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JUSQU'AU BOUT DU MONDE

PREMI�RE PARTIE

C'est en 1999 que le satellite
nucl�aire indien devint fou.

Nul ne savait
o� il allait tomber.

Il survolait la couche d'ozone
comme un oiseau de proie.

Le monde entier �tait en alerte.
Claire s'en moquait bien.

Elle vivait son propre cauchemar priv�.

Le m�me r�ve revenait chaque nuit:
elle planait au-dessus d'un pays inconnu,

agr�ablement d'abord,
mais le vol devenait chute...

la chute devenait panique,
et elle se r�veillait.

- Pietro !
- Tu es encore l� ?

Tu as vu le type
dans la chambre verte ?

- Quel type horrible !
- Il ne se r�veille pas.

Drogues � effet prolong�.
Vachement dangereux.

- Tu voudrais bien...
- Rappeler le Dr Fabrini ? Bien s�r.

Pietro, encore.
Tu devrais �tre couch�.

Je ne dors plus, docteur.
Dormir est "out".

Nous qui connaissions bien Claire

l'adorions pour son optimisme,
son �nergie et son courage.

On pr�f�rait se rappeler �a,
et oublier

sa tendance � l'autodestruction.
�a faisait partie d'elle, on l'acceptait.

Quand Claire m'a quitt�,
je me suis repli� compl�tement.

Je ne voyais plus personne,
j'�vitais de sortir de l'appartement.

Dans ma solitude,
des choses me sont arriv�es.

J'ai recommenc� � prier,
comme je le faisais autrefois.

Avec h�sitation au d�but,
puis j'ai senti que �a me faisait du bien.

De cette paix, me vint
le d�but de mon premier roman.

Claire �tait le personnage principal.
Le d�but: "Depuis deux mois, Claire...

errait de f�te en f�te, de drogues
en rencontres d'un soir,

excuses pour s'oublier elle-m�me,
jusqu'� ce qu'elle r�alise

que si elle voulait continuer � vivre,
elle ne pouvait continuer ainsi.

Bonjour, Claire. Votre ordinateur de bord
est connect�. Initialisation en cours.

Appuyez sur 1
pour activer la carte infographique.

Rappel amical :
vous d�passez la vitesse autoris�e, Claire.

Bouchon sur les prochains 30 km.

Autre itin�raire non disponible.

Je suis d�sol�e, Claire.

Le satellite provoquait des encombrements.
Les gens �vacuaient

toutes les zones possibles de retomb�e,
comme le sud de la France.

Seule Claire, toujours impatiente,
fuyait les encombrements,

pr�f�rant se fier � elle-m�me,
et � l'inconnu.

Ce qui changea le cours de sa vie,
et de toutes nos vies.

Vous quittez la zone cartographi�e.
Vous �tes aux commandes, Claire.

Claire se sentait �trangement l�g�re.

Elle savait qu'elle aurait d� mourir ici,
sur ce haut plateau de Loz�re.

C'�tait un miracle qu'elle soit en vie.

Les anges avaient d� faire
une erreur, lui laissant....

un cadeau pr�cieux:
une nouvelle vie, qui lui servirait,

cette fois, � �tre une meilleure personne.
Elle pourrait se rendre utile.

Tout ce qu'il lui fallait,
c'�tait une opportunit�, une mission.

La t�te de Claire tournait.

�tait-ce un pi�ge ?
Ou l'opportunit� qu'elle cherchait ?

Elle passa une nouvelle nuit sans
sommeil, tenant les cauchemars �loign�s.

Claire pensait � son avenir,

tandis qu'elle roulait vers St.�tienne.

Avec sa part, elle pourrait s'offrir
un appartement sur la Seine.

Une vie tranquille,
avec vue sur la Tour Eiffel.

Mais voulait-elle vraiment cela ?

Faites une pause, Claire.

Tu sais � quelle heure
tu vas y aller, G�nther ?

- Non.
- Attends la nuit, ok ?

- Ok, j'attendrai.
- Ok.

- Comment va Anton ?
- Anton va bien.

Il va bien ? Mes yeux !
Ne quitte pas un instant.

Sam ?

- Je peux vous aider ?
- Tu es toujours l� ?

Ne quitte pas, G�nther.

Ce sont mes yeux.

- Je ne vois rien.
- �a va d�j� mieux.

- Vous avez des yeux tristes.
- Je ne suis pas quelqu'un de triste.

G�nther...

je dois y aller, ok ?

� demain. Embrasse Anton et Irina
pour moi. Au revoir.

