All language subtitles for Une Vie Classée X (Need English SUbs)

Générique

C 'est bon.

C

'est

bon. Faites

-le

encore.

Je ne fais pas de sport, mais je dois
vous assurer que le métier que j 'ai

en est un de sport.

En fait, c 'était belle de tourner très
souvent en action.

tous vos applaudissements. Ma loiselle,
Nomi !

Lorsqu 'on me reconnaît dans la rue, qu
'on m 'arrête et qu 'on me remercie pour

ce que je fais, j 'ai vraiment l
'impression d 'être utile. Il y a

personnes seules, solitaires, à qui on
peut

amener un petit rayon de soleil. Ça
paraît peut -être stupide à entendre,

je peux vous assurer qu 'on voit des
visages s 'éclairer lors de salons, on

des visages s 'éclairer lorsqu 'ils nous
croisent.

C 'est à ça que je vois qu 'il y a quand
même beaucoup de gens qui regardent les

films pornos.

Il y a plusieurs stades de légalité dans
le porno. Il y a la pornographie

criminelle, donc tout ce qui touche à la
pédophilie, aux snuff movies,

ce genre de choses, aux violences
réelles faites face à la caméra. Après,

la pornographie 100 % légale, qui est
celle, par exemple, que je fais moi, c

'est -à -dire on est déclaré à l
'URSSAF, on a des fiches de paye, on a

congés spectacles et des autorisations
de diffusion de l 'image.

À l 'époque, moi j 'ai tourné de 76 à
80, on avait l 'impression un peu de

un pied de nez à la société. C 'était
très scandaleux d 'être actrice de films

X. Je dirais qu 'aujourd 'hui, c 'est
quand même banalisé.

Et puis surtout, on a vraiment l
'impression maintenant que ce sont des

de sexe qui ne sont absolument pas
reliées par une histoire.

Il n 'y a plus ce qui fait quand même la
sexualité humaine, c 'est -à -dire la

relation entre deux êtres.

J 'avais 18 ans, je n 'avais quand même
pas un rôle. Je suis sortie de l 'école

à 16 ans, je n 'avais pas non plus de
boucle.

Je n 'avais pas d 'amis, je ne
connaissais personne, je ne fréquentais

J 'arrive par les petites annonces des
canards, les petits trucs qu 'on trouve

gratuitement dans les rues de Paris.

Je téléphone dans une agence de casting.

Je savais pas que c 'était des films de
X avant d 'arriver sur place.

Mais en fait, quand je suis arrivée, ça
m 'a pas dérangée.

J 'ai hésité avant de faire mon premier
tournage, mais j 'y suis allée quand

même dans la journée.

Je suis une passionnée du sexe.

Avant de rentrer dans le porno, au
niveau de la scolarité, j 'allais avoir

ans quand j 'ai arrêté.

Après, j 'ai fait pas mal de petits
boulots. J 'étais rondeuse, j 'ai été

serveuse. J 'ai fait pas mal de petites
journées en intérim, des choses

comme ça. Le dernier travail que je
faisais avant, j 'étais aide -soignante

un hôpital parisien.

Je suis arrivée dans le porno, c 'était
en avril 2004.

Je ne connaissais aucune personne du
milieu.

J 'ai appelé les renseignements pour
demander le numéro d 'une boîte de

production française.

J 'ai eu leur numéro, je suis partie les
voir.

Après, ils m 'ont orientée vers un
magazine où j 'ai eu un shoot photo, un

interview. Puis après, on rencontre des
personnes et puis ça s 'enchaîne. Ça s

'enchaîne très vite. On va dire les six
premiers mois, on va tourner beaucoup

parce que c 'est un milieu où il n 'y a
pas énormément de filles. Donc, dès qu

'il y en a une qui arrive, tout le monde
veut la faire tourner.

Puis voilà, c 'est après où c 'est plus
dur de s 'installer.

