All language subtitles for The.Secret.1974.

Merde.

- Ça sera trop tard.
- Vous dites ça à chaque fois.

Je vous accompagne.

Tout doux, les bêtes.

Vous allez sur Paris ?

Dans 30 minutes, on est rendus.

On est si près de Paris ?

Vous savez pas où vous êtes ?

- Ah !
- Toi, tu m'as fait courir !

C'est ta faute !

- Qui est là ?
- David.

- Qui ?
- David !

Ah ! C'est vous !

- Vous êtes seule ?
- Oui. Pourquoi ?

J'ai vu quelqu'un.

Il n'est pas monté.

Vous m'espionnez, à 5 h du matin ?

Vous êtes dans un drôle d'état.

Il y a 15 jours, on devait dîner.
Je vous ai attendu.

Je sais.

Café ?

Des ennuis ?

Graves ?

C'est quoi, ces marques ?

Vous êtes un drôle de type.

On se voit, on dort,

plus rien. Puis 15 jours après...

Vous êtes peut-être fou.

Peut-être.

Pourquoi vous me faites confiance ?

Personne ne sait qu'on se connaît.

Alors, je ne vous mets pas en danger.

Enfin j'espère.

- Vous pourriez me donner de l'argent ?
- Vous en avez plus que moi.

Je ne peux ni rentrer,
ni passer à la banque,

ni vous faire un chèque,
vous seriez repérée.

- Je pourrai jamais vous le rendre.
- J'avais compris.

Je mangerai des frites
en pensant à vous pendant un mois.

Vous voulez dormir un peu ?

Ah oui, je veux bien.

Et puis, je partirai.

N'oubliez pas.

Vous ne m'avez jamais vu.

Je vous fais peur ?

Moi aussi, j'ai peur.

Ces choses-là,
ça peut arriver à n'importe qui.

N'importe quand.

Quelles choses, David ?

David ?

David, expliquez-moi.

Vous me cherchez ?

Je dis ça parce qu'il y a que moi, ici.

[essoufflé] Je ne savais pas.

Je vais à la bergerie.

- Il y a plus de bergerie.
- Ah bon ?

Non. Elle s'est écroulée
au début de l'hiver.

Excusez-moi.

Je vais redescendre.

C'est une drôle d'idée,
de monter ici à la mauvaise saison.

- J'aime la solitude.
- Ah !

Moi aussi.

Julia !

Julie !

Mon Jules !

Il y a du monde à dîner.

- C'est qui ?
- Un homme.

- Quel homme ?
- On sait pas.

Mais il a l'air triste.

- Merci, pour la pierre.
- Eh eh !

Il va faire nuit.
Venez coucher à la maison.

Je m'appelle Thomas Berthelot.

Allez, venez donc.

Pardon pour tout à l'heure.

Quand quelqu'un monte,
j'ai peur que ce soit un touriste.

J'ai l'air d'un touriste ?

Eh eh ! Pas vraiment.

Entrez.

- Mais vous avez quoi, là-dedans ?
- Des conserves.

Ôte ton imperméable et chauffe-toi.

Moi, c'est Julia. Et toi ?

Sardines à l'huile.

Pâté de foie. Oh là là !

Vous vivez dangereusement, hein !

Il allait à la bergerie.

Oh ! Tu veux boire quelque chose ?

J'ai du vin.

Elle est belle, ma femme.

Vous l'avez remarqué ?

J'en étais sûr.

Elle aime les pierres.
Schiste, grès, granit.

La serpentine, surtout.

Un marbre vert. C'est une vraie passion.

Sûrement une chouette.

On finit par s'y habituer.

Au début, j'avais peur aussi.

Le soir, au moindre bruit,
je croyais voir quelqu'un.

- Est-ce vraiment nécessaire ?
- Avale.

Entendre, c'est obéir.

- Vous êtes seuls, sur le plateau ?
- Oui.

