All language subtitles for Si Tous les Gars du Monde...1956.BDRip 720p_Track05

Musique épique

- Loin, très loin,

à deux jours de la côte
la plus proche, celle de Norvège,

un petit bateau de pêche.

Un chalutier de Concarneau.

À bord 12 pêcheurs,
12 hommes sans importance,

12 hommes qui n'avaient jamais
fait parler d'eux.

Le capitaine s'appelait Le Guellec.

- Patron, toujours rien ?
- Ecoute toi-même.

Ils nous entendent pas,
ils gueulent.

Il y a qu'à gueuler
plus fort qu'eux.

Appel général du Lutèce :

SS TKXL lance un appel général.

Ici le chalutier Lutèce SS TKXL,

lance un appel à tous.

Nous avons un malade à bord.

Répondez.

SS TKXL passe sur écoute.

- Patron !

- Quoi ?

- François va pas bien.
- Il dit quoi ?

- Il dit rien, il peut plus.

- Alors, mon gars,
ça va pas mieux ?

II Mmarmonne.

Une drôle de maladie.

- Tu l'as dit,
une drôle de maladie.

Un Breton qui recrache la gnôle,

moi, j'ai jamais vu ça.
- Moi non plus.

- I! faudrait faire quelque chose.
- Occupe-toi de ton treuil.

- Allez, apporte les paniers,
mon matelot.

- François, comment il va ?
- II est foutu.

- Ils répondent toujours pas.
- Non.

- Dis à Marcel de monter
tout de suite.

Message radio

- Marcel ! Le patron te demande !

- Quoi ?
Qu'est-ce qu'il y a ?

Mohamed,

je monte,
surveille la pression et l'eau.

- Appel général de SS TKXL.

Répondez-moi d'urgence.
Je passe sur écoute.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Personne ne répond.

- La réception marche.
- Ca provient de l'émission.

- Patron !
Qu'est-ce qu'on fait ?

- On met dehors.

À filer.

- Laisse tomber.

- Allez !

Stop !

- Parez !

- La patte !

- Hé, tiens. Décroche la patte.

- Qu'est-ce que t'as ?

Patron !

- Quoi encore ?

- Quoi, t'es pas mort ?
Relève-toi.

- Monte-le ici.

- Lève-toi.

- Allons, Ben.
Au poisson, mon gars.

- Allonge-le.

II tousse.

Tu t'es bien arrangé.
Retire-lui sa veste.

Qu'est-ce qui t'a pris,
bougre de gaucher ?

- Je ne sais pas, patron.

Tout d'un coup, ça s'est brouillé.

J'y vois plus bien.

Ce ne sera rien.
- C'est rien du tout.

- Rien du tout ?
Deux hommes en moins.

La poisse est montée à bord.

- Tu radotes avec tes histoires
de bonnes femmes.

- Mauvaise idée
d'embarquer cet arabe.

II a le mauvais œil.
II porte malheur.

II tousse.

Il suffoque.

- Oh! Yves.

Allons. Tu ne vas pas tomber
dans les pommes.

- Qu'est-ce que tu dis ?
Je n'entends plus bien.

- Comme l'autre.

C'est quoi,
cette saloperie de maladie ?

- Appel général.
Appel général de SS TKXL.

SS TKXL. Je passe sur écoute.

- Y en a pas un seul
qui nous répondra.

Qu'est-ce que tu fais ?
Reste tranquille.

- Ça devrait marcher.

- Je vais rappeler au quart,
pendant la veille aux SOS.

On va m'entendre
aux 3 mn de silence.

- Essaie toujours.
Je vais relever Mohamed.

À tout à l'heure.

- Tiens. Bois un coup, mon gars.

Ça te remontera.

Morse et interférences

Silence radio

- Appel à tous de TKXL.
Appel d'urgence.

Appel du chalutier Lutèce.
Appel de détresse.

Répondez d'urgence,
j'ai deux malades à bord.

Deux malades très graves.
Je passe sur écoute.

Y a bien un corniaud
qui nous répondra.

Allô !

Bande de salauds,
mais vous êtes sourds ?

Merde ! Le transfo a lâché.

C'est la panne.

- Alors, vous trouvez ça normal ?

- Personne n'en veut plus ?

- Trois jours qu'on se crève
pour même pas 1 t de poisson.

Et quel poisson.

Une belle saloperie, oui.

Mais moi... je sais pourquoi.

- Qu'est-ce que tu sais ?
- Je me comprends.

- Pas ce coup-ci.
- T'as déjà plus faim ?

- Je me sens tout drôle.
- Tu ne vas pas tomber malade ?

- Penses-tu.
- I ne manquerait plus que ça.

- Dire qu'avant
c'était une si bonne baille.

Il y avait des malades avant ?

- Avant quoi ?

- Avant que ce crouillat
monte à bord ?

- T'es fou, Jos.

- Il y est pour rien.
- Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

- Je sais ce que je dis.
Donne-moi ton assiette.

T'aimes pas mon jambon ?

- Les musulmans n'en mangent pas.

- T'es pas à la Mecque.
Ici, t'es en France !

- Fous-lui la paix, Jos.
Il est Français autant que toi.

- Moi, je mangerai pas
avec un mal-blanchi.

Un porte-poisse.

- C'est pas ma faute,
s'il y a des malades.

- C'est la mienne ?

- Mohamed, va à la machine.

Marcel est avec le patron.
- Pourquoi ?

- La radio ne marche plus.
- On aura tout vu.

Et ça, c'est pas ta faute ?
- Laisse-le tranquille.

- Mauvais sort,
ça ne vient pas tout seul.

- Le transfo, il est cuit.
- Y a rien à faire ”?

- II devait être en court-circuit.

- Faut râler.
On ne peut pas les laisser crever.

La pêche est foutue.
- Et ton poste d'amateur.

T'auras une station côtière.
- C'est pour les amateurs.

- Essaie toujours.

- À cette heure-ci,

je ne sais pas quel pays
va nous entendre.

- Trouve un Australien, un Patagon,
trouve quelqu'un.

- 1,2,3,4,5.
1,2,3,4,5.

Appel de TKXL.

Ici le chalutier Lutèce.
SS TKXL

qui lance un appel
sur bande amateur, c'est urgent,

pour une consultation médicale.
Répondez, s'il vous plaît.

Ici SS TKXL, le chalutier Lutèce

qui lance appel.
Message urgent.

Roulis du moteur

Musique africaine

- Oh.

Il râle.

- T'entends le moustique ?
Je vais crever de la fièvre jaune.

- J'aimerais bien.
- T'auras pas ce plaisir.