Si vous voulez laisser un message
sur notre r�pondeur,

n'h�sitez pas...

Idiot !

Laissez-le
en conversation avec lui-m�me !

Merci pour l'aide.

Bonjour, Makiko. �a va ?
Gene est avec toi ?

Non, je ne l'ai pas vu
depuis ton d�part.

L'appartement en face de chez toi,
il est vendu ?

Il est toujours libre.
Claire, tu vas bien ?

Je t'en prie, reviens.
Je suis tellement d�sol�e.

- Excusez-moi, o� est-il ?
- Qui ?

- Le mec, au t�l�phone.
- Le quoi ?

Le type qui �tait l�, � l'instant.
Vous ne l'avez pas vu ?

Non, j'�tais au t�l�phone, moi aussi.

�a fait rien.

Makiko, je dois y aller.
Je t'appelle demain.

C'est encore moi.

Vous pourriez m'emmener ?

Je ne crois pas que ce soit
une bonne id�e.

Un type vous cherche.

- Je sais.
- Il est arm�.

Vous pouvez d�marrer ? Il arrive.

Qu'est-ce qu'il veut ?

- Il veut me tuer.
- Pourquoi ?

Je dois de l'argent,
je ne peux pas payer.

- � lui ?
- Non, pas � lui... � des truands.

C'est incroyable. On dirait
que j'attire les criminels.

Je ne suis pas un criminel,
et je suis aussi attir� par vous.

C'est �a. Vous �tes un type
normal, avec une femme et un gosse.

C'est vrai.

C'est peut-�tre le d�but
d'une nouvelle mode.

Je n'ai pas rencontr�
de gens normaux depuis des semaines.

- Vous �tiez o� ?
- Partout... et je rentre.

- Fatigu�e ?
- Moi ? Jamais !

Je pourrais conduire.
Vraiment, ce serait un plaisir.

Montrez-moi votre femme
et votre gosse.

Allez, vous avez bien une photo.

D'accord, vous pouvez conduire.

Il a vos yeux.

Pardon. �a va ?

- Parti avec le pare-brise.
- Un sacr� accident.

Quoi encore ?

- Il faut m'aider !
- J'aimerais, mais comment j'explique �a ?

- Quoi ?
- La voiture, les d�g�ts !

- Je ne parle pas de �a !
- Quoi alors ? La sacoche ?

- Que dois-je faire ?
- Parlez-leur, emp�chez-les d'approcher !

Je vais essayer.

Comment �a va, les gars ?
Vous parlez anglais ?

Un peu...
Vous avez eu un accident ?

- J'ai dit qu'on �tait en lune de miel.
- Ils ont cru �a ?

Alors, qui j'ai �pous� ?

- Trafiquante ou braqueuse ?
- Faites votre choix.

- La musique vous d�range ?
- Non, allez-y.

C'est beau.

Qui est-ce ?

- Des enfants pygm�es.
- Pygm�es ?

Vraiment, oui :
de jeunes Pygm�es du Cameroun.

J'�coute �a depuis des semaines.

Je n'ai jamais rien entendu de pareil.

- Ma m�re a enregistr� �a.
- Au Cameroun ?

- Qu'est-ce que vous faites ?
- Tout, rien.

Si je dis "chanteuse", vous me demandez
ce que j'ai fait : rien.

J'ai d�truit tous mes enregistrements.
J'ai rompu avec mon ami.

Il a bais� avec ma meilleure amie.
J'ai �t� en Italie.

Maintenant je rentre � Paris.

Retour aux sources ?

- En quelque sorte.
- C'est bien.

J'en ai besoin.
Et vous ? Que faites-vous ?

Je voyage...
et je vois.

Les acc�s de surface � Paris
sont r�serv�s aux v�hicules commerciaux.

Particuliers, empruntez les souterrains.

Frais d�bit�s sur votre carte de cr�dit.

Bonsoir.

- J'ai dormi longtemps ?
- 500 kilom�tres.

Je n'ai pas dormi autant
depuis des semaines.

J'ai r�v� que j'�tais enceinte,
je me balladais avec...

Je me sentais tr�s l�g�re.
Qu'est-ce que �a signifie ?

Je ne sais pas,
que vous voulez �tre enceinte.

Je ne vais pas plus loin.

- Si vous restez � Paris...
- Non, non.

Je suis Claire.

Je suis Trevor McPhee.

Bonne chance pour votre vie,
Trevor.

- J'esp�re que vous apprendrez � dormir.
- On verra.

Chez vous. C'est o� vous allez
quand vous n'avez plus d'autres endroits.

