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CETTE HISTOIRE EST FICTIVE ET NE DÉCRIT
PAS DES PERSONNES OU ÉVÉNEMENTS RÉELS.

Dans la guerre contre le crime à New York,

les plus redoutables prédateurs sont
poursuivis

par les inspecteurs
de la Section Criminelle.

Voici leur histoire.

J'ai le plaisir d'annoncer que le contrat
pour Julius Seven nous revient.

Fabriquer ce nouvel appareil profitera
à la sécurité nationale.

Et à la tête de projet officiera... Don.

Avec l'aide et le soutien de Paul.

- Tu dois être déçu.
- Bref, tu as vu

que la carte grise était périmée ?

Heureusement que je n'ai pas eu d'amende.

Si tu rentres avant 17 h,
j'irai à la préfecture.

Maman, j'ai fini mon exercice.

J'ai trop de boulot. J'y retourne.

Doreen, je dois y aller.

Maman, je ne trouve pas mon manteau bleu.

OK. Chéri, tu es prêt ?

On ne rentrera jamais, maman.

Dommage que tu ne puisses pas
t'asseoir à l'avant comme moi.

Je fais une exception, Adam.

Pourquoi je devrais m'asseoir
dans un siège enfant ? Ce n'est pas juste.

J'aimerais que ce monde soit juste, Billy.
Crois-moi.

Vous perdez de l'huile.
Vous voulez qu'on jette un œil ?

Non, merci.

Je vois que vous avez les garçons.

Donne à ton frère.

Maman, je devrais être assis devant.

On n'a pas toujours ce qu'on mérite.

Maman ?

Tu peux lui dire de me rendre ma...

Adam, mets ta ceinture.

Il y a trop de vent derrière.

- Maman, c'est le mauvais bouton.
- Adam.

S'il te plaît.

NEW YORK: SECTION CRIMINELLE

C'est un vrai carnage.

Trois enfants ont péri. Le 4e, un garçon,

a été transféré à l'hôpital universitaire
avec la mère.

Ils ont un père ?

Paul Whitlock. La voiture est à son nom.
Il est en route pour l'hôpital.

Le garçon et sa mère ont été sortis
du véhicule ?

Non. On les a retrouvés là, inconscients.
Ils sont passés à travers le pare-brise.

Un miracle que l'explosion
ne les ait pas tués.

Quelqu'un a témoigné de la scène ?

Non. Cette route est peu fréquentée.

Il y a du verre dans le vide-poches.
Les vitres étaient baissées.

Ça a dû atténuer l'onde de choc à l'avant.

C'est sûrement ce qui les a sauvés.

Ces gamins étaient condamnés.

Trois sièges ? Ça fait drôlement serré.

Ce n'est pas leur voiture habituelle.

Une bombe artisanale sous le réservoir.

On va l'analyser. Je pense
qu'on s'est servi d'engrais.

Donc quelqu'un est passé
sous la voiture pour la poser.

- Quel était leur dernier arrêt ?
- Une station-service, à un kilomètre.

STATION-SERVICE
JEUDI 9 SEPTEMBRE

Mme Whitlock passe une fois par semaine
avec les garçons.

Je lui ai parlé. Elle perdait de l'huile.

Je lui ai proposé de jeter un œil.

- Elle conduit cette berline normalement ?
- Non, un monospace.

- On paie à la pompe ?
- À l'intérieur.

Elle a pris des glaces pour les enfants.

Elle ne surveillait pas la voiture.

On s'en est approché ?

Oui. Elle venait de payer
et ce type s'en est approché.

- D'où venait-il ?
- De la pompe à air.

Il était avec deux autres
dans une camionnette.

Ils se disputaient
mais je n'ai pas compris...

- Ils parlaient une autre langue ?
- Arabe.

Je le sais du fait d'entendre
M. Aziz et sa femme discuter.

Mme Whitlock a parlé à l'un d'eux ?

Non, mais le moustachu l'a regardée
et a fait ça.

Puis il a avancé vers elle
et Mme Whitlock l'a vu.

Elle est montée dans sa voiture et a filé.

J'ai pris son monospace
car j'avais une réunion

et ma voiture n'avait plus
beaucoup d'essence.

Toutes nos condoléances, M. Whitlock.

Mais sinon, je prends la berline.

Vous travaillez chez Windale Electronics
à Brooklyn.

- Que faites-vous, au juste ?
- Je suis ingénieur.

