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Musique douce aux notes chinoises

A Beautiful Morning
(The Rascals)

- Tu te recouches ?

- Je peux pas, mon coach arrive.

T'as pas ton conseil de surveillance,
ce matin ?

- Oh, merde !

J'avais complètement oublié !

Il rit.

Tellement l'habitude
de plus rien foutre.

- Toi qui avais peur de t'ennuyer.

Rire moqueur

Il soupire.

Il urine avec difficulté.

- Un.

Et deux.

Jusqu'au bout, les étirements.
Allez, un.

- Bonjour, Mehdi.
- Bonjour, Paul.

- Je reviens te chercher dans 1 h ?

- T'embête pas,
Carole passe me prendre.

- On va travailler
les ischios et les fessiers.

La porte claque.
- Non !

- ... notamment nos usines
d'Espagne et d'Algérie

sont en forte progression.

Nos chiffres sont atteints
et nous espérons

une progression encore à deux chiffres.

- Alors, excuse-moi, je te coupe.

Mais sur la zone proche-orientale,
à savoir, Chypre, Israël et Égypte...

Les oiseaux chantent.

- Je te dis
que tu devrais prendre ton fer 7.

- Fiche-moi la paix.

- Comme tu veux.

Exclamation désapprobatrice

Cri d'un oiseau

Tuvois! - Et merde !

Pourquoi tu m'écoutes pas ?

- Mais c'est mon arthrose.

- Tu m'aurais écouté,
y aurait pas d'arthrose qui tienne.

- Paul !

Paul, c'est à toi.

- J'arrive.

- C'est pas vrai !

II va faire nuit.

Rires moqueurs

Il souffle.

- Entre l'arthrose et la prostate,
il faut vous piquer.

- J'ai encore de beaux restes.

5 euros que j'arrive direct
sur le green.

- Tenu.

- Tu devrais prendre ton fer 7.
Rire désapprobateur

(- Oui.)

Et voilà le travail !

- Bien joué.
- Mon champion.

Tu vois que c'est pas le fer.
Rires

- 3 semaines.

On fait Los Angeles-Tokyo,

Tokyo-Pékin et Pékin-Paris.

- Si vous passez par Pékin,
il faut appeler Tanguy !

II vous donnera des adresses.
- Redonne-moi son mail.

- On reboit quelque chose ?

- On va pas traîner
si on veut faire des courses.

- Y a quoi à bouffer à la maison ?
- Rien.

Rires moqueurs
- Au moins, c'est clair.

- Je sais pas pourquoi je demande,
y a jamais rien.

- C'est pas faux,
ça me fait tellement chier de cuisiner.

CAhbon? - Moi, c'est pareil.

- C'est vrai ?
- On se fait un resto ?

- Ah oui !
- Pourquoi pas.

- Non, on termine la saison 2
de The Affair.

- Vous l'avez pas vue ?
- Non.

- Des années qu'on voulait le voir.

On a vu la saison 1
et presque toute la 2,

hier et avant-hier.

- C'est formidable, non ?
- FORMIDABLE.

- Et quand Noah.

- Tais-toi, ne dis rien.

- Je vais payer.
- On partage.

* Klaxon

(- Tu crois.)
(- Attends...)

* La série est en anglais.

- Mollo sur la vodka.
Interphone

Ben.

Il éteint la télévision.

- Oui ?

* Voix indistincte

Je vous entends mal.
Qui est là ?

- C'est qui ?

- Je sais pas.

Allô ?

*- Maman !

- Tanguy !

Musique intrigante aux notes chinoises

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Mei Lin m'a quitté.

- Oh mon Dieu, c'est pas vrai.

- Sans déconner ?

- Si.

Elle est partie.

- Oh, mon pauvre chéri.

Vous arrivez tout droit de Pékin ?

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Allez, venez. Restons pas là.

Occupe-toi des bagages.

- Je vais t'aider, Polux.

- Mon pauvre chéri,
vous devez être crevés.

Tu vas tout me raconter.

Vous avez dîné ?
- Dans l'avion.

- Va t'assoir dans le salon, mon chéri.
J'arrive.

Musique douce

Zhu et Paul discutent.

Soupir d'effort

Tiens.
- Merci.

Soupir d'effort

- Mouche-toi.
- Elle pèse lourd.

Y a quoi, là-dedans ?
- Les bouquins de papa

et mes affaires de classe.
- Vous ne voulez rien manger ?

- Non merci, Mamé.

Je prendrais bien une douche.
- Bien sûr, ma chérie.

Prends la salle de bain
de la chambre d'amis.

- Et l'appartement du palier ?

- Ça tombe mal, on l'a loué...

Soupir
Vous venez qu'en été, normalement.

- C'est The Affair ?
- OUI!

- C'est après que Noah a tué Scotty ?

- II tue Scotty ?

- Ah, zut. Désolée.

- On regardait pas vraiment.

Viens, je te donne des serviettes.

T'es pas trop décalée ?
- Si, un peu, mais ça va.

Elle souffle.

- T'as rien vu venir ?

- Non.

Elle était comme d'habitude.

- Et puis ?

- Y a 2 jours, elle m'a dit
qu'elle avait rencontré quelqu'un

et qu'elle partait avec lui.

- Comme ça ? Direct ?
Exclamation outrée

- Tu sais qui c'est ?

- Qu'est-ce que ça change,
de toute façon ?

- Donc elle t'a dit ça et puis ?

- Et puis rien.

(en pleurant)
Elle est partie.

- C'est peut-être juste une passade.
- Non.

C'est fini, elle me l'a dit.

- Mon pauvre chéri.

Qu'est-ce qu'elle a dit à Zhu ?

- Le minimum.

Qu'elle l'aimait,
mais qu'elle partait.

C'est toute ma vie qui s'écroule.

- Pleure pas, mon grand.

- Mon pauvre amour.
On ouvre une porte.

Zhu se racle la gorge.

Ma chérie, tu te sens mieux ?
- Oui, ça fait du bien.

- Vous ne voulez rien manger ?
- Non merci, Mamé.

- Vous voulez vous coucher
après ces émotions ?

Ça t'ennuie pas
de dormir sur le canapé ?

Ton père prend la chambre d'amis.
- Bien sûr.

- Merci, ma chérie.

- C'est normal, papa.
Viens. T'as eu une rude journée.

- Bonne nuit.

- Bonne nuit, mon grand.
- Bonne nuit.

(en chinois)

- J'ai mis ton vanity
dans la salle de bain.

- Merci, ma chérie.

- Je vais faire ton lit !

- Pose-moi juste un drap et une couette,
je le ferai.

- Elle a du cran, la petite.
Exclamation de stupeur

Il est dans un état...
Je l'ai jamais vu comme ça.

- Je suis sur le cul.
J'aurais pas cru ça d'elle.

- Moi non plus.
Il va jamais s'en remettre.

- Toujours dans la nuance.

- Elle est devenue folle ou quoi ?
Qu'elle quitte Tanguy, je veux bien,

mais qu'elle abandonne sa propre fille,
c'est honteux.

Si elle se fait larguer par son type
et qu'elle veut le récupérer,

je la laisserai pas faire.

- Faut pas réagir à chaud, on verra.
- C'est tout vu. Salope.

- Oh...

Musique douce aux notes chinoises

(- Ferme la porte
pour pas réveiller Zhu.)

T'as réussi à dormir ?

- J'ai pris un truc,
mais je me suis réveillé plein de fois.

- C'est normal,
t'as le décalage horaire.

- Je te fais un jus d'orange ?
- Je veux bien, merci.

Quand je me réveillais,
je me rappelais qu'elle était partie,

c'était horrible.

- Tiens, ils sont tout chauds.

- Merci, papa.

Merci, maman.

- Tu manges pas ?

- J'ai pas très faim.

(en pleurant)
Ma vie est fichue.

- Ne dis pas de bêtises.

T'as une fille formidable et qui t'aime.

- On dit que c'est le portrait craché
de Mei Lin.

- Et de toi aussi !

