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PONT DE L'YSER, BELGIQUE
31 OCTOBRE 1914

C'est une embuscade.

Je ne les vois pas.

Battez en retraite !

Je t'avais demandé de ne pas venir.

Je suis aussi infirmière.

J'ai entendu parler d'un soldat blessé

qui a sauvé toute sa compagnie
grâce à ses instincts sur le terrain.

Je n'ai pas sauvé mon capitaine.

Tu as accepté de m'épouser
avant tout ceci.

Katherine, tu devrais partir.

As-tu la moindre idée
de ce qu'est l'amour ?

Quand on aime une personne, on l'aime

quels que soient son humeur
et les changements qu'elle vit.

Ses pires défauts sont
de simples inconvénients.

Ses imperfections se remarquent
à peine.

Et il se trouve

que je t'aime.

Et ça, qu'en dis-tu ?

Allons.

Ce n'est rien.

Tu te feras pousser une moustache.

présente

MORT SUR LE NIL

LONDRES - 1937

Poirot ! Où étiez-vous ?

Le mystère d'Arundell ?
Vous chargez-vous de l'enquête ?

Je suis en quête de nourriture.

M. Poirot,
vous avez résolu l'affaire en Égypte.

Ce fut un franc succès,
mais je dois y retourner.

Et ce soir sera...

On vous apporte
chaque dessert au menu.

Si vous voulez autre chose,
il suffit de le demander.

Tous les clients veulent savoir
pourquoi il n'y a pas de musique.

C'est parce que personne n'a été payé.

Je paie tout le monde
à la fin de la soirée.

Selon mon expérience,

un homme qui gère un établissement
de qualité comme le vôtre

tend à perdre son portefeuille
quand la note arrive.

Je parie
que vous avez déjà oublié mon nom.

Rosalie Otterbourne.

La nièce de Salome Otterbourne,
en plus d'être son imprésario.

Elle sera riche à sa retraite,
j'y verrai.

On se fait payer d'avance.

Si vous voulez de la musique,

montrez-nous des billets verts,
ou peu importe leur couleur ici.

Et n'oubliez pas mon nom.

Mesdames et messieurs !
Salome Otterbourne !

Laissez-moi vous dire la vérité

Les hommes ne comprennent pas la Bible

Et c'est tout

C'est tout

Vous savez quoi ?
Il nous faut plus d'amour

Plus de bonne entente
Chaque jour de notre vie

Et c'est tout

Si vous voyez les gens sursauter

Pour une raison ou une autre

Ils ne savent pas
Où diable ils se trouvent

Et c'est tout

Les gens se battent

Et croient bien s'en tirer

Ils ne veulent que votre argent

Vous pouvez bien aller au...
Et c'est tout

C'est tout

Vous devez avoir la foi

Je vous le dis, c'est tout

Mlle Ridgeway !

Linnet !

Mlle Ridgeway, je vous en prie !

Allons, un petit sourire !

- Mlle Ridgeway !
- Un petit sourire !

Reculez, s'il vous plaît.
Laissez passer Mlle Ridgeway.

Au-dessus de ma tête

Au-dessus de ma tête

J'entends la musique dans l'air

Mlle Linnet Ridgeway,
c'est un véritable honneur.

Nous avons... Il y en a sept.

En effet.
Sept parmi les meilleurs, monsieur.

Je n'en veux pas sept.
Je n'en veux que six.

Je ne veux pas d'un nombre impair.

À présent, c'est un nombre pair.
C'est mieux.

Lequel enlever ? Je ne sais pas.

Non, pas mon petit ami.
Merci beaucoup.

Mille mercis.

C'est mon petit...

Linnet.

C'est injuste d'être si belle
et d'avoir la vie que tu as.

J'ai demandé à Louise de choisir
une tenue spéciale pour ma Jacks.

Ça faisait si longtemps.

Tu es fiancée ?

Je sais.

Mais à qui ?

À un grand gars costaud,
droit et merveilleusement simple.

C'est tout.
En plus, il s'appelle Simon.

Simon Doyle.

Nous tenons à nous marier
le plus vite possible.

C'est pour ça que je voulais te voir.

Tu n'es pas...

Quoi ? Non.

Mais on fait souvent l'amour.

- Constamment.
- Jackie !

Pardon, mais c'est vrai.

Je mourrai
si je ne deviens pas Mme Doyle.

C'est le grand amour.

Si tu as besoin d'argent,

appelons ça un cadeau de noces.

Je n'ai pas besoin d'argent,
mais de travail.

Tu as acheté un nouveau domaine.

Il te faut quelqu'un
pour le retaper et le gérer.

Tu pourrais embaucher Simon.

Il n'a pas d'emploi,
mais c'est un vrai campagnard.

Les domaines,
il connaît ça, je te jure.

S'il ne fait pas l'affaire,
tu le congédieras sur-le-champ.

Mais il fera l'affaire.
Il est trop génial pour échouer.

Ma chère.

Tu es folle de lui. Sois prudente.

C'est trop tard.

Jackie, ma chérie.

Le voilà.

C'était vilain de ma part.

Bonsoir.

J'ai pris l'initiative,
j'espère que vous ne m'en voudrez pas.

Simon, je te présente
ma magnifique amie. Comme promis.

La divine Linnet Ridgeway.

Ravie de rencontrer
le nouvel intendant de mon domaine.

Vous êtes sérieuse ?

Bien sûr qu'elle l'est.

Invite-la à danser, gros bêta.

Remercie-la comme il faut.

Écoutez-moi chanter

Écoutez mes paroles

Lavez mon âme d'une pluie céleste

Même si je suis entourée d'amour

De mauvaises pensées me retiennent

Mais si tu m'abandonnes

Je mourrai

Tu m'avais dans tes bras

Jusqu'à la fin de la tempête

Berce-moi

De ton amour

Nourris-moi

Puis emmène-moi

Dans ta demeure bénie

Applaudissez encore une fois
Salome Otterbourne.

LE NIL

SIX SEMAINES PLUS TARD

Guide Baedeker - L'ÉGYPTE

Vous profanez
l'une des merveilles du monde !

Et vous gâchez aussi
un délicieux petit gâteau à l'orange !

Quel magnifique cerf-volant !

Quoi ? Poirot !

Bouc !

Que fais-tu ici ?

Que penses-tu de mon cerf-volant ?

Je descends. Ne bouge pas.

Sois prudent.

De toutes les pyramides
du monde entier,

c'est au pied de la mienne
que tu te promènes.

Le monde est petit.

Pourquoi faire voler un cerf-volant
sur une pyramide ?

Parce que personne ne l'avait fait !

Elles sont là depuis des millénaires,
et je suis le premier !

Tu es le premier.

Poirot, je suis ravi de te voir.

Es-tu ici pour des vacances exotiques
ou une enquête exotique ?

Je me cache des enquêtes.

Viens te cacher avec nous, alors.

À Assouan. Pour un voyage éclair.

Tu es un voyageur perpétuel,
à ce que je vois.

Malheureusement, non.

Mon oncle m'a renvoyé du train
quand il a su que je ne faisais rien.

J'ai essayé d'autres emplois.
Un bureau.

Le travail, ça va.
Ce sont les matins, le problème.

Mais je me tire d'affaire
en tant qu'homme de compagnie.

Viens !

Je vais te présenter à Euphemia.

Qui est Euphemia ?

Tu verras bien.

Une nouvelle femme dans ta vie ?
Son nom ne me dit rien.

Derrière chaque homme au cerf-volant
se cache une femme.

La voilà.

La seule femme que j'aie aimée...
Ma mère.

Maman, je te présente Hercule Poirot.

- Pourquoi ?
- C'est le plus grand détective.

Il exagère.

En fait, non, il dit vrai.

Vous êtes l'homme le plus ridicule
que j'aie rencontré.

On m'a déjà dit ça.

- Et vous me bloquez la vue.
- Je m'écarte.

Sois gentille, Maman.
Poirot est mon ami, et il est célèbre.

Et il soupera avec nous ce soir.

Vraiment ?

- Je ne veux pas m'imposer.
- Non, ça va.

Tu me donneras du prestige à table.

Maman et moi sommes en vacances
avec des amis.

C'est pour célébrer un mariage.

C'est moi ?

Peut-être bien.

Sois gentille.

Excusez-moi.

HÔTEL DE LA PREMIÈRE CATARACTE
ASSOUAN

"La situation sera maîtrisée,

"puis les affaires reprendront
comme d'habitude."

Avez-vous tout noté ? Très bien.

Envoyez ce télégramme
dans les plus brefs délais.

Personne d'autre ne doit le voir.

Non ! Je le ferai !

C'est déjà dommage de loger
dans cet affreux hôtel bourgeois,

je n'opprimerai pas
la classe ouvrière en plus.

Sauf s'il est question de moi.
Alors là, ça ne lui pose pas problème.

Je suis calme,
je suis capable et je tiens le coup.

J'ai de la dignité.

Marie Van Schuyler.
Je n'ai pas besoin d'une suite.

Il n'y a que moi
et mon infirmière, Bowers.

Je suis la marraine de Mme Doyle.

Nous avons des réservations.

Ce secteur sera-t-il fermé
pour la fête ?

On ne voudrait pas
que des badauds volent du champagne.

Est-ce très coûteux ?

Mesdames et messieurs, nous fermons
ce secteur pour des noces.

Tout va bien, madame ?

Un village mangerait durant un an
avec ce qui se dépense ici.

C'est une extravagance obscène.

Je sais.
C'est merveilleux, n'est-ce pas ?

