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[miaulement d'un chat]

Tous les locataires qui partent
en deux mois, tu trouves ça normal, toi ?

Qu'est-ce que t'as fabriqué ?

Sidi Jacky, c'est la guerre en Algérie.
Les Français, ils partent

et les Algériens,
ils ont pas les moyens de louer.

La guerre ? Mais quelle guerre ?

Des événements, quelques échauffourées
dans le quartier, c'est la guerre ?

On voit bien qu'ils savent pas
ce que c'est que la guerre, la vraie.

H'mir.

[musique intrigante]

Il va falloir aller voter tout à l'heure,
Sidi Jacky.

C’est pas ce fichu référendum
qui va payer mes traites.

[explosion]

[Jacquard] Bon, on va où, maintenant ?

[Moktar] Rue du général de Bourmont,
et après, rue du duc d'Aumale.

[voix à la radio] Il est cinq heures.

Voici notre bulletin d'informations
de ce 8 janvier 1961.

Les Français se prononcent aujourd'hui
sur le référendum sur l'Algérie.

La question à laquelle le peuple français
doit répondre est la suivante :

"Approuvez-vous le projet de loi
soumis au peuple français

par le président de la République

et concernant l'autodétermination
des populations algériennes

et l'organisation des pouvoirs publiques
en Algérie avant l'autodétermination ?"

Notre bulletin d'informations
de ce 8 janvier 1961...

[Moïse] André ?

- J'ai eu votre message.
- Bien. Vous allez immédiatement envoyer

le dossier Mercaillon
à Dubreuil au ministère.

- Oui mais...
- Vous vous souvenez ?

- Il est en bas à gauche du...
- Moïse !

Il y a plus de dossier. Il a disparu.

Qu'est-ce que vous dîtes ?

Il y a plus de dossier. On nous l'a volé.

Merde !

Des années de boulot pour rien.

Mercaillon. Ça peut être que lui.

- Allez, venez. Sortons d'ici.
- Surtout pas.

M'évader, ce serait reconnaître une faute
que je n'ai pas commise.

Qu'est-ce que je vais faire ?
Je vais aller où ?

On peut pas rester comme ça
sans rien faire. Il faut réagir.

On l'aura autrement.

Ah oui et quand ?

Comment ?

Rentrez à la maison et n'en bougez plus.
J'ai besoin de réfléchir.

C'est un ordre, André.

Bien.

Ah, attendez. J'aimerais
que vous votiez pour moi, aussi.

Voilà une fausse procuration.

Je peux pas voter, je suis mort.

Vous voterez
dans le cinquième arrondissement.

Ils ont l'habitude là-bas.

- Ah bon ?
- Oui, oui. Allez.

- Et vous votez oui, bien sûr.
- Bah oui.

S'il y a du nouveau,
je vous contacterai par perroquet.

[il acquiesce]

[une porte claque]

Approuvez-vous le projet de loi
soumis au peuple français ?

Une véritable "nuit bleue"
a eu lieu à Alger.

Au moins trois immeubles ont explosé
au petit matin.

L'origine criminelle ne fait aucun doute.
L'organisation terroriste FLN

ayant signé chacune de ces explosions.

Les Français se prononcent aujourd'hui
sur le référendum sur l'Algérie.

La question à laquelle le peuple français
doit répondre est la suivante :

Approuvez-vous le projet de loi
soumis au peuple français ?

[sonnette]

[assesseur] A voté.

[Calot] "Approuvez-vous le projet de loi

soumis au peuple français
par le président de la République

et concernant l'autodétermination
des populations algériennes

et l'organisation des pouvoirs publics

en Algérie avant l'autodétermination ?"

"L'organisation des pouvoirs publics
en Algérie avant l'autodétermin..."

C'est quand même malheureux
que des terroristes s'attaquent

à des biens immobiliers français.
Non, monsieur Bénichou ?

Vous pensez que je serai remboursé
bientôt, sinon ?

- Remboursé pour quoi ?
- Pour ça.

À quel titre ?

Bah...

- Dommage de guerre.
- Ah non, je suis désolé.

La compagnie d'assurance suivra pas.
Il y a pas de guerre en Algérie.

- Quoi, pas de guerre ? Ça, c'est quoi ?
- Des événements.

Enfin, un événement immobilier.