- C'est formidable, on n'est
plus chez soi nulle part.

Grésillement du poste

- T'es casse-pieds
depuis que tu as acheté ce truc.

- Ça chasse les moustiques.

- Pas le gâtisme en tout cas,
pauvre crétin.

Meuh !

*- TKXL appelle.

Douche

SS TKXL appelle sur bande amateur
pour un message urgent.

Pour une consultation médicale.

- Ferme ça!

- Quoi, quoi, "ferme ça" ?

L'eau coule plus fort.

Message radio

- Oh, bon Dieu.

- T'es tordu ?

Vrombissement

- Coupe ton moteur !
Coupe ton moteur !

- Ça ne va pas ?
- J'ai un bateau en détresse.

- Chez toi ?

*- Je demande
une consultation médicale.

Répondez sur 14 mégacycles 300.
Je passe sur écoute.

- On n'entend plus rien.

- T'es sûr que c'est un bateau ?
- SS, c'est un bateau.

- Pleure pas.
On va le retrouver, ton transat.

Il n'y a personne.

Tu as eu des visions.

- Rends-moi ma place.

J'ai pas eu de visions.

- 1 n'y a pas de honte à ça.
Ça m'arrive aussi.

*- Sur 14 mégacycles 300.

Appel général de TKXL.

Ici, SS TKXL.

Le chalutier Lutèce.
QTH.

68- 12 latitude nord.

02 longitude ouest.

QSU.
J'écoute la fréquence.

- Ah ben, dis donc.
- Oui.

SS TKXL. SS TKXL.

Ici FD8AM, comme France,
Danemark, 8 Amérique, Maroc.

SS TKXL. DFD8AM répond
à votre appel d'urgence.

Grésillements

Ça fait 3 fois que je les appelle.

- Quelque chose débloque
dans ton zinzin.

Ça veut dire quoi QTH et QSQ ?

- Je vais t'expliquer.

- Il y connaît que dalle.
- C'est sérieux, ça.

- QTH, c'est la position.

QSQ. QSQ.
Avez-vous un médecin à bord ?

- Des malades.
II faut faire quelque chose.

- Je vais demander à Lagarrigue
un coup de main.

Il s'y connaît bien en radio.

Toi, va dire à l'administrateur
qu'il avertisse la marine.

- La marine.

Ou elle ne sait rien,
et on va la vexer,

ou elle est déjà au courant.

- M. l'administrateur.
Pardon de vous avoir réveillé.

On va se débrouiller
avec l'instituteur.

- Lagarrigue ?
Qu'est-ce qu'il vient faire ?

- Il va nous aider
à arranger le poste.

- Une seconde.

Vous m'avez dit que c'était
pour une consultation médicale.

Bon. Envoie-moi le coureur
de service. Suivez-moi.

Dr Jegou n'est pas
une lumière de la médecine,

mais je vais l'envoyer
chercher dans la brousse.

Tiens.

Porte ça au lieutenant docteur.
Et vite.

Je vais également
en référer à l'échelon supérieur.

Allô.

- Allô.
Oui, monsieur l'administrateur.

Non, monsieur l'administrateur.

À cause de la tornade,
la ligne n'est pas rétablie.

Pas avant demain.

- Bon, merci.

La ligne est toujours coupée.

Après tout,
votre illustre instituteur,

monsieur Lagarrigue,
aura peut-être besoin de moi,

modeste administrateur.

- Si tu les entends,
ils t'entendent.

Ton poste est neuf,
de bonne qualité.

- Je l'ai payé cher.
"Cinque cento miglio francos.”

- Alors ça ne peut provenir
que du moteur, de l'antenne.

- Certamente. Certamente.

- Comme tu dis.

Attention les enfants.
Attention la voiture.

- Bonjour,
M. l'administrateur.

- Salut.
- Alors, monsieur Lagarrigue.

- Bonjour.
C'est bien ce que je pensais.

- Évidemment.

- Et parfaitement, évidemment.

Regardez-moi ça.
- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Elle est petite, cette antenne,
et elle est mal dirigée.

Pauvre fada, on va en mettre
une autre, à 15 m de haut.

Fais voir ton papier.

Le bateau, il est comment ?
- Plein nord.

- On va orienter l'antenne,
est-ouest.

En direction du cocotier.
II tombe bien.

- Je ne crois pas à l'efficacité
de votre dispositif.

- À l'école des sciences politiques,
on vous a aussi appris la radio.

L'essentiel, c'est le fil de cuivre.

Tu en as dans ton bazar ?
- Oui.

- I[ va en falloir 30 M.
Dépêche-toi. Plutôt 35.

Prends un rouleau de grillage,
des cordes, de la poulie.

Des outils.
Cavale, mon ami.

Il va falloir des pelles
et des pioches.

- J'en ai dans mon camion.
Venez avec papa.

- Bon. Sud, c'est parfait.

Allez. Lucien, viens ici.

Mets-toi là. Vous permettez.

Et bouge plus.
Allez me chercher des pierres.

Dépêchez-vous.
Vous deux, venez avec moi.

Vous allez me creuser un trou, là
et une tranchée, là.

Riri, apporte deux poteaux
et tu les attaches ensemble.

- D'accord.
- Allez.

Mettez tout ça là, vous.
Allez.

Là. Allez, posez.

Allez, creusez vous autres.
Viens ici, toi.

Allez, creuse.

Mets-toi là.
Vous permettez.

- C'est lourdingue.

- Comme vous dites, mon cher.

- Oui, là, le trou.

- Riri, t'as du feu ?

- Oui.

Tiens. Sers-toi.

- Tu repars ce soir ?
- Tu vois bien qu'on bosse.

- Pourquoi ?
- Pour sauver un bateau.

- Si tu aimes mieux
les petits marins que moi.

Vous allez vous fatiguer.
Vous venez vous rafraîchir ?

- Le moment n'est pas
très bien choisi.

- Vous croyez qu'il appelle toujours,
le bateau ?

- Évidemment,
si personne n'a répondu.

- Si nous pouvions être
les premiers.

- Nous serons prêts
avant l'arrivée du docteur.

- Continuez. L'administrateur
m'attend à Dapango.

- Allez, enfonce bien la barre à mine
et le fil bien tendu.

Il tient, ton poteau ?

- Et comment !

- Tu tends bien le fil.

- M. Riri, faites monter l'antenne.

- Allez, tape.

- Ça vient.

- Répondez sur 14 mégacycles 300.

SS TKXL passe sur écoute.

Grésillements

Fracas

- Arrête, c'est coincé.

- Je n'y arriverai pas tout seul.

- On n'est pas assez.

Donne du mou.

Stop !

