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TOUT CECI EST VRAI
PRESQUE TOUT EST ARRIVÉ

C'est un classique.

J’ai l’intention de devenir
l’américain le plus photographié

de ce siècle.

Vous voulez savoir pourquoi ?

Capturer la ressemblance
des individus

sera le grand niveleur
de notre culture.

Dans le nord, ils montreront
la dignité des plus pauvres.

Regardez juste par ici.

Par ici.

Dans le sud, il y a des personnes,

des lieux et des institutions
qui aimerait rester

inconnus, insoupçonnés, invisibles.

Cette nouvelle invention illustrera
l’humanité des noirs

et l'inhumanité de l'esclavage.

Je ne souris jamais
sur mes portraits.

Je refuse d'ajouter foi

aux caricatures sudistes
qui montrent des noirs heureux.

Je ne suis pas heureux.

Je m’habille bien pour mes portraits

et pour montrer ma "majestueuse colère"
comme certains l’appellent.

Honnêtement ?

Je suis amoureux de cet appareil.

Et l'appareil est amoureux de moi.

Le vieux avait reçu une
énorme donation pour la cause

de la femme noire
la plus riche d’Amérique :

Elisabeth A. Gloucester.

Il m'a envoyé avec Cook à Harpers Ferry
pour rassembler les abeilles.

Quelle belle vue.

Tu fais quoi ?

J'exécute notre mission, jeune fille.

Cook était un beau scélérat
mais un vrai moulin à paroles.

Bonjour.

Owen avait peur qu'il révèle
notre plan à toute la Virginie.

- Que faites-vous ?
- Mais le vieux était convaincu

qu'il ne pourrait pas ruiner
le plan de Dieu.

Il a dit que personne ne croirait
un fanfaron comme lui.

- Mary.
- Mary, bonjour.

Je n’en étais pas si sûr.

On aurait dit que la gent féminine

prenait tout ce que disait Cook
comme parole d'évangile.

Descends, Oignon,
pour que jolie Mary puisse monter.

Elle dit qu'il y a une maison
à louer au bout de la route.

Descends ?

Elle peut pas marcher ?

Vous laissez votre esclave vous parler
comme ça ? Elle devrait être fouettée.

Elle oublie sa place parfois,

vu que je suis un maître si gentil.

Mary a gentiment offert de marchander

avec la veuve Kennedy qui

possède la ferme là-bas.

C'est une vieille mégère,

mais je pense pouvoir
vous avoir un bon prix.

Tant que ce n'est pas
trop près de la route.

Rappelle-toi, le vieux a dit...

Oui, je suis sûr que
ce que vous négocierez sera bien.

Maintenant, descends ton cul de noir,

de peur que je t'arrache le bras
et que je te frappe avec.

- Avec votre permission, bien sûr.
- Bien sûr.

Ça ne plaira pas au vieux, Cook.

Le vieux ne t'a pas donné
du travail ?

Pourquoi tu n'irais pas chercher
les noirs comme demandé ?

Mary,

mon esclave ici

recherche quelques noirs
à qui elle pourrait se joindre.

Il y en a pas mal dans les environs.

Jette une pierre
et tu en toucheras un.

Comme je l'ai dit,

je suis en mission très importante.

Et Oignon ici,

doit recruter
des personnes de couleur.

Pas vrai, Oignon ?

Il y a des nègres libres
aux grands airs

qui se baladent en ville,
mais ils ne valent pas grand chose.

Il y aussi la plantation
du colonel Lewis Washington

sur la route un peu plus loin par là.

Tu attends quoi ?

Allez.

LE COCHER

- Bonjour.
- Bonjour.

Qu'est-ce qu'un garçon maigrichon
habillé en fille

fait ici ?

Je cherche des amis.

Ce ne sont pas mes affaires.

Repars d'où tu viens.

J'essaie juste de tâter le terrain.

Il est devant toi.

Je me demandais

si vous connaissiez quelqu'un
qui veut connaître son alphabet.

Les noirs
n'ont aucune raison de lire.

Certains le font.

Je ne sais rien là-dessus.

Que fais-tu ici ?

J'ai dit, que fais-tu ici ?

Dis pourquoi tu es ici,
tu es déjà dans le pétrin à rôder

sur la propriété
du colonel Washington

sans permission.

Je me suis perdue.