Avez-vous vraiment donné votre fortune
au Parti socialiste ?

Communiste.

"L'argent est l'expression concrète
de la vie humaine aliénée."

L'argent est le seul ami
sur lequel une femme peut compter.

Regardez !

Mesdames et messieurs. Et Maman.

J'ai l'honneur
de vous présenter nos hôtes.

Accueillez les nouveaux mariés,

M. Et Mme Simon Doyle !

Les voilà !

- Fantastique, Linny !
- Merveilleux !

L'amour.

C'est imprudent.

J'ai été témoin d'un drame mineur
il y a quelques semaines.

Je n'ai visiblement vu
que le premier acte.

Comme un ange, Linny !

Il a de la chance.

Il a trouvé la seule héritière
sans adénoïdes ni pieds plats.

Ils se sont enfuis ensemble
sans attendre.

Au diable les conventions.

Un mariage d'amour et de l'argent
en prime, c'est toute une chance.

Je dis trois fois hourra !

De quoi j'ai l'air ?

D'une vraie princesse.

Avec des millions au cou.

Un cadeau de mariage de Simon.

Payé avec son argent,
alors pas vraiment.

Un cadeau à elle-même
en passant par moi.

Je croyais que Bouc mentait
en disant connaître Hercule Poirot.

Mes félicitations
et ma gratitude, madame.

Mesdames. Marraine.

Cousin Andrew !

Simon.

Le cousin Andrew, responsable
de toutes les affaires des Ridgeway.

C'est pratiquement un frère pour moi.

Je l'ai obligé à venir
pour qu'il prenne enfin des vacances.

Je suis venu uniquement
pour le champagne, un honneur sacré.

Et pour ceci.

C'est trop mignon !

N'est-ce pas adorable ?

Mes amis, je sais
qu'un mystère vous tracasse tous.

"Pourquoi diable Linnet Ridgeway
épouserait-elle cet homme ?"

Je ne connais
sincèrement pas la réponse.

Je ne suis ni intelligent
ni romantique.

Je ne suis ni loquace,
ni riche, ni de bonne famille.

Mais je t'aime.

Et à présent...

Je n'ose même pas le dire,
par crainte qu'on t'arrache à moi.

Aux mariés.

Aux mariés.

- Trois fois hourra !
- Trois fois hourra !

Salome Otterbourne chantait
le soir où on s'est rencontrés.

J'ai donc supplié ton amie Rosalie

pour qu'elle nous accompagne
en voyage.

Je n'aurais pas raté ça.

Je n'ai pas goûté de caviar
depuis dix ans.

C'est ostentatoire,
toutes ces richesses.

Dansons, Linny.

L'éploré.

Il y en a un à toutes les noces.

Le bon Dr Windlesham a demandé
Mlle Ridgeway en mariage,

quand elle était encore Mlle Ridgeway.

Selon les journaux et lui,
c'était chose faite.

Puis est arrivé cet étalon musclé,
et la voilà devenue Mme Doyle.

À sa place, je serais seulement venu
pour abattre le marié.

Nos autres invités : La marraine
de Linnet, qui méprise sa richesse,

et l'infirmière de la marraine,
Bowers, qui la convoite,

tout comme la domestique de Linnet,
la pauvre Louise.

Et lui, c'est le cousin Andrew.
Il est rusé.

Personne ne lui fait confiance
à part Linnet.

Maman et moi sommes
les seuls gens sains d'esprit ici.

La seule qui semble aimer Linnet,
c'est Rosalie, une amie de l'école.

C'est la nièce de Salome Otterbourne,
invitée à chanter pour les mariés.

- M. Poirot, venez danser.
- Bonne chance.

Berce-moi

De ton amour

- Tu es splendide, Simon !
- Venez tous !

Allez.

Nourris-moi

Jusqu'à ce que je sois comblée

Puis emmène-moi

Dans ta demeure bénie

Elle nous a encore suivis.

Excuse-moi.

Hélas ! Le troisième acte.

Il y a deux éplorés à chaque noce,
après tout.

Comment va Linnet ?

Non, merci. C'est très bien.

Goûtez-y.

C'est très beau.

Regarde toutes ces boîtes.

- Il est ici.
- Qui ?

Poirot.

Allons lui parler.

Excusez-moi.

Le serpent est votre ami ?

Mon meilleur ami.

Je regrette le désastre d'hier soir.

Donnez-nous une autre chance ce soir.

Vous êtes trop bons
envers les étrangers.

Attention !

Merci.

- Madame.
- Je suis navrée !

Je m'en vais.

Tu n'as rien ?

M. Et Mme Doyle, je suis désolé.

En fait, Poirot,
nous voulions demander votre aide.

C'est Jackie de Bellefort.

Elle nous a suivis
à chaque étape de notre lune de miel.

Nous étions fiancés, voyez-vous.

Vous a-t-elle fait des menaces ?

Non, elle ne dit pas un mot.
Elle arrive, s'assoit et nous fixe.

Je n'ai pas de raison d'enquêter.
Elle n'a commis aucun crime.

Ce qu'elle fait est indécent
et mélodramatique.

Elle fait une folle d'elle-même,
voilà ce qui arrive.

Quand j'étais avec Jackie,
je l'aimais bien, sincèrement.

Mais quand j'ai connu Linnet,
Jackie a cessé d'exister pour moi.

Dès le premier bonsoir,
je ne me voyais pas vivre sans elle.

Heureusement pour moi,
c'était réciproque.

J'aurais pu voler jusqu'au soleil.

Vous avez plutôt rompu
vos fiançailles.

Devait-il passer sa vie
avec une femme qu'il n'aimait pas

pour épargner ses sentiments ?

Il est question d'amour.

On ne joue pas franc-jeu.
Il n'y a pas de règles.

Jackie n'a pas encore commis de crime.

Mais je la connais, elle le fera.

Elle se fait toujours justice.

Pensez-y.

Est-ce qu'on se connaît ?

Accepteriez-vous
de discuter un moment ?

Bien sûr.

Je vois venir le coup.

Linnet a grassement payé un détective
pour que je la laisse tranquille.

Elle l'a gentiment offert,
j'ai poliment refusé.

Eh bien.

Madame a l'habitude
d'obtenir ce qu'elle veut.

Son père était
pratiquement un criminel.

Connaissez-vous Mme Doyle
depuis longtemps ?

On s'est connues
en montant une pièce à l'école.

Antoine et Cléopâtre.

J'étais Cléopâtre

jusqu'à ce que Linnet se fasse donner
le rôle, peu avant la première.

J'ai plutôt dû jouer Charmian,
la servante.

Vous embêtez nos jeunes mariés.

Au début,
je voulais juste être près de lui.

Puis, je suis devenue audacieuse.
Je les ai laissés me voir.

J'ai vu son sourire s'évanouir

et son front se rider.

Mlle de Bellefort,
arrêtez ce petit jeu.

Ce qui est fait est fait.
L'amertume n'y changera rien.

Il est marié. Il aime sa femme.

C'est moi que Simon aime.

C'est moi que Simon aime.

Je le sais.

Même s'il l'a oublié
parce qu'elle l'a aveuglé.

Un amour si puissant ne disparaît pas.

Je l'aime.

Je l'aime follement, à chaque minute.

Je ne peux pas m'en empêcher.

Ce n'est pas pour rien
que le cœur est l'organe de l'amour.

S'il s'arrête pour se reposer,
on meurt.

Je refuse de mourir seule,

vous pouvez me croire.

C'est un calibre .22.

C'est pratiquement un jouet.

Peut-être
que pour guérir un cœur brisé,

une balle suffit.

Qu'elle soit maudite.

Que pouvons-nous faire ?
Demander l'aide de la police ?

Me permettez-vous de vous conseiller ?

Mme Doyle a sûrement
une charmante demeure.

Retournez-y dès maintenant.

Faites votre nid,
commencez votre vie ensemble.

On pourrait le faire, Simon.

Rentrer à la maison,
fermer le portail.

On pourrait être heureux.

Et renoncer à ceci ?

Notre lune de miel, tu en fais quoi ?

Voyez ça comme le prix de l'amour.

C'est toute une aubaine.

Par ici. Ne traînez pas.

- C'est quoi, cette histoire ?
- Dépêchez-vous.

On ne devait pas
visiter les attractions ?

Je sais que je vous ai invités
à voyager d'Assouan à Philae,

mais les circonstances m'ont inspiré.

Comme Moïse, pas très loin d'ici,

nous laisserons l'eau nous porter.

- Je ne pouvais pas dire non...
- Quoi ?

...à la reine du Nil.

"Je sens en moi
d'immortelles ardeurs."

C'est magnifique !

Maman, pourquoi on n'a pas
de bateau comme ça ?

Tu as trop d'argent, Linnet,
et pas assez de jugeote.

Mais tu as bon goût
en matière de bateaux !

Tu vois ?

Je t'avais dit que tout s'arrangerait.

Jackie ne pourra plus nous suivre.

Partons.

Tout le monde à bord !

Permission de monter à bord.

C'est tellement beau.

Tu as l'air si heureuse.
Tu mérites ce bonheur.

Le Karnak est tout à nous
jusqu'à Abou Simbel.

Ne vous inquiétez pas
pour vos bagages, Louise ira

emballer vos affaires pour vous
et nous rejoindra à Shellal.

Avec plaisir, madame.

Merci.

On a un piano accordé,

un chef emprunté
à l'hôtel Shepheard du Caire,

et assez de champagne
pour remplir le Nil.

Du champagne !

Il est à peine 10 h 30.

On a du retard, alors.

