce-que t'as à me dire ?

Il est malade. Fais passer l'info.

Qu'est-ce qu'il a ?

Je sais pas.
Mon mari a lâché le truc hier soir.

Son toubib est aussi celui du maire.

Tu peux savoir ce qu'il a ?
Te renseigner ?

Osmont ne dira rien.

Et ton mari ?

Ça me coûterait une pipe.

Un autre mojito, s'il te plaît.

Hello...

Et alors, ça a changé ou pas ?

Ben non, pas vraiment.

Tu sais jamais si tu vas tomber
sur un bourge ou une racaille.

De toute façon, j'en ai marre de me taper
des mecs qui passent comme ça.

Ah ouais ?

C'est pour ça
que t'as recommencé avec les filles ?

- Petite coquine !
- Aucun rapport.

Ça devrait
te rappeler des souvenirs, non ?

- Ça te fait toujours rien ?
- Non.

Quand tu vas tomber sur un vrai mec,
ça va te faire du bien.

T'inquiète, je suis sur un coup, là.

- Ah ouais, qui ça ?
- Ah, je sais pas.

Allez, allez, balance.

Lucas Barrès.

Ben, l'ambiance.

- Ça a pas l'air de te faire plaisir.
- Arrête, Barbara !

Je te l'ai toujours dit,
Lucas, c'est comme mon grand frère.

Et ça te fait chier
qu'il sorte avec ta meilleure pote ?

Ma meilleure pote ?
Ah ouais, t'as raison.

- Je suis plus ta meilleure pote ?
- Pas si tu couches avec Lucas.

Julia...

Viens, on va faire la fête, hein ?

- [Taro] Tu m'expliqueras ?
- [Barrès] Je sais pas.

[Taro] C'est une trahison.

Voter contre le casino,
c'est me trahir moi.

Et la ville de Marseille.

[Barrès] Vous, peut-être. Marseille, non.

La ville vous appartient pas.

[Julia] Tu t'en branles de Barrès.

Il se tape tout ce qui bouge.

Mais je te jure,
il va te jeter comme une merde.

Arrête.

Regarde, putain, mais regarde, là,
y a des mecs partout, là, y a que ça !

Vas-y, lequel ?

Tu paries que je me tape un mec ?

Vas-y. Lequel ?

- Le gars, là, en blanc, là, qui danse.
- Ouais ?

Je me le tape direct !

Que de la gueule !

[musique rap]

[Julia] Non, arrêtez !
Arrêtez ! Arrêtez !

[Cosini] Je sais qui va le faire.

Pas toi.

Qui ?

Tu verras.

Bravo pour le vote.

T'aurais vu Taro, il était furieux.

Quand on agite le chiffon rouge,

normal que le taureau
se mette en jambe, non ?

D'ailleurs, faut que je te dise,
il va se représenter.

- Tu déconnes ?
- Non.

S'il se présente, on peut pas le buter.

De toute façon, c'était pas la solution.

Ouais.

Il se came, tout le monde sait
qu'il prend de la coke.

Et alors ? On peut pas le prouver.
Les élections, c'est dans un mois.

Un mois pour faire tomber un mec
qui se came, c'est des vacances.

En huit jours, le gros, je le fous
au placard. Dis-moi qui le fournit.

Je crois que c'est son chauffeur,
mais j'ai pas de preuves.

On peut le faire tomber ?

C'est un ancien flic.

Pourquoi ancien ?
Il avait pas la vocation ?

Il a été radié, je sais pas pourquoi.
Ça fait dix ans qu'il est avec le Maire.

D'accord. Il a de la famille ?

- Qui ça, Fred, le chauffeur ?
- Non, le Maire.

Non, mais, Ange... Ça, on touche pas.

Comment ça, on touche pas, Lucas ?

On veut pas du casino, c'est pour ça
qu'on t'installe à la mairie.

Et tu voudrais qu'on joue en douceur ?
Mais ça se passe pas comme ça.

Moi, ce que je veux, c'est Taro.

Je veux pas sa femme,
je veux pas sa fille. Je veux Taro.

Je peux ?

Tu m'as pas dit
que t'as une histoire avec Éric ?

Mais j'ai pas d'histoire avec Éric.

Et si j'en ai eu une,
ça a duré... trois fois.

- T'aurais pas dû le frapper.
- Tu voulais que je fasse quoi ?