C'est encore coincé.

- J'arrive.

Pourquoi on a remis
le chalut à l'eau ?

On ne pourra jamais
le remonter à quatre.

- Je vais donner la main.

- On n'y arrivera pas.
On laisse tomber.

- Quoi encore ?

- Bientôt, il n'y aura plus personne
pour le chalut.

- Notre part de pêche est foutue.

- On ne joue pas avec la maladie.

- Je ne veux pas crever ici.
Tu m'entends. On rentre.

- Je commande ici.

- Moi, je tl'emmerde !

Coup violent

- Serrez tout ça. On rentre.

- Pierre !
- Quoi ?

- Viens vite.
La radio.

Dépêche-toi, on nous appelle.

*- FD8AM vous appelle.

lci FD8AM de Lapango,
au Togo.

SS TKXL.

SS TKXL.
FD8AM vous appelle.

lci FD8AM à Lapango, au Togo.

M'entendez-vous, Lutèce ?
Je vous écoute.

- Vas-y, réponds.

- Allô ! FD8AM.

TKXL vous remercie.

Ici le patron du Lutèce.
Je vous entends bien.

Nous avons 4 malades.
Y a-t-il un médecin ?

Répondez, je passe sur écoute.

*- On le cherche
dans la brousse.

Patience,
Il ne sera pas long à venir.

- Vous êtes de braves types.

“Vous êtes les 1ers à nous répondre.

- On ne peut plus lire tranquille.

*- Voilà 1 heure qu'on essaie
d'établir le contact.

- Vas-y, vite.

- Je ne pouvais pas répondre,
on a eu des ennuis techniques.

Mais on ne se quitte plus,
jusqu'à l'arrivée du médecin.

*- D'où est-il, votre bateau ?

- On est de Concarneau.
Tous Bretons.

- Sauf le crouillat.
- Chut.

Et vous ?

*- Nous, on est 5 Blancs
et 6 quand le docteur sera là.

Je suis de Turin, le propriétaire
des grandes galeries parisiennes.

À côté de moi, il y a
M. Lagarrigue, l'instituteur.

- Si je vous dis que je suis de
Dunkerque, vous ne me croiriez pas.

- Salut, les gars de la marine,
moi, je suis de Paname.

- Bonjour, messieurs,
moi aussi, je suis de Paris.

Du courage.
On est de tout cœur avec vous.

- Vous savez,
on est tous un peu émus.

- Je vais au-devant du docteur
avec ma Jeep.

Coup de tonnerre

- On vous entend mal.
Je passe sur écoute.

*- Ici SS TKXL.
Nous, on vous entend très bien.

Avez-vous pu joindre le docteur ?
Je passe sur écoute.

Ondes brouillées

- On ne vous entend presque plus.
Augmentez votre puissance ?

Je passe sur écoute.

- Ça continuera avec la tornade.

II vaut mieux couper l'antenne.

- On ne va pas abandonner.
- Non.

Coup de foudre

- Je vais voir si l'antenne
tient toujours.

- On les entend toujours ?
- Pas pour le moment.

- Alors ?
- Ça n'est pas tombé sur l'antenne.

- La tornade est passée.
- On va bien voir.

*- [ci Lutèce SS TKXL.

Ici Lutèce SS TKXL.

Vous m'entendez mieux ?
Je passe sur écoute.

- Allez-y, docteur, parlez.

- Allô, le Lutèce.
Ici le major Jegou.

Donnez-moi dans l'ordre
les renseignements suivants.

Température des malades.

“Je répète :
température des malades.

Ont-ils mal quelque part ?

Ont-ils des troubles digestifs ?
Troubles digestifs ?

Des troubles respiratoires.

- II est là, le docteur ?

- Le patron lui parle.
- Il va les guérir ?

- Mais bien sûr, mon gars.

- Ces dernières 24 h, vos malades
ont mangé des conserves :

charcuterie, saucisses,
jambon fait à la maison ?

Essayez de vous souvenir.

- Je passe sur écoute.

- C'est grave ?

- Des conserves, non.

Le second nous a fait manger
du jambon préparé par sa femme.

Du jambon fumé. Il était excellent.
À vous, le Togo.

*- Ça ne prouve rien.
Il était peut-être mal fumé.

Nous allons vérifier.

Malaxez les restes du jambon
dans de l'eau,

et faites une injection
à votre chat.

[y a un chat ?
- Va le chercher.

- Viens, mon petit Mickey.

Passe-le-moi.

- Ne lui faites pas de mal.

- Tiens, prends-le.

- Pfou !

Soupir

- Donne.

- Comme si mon jambon
était empoisonné.

- Allô, le Togo ?

Le chat, il joue.

“C'est bon signe ?

- C'est très bon signe.

Comme vous en avez tous mangé,
ça aurait pu être très grave.

Alors donnez-moi
les températures.

- J'aime mieux ça.
La pêche continue.

- Vas-y, mon gars, allume la bouée.

Voilà les températures des malades.

François, il a 39,4.
Yves a 39,3.

Léon a 38,2.
Charles a 38,4.

- Patron. Patron !

Il bouge plus.

- Docteur.

Docteur, vous êtes là ?

Le chat est mort.

- Allez, vas-y, largue.

- Comme ça, mon gars ?
- Ça va.

- Le chat.

*- Ce que vous avez,
c'est du botulisme,

un empoisonnement

botulique.

II faut que vous soyez tous piqués

avant demain matin 8 h.
Je répète :

Avant demain matin

8h.

- Docteur, on est foutus.
On est foutus,

on est à 2 jours
de la côte la plus proche.

On sera tous mort avant d'arriver.
AIIô !

- Alors ne changez pas de position.

On va vous faire envoyer
des sérums de Paris.

En attendant,
piqûre d'huile camphrée

et mouvements respiratoires
s'ils étouffent.

Votre position :
68,12 degrés, latitude nord,

02 degrés, longitude ouest ?
J'écoute.

*- Oui. Oui, c'est ça.
J'attends ici.

Merci, docteur.

On vous dit tous merci,
au nom de nos femmes,

et aussi des gosses.
Merci à vous tous, les amis.

- Il reste 12 heures pour les sauver.
Trouvez quelqu'un à Paris.

- Appel d'urgence à destination
de Paris ou la région parisienne.

Ici le Togo, FD8AM.
Allô, Paris.

- Tu ne m'attends pas ?

- Et le Palais des Sports ?
- On y va.

- llest 8h 15. Il ne restera plus
que des places à 1 000 balles.

- J'en ai pour 2 minutes.

- Bonjour, papa.
- Bonjour, mon grand.

- Ça va, patron ?
- Bonjour, maman.

