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DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE

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Dans les temps anciens,

on plaçait de lourdes pierres
sur les tombes des morts

pour empêcher leur âme
de tourmenter les vivants.

J'ai longtemps pensé
que c'était la coutume

d'un peuple superstitieux et primitif.

Mais les morts peuvent flotter
à la lisière de notre vision

avec la densité et la luminosité
de la brume,

et leurs droits sur cette terre

peuvent être aussi légitimes
et durables que les nôtres.

J'espère que la pauvre fille
était morte avant qu'il la charcute.

La pauvre fille
n'a pas eu beaucoup de chance.

La victime s'appelait
Cherry LeBlanc.

Son père avait disparu, accusé

d'avoir abusé
d'une petite Noire du quartier.

J'allai à Mamou
interroger ses grands-parents.

J'appris peu sur elle.
Elle était sans éducation,

malheureuse et d'une beauté fatale.

Arrêtée pour prostitution à 15 ans,

morte à 19 ans.

M. Trajan est là ?

On a déjà parlé de ça trois fois.

Cherry a un peu bossé ici
ces dernières semaines.

Elle avait sa soirée,
mais est venue écouter Hogman Patin.

C'était une fan.

Vers 1 h, elle a posé son sac
derrière le bar

et a dit qu'elle sortait.

Vous saviez qu'on l'avait arrêtée
pour racolage ?

Non.

Vous la pensiez sortie avec mention
de la fac de Louisiane ?

Je n'aime guère votre ton,
lieutenant.

Si je découvre
que vous ne m'avez pas tout dit,

je reviendrai, M. Trajan,

avec un mandat d'arrêt.

Vous connaissiez Cherry LeBlanc ?
Blanche, 19 ans ?

Elle travaillait ici.

Elle avait un petit ami, tante ?

Façon de parler.
C'était une professionnelle.

M. Trajan y était mêlé ?

Demandez-lui.

Je ne crois pas,

sinon vous ne m'en parleriez pas.

Elle était triste.

Je lui ai dit : "Une jolie Blanche
comme toi pourrait tout avoir,

"études, voiture, un mari
qui travaille sur les derricks..."

Quand elle s'habillait,
on aurait dit une star.

Qui était son mac ?

lls venaient la chercher
et la ramenaient.

Qui étaient-ils ? Leur nom ?

Ces types n'ont pas de nom.

lls viennent avec leur grosse tire
quand elle a fini son boulot

et la pauvre monte à bord.

Je sais rien d'autre, moi.

Elle allait pas donner le nom

d'un Blanc riche
à une vieille femme noire.

Quel Blanc riche ?

Des riches Blancs, peut-être,

qui vont la sortir du business
de la chatte à vendre.

Elle a dit ça juste avant

que quelqu'un lui fasse
ces choses horribles.

Quand je picolais pendant des mois,
je rêvais d'une louve blanche

dans un arbre noir squelettique,

au milieu d'un immense paysage blanc.

Au pied de l'arbre, il y avait
une portée de louveteaux.

Dans le rêve, la louve sautait à terre

et mangeait ses petits un par un.

Je me demandais à quoi rêvait
l'assassin de Cherry.

Mieux valait peut-être ne pas savoir.

Je peux voir votre permis ?

Vous voulez quoi ?

Votre permis.
Sortez-le et tendez-le-moi.

J'ai été un peu imprudent.
Excusez-moi.

Vous êtes Elrod T. Sykes ?

Voulez-vous descendre, M. Sykes ?

Oui, monsieur.
Tout ce que vous voudrez.

Je pense que vous avez bu,

vous avez fumé de la marijuana

et votre amie
vient d'avaler le mégot.

Ce serait pas bon, ça.

Conduite en état d'ivresse.

Je vous emmène
à la prison municipale.

Je ferai raccompagner Mlle Drummond,

mais votre voiture de sport
ira à la fourrière.

Mauvaise nouvelle.
Ce n'est pas à mon programme.

On débute un tournage.

J'aime vos films.
Et ceux de Mlle Drummond.

Votre clé, je vous prie.

El, fais quelque chose.

Je suis très gêné.

ll peut faire un don

à un truc genre
"Mères contre l'ivresse au volant" ?

En tant qu'admirateur,

je vous conseille
de ne plus mentionner de dons.

lnutile de me montrer vos papiers.
J'ai aimé Galaxy 9.

Pardon, seriez-vous l'archétype
de l'abruti macho ?

Surtout le n° 2.

Veuillez rester ici.

Un adjoint viendra
vous raccompagner.

Vous n'allez pas vomir
dans mon pick-up ?

Non, ça va bien.

Je sais où il y a un cadavre.

On dirait un gros tas d'os
et de tendons.

Où était-ce ?

En plein marais d'Atchafalaya.

On devait tourner un plan
dans la vieille réserve indienne.

En allant pisser, je l'ai vu
qui dépassait d'un banc de sable.

Remontez dans le pick-up.

Ce marais est plein d'ossements indiens.

Je n'ai pas saisi votre nom.

Dave Robicheaux.

M. Robicheaux,
si c'est un Indien que j'ai trouvé,

je me demande ce qu'il faisait
avec une chaîne autour du corps.

Redites-moi ça.

Une chaîne rouillée, des maillons

gros comme le poing, entrecroisés
autour de sa cage thoracique.

Vous retrouveriez ce banc de sable ?

Je crois que oui.

Je vais vous faire un aveu,
M. Sykes.

La paperasse m'emmerde.

Si je vous ramène, vous jurez
d'être dans mon bureau demain à 9h ?

9 h. C'est juré, absolument.

Je vous remercie.

Elrod Sykes et Kelly Drummond ?

- Je veux voir le tournage.
- Sykes est un ivrogne.

Sa tête brille dans le noir.

On pourrait avoir
une affiche dédicacée.

Pas pour toi. Pour le fonds d'aide
à la reconstruction.

Cool. Dave, s'il te plaît.

Tu te tais ?

Je peux l'emmener
et veiller sur elle,

si tu es d'accord.

Si Kelly Drummond
signait une affiche,

ça paierait un toit à quelqu'un.

M. Sykes suit un nouveau traitement
contre son asthme.

Manifestement,
son organisme a réagi violemment.

- Le studio souhaite...
- Vous vous appelez ?

Montrose.

M. Montrose, où se trouve Sykes ?

En extérieur, vers Spanish Lake.

Bien. Une heure vous suffira
pourtrouver M. Elrod T. Sykes

et me le ramener
par la peau des fesses.

N'est-ce pas ?

Je n'ai pas tenu parole, je sais.

Mais l'heure coûte $ 25 000

quand cent types attendent
que je me sorte des ennuis.

Je vais vous expliquer.

Hier, quelqu'un a violé et tué
une fille de 19 ans,

au sud de la paroisse.

ll lui a coupé les seins,

il l'a éviscérée,

lui a enfoncé une branche de cyprès
dans le vagin.

Comprenez-vous

que vos vertigineux problèmes
de production ne m'intéressent pas ?

Avez-vous entendu parler
de soldats confédérés dans la brume ?

Un type en particulier.

ll marche avec une béquille.
Peut-être un général.

Vous faites un film
sur la guerre de Sécession ?

Vous savez que ce n'est pas ça.

C'est par là-bas.

Attendez un peu, M. Sykes.

Mettez un peu de ça.