Quel est le mot ?

Le mot ?

Quelle chanson tu chantes ?

Je connais que des chansons
du sud comme...

♪ Old Coon Callaway, come on home ♪

C'est quoi ton problème ?

Tu es une fugitive ou non ?

Non, pas vraiment.

Il y a deux réponses.
Oui ou non ?

Tu es sur le train du gospel ?

Je suis venue en chariot.

Pas le vrai train, petite.

Le chemin de fer clandestin.

Je suis ici pour
rassembler les abeilles.

- Rassembler quoi ?
- Les abeilles.

Je suis venu vous prévenir

qu'il se prépare
quelque chose à Ferry.

Pourquoi tu es habillé
comme une fille ?

Tu as une drôle d'allure, petit.

Si je vous dis qu'il va se passer
quelque chose d'énorme,

pourriez-vous réveiller la ruche ?

Rassembler les noirs.

Tu cherches les problèmes
à parler comme ça.

Si j'étais ton père,
je te botterais les fesses

et t'enverrais brailler plus loin.

Bon, tu es avec la cause ou non ?

Je suis avec John Brown.

Le vieux John Brown
est mort dans le Kansas.

Un homme à l'église
me l'a lu dans le journal.

Abattu dans la rivière.

Il n'est pas mort.

John Brown est en vie

et il va venir libérer
tous les esclaves.

Tu es un menteur.

Je ne mens pas.
Je peux le prouver.

Comme je l'ai dit à la dame,
je sais lire.

Je pourrais vous lire une lettre de
John Brown prouvant qu'il est en vie.

Cette dame à qui tu parlais,
c'est ma femme.

Elle n'est pas du train du gospel.

Tu parles aux mauvaises personnes,

mentant sur le fait que
le vieux John Brown soit en vie.

Je le jure devant Dieu, il arrive.

C'est quoi ton problème ?

À mentir alors que
Dieu peut t'entendre ?

Tu vas faire tuer
tous les noirs du coin

en parlant ainsi.

Tu devrais faire attention
à ce que tu dis.

Reste hors de la propriété
du colonel Washington.

Pars !

Excusez-moi.

Comme quand un nouveau
arrive dans un camp de prisonnier,

la rumeur s'était vite propagée.

Excusez-moi, monsieur.

Et la rumeur sur moi
n'était pas aimable.

Va t'en, vermine.

Je n'ai rien à voir avec toi
et ceux de ton genre.

Tu vas tous nous faire tuer.

Lis ça.

"Cher Rufus,

S'il te plaît, donne à mon cocher Jim
quatre louche et deux cuillères

de ton magasin et assure-toi

qu'il ne mange pas plus
de petits pains.

Il est assez gros comme ça.

Signé, Lewis Washington".

Foutu vieux con.

Il n'a jamais travaillé et me nourrit

de gruau de maïs et de pains rassis.

Il s'attendait à quoi ?

Tu ne mentais pas sur une chose.

Mais si ce que tu dis est vrai,
si le vieux John Brown arrive,

pourquoi a-t-il envoyé une fillette
faire le boulot d'un homme ?

Demandez-lui quand il arrivera.

John Brown vous fera regretter

de m'avoir traité de menteur.

Je ne sais pas si tu mens ou pas.

C'est dur de le comprendre,
animé comme il est,

il va venir ici où
il y a armes et soldats,

pour se battre pour les noirs.

C'est un homme brave,
mais il n'est pas idiot.

Il se jette dans la gueule du lion.

Le vieux a dit que pour tuer un lion,

il faut couper sa tête, pas sa queue.

MME HUFFMASTER

Je suis venue voir ton maître.

Tu ne m'invites pas à entrer ?

Le maître dort.
Il n'aime pas qu'on le dérange.

Je cherche quelqu'un,
mademoiselle Mary.

Tu l'as vue ?

Je ne connais personne de ce nom.

Tu mens comme un arracheur de dents.

J'ai entendu dire qu'elle avait
passé la semaine dans

cette maison avec ton maître.

Donc je vais te le redemander.

Connais-tu la femme de mon frère,
Mary Huffmaster ?

Non, madame. Mais je m'assurerai
de dire à M. Cook que vous êtes passée.

Je vis de l'autre côté

et je peux voir ton porche du mien.

Et je sais que tu es une menteuse.