Ce qu'elle est jolie

quand elle a pas ses lunettes.

Elle devrait porter des lentilles.

- On est là

et on t'aime.

- Qu'est-ce qu'on va devenir ?

- T'es pas en état d'y réfléchir
maintenant.

Vous n'êtes pas à la rue.
Laisse passer un peu de temps.

- Tanguy,
il ne faut pas se laisser abattre.

On peut pas empêcher les oiseaux noirs
de voler au-dessus de nous,

mais on peut les empêcher
d'y faire leur nid.

- Maman a raison.

T'as prévenu ton boulot que tu partais ?

Et le lycée français ?

Il faut le faire, Tanguy.

On le fait ensemble ?

Donne-moi leur mail, je vais le faire.

Où sont mes lunettes ?

- Elles sont pas dans la chambre ?
- Non.

- Je les avais à la boulangerie.

Ah, non !

Elles sont là !

Musique intrigante aux notes chinoises

On frappe.

- Entrez.

- Regarde ce que je t'ai retrouvé.

Tu veux pas l'essayer ?

Je fais une machine,
t'as d'autres choses ?

- Je sais pas.

- Les manches sont un peu courtes,
mais ça va.

J'ai une invitation du musée Guimet
pour cet après-midi.

J'emmène Zhu.
Ça pourrait t'intéresser.

On nous présente un manuscrit bouddhiste
écrit par deux moines chinois au...

VIle siècle.

- Je m'en fous.

- Tu préfères aller au golf avec papa ?

- Non, j'ai pas envie.

- Pour ce soir...

tu veux que je te fasse
un poulet-bouillon comme tu aimes ?

- Fais ce que tu veux, maman.

Elle soupire.

- II est dans un état.

- C'est comme un deuil,
il faut du temps.

- J'ai peur qu'il fasse une bêtise.
- Oh...

- Tu préfères pas aller au golf ?

Je peux rester là, moi.

- Non, vas-y, ça fait plaisir à Zhu.

Le golf, je peux y aller tous les jours.
- T'es sûr ?

- Certain.

Je les ai déjà prévenus.

On ouvre la porte.

- Je peux t'aider, Mamé ?

- C'est gentil, mais j'ai presque fini.

Dis-moi, ma chérie,
t'as des nouvelles de ta maman ?

- Non et j'ai pas envie d'en parler.

- Comme tu veux, mais si tu as besoin,
n'hésite pas, on est là.

Il a pas coupé la tête ?

- Il a dit que ça donnait du goût.
- C'est répugnant.

T'y retournes ou tu la coupes,
mais je cuisine pas ça, ça me dégoûte.

- Je vais le faire, Mamé.

- Merci, ma puce.

- Délicieux ton poulet-bouillon, Mamé.

- C'est gentil, ma puce.

T'as pas touché à ton assiette...
- Si.

Mais j'ai pas très faim.

(en chinois)
- Tu devrais te forcer, papa.

- Je sais, ma chérie,
mais ça passe pas.

- Comme tu sais pas encore

si tu vas rester en France
ou rentrer à Pékin,

on s'est dit qu'en attendant,
il fallait scolariser Zhu.

- Elle a le bac, en juin.

- Je sais...

- On pourrait l'inscrire à l'Alsacienne.

- Ce serait parfait, pour elle.

Non ?
- Oui.

Je sais pas.
- J'aimerais bien, papa.

C'est difficile
de travailler toute seule.

- J'appelle demain à la première heure.
- Merci, Polux.

- Heureusement que vous êtes là.

Je sais pas ce que je ferais sans vous.

- Si on peut pas compter
sur ses parents, alors sur qui ?

- Vous avez fini ?

- Oui, merci.
- Merci.

- Bouge pas, mon chéri.

Voilà.

- Vous trouvez ça normal

qu'il soit revenu chez Édith et Paul
avec sa fille ?

- Que voulais-tu qu'il fasse ?

- Mei Lin le quitte.

En 48 h, il plante son boulot,
retire sa fille du lycée

et hop, direct chez papa-maman.

- II a tout perdu, le pauvre.
C'est normal qu'il revienne.

- Non, pas en France,
chez ses parents, c'est pas pareil.

- Elle parle d'Alien.

- Quand on connaît le bestiau,

on peut au moins se poser la question.

La télévision est allumée.

De l'eau coule.

*- Ce petit lapin

est fait de 10 pièces de chocolat
emboiîtées les unes dans les autres.

*- Donc là, on est en train de coller

avec un petit cornet
de chocolat blanc,

tous les petits éléments
qu'on a découpés.

C'est un travail de superposition.

Une fois que...

- Bonsoir, Mamé.
Je te présente Louise et Maxime.

Ma grand-mère.
- BONSOIR, MADAME.

- Je peux pas vous serrer la main.

- Je peux vous aider ?

- C'est gentil, tl'embête pas.

Ton père est là ?

- II regarde la télé dans votre chambre.

Ça te dérange si on travaille ici ?
On a un exposé à préparer.

- Pas du tout, au contraire.
On ouvre une porte.

Il urine.

Il arrête d'uriner.

Il soupire.

Il urine à nouveau.

Il souffle.

Zhu et ses amis discutent.

- Sympathique, cette jeunesse.

- Elle est incroyable, Zhu.
Elle a déjà des amis.

- Elle se laisse pas abattre.

Si Tanguy pouvait en faire autant.
- Faut comparer ce qui est comparable.

- J'ai croisé les Corcos,
ils viennent dîner.

- Oh non.

- S'il y en a pour 4, y en a pour 6.
Et Tanguy mange rien.

- Mais ça va encore nous amener
jusqu'à pas d'heure.

Et avec Zhu qui dort dans le canapé...
C'est pas possible.

Tu veux pas les décommander ?

Une prochaine fois avec plaisir,
mais bon.

- Bon...

- Ça s'est passé comment
chez l'urologue ?

- Oh, putain !

J'ai complètement zappé.

- Tu m'inquiètes, en ce moment.
T'oublies tout.

- J'ai alzheimer.

- Non, mais reprends tout de suite
rendez-vous

ou tu vas encore oublier.

- Bonsoir, mon grand !
(- Bonsoir, papa.)

- Alors.

Quelqu'un s'exerce au piano.

La porte claque.
Tintement de clés

- Bien dormi ?

Mon grand, tu peux prendre ton bain
chez nous et regarder la télé, mais...

Fais attention.
Y avait des miettes partout.

Et t'as esquinté mon livre
avec ta cannette.

- Pardon, papa,
je suis complètement à l'ouest.

Excuse-moi, je vais t'en racheter un.

- Mais non. C'est pas grave.

- Merci, maman.

Elle soupire.

- Dis-moi, mon chéri.

Toujours pas de nouvelles de Mei Lin ?
- Non.

Elle répond pas à mes mails.

- Si c'est fini, c'est normal.

- Elle pourrait répondre,
elle est pas morte.

- Mais,
à supposer qu'elle change pas d'avis,

t'as une idée de ce que tu vas faire ?

- Non.

J'arrive toujours pas à y croire.

Sonnette

- J'y vais.

Ah, bonjour, Mme Hendricks.
- Bonjour, M. Guetz.

Je suis désolée,
j'ai une mauvaise nouvelle.

- Ah.
- Ma direction m'a appelée hier soir,

je dois vous rendre l'appartement
plus tôt que prévu.

Ils m'envoient à Hanoi.

- Si c'est que ça, vous inquiétez pas,
ça m'arrange.

Mon fils a débarqué
et on est un peu à l'étroit.

Miaulement
- Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?

Je peux pas l'emmener.

Ils mangent les chats, là-bas.

Exclamation de dégoût

Vous ne voulez pas un chat ?

- Mon fils est allergique
aux poils de chat.

- Ah...

Merci beaucoup
pour votre accueil.

- Je vous en prie.
Bonne journée et bon Hanoï.

Miaulement
- Qu'est-ce que je vais faire de toi ?

- J'ai une bonne nouvelle !

Musique intrigante aux notes chinoises

- Vous serez plus tranquilles !