Donc Claire revint � l'appartement
qu'elle partageait avec moi.

Qu'elle revienne pour une heure,
ou un jour, peu m'importait.

Je remerciais Dieu qu'elle soit revenue,
saine et sauve.

- C'est toi.
- J'ai bousill� la Rover.

�a va ? Tu n'es pas bless�e ?

Non, je vais bien.

- Pardon.
- Non. Toi, pardonne-moi.

- Je ne l'ai pas revue depuis.
- Je sais, Gene.

D'ailleurs, je n'ai vu personne
depuis que tu es partie.

Je m'inqui�tais tellement pour toi.

�a semble... diff�rent.

J'ai essay� de repeindre pour oublier.
�a n'a pas march�.

Je n'ai pas arr�t� de penser � toi.

Je n'ai aim� personne comme je t'aime.

- Tu me crois ?
- Oui, je te crois.

O� �tais-tu ?

� Venise.

J'ai habit� chez Luca.

Je suis beaucoup sortie.

J'ai beaucoup pleur�.

J'avais oubli� comme tu sens bon.

Tu as l'air chang�.

Je suis riche, maintenant.

Tu as entendu parler
du hold-up de Nice ?

Ceux qui ont fait le coup
sont rentr�s dans ta voiture.

J'ai d� les emmener.

Ils m'ont dit
qu'ils avaient braqu� une banque

et m'ont demand� de monter
l'argent � Paris.

On appelle la police.

Non, je ne veux pas.

30% de tout �a m'appartient.

Voyons, Claire.
Ils ont pill� une banque,

tu crois qu'ils vont
h�siter � nous le reprendre ?

Ils ne sont pas comme tu crois.
Ce sont des types bien.

Vraiment, l'un d'eux
est un tr�s bon batteur.

Ils �taient d�sesp�r�s.
Alors je me suis dit : pourquoi pas ?

Je pourrais acheter cet appartement
en face de chez Makiko.

Pourquoi veux-tu acheter
un appartement ?

Je veux un endroit � moi, c'est tout.

Il y a diff�rentes devises.

Je me suis dit que tu m'aiderait
� calculer combien me revient.

Et je pourrais t'en donner une part.

Qu'est-ce qui se passe ?

Mon auto-stoppeur m'a vol�e.

Ton auto-stoppeur !

Il a laiss� un re�u.

C'�tait vraiment un type bien...

Tu as l'air de conna�tre
beaucoup de types bien.

- J'avais confiance en lui.
- Bien s�r, et il t'a vol�e !

On ne peut pas �tre f�ch�
de se faire voler de l'argent vol�.

Salut Claire, salut Gene.

Claire, j'ai demand� � l'agent immobilier
de te faire visiter l'appartement

demain apr�s-midi.
Retrouve-moi l�-bas � 14h.

Il pleut beaucoup,
j'esp�re que tu n'es pas dehors.

...7 � 0.552... �a fait...

attends...

j'ajoute au sous-total...

J'aime t'aimer.

- Bon titre de chanson.
- Trop mi�vre.

�a d�pend.

C'est quoi ?

Des Pygm�es.

Des Pygm�es.

C'est tr�s stupide.

Vous ne pouvez vendre
avec un prix si �lev�.

Il est raisonnable pour l'�poque o� nous vivons,
mais je peux vous montrer d'autres appartements.

C'est le seul que je veux.

- J'aime la vue.
- Moi aussi.

Ce n'�tait qu'une passade. Tu chantais,
alors on a �t� au cin�ma.

Je ne t'en veux pas, Makiko.
Allons, tu es mon amie.

J'ai fait quelque chose de mal.
Je dois r�parer.

Ne sois pas stupide.
On est en 1999.

Je pourrais t'aider pour l'appartement.

Elle ne trouvera jamais personne � ce prix.

Je la ferai baisser.

"On ne peut �tre f�ch�
de se faire voler de l'argent vol�".

- Quoi ?
- Rien.

Je pourrais convaincre le peintre
de faire pression sur elle aussi.

Je pourrais aller voir le directeur
de ma banque, on est bons amis.

Il devient fou parce que
plus personne n'emprunte d'argent.

Les int�r�ts sont trop �lev�s.

Il te ferait un bon pourcentage, 19%.
Claire, o� tu vas ?

Qu'est-ce que j'ai dit ?

Surveillez la maison
jusqu'� ce que je sois � Berlin.

M-A-N-G-E-R strasse 26.

Mangerstrasse, ok ?