- Ton dîner va être froid.
- Je mangerai en rentrant.

- Grouille-toi.

C'est cuit.
On va rater le premier match.

- Pour ce qu'il y a à voir.

Voix à la radio

*- Ici, FD8AM.
Appel général de FD8AM.

Un message urgent.
Ici, le Togo.

FD8AM appelle les gens de Paris,
pour trafic d'urgence.

Ici, FD8AM au Togo
appelle les gens de Paris

pour trafic d'urgence.
Ici, FD8AM qui passe sur écoute.

- Allô, FD8AM.

Ici Paris. F8YT Yokohama Tokyo,
qui répond à votre appel.

FD8AM, F8YT à Paris vous écoute.

*- Paris, F8YT, FD8AM au Togo
vous remercie d'avoir répondu.

J'ai un message urgent.
Je vous reçois bien. À vous Paris.

- ci, F8YT Paris.

Aux amis du Togo. Je suis prêt.
Je note votre message.

À vous.

*- F8YT Paris. Ici FD8AM.

Le docteur Jegou va vous parler.

*- Je m'excuse, avez-vous
des connaissances médicales ”?

- Non.
Mais c'est indispensable ?

Je suis monteur radio,
alors un appel d'urgence,

je ne voudrais pas
le laisser passer.

Et je suis débrouillard,
VOUS Savez.

J'ai une Vespa,
je peux passer n'importe où.

- Oui, tout de suite.

C'est un gamin.
- Il me paraît agité.

- Je le trouve gonflé.
- On n'a pas le choix.

- La bonne volonté ne suffit pas.

Je l'envoie à mon prédécesseur ?
- Bonne idée.

- Où il habite à Paris ?
- Boulevard.

- Boulevard de Clichy.
130 bis.

- FD8AM. FD8AM.
Je suis toujours là.

Je passe sur écoute.

*- Je vous dicte un télégramme,

que je vous prie de remettre
de toute urgence

au Dr Largeau, au Dr Largeau.

130 bis. 130 bis,

boulevard de Clichy.
II fera le nécessaire.

Notez bien. Je commence.

Le chalutier français, le Lutèce

68,12 degrés, latitude nord.

02 degrés longitude ouest
est en détresse.

- Alors ?
- Je parle avec l'Afrique.

- Moi, je fous le camp.
*- Le Lutèce...

- Il est prêt ?
- II parle avec des nègres.

Au revoir, madame.
- Vous ne l'attendez pas ?

- II m'a mis assez en retard.
J'y vais tout seul.

- Dépêche-toi,
Robert vient de partir.

- Au revoir, maman.
Au revoir, papa.

- Te voilà tout de même.
Fonce, maintenant.

- J'ai un message à porter.
- Mais où ?

- Place Clichy.
- Quoi ?

- Qu'est-ce que c'est ?
- Dr Largeau, s'il vous plaît.

- Le docteur n'est pas là.

- Hé, madame.

Madame, c'est un message urgent.
C'est très grave.

- Donnez.
- Non, c'est pour le docteur.

Il rentre quand ?
- II ne rentrera pas.

- Je dois le joindre.
J'ai reçu un message par radio.

- Ça m'est égal.
- C'est du Togo.

- Du Togo ?

Signé de qui ?

- Jegou, Alberto, Lagarrigue.

- Bien sûr.

Ils n'ont pas oublié
qu'on pouvait le déranger

pour n'importe quoi.

Il grelottait de fièvre,
mais il se levait.

Il partait.

Nous sommes restés
4 ans au Togo.

4 ans.

II est revenu mourir ici.

Elle pleure.

Oui, mon mari est mort.

Depuis une semaine je vis enfermée
ici, toute seule.

Vous venez chez moi pour
me rappeler que le Togo existe.

Je veux qu'on me laisse en paix.

En paix.

- Je vous demande pardon, madame.

Ils comptent sur moi.
Qu'est-ce que je vais faire ?

- Vous pouvez trouver du sérum
tout seul.

- Mais où ?

- À l'institut Pasteur.

- Ils ne m'écouteront pas.
- Montrez votre message.

- Ils ne me croiront pas.

Accompagnez-moi.

Je vois bien,
vous êtes malheureuse.

Mais eux aussi, là-bas,
ils souffrent.

- Moi, j'ai plus rien à espérer
et je dois m'occuper d'eux ?

- Je sais bien,
ce n'est pas juste.

Mais je n'y arriverai
jamais tout seul.

- J'ai assez de mon malheur

sans me charger
de celui des autres.

- Je comprends.

Ne m'en voulez pas d'avoir insisté.

Au revoir, madame.

Sonnerie de la pendule

- Attendez-moi.

Je viens avec vous.

- On veut du sérum
anti-botulique.

- Il faut vous adresser à l'hôpital
Pasteur, rue de Vaugirard.

- 12 ampoules de sérum
anti-botulique, ça fait

8 400 F.
- C'est pas gratuit ?

- Hélas, non.

- J'ai pas assez sur moi.

J'ai que.

LB 400.

Merci.
- N'oubliez pas votre message.

- Voilà l'adresse, ma sœur.

- L'hôpital ne se charge pas
des expéditions.

Si c'est pressé,
adressez-vous à Air France.

Aux Invalides.

- Veuillez remplir ce formulaire.

- Dans 3 minutes tout sera réglé.

Annonce haut-parleur

Merci.
Expéditeur, c'est moi.

JL...

Adresse.
- Téléphone.

- Expéditeur réel ?
- C'est vous.

- C'est encore moi, oui.

Adresse du destinataire ?

- L'endroit où est le bateau.

- 65,12 degrés,

latitude nord.

02 degrés, longitude ouest.

Désignation commerciale ?
- Sérum anti-botulique.

- Passavant ?

Certificat
de l'Office pharmaceutique.

C'est pas possible.
- C'est indispensable, tout ça ?

- Oui, madame.

- Licence d'importation
dans le pays destinataire.

Comment je remplis ça ?

- Sans ces renseignements,
votre paquet ne partira pas.

- Il s'agit d'un cas urgent.
Des vies humaines sont en danger.

- Ce sont des règlements
internationaux

pour éviter la fraude.

- Qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Où sont vos pêcheurs ?
Pardon.

- Par là.
- Oui.

On pourrait les joindre
par la Norvège, à Oslo.

Voyons...

Stockholm, l'avion est déjà parti.

Par Londres ,ça ne va pas,
Amsterdam non plus.

lly a Munich.

- Oui, Munich.
J'ai un correspondant là-bas.

- L'avion pour Munich part
dans 40 minutes.

- Prenez-le.