On avait
plein de chauves-souris, ici,

les moustiques les ont bouffées.

Ce gars est loin
de la chagatte hollywoodienne.

Cet idiot vous charrie

parce qu'il a très peu vu le monde.
lgnorez-le.

Comment ces os sont-ils passés
sous les racines ?

L'ouragan Betsy a dû les enterrer
en 1965, Katrina les a déterrés.

Pourquoi en 1965 ?

Des ouragans ravagent
la région sans arrêt.

Vous voyez ce tibia ?

Cassé en deux.

ll a pris une balle
en tentant de s'enfuir.

Vous êtes voyant,
ce genre d'arnaques ?

Je l'ai vu.
Ça s'est passé à 2 km d'ici.

Des Blancs avaient lynché
quelqu'un par ici ?

En rentrant,
il faudra parler à votre shérif

et faire venir votre légiste.

Je ne sais pas pour vous,
à la paroisse d'Iberia,

mais par ici,

une histoire de nègre vieille
de 40 ans va intéresser personne.

Que cherchez-vous ?

Je ne vois pas trace d'une ceinture,

ni de lacets à ses chaussures.

Ce gars-là devait se saper
à l'Armée du Salut.

A l'époque, sans corps,
sans avis de recherche,

le shérif n'avait pas de raison
de me croire,

encore moins de se bouger le cul.

Tu n'as plus 17 ans.

J'ai du mal à t'arracher au boulot.

Tu as fait tout ce que tu pouvais.

Tu n'as rien à te reprocher.
Bois ton lait et viens au lit.

J'ai envie.

Le shérif de la paroisse de St Clare

te remercie pour le tas d'os
que tu as trouvé dans l'Atchafalaya.

Merci pour le boulot en plus.

Qu'il change de métier,
s'il aime pas ces os.

ll t'invite surton temps libre
pour diriger l'enquête.

Leur légiste t'a mis les os de côté.

On a le rapport d'autopsie
sur la fille LeBlanc.

Ça m'a tout l'air
d'être un psychopathe

ou un mec défoncé jusqu'aux yeux

au crack ou aux amphés.

Peut-être.
Je crois qu'elle le connaissait.

Pas un client, alors ?

Elle a laissé son sac
derrière le bar, avec ses capotes.

Cherry LeBlanc

était une professionnelle
avec de l'ambition.

Elle a cru à une bonne affaire.

Elle aurait fait affaire avec qui ?

Baby Feet.

Peut-être Baby Feet.

Quoi de neuf, Cholo ?
Je te croyais au trou.

La douce Katrina m'a blanchi.

Le labo de la Crim
est parti à la flotte.

lls ont rien sur moi
à La Nouvelle-Orléans.

Tout baigne.

On peut même plus lobotomiser
un mec comme moi.

Quoi de neuf, Dave ?

J'enquête sur un meurtre, Julie.

Sans blague ?

Tu t'en fais pour moi ?

Combien de mecs brûleraient

le night-club de leur père
avec leur père dedans ?

Excuse-moi d'être un peu agacé

par ce genre d'attitude, Dave.

Je reviens dans ce trou de merde.

Je suis très en vue
dans l'industrie du spectacle.

J'ai tous les jours au téléphone
des gens en Californie

dont on parle dans
Entertainment Weekly.

lls devraient faire
une journée "Balboni, le Retour".

Au lieu de ça, tu me traites
comme un miasme d'égout.

Tu comprends ce que je dis ?

Ça me fait mal.

Assieds-toi, je vais pisser un coup.

Cholo, où est ton sens
de l'hospitalité ? Sers-lui à boire.

Julie m'a raconté

la fois où un nègre
a failli vous buter avec son .38.

ll dit qu'il vous a sauvé la vie.

Vous étiez des copains de base-ball.

Capte le message, Cholo.
Ce mec est pas causant.

Vous bossez sur l'affaire LeBlanc ?

Que sais-tu là-dessus ?

Ça fait la une des journaux.

Julie et moi, on en causait.

Vous avez un vrai tordu en liberté.

Mon compteur tourne, Julie.
Je veux parler de la fille tuée.

- Quelle fille ?
- Cherry LeBlanc.

J'en ai pas entendu parler.

- Tu lis pas les journaux.
- J'ai été pris.

Je vois ça.

On a été amis, Dave.

Je t'ai peut-être même
rendu un service.

Je vais être clair, pourtoi et ceux
qui se déboucheront les oreilles.

La Louisiane est fauchée,
La Nouvelle-Orléans est une morgue.

Le fond des chiottes vaut mieux
que ce trou dans le bayou.

lls devraient s'aviser
qu'on lâche 40 millions à lberia.

lls aiment pas le nom de Balboni ?

On tournera le putain de film
dans le Mississippi.

On verra si ça plaît aux ploucs
de la Chambre de commerce.

Tu es dans le cinéma, à présent ?

Je produis White Doves
avec Michael Goldman.

Qu'est-ce que tu dis de ça ?

Tout le monde te souhaite du succès.

Après, je fais un film
sur le base-ball.

Tu veux un rôle ?

Allez-y.

Vous me reconnaissez, Dave ?

Doucet, non ?

Murphy Doucet.
Vous avez une bonne mémoire.

J'étais avec le shérif de Jefferson
quand vous étiez au NOPD.

Et maintenant, dans le cinéma,
comme tout le monde.

Je possède 50 %
d'une entreprise de sécurité

et suis délégué syndical
des camionneurs de Lafayette.

J'ai deux casquettes ici, en somme.

ll y a un problème ?

Où puis-je trouver M. Goldman ?

Là-bas, après ces arbres.

Je le préviens.

Ça va, je le trouverai.

Alors vous enquêtez sur un crime ?

Vous voyez un crime par ici ?

Le seul crime ici,
c'est la clim dans ma caravane.

On peut frire un œuf
sur le siège des chiottes.

Et ma star déterre un squelette
dans un banc de sable.

Tout ce qu'il me faut
quand je tourne.

Est-ce que M. Julius Balboni
produit ce film ?

Produit ?

J'ai dû merder
dans une vie antérieure.

Peut-être que j'ai coulé le Titanic

ou assassiné l'archiduc Ferdinand.

Je suis le seul producteur !

M. Balboni ment ?

M. Balboni investit de l'argent
dans un film.

C'est illégal ?

Félicitations.

Ce type a pendu le cousin de Raneri
par les tripes

à un crochet de boucher.

Vous reconnaissez cette fille,
Cherry LeBlanc ?

Hogman Patin avait tué,

à la machette et en plein jour,

un agent d'assurances blanc
qui couchait avec sa femme.

Il avait fait 17 ans
au bagne d'Angola,

il s'était battu au couteau,

on l'avait mis sur des fourmilières
et dans des cages à suée.

Il avait été sauvé par
un pasteur baptiste de Baton-Rouge.

J'aimais bien Hogman.

J'aime pas me mêler
des histoires des Blancs.

Mais ça me travaille,
ce qu'on a fait à cette fille.

Je lui ai parlé deux heures
avant qu'elle quitte la boîte.

Elle m'a dit :

"Dans ma prochaine vie,
toi et moi, on va se marier."

J'ai dit : "Chérie, laisse pas
les hommes te maltraiter."

Elle a dit : "J'aurai ma résidence
sur le lac Pontchartrain."

Elle était avec un type
de La Nouvelle-Orléans ?