Personne ne vient jamais ici ?

L'été, et encore.

- Ah ! Panne sèche !
- Oh !

Je dois aller ravitailler.

Tu sais, si tu veux,

tu peux rester quelques jours.

On a de la place.

Et puis, ici, personne te dérangera.

- Je vais partir.
- Non.

Mais non !

Je vais préparer le dîner. Hein ?

Je vais vous mitonner un rôti de porc
à la confiture de myrtilles.

Je veux dire...

Quoi ? Tu te sens pas bien ?

Le mieux,
c'est qu'on le retrouve dans un accident.

Ceux de la circulation sont anonymes

car ils sont nombreux.

Il a peur. T'as vu ses yeux ?

Pas vraiment.

Tu sais pas regarder.

Oh si, je sais.

Très bien.

Je peux même te dire que ce type-là,

c'est peut-être l'aventure.

Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je sais pas.

Tu sais pas mais tu espères.

Pas toi ?

Tu t'ennuies avec moi ?

- Tu veux une gifle ?
- Je te connais, vieux joueur.

Pourquoi tu t'habilles pas
plus souvent comme ça ?

Tu n'as pas les mêmes yeux, ce soir.

- Hé !
- Salut, le rouquin.

Comment ça va, ce matin ?

Il part ?

Bien dormi ?

- Là !
- Où ?

C'est idiot.

- Du lait dans votre café ?
- Non.

Vous avez raison.
Le café au lait, ça poignarde le Gaston.

- Ils t'ont pas vu.
- Non. Sûrement pas.

Ils ont pas eu le temps.

Non, laissez. Laissez-moi faire.

Je fais les meilleures tartines.

Beurre des Charentes,
goût de noisette, délicieux.

C'est bien toi qu'ils cherchent ?

On ne cherche pas quelqu'un
avec un hélicoptère.

Sauf dans certains cas très précis.

- De la confiture ?
- Non.

Vous avez tort.

Merci.

Si vous êtes en danger,

vous devriez rester ici.

Hein ?

On est mieux en ville pour se cacher
mais à condition...

d'avoir de l'argent et des amis.

Je n'ai plus ni l'un ni l'autre.

- C'est grave, ce que t'as fait ?
- J'ai rien fait.

Alors, reste.

Ici, tu pourras m'aider.

- Vous savez pas qui je suis.
- C'est vrai.

Qui t'es ?

Je m'appelle David.

David.

Non. Reste avec lui.

Sinon, il risque de se méfier
et de foutre le camp n'importe où.

T'as raison. Et s'il me saute dessus ?

C'est que vous aurez tout fait pour ça.

Je le saurai et je vous battrai, bien sûr.

[Julia gémit] Je risque d'aimer ça.

Non. Reste là.

Salut !

Pourquoi vous êtes revenue ?

Thomas m'a laissée en otage,
pour que tu aies pas peur.

Non.

Il vous a laissée
pour que vous me fassiez parler.

Tu n'y es pas.

Thomas pose pas de questions.
Il sait tout.

Il est né comme ça, Thomas.

Vous avez des amis, dans la région ?

Non. On les a laissés à Paris.
On a tout quitté.

Pourquoi ?

Oh... Nous, c'est les mauvais souvenirs,
qu'on a fuis.

Et toi ?

Vous vivez ici toute l'année ?

Tu réponds toujours par des questions ?

- Messieurs, bonjour !
- Bonjour, M. Berthelot.

- Ça va-t'y ?
- Ça va, oui.

Pardon, monsieur. Pendant...

- Oui ?
- ... que je gardais mes moutons,

j'ai vu un personnage

qui devait aller du côté de chez vous.

Peut-être pas recommandable,
j'en sais rien.

Ma femme et moi,
on n'a vu personne, pourtant.

- Combien je vous dois ?
- Vous allez lire tout ça ?

Non, je regarde les images.
Ça me remplace la télé.