Cook, on est dans le rouge
avec les voisins.

Tu dois faire ta part !

Je t'entends, Oignon !

On a bientôt fini.

Ne parie jamais
si tu ne peux pas te le permettre.

Heureusement, on le peut.

Une autre règle,

quand on joue avec un inconnu :

Ne t'éloigne pas.

Regarde-le faire.

C'est là que la tricherie commence.

Sors un peu d'argent de la boîte.

Pas mal.

Tires-en sept.

Retourne-les.

Un noir à la station
a demandé après toi aujourd'hui.

Après moi ?

Pourquoi ?

J'ai dit que
j'étais avec le capitaine,

mais c'est avec toi
qu'il veut parler.

Tu peux le faire venir ici ?

Non, il a dit que le cheminot
ne viendrait pas ici.

C'est trop dangereux.

Les noirs ici sont vraiment...

méfiants.

Tu viendras avec moi ?

Non.

Il t'a dit de venir seul.

LE CHEMINOT

Ça prend une heure pour faire monter
la pression. Peut-être même deux.

C'est le temps que j'ai à t'accorder.

Vous êtes le cheminot ?

Ça n'a pas d'importance qui je suis.

Ce qui importe,
c'est qui tu es.

Je suis un messager.

Comme l'était Jésus,
mais tu ne le voyais pas courir

de partout en jupe et culotte.

Tout ce que vous devez savoir
c'est que John Brown m'a envoyé ici

pour rassembler les abeilles.

Vous êtes venus
dans la mauvaise ville.

Il y a seulement 1 200 noirs ici.

Et un grand nombre
sont des femmes et des enfants.

Le reste ?

Merde.

Pourquoi John Brown n'est pas allé
à 97 km à l'est, à Baltimore ?

Ou Washington ?

Même sur la rive est du Maryland ?

Les noirs là-bas lisent le journal.

Ils ont des bateaux, des armes.

Certains sont marins.

Des personnes qui peuvent
en déplacer d'autres.

Ça aurait été du gâteau.

Mais ici ?

On est cernés, de tous les côtés,

par des blancs dans chaque comté.

Il y a des armes ici.

C'est pour ça qu'il vient.

Il veut voler les armes
pour les donner aux noirs.

- C'est une attaque surprise.
- Je t'en prie.

Ce n'est pas une surprise.

J'ai détesté l'idée
dès que je l'ai entendue.

Les noirs ici ne savent pas
à quoi ressemble un fusil.

Ils ne sauront pas s'en servir.

Tu as entendu ça où ?

De la générale.

C'est pour ça que je suis là.

La générale va venir ?

Je n'espère pas.

Elle se prendrait
une balle dans la tête.

Et ton capitaine,

je prie pour lui chaque nuit,

mais il rentrera chez lui

en pièces avec tous les noirs
assez stupides pour le suivre.

J'ai une femme et trois enfants

en esclavage ici.

J'ai assez d'argent
pour en libérer un.

Une décision

qu'aucun homme
ne devrait avoir à faire.

Mais la générale dit
que c'est comme ça

qu'ils seront vraiment libres.

Ils sont combien dans son armée ?

Au dernier compte, environ 16.

Merde.

C'est à peine assez
pour une partie de dès.

Explique-moi le reste du plan.

L'attaque se déroulera
dans quatre semaines.

Les hommes du capitaine attraperont
le veilleur de nuit.

Puis, vous entrez en jeu.

Il faut que vous nous livrez
des esclaves qui puissent se battre.

Il s'attend à ce que je les trouve où ?
En Afrique ?

Vous êtes un gros bonnet
du chemin de fer clandestin, non ?

Conduire une ou deux personnes
vers la liberté à Philadelphie

est une chose.

Mais ramener 200 personnes
de Baltimore et D.C,

c'est autre chose.

Je dis quoi au vieux ?

Dis lui ça.

Il y a des centaines de noirs
à Baltimore et D.C

qui meurent d'envie
de se battre contre l'esclavage.

Il faut vite leur faire
passer le message,

et je sais comment faire.

Des garçons à Baltimore
gèrent un loto clandestin.

Les noirs en esclavage
et libres y jouent.

J'y joue aussi.

Si le vieux pouvait
leur graisser la pâte,

ils répandraient la nouvelle
comme une traînée de poudre.