Sans doute une merde
de mac blanc

qui lui disait
qu'elle était différente.

Au lieu de ça,
elle est allée se faire tuer.

Tu as à voir avec ce squelette
dans l'Atchafalaya ?

Comment t'es au courant ?

Quand on trouve un Noir mort,
les Noirs sont au courant.

J'écoute.

Les chiens font pas des chats.

Ou le chat sautera sur le chien
à tous les coups.

De quoi on parle, Sam ?

Je parle d'un Noir...

non, c'est pas exact,
je parle d'un nègre.

ll fricotait avec une Blanche

mariée à son patron.

Je crois que c'est ses os
que tu as déterrés.

Comment il s'appelait ?

Qu'est-ce que ça fout ?
ll l'avait peut-être cherché.

Le passé, c'est le passé.
Faut pas le remuer.

C'est un avertissement ?

Et le nom de la Blanche ?

Je dois préparer mes haricots.

Hogman, que presque rien n'effrayait,

semblait soucieux et effrayé.

Il m'avait mis en garde à propos
de la découverte du Noir lynché.

Ce passé vivait encore en lui,

frappé d'une honte collective
sans pardon.

Les participants étaient en vie,

ils pouvaient lui faire du mal.

Alafair !

Eloigne ton raton-laveur
de mes pâtés.

Sinon, je l'écrase avec mon balai.

T'avise pas de le frapper !
Tripod n'a rien fait de mal !

Et si tu fumais ailleurs
tes cigares puants ?

Ne parle pas sur ce ton à Batist.

Mais il a menacé
d'utiliser la violence.

Tripod est un raton-laveur.

Fais des excuses à Batist.

Je m'excuse, etje le fais
parce que Dave m'a forcée.

C'est une enfant splendide.

Quand elle aura dix-huit ans,

tes cheveux seront tout blancs,

si tu en as encore.

C'est génial, ici !

Comment ça va, M. Robicheaux ?

Ça vous ennuie pas qu'on passe ?

On veut vous emmener dîner.

Ma femme prépare déjà le dîner.
Je pars prendre une douche.

Faites vite,
j'ai réservé pourtout le monde.

La famille a des projets pour la soirée.

C'est gênant, El.

J'ai réservé.

Je ne veux pas causer de problème.
On vous achète les boissons

et on y va.

Vous êtes saoul et vous venez
acheter de l'alcool chez un flic.

Donnez les clés à Mlle Drummond
avant de repartir.

Où est la bière ?

Vous êtes un type bien.

Soyez très prudente.

Elrod est un petit con,

mais je l'aime.

On réglera ça plus tard.

De l'autre côté.

ll est tombé dans le bayou.

Matez ça.

C'est moi qui les ai faits.

Elrod Sykes avec le maillot de Dave.
Tu le crois ?

Va faire tes devoirs.

Vous buvez quelque chose ?

Une bière ?

Je crois qu'on n'en a plus.

ll doit bien en rester une.

Je vais nourrir les lapins d'Alafair.
Vous venez ?

Alafair est votre fille ?

Elle vient du Salvador.

Dave l'a sauvée
lors d'un accident d'avion

et l'a adoptée.

Vous avez des enfants ?

Vous voyez des lumières
dans les cyprès, la nuit ?

C'est le gaz des marais.

ll s'enflamme et roule sur l'eau.

Non, ce n'est pas ça.

C'est des types, là-bas,
au bord du lac.

ll y avait des lanternes
accrochées à leurs ambulances.

Des soldats avaient des vers
dans leurs blessures.

C'est pour ça qu'ils survivaient.
Les vers mangeaient l'infection.

Vous êtes saoul depuis longtemps.

Bientôt, les alligators vous causeront.

Un jour, j'ai entendu
une orchidée sauvage chanter.

Elle avait une jolie voix.

Je n'étais pas saoul.

Un type, un général,

sur sa béquille,
au bord de l'eau, m'a dit :

"Vous et votre ami policier,
vous devez les repousser."

Je crois que vous êtes délirant.

Vous devriez m'accompagner
aux Alcooliques Anonymes.

J'étais peut-être un peu saoul.

D'où avez-vous
le pistolet de son adjoint ?

Le général a dit : "Votre ami

"a le revolver de mon adjoint,
le commandant John Moss."

- Qu'est-ce que tu as ?
- Viens voir.

Regarde ça.

C'est marqué "C.S.A.".

Non, là.

J. Moss.

C'est écrit "J. Moss".

Et alors ?

Merci d'avoir appelé, Lou.

Quand j'ai vu ses mains et ses pieds
liés avec du chatterton,

j'ai pensé à toi
et à cette affaire LeBlanc.

Où est-elle ?

Toujours dans le tonneau.

Elle est couverte
de gros crabes bleus.

Le légiste dit

que si on la déplace,
elle tombera en morceaux.

On aura du mal à l'identifier.

Peut-être par les dents.

Le pauvre type qui l'a trouvée.

Quand avez-vous remarqué
ce tonneau ?

ll y a trois, quatre semaines.

Vous avez vu quelqu'un d'autre
sur la levée ?

ll y a un mois, un soir,

j'ai vu une voiture sombre.

Je me suis dit...
elle était toute neuve...

qui amènerait une voiture neuve
sur un chemin plein de trous ?

Vous savez quel genre c'était ?

Non, désolé.

Je regrette
d'être celui qui l'a trouvée.

Ce sera tout, merci.

Un agent va vous raccompagner.

Bon Dieu, Dave.

Tu l'as dit.

Vous la verrez, devant Chez Narcisse.

Tout de suite.

Quoi de neuf, Dave ?

J'ai eu une longue nuit.

On a trouvé une fille
dans un tonneau, au sud de St Martin.

Couverte de crabes.

Ramène-la, on fera un gumbo.

Tu viens petit-déjeuner ?

Assieds-toi.

Tu es en rogne,
alors tu embarques ma voiture ?

Te gare pas
devant les bouches d'incendie.

On m'emmerde
pour une bouche d'incendie ?

Je veux savoir ce que tu as à voir

avec une pute mineure
nommée Cherry LeBlanc.

Qui c'est, Cherry LeBlanc ?

Tu le sais.

Tu en parlais avec Cholo
quand je suis arrivé,

et tu m'as menti.

Tu me traites de menteur ?

D'enculé, de menteur
et de merde de chien.

Je crois que cette petite ville sympa
déteint surtoi.

Pourriez-vous surveiller
votre langage...

Dégage de ma table, bordel !

C'est bon, M. Meaux, je m'en vais.

Quel dommage.

Je ne connais pas ces filles.

Je n'ai rien à voir avec ton affaire.

Tu as dit des saloperies sur moi,

etje vais passer l'éponge.

J'appelle deux taxis,

je paie l'amende,
j'achète des pneus neufs.

Et j'oublie tout ce que tu m'as dit.

J'ai une affaire à faire tourner.

Tout le monde a été bien poli.

En fais pas trop, crétin.

ll est temps de laisser
les gens tranquilles.

Du calme, lieutenant.

C'est bon pour personne.

Tu disjonctes, Dave.
Change de tranquillisants.

ll a fait quoi ?

ll m'a mis la main sur l'épaule
et je l'ai massacré.

C'était comme un rêve alcoolique.

Les Balboni feront leurfilm
et s'en iront.

lls métastasent
dans tout le sud de la Louisiane.