- Que je me laisse faire ?
- T'aurais pu le calmer.

- Il était complètement bourré.
- Oui, il était bourré.

Tu sais quoi, moi aussi, j'étais bourrée,
alors faut pas m'en vouloir.

Et pourquoi je t'en voudrais ?

D'avoir couché avec toi.

Je vais te dire,
je t'en veux pas du tout, au contraire.

Ça y est, on se parle plus ?
C'est bon, c'est fini, là ?

Ben, c'est surtout
que ça a jamais commencé.

Faire l'amour pour toi...

On a baisé. On a pas fait l'amour.

Je peux au moins savoir
comment tu t'appelles ?

Julia.

Julia. Julia qui ? Julia quoi ?

Julia, une meuf
que t'as rencontrée en boîte.

Voilà, c'est pas mal, ça.

Ça aurait pu être un peu mieux,
mais ouais, c'est pas mal.

En tout cas, c'est la première fois
que je me fais tej' comme ça.

Tiens, au cas où t'aies des remords.

Salut.

Salut.

Ouais, allez, ciao !

Alors ?

Je ne me souviens plus...

Bon, et toi, c'était comment ?

Tu te souviens du petit serveur, là ?
Du petit cul ?

Non ! Pas le petit cul de mojito.
Ça, c'est pas possible !

On a fini chez lui, on était défoncés.

On a pris de la MD.

Ah non ! C'est pas bien.
Pourquoi tu prends cette merde ?

- Tu devrais essayer.
- Éric.

Ouais, Éric, tu peux me rappeler ?
Je suis inquiète. Ciao.

- Julia, je peux dormir avec toi ?
- Ouais.

[journaliste]
M. le Maire, une déclaration ?

S'il vous plaît, une déclaration pour BFM.

C'est un meurtre.

L'homme qui a été assassiné
était le promoteur

qui travaillait avec la ville
pour l'aménagement du port.

On en est sûr ?

Ce meurtre montre les dérives

qui attendent
les Marseillaises et les Marseillais,

s'ils font le mauvais choix
aux élections municipales.

Que voulez-vous dire par là ?

[brouhaha]

Le bon choix,
c'est toujours Lucas Barrès ?

Costa, quand aura-t-on les résultats
du sondage que je t'ai demandé ?

La première estimation est pas bonne.

- Combien ?
- 6 %.

Merci.

Fred, on y va.

Ouais, Vanessa ? Tu m'as appelé ?

J'ai une mauvaise nouvelle,

il n'a rien voulu me dire
sur la maladie de Taro.

- Est-ce que tu l'as sucé ?
- Non.

Ah ben c'est pour ça.

Je me demandais...

Tu penses que je peux en parler
à la presse, de sa maladie ?

C'est dangereux.
Ça pourrait émouvoir les Marseillais.

Mais fais pression sur sa famille.

Fous le bordel chez lui.
Ça le déstabilisera.

Dis-moi, Vanessa...

À part ma queue, qu'est-ce que tu veux ?

Pourquoi tu fais ça pour moi ?

T'iras loin, alors, je ménage ma monture.

[propriétaire du journal]
Les ventes baissent. Il faut du sang neuf.

Il faudrait commencer
par rajeunir la ligne éditoriale.

C'est ça qu'il faut faire.

On déj' ensemble absolument.
OK ? Allez, salut.

[on frappe à la porte]

Qu'est-ce que tu fais là ?

Je baise avec qui je veux, quand je veux.

Pas avec mon ami.

Tu me laisses rentrer ?

Promets-moi
que tu lui diras jamais qui je suis.

C'est pour ça que t'es venue ?

Il t'a fait mal ?

C'est toi qui m'as fait mal.

Promis. Je lui dirai rien.

- On le retrouve où, là ?
- Sur l'eau.

C'est grand, l'eau.

Alors, je l'ai bien rôti,
ton promoteur, hein ?

C'est bien, ça fait quartier.

Ouais.

À propos, on avait dit combien ?

30 mille ?

Tu vas devenir mon associé.

Ta récompense pour ce contrat.

C'était pas ce qu'on avait prévu, ça.

Il n'y a pas d'intermédiaire entre nous.

Je suis trop exposé, tu vois ?

Donc, soit je te bute...

soit je te tiens.

[Cosini]
Demain matin, tu iras chez Scipion.