Suivez-le.
Non, �a ne vous regarde pas.

Rappel.
Ne quittez pas.

Bonjour ! Winter, c'est le nom,
recherches, la profession.

- Je peux vous aider ?
- Non... peut-�tre... je ne sais pas.

- C'est moins cher qu'on ne croit.
- J'y penserai.

Je vais � Berlin.

- Ce soir ?
- Un ami a des ennuis.

Tu n'as pas d'amis � Berlin !

Les amis voyagent.

- Je viens avec toi.
- Non, Gene, tu ne peux pas.

Je me faisais du souci.
Je savais Claire autodestructive.

S'il y avait du danger,
elle l'attirerait.

S'il y avait un risque
d'�tre bless�, elle le serait.

Que cherchait-elle ?

Claire �tait s�re
de retrouver Trevor � Berlin.

Une personne sens�e comme moi
aurait cherch� � se prot�ger

de son imagination, mais Claire
n'�coutait pas ce genre de pens�es raisonnables.

Elle �tait impulsive, t�tue,
et amoureuse de l'id�e d'�tre amoureuse.

La seule chose qui la pr�occupait,
ce n'�tait pas de retrouver Trevor McPhee,

mais ce qu'elle ferait
apr�s l'avoir retrouv�.

Berlin �tait une grande ville.
10 millions de gens y vivaient.

Il n'y avait plus de taxis,
alors Claire p�dala.

Tous les grands penseurs
�taient persuad�s...

que ce serait possible dans 100 ans.

Donc ce jour est un grand jour
dans l'histoire,

et ta famille est tr�s fi�re
d'�tre avec toi en ce jour

o� tu vois nos visages.
Je sais, je parle trop.

- Anton, c'est pour Edith, pas pour Henry.
- J'en arrive � elle.

Bonjour, Edith ch�rie.

Merci pour la musique,
mais vous devez de l'argent � la banque.

Je pensais avoir m�rit� ma part.

On verra �a plus tard.
Vous �tes suivi.

- Vraiment ?
- Pas moi, le Noir... dans la rue.

Montrez-moi.

Qui est-ce ? Tu le sais ?

- Vous �tes � quel h�tel ?
- L'Adlon.

Attendez-moi l�-bas. On ira d�ner.
C'est promis.

Oncle Anton, je vais devoir...

- Alors, vous �tes une amie de Sam ?
- Non, de Trevor.

Regardez-les ! On est au bord de la
destruction et tout ce qui les int�resse

c'est rire et boire.

Ils ne ce rendent pas compte que ce
satellite peut causer la fin du monde ?

Si c'est la fin du monde,
pourquoi ne pas sortir et s'amuser ?

- Je pourrais tomber amoureux de vous.
- Non !

- Je vous aimerai dans mes r�ves.
- Je me souviendrai de vous aussi.

Un jour, je ne serai plus en vie.

Quand ce jour viendra, souvenez-vous
de moi comme je suis maintenant.

Bien s�r, Trevor McPhee
n'�tait pas venu.

Claire aurait pu rentrer � Paris,
mais elle avait une mission :

retrouver et prot�ger Trevor.
Elle avait une piste.

Je l'ai.

- Gros gibier: 85.000 dollars.
- Il est recherch� ?

Un consortium de mines d'opale
en Australie

offre une prime juteuse
pour sa capture.

- Qu'a-t-il fait ?
- Sans doute vol� des opales.

- Moi aussi, il m'a vol�e.
- Combien ?

Je pr�f�re ne pas le dire.
Je veux simplement le trouver.

Normalement, je vous prendrais 4.500,

mais comme je vais toucher
une grosse prime de ces gens,

et... si vous �tes libre
pour m'assister,

je r�cup�rerai votre argent
pour 3.000.

Vous voulez l'homme ou l'argent ?
Pas d'importance, vous verrez bien.

Ce qui me pr�occupe
c'est le tueur qui le cherche.

Alors il vaudrait mieux
�tre rapides et les premiers.

Rapides et les premiers,
quel programme !

Trevor le retors s'envole pour Lisbonne.

Vous voulez votre argent ?
Allons, ma jolie, votre chapeau.

On prend le vol suivant.

Vous suivez ou vous restez ?

L'amour ou l'argent ?
� tous les coups l'on gagne.

Vous �tes un po�te, M. Winter,
et vous le savez.

Vous auriez une aspirine ?
J'ai un mal de t�te terrible.

Elle avait toujours imagin�
un d�tective comme un dur,

un Sam Spade ou un Philip Marlowe.

