All language subtitles for Maend.Og.Hoens.2015.DANISH.1080p.BluRay.x264-CONDITION-French

Voici l'histoire d'une fratrie

� qui la nature n'a pas distribu�
les meilleures cartes.

En fait, elle ne leur a pas distribu�
de cartes du tout.

Pourtant, comme tout le monde,

ils r�vaient
d'accomplir de grandes choses.

Et de moins grandes choses.

Comme survivre

et, pourquoi pas,
transmettre un jour la vie.

DES HOMMES ET DES POULETS

Papa ? C'est Gabriel.

Gabriel ?

Ne te fatigue pas � parler.

Elias vient aussi ?

Elias arrive plus tard.

Il faut qu'il soit l�.

Oui, la plupart sont gentils.

Mais certains sont g�n�s
que je sois en fauteuil.

L'autre jour, un gars s'est d�connect�
quand il a vu ma photo.

- Je suis ravie qu'on se rencontre.
- Vous �tes psychoth�rapeute, c'est �a ?

J'ai un r�ve qui revient
sans cesse depuis des ann�es.

�a commence toujours bien.

Je suis dans une pi�ce sombre
et soudain, un oiseau vole sur moi.

Un oiseau avec des ailes �normes
et une t�te humaine.

�a ressemble � un ange.

Vous m'avez coup� la parole,
ne recommencez pas, d'accord ?

- Il faut savoir se tenir.
- Pardon.

Vous vouliez me voir
pour parler de vos probl�mes ?

Comment �a ?

C'est absurde, ce que vous dites.

Vous pensez...

Vous plaisantez !

Je filerais rencard � une psy
juste pour �conomiser 100 euros HT ?

C'est ridicule !

C'est insultant.

Je peux continuer sans �tre interrompu ?

Bien.

J'essaie de prendre l'oiseau
dans mes bras, mais non !

Il s'�loigne de moi.
L�, je comprends que c'est mon fr�re.

Alors la col�re me monte.

Je le frappe violemment,
je l'attache et je lui casse les ailes.

�a fait un bruit tr�s r�aliste.
Comme quand on d�coupe un poulet.

Et l�, je...

- Je le viole.
- L'oiseau ou votre fr�re ?

Je l'ai dit. Vous le faites expr�s ?

Et puis arr�tez de m'interrompre !

Vous �tes une pi�tre psy,
si vous coupez vos clients.

Votre boulot, c'est d'�couter.

Les gens en fauteuil
interrompent toujours autant ?

- Oui all�, c'est qui ?
- C'est Gabriel.

- Gabriel ? Salut.
- Je t'appelle de l'h�pital.

- Ce serait bien que tu viennes.
- Si tu y es, je viens.

Comment tu vas ?
Je suis � un rencard... encore.

Elle est bonne. Elle a des roues.

La mort de Papa, Elias.

Doucement. �a va, Elias.

- Alors �a y est ?
- Oui.

- Je ne lui ai m�me pas dit au revoir.
- T'en fais pas.

Assieds-toi.

Viens t'asseoir, Elias.

L�che-moi.

L�che-moi, putain.

Pardon.

Et lave-toi les mains.

- Il a dit quelque chose ?
- Non.

Mais il nous a laiss� une cassette vid�o.

On va regarder une cassette ensemble ?
Chez toi ?

Il a dit quel film il avait lou� ?

- Tanja va venir ?
- On s'est s�par�s il y a trois mois.

Alors elle a fil�, elle aussi.

Elle veut des enfants ?

Tu veux bien te taire ?

C'est peut-�tre mieux
que Tanja soit partie.

Elle nous a �loign�s, Gabriel.

C'est pareil avec toutes tes copines.
Elles tombent amoureuses de moi.

Et quand tu leur dis
que tu ne peux pas avoir d'enfants...

Elles voient bien que moi, je peux.

- On va se voir plus, maintenant.
- �a commence.

Non merci.

Voil�, �a tourne.

Gabriel et Elias, quand vous verrez �a,

j'aurai rejoint la maison de Dieu.

Le pass� devrait �tre la pierre angulaire
de la vie de chacun.

En particulier pour vous,

qui avez peu de perspectives
de fonder une famille.

Mais le fait est

que je ne vous ai jamais
dit la v�rit� sur votre pass�

et sur vos origines.

Je ne suis pas votre p�re biologique.

Votre vrai p�re s'appelle Evelio Thanatos.

Et Maman n'�tait pas
votre m�re biologique non plus.

Vous n'avez m�me pas la m�me m�re.

La m�re d'Elias est morte en couches.

Evelio a rencontr� ta m�re
deux ans plus tard, Gabriel.

Et tu es venu au monde.

�a ne peut pas s'arr�ter l�.

Et ma m�re, alors ?
Il doit y avoir autre chose.

On est toujours fr�res. On a le m�me p�re.

- Pas vrai, Gabriel ?
- C'est parfaitement logique.

J'ai toujours dit
que tu ne pouvais pas �tre mon fr�re.

- On ne se ressemble m�me pas.
- Mais si ! Comme deux gouttes d'eau !

- On a tous les deux les yeux marron.
- Tu fais une t�te de plus que moi.

- Bien s�r, je suis ton grand fr�re !
- Mon demi-fr�re.

� partir de maintenant,
on est demi-fr�res. Ne l'oublie pas.

�coute �a :

"Evelio Thanatos, g�n�ticien italo-danois,

"pionnier de la recherche sur les
cellules souches, r�side sur l'�le d'Ork."

- Il est encore en vie ?
- Ork est au sud.

Fait partie du Royaume du Danemark.
42 habitants au 1er mars.

Tu comptes y aller ?

- C'est notre vrai p�re.
- Pourquoi il ne t'a jamais �crit, alors ?

Il faut que j'y aille.
Tu peux rester ici. Je t'appellerai.

- Je viens avec toi.
- Tu n'es pas oblig�.

Finissons la paperasse,
tu pourras attraper le dernier bus.

- Je veux faire ce voyage, Gabriel.
- Non, Elias.

Je n'ai rien trouv� sur ma m�re,

mais notre p�re a �t� renvoy�
de l'Acad�mie des Sciences en 1966

� cause d'un litige
scientifique pas tr�s clair.

Mais j'ai l'image tr�s nette
d'une famille timide et r�serv�e.

Il n'existe aucune photo d'eux,
ce que je trouve assez sympathique.

Il devait pas �tre bon,
s'il a �t� renvoy�.

Les penseurs sont souvent
ostracis�s par leurs contemporains.

Copernic, Tesla, Spinoza...

Kepler, Darwin.
J'ai eu mes probl�mes, � la fac.

Darwin, ce loser. Un idiot.
Tu l'aimes bien aussi, maintenant ?

- Darwin n'�tait pas idiot.
- Si. Il a eu un coup de bol.

- Mais non.
- Mais si !

Il aurait pu passer 15 ans
� d�montrer une th�se fausse.