Il y a un autre étage ?

Bonjour, l'Égypte.

Tous les bagages de l'hôtel
doivent aller à bord du Karnak.

Pour M. Doyle.
Il me faut ces trois malles, là.

Je vais frapper comme Joe DiMaggio.

- Complètement inutile.
- Cinq, monsieur.

- C'est plutôt zéro.
- Cinq points.

- Bowers, ma chère.
- J'ai une solide avance.

Bien joué.

C'est sûrement la limite.

Qu'est-ce que c'est, là ?

C'est une grèbe, non ?
Elle est superbe.

- Vous avez bougé ma rondelle.
- C'est hors jeu.

Bouc, c'est hors jeu et vous le savez.
Recommencez.

Vous trichez. Vous êtes un arnaqueur.

Linnet, il y a des tricheurs à bord.

Bowers et Van Schuyler trichent,
comme ces deux-là.

J'espère que vous me pardonnez
d'avoir saboté vos vacances.

Je voulais
que vous profitiez du plaisir.

C'est un honneur.

Et c'est en accord avec mes projets.

Même si voyager par bateau
n'a rien de naturel pour moi.

Si je vous racontais...

En fait, je ne devrais rien vous dire.

Mais je soupçonne que vous ne m'avez
pas invité que pour le plaisir.

J'aurais aimé rentrer chez moi,
selon vos conseils.

Nous ne sommes pas en sécurité ici.

Ni moi ni Simon,
même en l'absence de Jackie.

Mais vous êtes entre amis.

Quand on a de l'argent,

personne n'est vraiment un ami.

Je me souviens de vieilles jalousies,
de disputes.

J'ai besoin de somnifères.

Je ne me sens en sûreté
avec aucun d'eux.

J'espérais que vous puissiez
veiller sur nous.

Merci.

Maintenant ?

Et maintenant ?

Vous voyez ? Complètement normale.

Mais j'ai si chaud.

Oui, vous êtes en Égypte.

J'ai la malaria.

Vous n'avez pas la malaria.

Je suis fiévreuse.
Ce thermomètre est brisé.

Il fonctionne très bien.

- Non, il est brisé.
- Pas du tout.

- J'ai tellement chaud.
- C'est normal.

Je sais, je sais.

C'est inconvenant de parler affaires
avec une mariée en lune de miel.

Vilain avocat. Vous aviez promis.

Il ne me faut que quelques signatures.

Ça va. Mon mariage change
sûrement quelque chose.

Donne-nous un préavis
plus généreux la prochaine fois.

C'est très simple.

La concession de terrains à Ceylan

et les changements au testament,
bien sûr.

Le bail de la propriété à Londres.

Rien de bien compliqué.

Pardon, cousin, tu me connais.

Je trouve quelque chose à corriger
dans chaque contrat.

Papa était trop bon professeur.

Tu n'es pas comme moi.

Je n'ai jamais lu de contrat
de ma vie.

Pour moi, une entente se règle
par une poignée de main.

Allez, Linny. Signe.

Plus vite ce sera fait,
plus vite on ira au lit.

Tu es la première fille à m'avoir dit

qu'une femme peut gérer ses affaires
aussi bien qu'un homme, voire mieux.

Ne me dis pas
qu'un petit mari va changer ça.

Va te préparer pour la fête, Simon.

Je n'en ai pas pour longtemps, promis.

C'est impoli de ma part.

Il n'y a pas d'urgence.

Remettons ça à demain.

- Au-dessus de ma tête
- Au-dessus de ma tête

- J'entends la musique dans l'air
- J'entends la musique dans l'air

- Au-dessus de ma tête, oui
- Au-dessus de ma tête

- J'entends la musique dans l'air
- J'entends la musique dans l'air

- Au-dessus de ma tête
- Au-dessus de ma tête

- J'entends la musique dans l'air
- J'entends la musique dans l'air

- Et je crois vraiment
- Oui, je crois vraiment

Que le paradis est quelque part
Quelque part

- Au-dessus de ma tête
- Au-dessus de ma tête

Descendez, Poirot.

Je vois des ennuis dans l'air

Et je crois vraiment
Que le paradis est quelque part

Quelque part

On s'amuse bien !

Merveilleuse, comme toujours.

Merci.

Madame, je suis ému.

Votre musique blues
donne envie de danser,

mais on y perçoit aussi la tragédie.

Composer des chansons tragiques,
c'est facile.

Je pense à une personne
que je veux punir.

Et j'imagine cette personne amoureuse.

Tu t'intéresses visiblement
à Salome Otterbourne.

Je croyais Poirot insensible
à la fièvre de l'amour.

Elle m'a rendu malade autrefois.

Ça m'a laissé assez de regrets
pour toute une vie.

Il y a beaucoup de bons détectives.

C'est faux. Il y a beaucoup
de détectives passables.

Pour être ce que je suis,

il faut un esprit déterminé.

Je dois dorloter ma matière grise,

lui donner tout l'oxygène de mon sang

et toutes les minutes à ma montre.

Les tempêtes de l'amour,
je te les laisse.

Et la nièce ?

Une fascinante jeune dame, non ?

Tu crois ?

Un cerveau rationnel et méthodique
comme on en voit peu.

Elle chante bien, en plus.

Je n'avais pas remarqué.

On dit que c'était
une camarade de classe de Linnet ?

Essaies-tu de me cacher quelque chose ?

- À moi ?
- Quoi ?

Rosalie Otterbourne est
une superbe femme,

et Bouc ne lui a pas parlé une fois ?

C'est l'amour de ma vie,
rien de moins !

J'ai très envie de t'en parler.

Linnet nous a présentés
il y a des mois,

et depuis, je n'ai envie
de regarder aucune autre femme,

sauf si c'était la nounou
de nos enfants.

C'est la femme la plus brillante,
la plus provocante,

la plus vivante que j'aie rencontrée.

Je ne lui arrive pas à la cheville,
et malgré tout, elle m'aime.

C'est son seul défaut.

Tu veux le crier sur les toits, hein ?

Non, pas si Maman peut m'entendre.

Madame Bouc désapprouve cette union ?

Elle n'a aimé aucune des filles
que j'ai ramenées à la maison,

sauf si c'était clair
qu'elles ne restaient qu'une nuit.

Qu'elle soit américaine
n'aide pas les choses.

Maman n'aime personne
qui soit né hors de Mayfair.

Elle est furieuse contre Linnet
de nous avoir présentés.

Son opinion compte-t-elle vraiment ?

L'argent compte,

et je reçois le mien chaque mois
d'Euphemia Bouc.

J'ai tenté de gagner assez d'argent

pour ne pas avoir besoin
de sa permission, que de son aval,

mais je suis un raté.

Toute ma vie,

je n'ai jamais souhaité être
autre chose qu'une distraction.

Mais pour Rosalie,

je veux être un homme bien.

Venez. L'équipage est prêt à partir.

Nous reviendrons à 5 h.

N'oubliez pas, de nouveaux passagers
monteront à bord à Abou Simbel.

- Bonne nuit.
- Bonne nuit.

On y est presque.

Mesdames et messieurs,
nous arrivons à Abou Simbel.

Nous descendons tous.

Que personne ne traîne.
Toi aussi, Louise, tu viens.

J'ai des vêtements à repasser.

On est en Égypte ancienne.

C'était ton idée de lune de miel

quand tu étais fiancée.

- Du café, Mme Doyle ?
- Merci, Claire.

Qu'est-ce que c'est ?

Une tempête de sable à des kilomètres.

Inutile de vous inquiéter.

Je ne trouve pas mon tube
de rouge carmin.

Je ne peux pas peindre
de tels horizons sans rouge.

Pose tes pinceaux, Maman.
C'est le temple d'Abou Simbel.

Ramsès le Grand nous attend.

Ramsès II

était l'époux de Néfertari,
sa préférée parmi ses huit femmes.

Sur les murs de sa tombe,

il lui a écrit
un poème spectaculaire...

- Puis-je voir ?
- Oui.

"Mon amour n'a pas d'égale.

"Rien qu'en passant,
elle a volé mon cœur.

"C'est pour elle
que le soleil brille."

Il était amoureux.

Il a assassiné la moitié de la Nubie.
De grands blocs de maçonnerie inutiles

empilés pour flatter la vanité
d'un despote nanti.

J'aime beaucoup leurs chapeaux.

Une histoire fascinante.

Se marier pour la vie,
c'est déjà déplaisant.

Rester côte à côte pour l'éternité,
c'est inhumain.

Dois-tu être si cynique, Maman ?

Les gens érigent
des monuments à l'amour

comme si une paire d'yeux sombres
allait les sauver de leur douleur.

Leur souffrance risque plutôt
d'être doublée.

C'est par là ? Merci.

Vas-y.

Crois-tu que cette superbe fille
et toi serez l'exception à la règle ?

L'amour ne se transforme pas
toujours en tourment.

Non, celles qui ont de la chance
meurent en accouchant.

C'est mon travail de te protéger.

Crois-tu que je ne sais pas
ce que tu cherches ?

Tu veux mon aval
pour épouser cette fille.

Eh bien, tu ne l'auras pas.

Rosalie !

Tout va bien ?

Oui.

Je ne veux plus me cacher.

- On se débrouillera seuls.
- Oui.

Un nouveau passager monte à bord.

J'ai trop de sable
dans mes chaussures.

Et voilà ! Que dis-tu de ça ?

Vous approuvez ?

Le premier homme
qu'elle a ramené à la maison

était un riche avocat.

Droit, honorable,

futur sénateur du Missouri.