"Elles sont plus puritaines.

"Les fourmis agricoles
appelées à tort 'semeuses',

"à ne pas confondre...

"... avec sa voisine,

"la barbatus mexicaine.

"Je me rappelle en avoir vu un nid,
un matin de printemps,

"dans un faubourg rural
de la Nouvelle-Orléans.

"Elles grouillaient savamment

"dans la plaine herbue, défrichant,

"dénudant des aires..."

C'est Thomas.

Il écrit des livres.

Des histoires d'animaux.

Mais des vrais. Pas des trucs
où les bêtes sont des hommes ridicules.

C'est inquiétant, non ?

C'est mon dessin.

Des machines de guerre.

Il a dû s'acheter un rosbif.

La viande rouge, ça le rend comme un ogre.

Tu cherches une arme ?

Oui.

- Ça te rassurerait, d'en avoir une ?
- Oui.

Il n'est plus là. Thomas a dû le prendre.

Ça lui arrive souvent ?

Jamais.

Tu sais, depuis que tu es là,

il n'est plus le même.

Pourquoi vous me dites ça ?
Vous voulez que je parte ?

Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

- Où est-ce qu'il est ?
- Dans la maison.

On l'a vu contourner le village.
On m'a interrogé.

- Qu'est-ce que t'as dit ?
- Bah...

Tu le crois dangereux ?

- Oui.
- On va faire quoi ?

Cette question ! On va l'aider !

Mais t'as... T'as pas peur ?

Je suis trop gros.

Vous m'avez entendu ?

Vous pouvez prendre... les œufs ?

Merci.

C'est un gendarme, qui m'a vu ?

Non. C'est le berger.

D'ailleurs...

les gens du pays
ne parlent pas aux gendarmes.

Il passe beaucoup d'hélicos ?

- Non !
- C'est la première fois.

Tu commences à me faire peur.

David serait plus tranquille

si tu lui prêtais le revolver.

Je fume très au-dessus de mes moyens.

- Tu m'as entendue ?
- Oui.

Alors ?

Il l'a déjà.

C'est vrai ?

Rendez-le-moi.

Non.

Je vous le demande.

C'est seulement pour moi.

Je veux pas être pris vivant.

Tu es espion ?

Non, pas du tout. Vraiment pas.

Par hasard, j'ai surpris...

une chose qu'on ne doit pas savoir.

Quelle chose ?

Je vais partir.

Si vous savez où aller
et si c'est mieux qu'ici,

alors oui.

S'ils me trouvent ici,
ils vous tueront aussi.

Ils croiront que je vous ai parlé.

David !

Tout seul, t'as aucune chance.

T'as pas confiance en nous ?

- Tu comptais faire quoi, à la bergerie ?
- Gagner du temps.

Thomas !

Pour vous,
il n'y a qu'une chance, très mince.

C'est qu'on me trouve mort.

Vous direz que je suis fou
et que vous avez dû m'abattre.

Imbécile. Il y a moyen de leur échapper.

Allez, viens !

- Non. Essayons de l'autre côté.
- Ils vont nous encercler.

Vous avez raison.

- Qu'est-ce qu'on va faire ?
- Je sais pas.

On va voir.

Reste là.

Fusée.

Bien reçu.

On peut y aller, mon lieutenant.

Feu à volonté !

C'est pas vrai.

Non mais ça va pas ?

Qu'est-ce qui vous prend, bon Dieu ?

Qui est-ce qui commande, ici ?
Mais merde !

Mais la guerre est finie !

La guerre est finie !

La guerre est finie !

Mais vous... Mais bon Dieu...

Vous êtes malades, non ?

Cessez le tir !

C'est un exercice, monsieur !

Vous pouvez pas
aller jouer ailleurs ? Hein ?

Mais bon Dieu !
Vous êtes ici chez moi, nom de Dieu !

- Le terrain est frappé d'expulsion.
- L'arrêté est pas encore passé.