S'il y a de l'argent en jeu...

c'est tout ce qui les intéresse.

On parle de combien ?

500 devrait suffire.

500$ ?

Passe le message au vieux.

Laisse-le décider.

Je ramènerai aussi
des chariots et des chevaux.

Je serai de retour pour la réponse
à ma prochaine venue.

Attendez.

400...

500.

Voici la réponse du vieux.

Lâche-moi !

Vous devez y aller !

Mon mari est de retour ?

Que se passe-t-il ?

Que se passe-t-il ? Oignon !

"Je vous donne ma paix.

Je ne vous donne pas
comme le monde donne.

Que votre cœur ne se trouble point

et ne s'alarme point".

Jean 14.

Quelle belle jeune femme
tu es devenue.

J'imagine que tu as tenu ta langue
à propos de nos affaires ?

J'ai été muet comme une carpe.

Ce n'est pas le logement
que j'ai demandé.

C'est trop loin de Ferry,
trop proche de la route.

Il n'y avait pas grand chose
à louer, capitaine.

Ça suffira.

L'armée arrive.

Dis-lui qu'on est là !

Dieu merci,
enfin sorti de ce cercueil.

Je perdais la tête,

- enfermé là-dedans.
- Ce n'était pas génial

non plus de supporter
ton odeur pendant 32 km.

Entrez, allez boire de l'eau.

Tu as l'air différent.

- Comment ça ?
- Encore plus moche.

Plus vieux, je ne sais pas,
c'est dur à dire dans cette robe.

Tu dois être Oignon.

Mon père m'a beaucoup parlé de toi.

C'est un plaisir de te rencontrer.

Allez, viens.

- Vous vous êtes rencontrés ?
- Oui, père.

Taisez-vous.

Écoutez !

Voici les règles.

On se cache à l'étage la journée.

On fait nos affaires la nuit.

Et vous n'allez pas devant.

On a des voisins curieux.

Si quelqu'un frappe à la porte,

moi ou un autre Brown y répondront.

Si vous avez besoin de crier,

faites-le quand il y a du tonnerre.

Allez, on décampe.

Prenez vos affaires.
On reste à l'étage.

À l'étage !
Allez.

Je dois m'asseoir une seconde.

Repose-toi, Martha.

Oignon, aide-moi
à étaler ses cartes.

Mets-la sur la table là.

On dirait que M. Cook
a jugé nécessaire

de sonder le voisinage
de façon intime.

Tu penses qu'il a tenu sa langue ?

Plus ou moins, capitaine,

- dans les limites.
- Peu importe.

Bientôt, l'armée sera rassemblée,

le jour arrivera
et on s'armera.

Dis-moi comment se passe
le rassemblement des abeilles.

Ça se passe, capitaine.

J'ai donné l'argent au cheminot
pour rassembler

les noirs.

Dieu soit loué.

Rassembler les noirs

est la partie la plus importante
de notre plan.

Ils viendront par milliers,
c'est sûr.

- On doit être prêts.
- Bonjour, papa.

Bonjour.

Annie va s'occuper
de ton instruction.

Elle te fera lire les livres importants,
ainsi que la Bible.

Je pensais que la Bible était
le livre le plus important.

Tu entends ça ?

Les anges chantent
tes louages, Oignon.

Il y a aussi Emerson,
Thoreau, Shakespeare.

J'ai ramené une collection.

Fantastique.

Annie t'apprendra aussi

l'hygiène féminine,

vu que j'imagine que
ça ne devrait pas tarder.

Sauf si c'est déjà arrivé ?

Je n'avais jamais rencontré
une fille comme Annie Brown.

La vérité, c'est que
jusqu'à ce moment,

j'avais rencontré que des femmes

mesquines qui buvait du tord-boyaux

et essayaient de dépouiller
des hommes jusqu'au dernier sou.

Annie n'était pas du tout comme ça.

Non, monsieur.

On a tout nettoyé.

Reposons-nous...

Pas tout.

"Visage, pieds, aisselles
et parties intimes".

C'est ce que maman disait toujours.

Ta maman, elle en fait trop.

Je vais chercher plus d'eau.

Non, la baignoire est pleine.
Annie, vas-y en première.

Tu es sûre, Martha ?

Oignon, tu veux y aller en première ?