Je conçois des composants pour tout :
des purificateurs d'air, des IRM.

Des choses plus controversées ?

Quel rapport avec mon travail ?

Ces hommes étaient à la station-service.

Ils seraient originaires du Moyen-Orient.
Ils pourraient avoir suivi votre femme.

Nous devons savoir
si vous planchiez sur quelque chose

susceptible de faire de vous
la cible de terroristes.

J'ai inventé un nouveau type
de déclencheur de mine terrestre

qui s'autodégrade et cesse de fonctionner
au bout d'un an.

Elles sont utilisées au Moyen-Orient ?

L'armée les teste pendant six mois.
Je ne sais pas où.

Quelqu'un d'extérieur à votre société
est au courant ?

Ce n'est pas mon projet.
Je ne suis pas aux commandes.

Le pompiste a dit que votre femme

avait l'air inquiète en voyant ces hommes.

Vous a-t-elle déjà parlé

de quelqu'un qui épiait votre maison
ou la suivait ?

Non.

Mais elle surveillait constamment
les garçons.

C'est ce que je lui disais sans cesse :
de...

prendre soin de mes garçons.

Ces mines sont utilisées au Koweït.

Ce projet avait seulement été mentionné
dans le Kings County Express.

L'info a été relayée sur le Net
et était à la portée de tous.

On a identifié des empreintes.

Tariq Shaalan, un Égyptien.

Il est arrivé en janvier 2002
avec un visa d'étudiant.

Qui n'est plus valide depuis huit mois.
Bonne chance pour le retrouver.

Cette antenne sert à détecter
des décodeurs pirates pour avoir le câble.

C'est un garant de Shaalan, son cousin.
C'est un employé de Concordia Cable.

Peut-être assez calé en électronique
pour concevoir une bombe.

Lequel lui a fait ce signe ?

Le moustachu.

Débarquez chez lui... en grande pompe.

Que nous voulez-vous ?

On n'est pas terroristes. On a des permis.

C'était sur un établi derrière.

C'est un radioréveil. Je le répare.

Vous étiez à une station-service
de Staten Island ce matin.

- Oui, on était perdus.
- Papa.

Ne la touchez pas.

Demandons à une collègue
de les surveiller.

Dites à votre femme de s'asseoir.

Reste avec maman, d'accord ?

Il y avait une femme
avec quatre enfants en voiture.

- Vous l'avez approchée.
- Pour demander notre route.

On vous a vu faire ça...
On sait ce que ça veut dire.

Je me disputais avec mon cousin.
On était perdus.

J'ai fait ça
pour qu'on arrête de se disputer.

La bombe était peut-être pour son mari.

Non, je vous dis que je voulais
demander ma route.

Mais je l'ai entendue dire :
"On n'a pas toujours ce qu'on mérite."

Elle sermonnait son fils
et je l'ai laissée tranquille.

Superbe histoire, M. Al-Bana,

sauf que votre patron dit que vous n'aviez
rien à faire à Staten Island ce matin.

Avec mon ami et mon cousin,
on a joué à l'école de ma nièce.

On est musiciens.

Elle a même l'affiche de l'école.

"Le monde ne fait qu'un".

Voici sa demande d'extension
de carte de séjour

remplie il y a trois mois.

- Refusée. Il devrait être parti.
- Non.

Sa demande est en cours de traitement.

La directrice de l'école confirme
leur présence.

On se devait de creuser cette piste.

Ce qu'a dit Doreen à son fils :
"On n'a pas toujours ce qu'on mérite."

Paul nous a dit

qu'on ne l'avait pas nommé responsable
de ce projet de mines.

Les décisions de la direction
font dérailler certaines personnes.

BUREAU DE BOB REEDY
VENDREDI 10 SEPTEMBRE

J'ai mis Don Mariner aux commandes.
Je l'ai annoncé hier matin.

M. Mariner et Paul Whitlock étaient
en compétition ?

Bien entendu,

mais c'était joué d'avance.

- Sauf peut-être pour Paul.
- Pourquoi ?

Ses obligations familiales n'ont cessé
de lui faire perdre en efficacité.

"N'ont cessé" ?
Ce n'était pas son premier échec ?

Il a atteint ses limites chez nous.

Dommage, il avait l'air très ambitieux.

Peut-être l'est-il toujours,

qu'il s'est dit que sans famille,
ses obligations disparaîtraient avec.

- Paul ?
- Tu es à l'hôpital.