Oups, pardon, Kader !

Surtout toi, ma pauvre Zhu.

- "Qui se contente de peu
a toutes les qualités voulues."

- Ce sera plus pratique.

- Kader va passer
une bombe antiallergènes.

- Pour quoi faire ?
- À cause du chat.

- Y avait un chat ?
- Elle avait un chat.

Kader va passer de la bombe.
Tout va bien, Kader ?

- Tout va bien, madame.
Tranquille.

Un livre tombe.
- Ah mince.

Musique douce

- Bonjour, mon chéri.

T'as bien dormi ?
- Moyen.

J'arrivais pas à respirer.
J'ai éternué.

- Kader doit remettre de la bombe ?
- Non, je peux le faire.

Elle soupire.

- C'est quoi, ces fleurs splendides ?

- C'est pour toi.

- C'est trop gentil. Fallait pas.

Oh!

- L'Alsacienne puis l'appartement.

Ils sont tombés sur la coloquinte.

- Zhu dormait dans le salon.
Ça tombe à pic.

- Ils n'ont pas de mémoire.
Il est pas près de repartir.

- C'était il y a plus de 15 ans !

- Ça change rien, c'est dans son ADN.

Il est collé à leurs baskets.

- Tu leur en parles pas ?
- Tu connais Édith.

Je veux pas me fâcher avec elle.

- Voilà les champions.

Rires moqueurs

- J'aurais dû arrêter,
j'ai joué comme une merde.

Soupir

- Y a pas d'urgence, mais...

Je couperai pas à l'opération.

- Dans combien de temps ?

- À moi de voir. Quand j'en aurai marre
de pisser tous les 74 d'heure.

- Attends pas trop, tu seras débarrassé.

- Mamé a raison, Polux.

Tu risques une prostatite douloureuse.
On ouvre une porte.

La porte claque.

- Viens t'assoir, mon chéri.

On a commencé sans toi,

Zhu doit aller travailler chez Louise.

- Bonsoir, ma chérie.
- Bonsoir, papa.

- T'étais où ?

- Avec Bruno.

- Bruno Lemoine ?

- Oui.

- Tu l'as revu ?

C'est bien, ça.
- Ouais. Ça m'a rappelé le passé.

- Bruno, c'est ton pote de toujours !

- C'est aussi mon témoin de mariage.

- Je peux quitter la table ?
Ça va faire tard.

- Bien sûr, ma chérie.
- T'es d'accord, Tanguy ?

- Bien sûr.
- À demain.

- Travaille bien.

- N'oublie pas ta brosse à dents.
- Oui, Mamé.

- Le chagrin ne doit pas te faire oublier
tes responsabilités. C'est ta fille,

pas la nôtre.

La porte claque.
- T'as raison, je suis nul.

- Non, mais il faut que tu te battes.

- J'arrive pas à remonter la pente.

- Tu vas y arriver,
t'as toute la vie devant toi.

- Pourquoi tu te retrouves pas
un boulot ?

Ça t'éviterait de tourner en rond.

- Je sais.

- Fais du sport !
Pourquoi t'en fais pas ?

- Papa a raison. Ça vide la tête.
Ça te ferait un bien fou.

- Pourquoi pas le tennis ?
Ou essaie le golf.

Je suis sûr que ça te plairait.

- Quand je vois la tendresse
que vous déployez pour moi,

je me dis que j'ai de la chance
dans mon malheur.

Laisse, maman. Je vais le faire.

- C'est quoi, ça ?

- Tanguy t'a racheté ton bouquin.

- C'était pas la peine,
mais c'est gentil.

On se ferait pas un golf, demain ?

- Je peux pas. Mehdi vient à 10 h.

Et mon épaule refait des siennes
de toute façon.

- On vieillit, hein.

- À 50 ans, si t'as mal nulle part.
- C'est que t'es mort.

Rire affectueux

Musique enjouée

On frappe.

- Un instant.

Entrez.

Tanguy ?

Que fais-tu là ?

- Je suis rentré
donc je viens te voir.

Tu vas bien ?

- Comme une vioque
bientôt en retraite.

- T'es pas vioque.

- Arrête ton baratin.
T'as un peu forcé, mais t'as pas changé.

- Un peu moins de cheveux.
- Ah ouais.

- M. Delerme est là ?
- II est mort en février.

- Non !

- Fauché en pleine jeunesse à 87 ans.

Et à part la joie de me revoir,
pourquoi t'es là ?

- T'aurais pas un boulot pour moi ?
- Je le savais.

Noëlle va essayer de te trouver ça.

Ça me fait plaisir de te revoir.

- 5 h/semaine
et peut-être plus après.

- C'est formidable, mon chéri.

- Ça te remet le pied à l'étrier.

- Un fond.

- Les élèves qui vont t'avoir
ont de la chance.

- Je suis pas sûr. J'ai les pépettes.

- Je suis sûr que ça va très bien
se passer, monsieur.

- Tu peux m'appeler Tanguy.

- Tu connais la Chine, Maxime ?

- Mes parents y sont nés,
mais ne m'ont jamais emmené.

Mais dès qu'on a passé le bac,
je me paye

le voyage.

- Ça, c'est bien.
- Tu vas adorer.

On a la chance d'y aller
tous les ans depuis...

16 ans, hein !

- Tu veux faire quoi, après le bac ?

- Médecine.

- Comme Zhu.

- Non, je veux faire de la recherche.

- Ah! C'est bien, ça !

J'en ouvre une autre ?
- Je crois que ça va aller, non ?

Vous avez fini ?

- Je vais le faire, Mamé.
- Je vais t'aider.

- II est gentil, ce gosse.
Exclamation d'approbation

- Mollo, Bruno, s'il te plaît.

J'avais dit mollo !
- 40-0.

Là.

Jeu. 6-0.

- Au moins, j'use pas le cordage.

- Bonjour.
- Bonjour, comment allez-vous ?

- Bien, merci.

- Tu sais qui c'est ?
C'est le mari de ton ex.

- Marguerite ? Sans blague !
Elle devient quoi ?

- Prof de yoga.
2 mômes avec cet abruti.

Il est con comme un balai. À mon avis,
elle se fait grave chier avec lui.

- Elle a jamais su choisir ses mecs.
- Oh, ça...

- T'as les billets ?

- Non, c'est toi.
- Non, je te les ai donnés.

- Ah oui, c'est vrai ! Merde !
Rire gêné

- Tu m'inquiètes.
Une porte s'ouvre.

- Oh, tu me fatigues.

- Je me douche et j'arrive.

- On dîne pas là. On va au théâtre.

- Ah bon ?

- Et Chu est pas là, non plus ?

- Elle est au cinéma.
Avec Louise et Maxime.

Ça va aller ?

- Oui, oui.

Je vais me débrouiller.

Bonne soirée.

Il ouvre la porte.

- C'est pas encore la forme olympique.
- Oh.

Elle soupire.

Musique enjouée

Klaxons

Petit rire

Il siffle.

- C'est Pierre et Émile.
- IIs sont beaux.

Tous les deux.

Ils te ressemblent.
- Tu trouves ?

- Oui.

Ça, c'est ma fille Chu,

enfin, Zhu.
- Elle est jolie comme un cœur.

- Le portrait de sa mère.

- Elle t'a quitté du jour au lendemain ?

- Après 16 ans de vie commune.

- Mon pauvre.

- C'est la vie.

- Tu vas faire quoi maintenant ?
- Je vis pour ma fille.

J'attends qu'elle soit grande, après...

- Dis pas de bêtises.

Tu vis où ?
- Chez mes parents.

- Ils vont bien ?
- En pleine forme pour leur âge.

Vibreur

Tu réponds pas ?

- C'est mon mari, je le rappellerai.

- Tu veux reboire quelque chose ?

- Tu l'auras fait tourner en bourrique,
celle-là...

- J'en avais pas conscience.

On est cruel quand on est jeune.

- Elle est toujours aussi jolie ?

- Toujours.