Ce que je fais à l 'heure actuelle, c
'est que je tiens un cabinet de

puisque j 'ai étudié une formation en
sexologie.

Et le reste de mon activité, c 'est
écrire, puisque là, je prépare mon

livre. Mais ce pour quoi je suis plus «
connue », c 'est

pour avoir été actrice pornographique de
l 'âge de 18 ans jusqu 'à 23 ans.

et pour réaliser également des films
pornographiques depuis l 'âge de 19 ans

maintenant, et je continue.

Tout a changé en un an à deux ans, que
ce soit les gens qui le composent, ce

milieu, et que ce soit la qualité des
productions, que ce soit le montant des

budgets par exemple, que ce soit les
conditions d 'hygiène, les conditions

sanitaires aussi.

Quand j 'ai commencé ce métier, que j
'ai imposé le préservatif, on m 'avait

dit, elle va disparaître au bout de six
mois, parce qu 'à l 'époque, ça ne se

faisait pas spécialement.

Et puis sont venues toute une génération
de filles qui ont un petit peu repris

le flambeau et qui ont suivi, qui ont
dit, oui, nous aussi, on ne veut tourner

qu 'avec le préservatif, et test, etc.

Mais depuis deux ans que je suis partie,
oui, j 'ai remarqué que les filles ne

se protégeaient plus. Elles s 'en
fichent aujourd 'hui.

Aujourd 'hui, tout le monde tourne sans.

La plupart des films se font sans.

Et ça, je...

Je trouve ça grave.

Malheureusement, nous, on ne peut pas
faire grand -chose. Il faudrait que ce

soit l 'État, qu 'il y ait une loi qui
oblige les productions à mettre des

préservatifs. Nous, on ne demande que
ça. En général, mes partenaires sont des

acteurs pornos qui également travaillent
avec leur corps, donc certainement font

plus attention que...

qu 'une personne qui va avoir une
aventure d 'un soir et sous le coup de l

'excitation va complètement oublier le
préservatif. Le risque zéro n 'existe

pas. Je n 'essaie pas de trouver des
excuses. Du tout, du tout. Mettez des

préservatifs, c 'est très, très
important.

Maintenant, si je ne pouvais travailler
qu 'avec, je le ferais.

Les examens ? Parce que même si c 'est
des tournages qui sont avec

moi j 'ai fait le choix d 'en faire avec
et sans.

Donc on fait tous des tests parce que c
'est normal.

Je vais regarder les résultats quand
même.

Je suis jamais angoissée de toute
manière parce que j 'ai confiance aux

avec qui je travaille. Maintenant il m
'arrive d 'avoir des petits à côté et là

oui je fais attention, je me protège
quand c 'est des gens que je connais

Vous avez tourné combien de films ? Je
ne raisonne pas en films, je raisonne

plutôt en scènes.

Il y en a entre 35 et 40 scènes.

Vous avez une craque ? Non.

Du tout ? Non, pas du tout.

Et vous avez un scénario ? Vous avez du
texte ? Oui, je crois qu 'il y a un peu

de texte. Je ne l 'ai pas encore lu.

Ça, ça s 'apprend vite en général.

Tu fais attention, j 'en ai qu 'une
paire. C 'est -à -dire, si tu les files

avant que la scène commence, j 'ai rien
pour te changer. D 'accord, ok.

Tu te sens bien ? Ouais, ouais, c 'est
bon.

Entrer dans le porno, c 'est d 'abord
par curiosité, pour faire quelque chose

que j 'aimais. C 'était pas un problème
financier, quoi. Je me suis pas dit, je

vais me faire de l 'argent en faisant du
porno.

Mais maintenant, c 'est clair que j 'ai
appris un peu les tarifs, comment ça se

passe. Et vu qu 'on vend quand même son
image et on donne quand même son corps,

son image, c 'est sûr que maintenant, je
ne vais pas me vendre pour rien, on va

dire.

C 'est payé à la scène. C 'est entre
quoi et quoi ?