Avec sœur Mariah, on a eu $ 100 000

de Balboni
pour l'aide à la reconstruction.

Comment vous avez fait ?

Honte et culpabilité.

Les nonnes sont très fortes pour ça.

Baby Feet veut pas aller en enfer.

Une caisse de cappuccino ?
Les flics aiment le café.

Une chaîne ?

Tu connais quelqu'un qui recrute
des filles dans les paroisses ?

Essaie la gare routière.

Mais qui veut recruter ?

Depuis Katrina,
il y a que ça en ville.

C'est peut-être pas juste un mac.

ll aime peut-être faire mal.

Deux ont déjà été tuées...
peut-être plus.

Tu parles d'un mec qui opère

tout au bas de la chaîne alimentaire.

Tu crois que Baby Feet Balboni
pourrait y être mêlé ?

Tu parles d'une personnalité locale.

Je garde ça pour moi, Jimmie.

Un mec qui aime tuer les putes ?

Ça ressemble pas à Baby Feet.

Son équipe gère des gagneuses.

Mortes, elles lui rapportent rien.

Va à la gare routière.

Trois ou quatre de ces entrepreneurs
opèrent à la gare.

L'un d'eux fait tache

comme une merde
dans une usine de glaces.

C'est pas contre les gens de couleur.

Son nom ?

Brown.

La gare empestait le cigare mort

et les vapeurs de diesel

qui venaient
de la zone d'embarquement.

Je me sentais vidé,

usé après la longue nuit,

hanté partrop de voix,
trop d'arnaqueurs,

trop de gens qui en achetaient
d'autres ou les vendaient...

ou les tuaient.

Je voudrais
que vous fassiez une annonce.

Appel pour M. Adonis Brown
aux téléphones publics.

lci Adonis. C'est pour quoi ?

Qu'est-ce que vous voulez ?

Fais pas ça, mec.
Je te menace pas.

Je suis pas armé.

Je veux le nom du type
à qui tu livres les filles.

C'est occupé.

Je livre personne à personne.

Tu sais de qui je parle.

Me fais pas ça !

Son nom.
Ce mec fait du mal aux autres.

Dis-le-moi et ça s'arrête là.

Un type chauve,
avec une tête d'écureuil,

un Blanc.

ll est armé.

On déconne pas avec lui.
C'est de lui que tu parles ?

A toi de me dire.

ll est intouchable,
c'est tout ce que je sais.

Je connais pas son nom !

ll a des relations ?

Avec les flics ou la mafia,

c'est obligé, pour le business.

C'est tout ce que je sais.

Pourquoi tu me fais ça ?

J'ai chié dans mon froc.

Je peux pas retourner là-bas.

Exact, tu retourneras jamais là-bas.

Pour toi, cette gare,
c'est comme Bagdad.

Vaut mieux pas y être.

Qui tu es, mec ?

Tu veux pas savoir.

Tu veux faire le bien
au lieu du mal.

Je te tuerai, Adonis,
je te ferai sauter la tête

si tu trouves pas un boulot honnête.

Ça s'appelle la Maison de l'Espoir.

Pas de souci.
On ne posera pas de question.

ll suffit de demander sœur Mariah.

C'est tout l'argent
que j'ai sur moi.

Tu ne rentres pas de la nuit.

Tu n'appelles pas.

Désolé.

Je ne mérite pas
d'avoir à m'inquiéter pour toi.

Mais je ne vais pas
te faire une scène.

Non, je ne parlerais pas d'une impasse.

Je suis à vous dans un instant.

C'est un contrat de 100 millions.

ll a dû empocher 60 à 70 millions.

Fausses charges,
feuilles de route bidon.

Balboni a dû camionner assez
de gravats pour remplir un gobelet.

Nous essayons. Merci.

Je peux vous aider ?

J'espère bien. C'est mon bureau.

J'ai reçu un appel
sur votre ligne et...

Agent spécial Rosa Gomez.

Tout le monde m'appelle Rosie.

Enchanté, agent Rosie.

"Les bavures de votre lieutenant
vont vous coûter cher en novembre."

Ça vient de ce con, Bubba Broussard,
du conseil municipal.

Et tu as appelé le FBI ?

Depuis plus d'un an,
ils veulent coincer Balboni.

ll a escroqué
le fonds d'aide d'urgence.

lls n'ont toujours rien.

Du coup, ils attendent plus
de l'affaire LeBlanc.

Maintenant qu'ils sont là,

je peux lâcher Broussard
sur quelqu'un d'autre.

Balboni donne une fête

pour l'anniversaire
de Michael Goldman.

Je pense que tu devrais y aller.

Je crois que Cherry
connaissait son tueur.

Et l'inconnue dans le tonneau ?

Elle aussi, pourquoi pas ?

Dix-sept meurtres non résolus
en Louisiane ressemblent à celui-ci.

Dix ont de nombreux points communs :

les victimes ont des traces de liens,

sont jeunes, prolétaires.

Une collégienne, deux serveuses,
trois fugueuses, quatre prostituées.

Côté information,

le FBI a l'avantage
sur la paroisse d'lberia.

Votre court-bouillon de poisson-chat ?

lntéressant...

Si vous trouviez les restes
d'un Noir, sans ceinture,

sans lacets aux chaussures,
que concluriez-vous à son sujet ?

Qu'il a été en garde à vue, en cellule,

là où on craignait qu'il se blesse.

C'est mon avis.

Baby Feet s'en donnait à cœurjoie.

Vouloir saisir sa façon de penser,

c'est comme mettre la tête
dans un micro-ondes

pour comprendre l'électricité.

Votre nom ?

Balboni.

Avec un B,

comme dans
Bouffon dejournaliste Branleur

de Baisemoncul, Egypte.

Servez-vous, c'est gratuit.

Merci, j'ai déjà mangé.

Vous voyez ce type
qui drague la blonde ?

Twinky Hebert LeMoyne ?

L'autre moitié
de ma boîte de sécurité.

Qu'est-ce qu'il fait là ?

ll investit dans le film
et essaie de tirer son coup.

Ça vous plaît d'être en affaires
avec LeMoyne ?

C'est bon pour moi.
Pour lui, c'est pas grand-chose.

S'il y a dans le coin
un business qui rapporte,

soyez sûr qu'il en est.

Ce type sait comment faire du blé.

M. LeMoyne semble plein d'ambition
et de conviction, aujourd'hui.

J'ai travaillé pour M. Twinky
il y a 28 ans.

A l'époque, on chuchotait
le mot "syndicat"...

J'ai voulu parler à Hogman, en vain.

Il restait évasif,
trop de gens autour.

Un serveur m'a tendu
un Dr Pepperdans un verre givré.

Je l'ai pris etje l'ai bu.

Je n'ai pas commandé ça.

La glace était si froide
que ça m'a fait mal à la gorge.

Je suis le général John Bell Hood,
commandant de la Brigade du Texas.

Commandant du 4e Cavalerie du Texas,

du 5e Cavalerie du Texas

et du 17e lnfanterie du Texas.

Enchanté.

Vous ne voulez pas
me serrer la main ?

Je suis mort ?

Ça ne m'en a pas l'air.

Vous étiez à Gettysburg.
La guerre est finie.

Ce n'est jamais fini.

Je pensais que vous le sauriez.

Vous avez été lieutenant
dans l'armée des Etats-Unis.