- Je peux aller travailler chez Louise,
papa ?

On a un contrôle de maths, demain.

- Bien sûr, ma chérie.

- Bonne soirée.
- Toi aussi.

- Bonne soirée.

- Bonne soirée, ma puce.

- Où elle va ?
- Réviser chez Louise.

- Qu'est-ce qu'elle bosse.

- C'est pour ça
qu'elle est 1re de sa classe.

- Comme sa mère.

- Et comme toi surtout.

- T'as de ses nouvelles ?
- Non.

Elle répond toujours pas à mes mails.

- Elle charrie !
C'est de la cruauté mentale.

- Je serais toi,

je ferais une croix dessus.

Tu vas pas passer ta vie à l'attendre ?

- Avec le temps,
je pensais y voir plus clair...

Mais c'est l'inverse.

Plus ça va, plus je suis perdu.

- Et Marguerite, tu vas la revoir ?
- Je sais pas.

- Mais oui, fiche-lui la paix.

- Bon.

Tu nous emmènes dîner ?
J'en ai marre de faire la bouffe.

- C'est parti !
- Je vais chercher ma veste !

- Elle était bien, cette fille.

- Rêve pas.
- Non, je dis juste qu'elle était bien.

- Vous avez vécu longtemps là-bas ?
- 16 ans.

- Ah oui.

- Et ça vous manque pas ?

- J'aime avant tout transmettre,
qu'importe le lieu.

- Excusez-moi, mesdemoiselles.

- Ça ne se dit plus, on dit "mesdames".

- Fais comme tu veux.
Je peux te parler ?

- AU REVOIR, MONSIEUR.

- Tu changes pas, toi.

- Tu t'imagines quoi ?

- Uniquement des trucs
que j'ai déjà vus.

Je t'ai arrangé tes bidons.

J'ai déplacé ton cours du vendredi
à 11h.

- C'est sympa, merci !

- Tu vas faire quoi, maintenant ?

Tu restes en France,
tu retournes à Pékin ?

- Je sais pas.

Plus le temps passe,
moins j'y vois clair.

- T'as pas de projets, d'envies ?

- Y a que ma fille qui me fait tenir.

J'attends qu'elle soit grande, après...

- T'es pas le premier à qui ça arrive.

Un beau jour, sans que tu t'y attendes,

tu retomberas amoureux.

- Peut-être.

- C'est sûr.
- Mais oui.

- Ça m'a fait plaisir de vous revoir.

- NOUS AUSSI.

- Vous êtes venus

en autolib' ?

- Pas le choix, on est trois.

- Moi, je voulais pas.

La plupart ont des taches de sperme
sur les sièges.

- Non ?

- Les gens s'en servent pour baiser.
- Dégueulasse.

- Plus qu'à espérer que la nôtre
soit une exception.

- Ca le fait rigoler, cette andouille.

- Embrasse Zhu pour nous.
- J'y manquerai pas.

- Venez dîner la semaine prochaine.

- On peut pas, on part à Pékin.

Tanguy, tu as des adresses de resto ?

- Je t'envoie ça.

- Allez !

Ciao !

- "Petits enfants, petits soucis.

"Grands enfants, grands soucis."

- ls ont pas fini d'en avoir.

Il l'a dit. Plus le temps passe,
moins il y voit clair.

Ils l'ont pour 100 ans.
- Mais non.

- Je vous le signe.

- 20 à l'écrit, 19 à l'oral.

- On sait, Mamé.

- Je peux dire que je suis fière
de ma petite-fille.

- Ça fait combien de points d'avance ?
- 56.

- 56 ?

Tu l'auras avec mention très bien.

- "Quand on a 10 pas à faire,
9 font la moitié du chemin."

- Tu comptes faire quoi après le bac ?
- Médecine.

- Avec des notes pareilles en français ?

- Elle a les mêmes en maths
et en physique.

- Mazette !

- Tu penses à une spécialité ?

- Gériatrie.

- Gériatrie.

- "Rends les soins que tu as reçu jeune,

"c'est une dette que tu payes.
Tes enfants l'apprendront

"puis l'acquitteront envers toi.”

- Confucius.

- Quelqu'un reveut de la choucroute ?

- Non, merci.

- Jamais se resservir,
c'est le secret de ma ligne.

- Je veux bien, Mamé.

- Tu ressembles à ta maman.

- Je saute du cog à l'âne.
Vous avez vu le prix des cotisations

pour l'an prochain ?
Ils se foutent du monde !

- J'irai jouer à Fourqueux.

- Excusez-moi, je me sens mal.

Je vais aller me coucher.

- Ça va pas ?
- Je suis désolé...

Vous ne m'en voulez pas ?

Bonne nuit.

- J'ai dit une bêtise ?

Édith soupire.

Tintements

Musique forte dans des écouteurs

- Tanguy ?

- Tu m'as fichu une de ces frousses !

- Je te croyais parti te coucher,
hier soir.

- J'étais couché.

Mais Bruno m'a appelé.

Il a insisté, insisté
pour que je le rejoigne dans un bar.

C'était nul.

- C'était nul ?
Il acquiesce.

Jusqu'à 6 h du matin ?

- Je suis crevé, je vais me coucher.
Bonne nuit, maman.

Musique inquiétante aux notes chinoises

- Paul.

Paul !

Il souffle.

- Quelle heure il est ?
-6h.

Tanguy était soi-disant parti
se coucher,

il est sorti jusqu'à 6 h du matin
avec Bruno.

- Et alors ? Il a 44 ans.
- Tu trouves ça normal ?

II était au 36e dessous, hier soir.

- C'est qu'il va mieux.
- Exactement.

Beaucoup mieux que ce qu'il prétend.

Le départ de Mei Lin
lui en a mis un coup,

mais ça lui convient bien
d'être chez papa et maman.

Il soupire.

- On est obligés
d'en parler maintenant ?

- J'ai peur. Ça fait 3 mois qu'il est là

et quand on demande ce qu'il veut faire,

il sait pas, c'est trop tôt,
je sais pas quoi encore...

Je suis sûre qu'il nous joue la comédie.

Il est bien à la maison.

- Parce qu'il est sorti,
il joue la comédie ?

- Tu comprends pas.

Il a retrouvé le nid.

Il a pas changé, Paul !

Musique intrigante

- On voit ça demain ?

- On l'a jusqu'à la fin de nos jours.

Notes graves cocasses

Édith soupire.

Une porte s'ouvre...

et se referme.

- Déjà ?

- Oui, j'ai un cours à 10 h.

- Tu vas être frais.

- Y a pas de jus d'orange ?
Quelqu'un en veut un ?

- NON, MERCI.

Le presse-agrumes se met en marche.

- Il est vraiment agréable,
cet appartement.

Je crois que je le préfère

à l'ancien.
Édith manque de s'étouffer.

- L'autre était exceptionnel, Tanguy.

- Oui.

Il était plus grand, c'est vrai.

Celui-là est plus intime.

- Mais la vue ? Tu t'en souviens ?

- Justement.

On se sent plus protégé.

Comme dans un cocon.

Je t'aime, papa.

- Moi aussi, mon poulet.

- Et je t'aime, maman.

- Moi aussi, je t'aime.

- Promis ?

- Promis.
Édith manque de s'étouffer.

Musique enjouée

C'est pas possible, ça !

T'as pas vu mon pull avec des...

Le bleu que je mets tout le temps
pour aller au golf, avec des...

Des losanges !

- II est revenu.

On l'a jusqu'à la fin des temps.

- "Celui qui, au-dedans,

"est sans leurre ni erreur

"et au-dehors

"ne connaît ni calamité ni fléau,

"celui dont l'esprit."
(- Hé !)

(Tu sais qui c'est ?)

- Non.

(- C'est celui
qui habitait chez ses vieux.)

(- C'est lui ?)
(- Ouais.)

(- Wesh, le bâtard.)

(Il est toujours chez eux ?)

(- Ça m'étonnerait.)
(- T'en sais rien, c'est un génie.)

(- C'est vrai.)