Puis, il y a eu un baron
propriétaire d'îles, presque un roi.

À présent, ce Bouc sans le sou

qui boit trop et rit trop fort,

et toujours au mauvais moment.

C'est lui qui me plaît le plus.

Avez-vous un mari, madame ?

J'en ai eu plusieurs.

Tous des bons à rien.

Êtes-vous marié, M. Poirot ?

Je n'ai pas ce bonheur.

Quel bonheur avez-vous ?

J'ai mes enquêtes.

J'ai mes livres.

J'ai l'œil sur une petite maison

où je compte un jour
prendre ma retraite

et jardiner.

J'espère cultiver

une nouvelle variété de courges.

Ce sont de très beaux légumes,

mais qui manquent un peu de saveur.

J'aimerais des légumes plus savoureux.

Que faites-vous réellement ici,
M. Poirot ?

On s'est à peine tenu la main
depuis Le Caire.

Je ne suis pas moi-même.

Qui es-tu, alors ?

Cléopâtre, évidemment.

Suis-moi.

Viens.

La souveraine de deux royaumes.

Que dirait Cléopâtre ?

"Ô, Charmian.

"Où crois-tu qu'il soit maintenant ?

"Est-il debout

"ou assis ?

"Marche-t-il ?

"Ou est-il à cheval ?

"Ô, heureux soit le cheval

"qui porte le poids d'Antoine !

"Il parle à présent.

"Ou murmure..."

Mon Dieu.

"Où est mon serpent du Nil ?"

Attention ! Bouc !

Tout le monde à l'intérieur, vite !

Bouc, à l'intérieur !

Entrez !

Un balcon surplombe la falaise,
la plateforme d'un travailleur,

mais aucun signe de qui que ce soit.

Croyez-vous
que quelqu'un l'a fait exprès ?

Allons te mettre en sûreté,
ma colombe.

Le monde est petit.

Selon le capitaine, Jackie est arrivée
quand on est partis pour le temple.

Ça ne peut pas être elle.

Je sais qu'elle a voulu nous tuer.
Elle doit quitter le bateau.

Elle avait un billet pour monter ici,
acheté d'avance.

On n'y peut rien.

Je m'en fiche ! Elle fait toujours ça !

Dis-moi ce qu'il faut payer
pour l'éloigner de moi !

Donne-moi un prix !

J'achèterai tout le fichu bateau
s'il le faut.

J'achèterai tout le fichu pays !

- Madame.
- Merci.

Merci.

Louise.

As-tu vu mon châle ?
Je l'avais un peu plus tôt.

Non, Mlle Marie. Je le chercherai.

D'accord.

Tu ne manges pas avec nous ?

Mlle Linnet préfère que non.

J'adore Linnet.

Mais elle sera la première victime
de la révolution.

Les yeux bandés,
une dernière cigarette, contre le mur.

Bang !

Tout un détective. Mon journal ?

Vous avez pris mon livre.

Je l'ai confondu

avec mon Edwin Drood dans le parloir.

Je vois à votre écriture

que vous rivalisez de précision
avec Dickens.

Vous n'aurez plus besoin
de veiller sur nous.

Jackie refuse d'entendre raison,
mais nous, oui.

Nous rentrons à la maison.

Nous nous ferons conduire
à Khartoum dès le matin.

On ira à dos d'âne jusqu'au train,
puis en bateau jusqu'à Wode Hall,

et enfin,
à nos lits douillets, pour de bon.

Au diable Jackie de Bellefort.

Seigneur.

Un dernier verre. Pourquoi pas ?

Je ne bois normalement pas d'alcool,

mais pour l'occasion...

Ma colombe.

- Oui.
- Oui.

- Au retour à la maison.
- Au retour à la maison.

Merci.

Vous n'avez pas le pied marin.

Ni l'habitude du champagne.

Saviez-vous qu'on enterrait vivantes
les épouses des pharaons morts ?

Elles devaient hurler
quand on les condamnait.

Mais je parie qu'il y en avait une
qui était consentante

et ne pouvait supporter
d'être séparée de son mari.

Vous regrettez de me voir.

Que ça vous plaise ou non,
il pense à moi.

Simon a peur de moi.

Mademoiselle,
vous avez encore le choix.

Vous pouvez gâcher sa vie
ou en entreprendre une nouvelle.

Ce ne sera peut-être pas
la vie que vous aviez imaginée,

mais ce sera peut-être celle
que Dieu a voulue pour vous.

L'amour est trop important
pour s'en remettre à Dieu.

Dès que j'ai rencontré Simon,
j'ai eu une certitude absolue.

Je mourrai si nous sommes séparés.

J'ai déjà connu le même sentiment.

J'étais si amoureux.

Je croyais que si je la perdais,
je mourrais.

Je l'ai perdue.

Un autre homme vous l'a prise ?

Un obus.

Alors qu'elle me rendait visite
à l'hôpital.

Je devais avoir mon congé
un mois plus tard,

mais je l'ai suppliée
de venir passer Noël avec moi.

Elle est venue, mais le train a été...

Après Katherine,

je suis devenu

ce que je suis aujourd'hui.

Je comptais devenir fermier.

Pardonnez-moi, le champagne...

Il délie mes souvenirs et mes paroles.

L'équipage est prêt à partir.

Il est passé minuit.

L'équipage a quitté le bateau.

Je veux un autre cocktail.

J'en ai assez de cette journée.

- Non.
- Allons nous coucher, mon amour.

Oui.

Je prendrai un somnifère,
ne t'inquiète pas de me réveiller.

Tu ne la rejoins pas, Simon ?

On a déjà fait l'amour aujourd'hui.

- Deux fois.
- Trois.

Dors bien, la reine Linnet.

Jackie, je ne veux que ton bien.

Sincèrement.

Je ne regrette pas ce qu'on a fait,

mais je regrette
que ça te fasse du mal.

J'aimerais qu'on reste amies.

Tu as toujours été la seule
qui ne se souciait pas de l'argent.

Bonne nuit, Jacks.

C'est la dernière fois
que tu nous vois.

Vous ne pouvez pas disparaître.

- La soirée est finie, Jackie.
- Oui.

Non, restez un peu.
Elle prépare un petit numéro.

Je me sens si libre

et si idiot
de ne pas t'avoir laissée plus tôt.

Tu ne te débarrasseras pas
de moi si facilement, Simon.

Nous étions liés.

Mon cœur, mon corps,
je t'ai tout donné.

Pour quelques mois de plaisir ?

Était-ce même si bon ?

Quand je te vois maintenant,
je n'ai plus un seul tendre souvenir.

C'est comme se rappeler une fête
après qu'on a été malade.

Simon, ne soyez pas cruel.

Je n'ai plus de sympathie.

Croyais-tu vraiment me reconquérir
avec ton petit jeu ?

Tu es folle si tu crois
que je pourrais t'aimer encore.

Je ne crois pas t'avoir déjà aimée.

Simon, ça suffit.

Tu ne le penses pas.

Non.

Dis-moi que tu ne le penses pas !

Simon ?

Simon.

- Pardon.
- Non.

Rosalie, confie-la à Bowers.

- Tout de suite.
- Simon.

- Simon.
- Non.

Je vais chercher le médecin.

Rosalie !

Bowers ! Garde Bowers !

Simon.

Bowers ?

- Non. Hé ! Tout va bien.
- Je suis désolée.

Je suis vraiment désolée !

Dr Windlesham !

Que se passe-t-il ?

C'est Simon, dans le parloir.
Ça semble grave.

Rosalie, reste là.
Je trouverai Bowers.

- Oui.
- D'accord.

Bowers ?

- Bowers !
- Bouc ?

- Que se passe-t-il ?
- Qu'y a-t-il ?

C'est Jackie. Apportez votre sac.

Que s'est-il passé ?

- Par ici.
- Je n'en sais rien.

Jackie.

Entrez là.

- Ça va ?
- Oui, vas-y !

Elle m'a tiré dessus !

Non, impossible.
Je ne peux pas bouger ma jambe.

Bouc, aidez-moi.

- Aidez-moi à le déplacer.
- D'accord.

Venez.

- Soulevez-le !
- Très bien.

Ça va.

Je vous donne un antidouleur.

Vous ne préféreriez pas
que je souffre davantage ?

On serait quittes.

Son os a éclaté.
Il faut le conduire à l'hôpital.

C'était idiot de ma part
de provoquer Jacks comme ça.

Quelle perspicacité !
Vous méritez peut-être cette balle.

Ne la laissez pas seule.

Elle n'a pas...

Elle pourrait se faire du mal.

Ça n'arrivera pas.

Je lui ai donné un calmant.

Je resterai avec elle.

Bien.

Emmenons-le au lit.

Attention.

On y est presque.

Allons-y.

Doucement.

- C'est ça.
- On y est.

Ceci devrait vous aider à dormir.

Seigneur.

Seigneur...

Heure du décès ?

Il y a six heures. Huit tout au plus.

Entre minuit et 2 h.

Aucun signe de lutte.
Elle est morte dans son sommeil.

C'est un moindre mal.

Un pistolet contre la tempe.
Il y a des traces de brûlure.

Seigneur...

Une balle.

Un petit calibre.

Probablement un .22.

- Pratiquement un jouet.
- Pratiquement un jouet.

J'espérais que vous preniez la relève.

Quelqu'un est malade ?

Quelqu'un est mort.

Linnet Doyle.

Linnet ?

Arrêtez. Que dites-vous ? Comment ?

Jacqueline de Bellefort a mis
ses menaces à exécution, je le crains.

C'est impossible.
J'étais à ses côtés toute la nuit.