Et il serait devenu qui ?

Son truc des esp�ces,
c'�tait un coup de bol.

Comme Einstein a eu du bol
avec sa th�orie de la relativit�.

Einstein a re�u
le Prix Nobel de Physique, Elias.

En 1921, l'ann�e
la plus nulle pour la Physique.

Ce sont tous des cr�tins, mais
tu es trop na�f pour t'en rendre compte.

C'est le moment.
Arr�te-toi � la prochaine aire.

Bonjour. Vous pouvez nous prendre ?

Pas de place, d�sol�.

- Le prochain passe quand ?
- Le lundi et le jeudi.

Vous pouvez vous garer l�

et prendre des billets passagers.

C'est quoi, ce ferry minuscule ?

Pourquoi on ne peut pas y aller ?
C'est quoi, ce service !

Elle �tait l� avant ?
C'est nul, comme argument.

La voiture de mon fr�re p�se
274 kg de moins que la norme.

Ne m'ignorez pas !

Evelio est une l�gende sur l'�le.
Il va avoir 100 ans.

Ah oui. Et sa femme ?

Je ne sais pas.
Il en a eu plusieurs, je crois.

Je vois.

Je ne le connais pas tr�s bien,
je suis juste son m�decin.

- Mais il va bien ?
- Oui.

Ils vivent toujours au vieux sanatorium.

- Il a eu combien de femmes ?
- C'est dingue !

- Il se cache dans... Bonjour.
- Elias.

Bonjour.

Et c'est quoi, exactement...

votre lien � Evelio ?

On est ses fils.

La pomme, l'arbre, tout �a.

Disons qu'on est des bons partis,

si jamais vous avez des filles...

Il colle sa t�te � la fen�tre !

H�, je vous parle ! Oui, vous !

C'est pas un lieu de vie.

Y a personne � mettre dans son lit, ici.

Merci pour la balade, Ingrid.

- Elias, tu devrais attendre ici.
- Pourquoi �a ?

- Mieux vaut ne pas les effrayer.
- Pourquoi je les effraierais ?

Ils sont �g�s. Nous deux
� la fois, c'est peut-�tre trop.

Je vais devoir aller
aux toilettes apr�s tout �a... avec elle.

Tu n'as qu'� aller derri�re cet arbre.

Tu peux faire le guet,
comme quand on �tait petits.

- Tu promets de venir me chercher ?
- Oui, je te le promets.

Je peux vous aider ?

- Un probl�me ?
- Non, non.

Je cherche Evelio Thanatos. Il vit ici ?

Oui, mais il a une infection,
il fait la sieste.

- Merci d'�tre venu.
- Quel genre d'infection ?

Trypanosomiase.

Trypanosomiase ? C'est tr�s grave.

Vous avez fait un test de biologie
mol�culaire des param�tres de l'esp�ce ?

- Vous �tes de l'h�pital ?
- Non... Vous �tes qui ?

Gregor, son fils. Il y a un probl�me ?

Non, pas du tout.

C'est juste que... je suis son fils aussi.

Je pense.

Je m'appelle Gabriel.

Franz !

Si c'est l'hosto, vire-les.
Il leur faut une autorisation.

Franz, viens ici !

- R�sume, s'il te pla�t.
- Gabriel. Il est pas de l'h�pital.

Mais il demande si on a fait un test
biologique pour l'infection de Papa.

- �a m'a tout de suite alert�.
- Laissez-nous.

Papa est malade, il dort.
C'est une propri�t� priv�e.

- Il dit aussi qu'on est tous fr�res.
- Oui, regardez.

Lui, c'est votre fr�re Elias.

Il attend sur la route.

L�, c'est vous ?

Oui, j'avais deux ans. Et Elias, cinq.

Et pourquoi vous avez cette t�te ?

Chirurgie esth�tique r�paratrice.
J'ai eu quatre op�rations.

- Pourquoi on n'en a eu qu'une ?
- C'�tait suffisant.

C'est subjectif...

- Mon fr�re est laid ?
- Non...

Me coupe pas la parole !

Probl�me r�solu. Rentrez
� l'h�pital. Vous n'avez rien sur nous.

- Tu saignes du nez ?
- C'est rien. Viens, allons-y.

Qui t'a frapp� ?
Dis-le-moi. Je ne leur ferai pas de mal.

Je suis tomb�. Ne fais rien.

- Et notre p�re, il est o� ?
- Il dormait.

L� ! Quelqu'un arrive.

Je crois que c'est une BMW.
Gabriel, tu vois mieux que moi la nuit.

Il nous a vus.

C'�tait quoi, �a ?

Juste un lapin.

C'�tait un sacr� lapin, alors.

�a devait �tre les gars
dont Ingrid a parl�. Arr�te-toi.

Gabriel !

Non !

Il est mort.

- Il est mort...
- Mais non, il va bien. Il est assis.

Bienvenue sur l'�le. Je suis Flemming.
Ma s�ur vous a emmen�s, tout � l'heure.

Venez au chaud, dire bonjour � Ellen.

Le dernier accident sur l'�le
doit bien remonter � 40 ans.

Mais Ellen a peur de sortir.

Elle craint d'�tre violemment agress�e.

Mais je dis toujours :

La violence n'a pas augment�.
Les gens sont devenus sensibles.

Avant d'�tre maire,
j'ai navigu� jusqu'au Mexique.

- Vous �tes maire de cette �le ?
- Oui, depuis 32 ans.

Putain, elle est bonne.

�a te va, si je me la fais
avant de reprendre le bateau ?

La fille du maire.

Entrez avec Ellen.
Je vais v�rifier la tour.

- Quelle tour ? Votre tour ?
- Une tour de cigogne.

On avait une cigogne sur l'�le
quand ma s�ur et moi �tions petits.

Mais soudain, elle a disparu.

Je lui mets � manger
au cas o� elle reviendrait.

Mais elle est morte depuis longtemps !

Alors ses petits, ou leurs petits
reviendront. Ils reviennent toujours.

Oui, Franz cogne sacr�ment fort.

Comme tous les gar�ons l�-bas.

- Avec quoi il a cogn�, la foulque ?
- Non, un genre de cygne.

Tant mieux, sinon vous reculeriez encore.

Et leur m�re, elle vit l�-bas ?

Il n'y en a pas deux
qui ont la m�me m�re.

Et je crois qu'elles sont toutes mortes.

Celle de Franz, c'est s�r. Celles de Josef
et Gregor seraient mortes en couches.

Comme la m�re d'Elias.
Statistiquement, c'est improbable.

Et pourtant c'est vrai.

Ici, les anciens appellent Evelio
"Mortelle Saucisse".

Oui, l'humour
est assez rudimentaire sur l'�le.

Le Summer Variety Show
n'a jamais eu un gros succ�s ici.

Ils sont tous dingues au sanatorium.

Si vous avez de la famille
ailleurs, allez plut�t les voir.