J'ai mal à la tête...

Des hommes cupides et malfaisants

détruisent le monde
dans lequel vous êtes né.

C'est nous contre eux, mon ami.

Ça va être dur, n'est-ce pas ?

Vous avez survécu à pire.

Ne cédez pas sur vos principes,

n'abandonnez pas votre cause.

Savez-vous ce qui m'attend, plus loin ?

Pour une raison ou une autre,

je vois mieux le passé que l'avenir.

Gardez ça en tête.

C'est comme
quand ils bourrent leurs canons

de fers à cheval et de chaînes.

On croit que le tir de barrage
durera toujours,

et soudain, c'est le silence,
plus fort que le son du canon.

Ne vous alarmez pas
de la sévérité de ma comparaison.

Bonne nuit, lieutenant.

Les infirmiers qui t'ont amené
disent que tu parlais

de soldats confédérés dans le marais.

C'était une nuit singulière.

Est-il possible
qu'un des mecs de Hollywood

ait trafiqué votre verre ?

L'analyse a révélé
la présence de LSD.

J'ai besoin de parler au shérif.

ll était là ce matin.

Tu lui as parlé
pendant une demi-heure.

Qu'est-ce que j'ai dit ?

Rien qui ait un sens pour moi.

C'est quoi ?

Une salamandre.
Quand tu la tires dans l'eau,

ses petites pattes
et sa queue s'agitent

comme si elle nageait.

Ça met la perche noire en appétit.

Comment définis-tu l'idée
de "compréhension" ?

C'est savoir une chose
et savoir ce qu'elle veut dire.

ll y a deux façons d'envisager
l'idée de compréhension.

L'une est : "Si tu ne regardes pas,
tu ne verras jamais."

L'autre : "Si tu regardes un peu moins,
tu pourrais voir beaucoup plus."

Tu es peut-être encore sous l'effet
des drogues dans ton verre.

Tu crois que ce bout de latex
cachant un hameçon "comprend"

qu'en réalité c'est une salamandre,

ou tu crois que cette salamandre
"comprend"

qu'elle n'est rien de plus

qu'un bout de latex
cachant un hameçon ?

Seigneur, Dave, je n'en sais rien.
Demande à une perche noire.

Je connais le général John Bell Hood
comme si c'était mon grand-père.

Le général parlait
d'hommes cupides et malfaisants

qui détruisaient mon monde.

Parlait-il des tueurs de 1965,
de l'assassinat de Cherry LeBlanc,

ou de Julie Balboni ?

J'étais convaincu que Baby Feet
était lié à Cherry LeBlanc.

Twinky LeMoyne étant en affaires
avec lui, c'était un gibier évident.

Vous m'accusez
de travailler avec la mafia ?

Vous faites des affaires
avec Balboni,

ça attire l'attention sur vous.

Je ne fais pas d'affaires avec lui.
Je ne fais rien avec lui.

J'appartiens
à un groupe de placement

qui a mis de l'argent
dans une production de film

à New lberia.

On investit dans l'économie locale,
c'est tout.

Vos employés sont syndiqués ?

Certainement pas !

Vous et Murphy Doucet
partagez une boîte de sécurité.

Tout à fait.

Votre associé

est délégué
du syndicat des camionneurs.

Vous êtes pris
dans d'étranges contradictions.

Vous m'excuserez, lieutenant,

je dois fermer.

Beaucoup de gens dépendent de moi.

Vous aimeriez avoir Balboni
comme voisin ?

Ou que votre petite-fille
travaille pour lui ?

Je ne peux exprimer
à quel point vous êtes insultant.

La blonde vous a bien léché,
l'autre soir ?

Ma carte. Merci de m'avoir reçu.

Voilà, Dave. C'est toujours 1965 :
de juillet à novembre.

Comment va Alafair ?

Evasion à St Landry

Un nègre, vous dites ?

DeWitt Prejean.

Un Noir nommé DeWitt Prejean.

Je connais ce fils de pute.

Et alors ?

Etiez-vous de garde
la nuit où on l'a fait évader ?

J'étais geôlier.

On fait pas la nuit.
On engage quelqu'un pour ça.

De quoi l'accusait-on ?

De rien.

C'est pas allé jusque-là.
On l'a sorti avant.

Pas selon le journal.

Le journal,
beaucoup se torchent le cul avec.

ll se serait introduit chez
une Blanche, armé d'un couteau.

DeWitt Prejean était-il un violeur ?

ll savait pas garder sa queue
dans son froc, si vous parlez de ça.

Je peux m'asseoir ici ?

Vous pensez
que le mari l'a fait sortir ?

ll l'aurait fait, s'il avait pu.

C'était un infirme.
Blessure de guerre.

Où est-il, à présent ?

Au cimetière,

près de la voie ferrée,
à l'est de la ville.

Et la femme ?

Elle est partie,
quelque part dans le Nord.

Quel intérêt,
cette vieille histoire de nègre ?

Je crois que je l'ai vu tuer.

Où est l'homme qui était de garde
cette nuit-là ?

ll s'est saoulé,

il est passé sous un train.

Attendez.

Qu'est-ce que vous avez dit ?
Vous avez vu quoi ?

Que croyez-vous quej'ai vu,
M. Hebert ?

J'ai vraiment besoin de votre aide.

Aidez-moi.

Allez-y et noyez-vous. Je m'en fous.

J'ai passé la semaine à préparer ça.

Payé le bateau.

ll va tomber des cordes.
Attendez que ça s'arrête,

vous pouvez pêcher
la perche arc-en-ciel

ici, dans le bayou.

Vous avez pris du poisson
d'eau douce après la pluie ?

Au diable !

Vous laissez la bière ici ?

C'est livré avec le bateau.

Vous ne voulez vraiment pas venir ?

Quittez ce bateau, tout de suite.

Appelez-moi Kelly.

Attention au coude du chenal,
vers 5 km au sud.

Les eaux sont basses,
il y a des filets sur la gauche.

A quelle distance, sur le bayou ?

C'est le coude,
Batist vous a prévenus.

Que me demandez-vous, Elrod ?

Je vais venir vous aider.

Mais je vous facturerai aussi
le temps passé.

J'arrive.

C'est pas mon genre
de te dire ce que tu dois faire,

mais il y a des gens qui te demanderont
toujours quelque chose.

Peu importe combien tu donnes,
ce sera jamais assez.

Comment vous avez accroché un filet ?

Vous avez pas vu les flotteurs ?

Je suis con, c'est vrai.

Je vais dans l'eau ?

Descendez à la proue

et poussez quand je passerai
en marche arrière.

ll y a des alligators ?

lls n'ont pas faim.

Mets un gilet de sauvetage !

J'ai traversé la Trinity River
en studio !

Gare aux serpents venimeux !

Ne vous inquiétez pas,
ce n'est pas profond.

Je lui donne un gilet.
ll se noierait dans un lavabo.

Rien de personnel,

Mlle Kelly,

mais je pense que vous êtes
une jeune femme belle et bonne.

Je suis déjà trempée.

Maman, qu'est-ce que tu fais ?
Je peux t'aider ?

Tu peux désherber cette rangée,
si tu veux.

Un geste de charité

aussi simple que prêter mon ciré,

avec un capuchon masquant le visage,

s'était soldé par une mort.

J'ai connu un pilote d'hélico de 19 ans

en mission au-dessus du Mékong.