Mais Philip Winter
�tait un coeur tendre,

dont la sp�cialit� �tait
de retrouver les enfants disparus.

Quelle sont exactement vos relations ?

Amants ?

D�sol�e de vous d�cevoir.
Je le connais tr�s peu, en fait.

Je ne suis pas d��u.

Et maintenant ?

J'ai dit non. Non, c'est non.

Regardez :
je le tiens !

La compagnie de sa carte de cr�dit
a �t� offline pendant 8 heures,

mais j'ai fini par avoir acc�s :
il est � l'h�tel Alhambra.

Alors, on fait quoi ?

Avec la douceur on obtient tout.

Winter �tait un na�f.

Pour lui l'affaire �tait dans le sac,
la traque �tait termin�e.

Il �tait content de lui.

Il fut heureux d'accorder � sa cliente
une rencontre avec son gibier.

Je ne braque pas les banques, moi.

D'abord vous me volez,
puis vous me posez un lapin.

Vous �tes entr�e ici par hasard
et vous m'avez trouv� ?

- Trois pays en trois jours, b�b� !
- Ne m'appelez pas "b�b�" !

Vous �tiez par hasard dans le midi,

puis chez mon oncle � Berlin ?

Pour vous sauver la vie.

Par hasard, vous prenez
le petit d�jeuner � Lisbonne ?

Une sacr�e co�ncidence !
Quelle agence ?

Je n'ai pas besoin de vous poursuivre.
Un d�tective s'en charge, dehors.

Et ce n'est pas sorcier de vous trouver.

D�s que vous utilisez votre carte
de cr�dit, �a se met � sonner.

C'est dr�le ?

Vous me plaisez bien.

J'ai du mal � me persuader
que vous �tes un agent.

Si j'�tais un agent, je n'aurais pas
besoin d'un chasseur de primes.

- Un chasseur de primes ?
- Oui,

ceux � qui vous avez vol� les opales
offrent une prime pour vous.

Votre chasseur de primes
nous laisserait faire une promenade ?

Avec de l'argent, M. McPhee,
tout est possible.

Et �a ?

�a ferait l'affaire ?

H�, une minute !

- Pourquoi ils vous poursuivent ?
- Pour savoir o� je vais.

Vous fuyez la police ?

- Qu'avez-vous dit ?
- Qu'on se mariait comme �a dans notre pays.

Dans quel pays ?

Vous �tes... en lune de miel ?

- Quand je dis non, c'est non.
- Sortez. Vous travaillez pour moi !

Vous ne faites pas le poids.
Les Australiens me donneront 85.000.

- Et vous me devez 3.000.
- Va te faire foutre !

- Je savais que �a me vaudrait des ennuis.
- Pose-le sur le fauteuil !

- Je d�teste les armes.
- Pose-le.

Par ici.

Lentement. Au pied du lit.

D�tache-moi.

Ta main. Comme �a.
Claire, aide-moi.

La cl�.

Un instant.

O� est mon opale ?

Non, Claire, non.

Je regrette.
Tu me fais courir trop de danger.

Trevor, attends !

On n'a qu'� le payer,
j'ai de l'argent.

Rends-le moi.

Vous le trouverez en bas
dans la poubelle, c'est sa place.

Salaud !

Vous venez de me faire perdre
85.000 dollars.

Pour couvrir mes frais.

Tournez-vous.

Ce que Claire ressentait,

elle ne pouvait le justifier
ni l'expliquer � personne.

C'�tait comme une toquade, une douleur
qu'elle n'avait plus �prouv�e depuis ses 16 ans.

Elle �tait d�termin�e
� accomplir sa mission

quoi qu'il en co�te.
Que faire d'autre ?

Retourner � son ancienne vie ?
Elle ha�ssait cette id�e.

Non, je la monterai moi-m�me.
Quel �tage ?

Sixi�me, monsieur.
Vous pouvez prendre l'ascenseur.

- Toujours l� ?
- Vous ne pouvez pas me laisser.

"Vous ne pouvez pas me laisser" !
Vous m'avez engag�, puis vir�.

Vous m'avez menti et abus�.
Vous m'avez co�t� une ann�e de revenus !

Comment pourrais-je
vous emmener avec moi ?

Je suis fauch�e...
Il a cru qu'on �tait associ�s.

Il a pris mon argent !
Tout est de votre faute !

Je ne peux pas vous avancer Paris,
mais je peux vous offrir Moscou.

Attendez au bar de l'Ukraina. Je
l'attraperai, et puis je vous emm�nerai d�ner.

- D'accord ?
- D'accord.