Prenez votre fr�re
avec vous et quittez cette �le.

Elle meurt et les gens avec.

Arr�te de faire fuir les gens, Ellen.

Franz et les gar�ons
ont juste besoin d'�tre cadr�s.

Je les aidais � bricoler, � une �poque.

Franz bossait � la maternelle
et �tait souvent absent.

Ellen faisait le m�nage chez eux.

Mais elle a arr�t� brusquement
parce qu'elle s'est disput�e avec Franz.

Pas disput�s.

Il m'a frapp�e avec un castor empaill�.

- Je ne peux plus m�cher de ce c�t�.
- Qui cogne avec des castors ?

C'�tait ta faute, Ellen. Admets-le.

Non, Elias ! Assieds-toi et attends.

Laissez faire les jeunes.

Reprenez un macaron.
C'est Ellen qui les a faits.

C'est bon, hein ?

C'est moi.

- Qui vous a frapp�e ?
- Oh �a... c'est rien.

Non. Si quelqu'un vous frappe
avec des animaux, je peux vous aider.

Vous avez une jolie chambre.

�a vous dit, un bon petit plat ?

- Vous voulez cuisiner ?
- Oui.

- Qu'est-ce que vous pensiez ?
- Je ne sais pas.

Je viens de manger
des tartelettes chez ma tante, alors...

- Qu'est-ce que vous voulez...
- Oui, justement.

C'est difficile � dire.

Ils y vont carr�ment, hein ?

Je vous prie d'excuser mon fr�re.

Il vous a bless�e ?

Non. Je crois que j'ai trop mang�.

Vous avez du macaron, l�.

Vous avez un truc l�, aussi.

C'est de l'asperge.

- Vous faites beaucoup de p�tisserie ?
- Quand j'ai le temps.

Gabriel, viens. �loigne-toi de celle-l�.

Elle vomit sur les gens.
�cartez-vous de mon fr�re.

On n'a pas de v�tements
de rechange. D�gage, truie !

Vieille truie.

Je t'assure, elle...
Eh ben, elle en a des rouleaux !

- Encore ton r�ve ?
- Oui. Toujours le m�me.

- Toi, t'arrives toujours pas � dormir ?
- Non.

C'est vraiment triste.

1 754 personnes vivaient ici
en 1938 quand le sanatorium a ferm�.

Il n'en reste que 41.

Ils n'ont m�me plus d'�glise.
Elle a br�l� en 1984.

Qui laisse sa fille s'empiffrer
de huit tartelettes � la cr�me ?

C'est un mauvais maire.
Incapable de diriger.

Elias, je crois que tu devrais
essayer d'aller parler � nos fr�res.

Tu veux y retourner ? Voir ces fr�res ?

C'est absurde. Toutes nos m�res
n'ont pas pu mourir en couches.

C'est du suicide.

Elias sait g�rer �a.

Il parle leur langage.

Je sais que vous �tes l�.
Et je suis s�r que vous m'entendez.

On ne vous veut aucun mal
et je ne suis pas de l'h�pital.

Franz. Je ne t'en veux pas
d'avoir frapp� Gabriel avec le cygne.

�a arrive aux meilleurs.
Mais on est votre sang, vos fr�res.

On a le droit de voir
nos parents biologiques, comme vous.

Gabriel est l� et il a des questions
� propos de nos m�res,

auxquelles Evelio doit r�pondre.

Donc comportons-nous en adultes et
laissons la raison l'emporter ici ce soir.

Je vous laisse 20 secondes

pour ouvrir la porte ou la maison sera
cern�e et je ne r�pondrai plus de rien.

C'est de la fonte industrielle !

Si j'avais re�u ce pot dans la t�te...

- Qu'est-ce que vous faites ?
- Vous avez vu la taille du pot ?

- Mais vous les connaissez.
- Quand ils sont comme �a, on fuit.

- On reviendra quand ils seront calm�s.
- Elias !

Attendez...
Pas le pot, Gregor. Je suis votre fr�re !

Vous m'entendez ?

Laissez-moi de la place pour travailler.

Avec quoi tu as cogn� ?

- Un rouleau � p�tisserie.
- Un rouleau � tapisserie ?

Ah, � p�tisserie.

Tu frappes dur mais tu frappes bien.

Merci.

Je ferais mieux de retourner voir Ellen
et d'aller mordre dans son poisson frit.

Il faut pas qu'il voie un vrai docteur ?

Tais-toi, Gregor. Il va bien.

Qu'il finisse son th�.

Je ne sens plus mes jambes !

C'est rien. Les ligaments
du dos sont d�chir�s, �a va passer.

Je veux parler � notre p�re maintenant.
Et je veux aller � l'h�pital.

- Vous pouvez appeler votre s�ur ?
- Ingrid ?

Non, pas la peine. Restons calmes.

Evelio n'avait pas
un vieux fauteuil roulant ?

- Il en a plusieurs.
- Eh bien collez-le dans l'un d'eux.

Au revoir, Flemming.

C'est beau, de vous voir ensemble.
Une famille doit �tre unie.

Et si vous d�cidez de rester, pensez juste

� vous inscrire sur le registre.

Rentre, Flemming.

N'oubliez pas le registre.
Mes amiti�s � Evelio.

Il cherche d�sesp�r�ment des gens.

L'Institut G�od�sique raye de la carte
les villes de moins de 40 habitants.

Papa se r�veille vers quelle heure ?

Il peut dormir toute la journ�e.

- Tu ne travailles pas ?
- Non. Gr�ce � Ingrid Abott.

Elle m'a fait virer de la maternelle.

Et elle veut nous expulser.
Faut faire gaffe.

- Vous, vous faites quoi ?
- Elias, pas grand-chose.

Moi, j'enseigne la philosophie
et la psychologie �volutionniste � la fac.

Et j'�cris aussi.

Quel genre de livres ?

Pour l'instant un seul.
Il traite de la fa�on dont l'�tre humain

lutte pour trouver des r�ponses.

- Des r�ponses ?
- Oui.

Que ce soit par la philosophie,
la science ou Dieu,

ce qu'on cherche, ce sont des r�ponses.

C'est ce qu'on essaie tous.

Qui essaie quoi ?

On essaie tous de trouver un sens.

Un sens � quoi ?

� tout. Un sens � la vie.

Qui on est, d'o� on vient.
Toutes ces questions.

- Mais qui veut �a ? Dieu ?
- Non. Nous, l'�tre humain.

Tous les �tres humains. Toi et moi.

�a ne me semble pas tr�s r�fl�chi.

Tu devrais �crire sur le fromage.

Le fromage ?

Vous avez eu une quelconque �ducation ?
Une scolarit� ?

Vous avez eu un contact
avec la science, la philosophie ou Dieu ?

On a eu un �ne.

C'est un peu le m�me genre.

Sors de l�, Josef !

Un seul W.-C. dans une si grande maison !