- C'est trop tard,
le car est parti.

Moi, je filerais à Orly.

Vous pourrez vous débrouiller.
- Merci.

- Bonne chance.

- Je vais le porter.

Je m'arrangerai avec l'équipage.

Il n'y aura pas
de formulaires à remplir.

Rentrez prévenir
votre correspondant en Allemagne.

- Je ne peux pas vous demander ça.
- Vous n'avez plus confiance ?

- Si, madame.
Si je ne vous revois pas, merci.

- Dépêchez-vous.
- Merci beaucoup.

- Adieu.

Annonce dans le haut-parleur

*- Attention, arrivée d'un appareil
Air France en provenance de Londres.

- L'avion pour Munich ?
- Les passagers embarquent.

- Carte d'embarquement.

- Je vais voir
quelqu'un de l'équipage.

- C'est impossible.

- C'est très urgent.

- Adressez-vous
au service du trafic.

*- est prié de se présenter
au comptoir des informations

pour communication téléphonique.

- Je comprends, mais c'est impossible.
- Pourquoi ?

- Nos équipages ont des consignes.

- Ce paquet doit partir, c'est
une question de vie ou de mort.

- Allez vite voir à la douane.

- Indifférent aux supplications
de la jeune femme,

le douanier ne voulait
rien entendre.

Il l'a renvoyée à ses supérieurs
hiérarchiques.

Le règlement,
l'inflexible règlement

ne prévoit ni la solidarité humaine
ni le péril de mort.

Ce péril de mort sur les pêcheurs
devenait de plus en plus menaçant.

Il y avait 10 heures pour atteindre
ces hommes en détresse

qui attendaient le salut
à des milliers de kilomètres de là.

- Qui c'est qui fait Munich ?
- C'est Gautier.

- I! peut prendre
mon paquet ?

- Il n'a pas le droit.

- Bon attendez, j'y vais.

Je suis désolée.
Qu'est-ce qu'on pourrait faire ?

- Rien.
Il n'y a rien à faire.

Merci.

- Pour l'Allemagne,
Il y a un avion polonais.

II part à minuit 30.
- Madame !

Il vous reste une chance
d'expédier votre paquet.

- Va vite à l'aérodrome,
mon vieux Karl.

Les médicaments ont déjà dû
quitter Orly. Fais vite.

II faut que le sérum arrive
au bateau, avant 8 h demain matin.

Je répète :
avant 8 h, demain matin.

Tu as bien tout noté ?

- Je vais à l'aérodrome,
je prends les ampoules,

je fais suivre sur Oslo,

en indiquant la position du bateau.

Merci pour l'honneur.
Terminé.

- Karl, lui aussi était prêt
à se dévouer,

et pourtant c'était un aveugle.

Un aveugle de guerre,

prêt à tenter l'impossible
pour des hommes

dont un instant plus tôt,

Il ignorait encore l'existence.

- I[ va arriver, le sérum.
- J'y crois pas.

À tout à l'heure, mon matelot.

On y passera tous
les uns après les autres.

Il y a eu François, Yves,
Charles et puis Léon.

Et maintenant Guillaume.

Quant à Marcel...

Tout ça, à qui la faute ?

- N'accuse pas les autres, Jos.

Jambon de malheur.
C'est toi qui l'as amené à bord.

Ben], viens avec moi.

Eh ben, Guillaume.
Prépare-moi la seringue.

Marcel, comment te sens-tu ?
- Ça va.

- J'aime mieux ça.
- Un petit coup de fatigue.

Je vais relever Mohamed.

- Aide-le à se coucher.

- Il n'en a pas mangé.

- C'est sa religion.
- Penses-tu.

Il n'en a pas mangé.

- C'est Mohamed
qui a empoisonné le jambon ?

Bougre d'abruti.

- Où tu vas ?
- Je vais boire un jus.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

J'ai rien fait.

- Qu'est-ce que t'as foutu
sur le jambon ?

Tu vas causer, ordure !

- Jos !

- Saloperie.

- Ah!

- Arrête, Jos. Arrête.

- Tu vas sortir de là-dessous.

- Non, Jos, laisse-le.
- Tu vas me foutre la paix.

- T'es pas fou, Jos.

- Patron ! Patron !

Jos veut tuer Mohamed.

- Quoi ?

- À coups de couteau.

- Sauvage !

On n'a déjà pas assez
d'emmerdements.

Allez, à virer !
- On ne peut pas.

- Jos ! Va au tendeur.

Toi, retourne à ta machine.

Marcel,
monte donner la main à virer.

Ben], à la ferme avant.

Largue le chien
et reste à la ferme arrière.

Toi, au guide-câble.

- Pendant que Le Guellec attendait
l'arrivée des secours,

à l'aérodrome de Munich,
Karl interrogeait

l'équipage et les passagers
de l'avion français.

Personne n'avait entendu parler
d'un colis de médicaments.

À minuit, le sérum n'avait
pas encore quitté Paris.

Il restait 8 heures
pour le faire parvenir à temps.

Après 8 h du matin,
I serait trop tard.

Minuit et quart.

L'hôtesse de l'air
emmenait le médicament.

- Nous ne faisons pas escale
à Munich.

Nous allons à Berlin.

- Il y aura quelqu'un à Berlin
pour prendre le paquet.

Merci, mademoiselle.

- Je suis heureuse
de rendre service à une Parisienne.

*- Salle numéro 1
pour le départ immédiat.

Téléphone

- Ici F8YT.
Je suis là, Karl. Je t'écoute.

- Je reviens de l'aérodrome,

et les ampoules n'étaient pas
dans l'avion de Paris.

- Alors c'est foutu.

À moins qu'elles soient
dans un autre avion.

Je vais voir chez elle.
J'écoute.

*- Jean-Louis, tu m'entends.
Ne bouge surtout pas.

S'il est arrivé quelque chose,
elle te préviendra.

- Taxi.

Coup de frein

Claquement de portière

- Alors ?

- Ça y est,
le sérum est parti.

- Mais où ?

- À Berlin.
- À Berlin ?

- I! faut prévenir
votre correspondant.

- Bon, venez avec moi.

Mes parents dorment.

- Le sérum sera
dans 1 heure à Berlin.

Dans un avion polonais.

- Je vais appeler Munich.

Quel mal vous vous êtes donné.

Je ne vous ai pas dit merci.

- Je vous remercie.
- Moi ?

- Grâce à vous, je me suis souvenue
qu'il fallait penser aux autres.

- Allô. DL3IK.
Allô. DL3IK.

Ici F8YT.
Ici F8YT.

À vous Munich.

*- Ici DL3IK. J'écoute.