Il se faisait appeler
le Donneur de Mort.

Je me demandais
sije n'avais pas repris le rôle.

J'ai été accablé par la mort
de mes compagnons, lieutenant.

Mais faire entrer leur souffrance

dans notre vie

ne change pas l'ordre du monde.

La mort tragique de Kelly Drummond,
compagne d'Elrod Sykes

et vedette de la série à succès
RiverValley,

est attribuée de façon certaine
à une erreur d'identité.

Vous n'êtes pas facile à joindre.

Qui êtes-vous ?

Chéri, c'est Amber.
Tu te souviens pas ?

Sois pas vexant.

Désolé, je ne me souviens pas.
Que puis-je pour vous ?

C'est moi qui vais te rendre
un grand service, chéri.

Je vais te donner
le mec que tu cherches.

De quel mec s'agit-il ?

Du méchant vieux mac
qui sème des cadavres de filles.

Viens au Club Leon dans une heure.

Désolé pour l'actrice.

Merci d'être venu, Lou.

Qui es-tu censé voir ici ?

Elle dit s'appeler Amber.

ll y a une pute
qui s'appelle Amber, par ici.

Qu'est-ce qu'on fait ?

J'aimerais que tu me couvres.

Rien d'énorme.
Je veux pas me faire piéger.

Drôle d'endroit pour un piège.

T'as besoin de renfort, à présent ?

On m'a tiré dessus.

- Vous prenez ?
- Amber est passée ?

Amber Martinez ? Portoricaine,
petite, 50 kg toute mouillée ?

Elle est pas venue. Vous prenez ?

Un Dr Pepper.

Je peux appeler quelqu'un
qui saura peut-être où elle est.

Faites donc ça.

Tout de suite.

Mama Tini, Amber est là ?

Pas de nouvelles d'Amber ?

Pas un mot.

Rentrez !

Qu'est-ce qui se passe ?

On m'a tiré dessus deux fois.

J'ai mis huit balles dans la Buick.
ll y est encore.

Elle en a pris une dans le visage.

Comment ça, elle ?

Tu viens de buter Amber Martinez.

ll n'y a pas d'arme.

Mais les éclairs... les détonations.

ll n'y a pas d'arme.

Je peux le placer.

Dis-moi de le faire.

Que faisait Amber Martinez

sur le siège passager
de sa voiture ?

Qu'a dit l'enquêteur de la Crim ?

Que j'étais un tireur d'élite.

Pour tout le monde,
j'ai tué une femme désarmée.

Pas d'impacts,

pas de douilles, pas d'arme.

C'est un coup monté, Dave.

Que faites-vous là ?
Touchez pas à la scène de crime.

Tu es en suspension illimitée,
sans salaire.

Je suis un simple observateur.

Qui c'est ?

Agent spécial Gomez.

Dans le cadre d'une enquête du FBI.
Ça vous dérange ?

Pourquoi faire chier, Robicheaux ?

A St Martin, on va pas te mettre
en examen, mais traîne pas par ici.

Tu me ferais chier, moi.

J'ai tiré trop tôt sur la Buick.

Vous pensiez
que votre vie était en danger.

J'espère que ma présence
ne vous dérange pas.

N'éprouvez pas de remords.

Le désir de vivre ne signifie pas
un manque d'humanité.

Quelqu'un cherche à me rendre fou.

Je ne crois plus
à ce que je vois ou entends.

On dit
que j'ai tué une femme désarmée.

Ça me troublerait
probablement aussi.

Je n'arrête pas de la voir,
sa nuque,

ses cheveux collés au tapis
par son propre sang.

Pensez à ce que vous venez de dire.

Vous êtes un homme intelligent.

Que vous dit votre œil ?

J'ai besoin d'aide.

Le vent souffle du sud.

ll y aura du tonnerre,
cet après-midi.

ll aura le son des canons yankees,

mais ce ne sera que le tonnerre.

Quelle heure est-il ?

On va aux Alcooliques Anonymes
parce qu'on est alcoolique.

Mais aussi
parce que c'est la dernière étape

et le seul endroit
où trouver une âme sœur.

Avec Lou Girard, j'attendais Elrod
avant la réunion des A.A.

Je m'inquiétais pour lui.
Je sentais qu'il avait craqué.

Mafieux de merde ! Ouvre !

Excusez-moi.

Balboni !
Espèce d'assassin nullard !

Si j'apprends que tu es mêlé
à la mort de Kelly,

je te fous un fusil dans le cul.

Tu es un heureux petit pédé.

Tu es précieux pour mes affaires.

Tu vois ?

Comment ça, nullard ?

Rentre.

Si je peux fouiller la Buick,
on cherche quoi ?

J'ai vu des éclairs
venir de la Buick.

Mais il n'y a pas d'impacts
dans le mur.

Vois ce que tu peux trouver.

Ton ami ne viendra pas.
On entre ?

Un autre témoignage ?

Je m'appelle Dave
etje suis alcoolique.

Je me sentais proche d'Elrod Sykes.

Lui et moi étions liés
de manière étrange,

par le général
et par la mort de Kelly Drummond.

Ce n'était pas forcément
un lien dont je voulais,

mais nous n'avons pas le choix
quand les morts dirigent notre vie.

Elle va me manquer, Dave.

Tu veux qu'il habite ici ?

ll va mal.

C'est chez nous.

M. Sykes a encore vomi.

Va te coucher.

ll a besoin d'un ami aux A.A.,
ou il s'en sortira pas.

Ça m'est égal.

Je te propose un marché.

Au premier verre,

il est réexpédié
dans sa caravane de star.

ll paie sa part de nourriture,

ne bloque pas la salle de bains,
ne rentre pas tard.

Bon, mais juste pour quelques jours.

Je ne supporterai pas davantage
ses visions à la con.

Tu te sers toujours d'un .45 ?

Celui quej'ai rapporté du Vietnam.

D'après la taille de la blessure
et l'impact,

c'est un .45 qui l'a tuée.

Qui sait que tu n'utilises
que ce calibre ?

Juste quelques flics.

Ça m'inquiéterait, à ta place.

Regarde sa tête.

C'était une jolie fille.

Je n'utilise
que des munitions à tête creuse.

C'est pas une tête creuse
qui a traversé son crâne.

Ses cheveux collaient au tapis,
le sang était séché.

Est-elle morte dans la voiture,
c'est ça ?

D'après sa lividité,

elle était morte avant
de se retrouver dans la voiture.

Faute !

Elle m'avait l'air dans le jeu.

Tu n'as jamais été très bon
sur les règles et ce genre de trucs.

Seul le score final compte.

ll y a un autre gant.

On dit que tu t'es dépensé
sur le tournage.

Ce garçon t'avait énervé ?

Qu'est-ce que tu veux ?

Elrod Sykes habite chez moi.

C'est bien, Dave.

J'irais embêter ma star ?
Je tiens pas à perdre d'argent.

Même gamin, tu ne laissais jamais
passer une insulte.

Tu devais toujours te venger.

De quoi tu parles ?

Arrête la branlette.

J'ai vu ton père te corriger
au tuyau d'arrosage.

Tu parles de ma famille.
Je n'aime pas ça.

J'étais fier de mon vieux.

Ceux qui tenaient la ville

ne valaient pas
la sueur de ses couilles.

A New lberia, on était toujours
des ritals ou des macaronis.