Alors, je suis chez moi, ici.
Vous m'entendez ?

Le Larzac vous suffit pas ?

T'es fou ?

Pourquoi tu nous as fait cette peur ?

Comment tu le trouves ?

Hein ? Physiquement.

Il me fait peur.

Oh !

C'est vrai, il me fait peur.

[Julia râle] Oh !

Vous avez peur même la nuit ?

Ah... Pas fameuse...

Je me suis évadé
il y a trois jours, seulement.

- D'où ça ?
- Je ne sais pas.

Non, je ne sais pas.

C'était une sorte de prison,
dans un ancien fort.

- T'es peut-être dans les journaux.
- Non.

Si l'affaire venait à s'ébruiter...

Ils sont partout.
Ils voient, entendent et savent tout.

Ils peuvent étouffer n'importe qui,
n'importe quoi !

Et merde !

Mais...

qui, "ils" ?

Ils me font passer pour un fou.

Ils t'ont torturé ?

Aïe, aïe, aïe.

Ils voulaient savoir
ce que je sais, exactement.

- Et si j'avais parlé à des gens.
- Et alors ?

- Rien.
- Ah !

Sans ça...

Oh ! À ce point-là ?

S'ils me reprennent, ça va recommencer.

C'est l'enfer, ce que tu racontes.

C'est l'enfer.

Le pire, c'est que si j'étais eux,
je ferais la même chose.

- Vraiment ?
- Oui.

Si, pour sauver des tas de gens,

tu devais tuer quelqu'un, tu ferais quoi ?

Hein ?

Je sais pas.

C'est un cas de conscience.

Je sais pas.

Alors, ça te sert à rien,
de franchir une frontière.

Si. Ça permet de vivre
quelques jours de plus.

Il reste toujours un espoir
d'en réchapper.

- Tu vis pour ça ?
- Oui.

Mais je crois que cette...
toute petite chance...

est nulle.

C'est pas beaucoup.

- Dis.
- Mmh ?

- Tu crois à ce que je te raconte ?
- Mmh.

Pourquoi ?

Hein ?

Pourquoi ?

- Parce que ça me change.
- De quoi ?

Ça me change de climat !
Ça me change de vie ! Ça...

Tu vis dans le malheur
et moi, dans le bonheur.

Mélanger les deux, ça donnera peut-être
quelque chose de tonique.

Hein ? Ah ah !

Peut-être !

Peut-être.

Je partirai demain.

On partira.

On partira !

Julia,

toi... et moi !

Tous les trois.

Et à jeun, on s'en sortira.

Ah ah ! Hein ?

Ah...

On s'en sortira.

Oh, le petit rouquin.

Réveille-toi, puisque tu dors pas.

Bon.

Eh bien maintenant, bois ça.

J'aime bien le lait aussi, alors.

J'ai l'impression de boire de l'herbe.

Je sens passer les pâquerettes
et les trèfles à quatre feuilles.

- Thomas.
- Mmh ?

Laisse-le partir.

Demain, on va l'emmener à Mimizan.

Et puis après...

on le fera passer en Espagne
avec le bateau.

Qui, "on" ?

C'est très dangereux.

Dans le fond, t'aimes bien ça.

Pas toi ?

Si vous partez, je reste.

Non.

Si.

Bon.

- Thomas.
- Mmh ?

Laisse-le partir.

Je crois qu'il dit la vérité, tu sais.

C'est trop tard.

Vous avez tué quelqu'un ?

Oui. Un gardien.

Thomas le sait ?

Non.

Vous pouvez aller lui dire.

Et s'il est fou ?

Et s'il l'est pas ?

Faut lui faire confiance.
On peut rien demander à personne.

- Si, à mon frère.
- Un journaliste !

Si David dit la vérité,
ton frère serait en danger de mort.

J'ai l'impression que...

je reviendrai plus jamais ici.