- "On l'appelle le sage."

- C'est bien, Pablo.

Très bien.

Une porte s'ouvre...

et se referme.

- Bonsoir, maman.

Bonsoir, papa.
- C'est mon pull !

- Ah bon ?

- Si, c'est à moi, ça !
Oh!

- Désolé.

Mei Lin m'avait offert presque le même.

- Merci.
- Je te demande pardon.

- Aide-moi à mettre la table.

Dis-moi, le temps passe,
t'as pris une décision ?

- Rester en France ou repartir à Pékin ?

J'en sais rien...

Ma vie a basculé...

- On a compris, mais...

Dans l'hypothèse
où Mei Lin ne revient pas.

- Tu crois ?

- C'est une hypothèse.
Qu'est-ce que tu fais ?

- Je sais pas...

Tu disais qu'une rupture,
c'est comme un deuil,

ça dure un an.

- Tu comptes rester ici un an ?
Édith manque de s'étouffer.

- Je sais pas.

Là, j'ai le sentiment
d'être un boulet pour vous.

Remarquez, je vous comprends.

Avoir un fils de 44 ans

qui revient chez papa-maman
avec sa fille, c'est pas glorieux.

Pauvre Chu,

elle méritait pas ça.
Une porte claque.

(- Si, mais.)
Raclement de gorge

- Bonsoir.

- Bonsoir.

T'as passé une bonne journée ?

- J'ai eu 20 en anglais.

- Félicitations.

- Où sont tes lunettes ?

- Comment vous trouvez ?

J'ai essayé des lentilles.
J'ai une semaine pour me décider.

Alors ?

- Beaucoup mieux.
- Ça te change.

- T'es encore plus belle.

- Contente que ça vous plaise.

J'ai faim, je peux t'aider, Mamé ?
Elle acquiesce.

Cris de plaisir

Les cris s'intensifient.

- Qu'est-ce que c'est ?

- D'après toi ?

- II fait quoi dans la chambre d'amis ?

- Va lui demander.

Musique cocasse

Cris de plaisir

Il tape à la porte.

- Une seconde.

Je vous ai réveillés...
- À ton avis ?

- Je voulais pas déranger Chu.

- Nous, c'est pas un problème ?

- Bonsoir, Paul.

- Marguerite, comment ça va ?
- Très bien, et vous ?

- Oh, on se maintient.

- Vous avez l'air en pleine forme.

- Toi, tu n'as pas changé.

- Merci, c'est gentil.

Excusez-moi, il faut que j'y aille.

Ravie de vous avoir revu.
Embrassez Edith.

- J'y manquerai pas.
- Tu m'appelles.

- II semblerait
que tu tournes la page Mei Lin.

- J'essaie de l'oublier
dans les bras d'une autre.

Mais je fais ça
avec une femme mariée.

- Parce qu'elle est mariée ?
- Oui.

Comme ça, y a pas de risque.

- De risque de quoi ?

- De refaire ma vie avec une autre.

Au cas où Meïi Lin reviendrait.

Musique cocasse aux notes chinoises

Paul soupire.

- T'as raison, Édith.

On est en train de se faire enfler.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Faut qu'on parle.

- Je m'en doutais.

- Ça va pas recommencer, Tanguy.

Il est pas question qu'on revive
ce qu'on a vécu il y a 16 ans.

C'est un bon souvenir pour personne.
- Personne.

- Alors fais ce qu'il faut

avant que ça dégénère.

- C'est vrai,
c'est pas un bon souvenir.

Laissez-moi le temps de me retourner.

- Tu m'as bien compris ?

- 5 sur 5, papa.

Je dois me trouver un vrai boulot
et surtout chercher un appartement.

J'ai du pain sur la planche.

Je petit-déjeunerai dehors.

Il s'apprête à parler.

Et merci de m'avoir parlé
avec cette franchise.

Bonne journée.

Une porte s'ouvre.

- J'espère qu'il a compris.

- Moi aussi.

Je me vois mal lui refaire la guerre.
J'ai passé l'âge.

- Et moi donc.

Les portes claquent.

- Au revoir, madame.
- Au revoir.

Sirène

- Il y a eu un accident ?

- Roselyne a fait un infarctus.

- Zut, elle est jeune pourtant.

- Tabac, cholestérol, divorce.

Étonnant qu'elle en ait pas fait un
plus tôt.

Tu veux la remplacer ?

- C'est un plein temps ?
- Quasiment.

- Non.

Ma fille passe le bac en juin,
je veux veiller sur elle.

- OK, je demanderai à Franck.

- Si elle est pas revenue en septembre,
fais-moi signe.

Bonjour, maman.

Papa,
je suis déjà passé à la boulangerie.

Et j'ai pris les journaux.

Sonnerie de téléphone

- Oui, allô, c'est moi.

Pourquoi me l'avoir fait visiter alors ?

Tant pis.

Merci.

Au revoir.

Il soupire.

Le seul appartement possible
de ceux que j'ai vus est loué.

Faut que je recommence à Zéro.

Mais y a rien sur le marché

et le moindre truc,
les prix sont exorbitants.

- Tu vas bien finir par trouver.
- C'est pas gagné.

En revanche, j'ai trouvé un temps plein
aux Langues-O.

- Tu commencerais quand ?
- Seul bémol, pas avant septembre.

C'est déjà ça.
Sans compter que j'ai d'autres pistes.

Je m'y recolle.

Bonne journée.

On tape dans la balle.

- Quel beau retour !

- Bientôt,
tu me supplieras de te laisser un jeu.

- Y a encore du boulot.

- J'ai dit "bientôt".

0-30.

Cris de plaisir

- Non, c'est pas possible !

Musique cocasse

Tanguy !

Tu te fous de la gueule de qui ?

Couvre-toi, Marguerite, je vais rentrer.

Notes graves cocasses

- C'est qui, Marguerite ?

- Pardon, c'est de ma faute.

J'avais peur qu'on dérange Tanguy.

Musique intrigante

- Alors ?

Il soupire.

- Zhu couche.

Zhu, elle couche avec Maxime.

- C'est pas possible,
c'est encore un bébé.

- Va vérifier si tu me crois pas.

- Incroyable.

Et on n'a rien vu.

Tu crois que ça dure depuis longtemps ?

- Depuis qu'elle révise chez lui,
je suppose.

- T'as raison.

Mais qu'on est cons !
C'est ça les lunettes, bien sûr.

Elle cache bien son jeu aussi.
Quelle faux-cul !

- On dirait son père.
- Les chiens font pas des chats.

Exclamation désespérée

- J'aurais préféré que tu m'en parles

plutôt que de l'apprendre
par Polux et Mamé.

Même si le fait que ma fille
soit devenue une femme m'affecte,

je dois être aussi ouvert d'esprit
que vous avec moi

quand j'avais son âge.

- Mais t'étais un garçon.

- Et alors ?

- Oui, et alors ?

Vous vous êtes protégés ?

- Oui.
- Mei Lin savait que ça arriverait.

Elle lui avait fait des recommandations.
N'est-ce pas ?

(en chinois)

- Je peux y aller ?
Je vais être en retard.

- Va. Et travaille bien.

- À ce soir.

- Ça nous rajeunit pas.
Une porte s'ouvre...

- Pas sûr.
et se referme.

Musique intrigante

*- Et pour tout ce petit monde,

voici le programme de la journée.

On part dans la parcelle...

Une porte s'ouvre.

Le reportage continue.

- J'ai pris une châtaigne
avec la lampe de chevet.

- C'est dangereux,
t'aurais pu t'électrocuter.

- Pas avec la prise de terre.

- Vous avez des outils ?

- Tu sais faire ça ?

- Bien obligée, avec papa.

- Regarde dans le placard de l'entrée.

- Ah, la vache !

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, papa ?

- Une vis dépassait,

je me suis massacré
le doigt de pied.

- Ah, c'est dégueulasse !

Va te soigner.

Musique intrigante

- Maman.
Aïe.

T'as pas de l'Hexomédine ?