- Non.
- Allez, Oignon.

Tu peux y aller après.
Je n'aime pas l'eau trop chaude.

Ce n'est pas bon pour le bébé.

Tu as perdu la tête.

Cette eau est parfaite.

Tu le portes bas.

Ça doit être une fille.

Je ne sais pas.

Il bouge tellement,
je pense que c'est un garçon.

Si c'est un garçon,
Salmon voudra l'appeler John.

Mais je pense que "Horace"
est un beau prénom.

Horace est un garçon
avec un gros nez.

J'aime bien "Henry".

Henry, c'est sympa.

Quoi d'autre comme prénom ?

Oignon.

Tu devrais te déshabiller.

Je n'ai pas besoin de bain.

Tu es timide, c'est ça ?

Oui, je suis timide.

J'apprécie votre compréhension,

mais je ne me suis jamais
déshabillée devant des blancs,

comme je suis noire.

Ne sois pas idiote.

Viens là.
Déshabille-toi.

Fais pas ta poule mouillée.

Déshabille-toi.
On te lavera bien.

Viens là.

Oignon.

Mme Huffmaster ?

Bonjour.

On ne s'attendait pas
avoir de la visite aussi tôt.

Vous devez être madame Huffmaster.

Oignon m'a tellement parlé de vous.

Mon nom est Annie Morgan
et je suis ravie de faire

votre connaissance.

Je suis venue voir M. Cook,

mais il ne semble jamais être là.

Il y a seulement cette noire.

Donc, est-il là ?

J'ai bien peur qu'il ne soit pas là.

Il travaille pour mon père
à la mine

et il va et vient.

J'ai entendu dire qu'il travaillait
à la taverne le soir.

Et il travaille aussi à la mine ?

J'imagine qu'il a deux emplois.

Les temps sont durs.

Enfin, je serai ravie de lui faire

passer un message de votre part
si je le vois.

Il a passé pas mal de temps

avec ma belle-sœur Mary Huffman.

Oh, Seigneur.

Vous l'avez vu avec elle ?

Non, je ne les ai pas encore surpris.

Mais j'ai entendu des rumeurs.

Et mon frère devrait
rentrer à tout moment,

et il viendra ici
et détruira cette maison.

Vous ne connaissez pas
son tempérament.

Les rumeurs sont l'œuvre du diable,
Mme Huffmaster.

Rappelez-vous les proverbes :

"Les paroles du rapporteur
sont comme des friandises;

Elles descendent jusqu'au fond
des entrailles

et deviennent fétides".

Tenez.
S'il vous plaît,

essayez de vous nourrir de plus
que les mauvaises paroles des autres.

Bonne journée, Annie.

Regarde devant toi.

On passait des heures à lire
la Bible et les livres importants

et j'aimais nos discussions.

Car même si je vivais
dans le mensonge,

je me suis rendu compte
de la chose suivante.

Personne ne voit le vrai vous.

Personne ne sait qui vous êtes
vraiment à l'intérieur.

On vous juge sur l'extérieur.

Mulâtre, personne de couleur, noir...
Ça n'a pas d'importance.

Vous êtes juste un nègre
aux yeux du monde.

Mais en étant assis là,
avec Annie sur ce porche,

à parler et contempler les étoiles,

j'ai compris que
l'enveloppe extérieure

ne comptait pas autant
qu'on le pensait.

Que veux-tu être ?

Quand tout ça sera terminé
et que les noirs seront libres.

J’aime la musique et chanter

donc peut-être que
j'achèterai un violon

et que je chanterai
pour le reste de mes jours.

Ma Henrietta.

Pourquoi tu ne m'as pas dit
que tu savais chanter ?

Tu ne me l'as jamais demandé.

C’est vrai.

Tu peux chanter pour moi ?

Quelque chose sur le Seigneur.

Cette chanson est si belle

qu'elle me donne des frissons.

Je peux te dire un secret ?

Je rêve d'ouvrir une école.

Et enseigner aux enfants pauvres,
blancs comme noirs.

Leur apprendre à lire et écrire.

Tu pourrais l'ouvrir avec moi.

Tu enseignerais la musique.

Je pourrais
leur apprendre les lettres.

Je connais mon alphabet,
grâce à tes frères.

Oignon, si tu étais un garçon,
je t'épouserais.