- Bonne nouvelle.

*Le sérum arrivera à Berlin dans 1 h
par l'avion polonais.

Tu peux contacter quelqu'un
à cette heure-ci ?

- Ne t'inquiète pas,
mon petit Jean-Louis.

Nous réussirons. Je te promets
qu'il y aura quelqu'un.

J'appelle tout de suite Berlin.
Reste sur écoute.

Terminé.

CQ de DL3IK.

Berlin est-il à l'écoute ?

CQ de DL3IK.

Berlin est-il à l'écoute ?
Veuillez répondre.

- Dans Berlin endormi, personne
n'entendait l'appel de Karl.

Autour de sa bouée
le Lutèce flottait.

Malgré l'énergie de Le Guellec
les pêcheurs n'avaient pas la force

de remonter le chalut à bord.

Interférences radio

II tousse.

II tousse.

II souffle.

- Tu veux. Tu veux du café ?

- Ne bouge pas.
Repose-toi.

- Si si. Donne ton quart.

- Tu es un bon petit gars.
Tu m'as sauvé.

Je n'oublierai jamais, tu sais.

- Tu en veux beaucoup à Jos ?
- C'est pas le moment.

Qu'est-ce que t'as ?
T'es pas bien ?

- Ca tourne.

Va chercher Jos.

Sois gentil,
va vite le chercher.

- Monsieur Jos,
Benj vous demande.

Il n'est pas bien.
Il a la fièvre.

- Eh ben, vas-y.

- II veut vous voir.

- Il vient ?

- Je ne sais pas.
I m'a pas répondu.

- Alors, mon matelot,
ça ne va pas ?

- Je vais mourir, comme le chat.

- Ne dis pas de bêtises.

- Jos. Jos.
Je ne te vois plus bien.

- Je suis là, mon petit gars.

- Dis Jos,

faut m'emmener à Concarneau.

Tu sais, maman,
elle n'a plus que moi.

C'est pas possible
qu'elle reste toute seule.

Elle sera perdue.

- On te ramènera, mon matelot.

Ne t'en fais pas.

On est des durs, nous autres
dans la marine.

- Bien sûr.
- On va te coucher.

Mohamed, un coup de main.

Tu vas dormir

gentiment.

- C'est pas sa faute
s'il a la peau noire, Mohamed.

Faut pas lui en vouloir.

- Reste près de lui, Mohamed.

- J'appelle FD8AM.

II tousse.

Ici Lutèce.

Y a-t-il du nouveau ?
Répondez.

Je passe sur écoute.

- Patron !

Il reste des ampoules ?
- Dans le coffre.

- C'est pour le petit.

Il y en a plus que 3.

On ne pourra jamais tenir.

II faut se mettre
sur la route des cargos.

Corne de brume

On coupe les funes et on rentre.

*- Allô, le Lutèce.
Ici le Togo.

On vient d'être avisé
que les médicaments sont en route.

Surtout gardez bien la position
que vous avez donnée.

Je répète : gardez bien la position
que vous nous avez donnée.

Répondez. Je vous écoute.

- Suivez-moi.

On met en route.

Voix radio

Silence radio

Mise en route du moteur

- Karl n'avait pas réussi
à contacter Berlin.

L'avion polonais allait se poser,
et nul ne serait là pour le colis.

On pouvait joindre Berlin. Mais où
téléphoner à cette heure tardive ?

Le sort de 12 hommes était lié
aux pas incertains

de cet aveugle.

Moteur de voiture

Klaxon

- Il y a quelqu'un ?

Valse musette accordéon

On peut téléphoner d'ici ?
- Je vous accompagne.

Sonnerie de téléphone

- Votre numéro ne répond pas.
- Essayez le 731588.

- Quel numéro vous voulez ?
- 731588.

Elle compose le numéro.

- Vous l'avez à l'appareil.
Voici votre numéro.

- Allo ?

*Excusez-moi, il s'agit
d'une chose très importante.

- Si ça vous amuse de faire
des blagues

au milieu de la nuit, moi pas.

- Mademoiselle.

Mademoiselle.
- Oui. Tout de suite.

- Donnez-moi encore
le 42221 à Munich.

Merci.

L'hôpital américain ?

Je voudrais parler
à Mlle Baumester. C'est son père.

- Elle vient de finir
son service de nuit.

Elle est rentrée
chez elle.

- Chut. Mon père dort.

Assieds-toi, Johnny.
Tu dois avoir soif.

Qu'est-ce qu'il y a,
tu ne dis rien.

- Je n'ose pas. J'ai l'impression
d'être un cambrioleur.

- Tu es bête.

- Il est si terrible que ça
ton père ?

- Non. Pour lui, je suis toujours
restée une petite fille.

Sa petite fille.

- Herta, tu es là ?

- Papa. Qu'est-ce qu'il y a ?

Tu es malade ”?

Conversation
derrière la porte

- Saute par la fenêtre.

- Quoi ?

- Attends-moi dans la cour,
je t'expliquerai.

Saute vite.

- C'est très haut.

- Tu es aviateur.

- Mais pas parachutiste.

- Allez, dépêche-toi.

Aboiements

- Chut.

Gentil, gentil.

Chut. Oui, oui, oui.

Aboiements

- Chut.

- Que se passe-t-il ?
- Je vais te chercher,

chez toi.
- Mais pourquoi ?

- Papa ne m'a pas donné
d'explication.

Il a besoin de quelqu'un
qui parle américain, à l'aérodrome.

Alors j'ai pensé à toi.

- Mais ma chérie,
tu penses toujours à moi.

Allons-y.
- Pas tout de suite.

II faut d'abord
que j'aille te chercher,

et puis qu'on revienne.
[y en a pour un quart d'heure.

Ça t'ennuie de rester avec moi ?

- On était mieux là-haut.
Qu'est-ce qu'on va faire ?

- Pendant qu'ils perdaient,
sans le savoir, un temps précieux,

l'avion polonais se posait
à Berlin,

porteur de ce sérum,

dont Karl, Jean-Louis,

Alberto
attendaient des nouvelles.

- L'avion polonais
se pose en secteur soviétique,

sur l'aérodrome de Schoenfeld.
I ne se pose pas à Tempelhof.

- Qu'est-ce qu'on peut faire ?

- J'ai un camarade dans la tour
de contrôle. Je vais l'appeler.

- Air Force 763.
Je vous reçois 5 sur 5.

Téléphone

- Allo ?

Ne quittez pas.

C'est pour toi, Mitch. De Munich.

- Hello.

Johnny. Comment ça va ?
Qu'y a-t-il ?