- Je dois avoir de l'alcool à 90.

- Et quelque chose qui pique moins ?
- Je pense pas.

T'es bien amoché.

C'est sûr que de l'alcool à 90
là-dessus,

ça va faire mal.

- Doucement, doucement, doucement.
Aïe.

- Pour quelqu'un qui avait passé l'âge
de se battre,

t'as encore de la ressource.

- Je te retourne le compliment.

- T'aurais pu me prévenir quand même.

- C'était plus drôle comme ça.

- Il est toujours aussi douillet, Tanguy.

Paul rit.

Je savais pas que Zhu était bricoleuse.

- Elle fera pas le poids longtemps.

C'est qui qui a fait polytechnique ?

- C'est toi.

- Demain, on a une grosse journée.
- T'as raison.

(- BONNE NUIT.)

Musique intrigante

- Encore une.

Faut refaire le lit.
- Je m'en occupe.

Dépêche-toi, Édith !
Faut pas traîner.

Une porte s'ouvre.

- Tenez.

- Mamé,
t'as pas vu mon livre de physique ?

- Ah non.

- On a bac blanc dans 3 jours.
- Comment tu vas faire ?

- "Si un problème a une solution,
pas d'inquiétude.

"S'il n'en a pas,
s'inquiéter ne change rien."

- Si tu le dis.

Buvez ça, c'est plein de vitamine C.

- Merci, Édith.
Je voulais encore

m'excuser
et je tenais aussi à vous rassurer.

Je ne suis pas volage
et mes sentiments

pour Zhu sont sérieux.

- J'en doute pas. Allez, bois.

À table.

Tanguy, tu peux aller chercher Zhu ?

Musique intrigante

Il tape sur la table.

- C'est comme ça qu'on révise ?

- Quelle heure il est ?
- 20h30.

Tes activités ne doivent pas être
au détriment de tes études.

Et c'est valable pour toi, Maxime !

(- Zhu a son bac blanc jeudi,

on pourrait faire une fête
mercredi soir.)

- Pas mal.

Paul rit.

- Ils ont pas vu passer l'heure.

- C'est des bons petits.

- C'est frugal, ce soir.
- Sucres lents.

- On a une compète, demain.

- Bonjour, Mme Clay.

C'est lui que je venais voir.

Je peux vous l'emprunter ?
J'ai des souris.

- C'est pas un bon chasseur.
C'est plutôt un chat de salon.

- Mais les souris ne le savent pas.

Le chat grogne.

- Vous le ramenez quand ?

- Ça dépendra de lui.

Le chat miaule.

- Papa, j'ai peut-être trouvé un appart.

- Tu me diras ça plus tard.

Musique intrigante

Frottements énergiques

Paul rit.

Tanguy renifle.

Gémissement de douleur

Il éternue.

Il inhale.

Il éternue de nouveau.

Il soupire.

Une porte claque.

- Bien dormi ?

- J'ai mal au dos, en ce moment.

- C'est normal, tu fais aucun sport.

- Ben si, je joue au tennis.

- Une fois de temps en temps.

T'as 44 ans, t'es plus tout jeune.
Faut que tu t'entretiennes.

- Pourquoi tu fais pas du vélo ?

- C'est bon pour le dos ?

- Excellent !
Meilleur que le tennis en tout cas.

Et emmène Zhu.

Faut qu'elle s'aère aussi.

Elle passe sa vie dans ses bouquins.

- Pourquoi pas.

Il éternue.

Je refais de l'allergie.

- Ça peut pas être le chat, y en a plus.

Musique intrigante

(- Deux.)

(Trois.)

Paul rit.

Des pas résonnent.

Bonjour, ma puce.
- Bonjour, Polux.

- Tu te fais du riz, le matin ?

- C'est pour sécher le portable de papa.

J'ignore pourquoi, il est plein d'eau.

- Et ça marche ?

- Évidemment.

Musique intrigante

- Avec ce temps,
on peut en faire toute la journée.

Sonnerie de téléphone

- Attends, j'ai un appel.

Allô ?

J'ai un cours qui a été déplacé.

- Pas grave. On range les vélos.
- Ça te gêne pas ?

- Pas de souci.

- Merci, papa.
- Pas de problème.

- Désolée.

Dancing In The Street
(Martha Reeves)

- Tchin!

- Paul !
Tu peux mettre encore plus fort ?

Il augmente le son.

La musique continue au loin.

Il urine avec difficulté.

Il souffle.

Chasse d'eau

- Tout va bien ? Vous me dites.

Fred, on se voit jamais !

With A Girl Like You
(The Troggs)

Qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Elle vient de me dire que son bac blanc
est repoussé d'une semaine.

- Oh, la petite pute !

- Bonsoir, monsieur.

Merci de me laisser participer
à cette soirée.

Zhu a de la chance

de vous avoir
et moi, de vous connaître.

- Oh, François ! Ça va ?

Oh, Carole !

Ça va bien, Axel ?

Salut.

Je me suis dit qu'inviter Bruno
vous ferait plaisir.

- Salut, Paul.

- Salut.

- Je débarrasse.

Comment ça va, Édith ?

(plus fort, en articulant)

Comment ça va, Édith ?

- Bien, bien.

- Viens.
- [ls ont pris un coup de vieux.

- Tu trouves ?

Oh, Vincent !

Oh, ma puce.

Ça va ?

- Qu'est-ce que t'es devenue belle.

- Tanguy va mieux, on dirait.

Et Zhu s'est trouvé un fiancé.
3 pour le prix de 2.

- Mauvaise.

- Trois générations sous le même toit,
comme ça.

Je trouve ça magnifique.

- Je vais pisser.
- Je t'accompagne.

La musique continue au loin.

- Ils se sont donné le mot.

- Tu crois ?

- On savait pas pour le bac blanc,
mais Tanguy le savait.

Si c'est pas pour nous faire chier,
c'est pour quoi ?

- C'est pas pour nous faire chier.

Il est bien à la maison.

Elle inspire profondément.

- II va plus l'être longtemps.

Happy Together
(The Turtles)

Pardon, excusez-moi.
Pardon.

Pardon.

- On vous cherchait,

vous venez danser ?
- On arrive.

- Ça chie.

- J'adore.

- Maxime me disait qu'il était admiratif

de notre famille.
- C'est gentil.

Pourquoi t'as pas amené Marguerite ?

- C'est qui ?
- La fiancée de ton papa.

Il t'en a pas parlé ?
Elle est formidable.

Elle fera une excellente belle-mère
pour toi.

- Attends, il faut qu'elle divorce.

- De nos jours, c'est une formalité.

- Elle a combien d'enfants déjà ?
- 2.

- Vous êtes encore jeunes.

Tu pourras lui en faire d'autres.
Invite-la à déjeuner.

(en chinois)

- Rassure-toi, ma chérie.
Marguerite n'est qu'une vieille amie.

C'est maman que j'aime.
On l'attendra le temps

qu'il faudra.

- Ça fait plaisir
que tu sois avec Marguerite.

Désolée Zhu,
mais je me méfiais de ta mère.

Elle est franche comme un âne qui recule
et elle a le feu au cul.

- Ben.

Quand même...

- Je te dis que ça chie.

Happy Together
(The Turtles)

(en chinois)

- "Qui se souvient des bienfaits
de ses parents

"est trop occupé de sa reconnaissance
pour les juger."

Quelqu'un s'exerce au piano.

- Bonjour, maman.

Bonjour, papa.

- Bien dormi ?

- Pas fermé l'œil.

J'ai réfléchi à ce que vous m'avez dit,
hier.

"Les vérités
qu'on aime pas apprendre

"sont celles
qu'on a intérêt à savoir."

C'était dur, mais les paroles sincères
sont pas élégantes.

Vous m'avez ouvert les yeux
sur Mei Lin.

Je dois me tourner vers l'avenir.

Sonnerie de l'interphone
J'y vais.

Soupir de soulagement

Oui ?

- C'est qui ?

- Je sais pas, j'entends rien.

Allô ?