Elle a dormi juste ici.

Comme un loir.

Aurait-elle pu sortir un moment ?

L'avez-vous laissée seule ?
Vous êtes-vous endormie ?

Non, pas pour une minute.

Même si je l'avais fait, je craignais
tant qu'elle se fasse du mal

que je lui ai donné assez de morphine
pour endormir un éléphant.

Avez-vous perdu Mlle de Bellefort
de vue durant un seul instant ?

- Non.
- Elle n'a pas pu assassiner Linnet.

Comme elle n'a pas pu pousser
de rocher sur Simon Doyle.

Vous l'avez confiée à Mlle Bowers,
et après ?

Nous sommes revenus chercher l'arme
pour la ranger sous clé.

Je l'avais poussée sous le canapé,
mais au retour, elle n'y était plus.

- Je voulais te réveiller.
- J'ai dit non.

Vous ne vouliez pas mon aide.

Arrête. Linnet était son amie.

Ça va. C'est un fin limier,
laisse-le mener son enquête.

Simon était avec le médecin,
et Jackie, avec l'infirmière.

J'ai cru que c'était
une dispute d'amoureux,

pas une affaire pour un détective.

Mais il y a le mystère
du pistolet disparu.

Quelqu'un a pu le trouver

entre le moment où vous avez confié
M. Doyle au médecin et votre retour,

puis s'en servir
pour assassiner Linnet Doyle,

séparant deux amoureux à jamais.

Bouc, dis au capitaine
de draguer le fleuve près du bateau.

Il faut annoncer la nouvelle
à Simon Doyle.

Linnet.

Non !

Non !

Seigneur. C'était Jackie !

Maudite soit-elle !
Je pourrais la tuer !

Jacqueline de Bellefort
n'est pas coupable.

Elle m'a tiré dessus !

Elle a un alibi en béton
pour toute la nuit,

à compter du moment
où elle a fait feu sur vous.

Non.

Mon Dieu.

Linnet.

Vous devez m'aider.

Je vous en prie. Vous devez découvrir
qui a tué ma femme.

Soupçonnez-vous l'un des voyageurs ?

Tout le monde adorait Linnet.

Votre femme a pourtant avoué
ne se sentir en sûreté avec personne.

Il y avait de petites contrariétés.

Je n'aimais pas
que son ancien amoureux soit à bord

et se morfonde constamment pour elle.

Elle a aussi parlé de Salome.

Il s'est produit un incident
il y a des années.

Je ne connais pas les détails.

Et votre domestique, Louise Bourget ?

Ne s'étaient-elles pas disputées ?

Louise a oublié
quelques articles à l'hôtel.

Rien d'important. Du vernis à ongles.

Non. Elle était avec Linnet
depuis des années.

Elle était même responsable
de son collier.

- Où est le collier ?
- Près du lit.

Merci, Bouc.

Il n'est pas là.

Avez-vous vu le collier
en entrant ce matin ?

J'ai vu Mlle Linnet, là.

Morte.

J'ai échappé le plateau
et je me suis enfuie.

Que voulait-elle dire,
en route pour Abou Simbel,

en mentionnant que le voyage
en Égypte était votre idée ?

Pour votre propre lune de miel.

Mlle Bourget préfère peut-être
en parler en privé.

Peux-tu emmener M. Doyle...

Non, je préfère que M. Doyle m'entende

pour qu'il ne m'accuse pas
de cacher des choses.

- De cacher des choses ?
- Oui.

Elle a mis fin à mes fiançailles.

Mlle Linnet a donné une fête
l'an dernier.

Un homme m'a parlé

et m'a retrouvée par la suite.

Il m'a demandée en mariage,
et j'ai remis ma démission.

Mlle Linnet avait des doutes
quant à ses intentions envers moi,

une simple domestique.

Elle a fait mener une enquête sur lui.

Il avait des dettes.

Elle a offert de les rembourser
s'il renonçait à moi,

pour voir
si son affection était sincère.

Il a renoncé à moi.

Elle a dit que c'était pour mon bien.

Avec le même montant comme dot,
j'aurais pu avoir ma propre vie.

Qu'avez-vous fait hier soir
après avoir quitté Mlle Linnet ?

Je suis allée à ma cabine
sur le pont inférieur.

Êtes-vous allée ailleurs ?

Avez-vous vu ou entendu
quoi que ce soit ?

Pardon, monsieur.

En sortant pour fumer,

j'aurais pu voir le tueur entrer
dans sa cabine ou en sortir.

L'avez-vous fait ou non ?
Que racontez-vous ?

J'ai fumé une cigarette à l'intérieur.

Vous me fixez tous. Ça me rend...

Vous savez que nous avions
nos secrets, elle et moi.

J'ai pu me montrer puérile,
mais c'est tout.

Dites-leur que je n'aurais
jamais fait de mal à Mlle Linnet.

Évidemment. Du calme.

Personne ne t'accuse
de quoi que ce soit.

Je sais que tu as toujours pris soin
de Linnet,

et je prendrai soin de toi.

Ça suffit, n'est-ce pas ?
On peut la laisser partir.

Crois-tu que quelqu'un a tué Linnet
pour voler son collier ?

Des gens ont été empoisonnés
pour moins.

Draguez le fleuve.

Faites attention avec ça.

Allez.

Ce sont les rares biens
que je possède.

Vous y ferez sûrement attention.

Tout l'argent du monde,

et la voilà au congélateur
avec les jambons.

C'est toute la dignité
qu'on peut offrir à une défunte

dans les circonstances.

Docteur, avant que vous partiez.

Vous êtes venu aux noces
malgré votre affection évidente.

La voir avec un autre homme
ne vous tourmentait pas ?

Il y a des gens à qui
on ne refuse rien. Elle m'a invité.

J'aimerais vous poser une question
à propos de votre passeport.

On vous appelle Dr Windlesham,
mais ce n'est pas votre titre.

- Non.
- Lord Windlesham.

Un titre que j'ai hérité
et non mérité.

En tant que Lord Windlesham,
ma vie appartient à la tradition.

En tant que médecin,
elle n'appartient qu'à moi.

Le Dr Windlesham voyage beaucoup, non ?

En Inde, en Afrique.

Une bonne partie du monde
n'a pas accès à la médecine moderne.

La plupart des nobles profitent
davantage de leur nobilité.

Linnet me taquinait à cause de ça.

Elle disait qu'elle ne passerait pas
sa lune de miel dans une case de boue.

Vous aviez de la tendresse pour elle.
Que dites-vous du mari ?

Je ne le connais pas bien.

Ce que j'en sais semble
peu recommandable.

Ce n'est pas surprenant.
M. Doyle croit que vous êtes suspect.

Moi ?

J'ai passé la nuit à son chevet.

Vous lui avez injecté un opiacé.
Il était endormi.

Vous auriez pu le quitter
sans qu'il s'en aperçoive.

- A-t-il demandé ce médicament ?
- Il souffrait.

Un antidouleur moins puissant
aurait fait l'affaire.

Vous vous êtes créé une occasion.

- C'est faux.
- Elle était cruelle, non ?

Elle affichait son nouvel amour
et vous traitait comme un petit chien.

Les voir vous faisait souffrir

et vous pouviez arrêter la douleur
par une balle, tel un opiacé.

Un lord exige
que sa volonté soit faite,

- et vous en êtes un.
- Que voulez-vous que je dise ?

Que voulez-vous que je dise ?

Que je sais que je suis ridicule ?

Je ne suis pas idiot.

Je savais
que je n'étais pas son premier choix.

Je l'acceptais.

Quand elle a épousé Simon,

j'ai songé à m'enlever la vie.

Nos fiançailles semblaient être
pour satisfaire nos familles,

les journaux, une comédie
jouée entre aristocrates.

Le plus honteux dans tout ça,

c'est que je l'aimais vraiment.

La petite Linny et le cousin Andrew.

On se connaissait depuis l'enfance.

Savez-vous si des gens ont une dent
contre la famille ?

Oui, bon nombre.

Son père a fait fortune
en appauvrissant d'autres riches.

Linny a continué dans sa lignée.

Avez-vous été conscient
du drame d'hier soir ?

J'étais déjà bien endormi à 23 h.

Les contrats que vous vouliez
faire signer sont-ils bien importants ?

Oui, ils le sont. Ils l'étaient.

Avec la mort de Linny,
tout devra être changé.

Puis-je les voir ?

Je regrette. C'est confidentiel.

Je dois insister.

- Respectez la défunte.
- Je connais leur teneur.

J'en doute fort.

Ils font de vous l'intendant
du domaine de Mme Doyle

malgré son mariage, non ?

Qui vous l'a dit ?

Je suis Hercule Poirot.

J'ai mes propres yeux pour observer.

Et mon cerveau pour penser.
Il pense plutôt du mal de vous.

Vous croyez que je l'ai tuée ?

L'avez-vous tuée ?

Sa mort ne me rapporte pas un cent,
M. Poirot.

Regardez la dernière version
de son testament.

Sa marraine recevra un héritage.

Son mari obtient légalement le reste.

Mon nom ne figure nulle part.

L'intention n'était peut-être pas
d'hériter, mais de dissimuler.

Vous contrôliez sa vaste fortune.

Tout allait bien tant qu'il n'y avait
aucune impropriété,

aucune spéculation
par le loyal cousin Andrew

à une époque
où le marché est en baisse.

Vous ne pouvez rien prouver
à partir de ce bateau.

Vous avez tenté
d'obtenir une signature

en dupant la petite Linny,
et vous avez échoué.