Mais qui a construit �a ?
C'est mal construit !

Va-t'en. Ton obstination complique
la situation et notre relation nouvelle.

Oui, je peux comprendre.

Et en haut ?

Non, �a d�rangerait Papa.
�carte-toi de la porte

et attends la situation des toilettes.

Je peux avoir un peu
de papier toilette, au moins ?

Il est beau, hein ?

C'est notre taureau
reproducteur, Isaac VIII.

C'est Papa qui l'a mis au monde.
Il est beau, hein ?

Oui, il est bien.

Il a fourni du sperme pour plus
de 43 000 g�nisses en Europe.

Ah oui ? C'est bien.

Il peut aller jusqu'�
combien de fois par jour ?

Ils viennent du continent collecter son
sperme une fois par mois. C'est suffisant.

- Vous restez combien de temps ?
- Je sais pas.

On pourrait avoir besoin d'aide.
Papa n'est pas tr�s bien.

- 43 000, tu dis ?
- Oui.

Isaac est exceptionnel. C'est le seul
animal auquel on ne touche pas.

- Comment �a ?
- Sinon, on est jet� dans la cage.

C'est pas grave,
on a les poules. C'est plus facile.

Isaac a tendance � donner des coups.

Tu veux venir les voir ?

Viens.

Elles aiment
qu'on les caresse sous le bec.

- Tu en veux une ?
- Non.

N'aie pas peur.

Je n'ai pas peur de ces choses.

�a ne leur fait pas mal. Il y a la place.

Elles ont l'habitude de pondre des �ufs.

Tu parles trop.
Qu'est-ce que tu racontes ?

La place pour quoi ?

Tu es malade, Gregor !
Tu crois que j'ai envie de cette...

poule moche ?
Que j'aime les poules moches ?

On s'entra�ne juste
en attendant de rencontrer des filles.

Tu n'aurais pas d� dire �a !

Tu es d�go�tant, Gregor !

Mangez.

C'est Gregor qui l'a tu�e.

Evelio ne va pas venir ?

Non. On lui gardera une cuisse.

Merci, je ne mange
pas de poulet le vendredi. Ni le mardi.

Heureusement, il y a du fromage.
Tu ne prends rien, Josef ?

J'ai pas faim.

Mange, ou tu n'auras pas de fromage.

- Je m'en fiche.
- Tu n'auras rien plus tard.

- On d�ne maintenant.
- C'est pas bon, dans cette assiette.

Gregor...

- Laisse l'assiette chien � Josef.
- Je m'en sers !

Il a eu le poulet.

- Laisse-lui.
- Il l'a eue toute la semaine.

Chaque soir, la r�partition
est ind�pendante du soir d'avant.

Et ce soir, j'ai l'assiette chien.

- Il a toujours le chien.
- C'est pas vrai.

- Je mangerai pas. Le poulet est mauvais.
- �a suffit !

�a ne change rien au go�t.
Le poulet n'est pas mauvais.

Gregor, laisse l'assiette chien � Josef.
Tu es grand, maintenant.

Non.

Tu veux la mienne ? C'est un hibou.

Je suis pas idiot.
Le hibou est encore pire que le poulet.

C'est gentil, Elias,

mais l'assiette hibou est la pire.
Tout le monde veut le chien.

Donne-lui le chien.
Tu l'auras une autre fois.

Il a toujours ce qu'il veut !

Josef prend le chien. Point final !

Si tu continues, on te met dans la cage.

Non, Elias !

Le voil�, ton plateau de fromage.

- Il me mord !
- Tu recommences ?

L�che-le !

L�che-le !

Elias !

Non...

99,2 % des esp�ces qui ont exist�
sur notre plan�te se sont �teintes.

Des extinctions de masse, d�finies
par la mort de 60 � 96 % des esp�ces,

ont eu lieu 5 fois
en 440 millions d'ann�es.

La derni�re, il y a 65 millions d'ann�es,
est celle des dinosaures.

On ne saurait �tablir une cause unique.
Oui ?

Vous lisez ?

- Je peux venir ?
- Oui, bien s�r.

- Et Gabriel ?
- Il n'aime pas les histoires du soir.

Il pr�f�re lire tout seul.

- Passe � l'interpr�tation, Josef.
- Merci, Franz.

Donc, si nous pouvions
revenir � l'�ge de glace,

l'issue serait probablement diff�rente.

Les esp�ces, les races, les genres, ne
meurent pas pour une raison particuli�re.

Humains, animaux, plantes,
nous sommes tous soumis au hasard.

Merci, Josef.

- Une autre ?
- Oui.

- Non.
- Oui.

Bonjour.

Evelio ?

Tu viens �couter l'histoire ?
On ne doit pas venir ici.

Il a l'air bien.
Tu es s�r qu'il est malade ?

C'est l'effet du m�dicament.
Faut pas le d�ranger.

Je voulais juste le rencontrer.

Tu entends ce que je dis ?
Viens tout de suite.

On ne doit pas venir ici. Allez, au lit.

- Elias, c'est le moment.
- De quoi ?

- On doit aller voir l�-haut.
- On ne peut pas, il est malade.

Je t'en prie ! Il y a un truc
qui ne va pas, ici. Aide-moi.

�a pue le fromage !
Pourquoi il faut qu'on dorme ici ?

Josef vole du fromage la nuit.
Franz nous met l� comme gardien.

Qu'il l'enferme
et nous donne une autre chambre.

Les autres chambres
sont occup�es par les animaux.

Il y a beaucoup d'animaux ici.

Viens m'aider.

Enfonce-la.

Ils vont entendre.
On devrait ob�ir aux r�gles.

Enfonce cette porte.

Elle �tait ferm�e, tout � l'heure.

Evelio ?

Il a de quoi lire !

Ces livres sentent bizarrement.
Viens sentir.

Que des essais.
Pas un livre ennuyeux.

Tu n'obtiendras pas grand-chose de lui.

Tu es triste ?

On peut peut-�tre retrouver ta m�re.

Gabriel, retournons nous coucher.

Comment tu es entr� ?

Donne-moi ce livre.

Si tu retouches aux affaires de Papa,
je te mets dans la cage, compris ?

Ils ont pris du fromage ?
C'�tait risqu� de les faire dormir ici.

- Non, le fromage �a va.
- Qu'est-ce qu'il y a ?

T'occupe pas, Elias.

Rendors-toi.

Viens.

Josef, j'ai dit : viens.

Dehors ! Bonjour, Gabriel.

Tu as dormi toute la nuit comme un loir !

- Reste concentr�.
- Viens voir.

- Dehors.
- Elle est dedans, tu mens !

Je suis � c�t�, c'est le plus pr�s
qui dit. Changement de service.

- Pourquoi il est l�, alors ?
- Il a rebondi.

Les volants, �a fait �a. Continue.

- Il n'�tait pas dehors.
- Je sers.

- Josef, ne te m�le pas de �a !
- Silence !