C'est déjà pas si mal,
d'être là tous les trois, aujourd'hui.

Julia avait mieux à faire
que vivre avec moi.

Vous devriez être mort. Et moi aussi.

Pourquoi, vous ?

Quelquefois, les médecins se trompent.

Moi non plus, j'avais pas eu de chance.

Puis je l'ai rencontrée.

Alors, tu vois.

Regardez !

Derrière !

S'ils nous arrêtent, tu tires vraiment ?

Si je fais demi-tour, on est repérés.

Sors par l'arrière. Passe par la rivière,
contourne le barrage. On te reprend après.

C'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Fais vite. On peut pas rester là.

Et prends ton sac, on ne sait jamais.

J'espère qu'il a confiance en nous.

Qu'il va pas foutre le camp.

Et si on... Et si on ne l'attendait pas ?

Gendarmerie nationale.
Les papiers de la voiture, pour contrôle.

Tu les as ?

Votre permis de conduire ?

Merci.

Madame, vous transportez quoi ?

- Ce sont des valises.
- On part en vacances.

- Voulez-vous ouvrir à l'arrière ?
- Oui.

Merci.

Ça va.

Pourquoi vous êtes-vous arrêté ?

La courroie du ventilateur est détendue.

Bon, ça va. Merci.

- Vous avez un pneu lisse, à l'avant.
- Je dois le faire changer.

Qu'est-ce qui se passe ?

Vous avez pas la radio ?

On cherche un malade dangereux.
Il s'est évadé d'un asile de Toulouse.

Vous verrez d'autres barrages.

Vous inquiétez pas.

C'est pas lui.

Pourquoi tu pleures ? Hein ?

Fou ou pas, c'est insupportable.

S'il est fou, il nous tuera.

S'il ne l'est pas,

- on sera tués.
- Non.

Thomas !

Pour une fois, écoute-moi.

Il faut l'abandonner. Maintenant.

- Non.
- Pourquoi ?

Parce que c'est un ami.

- Mais tu le connais même pas !
- Ça n'a rien à voir, ça, Julia.

Je te sauverai.

Qu'est-ce que ça veut dire, hein ?

Ça veut dire...

Rien.

J'ai bien cru que vous m'aviez abandonné.

Ils cherchent un fou évadé d'un asile.

Ah bon ? Alors, c'est pas moi.

Safari Mammouth
venez chasser les bonnes affaires

dans tous les rayons !

Mammouth écrase les prix !

Merci.

- Je peux ?
- Oui.

Où est-ce que tu étais, bon sang ?

Regarde !

T'es rassurée, maintenant ? Hein ?

La 20 est troisième.

- Je vais conduire, maintenant.
- Si tu veux.

Suivie de la 24.

Tiens, le voilà.

- Il est comment, ce bateau ?
- Panda ?

C'est un bateau solide. Très marin.

Tu passes la barre, facile. Hein, Julia ?

Un ancien bateau de pêcheur.

- Non.
- Donne.

- Ça suffit !
- Un petit coup.

- Non !
- Oh...

Tiens.

Ah !

Montre-lui la photo du fou.

Quoi ?

Je connais ce type.
C'est un des hommes qui m'ont interrogé.

Quoi ?

Oui. C'est une photo prétexte
pour les barrages.

Le coup est classique.
C'est bien moi qu'ils recherchent.

Il est paranoïaque.

Donc son comportement usuel
ne présente ni confusion mentale,

ni délire.

Mais quand il se croit menacé,
comme il l'a déjà fait, il tue.

Merci, docteur.
Tout le territoire est quadrillé

car François Guilleteau,
l'évadé de l'hôpital...

On nous suit !

- Depuis quand ?
- Un moment

mais je voulais être sûre.

Accélère. Accélère !

Elle était arrêtée sur le bas-côté.

Ralentis.

Ralentis encore.

C'était pas pour nous.
Je me suis trompée.