C'est un café.

Jean-Louis te donnera l'adresse.

C'est pas la peine de te présenter.
Le patron est au courant.

Là, il y a une machine à sous pour toi.
C'est une Carrousel.

Elle est maquillée en flipper.

Elle me rapporte chacune
1 500 euros par semaine.

J'en ai 20 comme ça.

C'est pas moi qui relève les compteurs.
C'est le patron.

On partage, 50 / 50.

Et je te donne ma part à vie.

Si tu meurs,
ça reviendra à ta femme et à tes enfants.

Maintenant, on est associés.

T'es Farid ?

Si tu te présentes pas,

tu peux mettre toutes les pièces
que tu veux, c'est comme un flipper.

Si t'es un habitué de la maison,
et si tu gagnes,

tu passes à la caisse, et on s'arrange.

C'est sécure.

Fred, pourquoi Lucas m'aurait trahi ?

"Aurait" ? Il vous a trahi.

- Vous voulez que je cherche ?
- Peut-être, oui.

Ils ont quoi, tes copains flics,
sur le meurtre du promoteur ?

Ils voient pas le rapport
entre les quartiers et l'assassinat.

Ni le mobile.

- C'est le casino, bien sûr.
- Ça, c'est pas prouvé.

Et sur la mort de la juge ?

Soit c'est un accident,
soit c'est du grand art.

Pas de traces, pas d'ADN, rien.

Walou.

Walou...

Non, on ne peut pas changer la date.

Soit on fait le meeting chez vous,
soit on va à Cavaillon.

C'est à prendre ou à laisser,
vous comprenez ?

Je vous rappelle.

Qu'est-ce qui se passe ?

[Barrès pleure]

Pardon.

Vous saviez
que Robert était gravement malade ?

C'est une maladie dégénérative.

C'est horrible.

Mon Dieu.

C'est pas possible.

Je vous demanderai
d'en parler à personne, surtout.

Julia doit être forcément au courant.

La pauvre ! Mon Dieu...

Annulez tous mes rendez-vous pour demain.

J'ai besoin d'aller faire un tour.

Ça fait combien de temps
que je ne t'ai pas vu dans ce bureau ?

Depuis la promotion canapé de ma femme.

Il y a eu un vote, quand même.

C'est exactement la même histoire
que la tienne.

Tu donnes, et t'es baisé.

Les grands traîtres sont tous les mêmes.

Ils tètent, ils prennent, ils tuent.

C'est ce qu'a voulu faire ma femme,
sauf que je suis pas mort.

Elle voulait la place, elle l'a eue.
Mais pas l'homme !

Tu sais pourquoi
le casino s'est fait planter ?

Barrès.

Soutenu par Vanessa.

Elle couche avec ce clébard
qui te lèche le fion depuis dix ans.

Quand je l'ai épousée, je me faisais
pas beaucoup d'illusions sur elle.

Ni sur moi d'ailleurs.

Je l'ai choisie
parce qu'elle allait bien à mon bras,

et elle m'a donné le sien
pour mieux me faire les poches.

Qu'elle se tape des branleurs,

je m'en fous.

Mais pas Barrès.

Pourquoi tu m'as pas dit ça avant ?

J'ai essayé de te le faire comprendre.

Mais tu regardais ailleurs.

Il faut que tu te représentes
aux élections municipales.

Vas-y, Taro ! La trahison de Barrès,
c'est pas du hasard.

Ma femme et lui baisent depuis des mois.
Ils te baisent depuis des mois.

[Rachel] C'est pas possible.
J'y crois pas.

- Et puis, ce serait quoi, cette maladie ?
- Je sais pas.

Barbara a juste dit : "C'est très grave."

- Justement, je le saurais quand même...
- Mais non, maman. Arrête.

Il a toujours caché ce genre de choses
dès que ça l'affaiblit.

Il cache tout.
Ça a toujours été comme ça.

Mais c'est impossible
qu'une syringomyélie ne se soigne pas.

Même quand elle est associée
à une malformation d'Arnold-Chiari.

Il y a des douleurs dans le cou ?

Non.

Seulement des picotements dans la main.

Tu sais ce qui va venir.

Ça va commencer
par une paralysie du bras gauche.

[la secrétaire frappe]

Vous deviez recevoir Mme Morinière
il y a une heure.

Je la prends.