- Salut, Gene.
- Salut, Claire.

Devine : j'ai besoin d'argent.
5.000 dollars.

- Tu les envoies � l'h�tel Ukraina, � Moscou ?
- Doucement, Claire.

J'ai peu de temps.
Ma carte se termine.

Devine qui est l�.

- Claire, o� est-tu ?
- Dans l'avion de Moscou.

O-L-I-V-E...

J'ai oubli�. R...

Elle s'appelle Dr Nora Oliveira.

- Je ne partage pas votre chambre !
- Vous voulez que je paie deux chambres ?

- Payez la mienne.
- Vous r�alisez...

Inutile de discuter avec des inconnus.

Il n'y a pas une chambre libre.

Regarde. Il ne reste rien.
La conf�rence a tout pris.

- Gene, c'est...
- Winter.

Pas une chambre dans tout Moscou.

Je m'appelle Winter.
Et vous ?

Quoi ?

C'est un d�tective.

Un divan, c'est tout ce qu'on a.

L�-bas. 1.500 roubles la nuit.

1.500 roubles la nuit ?

- � prendre ou � laisser.
- On le prend.

Mon programme "P�che".

Connect� � son passeport
et � sa carte de cr�dit.

- Il loue une voiture, passe une fronti�re...
- Tr�s impressionnant, M. Winter.

Mais il passe
beaucoup de fronti�res ce soir.

Le bloc de l'Est !
Rien que des p�pins.

C'est une panne,
ils ont des super-puces vietnamiennes...

Qu'allez-vous faire ?

Demain je dois trouver un agent local.

� quoi ressemble ce Trevor McPhee ?

Grand, bel australien
avec un accent am�ricain.

Qu'a-t-il fait ?

Demandez � ma cliente.

C'est exactement ce que je vais faire.

- Merci de votre coop�ration.
- De rien.

Je sais que tu ne dors pas.

Je t'aime toujours, mais c'est un autre
genre d'amour, c'est comme une �chelle...

- Je suis une �chelle ?
- Une �chelle avec un barreau cass�.

Et quand je te vois...

je sais que j'ai perdu la vie
quand le barreau s'est cass�.

Pardonne-moi.

Je te pardonne, mais
je ne te fais plus confiance.

Je peux te comprendre, avoir
de l'affection pour toi, mais...

En ce qui te concerne, c'est fini.
Ton auto-stoppeur...

le type qui t'a vol� ton argent...

Tu couches avec lui ?

Tu l'aimes ?

Je m'en remettrai.

- Alors c'est l�.
- Exact.

Votre programme bloc de l'Est est p�rim�.

Vous voulez �conomiser de l'argent,
mais �a vous co�te de l'argent.

Je vous ferai un bon prix
sur la mise � jour.

Trevor McPhee,
c'est son nom ?

C'est lui, Trevor McPhee.
Chassez votre homme, et pas de prime.

Ce type a les papiers de Trevor McPhee.

- Qui est-ce ?
- Vous permettez ?

Je suis l'Ours chasseur de primes,

je les trouve ici, je les trouve l�,

je les trouve o� qu'ils soient.

L'Ours, serveur du fichier Primes.

Je cherche.

Une minute.
J'identifie.

Je le tiens !

C'est votre homme.

- R�compense :500.000 dollars.
- Les puces vietnamiennes !

Trop ch�res pour vous, dommage !

Qui nous dit que la prime
va avec la t�te ?

Il faut me faire confiance.
C'est si difficile ?

Que veux-tu faire ?

Je veux seulement mon argent.

Combien faudrait-il pour m'�quiper,
mat�riel et logiciels ?

�pousez-la ! battez-la,
mais ne courez pas apr�s ce type.

Elle ne veut pas baiser
avec vous, mais avec lui.

Vous ne comprenez pas
la nature de notre relation.

Et puis, tout �a vous d�passe.

Ce gla�on vous vend un ordinateur,
et vous voil� d�tective ?

Vous rentrerez de Moscou fauch�.

Voiture saisie, �lectricit� coup�e.

Ordinateurs HS, poubelles pas vid�es...

Avouez que vous en r�vez,
mais ce n'est pas dans vos prix.

Pour que la technique suive,
il vous faut un d�tective.

Je rentre � Berlin.

Mais demandez-vous ce que vous ferez du
tigre, quand vous l'aurez attrap�.

Un moment, M. Winter.

Rendez-moi mon opale, s'il vous plait.

Pour mes frais.
Cinq mille.