Vous les bouseux étiez trop cons
pour connaître l'Empire romain.

Tu raterais une vache
dans un couloir avec un violon.

Vous entendez ?

L'artillerie du général Banks

tire depuis le bayou Teche.

Mais il s'est trompé de cible.

ll bombarde
une communauté de noirauds.

Vous avez vu de ces choses,
dans votre guerre ?

Sur le Mékong.

Une famille qui a été surprise
dans sa rizière.

On les a enterrés,
ils avaient le visage brûlé.

lls étaient tous pareils.

Alors vous savez
que c'est des innocents

qu'il faut nous préoccuper avant tout.

On le laisse là ?

ll a pas l'air bien.

Laisse-le.
ll a une diarrhée verbale.

Ça lui servira de leçon.

On pourrait quand même
le déposer à l'hôpital.

Tu veux te mettre à ton compte,
Cholo ?

C'est ça que tu dis ?

J'ai pas dit ça.

Mais pourquoi
se mettre à dos les gens du coin ?

Tu dis toujours ça, non ?

C'était un pistolet d'alarme.

On a trouvé des traces de bourre
dans la garniture,

comme celles des cartouches à blanc
d'un pistolet d'alarme.

Je te dois une partie de pêche.

Au sébaste, du côté de Pecan Island.

Cherry LeBlanc a été arrêtée

pour prostitution à Lafayette,
à seize ans.

Le tribunal a dû donner à quelqu'un
le contrôle de sa vie.

Et si son agent de probation

l'avait mise sur le trottoir ?

Tu as vu la deuxième victime.
Ce type a le cerveau grillé.

Quand même, je vais voir
si son agent de probation

est toujours dans les parages.

Laisse tomber, Lou.

Elle est là pour la nuit.

Facile à dire pour toi.

Ta femme est pas une gouine.

Ça te plaît d'être une star ?

C'est juste un boulot, chérie.

Vraiment ?

Comme Dave.

Tu crois
qu'il aime appliquer la loi,

prendre les méchants
et protéger les bons ?

J'aime mon boulot.

Tu n'attrapes pas les méchants.

Non.

On a autant besoin
de rire et pleurer

que de se sentir en sécurité.

Je préfère être en sécurité.

Je préfère que tu sois en sécurité.

Je suis désolée pour Kelly.

Moi aussi, chérie.

Nous avons...

cinquante affiches
de Tears and Diamonds.

Je déteste ce film.

Cinquante affiches

de Tears and Diamonds
signées par Elrod Sykes

rapporteront dans les $ 25 000.
Ça veut dire quatre toits,

huit avec des bénévoles.

Voici le feutre.

C'était un appel
du shérifde St Martin.

Lou Girard s'était tué
avec un calibre .20

dans le motel où il vivait seul
depuis que sa femme l'avait quitté.

J'espérais qu'il avait trouvé
la paix parmi les palmiers morts.

Une bouteille de bourbon
à moitié vide

et un flacon de Diazepam renversé.

Tu classes comme suicide ?

Ça m'en a tout l'air.

ll était dans un sale état.

Le matelas est couvert
de taches de pisse,

le lavabo plein d'ordures.

Où est son arme ?

A côté du lit.

Pourquoi il n'a pas pris son .357 ?

ll était raide pété.

Pas inhabituel chez lui.

ll m'aidait sur une enquête.

Et alors ?

ll avait peut-être
découvert quelque chose.

ll avait la tremblote.

ll bouffait des pilules chaque matin
devant tout le monde.

Pas de mystère là-dedans.

C'était un bon flic.

C'était un pochetron minable.

Dépêche-toi dejeter un œil,
je vais mettre les scellés.

J'aimerais que tu attendes dehors.

Et même, que tu restes
aussi loin de moi que possible.

Pourquoi partez-vous ?

C'est ma sottise, mon fils.

Comme vous, je pleure
sur ce queje ne peux changer.

Prenez soin des vôtres.
Ne faites pas comme moi.

Nous avons été des hommes d'honneur,

mais au service d'hommes cupides
et d'une cause indigne.

Le vent se lève. Restez.

Bien dit.
Vous avez absolument raison.

Je veux que vous soyez pris
en photographie avec nous.

Messieurs, en place.

Prêts, les gars ?

Je m'étonne toujours
des progrès de la science.

Vous ne me dites pas
ce qui se prépare ?

Qu'importe, tant que vous restez
fidèle à vos principes.

Même les saints pourraient
contester cette déclaration.

Mise en garde d'un vétéran.

Restez un homme de cœur.

L'airde l'après-midi était de bronze,

et de grands oiseaux sombres

le traversaient en silence.

Hogman avait appris
la mort de Lou Girard

et il voulait me parler.

Je me rappelle,
quand j'étais au pénitencier,

ton père apportait à manger
à ma mère,

il payait ses médicaments
quand elle était malade.

Tu as quelque chose à me dire ?

Comment s'appelait le nègre
que tu as déterré ?

DeWitt Prejean.

ll baisait la femme d'un Blanc.

Cherche comment il gagnait sa vie,

tu trouveras ceux
qui t'ont causé tout ce chagrin.

Qui est l'homme que je cherche ?

J'ai dit tout ce que je pouvais dire.

On est quand même en Louisiane.

Je joue dans le film avec Elrod !

On marche sur une route,
la plantation brûle derrière nous

et les Yankees...

C'est une actrice née.

Je ne plaisante pas,
Michael le dit aussi.

On a fait du bon boulot ce matin.

Vous avez parlé au général,
n'est-ce pas ?

Pourquoi vous me harcelez ?

Je veux savoir quel travail
faisait DeWitt Prejean.

Du travail de nègre.

ll tondait les pelouses,
nettoyait les pièges,

sortait les rats crevés des maisons.
Qu'est-ce que vous croyez ?

Ça ne me paraît pas exact.

Je crois qu'il faisait aussi
un autre travail.

Laissez-moi tranquille.

Vous savez juger les hommes,
M. Hebert.

J'ai l'air de quelqu'un
qui va laissertomber ?

C'était mieux dans le temps.

Vous le savez.

Que faisait-il comme travail ?

ll conduisait un camion.

Pour qui ?

Là-bas, à Jeanerette.

Je l'ai amenée ici,
elle travaille pour moi.

Je peux pas monter et descendre
de ma voiture tout seul.

ll travaillait comme saisonnier
pour un Blanc

qui avait une raffinerie de sucre.
Je ne sais rien de lui,

sauf que c'était le frère
de cet infirme.

C'est tout ce que je sais.

Si vous dites le contraire,
vous êtes un menteur.

Vous avez autre chose à dire ?

Ça mord.

ll y a combien de raffineries
à Jeanerette ?

Une seule.

Entre.

Je passais dire au revoir
et vous apporter un cadeau.

Où vas-tu, Cholo ?

Peut-être en Floride.

Je pourrais ouvrir
un commerce comme le vôtre.

Que fais-tu avec ces meubles
dans ton pick-up ?

Le type du Holiday Inn
m'a demandé de les prendre.

Pour lui rendre service.

Déduction fiscale.

Tu t'es accroché avec Baby Feet ?

Je l'ai traité de raclure de bidet,

et plus question
de travailler pour lui,

et que Cherry avait raison
de le traiter de petite bite.

Alors il m'a éclaté la tronche...

Attends.