Vous voyez, monsieur Bénichou,
en agissant comme ça,

vous n'aidez pas vraiment à améliorer
la réputation de vos coreligionnaires.

- Je vous demande pardon ?
- Et le décret Crémieux ?

Ça fait 100 ans
que les juifs d'Algérie sont français

grâce à nous, et voilà
comment on est remerciés.

Ça marche pas que dans un sens, mon vieux.
Je vais vous dire une chose.

Vous êtes un Français
pas français, Bénichou.

Moktar est un pas Français
plus français que vous.

Naadin bébék.

On a vraiment eu un très bel office,
ce matin.

[le colonel] Hum.

Le prêche du père Berthelot
était particulièrement profond.

Hum, hum.

Empli de foi, d'espoir,

d'amour du prochain.

[sonnette]

[assesseur] A voté.

- Votre vote.
- Merci.

[Jacquard] Qu'est-ce que tu fabriquais ?

Ah là là ! Ça fait du bruit, hein ?

Pour ce que ça a servi !

Les assureurs sont
des profiteurs de guerre,

même quand il n'y en a pas.
Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Un cadeau pour vous, Sidi Jacky.
- Un cadeau pour moi ?

Comme je vous sentais un peu contrarié
en ce moment, alors euh...

- [Moktar] Voilà.
- [Jacquard] Il y a un peu de quoi.

Vous pouvez changer, si vous voulez.

Non.

Elle est très jolie.

- Merci, Moktar.
- Abdulilah.

Et au fait, Sidi Jacky,
vous allez voter quoi ?

Je vais voter oui, quelle question !

- Et toi ?
- Bah oui aussi.

C'est bien que les Arabes,
ils peuvent choisir leur destin.

Qu'ils puissent choisir,
je te l'ai dit cent fois.

Qu'ils puissent.

On a réussi beaucoup de choses depuis 1830

mais le subjonctif, c'est pas encore ça.

- Voilà pourquoi on doit rester.
- Si c'est le oui qui gagne,

on va peut-être autodéterminer
qu'on a plus besoin de parler français.

Bah, si c'est le oui qui gagne,
c'est le général qui gagne.

Donc, la France, donc, le français.

Si c'est le oui qui gagne,
ça sera un chouia moins de français

et un chouia plus d'arabe.
Sinon, qu'est-ce qu'on va autodéterminer ?

Que l'Algérie reste française
et que mes locataires reviennent.

Yatik assaha, Mahmoud.

L'Algérie reste française

avec beaucoup plus de pouvoir
pour les Arabes.

Donc, un peu moins française.

Si vous votez oui,
c'est que vous voulez ça.

Bah, non. Je veux pas
que l'Algérie soit moins française, non.

Vous pouvez pas dire non.
Sinon, vous votez pas oui.

Tu m'embrouilles. Je vote oui, toi aussi,
c'est tout. On y va.

Donc, je vote oui pour plus d'Algérie,

et vous votez oui pour plus de France.

Refais voir la question.

Autodétermination.

Autodétermination.

Mais qu'est-ce qu'il fait ?

J'en sais rien.

- J'ai pris des têtes de nègre.
- Très bien, madame.

Coucou.

Ah ! Tu t'es tout de même décidée
à te lever ?

Réveillée par le téléphone.

Heureusement que ton frère
est plus sérieux que toi.

On a eu une très belle messe.

Hum.

Elle a mis un couvert de trop.

Elle est vraiment impossible,
en ce moment.

C'est moi qui lui ai demandé.

- J'ai une surprise.
- Tu as invité le père Berthelot

pour t'excuser
de ne plus venir à la messe.

Je n'ai plus de pain au petit épeautre.

Oh, non ! Il vient déjà
de vous farcir le crâne pendant une heure.

Yvon !

- Mais alors qui as-tu invité ?
- Maurice Thorez.

Le jour où un communiste viendra chez moi,
ce sera les pieds devant.

Sophie.

[sonnette]

Laissez, Marthe, j'y vais.

Surprise.

[Irène] André ! Ah ça, pour une surprise !

Bonjour, madame. Yvon.

Bonjour, monsieur.

[Irène] Maurice, vous allez bien ?
On dirait que vous avez vu un mort.

Ça va, monsieur ?

- Salam Aleikum, Aziz.
- Aleikum salam habarat. Labes ?