(voix féminine)
*- Tanguy ?

- Mei Lin ?

Musique douce aux notes chinoises

- Tanguy, mon amour !

(en chinois)

Pardon, mon amour.
Je sais pas ce qui m'a pris.

Je t'en supplie, j'ai jamais aimé
que toi. Pardonne-moi.

Si notre histoire devait s'arrêter là,
j'en mourrais.

(avec un accent)
Pardonne-moi, mon amour.

Erreur, erreur, erreur.

Mei Lin méchante.

Mei Lin méchante.

Tu m'as tellement manqué.
- Toi aussi, tu m'as manqué.

- Laisse-moi te regarder.

Tu n'as plus de lunettes.
- Comment tu trouves ?

- T'es encore plus jolie qu'avant,
ma chérie !

Tu m'as tellement manqué, mon amour.

- On en pensait pas un mot.

- On aime Meï Lin comme notre fille.

- On disait n'importe quoi.
On avait bu.

- On était ivres morts.

Dans ces cas-là,
je sais plus ce que je dis.

Tanguy.

Il faut savoir pardonner.

"L'eau ne reste pas sur les montagnes
ni la vengeance sur un grand cœur."

"Qui ferme sa porte
est au fond des déserts."

- Tous les couples connaissent ça.

Ça fait partie de la vie.

Qu'on le veuille ou non.

- Nous aussi, on a connu ça.

Si on avait tout bazardé à l'époque,

on serait pas heureux aujourd'hui.

Un couple, ça se joue sur la durée.

Il hésite.

(en chinois)
- Je suis prête.

- Allons-y.

La porte s'ouvre...

et se referme.

Musique enjouée
Propos de Meï Lin indistincts

Je t'ai jamais vue comme ça !

T'as pensé à notre fille ?

Tu sais qu'on a une fille,
t'as pensé à elle ?

Tu crois que je vais rentrer à Pékin
avec toi, comme ça ?

Cris de plaisir

- Tanguy, oui !

Cris de jouissance

- Ils vont repartir.

Soupir de soulagement

- Tu veux pas venir ?

- Non, on emmène Mei Lin
faire du shopping, avec Zhu.

- J'ai foutu quoi
des clés de la Smart ?

- Elles doivent pas être bien loin.

- Ah.
Il rit.

Cri
Des pas résonnent.

Rires
Cri de joie

- Mei Lin.

Meï Lin grand-mère !

- MEÏ LIN GRAND-MÈRE ?

- Oui, Mei Lin grand-mère !

Musique douce aux notes chinoises

- Édith ?

Suffocation

(en chinois)

- C'est l'émotion.
Il faut qu'elle évacue l'air vicié...

- Tu m'as fait peur.

- Édith arrière-grand-mère.

Hoquet

Meï Lin parle en chinois.

- Elle a dit : "Qui ne pète ni ne rote
est voué à l'explosion."

C'est Lao Tseu.

Elle respire difficilement.

- Mei Lin, Zhu, shopping.
Édith, rester maison.

On y va, ma chérie ?

À tout à l'heure.

À tout à l'heure.

Paul répète en chinois.

- Tu vas me faire plaisir
d'aller voir un toubib.

La porte se ferme.

- T'as pas compris, Paul.
Ils vont pas repartir.

Maintenant qu'elle est enceinte,
ils vont rester.

Musique intrigante

(en chinois)

- Je croyais que maman t'avait fait
des recommandations ?

- C'est pas un accident, papa.

Maxime et moi, on s'aime,

on veut fonder une famille.

- Vous êtes jeunes,
vous connaissez rien de la vie !

Pourquoi vous finissez pas
d'abord vos études ?

- On sait qu'on pourra mener
les deux de front.

C'est euphorisant.

- Euphorisant...

Qu'est-ce que t'en penses, toi ?

- Tu sais ce que j'en pense.

Je ne m'inquiète pas pour leur avenir,
ils auront leur bac haut la main.

- On a déposé des dossiers de bourse
pour la suite de nos études.

- Et puis, on sera là pour les aider.

Y a pas d'âge pour fonder une famille.

Ils s'aiment, c'est le plus important !

- Alors ?

- "Le moment que te donne le hasard

"vaut mieux
que le moment que tu aurais choisi.”

- Oui !
Ils rient.

- Tu connais la suite.
Tu vas rater ton bac,

Maxime va te quitter
parce qu'il voudra aller voir ailleurs,

tu resteras seule avec ton rejeton,
t'auras que des jobs minables

et t'auras raté ta vie.

Et ton enfant te détestera.
Voilà ce qui va t'arriver.

- Vous êtes pas encourageants.

- Faut bien qu'on te dise la vérité.
C'est pour ton bien.

- Qu'en pensent les parents de Maxime ?

- On dîne chez eux ce soir.

- J'espère
qu'eux seront plus raisonnables.

Ils parlent en chinois.

Musique douce

- Merci bien.

T'as besoin d'aide ?

La télé est allumée.

- Oh, tu veux pas arrêter de zapper ?

- Qu'est-ce qu'ils foutent ?
Une porte s'ouvre.

Il éteint la télé.

- Alors ?
- On a passé une excellente soirée.

- Parents charmants.
Très contents bébé.

- Bonsoir, Édith.
Bonsoir, monsieur.

- Bonsoir.
- Maxime.

- On lui a proposé
de s'installer avec nous.

- Merci à vous de m'accueillir. Je sais
que vous n'êtes pas enthousiastes

à l'idée de voir Zhu
mère de famille à son âge...

Si nous sommes jeunes,
nous n'en sommes pas moins responsables.

Et nous ne serons pas seuls :
mes parents,

Tanguy et Mei Lin seront là
pour nous épauler.

Et vous aussi, bien sûr, j'espère.

- Bien sûr.
Respiration difficile

On va se coucher ?
- Oui, allons nous coucher, oui...

- Bonne nuit.
- BONNE NUIT.

- "Parents charmants.

(en l'imitant)
"Très contents bébé."

- On s'en fout.
Qu'ils gardent leur rejeton.

Ils auront qu'à ouvrir un tabac.

Elle soupire.

- Et c'est pas tout !
Il y a tout un tas de choses.

Après l'accouchement,
tu ne dois pas te laver pendant un mois !

- Un mois sans se laver ?
- Mais c'est dégueulasse !

- Tu n'as pas le choix,
c'est la tradition !

- Non !
Je reste pas un mois sans me laver !

- T'es obligée.

Bonjour, Paul. Bonjour, Édith.

- Bien dormi ?
- Très.

- Comme un bébé.

- Mei Lin a fait des beignets.
- Délicieux.

- Aussi bons que ceux de ma mère.

- Maxime malin.

(en chinois)

- On y va, mon chéri ?

- À CE SOIR.
- Bonne journée.

- Travaillez bien.

Très mignons.

- On voulait vous dire, on a décidé
de rester jusqu'à la naissance.

Édith manque de s'étouffer.

Mais on va pas
vous embêter plus longtemps.

On va prendre un appartement.

- On va t'aider.

- Merci. J'ai de l'argent.

Je voulais vous remercier
de nous avoir supportés

pendant cette période difficile.

- Difficile.

- C'est normal, mon grand.

- L'enculé,
il aurait pu prendre un appart avant !

- L'essentiel, c'est qu'ils dégagent.

- Je vais y veiller ! Crois-moi !

- Mon cœur,
tu mélanges l'huile de sésame,

la sauce soja et la sauce d'huître,
tout doucement.

- Regarde ce que je leur ai trouvé !

- C'est à Poitiers, Paul.

Ils ont pas mis la hotte...

- C'est mal foutu, leur truc.

La cloche de l'église sonne.

- Délicieux.

- C'est quoi ?
- Du porc aux épices.

- Très facile, Édith.

- Je t'ai pris 5 visites en plus
pour demain.

- C'est gentil, papa.

Mais tu peux annuler.

J'attendais pour en parler,
mais ça y est, j'ai eu Bruno,

sa tante nous loue
son appartement meublé pour 6 mois.