Parfois Claire devait admettre
qu'elle avait invent� une part de Trevor,

projetant sur lui la personne
qu'elle avait envie de rencontrer.

Quand elle pensait cela elle
paniquait, retardant l'�ch�ance,

prolongeant son s�jour � Moscou
d'un jour, puis deux, puis trois...

trouvant un h�tel de plus,
un concierge de plus.

- Vous gagnez.
- Pas trop t�t.

�a m'a co�t� la peau des fesses.

On ne s'est pas d�j� rencontr�s ?

�a se peut.

- Qu'allez-vous faire de tout cet argent ?
- Commen�ons par un verre.

Winter parti, c'�tait moi
l'ange gardien de Claire.

Non, ce n'est pas vrai,
je voulais juste la r�cup�rer.

Alors je me montrais aimable,
attendant que sa passion retombe,

faisant semblant de chercher le seul homme
au monde que je ne voulais pas trouver.

Malheureusement, mon ours savant
le retrouva rapidement...

Je pus au moins d�montrer
que c'�tait un individu louche.

Il s'appelait Sam Farber,
pas Trevor McPhee.

Il �tait recherch� par les �tats-Unis
pour espionnage industriel.

On s'est d�j� rencontr�s.
Dans le midi de la France.

Vous �tes l'amie de Sam Farber.

Vous voulez dire Trevor ?

McPhee ! C'est lui aussi.

Dites-lui qu'il est
en rupture de contrat

avec le Sunset Lab, � Palo Alto.

La cam�ra a �t� mise au point chez eux,

- avec des fonds gouvernementaux.
- C'est un scientifique ?

Il m'a vol�e, trahie, il a pris mon
argent, et je ne suis pas son amie.

Mais vous allez me dire
o� il est, d'accord ?

Si je le savais, je ne serais pas
ici avec vous. Je serais avec lui.

Je ferais l'amour avec lui.

Pourquoi j'ai dit �a ?

Je vous ai donn� du Pentotal,
c'est un s�rum de v�rit�.

�a ne fait rien.
Moi, je vous ai donn� cinq somnif�res.

Garce !

- C'est vraiment un criminel ?
- Gar�on...

- Caf�...
- Et apr�s ? Moi aussi.

Je suis impliqu�e
dans le braquage de la banque � Nice.

Ils ont eu Raymond, mais Chico, �a va.

Ce qui m'inqui�te, c'est que
les flics remontent � Gene.

Il est innocent,
et moi, je suis blonde.

Arr�tez vos conneries !

Ne vous endormez pas.
Je veux savoir ce que Trevor a fait.

Je vous ai d�j� dit...

�a ne me fait jamais autant d'effet...

Je crois que c'est un espion.
Je croyais qu'il n'y avait plus d'espions.

Ici, � Moscou, en 1999.

Je ne suis pas une touriste,
je suis une voleuse.

J'ai vol� ceci pour prot�ger
l'homme qui a vol� mon argent.

Je l'avais obtenu des gens
qui ont l'ont vol� � ceux

qui l'avaient vol� dans une banque.

Vous me suivez ?

On sait qu'on ne peut pas recommencer.
Notre b�b� ne peut plus na�tre.

C'est �a le plus triste.

Comme une rivi�re qui ne coulera plus,
un jour qui n'arrivera jamais...

Pourquoi continues-tu
� �tre si bon, pourquoi...

es-tu si doux et gentil,
c'est ta punition ?

Je cherche...

Je cherche...

Une minute...

Je le tiens !

Il prend le transsib�rien !

Farber a r�serv� sur le train de P�kin,
d�part de Moscou � 23h10.

La comptabilit� devient tr�s compliqu�e.

Je te dis au revoir.

Ce serait trop p�nible, face � face.
Pour moi aussi.

Je t'aime toujours, �chelle bris�e.

Je t'aime toujours, �chelle bris�e.

Excusez-moi.

Excusez-moi.

Il n'y avait pas d'autre train
avant trois jours.

�videmment Claire ne pouvait pas attendre.

10 minutes plus tard, elle
filait en moto au sud-est vers P�kin.

Si elle avait �t� au nord-ouest,
elle aurait pu trouver Trevor.

C'est incroyable que Sam
m'ait retrouv�e en Sib�rie !

Je regrette que tu me voies
dans un endroit si laid,

Mais h�las... le monde est comme �a.

J'aurais pr�f�r� que Sam me trouve
� Lisbonne, avec les enfants.

� la place, Claire filma
son voyage pour moi.

4 jours plus tard,
elle d�pensa une fortune

pour me le vid�ofaxer � Paris.