Oignon, viens par là.
Je dois te parler.

Que fais-tu avec Annie Brown ?

- Rien.
- Ça n'a pas l'air de rien.

Tu ne sais rien d'elle.

Je sais qu'elle est blanche,

que c'est la fille du capitaine.

Et tu n'es pas une fille.
C'est tout ce que j'ai besoin de savoir.

Mêle-toi de tes affaires, Bob.

Fais attention à toi, Oignon.

Ta moustache commence à pousser

et Annie ne serait pas

aussi gentille si elle découvrait
quel genre de menteur tu es.

Annie.

Je me demandais si tu pouvais
répondre à une question.

Bien sûr, je peux essayer.

Je priais...

- Vraiment ?
- Tu pries ?

- Oui.
- Bien sûr que tu pries.

Tu es un ange.

Il y a une question

qui me taraude.

Mon nom est Henry Shackleford.

Mon nom est Frederick Douglass.

"Il est plus facile
de construire des enfants forts

que de réparer des hommes brisés".

Je suis à vous, Rosalind.

Et je ne suis à aucune femme.

Si c'est le cas,
pourquoi me blâmez-vous

de vous aimer ?

Pourquoi demandez-vous cela ?

Je le répète,

je suis à vous, Rosalind.

Je vous en prie,
plus un mot de tout cela.

On dirait le hurlement

de loup irlandais après la lune !

Je vous aimerais si je pouvais.

Je vous épouserais
si j'épouse une femme un jour.

Je vous satisferait.

Je vous contenterais
si je le pouvais,

mais je le répète,
je ne suis à aucune femme.

J'arrive.

Mme Huffmaster.

Je suis désolée, mais j'ai bien peur
que nous ne soyons pas présentables.

Voudriez-vous de la citronnade ?

- Je serai ravie de vous en servir.
- Non, je n'ai pas soif.

En quoi-puis je vous aider alors ?

Que faites-vous aujourd'hui ?

La cuisine.

Et le linge aussi ?

Il y a beaucoup de chemises étendues.

Oui, mon père et mes frères

ont pas mal de chemises

et ils en changent
une ou deux fois par semaine,

donc j'ai pas mal de linge à laver.

Terrible, n'est-ce-pas ?

Oui ça l'est, alors qu'une chemise

suffit à mon mari
pour deux ou trois semaines.

Que fait votre père déjà ?

Mon père est mineur.

Et certains de ses travailleurs
vivent ici, mais vous le saviez.

Et M. Cook,

il a la côte avec les filles,
n'est-ce-pas ?

Surtout qu'il courtise
ma belle-sœur Mary.

Il travaille aussi à la mine ?

Oui.

Donc la journée
il travaille à la mine,

et le soir il fanfaronne

à la taverne de Ferry.

Je ne sais pas ce que fait M. Cook,

mais c'est un beau parleur.

Je me dis qu'à force
d'ouvrir sa bouche

il doit avoir des mouches coincées
entre les dents.

Et...

la négresse là,
c'est une esclave ou elle est libre ?

C’est Henrietta,

elle fait partie de la famille.

Je suis une esclave, madame,

mais vous ne trouverez pas
plus heureuse que moi.

Je n'ai pas demandé
si tu étais heureuse, négresse.

- Oui, madame.
- Mais si tu es une esclave,

alors pourquoi tu traînes
près du chemin de fer,

à essayer de rassembler
des nègres ?

Parce que ce sont les rumeurs.

Je n'ai rien fait de cela.

Tu mens, négresse ?

Henrietta est une bonne amie à moi,
Mme Huffmaster

et je n'apprécie pas

que vous lui parliez de la sorte.

Vous pouvez parler à vos nègres
comme bon vous semble,

mais vous feriez mieux
d'accorder vos violons.

Mon mari était à la taverne
et il a entendu M. Cook dire

que votre père n'est pas un mineur
ni un propriétaire d'esclave.

C'est un abolitioniste.

Et que les noirs prévoient
quelque chose d'énorme.

Donc,

votre négresse dit que
vous êtes propriétaire d'esclave.

M. Cook dit le contraire.

Qui dit vrai ?

Vous n'êtes pas au courant
de nos vies, Mme Huffmaster,

car ça ne vous regarde pas.

Vous avez la langue bien pendue,
jeune fille.