Demi-tour !

Non ! Là !

Ah ! T'es fou ?

Ils nous ont pas vus.
On n'est pas suivis.

Ils sont pas seuls.
Ils doivent avoir plusieurs voitures.

Ils communiquent par radio.

C'est pas le débarquement !

- Ils seront au prochain croisement.
- Tu es sûr que tu ne rêves pas ?

Qu'est-ce qu'on fout là, bon Dieu ?
On sait même pas qui il est !

Ni de qui, ni de quoi on le protège.

- Bon, laissez-moi là.
- Non !

Tu restes !

C'est rien. C'est rien, le petit rouquin.

C'est la fatigue. Nous aussi, on a peur.

Qui ça, "nous" ?

David et moi.

- David et toi ! Toi et David !
- Laissez-moi. C'est ma faute.

Mais c'est pas ça. C'est pas ça.

C'est quoi, alors, mon petit cœur ?

C'est rien !

C'est... rien du tout...
C'est moins que rien !

Très peu de gens peuvent vivre ici,
l'hiver, au milieu de tous ces pins,

tous pareils, avec la pluie, le silence.

Des forestiers doivent habiter ici.
Les types qui prélèvent la résine.

- On partira quand ?
- Aujourd'hui, avec la marée.

- Et une fois en Espagne ?
- Il y a pas de problème.

J'ai de bons amis en Espagne. Des Basques.

Quand j'étais plus jeune,
j'ai fait un peu de politique.

Ben voilà.

M. Bertram, bonjour. Comment allez-vous ?

- Ça va, ça va.
- La forme ?

Mademoiselle ?
Un Cinzano, s'il vous plaît.

Ah ! J'ai fait aussi vite que je pouvais.

Merci d'être là.

Ton journal passe à l'opposition ?

- La bière.
- Non.

Merci bien.

- C'est sérieux.
- J'écoute.

Vous savez, ma sœur, Julia...

Elle vit avec un écrivain
dans un bled perdu.

J'ai reçu cette lettre.

Tiens, Carcassonne.

- Je peux lire ?
- Oui, oui.

"J'ai trouvé dans ses vêtements
une carte d'identité

"au nom de Désiré Lepage, infirmier.

"Il dit s'appeler David.

"Il a 35 ans, il est brun et mince.

"Thomas est comme envoûté par lui.

"J'ai peur.

"Renseigne-toi discrètement.
S'il dit vrai, on est sûrement en danger.

"Peut-être est-ce seulement
un malade mental.

"Réponds-moi poste restante à Mimizan."

Drôle d'histoire.

J'en ai jamais eu un aussi gros !

Oh la vache !

Oh oh ! Tu l'as ?

Ça va casser, là.

Là !

Oh là là ! Il est énorme !

Devant moi !

Viens là ! Suis le fil !

Ah la vache !

Oh là !

Dépêche-toi. Le fil va casser.

Je suis monté trop fin, là.

Il y a longtemps
que j'ai pas été aussi bien.

Demain matin,

j'irai voir un type à Mimizan.

Un passeur professionnel.

- J'ai pas d'argent pour le payer.
- Ça fait rien, ça.

Je lui ai rendu un vrai service,
dans le temps.

Barbecue, sauce à l'échalote !

- Tu vois ça ?
- Je vois.

C'est un sacré morceau, hein ?

- Tu nous as vus le prendre ?
- Oui.

- Il est trempé. Il faut qu'il se change.
- Je vois bien.

Nom de Dieu !

Ils sont à plat tous les quatre.

Quelqu'un est venu et les a crevés.
Julia, t'as vu personne ?

Pourquoi ils nous ont pas tués ?

- Toi qui prétends...
- Ils veulent nous clouer là.

Ils nous observent, j'en suis sûr.
Ils attendent des ordres.

Je vais planquer la voiture.

Attention !

Mets pas le contact.