Oh putain ! Tu m'as coup� la parole.

- Plus jamais.
- Oui, faut pas...

Taisez-vous !

Mais �a va pas ?

Votre p�re mort g�t l�-haut
et vous faites des doubles ?

Moi, je pr�f�rerais jouer en simple.
Deux �quipes tir�es au sort.

- Tu br�les beaucoup plus de calories...
- Tais-toi ! Tais-toi !

Il y en a qui se sont
lev�s du mauvais pied.

Laisse-le rouler. On joue. Z�ro partout.

Pardon, on aurait d� en parler avant
qu'il sente et qu'il ait l'air bizarre.

Oui, vous auriez d�.

Vous �tes tous dingues.

Oui, je sais.

Mais on est vos fr�res.
Et tu seras bient�t remis...

J'ai plein de choses � te demander.

Elias dit que tu avais une copine.

C'est moi qui ai ouvert
la porte pour vous. L�-haut.

Aide-nous � nous en d�barrasser.

- On ne trouvera pas de filles, sinon.
- De filles ?

- Depuis combien de temps il est mort ?
- Longtemps.

On s'est rendu compte que �a ne changeait
pas grand-chose qu'il soit mort.

� part qu'on n'avait plus
� aller dans la cage.

Et nos m�res, Gregor ?
Tu sais o� elles sont ?

On a toujours �t� seuls.

- Elles sont toutes mortes en couches.
- Bien s�r que non, voyons.

Sois franc.

Je pense qu'elles sont parties.

Papa n'�tait pas tr�s agr�able.

Et nous non plus, sans doute.
On n'�tait pas des gamins faciles.

Et Papa passait son temps
sur ses exp�riences au sous-sol.

C'�tait dehors !

Aide-nous avec Papa.

Ne reste pas l�, Bo.

�loigne-toi de la porte.

Ils sont l�.

C'est de la surr�action d'enterrer Papa
maintenant. Il aura 100 ans dans 8 mois.

Tu sais bien que non.

Allons-y, Franz.

Aucune fille
ne viendra ici avec un p�re mort.

Pas vrai, Elias ?

Quelques-unes peut-�tre.

Sinon, tu prends ton v�lo
et tu vas chez elles.

- Franz.
- Non.

- C'est l� ?
- Oui.

Attention � la porte.

Ici ?

C'est ce que je pensais,
c'est un nerf coinc�.

Vous �tes un cadeau du ciel. J'ai
tout fait pour sortir vos fr�res d'ici.

- Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
- C'est compliqu�.

Il me faut une autorisation
et ce n'est pas Flemming qui va le faire.

Maintenant vous �tes l�.

Je ne les ai jamais vus si propres
et gentils quand Evelio �tait en vie.

Il les laissait des jours dans ces cages
quand il travaillait au sous-sol.

- C'�tait quoi, ses recherches ?
- Je ne veux pas le savoir.

Vous allez pouvoir les �duquer,
maintenant. Donnez-moi vos bras.

Tr�s bien, j'y vais.

Attention � Papa !

Gabriel, puisque tu es debout,
tu peux venir aider.

C'est maintenant !

- C'est quoi, ce livre ?
- Une Bible que Bo m'a pr�t�e.

- On n'a pas le droit.
- Pourquoi ?

Juste les essais et les trait�s
de philo. Mais Papa n'est plus l�.

Exactement.

Papa est parti.

- Tu ne crois m�me pas en Dieu.
- Ce n'est pas la question.

Il est temps de changer
les choses, ici. Venez.

- Tu fais quoi ?
- C'est le sous-sol de Papa ?

- C'est ferm� ?
- C'est interdit.

- Qui a dit �a ?
- Moi !

Personne ne va au sous-sol, point.

C'est quoi, ce livre ?

La Bible est consid�r�e comme
le fondement de la pens�e occidentale.

On dit qu'elle contient plusieurs
lignes de base de notre civilisation.

- J'ai toujours voulu la lire.
- Tu la liras, Josef.

Je propose des discussions autour
de la Bible et de la fa�on de se conduire.

Pas question. Tu ne peux pas
d�barquer et chambouler nos r�gles.

C'est un livre idiot.

Tu n'as qu'� le consid�rer comme
un manuel de comportement, Franz.

Ce livre sort d'ici. Fin de la discussion.

Parle-lui du Canard Sauvage, Gabriel.

- Le Canard Sauvage ?
- J'ai appel� Susan, � l'�cole.

On y va mercredi
pour envisager ta r�int�gration.

- �a pourrait �tre bien.
- Je ne te garantis rien, on va voir.

Mais arr�tez de cogner
et apprenez � communiquer.

Communiquer ? Comment �a ?

Ce qu'il veut dire,

c'est que la survie de l'homme
d�pend de sa capacit� � communiquer.

L'animal a un instinct
qui lui a �t� transmis,

tandis que nous, nous sommes
oblig�s d'apprendre � communiquer

sinon le genre humain va d�g�n�rer.
Hein, Gabriel ?

Oui, merci, Josef. C'est bien.

Nous devons r�soudre les conflits
par la parole, non par la violence.

Nous avons besoin de r�gles et d'ordre.

- On a un ordre et des r�gles.
- �coute, Franz.

Si on apprend bien,
on trouvera des filles.

On verra. Commen�ons par faire
le m�nage et laver vos v�tements.

Les animaux vont dehors,
le fromage dans la cuisine.

On se lave les mains en sortant
des toilettes et avant de manger.

Et chacun son lit.

Non, �a suffit !

- Tu dors bien avec Elias !
- C'est termin�.

C'est n'importe quoi.

- Plus d'histoire du soir, alors ?
- Les histoires, c'est bien, simplement...

On peut instaurer la r�gle

de lever le doigt pour parler
au lieu de couper la parole ?

Oui, bonne id�e. Tr�s bien, Josef.

- Je suis glac�.
- Essayons, au moins. Dors.

Pense � l'�cole maternelle. Et aux filles.

Franz, viens voir.
Il essaie d'ouvrir le sous-sol.

�loigne-toi de cette porte !

- Pourquoi je ne peux pas aller voir ?
- On a des r�gles, nous aussi.

Si on va au sous-sol,
c'est la cage. Point.

H�, Gabriel ?

C'�tait...

- une poule...
- On ne peut pas les tenir dehors.

- Mais elle avait des sabots de vache.
- Possible.

Elles ont autant le droit
de vivre ici que nous.

Cette r�gle est ridicule.
�loigne-toi de cette porte.

- Elias, viens voir une seconde.
- Non, je veux pas.

- Si, viens.
- Non.

Regarde �a.

Il y en a d'autres avec des malformations
de ce genre. Qu'est-ce qui se passe ?

C'est impossible, normalement.

De telles mutations devraient �tre fatales
aux individus qui en sont porteurs.

Ils devraient mourir
au contact de la population normale.

- Mais ici, ils dominent.
- Et ?