Vous saviez que ce n'était
qu'une question de temps

avant que ses yeux de lynx
ne repèrent votre vol,

à moins que ses yeux
ne soient fermés à jamais.

Pour mon travail, M. Poirot,

je transporte souvent des biens
qui valent des millions.

J'ai besoin de sécurité.

Si j'avais voulu la tuer,

j'aurais utilisé ceci.

Un calibre .45.

Oui.

Vous êtes libre de partir.

Un calibre .45.

Pourquoi voler l'arme
de Jackie s'il avait la sienne ?

Il n'en a rien fait.

Mlle Bowers, si vous permettez.

Il veut me parler ?
J'ai des morceaux à placer.

Vous savez peut-être
quelque chose d'important.

Ce serait tout un revirement.

Juste elle, si ça ne vous embête pas.

Au contraire, ça m'embête.

Je veux qu'on en serve
à mes funérailles.

Quand vous veilliez
sur Mlle de Bellefort,

a-t-elle prononcé des menaces
contre Linnet Doyle.

Non, seulement contre elle-même.

Elle voulait se jeter à l'eau
et ne jamais refaire surface.

C'est pour ça
que je lui ai donné de la morphine.

C'était une chance
de vous avoir parmi nous.

Êtes-vous infirmière privée
depuis longtemps ?

Bientôt dix ans.

Avec Mme Van Schuyler,
j'ai l'impression que c'est le double.

J'avais déjà un certain âge
quand j'ai pris cet emploi.

Après avoir perdu
votre grande fortune.

Ma fortune ?

Il y a des goûts qui s'acquièrent,

et vous êtes folle de truffes
et de crabe royal.

Votre robe est signée Chanel,

vos valises, Vuitton,
vos chaussures, Perugia.

Toutes à la mode d'il y a dix ans,
usées et rapiécées.

Quand aviez-vous goûté du caviar
pour la dernière fois, déjà ?

Beaucoup de fortunes ont été perdues
lors du krach.

Notamment à cause de Papa Ridgeway
et de ses pratiques sans scrupules.

Ça explique votre réaction
quant au bail de Linnet à Londres.

On appelait autrefois cette propriété
l'édifice Bowers.

Nous avions plus de mille employés,
bien payés.

Nous partagions notre richesse
quand nous l'avions.

Tant d'employés faisaient
pratiquement partie de la famille.

Certains n'ont jamais trouvé
de travail ailleurs.

Alors oui, le caviar me manque.

Mais ces gens me manquent davantage.

Poussée par vos sentiments,

alors que Mlle de Bellefort était
endormie par la morphine,

vous avez pu vous déplacer à bord,

- trouver l'arme, tuer Linnet Doyle...
- Non !

Il veut vous voir séparément.

- ...endormie.
- Madame.

- Ne vous en mêlez pas !
- Une visiteuse.

Elle ne peut pas se passer
de Mlle Bowers une seconde.

Venez prendre le thé avec nous.

Il m'a accusée d'avoir abattu Linnet.

Non.

Je suggère simplement
que c'est une possibilité.

Je désapprouve cet interrogatoire.

Qui êtes-vous
pour poser ces questions ?

Un travailleur.

Un ouvrier spécialisé,
le héros de vos contes économiques.

Cela me déplaît.
Et vous me déplaisez aussi.

Vous êtes censé démasquer l'assassin

de ma filleule.

Je n'ai pas eu d'enfants.

J'avais Linnet.

Vous savez, bien sûr,

que vous êtes parmi les principaux
bénéficiaires de son testament.

C'est moi que vous accusez
de meurtre à présent ?

Il accuse tout le monde de meurtre.

C'est un problème, je l'admets.

J'aurais tué ma propre filleule
pour son argent ?

J'ai déjà renoncé à ma fortune.

L'argent ne m'intéresse pas du tout.

Je ne vois pas de raison de continuer
cette conversation. Venez, Bowers.

Les préposés aux cabines font
un travail hors pair, n'est-ce pas ?

De l'excellent personnel d'entretien.

Il délire.

Les lits sont faits chaque jour,

les draps pliés à 45 degrés
avec une merveilleuse précision.

Pas comme le jour de notre départ,

alors que les coins
des édredons flottaient.

Quand j'ai vu
Mlle de Bellefort endormie

dans la cabine de Mlle Bowers
au troisième jour du voyage,

le lit était fait
comme au premier jour.

Comme si personne
n'y avait encore dormi.

Bouc...

Où était Mlle Bowers
quand vous avez demandé son aide ?

Dans la chambre de Mme Van Schuyler.

Je me demande...

Pourquoi cette femme si opposée
aux classes et au matérialisme

a-t-elle une domestique ?

Non.

Ce n'est pas une domestique

ni une infirmière,
seulement une compagne.

Nommons la raison.

L'amour.

Ne t'inquiète pas.

Et je sais une chose.

Ça va aller.

Les gens tuent par amour.

On a trouvé quelque chose !

Quoi ?

On a trouvé quelque chose !

Beau travail, jeune homme.
Allez vous nettoyer.

Oui, monsieur.

C'est ton châle.

Je l'avais perdu. Je le cherche
depuis l'excursion au temple.

C'est vrai,
on ne le trouvait nulle part.

Il a eu une aventure
durant votre séparation.

Votre châle, percé de trous de balle.

Utilisé pour atténuer
le bruit d'un coup de feu.

Ainsi qu'un mouchoir ensanglanté

et le pistolet calibre .22
de Jacqueline de Bellefort.

Deux balles ont été tirées.

Nous retournons immédiatement
à Assouan.

Ça me plaît.

Je reçois toute l'attention
de monsieur.

Son brillant esprit, tout à moi.

Votre coquetterie est charmante,
mais n'aura aucun effet.

Une femme manifeste
un peu d'intérêt envers vous,

et vous présumez
qu'elle cache sa culpabilité.

J'ignore qui elle était,
mais elle vous a traumatisé.

Ce masque couvre tout votre visage,
n'est-ce pas ?

Vous connaissiez Linnet Doyle
avant de venir nous divertir, non ?

On s'était croisées.

Vous ne l'aimiez pas ?

Je reste polie.

M. Doyle a parlé d'un incident
avec la victime il y a longtemps.

De quoi nourrir l'animosité
entre vous.

Au bord de la piscine,
à Kennebunkport.

Été 1924, avant que je sois connue.

Je chantais à l'hôtel et j'ai emmené
Rosie nager avant de repartir.

Une fille s'est plainte à son papa
qu'il y avait une noire à la piscine.

On nous a demandé de partir,
et vu mon refus, on nous a forcées.

Je ne croyais pas
qu'elle s'en souvienne. Moi, oui.

C'était en 1925.

Elle s'en souvient aussi.

Elle vous a fait honte
devant votre pupille.

S'il fallait que je tire
sur tous ceux qui m'ont malmenée

parce que j'étais insoumise,

le monde serait jonché
de femmes blanches mortes.

Linnet n'était qu'une enfant
à l'époque.

Son père lui donnait
le mauvais exemple.

Au pensionnat,
elle est devenue mon amie.

Ça a encouragé les autres filles
à faire de même.

À vrai dire,

Linnet inspirait autant l'amour
que la haine.

Je crois avoir ressenti les deux.

C'est une réponse très honnête.

Merci à toutes les deux
pour votre temps.

J'ai une dernière question,
par simple curiosité personnelle.

Votre chapeau, cette espèce de turban.

Vous portez ce style
chaque fois que je vous vois,

mais il est démodé, non ?

Pas quand c'est moi qui le porte.

Puis-je vous demander de l'enlever ?

Ça va, Rosie.

Il sait déjà ce qu'il va y trouver.

Un calibre .22,
comme celui qui a tué Linnet Doyle.

Je m'en suis servie,
au cas où vous vous le demanderiez.

Deux fois pour me défendre,
une fois par colère.

Cette fois n'était pas
la nuit dernière.

À vous de me dire si je mens.

M. Poirot.

Le moment est mal choisi, madame.

C'est censé être vous,
le détective,

mais c'est moi qui ai trouvé ceci.

Il était dans le tiroir de ma vanité,

tourné vers le haut,
brillant de tous ses feux.

Vous savez que je ne l'ai pas volé.

Le tueur vous l'a confié
pour que vous le rendiez.

- Merci.
- À moins...

- Poirot.
- À moins que quoi ?

À moins que vous ayez pris le collier
pour détourner les soupçons.

Il est facile
de jeter une preuve par-dessus bord.

Le coupable se donne en spectacle.

Pourquoi ma mère
aurait-elle tué Linnet ?

Tu as dit qu'elle en voulait à Linnet
de t'avoir présenté ta bien-aimée.

C'est par Linnet Doyle que votre fils
a connu une femme qui vous déplaît.

Si une balle pouvait corriger
le mauvais goût de mon fils,

ce n'est pas sur Mme Doyle
que je tirerais.

Je t'en prie, tu n'aides pas ta cause.

Peut-être.
Mais j'ai vu vos superbes paysages.

Vous êtes patiente et vous obtenez
ce que vous voulez avec le temps.

Vous avez planifié ma présence à bord

tout en dirigeant mes soupçons
dans une autre direction.

C'est une affaire personnelle.

C'est une affaire conclue.

- Ça suffit.
- En effet.

Je suis prêt
à présenter les conclusions

de mon autre enquête,
la secrète, une fois pour toutes.

Une enquête secrète ? Quoi ?

Qu'est-ce qu'il raconte ?

Maman ?

Merci de vous joindre à nous.

Bouc.

J'ai des aveux à te faire.