- Comment vous appelez-vous ?
- Non, vous !

Charlie Yu.

Voil�, Gene, j'apprends le chinois.
Je sais d�j� "ni hao",

qui veut dire "bonjour".

Voil�, Gene, c'�tait mon film d'amateur.

Je suis � P�kin,
h�tel Tiananmen, chambre 1407.

Appelle-moi d�s que tu rentres.
J'attends ton appel.

Claire, c'est moi.
Je viens de voir ton message.

- Il faut puiser dans le frigo ?
- Je n'ai besoin de rien, Gene.

- Je suis perdue.
- Tu es dans une impasse ?

- J'ai perdu sa trace.
- � P�kin, �a ne m'�tonne pas.

- O� alors ?
- Tu ne renonces jamais, toi.

Rentre et oublie tout �a.

Regarde-moi. Je suis Claire.
� quoi t'attends-tu ?

Bon...

- Tu te rappelles le th��tre pour enfants ?
- Il est � Tokyo ?

Je t'y retrouve mardi soir. D'accord ?

World News, derni�re minute.
La protestation contre le plan am�ricain

d'abattre le satellite a pris
un ton nouveau avec l'assassinat

de l'ambassadeur US
aux Nations Unies � Berlin.

Les terribles images des derniers
instants de l'ambassadeur

ont �t� enregistr�es
par l'assassin lui-m�me.

Si les USA abattent le satellite, une
r�action en cha�ne peut d�truire le globe.

Que notre mort soit un ultime
avertissement: ne touchez pas au satellite !

Peu m'importe de devenir un cadavre,

nous sacrifions nos vies
parce que le sort de la plan�te

d�pend de ce que font
les am�ricains. Adieu !

Pour World News, Nomi Morris,
Berlin.

J'ai cru que tu n'arriverais
jamais. O� est-il ?

Si tu disais: "�a fait plaisir de te
voir. J'aime bien ton costume."

Je d�teste ton costume,
mais �a fait plaisir de te voir.

Tu te souviens de notre
premi�re visite � Tokyo ?

C'�tait l'�t� 94.

- Notre premier �t�.
- Le bon vieux temps.

C'�tait le dernier concert
des Rolling Stones.

En fait, ce n'�tait pas
vraiment le dernier ?

Vous avez un gaijin nomm� McPhee-san,
ou Farber-san... dans cet h�tel ?

- Farber-san ?
- Oui, Farber-san.

Il dit que c'est au 7e. Je ne suis
pas s�r. Vous pouvez l'�crire ?

Vous jouez encore au d�tective,
ou vous �tes le gar�on d'�tage ?

O� est Claire ?

J'ai vu un type lui courir apr�s,
�a n'a rien de neuf.

- Encore � faire la gueule ?
- C'est mieux que se la faire casser.

Votre amie Krassikova
nous a vendus au plus offrant :

CIA, KGB, Yakuza, chasseurs de primes,
Dieu sait qui est sur ce coup.

Ici finit l'informatique et commence
le vrai travail de d�tective.

- On a peu de temps.
On ? �a signifie que vous m'engagez ?

Vous engager ?

Certainement pas !

Vous savez qui je suis ?

- Vous n'�tiez pas l'ange de Lisbonne ?
- Je suis � nouveau l'ange.

Sortez-moi d'ici.
Je vous en prie.

Gene, pardonne-moi.

Tu es saine et sauve...

- J'ai besoin de ma sacoche.
- Pourquoi faire ?

Claire, �a ne me plait pas.

�a ne me plait pas du tout.

Si sais que tu ferais mieux
de rentrer avec moi.

Tu ne le connais pas.

Toi si ?

Il a besoin de moi, maintenant.

Il aura besoin de �a aussi.

Merci.

�a fait du bien.
�a repose.

Ils continu�rent
� se d�placer toute la nuit,

jusqu'� ce qu'ils soient s�rs
de n'�tre plus suivis.

Par hasard ils se retrouv�rent
dans un train qui quittait Tokyo,

ils n'en connaissaient pas
la destination.

Claire avait pris les billets
� la gare de Shinjuku

en d�signant des symboles
qu'elle ne savait pas lire.

- O� allons-nous ?
- Je ne sais pas.

Tout ce que Claire savait c'est
qu'elle avait enfin trouv� sa mission.

L'homme qu'elle aimait �tait presque
aveugle, et il avait besoin d'elle.

FIN DE LA PREMI�RE PARTIE
DE LA TRILOGIE

JUSQU'AU BOUT DU MONDE