Qu'est-ce que tu dis
de Cherry LeBlanc ?

S'il vous dit

qu'il la connaissait pas,

parlez-lui de ça.

ll a oublié les photos souvenirs

que j'ai prises à Biloxi l'an dernier.

C'est elle, non ?

Baby Feet a tué cette fille ?

Allons, lieutenant.

Vous savez bien.
Un type comme Julie ne tue pas.

ll dit un mot à quelqu'un
et il oublie.

Pour un boulot spécial,
on fait appel à un taré.

Baby Feet a passé ce coup de fil ?

Commencez un album photos.

Faites-vous votre idée.

Que fait Murphy Doucet
sur cette photo ?

Qu'y a-t-il ? Lou Girard regardait
son dossier ces jours-ci.

Qui l'a arrêtée pour prostitution ?

ll y a eu une descente
de la police d'Etat dans un bar...

Qui a signé le rapport ?

Le sergent Murphy Doucet.

Un problème, Dave ?

Un fil de bougie desserré.
Vous auriez un couteau ?

Je dois avoir ça.

Ça devrait aller.

Un Mexicain m'a menacé avec
à Lake Charles.

Vous étiez flic à Lake Charles ?

Non, pas flic.

Police d'Etat, sur l'autoroute.
J'ai pris ma retraite l'an dernier.

Pour vous associer
à Twinky LeMoyne ?

Non, ça remonte plus loin.

Merci pour le couteau.
J'en ai pour une seconde.

Mes intuitions étaient bonnes.

Mais je n'avais pas relié les éléments.

Je cherchais quelqu'un lié à la mafia,

à la prostitution ou à la police.

Murphy Doucet était les trois.

Il fallait queje l'arrête.

Qu'est-ce que vous croyez trouver ?

On ne sait jamais.
Vous avez été flic.

On est négligent. On oublie la photo
où on se trouve avec une victime.

De quoi parlez-vous ?

Vous n'auriez pas dû laisser Cholo
vous prendre avec Cherry LeBlanc.

C'est une jolie photo de vous.

Qu'est-ce que vous foutez là ?

On est ici pour vous, M. Doucet.

Pour les meurtres de femmes
non résolus

près des autoroutes,
quand vous étiez flic.

Sans parler de Kelly Drummond.

Ni d'Amber Martinez

ou de Lou Girard.

Vous faites quoi, là ?

Rosie, on a trouvé le couteau
qui a servi pour Cherry LeBlanc.

Ce couteau n'était pas là !

Je dis que si,
avec vos empreintes dessus.

Je vois.

Vous êtes de mèche
avec cette pute mexicaine.

Non, Murphy.
C'est moi seul qui te baise.

Mains en l'air !
Tout de suite !

Contre le mur !

Vous me piégez,
et je sais même pas pourquoi.

Réfléchis.

Réfléchis bien.

Pense à 1965,
juste avant le passage de l'ouragan.

Tu te souviens ?

Vous avez fait courir Prejean,
la chaîne sur sa poitrine,

vous lui avez fait sauter la jambe.

Tu n'as pas vu le garçon
qui regardait de l'autre rive.

C'est vous
qui avez placé ce couteau.

Le temps joue toujours
pour les salauds.

On attend un mandat,
ils enterrent les preuves.

Je n'ai rien entendu.

On a tout démoli là-dedans.

Tu veux rester pour ranger ?

Je veux pas être là
quand il rentrera.

ll est déjà libéré sous caution.

ll va arriver.

On a rien.

Tu sais où se trouve ta petite ?

Elle est là, sur mes genoux.

Ça te laisse sans voix ?

Relâche-la.
Tu ne veux pas faire ça.

Je vais nous simplifier les choses.

Sors le couteau des scellés.
Mets-le dans un sac plastique.

Demain à 8 h, tu laisses le sac

dans une poubelle au coin de Royal
et St Ann, à La Nouvelle-Orléans.

Ecoute-moi, Doucet.
Réfléchis. Tu es flic.

Tu peux t'en tirer facile.
On bluffait.

Salaud de menteur.

Tu seras pas tranquille
tant que tu m'auras pas baisé.

Tu as dit une seule chose juste.

Je vais m'en tirer,
et tu vas m'aider.

T'as fini par péter les plombs ?

Mademoiselle,
restez loin de cet homme.

Sortez.

Allez, vite !

Y a rien à la télé, ce soir ?

Murphy Doucet a ma fille.

Tu m'entends ?

Dommage. J'aime pas entendre ça,
ça me travaille.

Tu peux diffuser sa photo
sur les bricks de lait.

Où est ma fille, Julie ?

Où est Alafair ?

J'ai viré Doucet.
J'ai rien à voir avec ce qu'il fait.

Lâche-moi,

ou je te jure
que je te revaudrai ça.

Flic ou pas,
je lancerai un contrat sur toi.

Je démolirai ta famille !

Ta marge de manœuvre se réduit.
Où est ma fille ?

Je te dis la vérité.

J'ai rien à voir avec ce taré.

J'engage pas les tarés.
Je les vire !

Dernière chance.

ll a un campement au bayou Vista,

presque à la baie d'Atchafalaya.

C'est pas à son nom.

Personne est au courant.

C'est au bout du chemin
qui longe le marais salant.

Alafair est là-bas ?

J'espère que non.

Si on trouve le pire,

si Alafair n'est pas bien,
ce n'est pas de votre fait.

Merci.

ll t'a fait du mal ?

Je lui ai dit
qu'il avait pas intérêt.

Je viens de tuer un homme
qui tenait un magazine.

ll avait un revolver.

Vous ne vous en souvenez pas encore.

Je dois appeler mon avocat ?

M. LeMoyne,

je vous ai vu, avec Murphy Doucet,

tuer DeWitt Prejean
dans l'Atchafalaya.

J'étais de l'autre côté du marais.

Vous m'arrêtez ?

Je crois que Murphy Doucet
vous a fait chanter, toutes ces années.

ll s'est passé des choses horribles
entre les races, à l'époque.

Mais nous ne sommes plus les mêmes

qu'à l'époque, n'est-ce pas ?

Je crois que si.

Vous paraissez incapable
de laisser le passé en paix.

D'après mon expérience,

on se libère du passé
en l'affrontant.

Je vous en prie, partez.

Ça ne changera rien.

Vous traînerez ça
toute la journée, jour après jour,

comme une chaîne,

pour le restant de vosjours.

Vous n'avez aucune pitié ?

Non.

Aucune.

Dehors, l'air sentait
les arbres mouillés

et la floraison du soir.

Je vis une silhouette au bord
d'un étang envahi de roseaux.

Il se tenait droit dans le vent

sur sa béquille,

ses mots se perdant
dans le tonnerre lointain.

Dans la brume matinale
qui ondoyait sur le bayou,

je pensais revoir
le général John Bell Hood.

Une vision fugitive,
un geste, levant son chapeau,

la douceur de son sourire,

la tendresse tourmentée
qui flottait sur son visage.

Avec le temps,

me détachant des événements violents
de cet été-là,

j'en vins à accepter que le général,
comme l'avait dit Bootsie,

n'était que le fruit
de mon imagination,

venu d'un passé lointain me rappeler

que le combat
n'est jamais tout à fait terminé,

le terrain,
jamais tout à fait conquis.

Traduction : Louit - Eisenschitz

Sous-titrage : C.M.C.