Quand on s'est croisés à Gizeh,
j'ai dit que j'étais en vacances.

En fait, je travaillais
et travaille encore à une enquête.

Laquelle ?

J'enquête sur toi.

À la demande de ta mère, qui m'a écrit
en détresse il y a des semaines.

Ma mère, en détresse ?

Elle m'a demandé
de surveiller les Otterbourne

pour évaluer le caractère
et les aptitudes de la femme

qui a conquis ton cœur.

Tu m'as fait ça ?

Je suis ta mère. J'ai fait bien pire.

Pour les observer,

j'ai assisté
à de nombreux concerts de blues.

Je ne croyais pas aimer ça,
mais j'admets que ça me plaît

quand Mme Otterbourne chante.
Pas mon genre, mais très agréable.

C'est pour ça que tu étais à Gizeh.

Qu'on s'est croisés "par hasard".

Excuse-moi.

Je voulais
que tu comprennes qui elle est.

Dites-le-lui, détective.

Je vais te le dire, Bouc.

Après avoir observé
Rosalie Otterbourne

et inspecté son journal comptable...

Oui, je sais, pardonnez-moi, madame.

Quoi ?

Je peux dire qu'elle parie souvent,
mais gagne fréquemment.

Elle boit peu, donne de généreux
pourboires, paie ses employés

et ses impôts à temps,
jusqu'au dernier cent.

Elle est travaillante et honnête.

En affaires,
c'est peut-être même une virtuose.

Mais au piano, une simple amatrice.

Sa mère adoptive boit trop
deux fois par semaine ou plus.

Elle fume des cigarettes
de diverses compositions.

Et je crois qu'au moins deux
de ses mariages n'ont pas été

terminés en toute légalité.

Mais elle a
une personnalité remarquable.

Je ne sais pas encore
qui a tué Linnet Doyle.

Mais je sais une chose.

Rosalie Otterbourne est amoureuse
de votre fils et supérieure à lui.

Elle est plus qu'adéquate.
C'est une vraie perle.

Ça ne te suffisait pas
qu'on soit heureux.

Malgré ce qu'il dit,
je me méfie toujours d'elle.

Je l'aime.
Ça vaut forcément quelque chose.

Pourquoi donc ?

Les Corinthiens se trompent
à tous les égards.

L'amour n'est ni patient ni généreux.

Il est envieux, vantard et sans pitié.

Il est colérique et irritable,
il n'oublie jamais une transgression,

et bon Dieu, il disparaît.

Tout comme chaque visage vieillit,
l'amour disparaît à tout coup.

Il veut votre permission,
mais il n'en a pas besoin.

Tout comme je n'ai pas besoin
de votre approbation.

Ni de la vôtre.

J'ai eu l'occasion de vous observer.

Savez-vous ce que je pense
de votre caractère ?

Vous êtes obsessif,
vaniteux et suffisant.

Ce n'est pas sans raison
que vous êtes esseulé.

Détestable, éprouvant, pétulant...

Un vrai petit monstre égocentrique.

Comment osez-vous ?

Écartez-vous de mon chemin.

Mademoiselle, permettez-moi.

Mlle Otterbourne,
je vous dois des explications.

Je vous en prie. Acceptez mes excuses.

Connaissez-vous un autre homme
qui prononce son nom aussi souvent...

C'est confirmé.

C'est bien Louise Bourget.

Aucun signe de noyade.

On l'a jetée à l'eau après sa mort.

Elle est restée prise dans les aubes.

Elle a été assassinée à bord.

Il y a moins d'une heure.

De l'argent.

Couvert de sang.

Louise Bourget a laissé entendre

qu'elle aurait pu voir
le tueur s'échapper.

Si c'est le cas,
il a pu tenter d'acheter son silence.

Du chantage.

Mais il a préféré
la faire taire à jamais.

On lui a tranché la gorge.
Avec une lame

courte.

Très tranchante. Comme...

Comme un scalpel.

Vous !

Vous les avez tuées !

C'était son scalpel !

Il a tué Louise !

Elle l'a vu sortir
de la cabine de Linny.

Vous mentez depuis.

C'est de vous
que Linnet devait se méfier.

Je lui ai toujours dit
que vous lui soutiriez des millions.

Assassin !

Je vous tuerai !

Arrêtez !

Lâchez-moi !

Ayez un peu de respect !

Combien mourront
avant que vous interveniez ?

On lui a tranché la gorge
alors que vous me faisiez la vie dure.

Il fait de son mieux.

Il doit faire encore mieux,

autrement on finira tous
dans une prison égyptienne.

Si vous refusez de nommer le tueur,
je le ferai.

Non.

Il aimait trop Linnet.

Voilà justement le mobile.

Taisez-vous
et laissez Poirot travailler.

Quoi qu'il arrive,
nous serons au port au matin.

Le plus sûr pour l'instant est
de rester dans nos cabines,

portes verrouillées.

Elle a eu un fiancé
pendant un certain temps.

Je devrais lui écrire

pour lui faire savoir
qu'elle nous a quittés.

Ils s'étaient séparés,
mais il devrait être au courant.

C'est gentil de votre part.

C'est horrible, tout ça.

Qui ferait une chose pareille ?

Vous avez sûrement une théorie,
M. Poirot.

N'est-ce pas ?

J'ai un dernier interrogatoire
à mener.

À pleine vapeur !

Puisque j'ai laissé mon affection

influencer mon jugement
au cours de cette enquête,

je vous demande d'être témoin
de cet interrogatoire.

Depuis quand
connaissais-tu Linnet Doyle ?

Tu me soupçonnes, à présent ?

Depuis quand la connaissais-tu ?

Je connais tes astuces.

J'ai déjà observé ce petit jeu
depuis l'autre côté de la table.

Ça faisait longtemps.

On n'était pas proches,
mais on se côtoyait.

Mes parents considéraient les siens
comme des égaux,

alors on fréquentait les mêmes fêtes,
on embrassait nos amis en commun.

Tu ne peux m'accuser de rien,
car je n'ai rien fait.

Pose tes questions.

Où est ton manteau ?

Pourquoi n'as-tu pas réveillé Linnet
quand Simon s'est fait tirer dessus ?

Poirot.

Arrête.

Son mari s'est fait tirer dessus.

Tu sympathises beaucoup
avec l'ex-fiancé de Louise Bourget.

Tu veux qu'il sache ce qui est arrivé.

Tu n'as pas eu
la même sympathie pour Linnet.

Je croyais qu'elle serait endormie.

Elle avait dit
qu'elle prendrait un somnifère.

Balivernes !

J'étais si heureux de te voir, Bouc.

Mais tu me mens.

Tu me mens en plein visage !

Cela fait de toi ma proie.

Que s'est-il passé ? A-t-il tué Linnet ?

As-tu agi avec Rosalie ?

Non, elle est honnête.
Trop fière pour vivre en volant.

Tu as agi seul.

Non.

Tu es retourné au parloir seul
et tu as récupéré l'arme.

Tu es allé à la cabine des Doyle
dire à Linnet ce qui était arrivé.

Elle dormait. Tu as vu le collier.
Tu as été saisi par la tentation.

- Elle s'est réveillée, tu as tiré.
- Non. Ce n'est pas...

Louise Bourget t'a vu partir
et a exigé de l'argent.

Tu as plutôt apporté une lame.

Non, je n'ai pas tué...

Deux meurtres ! Pour une fortune volée,
pour te marier sans permission,

seulement avec l'aval de ta mère.

Je n'ai tué personne.

Je n'ai pas trouvé l'arme.
Ce n'est pas ce qui est arrivé.

Non, tu n'as tué personne.

Le meurtre
de Linnet Doyle était prémédité.

Il fallait une synchronisation
parfaite, un châle volé.

Tu ne l'as pas tuée,
mais tu es entré dans sa cabine

et tu l'as trouvée déjà morte.

Tu as été le premier
à savoir qu'elle avait été tuée.

Mais au lieu d'appeler à l'aide,

tu as volé le collier.

Quand tu as su qu'on fouillait
les cabines, tu as voulu le rendre.

Mais tu as vu Louise Bourget
demander de l'argent à quelqu'un.

Tu as vu ce quelqu'un
lui trancher la gorge.

Tu as été témoin de son meurtre.

Vous savez qui a tué Louise ?

Mais tu ne pouvais rien dire
sans avouer le vol du collier,

alors tu l'as caché dans la chambre
de ta mère. Elle ne serait pas blâmée.

Tu as gardé le silence.

Mais ton manteau était taché
du sang de Louise.

Si...

Si j'avoue ceci, si je le dis...

Tu seras accusé de vol.
Tu risques la prison.

Je perdrai Rosalie.

Elle t'aime.

Je ne peux pas...

Tu ne peux pas laisser filer un tueur
pour te protéger.

Je voulais te le dire.

Ma seule pensée était...

Ma seule pensée était
qu'on serait si heureux.

On pourrait partir et se marier.

Aucune obligation. On serait libres.

Imbécile !

J'ai été un vrai imbécile, je sais.

Avec qui l'as-tu vue ?

Tu as été un mauvais ami, Poirot.

Pourquoi m'as-tu enseigné
à être quelqu'un de bien ?

Qui ?

Tu ne pourrais jamais comprendre

ce que font les gens par amour.

Allez !

Non.

Bouc ?

J'ai entendu des coups de feu.

Quelqu'un a tiré.

Que se passe-t-il ?

L'avez-vous attrapé ?

Poirot, avez-vous attrapé le coupable ?

Qu'y a-t-il ?

Quelqu'un est blessé ?