Ils auraient piégé le moteur
et crevé les pneus.

Thomas !

Thomas, tu crois pas que...

Tu fais du stop sur la nationale,
tu vas à Mimizan,

tu loues une voiture et tu viens chercher
les quatre pneus pour les faire réparer.

C'est la seule solution.

Non ?

Il aura pas peur, le petit rouquin ?

Je peux être là demain matin.

Désiré Lepage était infirmier
dans un hôpital psychiatrique.

Il a été étranglé
par un malade qui s'est évadé.

Je vois que ça colle
avec la description de ta sœur.

C'est la fiche de l'Assistance publique.

"David Daguerre, 36 ans,

"1,70 m, poids68 kilos."

Il est très dangereux ?

Le Dr Pelletier va t'expliquer.

Le malade en question...

est particulièrement persuasif.

Il est intelligent

et son imagination ne dépasse jamais
les limites du vraisemblable.

Son comportement ne trahit
ni confusion mentale ni délire...

jusqu'au jour où il se croit menacé

et où il tue.

C'est la raison pour laquelle l'affaire
n'a pas été communiquée à la presse.

Il est vraiment journaliste ?

Il se prétend journaliste,
diplomate ou même agent secret.

Toujours en fuite, toujours persécuté,
détenteur de secrets importants.

Je dois faire quoi ?

Rien.

Nous allons agir immédiatement
mais discrètement,

pour garantir la sécurité
de votre sœur et de son mari.

Avez-vous parlé à quelqu'un d'autre
de cette lettre ?

Non.

Mais je peux lui répondre ?

Non, surtout pas.

Il ne faut pas l'affoler.

Il vaut mieux
que tu gardes le silence sur tout ça.

Tu lui parleras plus tard.

Après.

J'ai entendu du bruit.

C'est dans ta tête.

Tu devrais dormir.

Tu me ferais l'amour, malgré Thomas ?

De toute façon, demain,
on sera peut-être tous morts.

Tais-toi.

Dis-moi ce que tu sais.

Si tu penses qu'on va mourir, dis-le-moi.

Qu'est-ce que t'as appris, toi ?

Tu ne sais rien ? T'es fou !

T'as tout inventé.

Et les pneus, je les ai inventés ?

Jules !

Julia !

Hé !

- Il s'est rien passé.
- Ah !

- Tu peux te reposer.
- Non. Plus tard.

Quand les roues seront réparées.

Tu veux y aller, sûre ?

C'est mieux si c'est pas toujours toi.
David ne peut pas.

Ah...

Je crois que je pourrais jamais
tirer sur quelqu'un.

Il n'a jamais servi.

On sait même pas s'il marche.

T'es fou ?
Tu veux qu'on se fasse repérer ?

On est déjà repérés.

Et c'est peut-être mieux comme ça.

Ramène du pain.
Et tâche de me trouver des cigares.

Et puis du vin, aussi.

C'est tout ?

Pourquoi ?

Cette nuit, Julia et moi,
on a fait l'amour.

C'est normal.

C'est dans l'ordre des choses.

Comment ne pas avoir envie de toi ?

Ah bon...
C'est tout ce que tu trouves à me dire ?

C'est pas vrai.

Et vous étiez seuls.

Elle a de la peine.

- C'est ma faute.
- Oui.

Cette fois-ci, c'est de ta faute.

Ne quittez pas.

- Allô.
- Allô.

- Claude Vandal, je vous prie.
- De la part de qui ?

- Sa sœur, Julia.
- Bonjour, c'est Lucien. Il est pas là.

Il est sorti ?

On l'a pas vu depuis ce matin.
Je comprends pas ce qu'il fait.

Ah bon ? Bon, merci.

Je vous dois ?

Une unité. Sept francs.

- C'est prêt ?
- Oui.

C'est un vrai malade qui vous a fait ça.

- Je vais lui parler.
- Non !

Tu veux te faire descendre ?