Il y a eu une explosion.
Adam et toi êtes les seuls survivants.

Il est blessé ?

- Il est...
- Je m'assure qu'on s'occupe bien de lui.

Tu n'as pas besoin de le voir.

Les plus grands étudiaient à domicile.

Un chapelet. Peut-être était-ce
pour des raisons d'ordre religieux.

Je ne vois pas
d'autres signes de dévotion.

L'aîné a dû écrire ça.

L'écriture est hésitante,
les espaces sont irréguliers.

Laisse ce pauvre gosse tranquille.

Cette chaise était comme ça
à votre arrivée ?

Oui.

Quelqu'un ici n'a pas la main verte.

Les feuilles poussent mais pas les fleurs.

C'est dû à un excès de nitrogène.

Déposez ça au labo afin de savoir
quel type d'engrais s'y trouve.

Ils ont trouvé de la perlite
et du terreau mais pas d'engrais.

- Vous avez passé le balai ?
- Non.

Je vois des traces de balai
sur cette tache d'huile.

On a balayé tout le garage.

À quelle heure vous êtes arrivés hier ?

Vers 13 h.

La bombe a explosé à 11 h.
Whitlock a été prévenu à 11h30.

Il n'y avait personne avant 13 h.

Whitlock pourrait être venu ici
pour se débarrasser des preuves.

Au lieu de courir au chevet de sa femme.

La bombe était pourvue d'un minuteur
qu'on trouve dans de l'électroménager.

Le tuyau contenait un kilo
d'engrais enrichi au nitrogène.

Ça colle avec le pot de fleurs ?

L'échantillon est inexploitable.

Leur chat commençait à s'en servir
comme litière.

Un exterminateur de famille.
Whitlock colle partiellement au profil.

Il est blanc, a dans la trentaine,

il s'est investi dans sa famille,
il est le seul à gagner sa vie.

S'il les voyait comme un poids,
il a pu leur faire payer.

À moins de vivre sa relégation
comme une honte.

Whitlock devait régler le minuteur
avant d'aller bosser

et savoir qu'ils seraient partis à 11 h.

Voilà comment il a pu l'apprendre.

Je vois deux appels
passés depuis son bureau.

Un chez eux à 10h20
et un sur le portable de Doreen à 10h57,

juste avant l'explosion.

Le premier visait peut-être
à l'envoyer faire une course.

Et le deuxième, à s'assurer
qu'ils étaient sur la route.

HÔPITAL UNIVERSITAIRE
VENDREDI 25 SEPTEMBRE

Paul vous a appelée ce matin-là.
De quoi avez-vous parlé ?

Il m'a rappelé de faire renouveler
ma carte grise.

Il est doué à ce niveau.

Il vous a laissé sa voiture
qui n'avait plus d'essence. C'est...

- Il fait ça souvent ?
- C'était une réunion importante.

Durant cet appel, vous a-t-il demandé
d'aller tout de suite faire le plein ?

Non, je sors toujours avant leur sieste.

Je m'assois sur le lit d'Adam
et lis des histoires...

à Adam et Billy
pendant que Pete et Theo dorment.

C'est donc votre planning : vous occuper
des garçons, leur faire cours

et les emmener faire des courses.

Puis c'est l'heure de la sieste.

Paul connaît ce planning ?

Oui, c'est lui qui l'a établi.

Vous avez parfois une nourrice
le temps de faire des courses ?

Non, Paul dit
que c'est du gaspillage d'argent.

Doreen, tout va bien ?

J'avais dit pas de visites.

Nous cherchons à trouver
qui s'en est pris à votre famille.

C'est votre métier.

Le mien est de veiller sur eux.

Vous avez raison. On va vous laisser.

Je voulais....

- Qui vous a donné cette carte ?
- Ma mère.

Paul et Doreen avaient le même chapelet
chez eux.

- Vous leur avez offert ?
- Oui.

J'ai passé deux semaines chez eux.

Pour aider Doreen ?

C'est ce que je croyais mais elle et Paul
se débrouillaient déjà comme des chefs.

D'où le fait d'être repartie ?

Ils voulaient que la chambre d'amis
devienne celle d'Adam.

Je suis rentrée à Rochester.

Adam avait pourtant l'air de partager
la même chambre que ses frères.

Peut-être qu'ils ne voulaient pas
que vous les voyiez se disputer.

Non, ils...

Paul ne se met jamais en colère.

Il offre à Doreen la structure
et la stabilité dont elle a besoin.