Labes, labes. La famille, bkhir ?

- Hamdullah.
- Hamdullah.

- Tu nous mets des machmach ?
- Bien sûr, bien sûr.

- Ils viennent d'où, ceux-là ?
- De M'Sila.

Tu en as plus de Batna,
comme la dernière fois ?

Je préfère, ils sont plus sucrés.

Je vais voir, Sidi Jacky.
Pour vous, peut-être, je vais trouver.

- Barak alhou fik, Aziz.
- Wafika baraka.

Moktar, j'ai eu une révélation.

T'imagines si la France part d'ici ?
Qu'est-ce qu'il va devenir, ce pays ?

Rien.

Ce pays sans la France, c'est rien.

Je vais voter non.

Moi aussi, je vais voter non.

- Saha.
- Allah yeselmek.

[Sophie] C'est quand même incroyable

de devoir attendre d'avoir 21 ans
avant de pouvoir voter.

- Avant 21 ans, on est encore un enfant.
- On peut avoir des enfants, surtout.

Sophie !

[Sophie] La France est un pays
tellement rétrograde.

[Sophie] Il y a combien de temps
que les femmes ont le droit de vote ?

Quinze ans.

Il a fallu que ma petite maman attende
tout ce temps avant de pouvoir s'exprimer.

- Il est splendide. Merci, André.
- Je vous en prie.

[Sophie] En tout cas,
moi, j'aurais voté oui.

Pour une fois, j'aurais été d'accord
avec mon petit papa.

En votant oui,
on affirme son soutien au général,

l'homme qui guide la nation depuis 20 ans.

On vote surtout pour la libération
du peuple algérien.

Enfin, si ce n'est pas
un nouveau coup tordu de De Gaulle.

Ma bichette, ne parle pas
de ce que tu ne connais pas.

Je suis peut-être une enfant
mais je suis assez grande pour comprendre

que De Gaulle utilise le référendum
pour faire oublier son coup d'état.

Qu'est-ce que c'est
que ces inepties gauchistes ?

Le retour de De Gaulle en 58,
c'est un coup d'état.

[Sophie] Je sais que tu n'aimes pas
qu'on dise ça mais c'est la vérité.

- Vous ennuyez André avec vos disputes.
- Non, pas du tout.

Le général était le seul homme
capable de diriger la France

dans ce fourbi qu'elle était devenue.

Il faut reconnaître qu'il a tenté
de laver la honte de Vichy.

[André] Une tâche dans notre histoire,
sans doute indélébile.

Il y en a plus.

C'est tout petit, ces bouteilles.
Allez, à la cave.

André, venez avec moi.

Qu'est-ce que vous foutez ici, Merlaux ?
Vous êtes mort !

Je vais mieux.

Libérez Moïse.

Immédiatement.

C'est donc ça.

Vous êtes complice.

Oui, face à un complot.

Vous avez voulu me tuer
et vous avez arrêté Moïse.

Libérez-le, sinon je révèle à Sophie,
Irène et Yvon qui vous êtes vraiment.

- Je le dirai aussi à Marthe.
- Ne touchez pas à ma famille, Merlaux.

Je leur dirai quel collabo vous étiez.

Je sais que c'est vous qui avez dénoncé
mon père aux Nazis, mon colonel.

Prouvez-le.

Où est le dossier, Mercaillon ?

Quel dossier ?

Toutes ces belles photos où on vous voit
travailler avec les Nazis,

- rigoler avec eux.
- Il n'y a pas de dossier.

Il n'y a jamais eu de dossier
et il n'y aura plus de dossier.

[Sophie] Papa ? André ?
Qu'est-ce que vous faites ?

Libérez Moïse, sinon votre fille saura
tout de vos actes et de vos fonctions.

- Passés et présents.
- Vous pensez qu'elle va vous croire ?

- Vous voulez qu'on essaie ?
- [Sophie] Papa ?

On arrive ma bichette.

Oui, on arrive, Sophie,
et on a plein de choses à te raconter.

Je vous interdis.

[Sophie] Dépêchez-vous. Maman voudrait
qu'on passe à table pas trop tard.

Oui, maman voudrait
qu'on passe à table pas trop tard.

Attendez. Prenez
quelques bonnes bouteilles de vin aussi.

Tiens, un Bordeaux de 1934.

1938.

1942.