Ils sont inoffensifs,
contrairement � ce taureau.

Regarde comme ils nous narguent.

- Il est mauvais.
- Papa a d� alt�rer leur g�nome.

- Il a bris� la barri�re des esp�ces.
- Il faut arr�ter de l'idol�trer.

Une poule avec une queue, et alors ?
Parlons du taureau.

Je dois aller au sous-sol.

Ne fais pas �a, Gabriel.
Tu vas finir en cage.

- Je vais mettre les animaux dehors.
- Non, ne t'en fais pas pour �a.

Mais...

Si jamais je t'aide
� trouver des filles...

tu me trouves la cl� du sous-sol ?

Combien de filles ?

Une, �a suffit ?

Oui. Une, c'est bien.

La schizophr�nie non diagnostiqu�e
d'Abraham a aggrav� ses voix.

Comme il ne b�n�ficie ni de suivi
psychiatrique ni d'antipsychotiques,

ses voix hallucinatoires
lui ordonnent d'escalader le mont Moriah

d'assassiner son fils Isaac,
puis de le br�ler.

O� tu vas, Gregor ?

Aux toilettes.

On va peut-�tre laisser
quelqu'un d'autre continuer...

L�ve la main, Gabriel !
C'�tait � Josef. Continue.

Mais tu pourrais prendre le relais, Franz.

Non. Je me suis arr�t� quand
il vont � Canaan et qu'ils ont un enfant.

Quand tous les chameaux
ont toujours besoin d'eau ? C'est d�bile.

- Laisse Josef continuer. C'est bien.
- Merci, Elias.

Un fois qu'il a conduit Isaac sur
la montagne, l'a plac� sur le b�cher

et le menace d'une lame, ses voix
lui commandent de ne pas tuer son fils.

Le manque d'air fait s�cr�ter des
neurotransmetteurs, dopamine ou s�rotonine

qui alt�rent les hallucinations...

- Essaie de t'en tenir � l'histoire.
- Encore sans lever la main ! Ridicule !

- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Raconte sans interpr�ter.

Je n'ai pas encore interpr�t�.

Tu voulais qu'on lise ce livre.
Laisse Josef le faire � sa fa�on.

Continue.

Merci, Franz. Le reste
est tr�s d�sordonn�. Sans structure.

Abraham va soudain
trancher la gorge d'un b�lier ind�termin�

qui se trouve �tre coinc�
dans un improbable buisson.

Isaac est sauv� et Abraham
enflamme le mouton sur le b�cher.

Pas extraordinaire. Au chapitre 23...

Non, arr�tons-nous ici et parlons de...

Encore sans lever le doigt !

Suis les r�gles, Gabriel.

On pourrait parler de ce que
chacun pense de ces histoires.

Et si je continuais mon r�sum� ?

- Non.
- J'aime pas ce bouquin.

J'aime encore moins qu'Abraham
et Sara aient Isaac. C'est pas r�aliste.

Si on ne peut pas avoir d'enfant,
c'est la nature qui dit stop.

- Exact. Ce bouquin est d�bile.
- Bien, Franz.

C'est un miracle qu'ils aient Isaac.
C'est le pouvoir de Dieu dans l'histoire.

C'est d�bile de balancer
des miracles comme �a.

C'est fou de jouer les omnipotents et de
laisser des centenaires devenir parents.

Bien, laissons ce sujet de c�t�.
Dis-moi juste...

Abraham a raison
de sacrifier son propre fils ?

Vous sacrifieriez votre propre enfant
pour une plus grande cause ? Franz ?

- J'ai pleur� quand la ch�vre est morte.
- Moi aussi.

C'est �mouvant.

- La ch�vre est importante ?
- Pas dans cette partie de l'histoire.

R�fl�chis, Josef.
De quoi parle cette histoire ?

L'important, c'est ce que tu en penses.

Eh bien...

Dans ce cas, je pense
qu'il y a quelque chose avec la ch�vre.

- Je l'adore.
- Elle est g�niale.

Si on avait une ch�vre ?

Gabriel ?

Je peux venir ?

Ne touchez � rien.

Non, bien s�r.

Il aimait bien les animaux.

�a veut dire quoi "M.D." ?

Les m�res des hybrides, je pense.
"M�re De", "M.D".

On peut remonter, maintenant ?

Combien d'hybrides il a cr��s ?

Je sais pas. Je crois qu'ils sont morts.

Il n'a r�ussi qu'avec les poules.

Les femelles auraient d� expulser
les f�tus. Comment il a r�ussi ?

C'est sensationnel !

Arr�te avec �a.

C'est un double g�nie
parce qu'il a fait des animaux bizarres ?

Ils �taient mort-n�s, Gabriel.
Tu parles d'un travail !

Mais il a r�ussi avec les poules.

Il a r�ussi � croiser quelques esp�ces

avec des ovipares comme les poules.
Les autres sont morts.

Maintenant on peut...

Ses r�sultats doivent �tre publi�s.
Il ne faut pas les cacher.

Il a crois� combien d'esp�ces ?

L�, une poule avec un cochon.

- Un taureau et une dinde.
- Je sais pas. Remontons.

On peut s'en aller.

C'est bon, tu as tout vu.
Viens, on remonte. Gabriel...

- Cette biblioth�que cache quelque chose.
- Je veux remonter.

J'ai rempli ma part du march�.
� toi de me trouver une fille, maintenant.

- C'est mal fait.
- Oh non !

Attends !

Qu'est-ce que tu fabriques ?

Me dis pas qu'il fouinait au sous-sol ?

- Si. Ils ont forc� la porte.
- Elias...

�a t'apprendra � ob�ir !
Mettons-les dans la cage.

Josef, ouvre la cage.
Josef, fais-nous sortir !

Sors-nous de l� !

Imb�cile !

Si tu cries, ils nous laisseront
encore plus longtemps.

Il faut que tu te calmes.

C'est pas vrai, j'y crois pas !

O� tu vas trouver les filles ?

On ne va trouver aucune fille.

- Tu as promis.
- Il n'y a pas de fille, d'accord ?

Les filles ne veulent pas
des gars comme toi.

- Comment �a ?
- Tu t'es vu dans un miroir ?

Non.

L�che-moi !

Ils ne sont pas du tout calm�s.
On va jouer en simple.

L�che-moi ! Elias !

Calme-toi et tu pourras sortir.

- On jouera en double.
- Ouvre cette cage !

- Tu voulais des r�gles.
- Maintenant !

Assieds-toi et attends
calmement la situation de la cage.

Non !

Gabriel, qu'est-ce que tu fais ? Attends.

Qu'est-ce que tu fais ? Reste ici.

- Laisse-moi. J'en ai assez.
- On n'est pas f�ch�s. Retourne...

D�gage !

- Tu me frappes ?
- Va-t'en. Je rentre � la maison.

Bien. Rentrons.

- Laisse-moi juste leur dire au revoir.
- Je ne veux pas de toi, imb�cile !