- On se retrouve tout à l'heure
- Oui.

Mme Morinière, oui.

- Allez, viens, on va dîner.
- Non, j'ai pas la tête.

Ils ont descendu le promoteur du port.
Ça veut dire qu'ils sont prêts à tout.

- Qui ça, "ils" ?
- Le milieu.

Les types qui ont tué le promoteur

pour intimider ceux
qui construiront le casino.

Il n'y a que moi
qui pourrai les en empêcher.

Si je n'y vais pas, il y aura
deux promoteurs, trois promoteurs...

C'est quoi, l'intérêt du milieu ?

Le casino... ça tue les cercles de jeux
et les machines à sous.

Robert.

Le courrier que tu as reçu...

L'article de journal,
c'est pour t'empêcher d'y aller.

J'ai bien compris. J'irai quand même.

- Au risque de...
- Au risque de.

J'ai très peur pour Marseille.

Et j'ai très peur pour ma femme.

[violoncelle]

Tu as quelque chose à te faire pardonner ?

Peut-être.

De ne m'avoir rien dit ?

Ben, dit quoi ?

Hein ? Dit quoi ?

Mais de quoi tu parles, chérie ?

T'es un dur, toi, hein.
On t'a pas comme ça !

Ouais. Écoute ça plutôt.

[Nino Ferrer
"La maison près de la fontaine"]

[Taro] Hélène, je dois aller à Paris.
Trouvez-moi un billet.

J'ai rendez-vous
avec la Secrétaire générale.

- Robert Taro.
- Oui.

Robert Taro est là.

- Par là, monsieur.
- Merci.

[la Secrétaire générale]
On va pas faire ça.

Tu te souviens du meeting de Blois ?

[elle rit]

C'est exactement ce que je voulais dire.

Bon.

Tu me rappelles demain.

- Toi, tu veux la peau de Barrès ?
- Qui te l'a dit ?

C'est lui, figure-toi.

Il est très perspicace.

Ça fait dix ans que tu lui ouvres
toutes les portes, à ce garçon.

Et là, brusquement, sous prétexte

qu'il ne t'a pas obéi sur un vote,
tu lui refermes.

C'est pas... un peu léger, ça ?

[portable qui bipe]

Excuse-moi.

Écoute, j'ai que dix minutes à t'accorder.

Et qu'est-ce que tu t'en fous de Barrès ?
Puisque tu ne seras plus là !

Ça va te paraître bizarre,
je vois pas les choses comme toi.

J'aime Marseille.
Je dirige la ville depuis 20 ans.

Il y a des gens
qui font de la politique pour se grandir,

ou par goût du pouvoir,
ou pour des tas de raisons.

J'ai sûrement commencé comme ça.

Et pour ça.

Et puis, à un moment, tu trouves ta place.
T'as pas envie d'aller plus haut.

Toi, c'est l'Élysée.
Et moi, c'est Marseille. Pas plus.

Mais qu'est-ce que tu veux exactement ?

Qu'il soit viré du parti.

- Pour prendre sa place ?
- Garder la mienne.

Et ta femme, Robert ?

Qu'est-ce qu'elle en pense ?

Ça nous regarde.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Écoute, j'ai besoin
que tu me dises la vérité.

Robert finira par me dire de toute façon,
mais il va enrober les choses

et je veux pas tourner autour du pot,
je veux savoir.

Alors, qu'est-ce qui se passe ?

Est-ce que c'est la cocaïne ?

Vas-y, entre.

Quand il a eu son accident de voiture,

on lui a donné
des calmants très puissants.

Des analgésiques pour soulager sa douleur.
C'est la morphine qui marchait le mieux.

Mais c'est très addictif, la morphine.

Alors après,
il est passé de la morphine à...

à la cocaïne, voilà,
mais il n'en prend pas souvent.

Quand même, à chaque fois
qu'il est en période de stress, donc...

Si c'est pas la cocaïne,
qu'est-ce que c'est ?

[Dr Osmont] C'est la main, Rachel.

Tu veux dire, ma main ?

C'est l'arthrose du violoniste ?

[Dr Osmont] C'est un peu plus que ça.

Ma main va se paralyser,
je ne pourrai plus jouer ?

Oui.

Je suis vraiment désolé.

Je te remercie de m'avoir dit la vérité.

[Charles Trenet:
"Que reste-t-il de nos amours"]