David ! Mais ne tire pas !

Arrêtez-vous !

Arrêtez...

David ! Ici ! Là !

C'est pour la résine. C'est un forestier.

C'en est vraiment un.

Un forestier ?

Bien sûr. C'est toujours un forestier.

Un garagiste, un employé du gaz...

Les flics ne ressemblent pas
forcément à des flics, Thomas.

Ça serait trop facile.

Tu comprends ça ?

Hein ? Dis.

Dis.

Tu me crois ?

On sonne chez toi, hein ?

Tu vois un facteur.
Mais c'est pas un facteur.

Un flic.

Thomas !

Qui a tiré ? J'ai entendu.

Rassure-toi, c'est moi.

Il n'a pas pu faire autrement.

J'aurais eu le revolver, j'aurais tiré.

Pourquoi ?

C'était un type chargé de nous surveiller.

Mais il était seul ?

Oui.

Armé ?

Non ?

Non.

Ça ne prouve rien.

Il nous avait vus.
Il aurait pu parler.

Mais c'est pas possible.

Où est-il ?

Il faut partir.

Nous deux.

Pendant qu'il est encore temps.

Mais tu deviens fou, toi aussi ?

Je l'abandonnerai pas.

Mais demain,
c'est toi ou moi qu'il va tuer.

Regarde ce type. Tu vas pas me dire que...

avec les mains qu'il a,
que c'était un flic ou un espion.

Mais regarde ses mains !

Qui aurait pu crever les pneus ?

C'est moi.

Pourquoi ?

- Hein ?
- Pour vous séparer, pour...

Pour qu'il parte !

Pour te sauver !

T'as donc rien compris ?

J'ai aussi inventé
la voiture qui nous suivait.

Tu me crois pas, hein ?

Mais enfin, tu me l'aurais dit !

Et le forestier,
c'est moi qui l'ai inventé ?

Écoute.

Si on est pris avec lui,

on est complices d'un meurtre.

On l'est, de toute manière.
Enfin moi, je le suis.

Alors... si tu as peur,

va à Paris.

Va à Paris. Moi, je reste.

Je te rejoindrai plus tard.

Hein, le rouquin ? Allez, hop.

Va. Allez.

Va.

Elle est folle.

Où elle va ?

Elle va voir le passeur
dont je t'ai parlé.

Pourquoi tu mens ?

Merci.

Ici 425. Elle sort de la poste
et nous la suivons.

Méhari 526 LN 40.

"... où il se croit menacé et où il tue.

"Prends bien garde à toi et à Thomas."

Thomas !

Thomas.

Mais où étais-tu ?

Allez, monte.
Il faut partir vite.

Monte !

Où est le revolver ?

Pourquoi t'as fait ça ?

J'ai rien fait.

Le revolver.

Non.

C'est seulement pour moi.

Je veux pas qu'ils me reprennent vivant.

Donne-le-lui.

Donne-le-moi, Julia.

Ou alors tire.

Non.

- Qu'est-ce que tu as fait, rouquin ?
- C'est un fou.

Un vrai fou, tu comprends ?
Recherché pour meurtre.

Mon frère a fait...

- une enquête. Il a...
- Alors ils savent où nous sommes.

Mais elle est pas vraie, son histoire.
Thomas, c'est fini !

C'est fini, maintenant.

Ce cauchemar est fini.
Dis-moi que c'est fini.

Oui. Calme-toi.

Là, le rouquin, c'est fini.

Il aurait pu nous tuer.

Il a déjà étranglé... un gardien
en s'évadant.

Oui, je comprends.

Oui.

Et puis, il préférait mourir
que d'être repris, non ?

Je comprends.

Pour se protéger,
les sociétés modernes

inventent des mécanismes
qu'elles ne contrôlent pas toujours.

Le frère de Julia ne savait rien,
et pourtant, il en savait trop.

Le piège se referma sur lui également.