L'avion polonais ?
Je l'ai entendu atterrir

à Schoenfeld,
Il y a une demi-heure.

Oui.

Dans le secteur soviétique.

- Ne nous mêlons pas de ça.

- Je ne tiens pas
a avoir des histoires.

Oui.

Oui.

Je comprends bien.

Je peux essayer.
- Tu es idiot.

- Oui, oui.

Ne t'inquiète pas pour Oslo.

Oui. Dans environ une heure.

Oui. Écoute Johnny...

Si j'y vais,
Il faut que je parte.

Je te tiens au courant.

- N'y va pas. Tu ne sais pas
dans quoi tu t'embarques.

- T'en fais pas.

- Où vas-tu trouver
l'hôtesse de l'air ?

- Ils descendent toujours
a l'hôtel Neva.

- Encore une fois,
ne fais pas de gâchis.

Laisse faire un autre.

VOUS QUITTEZ
LE SECTEUR BRITANNIQUE

- Mitch, pénétrant en zone est,

la nuit, sans laissez-passer,

en uniforme,
risquait de paraître suspect.

- Hôtel Neva.
- Oui.

- S'il vous plaît ?

L'hôtesse de l'air de l'avion,
s'il vous plaît.

- Elle est partie se coucher.
Pourquoi ?

- Dites que je viens chercher
un paquet.

- Quel paquet ?

- Médicaments.

- Je ne peux pas la déranger.

- Elle sait que je viens.
Elle m'attend.

- Un instant, je vous prie.

Qui dois-je annoncer ?

- Elle ne connaît pas mon nom.

- Un homme est ici.
II demande un paquet.

Un instant, s'il vous plaît.

Elle va descendre.

- Merci.

- Mademoiselle.
- Bonsoir, monsieur.

Voilà les médicaments.
Je commençais à m'inquiéter.

- J'ai été prévenu trop tard.

Merci un million de fois.

Au revoir.

- Halte.

Halte.

Avez-vous des marchandises ?

C'est quoi ?
- Des cigarettes.

- Faites un peu voir.

- Médicaments.

- Vos papiers.

Suivez-moi.

- Capitaine je ne peux
rien vous dire de plus.

Je suis sûr que ces ampoules
contiennent du sérum,

et qu'il est destiné
à sauver des pêcheurs français

que je ne connais pas.

Si je ne peux pas

les amener tout de suite,

ils vont mourir.

- Oui.

Évidemment.

Mais si moi, officier de l'armée
de l'Union soviétique,

j'étais pris, la nuit
dans votre zone,

avec ça,
qu'est-ce que vous penseriez ?

Ils me laisseraient partir
aussi facilement ?

Non.

Tovaritch Vassilieff.

Faites venir l'hôtesse de l'avion
venant de Paris.

- À vos ordres.

- On ne comprendrait pas que
je vous relâche sans une enquête.

- Alors, ce sera trop tard.

- Oui.

Oui.

- Maintenant, c'est trop tard.

L'avion américain est parti.

- Un moment.

Faites venir l'hôtesse.

Vous auriez dû en référer
à vos supérieurs.

Mais vous avez bien fait
de prendre le paquet.

Bonne nuit.

Quant à vous, sergent,

ma voiture va vous raccompagner.
- Merci.

- Qu'est-ce que vous allez faire ?
- Les envoyer.

Je ne sais pas comment.
Je m'arrangerai.

Si c'est nécessaire,
nous enverrons un avion spécial.

- Mais il n'y a pas
que les avions américains.

Ne vous inquiétez pas.

Tout est déjà arrangé.

Vos médicaments arriveront
à temps.

Ils partiront par un avion russe
jusqu'à Copenhague.

Et de là, un avion français
continuera jusqu'à Oslo.

- Johnny, j'ai eu les médicaments,

mais les Russes les ont pris.

Ils sont en route
pour Copenhague.

- Ça y est, Jean-Louis, un avion
français les transporte à Oslo.

Les Norvégiens sont alertés.

- Allô, le Togo.
Contactez le Lutèce.

On va leur parachuter le sérum.

- J'appelle le Lutèce.

TKXL. TKXL.
J'appelle le Lutèce.

M'entendez-vous ? Ici le Togo.

- Toutes les stations
appelaient le Lutèce,

obstinément silencieux.

- Silence à tous les bateaux.
SS TKXL.

Ici Oslo.

- SS TKXL, ici Newcastle.

Comment me recevez-vous ?

- De Boulogne radio.
De Boulogne radio.

Appel à tous les navires.

- Les Anglais,
après l'appel de Boulogne,

avaient changé de route.

Mais le Lutèce n'était plus
à la position indiquée.

Boulogne lançait un appel général
demandant le silence.

Le Lutèce était perdu,
il fallait le retrouver.

- Ici Boulogne radio.
lci Boulogne radio

qui appelle TKXL.

Allô Lutèce, m'entendez-vous ?

Votre position ?

- Mohamed.

Mohamed !

Monte.

- Je viens.

Comment ça va ?
- J'étouffe un peu.

- Je laisse ouvert,
l'air te fera du bien.

Qu'est-ce qu'il y a ?

- On va faire une piqûre
au patron.

- Si il faut.
- Je ne peux pas,

j'ai la tremblote.

- C'est peut-être la gnôle.

- Donne tes mains.
Ça désinfecte.

Allez.

Il en reste ?

- Une.

- Vas-y.

Dis, Mohamed,

comment il va, le petit ?

- Pas bien.

- Et dans le poste ?
- Kif kif.

Ça y est.

- Merci.
Retourne à ta machine.

- Faudrait qu'ils nous retrouvent.
- C'est mal barré.

- Jos.

Jos !

Pourquoi on fait route ?

- Pour se rapprocher
de la route des cargos.

- Personne ne sait plus
où on est maintenant.

Fais stopper la machine.

- Si on nous cherche,
on nous trouvera.

- Imbécile.
Fais stopper, que je te dis.

- Mohamed, on stoppe.
Arrête la machine.

- Jos.

Le trait noir est bien
sur 215 ?

- Oui.

*- TKXL SS Lutèce.

TKXL SS Lutèce.

Boulogne appelle
le Lutèce Concarneau.

Si quelqu'un parle au Lutèce,

qu'il dise que les médicaments
sont partis par avion.

Il les recevra vers 8 h.

Je répète.
Il les recevra vers 8 h.

- T'as compris,
Ils envoient les drogues.

*- Boulogne FFB
appelle le Lutèce TKXL.

Répondez, s'il vous plaît.

Je passe sur écoute.

- Réponds.

- Je ne saurai pas.

- Lève l'interrupteur.
- Lequel ?