Minimum, ce sera 350 et maximum, ce sera
800 euros.

En fait, c 'est relatif parce que, par
exemple, sur une scène où je vais

prendre... 800 euros, là j 'aurais peut
-être passé la journée sur le tournage.

Maintenant une scène où j 'aurais pris
que 350 euros, je serais restée que deux

heures.

En France, en un mois, il doit y avoir
quatre tournages

aux Etats -Unis. Une fille peut tourner
cinq jours sur sept.

Si la fille aime ça, ce qui est mon cas,
c 'est bien, quoi. Au niveau de l

'intensité des scènes, c 'est ce que
moi, j 'aime.

J 'aime pas tout ce qui est mes
caresses, tout ce qui est tendresse, j

pas. Je préfère me faire un peu
violenter, on va dire.

Montre -moi tes bas et ta culotte.

C 'est pour moi, tu vois, c 'est pour me
rappeler ce que t 'avais.

Voilà.

Le problème de la pornographie, c 'est
que c 'est souvent

lié quand même un peu à du masochisme. C
'est donc un besoin de

se faire mal.

Bon, il y a une blessure de toute façon.

Quoi qu 'on en dise, il y a une
blessure.

Je voulais faire violence à toute l
'éducation que j 'avais eue. Je voulais

combattre en tout cas l 'éducation qu
'on m 'avait inculquée.

Vous êtes de quel milieu social ? Moi j
'ai été élevée dans une famille dite

musulmane, parce qu 'elle ne l 'est pas
dans la réalité, et d 'une mère

française.

Moi j 'ai grandi avec l 'idée par
exemple que le garçon c 'était le mâle

incarné.

Donc de là, il paraît que je suis
lesbienne à cause de ça. Moi, je ne

Je pense qu 'on est comme ça, mais ce n
'est pas grave.

En tout cas, je vais bien dans le sens
dans lequel on m 'a éduquée. Je ne

fréquente pas de garçons.

Celles des filles sont bien pour moi.

Alors quand même, il y a quelque chose d
'étonnant. Vous rentrez dans le X, et

là quand même, vous avez des relations
sexuelles avec des hommes.

Et j 'étais vierge en plus.

C 'est -à -dire que c 'est sur un
tournage ? Que j 'étais déflorée.

Et on le savait ? Je l 'ai dit peut
-être 20 minutes avant la scène.

Mais moi, ça ne m 'a pas dérangée. Pour
moi, ce n 'est pas quelque chose d

'important, en fait.

Dans ma tête, ça a toujours été quelque
chose de religieux, relatif à la

religion musulmane, d 'ailleurs, et par
rapport au mariage.

Ça n 'a rien à voir avec ma conception
de la vie à moi.

Ce n 'est pas important d 'être vierge
ou pas vierge, en fait.

Avant de se marier.

Alison, vous dites qu 'à 15 ans, vous
vous traitez de salope.

Pourquoi vous vous traitez de salope ?
Parce que je suis considérée comme une

fille facile.

Mais vous l 'étiez ? Non, je ne dirais
pas facile. Pour moi, facile, c 'est

une fille qui va faire ça, même quand on
n 'a pas envie.

C 'est -à -dire que quand il y a des
mecs qui vont venir et qu 'elle va pas

avoir envie, elle va se forcer.

Moi, c 'était pas le cas. C 'est -à
-dire qu 'à chaque fois que je l 'ai

'ai toujours choisi les personnes à qui
j 'avais envie de le faire.

Mais pour moi, c 'est pas péjoratif,
quoi. Je veux dire... Une salope, il en

faut de toute manière.

Et voilà, c 'est comme ça. Et je trouve
pas... C 'est pas péjoratif, quoi. Je

veux dire... J 'assume ce que j 'ai
fait, ce que je suis, et voilà, quoi.

Donc...