C'est une très bonne année, non, 1942 ?

Exceptionnelle, même. Tenez, prenez-en.

Prenez-en deux ou trois. Voilà.

Non, mais... vous avez une idée
de ce que ça coûte ?

On a des choses à fêter, hein ?

Vous allez voir, Maurice.

Maurice ? Comment osez-vous ?

Si les électeurs se déplacent en nombre
pour apporter leur bulletin,

nul ne sait encore si le général de Gaulle
obtiendra le oui franc et massif

qu'il a demandé pour construire l'avenir.
La question

- à laquelle le peuple français...
- Bonjour, Aimé.

Mademoiselle Marie-Jo
mais qu'est-ce qui vous arrive ?

Je viens à apporter à manger
à monsieur Moïse.

Je vous aime bien, mademoiselle Marie-Jo

mais je peux pas vous laisser entrer.
Je vais avoir des problèmes.

Pensez, un dimanche.

Oui, je sais,
mais je lui ai fait un quatre-quarts.

Le pauvre, tout seul, ici.

D'ailleurs, j'ai une belle part pour vous.

Vous êtes vraiment une chic fille.
Bon, d'accord.

- Mais ne dites rien, s'il vous plaît.
- Et vous, non plus.

Chut, on y va.

Bonjour, monsieur Moïse.

Je vous ai apporté à déjeuner.

Un dimanche ?

Vous déjeunez pas le dimanche ?

[Marie-Jo] Andouillette.

On n'est pas au Modern,
on n'est pas mercredi

- mais je sais que vous en raffolez.
- Merci beaucoup, ma petite Marie-Jo.

Oh !

Et en fait,
Marthe l'avait rangé dans la malle.

Il est très bon, ce vin, monsieur.

Normalement, c'est un vin de garde.

Qu'on garde pour qui ?

[petit rire]

Vous permettez, madame,

monsieur,

j'ai quelque chose d'important
à vous dire.

Monsieur Mercaillon,

j'ai l'honneur de vous demander
la main de votre fille.

Dis oui, mon petit papa.

[Irène] Enfin,

dites quelque chose, Maurice.

Papa, un oui franc et massif.

Oui.

[cri de surprise]

- [André] Irène. Irène.
- Oui.

Au mariage prochain, le 3 juin.

On n'a rien de prévu.

Et puis, c'est le jour de l'anniversaire
de la mort de bonne maman.

- Maurice.
- [Irène] Oh !

Vous permettez
que je vous appelle Maurice ?

Non.

Au diable les convenances, Maurice.
Prenez-le comme une marque d'affection.

Absolument. Tiens,
je vais vous embrasser, Maurice.

[rires]

Petite ordure.

[soupir de contentement]

Monsieur Moïse, vous savez
quand je suis allée donner à manger

à votre petit perroquet ?

D'ailleurs, il est très mignon.

C'est fou ce que c'est amusant,
ces petites bêtes quand ça parle.

Ma cousine de Redon en a eu un longtemps.
Il répétait tout.

Elle a été obligée de s'en séparer.
Il était d'une vulgarité.

Deux hommes sont entrés chez vous.
J'ai juste eu le temps

de me cacher. Ils ont pris un gros dossier

dans un des tiroirs de votre beau buffet
et ils l'ont emporté.

Ah oui !
Ne vous inquiétez pas, ma petite Marie-Jo.

C'est sans doute le concierge et son fils
qui venaient faire du ménage.

Je leur avais demandé.

Je vous assure qu'ils n'avaient pas
des têtes de concierges.

Plutôt des sales têtes.

Je sais, je sais, ma petite Marie-Jo.
Ils sont de la Moselle.

Et il n'y avait pas assez
de différence d'âge entre eux

pour que l'un puisse être
le fils de l'autre.

- Oubliez tout ça.
- Ils ne faisaient pas le ménage du tout.

Bon, écoutez, Marie-Jo.

Comme toutes les femmes,
vous avez trop d'imagination.

Ne pensez plus à tout ça.
Rentrez chez vous

et faites-nous des gâteaux plus souvent.
Votre quatre-quarts est excellent.

Eh bien, bon appétit.

[Irène] Qu'est-ce que vous en pensez ?
Elles sont bonnes, non ?

[Sophie] Délicieuses.

[Irène] C'est chez Boën.
Elles sont magnifiques.