- Il est autoritaire ?
- Non.

Doreen a besoin d'être guidée.

Elle était perdue plus jeune.
Devenir mère l'a changée.

Quel genre de structure
Paul offre-t-il à ses fils ?

Il passe tout son temps avec eux.

Le matin, il a son petit programme
pour Adam et Billy.

- Un programme ?
- Ils font de l'exercice ensemble :

des étirements, soulever des poids.

J'ai vu les poids dans le garage.
Ils faisaient ça là ?

Oui, avant que Paul parte travailler.

Je me demande si Adam a vu son père
s'étirer jusque sous la voiture.

L'infirmière n'a pas pris ta température.

Elle l'a fait. Elle était normale.

Elle a simplement oublié de la noter.

Tu as de la fièvre.

L'infirmière a dit que ça allait.

Touche ton front. Il est brûlant. Fais-le.

J'ai raison ou pas ?

- Paul...
- Admets-le. Tu as de la fièvre.

Oui, tu as raison.

Qu'ai-je donc fait pour mériter ça ?

On a fait des étirements et des pompes.

Ton père s'est occupé de la voiture,
a regardé en dessous ?

Non. Il a dit qu'il n'avait plus d'essence
et devait prendre la voiture de maman.

Et au téléphone, avant votre départ,
tu as entendu de quoi ils parlaient ?

Non. Après, maman a zoomé par la fenêtre
et a dit qu'elle achèterait des glaces.

"Zoomé" ?

C'est ce qu'on dit mes frères et moi
quand maman fixe quelque chose.

Quand elle fixait cette chaise

retournée dans le jardin ?

- Je ne sais pas. Elle zoome.
- "Elle zoome."

Ta mère était triste ce matin-là ?

Adam...

quand vous êtes repartis
de la station-service,

ta mère t'a dit quelque chose ?

Elle m'en voulait de jouer
avec les vitres. Puis elle a dit...

- Qu'a-t-elle dit, Adam ?
- Elle a dit...

que la plupart des gens pensent
que les limules sont des crabes

mais ce sont des arthropodes
plus vieux que les dinosaures.

Waouh.

Elle a dit autre chose ?

En voilà, un super dinosaure.
Tu l'as fait aujourd'hui ?

Sympa.

Dis, ça t'ennuierait qu'on le garde ?

- Pour l'afficher ?
- Oui, il sera affiché.

Hé, merci.

Ce n'est donc pas le mari. C'est Doreen.

Son fils cherche à la protéger.

Il sait qu'il ne doit pas répéter
ce qu'elle a dit.

Je n'imagine même pas...

ses dernières paroles à ses enfants
avant de les faire sauter.

Tu ne m'avais pas dit que le mari
avait balayé les preuves de la bombe ?

Le suspecter est plus logique.
Il saurait la fabriquer.

C'est à la portée de n'importe qui.

Elle est distraite,
a les yeux dans le vague.

Elle achète des glaces à ses enfants
sans raison.

Ces détails accumulés peuvent
s'apparenter à des signes.

Vous parlez d'une mère planifiant
un meurtre

si atroce
qu'il en devient incompréhensible.

Un meurtre doublé d'un suicide.

Si son fils n'avait pas baissé la vitre,
elle aurait péri avec eux.

Les mères ne commettent pas
ce genre de choses.

Un jury exigera de savoir pourquoi.

J'aimerais leur fournir une réponse.

"Pourquoi", c'est bien.
"Comment", c'est mieux.

Il va nous falloir du lourd.

Tu as vu ce que ce gosse a écrit
sur son dessin ?

"Andy cherchait ses amis,
mais ils n'étaient pas là."

C'est le gamin le plus esseulé au monde.

Regarde son écriture là-dessus.

Il montre des signes de dysgraphie.
C'est un souci chez certains enfants.

Mais ici, il écrit bien sur les lignes,
l'espacement est plus régulier.

Peut-être l'a-t-on diagnostiqué
et qu'il a obtenu de l'aide.

Un parent pourrait vivre ça
comme un échec personnel.

Surtout s'il est en charge
de leur éducation.

Adam écrit mal,
ce n'est pas un problème d'apprentissage.

Nous avons parlé à l'enseignante

qui l'a évalué. Elle dit avoir recommandé
une école spécialisée.

J'ai fait mes recherches.
Adam n'a rien à y faire.

On peut corriger ça chez nous.