Contrairement à ce qu 'on croit, un film
porno, ce n 'est pas une partie de

jambes en l 'air. C 'est vraiment du
travail et ce n 'est pas un contexte

sexuel. C 'est -à -dire que ça peut être
une scène qui peut durer des heures et

des heures à tourner. On ne se désire
pas forcément.

Il n 'y a pas de séduction avant.

Donc, il y a beaucoup d 'acteurs qui ont
des faillances, évidemment.

Et pour pallier à ces défaillances, soit
il y a la méthode un petit peu

italienne et américaine qui est le
Viagra, soit il y a la méthode plus

et aussi américaine qui est la cocaïne.

et donc certains tombent dans ce cercle
vicieux parce que pour bander il faut de

la cocaïne et pour avoir de la cocaïne
il faut bander parce qu 'il faut

travailler quand il y a quelques années
les journalistes nous disaient le porno

c 'est plein de drogue on pouvait dire c
'est faux aujourd 'hui quand on entend

le porno c 'est plein de drogue j 'ai
plus de mal à dire c 'est faux

Accès. Est -ce que ça arrive, les femmes
sexuelles, sur les

tournages ? Oui, ça arrive.

J 'ai peiné un petit peu hier quand
même.

Et le Viagra ? J 'ai déjà essayé, mais
ce n 'est pas une solution, le Viagra.

Le sexe, ça marche avec la tête.

Moi, je n 'ai pas de problème.

Quand on ne bande pas, c 'est quand on
est fatigué, quand on est stressé.

Ce n 'est pas une peine mécanique.

Avec le temps, on apprend à gérer notre
corps, à économiser des forces.

C 'est sûr qu 'au début, je n 'aurais
pas fait des scènes de 8 heures.

Je n 'aurais pas fait des scènes aussi
longues.

Comme les sportifs, au début, ils
courent 100 mètres.

Trois semaines après, ils courent 200
mètres. Et puis, on y reste petit à

Tu sais, au salon à Bruxelles, la petite
danseuse, qui ne parlait pas français,

l 'anglaise, la blonde, qui vit à
Berlin, elle vient le 28, elle débarque

Paris, donc pendant 5 -6 jours, ben
voilà.

Je suis content parce que j 'ai vraiment
craqué dessus.

Je ne sais pas si elle va accepter.

Elle sait ? Oui, bien sûr qu 'elle sait.

Je ne le cache jamais, moi.

Je ne le cache jamais. Vous cachez, vous
? Non.

Je dis tout.

J 'ai du mal à cacher. Il vient de me
voir en disant « Tu es Cynthia, putain,

'es belle ! » Il ne te reconnaît pas, tu
lui dis. Tu lui dis quand même.

Je pense que c 'est la meilleure
solution.

Si c 'est pour qu 'une fois que tu te
fies attachée...

Je pensais que c 'était plus dur pour un
garçon.

qui fait ce métier -là, de trouver des
filles qui acceptent notre métier.

Et en fait, moi, avec ma petite
expérience, elles ont toutes accepté mon

en fait, toutes.

Et j 'ai l 'impression, contrairement à
ce que je pensais, que c 'est pour vous

que c 'est plus dur de trouver un mec
qui accepte.

En fait, c 'est soit il l 'accepte,
genre, tu es actrice X, donc ça veut

que tu sais faire plein de trucs, tu
peux tout faire, donc il reste.

Une fois que tu as éliminé cela, il
reste ceux qui restent vraiment pour

Mais là, le problème est... Il n 'est
pas tout de suite.

Tant qu 'il ne s 'attache pas, ça va.

Mais plus ça passe, et puis il tombe
amoureux, et une fois qu 'il est tombé

amoureux, là, c 'est terminé.

Non, mais oui, c 'est vachement plus
dur.

Mais le métier en lui -même, l 'acte, la
scène en elle -même, c 'est plus dur

pour un mec.

C 'est vachement plus dur pour un mec.

Vous, vous ne pouvez pas savoir ce que c
'est que de ne pas bander, d

'appréhender, d 'avoir à bander, etc.