Je n'ai vu personne
d'aussi heureux que lui

quand il était avec vous.

Il m'a dit qu'il espérait
que vous connaissiez le même bonheur.

Que vous vous lassiez
d'être un détective insensible.

Que vous deveniez humain.

Je ne veux pas que vous soyez heureux.

Je veux que vous trouviez le coupable.

C'est votre arme qui l'a tué.

C'était son arme à lui !

- J'étais là !
- Son arme à lui !

- J'étais là.
- Je ne vous crois pas.

Vous étiez là.
Vous m'avez vu. Dites-le-lui.

C'est vrai. Il était là.

Non.

Mon pistolet était dans ma valise,
dans ma cabine et...

Pourquoi le laisser sans surveillance
alors qu'il y a un tueur à bord ?

Parce que...

On arrivera au port à l'aube.

Si la police voit un homme armé
à la peau foncée,

je risque d'être abattu
avant d'aller à la potence.

Vous avez échoué

dans tous vos devoirs.

Vous, son ami.

Je les ai tous laissés tomber.

Linnet Doyle.

Louise Bourget.

Bouc.

Je lui rendrai justice.

L'assassin est parmi nous.

Il restera ici.

Mlle Otterbourne a raison.
J'aime parler.

Avoir un public.

Je suis vaniteux, c'est vrai.

J'aime qu'on m'entende
résoudre un crime et qu'on dise :

"Hercule Poirot est si brillant."

En ce moment,
je donnerais n'importe quoi

pour avoir une conversation

avec Bouc.

Je ferais les cent pas et dirais :
"Une personne comme Linnet Doyle

"attise tant de haine et de jalousie.

"On croirait un nuage de mouches
qui bourdonnent."

Il me trouverait drôle.

Il dirait :
"Fais ce que tu fais de mieux.

"Pose tes questions
jusqu'à ce que tu trouves la bonne."

"Qui pourrait vouloir la tuer ?

"Qui aurait pu le faire ?"

Je poserais mes questions et verrais.

Bouc m'a montré une chose trop tard.

Une personne amoureuse
ferait n'importe quoi.

L'amour nous rend téméraires,
nous rend imprudents.

La chute d'un rocher, imprudent.

L'assassinat de Louise, hardi.
Bouc a été abattu.

Je croyais l'identité du tueur
de Mme Doyle évidente.

Le cousin Andrew Katchadourian.

Il est passé à l'acte
au temple d'Abou Simbel

alors qu'il se promenait,
seul et désespéré.

Il a vu l'occasion de cacher
ses péchés sous un rocher...

et en a poussé un.

J'ignore ce qui m'a pris.

Je ne réfléchissais pas.

Je les ai vus, en bas.

Dieu merci, j'ai raté la cible.

Vous devez tous savoir

que je ne l'ai pas tuée.
Je n'aurais jamais pu.

Je l'aimais.

Je ne l'ai pas tuée !

Non, il ne l'a pas tuée.

Le meurtre de Linnet Doyle était
un acte méthodiquement planifié.

Les détails, l'heure,
les balles, les alibis.

Mais planifié par qui ?

Revenons à Bouc.

Pourquoi l'avez-vous peint
vêtu d'un manteau vert ?

Il portait du rouge sur la pyramide.

Mon tube de rouge a disparu.

Il a été volé

par l'assassin de Linnet Doyle.

Par son mari, Simon Doyle.

Moi ?

C'est ridicule.

Mais comment ? Il était blessé.

Blessé par balle, on le sait.

Mais on ignore
à quel moment exactement

ainsi que ce qu'il a fait
après qu'on l'a cru blessé.

Pensez-y...

Mme Doyle a dit que son mari
a réprimandé Louise pour du vernis

oublié à l'hôtel.
Pourquoi s'en souciait-il ?

Mme Doyle portait
du vernis à ongles rouge sang

qui avait une utilité pour lui.

ROUGE CARMIN

Il dû improviser avec la peinture.

Il ne s'attendait pas non plus
à ce que sa femme invite un détective.

Par prudence, il m'a endormi.
Un seul verre de champagne,

bu à son insistance, m'a obligé
à aller au lit, la tête qui tournait.

J'ai été drogué avant sa prestation.

Mlle Otterbourne,
vous avez vu un coup de feu.

Vous avez vu Simon tomber.

Un mouchoir taché de sang
contre la jambe. Vous êtes sortie.

Vous avez veillé sur Jackie
et trouvé le médecin.

L'assassin avait
quelques moments seul.

Quelques moments suffisaient.
Il a ramassé l'arme.

Il a couru à la cabine de sa femme.

Simon...

Et il lui a tiré une balle
dans la tempe.

Les blessures de Linnet Doyle
portaient des traces de brûlure.

Le foulard volé les aurait prévenues,
mais ce n'est pas là qu'il a servi.

Il a servi à étouffer le son
d'un autre coup de feu.

- Qu'y a-t-il, Bouc ?
- Il y a eu un accident.

Il est retourné

chercher le foulard qu'il avait caché.

Il a réutilisé l'arme
pour se tirer une balle dans la jambe.

Après, il a remis une balle
dans le chargeur. S'il était trouvé,

on croirait que deux coups,
et non trois, avaient été tirés.

Il a noué le châle
autour du mouchoir et de l'arme

et a jeté le tout dans le Nil.

Il s'est ensuite préparé
pour l'arrivée du Dr Windlesham.

Elle m'a tiré dessus !

Je ne peux pas bouger ma jambe.

Votre alibi était assuré,
et vous étiez entouré de suspects.

Vous aviez invité
non seulement des parents et amis,

mais en particulier ceux qui pouvaient
en vouloir à votre femme.

Même notre musicienne.

Tout en vous faisant passer
pour un nouveau marié attentionné.

Les soupçons fuseraient dans toutes
les directions, sauf la vôtre.

Vous êtes cinglé.

Je me tirerais dessus,
puis je tuerais Louise et Bouc ?

Il a raison.

Il n'a pas pu les tuer.

Il ne l'a pas fait.

Ces autres meurtres ont été commis
par sa complice du premier,

le cerveau, je crois,
derrière cet ingénieux complot.

Jacqueline de Bellefort.

Son amante, autrefois et aujourd'hui.

Elle les a présentés, puis harcelés.
Elle les a rejoints à bord.

Elle a tiré à blanc sur Simon.

Le tout pour créer
deux alibis en béton.

Le mari éploré
qui hérite la fortune de sa femme

et qui, avec le temps,
épouse la femme qu'il aime.

Qu'il a toujours aimée.

J'ai reçu une étrange réponse
quand j'ai interrogé Louise Bourget.

"En sortant de ma cabine,
j'aurais pu voir le tueur."

Une menace voilée
à l'intention du tueur de Linnet,

qui se trouvait alors dans la pièce.

Simon Doyle.

Il a assuré à Louise
qu'il s'occuperait d'elle.

C'est bien ce qu'il a fait.

Dès que cela a été possible,
Simon a averti Jacqueline

du nouveau danger.

Il lui a dit où trouver une arme.

Et quand Bouc...

Quand Bouc a compris
qui avait tué Louise, Simon a crié...

Allez !

...pour avertir sa complice,

qui a tiré une balle
dans la gorge de Bouc

avant qu'il ne dénonce
Jacqueline de Bellefort.

Vous avez tué mon fils ?

Tu mourras pour ça, j'y verrai.

Rosie, je t'en prie.

Je le jure.

Je le jure.

Vous ne pouvez pas le croire.

Il n'a aucune preuve.

Je n'ai qu'un pistolet jeté à l'eau,
toute empreinte effacée, en effet.

Mais il venait avec un cadeau.

Le mouchoir.

L'eau tiède du Nil au printemps
délaverait le sang, le rendrait brun.

Dans ces mêmes eaux mystérieuses,
la peinture rouge carmin devient

rose.

Hercule Poirot est si brillant.

Était-ce son ambition ou la vôtre ?

Il avait besoin de choses.

J'avais besoin de lui.

Même si l'argent
ne vous importait pas,

vous ne pouviez pas dire non.

Pas même lui refuser un plan
qu'il était incapable de monter seul.

Simon, que faire ?

Filons.

On sera arrêtés, séparés.

Quittons le bateau et fuyons.

Viens.

Ça va, Simon. Donne-le-moi.

Écoute-moi.

On peut s'en sortir.

Il faut partir maintenant
et rester forts.

On sera forts.

On sera forts.

Je t'aime.

Je regrette
que vous soyez devenue si riche.

Ça peut s'arranger.

On va peut-être en garder un peu.

Viens.

Va-t-on m'arrêter ?

Non.

Tant que vous réglez
ses affaires honnêtement

et remboursez ce que vous devez.

Rentrez-vous à Londres, docteur ?

Il n'y a plus rien pour moi là-bas.

L'Afrique de l'Ouest.

Je pourrai peut-être m'y rendre utile.

J'aurais préféré
ne jamais vous voir à l'œuvre.

Peut-être...

LONDRES - SIX MOIS PLUS TARD

- Au revoir, Syd.
- Merci pour ce soir.

À dans quelques jours.

Une dernière chanson,
puis le groupe doit finir de répéter.

Attention, monsieur.

Quand la tempête

De la vie fait rage

Reste à mes côtés

Quand la tempête

C'est fermé, l'ami.

De la vie fait rage

Reste à mes côtés

Quand ce monde

Me fait tanguer

Oh !

- Hé, hé, hé
- Comme un bateau

Oh oui

Sur l'océan

Reste

À mes côtés

Sous-titres : Elsa Deland

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