Avez-vous remarqué les variations d'humeur
de votre femme ?

Votre fils, oui.

Vous pensez que je confierais mes enfants
à une femme pouvant leur faire du mal ?

Ma femme n'a aucun problème.

Ma famille n'avait aucun problème.
Excusez-moi.

Dernière chose.

Le matin de l'explosion,

vous avez eu du mal
à vous rendre à l'hôpital ?

- Il y avait des bouchons ?
- Non, pourquoi ?

Euh... vous avez été prévenu à 11h30.

Et vous avez signé
ce formulaire de l'hôpital

à 12h50.

Pourquoi ce retard ?

C'est direct
depuis votre bureau par Verrazzano.

Il y avait une déviation à Verrazzano :
une voiture avec un pneu à plat.

- Ah.
- Voilà.

L'heure sur le formulaire ? Joli bluff.
Toujours mieux que son alibi.

Il est d'abord passé chez eux
pour nettoyer le garage,

car il savait...

que c'était sûrement Doreen,
dès qu'il a reçu l'appel.

Il décide de la couvrir.
Moi, je voudrais lui arracher les yeux.

Ou ses propres yeux, du fait
d'être furieux, terrifié, endeuillé.

Mais au lieu de ça,
il ne fait preuve d'aucun affect.

Le plus jeune avait quoi, 18 mois ?

Excusez-moi.

Cette pompe à lait est pour Mme Whitlock ?
Elle produit toujours du lait ?

Oui. La pauvre allaitait toujours
son fils de trois ans.

Vous voulez dire de 18 mois.

Non, elle n'allaitait pas le dernier.

Elle dit que depuis sa césarienne,

ses mains tremblaient au point
de ne plus pouvoir le porter.

Les mains qui tremblent ?
Une césarienne n'a pas de tels effets...

mais une dépression postnatale, si.

CABINET DU DR AMANDA RITTER
LUNDI 13 SEPTEMBRE

Je voulais continuer à la suivre
mais ça posait problème financièrement.

- Elle n'avait pas les moyens ?
- Son mari.

Il gérait son budget
et vérifiait ses dépenses.

- Il n'approuvait pas cette thérapie.
- Il ne voulait pas qu'on s'en mêle.

Vous lui aviez prescrit
des antidépresseurs ?

Oui, bien sûr. Et j'ose espérer
qu'elle les prend toujours.

Il n'y a qu'un moyen de le savoir.

Il n'y a pas eu de suivi ?

C'était en juin dernier.

Je l'ai appelée
suite à un rendez-vous manqué.

Son mari avait trouvé une maison
et ils devaient partir sur-le-champ.

Le service 3272, je vous prie.
Oui, en soins intensifs.

Déménager juste après une césarienne
avec trois autres enfants ?

Tu parles d'un supplice.

Oui, inspecteur Eames.

J'aurais une question au sujet
du traitement suivi par Mme Whitlock.

Il a dit pourquoi ?
Un instant, je vous prie.

Whitlock a fait sortir Doreen ce matin
contre l'avis des médecins.

- Veuillez partir de chez moi.
- Votre femme a fait une dépression.

Elle n'a pas été traitée, n'a pas pris
ses médicaments, elle est suicidaire.

Je fais absolument tout pour ma famille.

Je peux m'occuper de Doreen.

Quant à vos théories,
parlez-en à mon avocat.

Je ne sais pas pour toi,
mais ce type commence à me fatiguer.

Cet endroit, ce cul-de-sac...

Ces maisons restent vides
toute la journée.

On entend les mouches voler.

Elle était isolée ici...
avec quatre enfants.

Pas la moindre visite,
personne pour l'aider.

Comme lui seul l'avait décidé.

Peut-être a-t-il aussi décidé de la punir
prochainement.

Il faut qu'on poste une voiture
pour qu'il sache qu'on le surveille.

Tu n'es pas en état de monter.
Tu dormiras ici.

- Non, Paul. Pitié.
- Oh, si.

- Je ne peux pas. Non.
- Si.

Tu le peux. Tu le feras.

Il n'y a pas de mandat, aucune preuve.

Pourquoi poster une voiture
devant chez elle ?

Les inspecteurs pensent
que Mme Whitlock est en danger.

- Vis-à-vis de qui ?
- De son mari.

Il se montre d'un soutien infaillible.

Rappelez vos chiens, M. Carver.

À moi de décider
quand les envoyer à la niche, M. Milner.

Merci.