Je vous prierai
de quitter mon porche

et de le faire rapidement
ou je vous y aiderai.

Mon père sera en colère contre moi.

Tu t'es bien débrouillée.

Merci, Oignon.

J'avais peur qu'elle me prenne
de nouveau dans ses bras.

C'était une femme forte,
gentille et courageuse

et si elle m'avait serré contre elle,

elle aurait senti tous l'amour
que j'avais pour elle

et elle aurait su
que j'étais un homme.

LES CHOSES QUE LE CIEL NOUS ENVOIE

Beaucoup de choses ont été dites

sur la dernière rencontre
entre le vieux et M. Douglass.

J'ai entendu beaucoup de versions.

Mais pour dire la vérité,
il y avait seulement moi

et quelques hommes
lors de cette rencontre.

Le vieux a tout expliqué
à M. Douglass :

le plan, l'attaque,
l'obtention des armes,

les noirs qui
se regroupaient pour lui,

l'armée cachée dans les montagnes,
blancs et noirs ensemble,

dans des cols si étroits

que les fédéraux et la milice
ne pourraient passer.

Et ensuite, on prend la fuite
dans les montagnes Blue Ridge.

J'ai dit quoi pour te faire penser

qu'un tel plan pourrait marcher ?

Tu mets les pieds
dans un piège à loup.

Tu parles de l'armurerie
des États-Unis.

On en a parlé.
Tu m'as écrit que c'était possible.

J'ai tout planifié.

Je n'ai rien dit de la sorte.

Tu m'as écrit.

J'ai dit que ça devrait être fait.

Mais devoir et pouvoir

sont deux choses
très différentes, John.

Frederick...

on doit rassembler les abeilles.

Quand ils sauront que tu t'es emparé

de la plus grande armurerie
et que tu distribues des fusils,

chaque esclave viendra
et demandera sa liberté.

On se trouve à un moment

qui pourrait changer le monde.

Oui.

Mais pas par suicide.

Peut-être que vous n'êtes pas prêt.

Peut-être que vous avez eu trop

de cocktails, de gelées de viande
et de pigeons.

Peut-être que vous êtes...
un homme qui fait que des discours.

Et qui porte
de belles chemises en soie.

Ou peut-être que j'ai l'intention

de gagner cette guerre
et de ne pas mourir en martyr.

Comment pouvez-vous vous reposer
sur un plan aussi fragile ?

Dans la nature, un animal traqué
trouve parfois un endroit

pour s'arrêter et prendre position.

J'ai trouvé un tel endroit.

On commencera la bataille
à Harpers Ferry.

Non, la bataille s'achèvera
à Harpers Ferry, John.

Tu es un homme respecté.

Tu es adoré et admiré.

Et tu es un fanatique.

Je suis réaliste.

Et le Seigneur nous a créé
tous différents, afin...

qu'en travaillant ensemble,

on puisse accomplir l'impossible.

Viens avec moi, Frederick.

Je te protégerais quitte
à y donner ma vie.

Quand on frappera,
les abeilles afflueront,

mais pas pour moi.

Elles le feront par amour.

Elles le feront pour toi.

Je ne peux pas faire ça.

Alors, je prends congé.

Bonne chance, vieil ami.

Je pense que je vais suivre le vieux.

Sérieusement ?

Oui.

Je pense qu'il est temps
que je prenne position aussi.

Le capitaine prit la nouvelle
de Frederick Douglass

comme un coup à la poitrine,
sachant que c'était la fin.

Il savait qu'il allait perdre
la bataille pour les noirs,

à cause d'un noir.

Mais il s'y dirigeait quand même.

Parce qu'il faisait confiance
en la parole du Seigneur.

Capitaine...

quelque chose au fond de moi
me dit que Dieu est avec nous.

Tu es si bonne.

J'imagine qu'on a tous ces moments,

où le coton tourne au jaune

et les charançons mangent
vos récoltes,

et vous êtes juste...

profondément bouleversé
par la déception.

C'est ce que je ressens ?

Si tu cherches au fond de toi,

tu pourras toucher cette déception

et sentir Dieu

ouvrir les portes de ton cœur.

J'ai trouvé Dieu

et Il me disait de décamper.

Frederick avait vraiment
fait du tort au vieux.

Il y avait aucune chance

pour que M. Douglass se batte
dans une vraie guerre.