- Qu'est-ce que tu dis ?
- Je ne t'aime pas, Elias.

Tu as compl�tement g�ch� ma vie.

Tous mes amis, toutes mes amies.
Tu les as tous fait fuir.

- Mais non.
- Mais si.

Tu es grossier, laid, d�go�tant.

Compl�tement infr�quentable.

Elias, reste ici. C'est ta place.

Ma place est avec toi.
Tu as promis quand on �tait petits.

C'est toi qui es stupide !

C'est toi qui es laid !
T'entends, Gabriel ?

Gabriel...

Bien, Josef.

Gregor prend le chien et Elias le poulet.

- Il avait promis des filles.
- Il n'y en aura pas.

C'est ta faute.

Et tu ne peux plus
r�cup�rer ton travail, maintenant.

Tu m'accompagnes � l'�cole, demain ?

- �a m'aiderait beaucoup.
- Il peut pas. Il est comme nous.

Bien s�r, que je peux.

- On a besoin de Gabriel.
- Ne parlons plus de Gabriel.

Tu viendras ?

- Oui.
- Merci, Elias.

- Et tu peux trouver des filles ?
- Bien s�r que non.

Bien s�r que si, si je veux.

Tu peux en trouver demain ?

Oui, s�rement.
Mais ce serait compl�tement idiot.

- Pourquoi ?
- C'est juste idiot.

�a ne leur laisse qu'un jour pour...
Tu vois ?

Il faut qu'elles...
Bien s�r, pas de probl�me. Demain.

Oui, on va trouver des filles demain.

On ira apr�s le rendez-vous � l'�cole.

- Bonjour.
- Je peux attendre le ferry ici ?

Oui. Je fais des beignets.

Magnifique.

Je suis tr�s contente

qu'on ait enfin
l'occasion d'�tablir un dialogue.

Honn�tement, je n'ai jamais vu �a
dans toute l'histoire du Canard Sauvage.

Je vous recommande vivement
un suivi psychiatrique pour Franz.

Merci, mais on ne gaspille pas l'argent
chez les psychologues, dans la famille.

On n'a pas parl�
de son licenciement abusif.

Je ne comprends pas. Franz
a frapp� Carl avec ce renard empaill�.

On est d'accord, mais il faut avancer.

C'est irresponsable de laisser
tra�ner un renard � l'�cole.

Vous �tiez diff�rent, au t�l�phone.

Non, pas du tout.

Qui vous dit que ce n'�tait pas un jeu ?

Carl a eu 7 points de suture
pour avoir refus� de go�ter un fromage.

De ce que j'entends,
les torts sont donc partag�s.

Carl a 4 ans.

Partez, maintenant.

- Il terrifie tous les enfants.
- "Tous les enfants". Il y en a deux !

Comme si tout Mexico �tait en panique !

Certains enfants ont peur des boutons.
On ne va pas tous porter des ponchos !

Carl et Franz ont eu un diff�rend

mais une �cole comme
la v�tre doit pouvoir g�rer �a.

Honorez votre nom ! Et rappelez-vous :

Pour le sourd, les danseurs sont des fous.
Vous oubliez �a, Susan !

Allons, il faut savoir
faire preuve de bon sens.

Franz sera l� demain matin � 8 h.
Fin de la discussion.

Je pensais que vous veniez vous excuser.

O� est l'homme que j'ai eu au t�l�phone ?

Il est assis devant vous. �coutez bien !

- Partez, maintenant !
- Bien, c'est r�gl�.

Tenez, c'est pour vous.

Qu'est-ce que c'est ?

R�fl�chissez, vous allez
trouver les deux derniers chiffres.

Pensez centim�tres. Appelez-moi,
je nous mitonnerai un bon petit plat.

C'est mon num�ro,
sans les deux derniers chiffres.

- Qu'est-ce que �a veut dire ?
- Allez ! Les deux derniers, c'est 21.

35 87 56 21.
Mon ancien num�ro finissait par 02.

39 17 02 02, �a g�chait la blague.

Mais avec 21, on imagine un long...
Laissez tomber. Vous n'�coutez pas.

Sortez, ou j'appelle du secours.

- Elle t'a coup� la parole, t'as vu ?
- J'ai remarqu�.

- Je ne r�ponds plus de rien.
- Qu'est-ce qui se passe ?

Qu'est-ce que vous faites ?

- Alors Franz commence quand ?
- Il faut qu'ils inscrivent son poste.

Mais Franz, quand tu reprendras,
ne t'approche pas du renard.

Au d�but.

Oui. Merci beaucoup, Elias.
Personne n'avait jamais fait �a pour moi.

- Normal. La famille d'abord.
- Gabriel n'a jamais compris �a.

Allons chercher des filles.

- Et si aucune ne veut de nous ?
- Elle est bien bonne.

Ce serait la premi�re fois de l'Histoire
que je manquerais de chance.

�a sent vraiment la pisse, ici.

- Pas mal, comme choix.
- Tu parles. Une seule fille.

- Compte tenu de la population...
- L�, une autre ! �a fait 2.

Je prends le puzzle.

- Non, elle est pour moi.
- Prends le tricot. Elle est bonne.

- Pourquoi tu choisis d'abord ?
- �a se fait pas.

Vous cherchez quelqu'un ?

On peut raisonnablement dire �a, oui.

Nous sommes des volontaires de...

- Franz, le fromage.
- Il faut d'abord qu'on le coupe.

C'est vous qui courez tout le temps ?

Je fais des pauses.
Mais je lutte contre un d�fi anatomique.

Moi aussi, je lutte
terriblement contre l'ob�sit�.

- Je suis un ob�se mince.
- Quelle honte !

Vous moquer des gens qui ont...
des d�fis anatomiques !

Nous avons des installations
sportives ici, si vous voulez les voir.

- Volontiers.
- Venez.

Vous avez un sauna, aussi ?

Tu veux du fromage ?

Il peut se faire
cette grosse truie, s'il veut.

Des gamines comme elles
n'ont rien � faire ici.

C'est la mienne,
toi tu prends le tricot. Elle est o� ?

- Elle voulait Gregor.
- Elle, elle est � moi.

- Elle s'appelle Inger Lis.
- Inger Lis, viens ici.

- Elle veut venir avec moi.
- Inger Lis, regarde.

- Du fromage.
- Arr�te.

Elle est intol�rante au lactose.
Allergique au lait. Allez !

Je pr�f�re aller avec Franz.

D'accord, on vous tiendra au courant.
Au revoir.

On n'a qu'un mot � dire
et l'h�pital envoie un fourgon demain.

On n'a plus le choix, Flemming.

S'ils partent, on sera ray�s de la carte.

On est s�rs que la cousine
Susan n'est pas juste tomb�e ?

Je l'ai d�j� vue tomber
en tr�buchant sur des gamins, l�-bas.

Elle a une commotion c�r�brale et
une dent cass�e. Ils sont all�s trop loin.