- Au-dessus de toi.

Regarde. L'aiguille monte ?

- Elle est à poste.

- Cause. Cause, Jos.

- C'est Jos qui cause.
Le patron est à côté de moi.

Qu'est-ce que je dis ?

Hé !

Il a tourné de l'œil.

Qu'est-ce que je fais ?

*- Étes-vous là, Lutèce ?
Répondez.

Êtes-vous là, Lutèce ?

Quelle est votre position ?

- Elle est pas bonne.
Tout le monde est malade. On est 2.

*- Votre nouvelle position
géographique,

pour qu'on vous retrouve.
Quelle est votre route ?

Quel cap, et combien de milles.
Répondez, c'est urgent.

*- On va au sud.

On s'est mis en route à minuit,
et on vient de stopper.

- 4 h 30 à 8 nœuds,
ça fait 36 milles.

- On va faire un relèvement
pour savoir où vous êtes.

Ne quittez pas l'écoute.

Demandez de nous recouper.

Vous êtes toujours là, le Lutèce ?

“Vous êtes toujours là ?
Faites bien attention.

Devant vous, à droite,
Il y a un bouton en haut,

il faut le mettre en bas.

Vous allez dire distinctement :
"Ici le Lutèce TKXL."

Relevez le bouton, puis
vous appuierez sur le manipulateur.

Allez-y.

- Ici le Lutèce TKXL
de Concarneau.

Patron Le Guellec.

Sifflement émetteur

- 004

- 004.
- Ils ont quoi à Oslo ?

- 343... 3, 4, 3.

- 343... 3, 4, 3.

-0,0,4.
-0,0,4.

Ils sont là.

- Au revoir.

- Voici, mon lieutenant.

- Ça y est, Jos.
J'ai monté les signaux de détresse.

Hé, Jos,

tu ne vas pas me laisser tomber.
Qu'est-ce que je ferais ?

- Je ne sais pas si je tiendrai
jusqu'au bout.

- Faut pas dire ça, Jos.

- Qu'est-ce qu'il fout, leur avion ?

Il vient ou il vient pas
votre avion ?

Vous attendez
qu'on soit tous crevés ?

*- Le Lutèce, parlez moins vite.

Ici l'avion qui vous apporte
les médicaments.

Nous sommes à 150 km de vous.

Nous serons là dans une demi-heure.

Dites-nous quand
vous entendrez nos moteurs.

Je passe sur écoute.

*- Bonjour.
On est content de vous entendre.

Tâchez de faire vite.
Merci à vous.

- Courage.

Nous vous rappellerons
dans un quart d'heure.

- Tiens bon, matelot.

Bientôt t'auras plus mal.

- L'avion arrive
avec le sérum.

- Alain, on est sauvés.

- Mohamed, donne-moi la main.

Je veux voir venir l'avion.

- Ouvre bien l'œil.

- Par où. Par où il va arriver ?

Moteur d'avion

- Par là !

*- Parlez lentement.

Je dis qu'on vous entend,
nord-nord-est.

- 5 degrés encore à l'ouest.

C'est trop,
Il faut revenir à 3 degrés.

Allô, le Lutèce.

Nous volons vers vous au Cap 230.

Attitude 1500.

Donnez-nous la hauteur du plafond,
la vitesse du vent et la visibilité.

*- Les nuages sont très bas.

- Dites-nous
quand vous nous entendez passer.

À tout de suite.

Montez quand même.

Moteur d'avion lointain

- Écoutez bien, les gars.

- Bah, on l'entend.

Mais on le voit pas.

- Il va passer !

- Vous passez juste
au-dessus de nous.

- Qu'est-ce qu'il fait ?

- Il fout le camp.

- Même vitesse. Cap 95.

- Je commence à percer.

- 100 m. Toujours la crasse.
Je redresse.

- Ça y est, le voilà.

- Bravo, Toto.
Tu viens droit sur nous.

*- Ne m'appelez pas Toto,
je m'appelle Olaf.

Nous sommes à 100 m
et on ne vous voit pas.

Nous allons descendre plus bas,
mais c'est casse-gueule.

Cris de joie

- Vent nord-ouest.
- Je vire.

- Vous êtes prêts ?

- Oui.

-5..4...

3.2.1...

0. Go.

- C'est raté.

On t'en veut pas,
mais on sait pas où c'est tombé.

Y a guère de chance
qu'on le repêche.

On te remercie quand même.
Je vous écoute.

- Fumiers !
- Ordures !

- Connards !

- Mais non, les gars.

C'était juste
pour tâter le vent.

Maintenant, c'est le bon.

C'est foutu.

Non ! Non !

Mohamed, t'es fou !
L'eau est glacée.

Reviens !

Mohamed !

- Mohamed !

- I! faut remettre
la machine en route.

Mise en route des machines

- Huit jours ont passé,

lourds d'impatience.

Et aujourd'hui, à Concarneau,

on attend l'arrivée du Lutèce.

Tout le monde est venu saluer
le retour

de ceux qui auraient pu
ne jamais revenir.

- Toutes les familles
sont là, près de moi.

La femme du capitaine va parler
si l'émotion le lui permet.

Il ne faut pas pleurer.
Vous devriez être heureuse.

- C'est pour ça que je pleure,
monsieur.

- M. l'administrateur, vous n'aurez
pas de mauvaises nouvelles.

Il n'y aura pas d'orphelins.

- II faudrait
que ce soit toujours comme ça.

- Et vous, madame ?

- J'attends mon petit gars.

- Vous avez hâte de l'embrasser ?

- Oh oui. Il ne me reste que lui.

- Quel âge-t-il ?
- 16 ans.

- La foule s'agite
vers l'entrée du port.

- Le voilà !

Cris de joie

- Oui, c'est le Lutèce.

*- C'est le Lutèce

avec tout son équipage
sain et sauf.

Espérons que ceux qui ont participé
pour le sauver nous écoutent.

Leur peine a été récompensée.

Nous les remercions
du plus profond du cœur.

Merci à vous, les amis du Togo.

Merci aux braves gens de Paris.

Les cloches vous disent merci,
elles aussi.

Et ces enfants dont vous entendez
les cris de joie

remercient tous ceux
qui se sont retrouvés unis

par-delà les frontières
dans cet élan de solidarité.

Il fallait sauver 12
de ces existences

dont une seule reste encore,
envers et contre tout,

le capital le plus précieux
de l'humanité.

À tous ces gars du monde
qui se sont donné la main,

pour nouer,
même l'espace d'une nuit,

cette chaîne de bonne volonté,
merci.

Cornes de brume

Musique triomphante

Sous-titrage :
IMAGINE