Que reprochez-vous à M. Whitlock ?

Rien ne justifie cette surveillance.

Aucune plainte pour violence domestique,
aucune preuve médicale de coups portés.

Doreen a tué ces enfants. Il le sait.

Vous voulez que Mme Whitlock
quitte cette maison ?

Trouvez-moi assez de preuves
pour un mandat d'arrêt.

Qu'en est-il de l'engrais ? Du tuyau ?
Du minuteur ?

Elle aurait pu tout acheter,

sauf que Whitlock surveille
ses dépenses de très près.

Peut-être a-t-elle sollicité son invitée.

DOMICILE DE LEANNE COLSON

J'ai peut-être le relevé du mois dernier
si je ne l'ai pas payé... le voilà.

Je peux ?

Quand vous viviez chez eux,
Doreen vous a emprunté de l'argent ?

Non. Paul et Doreen ne voulaient pas
trop gâter les garçons.

Ces enfants étaient d'une qualité...

- "D'une qualité" ? Paul dit ça ?
- Oui.

- C'était sa chambre.
- Oui.

Je parie que cette peinture est là
depuis son enfance.

La première chose
qu'elle voyait au réveil.

La dernière qu'elle voyait le soir.

Elle voulait être une bonne mère.

Mme Colson, je vois un remboursement
de chez Greenblatt Appliances,

près de là où vit Doreen,
pour un montant de 49,95 $.

Vous avez acheté quelque chose,
puis l'avez retourné ?

Non, je suis sûre que non.

Je vais... Je vais chercher mes lunettes.

Peut-être que Doreen a emprunté
la carte de sa mère finalement.

Pour de l'électroménager...
peut-être pourvu d'un minuteur.

C'était pour un chauffage d'appoint
alimenté au propane.

Un collègue l'a repris.
Il ne fonctionnait pas.

- Avec un minuteur ?
- Oui. Vous voulez le voir ?

Vous l'avez toujours ?

Le fabricant ne l'a pas repris
vu qu'on l'avait démonté.

À l'aide du mauvais tournevis :
les vis étaient abîmées.

C'est l'échangeur thermique
qui était cassé.

Si on l'avait utilisé dans cet état,

il aurait relâché
du monoxyde de carbone, non ?

- Si.
- C'est pour toi.

Je dois répondre.

Si Doreen s'en était servie
dans leur chambre pendant leur sieste,

ce monoxyde de carbone
les aurait tués en moins d'une heure.

Mais elle l'a rendu. Elle s'est ravisée.

Peut-être craignait-elle qu'on ne découvre

qu'elle l'avait trafiqué.

Elle tenait à ce que l'on ne pense pas
à un meurtre doublé d'un suicide.

Ce serait vu
comme une tentative de suicide,

soit un motif d'internement,

de quoi lui faire quitter cette maison.

SERVICE PSYCHIATRIQUE DE BELLEVUE
MERCREDI 15 SEPTEMBRE

Ma cliente n'est pas suicidaire.
Elle ne met personne en danger.

On a retrouvé le chauffage d'appoint,
Doreen.

Celui que vous avez trafiqué.

Vous avez laissé des marques de tournevis.

Quel chauffage ? De quoi ils parlent ?

Quand avez-vous commencé
à avoir ces pensées atroces ?

Quand vous ne pouviez plus allaiter
le petit Theo ?

Vous devez regretter de ne pas avoir pu
lui offrir une telle chose.

- Oui.
- Mais vous auriez pu le faire

si vous aviez été suivie
et aviez pris votre traitement.

Je ne voulais pas de cachets.
Ça ne fait pas de vous une bonne mère.

Paul vous l'a dit ?

S'accrocher, s'améliorer,
voilà ce que fait une bonne mère.

Oui, mais j'en étais incapable.
Quelque chose clochait chez moi.

Quand le souci d'Adam a été décelé,
c'était aussi votre faute ?

Dû à votre façon de l'éduquer ?

Je voulais l'aider.

- Mais je...
- Quatre garçons en sept ans,

toujours un en bas âge :
pas de problème pour une bonne mère.

Vous avez toujours voulu être
une bonne mère, n'est-ce pas ?

Vous priiez la Vierge Marie

de vous offrir des enfants pour être
une bonne mère une fois adulte.

Mais ça demeurait inaccessible,
en dépit de vos efforts.

Et vous avez commencé
à avoir ces pensées :

qu'ils s'en sortiraient mieux sans vous,
ces "enfants de qualité".