Sans Gabriel,
c'est une bombe � retardement.

Je suis d'accord avec Ingrid.
Leur place est � l'h�pital.

Tous les quatre.

C'est votre faute. Evelio reposait en paix

dans son lit avant votre arriv�e.

Tais-toi, Papa !

Ces gar�ons n'ont pas
suffisamment �t� en cage ?

Vous ne pouvez pas
abandonner votre famille.

Et vous ne cherchiez pas vos m�res ?
Quel homme �tes-vous ?

Tais-toi, tu as men� cette �le � sa perte.

Pour une fois dans ta vie, tu peux
prendre la bonne d�cision. Fais-le !

Tu n'entres pas ?

Merci pour ce que tu as fait aujourd'hui.

Je suis content que tu sois l�.

D'accord.

Elias ?

Vous avez le temps d'y r�fl�chir, Gabriel.

Vous n'avez donc pas de c�ur ?

- Il s'agit de votre famille.
- Papa, arr�te �a, bon sang !

Le ferry va bient�t partir.

Venez, Gabriel. Venez !

Je vous l'avais dit. Elle est revenue.

Ellen, regarde !

- Elle a des pieds bizarres...
- Elle est rentr�e.

Cette cigogne a...

- des pieds humains.
- Je ne crois pas.

Venez, Gabriel.

Et un bec-de-li�vre.

Allons-nous-en, le ferry va partir.

Je suis d�sol�, Ellen.

L'op�ration est annul�e.
La municipalit� prend le relais.

- Flemming, tu n'es pas s�rieux.
- Si. Gabriel vient de revenir.

- Mais bon sang...
- Rassemble tes gars et va-t'en.

O� tu vas, Gabriel ?

Non, ne fais pas �a. Gabriel, non !

Non ! Ne descends pas !

Gabriel, non !

Sors de l�, Elias. C'est d�gueulasse, ici.

Merde. Il a tout d�truit.

Il y a quoi, l�-dedans ?

- C'est quoi, �a ?
- Nos m�res.

- Pourquoi elles sont l� ?
- Notre p�re �tait tr�s malade.

C'est Papa qui a fait �a ?

Pourquoi ?

Papa �tait st�rile.

Comme nous tous.
Mais il a trouv� une solution.

Il a ins�min� nos m�res avec des semences
animales modifi�es m�l�es � ses cellules.

Mais �a n'a pas march�, hein ?

- Seulement avec les poules.
- Au d�but, non.

Il a ins�min� sa premi�re femme 14 fois.

En octobre 1966,
l'exp�rience a fonctionn�.

Il a cr�� son premier enfant. Un fils.

Avec le sperme du taureau Isaac II.

Trois ans apr�s,
il a recommenc� l'exp�rience.

Cette fois, avec un hibou.

Un nouveau fils est n�.

Il a �crit dans ses notes en 1969...

que ses deux premiers fils
ne r�pondaient pas � ses attentes.

Alors...

il les a donn�s.

Il a confi� � l'adoption

son "homme-hibou"
et son "homme-taureau", comme il dit.

� la place, il a essay�
de cr�er un "homlet".

Alors Elias est � moiti� taureau ?

Il a dit "homme-taureau". Continue.

Elias est � 11,4 % taureau,

� 88,6 % Papa et... elle.

Donc il est le demi-fr�re d'Isaac,
le taureau qui est dans l'�table.

- Il n'y est plus.
- Et moi, je suis quoi ?

Tu es � 9,5 % souris, Josef.

- Souris ?
- Oui.

Et toi, tu es chien, Gregor.

- Labrador. Pile 10 %.
- Je suis chien ?

- Tu savais ?
- Pourquoi t'as rien dit ?

J'aurais aim� savoir que j'�tais chien.

Tu es quoi, Franz ?

- Franz est poulet.
- Pas poulet !

Je suis � 15 % poulet.
Je suis "homlet" ! Homme-poulet.

15 % c'est beaucoup, compar� � mes 9,5.

Oui. Papa a essay� d'augmenter
la part animale et il a r�ussi avec moi.

- Souris, c'est mieux que poulet.
- Rien � voir, c'est pas les m�mes r�gles.

- Chien, c'est mieux.
- C'est un autre syst�me, Gregor !

Tu ne l'es qu'� 10 %,
donc je suis plus poulet que toi chien.

Le chien bat tout le reste.

La ferme ! Laissons Gabriel d�cider.

Vous voulez savoir ce qu'il est ?

Vous voulez savoir ?
Il est hibou, les gars !

Je suis � 7,1 % hibou.

Le hibou, c'est ce qu'il y a de pire.

Poulet, c'est pas si mal, finalement.

De quoi elles sont mortes ?

- Elles ne pouvaient pas accoucher ?
- Elles auraient pu.

Mais Papa ne s'embarrassait
pas d'op�rations compliqu�es.

Il faisait des c�sariennes fatales.

- �a devait faire mal.
- Comme Papa disait toujours :

Une vie pour une vie.

Alors on ne pourra
jamais avoir d'enfants ?

On est un croisement de deux esp�ces.
Les hybrides sont presque tous st�riles.

Si Papa pouvait, pourquoi pas nous ?

Pourquoi tu restes assis l�, Elias ?

Sors de l�.

D�sol�.

Ne t'en fais pas pour �a.

Tu me dois des excuses aussi.
Tu as eu des mots durs.

- Oui.
- Tr�s durs.

Et c'�tait pas vrai. Beaucoup
de ce que tu as dit n'�tait pas vrai.

D'accord.

Je ne pense pas que...

Je crois que j'ai merd� avec ces poules.

Et avec Isaac.

C'est ce r�ve que je fais...

Je vais te dire un truc
et je ne veux pas que tu me contredises.

Je ne suis pas
tout � fait normal, Gabriel.

Pas vraiment.

Aucun de nous, � vrai dire.

Sors, Elias.

Je peux te serrer dans mes bras ?

J'ai pas eu le temps
de me laver les mains. Je peux ?

C'est ainsi que les fr�res

� qui la nature n'avait pas
distribu� les bonnes cartes

d�cid�rent de vivre ensemble.

Et gr�ce au sous-sol d'Evelio,
ils apprirent � quel point

chaque vie est un petit miracle.

Chaque cr�ature, belle ou laide,
grosse ou mince, bonne ou mauvaise,

jeune ou vieille, animale ou humaine,
ou quoi que ce soit d'interm�diaire

cr�� par qui que ce soit, o� que ce soit.

Bien que les plus anciens

continuent de craindre les fr�res

et ce qui se passait dans leur sous-sol
et que tout le monde savait,

ils respectaient le fait que parfois,
les choses doivent �tre ce qu'elles sont.

Pour la simple raison

que la vie est la vie

et que l'alternative
jamais n'est pr�f�rable.

adaptation Claire BEAUDOIN
sous-titrage GOMEDIA