On s'installe quand on veut.

Exclamation de joie

- La tante de Bruno
nous loue son appartement.

- Hé!

- Kampaiï !
- KAMPAÏ !

Musique enjouée

- Doucement.

Stop !

Cava. - Ça va, les doigts ?

- Vous avez rien oublié ?
- Je crois pas.

- Refaites rapidement un tour.
- On reviendra.

- Ce qu'on fait pas de suite,
on le fait jamais !

- Attends ! Tiens, ton bouddha !
- Vous le gardez pas ?

- Non, ça vous portera bonheur.

- Filez, vous êtes mal garés.
- Au revoir.

- Prends l'ascenseur, ma chérie.

- Au revoir, Mamé.
Au revoir, Polux.

- AU REVOIR.

- Filez, je vous dis,
vous allez avoir une contravention !

- Je t'aime, maman.

- Moi aussi. Allez, file.

- Et je t'aime, papa.

- Moi aussi, mon poulet.

- Promis ?

- Promis.
- Allez, dépêche-toi.

- Tanguy ? Tu viens ?
- J'arrive.

- Qu'est-ce que tu fais ?
- Rien.

- Allez, zou !

Bon débarras.

- "Allez, Zhu !"
Elle est bonne, celle-là.

- J'ai même pas fait exprès.

A Beautiful Morning
(The Rascals)

Paul rit.

Un petit câlin ?

- Je peux pas, Medhi arrive.

- Ettrois !

On s'est ramollie, Édith.

- Ma parole !
Mais t'as mangé du lion ?

- Tu te magnes ?

- Vous voulez pas vous faire un resto ?

- Pourquoi pas.
- Ah non !

Ce soir, on se fait Black Mirror.

* La série est en anglais.

Oh là là !

- Hein ?

Paul rit.

Ils rient.

Ose encore me dire
que tu perds pas la tête !

Elle soupire.

On tape à la porte.

- Coucou.

J'ai vu les chirurgiens.

C'était du boulot,
mais ils sont contents d'eux.

Cependant,
y en a pour 8 semaines de plâtre

et au moins 3 mois de rééducation.

On a envisagé de vous prendre
avec nous.

- C'est gentil, mon chéri.
Mais on sera mieux chez nous.

- À nos âges,
on a nos petites habitudes.

On n'aime pas le changement.

- Je sais.

Du coup, on a rendu notre appartement

et on revient tous s'installer
à la maison.

- Ah non.

Elle respire difficilement.

- Quand tout va bien,
les autres sont là.

Quand tout va mal,
on ne peut compter que sur sa famille.

Sirène

- Attention aux escaliers, hein.

- Et un paravent pliable,
pour les moments d'intimité.

Une infirmière passera pour la piqûre
tous les matins à 11 h.

Ça vous va comme horaire ?

Ils acquiescent timidement.

Et Mei Lin et moi,
on sera là presque tout le temps.

Maxime et Chu aussi,
puisqu'ils ont leurs révisions.

Vous serez comme des coqs en pâte.
- Cogs en pâte.

- Vous pouvez compter sur nous.

- Ah, j'oubliais.

Le babyphone.

Ça peut paraître ridicule,
mais c'est pratique.

- Et puis il resservira rapidement.

- Si vous avez besoin.
Il l'allume.

de quoi que ce soit,
n'hésitez pas à nous appeler.

On vous laisse.

- Reposez bien, coqs en pâte.

- Ils ont vraiment pensé à tout.
- C'est pas comme d'autres.

- Je suis désolé.
- Chut !

Édith gémit de douleur.

- Ils râlent,
mais heureusement qu'ils les ont.

- Ça, pour les avoir,

ils les ont.

- Peu d'enfants

s'occuperaient de leurs parents ainsi.

- Eugénie et Édouard, je suis pas sûr
qu'ils feraient ça pour nous.

- Bien sûr que si.

- Par contre, les nôtres,
ils nous laisseront tomber

comme des merdes.
- Sûr.

- Non ?
- Si.

Carole rit.
si.

- Si.

La télé est allumée.

- Bonsoir, Mamé.
Bonsoir, Polux.

Vous avez passé une bonne journée ?

- Tu peux me passer le pistolet,
s'il te plaît ?

J'ai appelé ta mère,
elle a pas dû entendre.

- Redresse-toi,
je vais te remettre les oreillers.

On toque à la porte.

- C'était déjà fermé.
J'ai dû trouver une pharmacie de garde.

- Pose ça là.

- Ce sont des génériques,
ça ne vous gêne pas ?

- Non. Merci.

- Je vais aller voir
si Mei Lin et Tanguy ont besoin de moi.

- J'ai fini.

- Faut faire quelque chose
pour ta prostate. C'est pas raisonnable.

Je vous apporte vos plateaux
après les infos ?

Il acquiesce.

- Tu veux te coucher ?
On continuera demain.

- Non, c'est bon.

Paul ronfle.

La télé est allumée.

- Tanguy.

* Ronflements

Gémissement de douleur
- Oui.

Mais je sais plus où piquer...

Oui, je vous dis...

Je sais plus où piquer, hein.

Une porte s'ouvre.

- 19,2 de moyenne, mention très bien.

Pour les deux.

- Formidable.
- Félicite-les pour nous.

- Vous le ferez vous-mêmes.

Je vais les chercher.

*- Dans son état, ils lui ont donné.

- Ne lui en veux pas,
elle traverse une période difficile.

Il acquiesce.

- "Seul l'imbécile
ne sait pas pardonner."

Musique douce au piano

- Non, non, Mme Guetz.

Allongez plus le pas, il est trop court.

- Ça fait mal et j'ai peur.
- C'est normal.

Ne vous inquiétez pas, allez-y.

Voilà. Vous continuez jusqu'au canapé,
je m'occupe de votre mari.

Bon.

On essaye sans déambulateur, aujourd'hui.

- Vous croyez ?
- Mais oui.

- Tu vas y arriver.

- Allez, tenez-moi bien les mains.

Voilà.

Doucement, voilà. Très bien.

Hop là.

Et maintenant,
avancez droit devant vous.

Allez-y, je vous tiens.

- Bravo, papa.
Usain Bolt n'a qu'à bien se tenir.

- Alors,
on n'y est pas encore complètement.

Va falloir bien plus de rééducation
que prévu. Pour les deux.

Heureusement que votre fils

est dévoué, c'est rare.
Je vois pas ça tous les jours.

- Je suis pas tout seul.

- Bonne nouvelle !
Parents Meï Lin

venir pour naissance bébé !

- Oh putain !
- Maman !

Soupir

Ils parlent en chinois.

- Tu te rappelles la première fois
que Paul et Édith sont venus en Chine ?

Tanguy disait tous les jours :

"Je t'aime, maman.

"Et je t'aime, papa.”

Ils étaient trop chou !

Qu'est-ce qu'ils répondaient ?

Il réfléchit.

(hésitant)
- Promis ?

- Promis !
Il répète.

- Mais ils se le disent toujours !

Ils continuent de rire.

- Ils adorent ma façon
de vous dire "Je t'aime".

- Tu gigotes, tu gigotes mais
t'as déjà huit jours de retard, toi !

- Comme toi, ma chérie.

- Et comme toi, papa.

- Tu vas nous faire attendre
combien de temps, coquin ?

- Le médecin a dit de pas s'inquiéter.
Il est bien là où il est.

- KAMPAÏ !

Ils continent de dire "kampaï”.

Propos en chinois

Pleurs d'un bébé

- AH!

- Madame.

Décalez-vous sur la gauche.

Tanguy lui traduit.

Très bien.

(- Ils vont jamais repartir...)

(- Jamais.)

(Vivement
que je perde totalement la tête.)

- On ne bouge plus.

On regarde tous vers moi.

On sourit.

Et. Cheese !

Déclic de l'appareil

Le bébé se remet à pleurer.

Musique enjouée aux notes chinoises

Il a du caractère, le coco.
Allez !

Cheese !

Déclic de l'appareil

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