Yvon, tiens-toi droit.

Je reboirais bien
un peu de champagne, moi.

Oh, Sophie !

Quelqu'un a une cigarette ?
J'ai envie de fumer.

- Merci, André.
- Vous êtes ridicule, Irène.

- Non, je m'amuse.
- Sûrement pas !

Enfin, Maurice,
si c'était mauvais, ça se saurait.

[Irène] Des langues de chat,
quelle bonne idée !

Maurice ? Vous libérez Moïse ?

Non.

Irène, je vous en conjure, retrouvez
un peu de dignité et recoiffez-vous.

[André] Si je puis me permettre,

je trouve que les cheveux détachés
vous vont très bien.

Vous êtes très belle comme ça.

Merci, André.

[André] Vraiment pas,

mon colonel ?

Non.

[le perroquet]
Qu'est-ce que c'est ? C'est le plombier ?

Ne me prenez pas pour une idiote,
monsieur Moïse.

[assesseur] Cédric Lionnet. A voté.

[assesseur] A voté.

- T'as compris la question, toi, Moktar ?
- Non.

[assesseur] A voté.

[assesseur] A voté.

- On va fermer, monsieur.
- [Calot] Une seconde.

"Approuveriez-vous l'idée
de rédiger une question

qui poserait d'emblée un choix binaire

plutôt que d'en rédiger une qui comporte
en son sein deux sous-questions,

dont chacune
est le parfait oxymore de l'autre ?"

Oh là là, c'est trop d'émotion pour moi.
Ma petite fille qui devient une femme.

[Line Renaud] Johnny Hallyday, venez.
Il a seize ans, je crois.

[André] Ah, merci, Marthe.

Vous voyez, ça change tout.
Je voudrais bien poser des questions

à mon filleul mais je vous préviens
tout de suite, Aimée,

- il répond par oui ou par non. Hein ?
- [Aimée] C'est monsieur oui-non.

[André] Et si on dansait ?

- [Sophie] Oh oui !
- [André] Hein ?

[Irène] Oui, d'accord.

[André] Maurice, ça ne vous embête pas
si on danse dans le salon ?

[Irène]
André, vous me faites faire des folies.

[Irène] Alors, attention au plafond.

- Ah, les coupes !
- Ah. J'ai la mienne.

[rires]

Et maintenant, les actualités.

Avec toutes les précautions qu'il convient
de prendre à cette heure de la soirée,

il semblerait que le oui
l'emporte largement.

Si c'est bien le cas, le général de Gaulle
obtiendrait alors le oui

franc et massif
qu'il avait demandé aux Français.

Allez Maurice, par pitié.

Éteignez ce poste de télévision
et venez vous amuser.

Allez, papa, viens danser.

Jamais de la vie.

Venez danser, Maurice.

Vous libérez Moïse ?

Vous m'emmerdez, Merlaux.

[claquement de porte]

[le colonel]
Le directeur de la direction financière

et comptable, Gomez,
absent pour noces de crêpe,

est à l'origine de l'erreur de tamponnage
ayant entraîné la dégradation

du directeur-adjoint Moïse.

Il sera lourdement sanctionné.

En conséquence,
restitution des décorations.

- Restitution des fournitures de bureau.
- Fournitures remises, mon colonel.

Georges Préjean, au nom des pouvoirs
qui me sont conférés,

je vous restitue
dans toutes vos décorations et fonctions.

Justice est faite.
C'était tellement scandaleux.

Messieurs,

le référendum sur l'autodétermination
de l'Algérie a eu lieu.

[le colonel] La France a voté oui.
La France a voté oui au général.

La France a voté oui à la France.

[pied-noir 1] Résistance citoyenne ?

[Jacquard] Non.

Milice secrète.

Non, pas bien non plus.

[pied-noir 2]
Qu'est-ce qu'il fait là, lui, au fait ?

[Jacquard] Je réponds totalement de lui.
Aucune inquiétude.

[pied-noir 1] Organisation souterraine ?

[Jacquard] Non.

[pied-noir 2] Non.

[Moktar] Organisation armée secrète ?

[Jacquard] OAS.

Très bien, ça.

[pied-noir 1] Oui, ça sonne bien, OAS.

[Jacquard] On est en guerre.
Il faut le faire savoir au général

et aux assureurs.