C'était un homme à discours.

Il y a des choses dans ce monde
qui ne doivent pas être.

Et c'est un lourd fardeau à porter.

Mais il s'est avèré

que ce n'était pas
le pire de nos problèmes.

Désolée, papa, Mme Huffmaster
a dit au shérif

qu'on était des abolitionistes
qui cachaient des fugitives.

Il va venir avec ces adjoints
pour fouiller la propriété.

Combien de temps avons-nous ?

J'imagine que le shérif sera là

demain au coucher du soleil.

Capitaine, attaquons maintenant.

Pourquoi ne pas attendre
le printemps ?

Non, on doit annuler.

Ce n'est pas la pire de tes idées.

Ce n'est pas la pire idée...

Silence !

On doit avancer
la date de l'attaque.

- Quoi ?
- À quand ?

Ce n'est pas la chose que la générale
nous a dit de ne pas faire ?

Demain.
Demain soir.

Quand le shérif arrivera ici,
on sera déjà partis.

On attaque Harpers Ferry demain soir.

Non, ça ne nous laisse pas
assez de temps.

Et si on tuait le shérif ?

Oignon, je sais que
je t'en demande beaucoup,

mais on a besoin de toi
plus que jamais.

Va voir le cheminot.

Dis-lui de rassembler
autant de personnes que possible.

On attaque demain soir.

Vas-y. Je crois en toi.

Va.

Va, Oignon !

Que fais-tu ici ?

J'ai un message
de la part du capitaine.

Changement de plan.
On attaque demain soir.

Demain soir ?

Pourquoi il ferait
une chose aussi idiote ?

Ne vous inquiétez pas du pourquoi.

Souciez-vous de ramener des gens.

Je viens juste de passer le message.

Ce n’est pas mon problème.

Si j'entends encore
une parole de travers

de ta part,
je te jetterai dans la rivière.

Je vous dit juste
ce que le vieux a dit.

Tu es juste le messager,
n'est-ce-pas ?

Tout est simple pour une fillette
en colère comme toi.

Puis-je dire au capitaine
qu'il peut compter sur vous ?

Merde, je pensais avoir un mois.

Je ne sais pas si je peux rassembler
tout le monde

d'ici demain soir.
Je ferai au mieux.

Arrête le train avant le pont.

Je sortirai pour voir
ce qu'il se passe.

Il me faudra un mot de passe
de la part des hommes du capitaine.

Un mot de passe ?

Un signe, un mot.

Un signal pour que je lâche
les esclaves pour la bataille.

Ça doit être quelque chose de normal.

Je dirai : "Qui va là ?".

Celui qui sera là devra répondre :
"Jésus est en marche".

Tu t'en souviendras ?

"Qui va là ?"
"Jésus est en marche".

Va.

La maison ressemblait
à un fort militaire assiégé.

Les gars étaient tellement soulagé
de bouger

après avoir été cloîtrés un moment
dans ce petit espace,

c'était regrettable.

Tout le monde s'agitait,

je n'ai même pas eu la chance
de dire aurevoir au vieux.

Oignon.

Viens.

Le capitaine veut que tu ailles

avec Salmon, Martha et Annie

- à la maison.
- Pourquoi ?

On n'a pas le temps de discuter.

Annie, viens là.

Merci.

Au revoir, Annie.

Je t'aime !

Je pense que tu aimeras North Elba.

C'est calme là-bas.

Libre.

Tu seras libre de chanter
tes chansons.

Aies foi de peur de te noyer.

Tant que Peter avait la foi,
il ne pouvait pas se noyer

pendant qu'il marchait sur l'eau
pour rejoindre Jésus.

- Arrêtez le chariot !
- Tais-toi, Oignon ! Reste couché !

Oignon, que t'arrive-t-il ?

- Arrêtez le chariot !
- Oignon !

Le mot de passe :
"Jésus est en marche".

Penser que le capitaine
pourrait mourir... à cause de moi.

M'a fait me sentir pire
que si Annie était dégoûtée par moi...

Un noir se faisant passer
pour une fille,

pas assez courageux pour l'aimer.

Je ne pouvais pas le supporter.

Je suis un homme
et je t'aime, Annie Brown.

Et je ne te reverrai plus jamais.

Oignon.

Oignon !

Oignon !

Oignon !