Mais vous ne pouviez pas les abandonner.

Vous ne pouviez pas faire ça à Paul.

C'est là que vous avez pensé
au chauffage d'appoint ?

À le mettre dans la chambre des garçons
pendant la sieste ?

Que ce serait le moyen de partir
paisiblement ?

Vous avez tout préparé

mais avez pris conscience qu'on saurait
que vous avez tué vos enfants.

Paul en aurait pâti.

Donc, cette fois, vous avez renoncé.

J'ai cru... J'ai cru que ça...

Que ces pensées allaient
finir par disparaître ?

C'est symptomatique de votre maladie.

La moindre imperfection...

ne serait-ce que cette chaise
renversée dans le jardin

vous rappelle que vous n'êtes pas
une bonne mère,

que vous n'êtes pas à la hauteur.

J'ai... J'ai essayé.

J'ai essayé
mais je n'en étais pas capable.

Je... Je voulais
qu'ils aillent au paradis.

J'aurais été une meilleure mère
au paradis, je le sais.

J'ai dit à Adam qu'il le verrait.

Je lui ai dit que ça vaudrait la peine
une fois là-haut.

Ma cliente accepte
une évaluation psychiatrique.

Puis nous pourrons négocier.

J'irai droit au but, M. Milner.

Sans avoir trouvé ce chauffage...

Enfin,
elle n'a même pas cherché à le cacher.

Il était dans le garage.

Le garage ? Non.

Elle l'a rendu au magasin.
C'est là qu'on l'a trouvé.

Désolé, non. Elle m'a dit
l'avoir laissé dans le garage.

Je vous recontacte, M. Carver.

Whitlock. Il l'a rendu.
Il l'a trouvé dans le garage.

Il est ingénieur.
Il a dû comprendre ce qu'elle avait fait.

Il le rend sans le dire à sa femme ?

Non, justement.

Il savait qu'elle s'apprêtait
à faire du mal ou à se faire du mal.

Il n'a rien fait.

On ne sait pas à coup sûr
ce qu'il savait ou non.

Ah bon ? Demandons-lui.

C'est un miroir sans tain, n'est-ce pas ?

C'est une salle d'interrogatoire.

Ça vous met mal à l'aise ?
Un malin comme vous ?

Nous aurions besoin d'informations
sur Doreen.

Son numéro de Sécurité sociale,
ses anciennes adresses, ses emplois...

Une "Mise en accusation" ?
Que se passe-t-il ?

Votre femme est inculpée de trois meurtres

et d'une tentative de meurtre.

Elle a fait ses aveux ce matin.

Très bien.
Que va-t-il lui arriver, alors ?

Vous ne comprenez pas ?

Votre femme a avoué
les meurtres de vos trois garçons.

Je sais lire.

Tu vois ? Et voilà.

Connaissez-vous le terme "affect" ?
Sa définition ?

Je suis tout ouïe.

C'est un terme de psychologie
pour un sentiment ou une émotion.

Et nous avons remarqué
que vous n'aviez pas d'affect.

Aucune colère contre Doreen,
pas une larme pour votre famille...

Je le gère à ma façon.

Vous ne vous sentez pas responsable ?
Ne serait-ce qu'un peu ?

De ça ? Doreen en endosse
l'entière responsabilité.

C'est sûr, c'est sûr.

Mais quand on a décelé sa dépression,

qui n'a pas voulu qu'elle se soigne
ou prenne des cachets ?

Elle n'était pas dépressive.
Elle devait se consacrer aux enfants.

Je lui ai dit que les éduquer à domicile
l'aiderait à se sentir mieux.

Passer plus de temps avec ses enfants ?
Voilà votre thérapie ?

Et faire partir la mère de Doreen
quand elle avait besoin d'aide

était votre idée ?

Elle et sa religion ?
Doreen et moi ne sommes pas croyants.

Vous n'êtes pas croyant. Doreen, si.

Mais seul ce que vous croyez
a de l'importance.

Ce que vous décidez.

Vous avez décidé qu'il était mieux
pour Doreen de rester dans cette maison

pour éduquer quatre enfants seule...

Doreen voulait une famille
tout autant que moi.

Malgré sa dépression postnatale,
vous la poussiez à avoir d'autres enfants.

Je me dis qu'un malin comme vous
l'aurait forcément vu venir,

aurait senti qu'elle était
sur le point d'exploser en plein vol.

Comment j'aurais pu le prévoir ?

Vous me prenez pour un médium ?
Je suis ingénieur.

Vous l'avez trouvé dans le garage.

- Vous l'avez ouvert pour vérifier.
- Non...

On a trouvé vos empreintes à l'intérieur,
et celles de Doreen.

L'ingénieur que vous êtes
a forcément vu qu'elle l'avait trafiqué...

pour qu'il libère du monoxyde de carbone.

C'était une machine à tuer.

Pas vous tuer, jamais elle n'aurait osé,

mais se tuer, peut-être ?

J'ignorais ce qu'elle allait faire
avant que ça n'arrive.

C'est pourquoi vous l'avez rendu
sans même lui en parler ?

Vous saviez qu'elle allait se faire du mal
et même aux enfants ?

Pas à mes enfants.

Mais vous saviez qu'elle allait se tuer.

Oui... et après ?

- "Et après ?"
- Et après, si je le savais ?

Je n'ai pas tué nos enfants.
Je n'ai pas fait une bombe.

Je vois pourquoi
vous n'êtes pas en colère contre elle.

Car elle incarne
tout ce que vous lui avez infligé.

- Je n'ai fait que l'aider.
- Vous l'avez terrorisée !

On vous dépréciait au travail,
vous rentriez et la démolissiez.

- Je n'ai jamais levé la main sur elle.
- C'était inutile.

Tout ce qu'elle voulait,
c'était être une bonne mère.

Mais vous avez conçu ce piège
qui garantissait qu'elle échoue.

Et quand elle s'est retrouvée au bord
du précipice, vous n'avez rien fait.

- Vous l'avez laissée tomber.
- Non.

J'ai lui ai offert tout ce qu'il fallait.
Mais elle ne faisait jamais d'efforts.

Et quand je l'ai compris, j'ai décidé
qu'elle pouvait faire ce qui lui chante.

Mais je n'ai jamais cru
qu'elle me prendrait mes garçons, jamais.

Je n'y suis pour rien si elle l'a fait
ou si elle est mauvaise.

Vous voyez ?

Ça, c'est ce qu'on appelle l'affect.

- "Et après ?" Le jury va adorer.
- Quel jury ?

Je n'ai pas entendu
de quoi le poursuivre là-dedans.

Tu l'as entendu admettre qu'il savait
qu'elle était une menace pour elle-même

ou dire qu'il s'en moquait.

Mais il n'a pas participé
ou causé cette tentative.

Il l'a poussée à...

à se sentir coupable
du problème de son fils.

Ce qui ne constitue pas un délit.

Ce qui me fait regretter
qu'il n'était pas au volant.

Il aurait pu empêcher ce crime
mais ne va pas être tenu responsable ?

Carver !

Rien dans ce livre ne permettrait
qu'il soit tenu responsable ?

Il n'y avait rien ce matin, en tout cas.

Je suis désolé.
Veuillez renvoyer M. Whitlock chez lui.

"Chez lui". Pour qu'il puisse commencer
à décider de la vie de son fils ?

COUR SUPRÊME
MERCREDI 29 SEPTEMBRE

Je leur ai pris des glaces aux biscuits,
leurs préférées.

Puis, j'ai démarré la... voiture
et j'ai repris la route.

Adam jouait avec les vitres.

J'ai commencé à le gronder
puis j'ai arrêté.

Je lui ai dit que partir au paradis
ne serait pas facile,

mais que ça en vaudrait la peine
une fois là-haut.

Puis d'un coup, je n'entendais plus rien.

Et je suis désolée.

Je suis désolée, mes bébés.

Jamais je ne ferais de mal à mes bébés.

M. Carver, ce verdict vous convient ?

Oui, Mme le Juge.

Suite à l'accord passé au préalable,

je condamne l'accusée
à une peine d'emprisonnement de 25 ans

dans un établissement que déterminera

l'administration pénitentiaire.

La séance est levée.

La vision qu'a Doreen du paradis
ne semble pas inclure son mari.

Il n'assume même pas sa condamnation.

Peut-être part-il aux affaires familiales.
Il a demandé le divorce aujourd'hui.

Il doit avoir hâte
de reconstruire sa famille.

Eh bien, ce sera sans Adam.

- Qui c'est ?
- Un ami à lui.

Un avocat spécialisé
dans les affaires de garde parentale.

Merci.

LES PERSONNAGES ET FAITS
PRESENTÉS SONT FICTIFS