C 'est vachement plus dur pour un mec.

Et la remise en question, s 'il n 'y
arrive pas, s 'il a du mal...

C 'est terrible, terrible.

Si la personne ne me plaît pas, je vais
penser à quelque chose qui m 'excite et

la scène, elle sera quand même bien.

Mais toi, si par exemple, tu n 'es pas
excitée, tu mets du gel, tu t 'immunes

ça passe. On ne voit pas.

Alors que nous, on ne peut pas. Si on ne
bande pas, on ne bande pas.

Moi, mine de rien, ce métier a été un
petit peu, pas une thérapie, mais m 'a

apporté vachement... Moi, ce que je
faisais dans ma façon de... J 'avais

de démystifier un peu le sexe et de
pouvoir en parler avec des gens.

De façon ludique, tu vois.

Et moi, ça m 'a apporté déjà un petit
peu, tu vois.

Ciao, ciao les filles. Salut, salut.

Quand j 'ai arrêté le porno, il s 'est
passé quelques années avant que je

commence à réussir.

Et j 'avais beaucoup d 'expériences
négatives de gens qui refusaient de me

la main.

Enfin bon, vraiment des choses
complètement invraisemblables. Donc j

vraiment l 'impression d 'être le
diable.

Et ça me blessait terriblement.

Et puis, parallèlement, j 'avais des
gens qui me disaient, tu es formidable,

etc. Et c 'était tout blanc ou tout
noir.

Et puis un jour, grâce à un travail,
bien sûr, je me suis dit,

je ne me reconnais pas ni dans l 'un ni
dans l 'autre.

Donc, il faut peut -être maintenant que
je sache où je me situe.

Et puis, à un moment donné, on découvre
que finalement, c 'est les projections

que les autres mettent sur nous qui...

qui nous font mal, et que donc, c 'est
ridicule, quoi.

J 'adore les animaux.

Ils sont très sensibles.

Et voilà, ils s 'adaptent facilement.
Ils sont très sociables.

Donc voilà, c 'est ma petite fille.

C 'est difficile d 'imposer ce métier à
quelqu 'un d 'autre. C 'est quelque

chose qui demande une bonne réflexion
avant de se lancer.

Moi, j 'ai pris le temps de cette
réflexion. Quand j 'ai eu ces

-là, je n 'ai pas accepté tout de suite.
J 'ai pris le temps d 'y réfléchir.

Et voilà, je me suis décidée et je ne le
regrette pas. Je suis rentrée dans un

milieu qui était un peu nouveau pour
moi.

Parce que finalement, même si c 'était
un domaine qui me plaisait, je n 'avais

pas forcément le fait d 'aller jusque
-là.

J 'ai rencontré des gens gentils qui m
'ont aidée. Jusque -là, je n 'ai pas à

plaindre. C 'est vrai.

C 'est dur aussi quand on sort du
milieu, quand on a un regard extérieur.

Même moi, avant d 'y rentrer moi -même,
j 'avais...

forcément des a priori que les autres
personnes ont maintenant.

Maintenant que je suis rentrée, je me
dis, finalement, je m 'étais trompée. C

'est une grande famille.

Et puis, moi, ça me permet de rencontrer
du monde.

Et c 'est vrai que le regard extérieur,
c 'est difficile quand on sort du

milieu, en fait.

Jamais parfait, je pense, avec ses
parents.

On s 'en sent pas trop mal. On s 'en
sent assez bien, ça va. On a quand même

a priori là -dessus.

Donc je pense qu 'ils en ont aussi et
que ça va être assez dur, que ça va

prendre du temps à être accepté.

Donc je sais pas.

Je sais pas encore.

J 'y réfléchis.

Je sais pas comment je vais trop aborder
le sujet. Parce que je sais que ça va

pas être très bien pris.

Je vais attendre un petit peu. J 'ai ma
soeur qui arrive demain. Je vais

attendre un peu que ça passe.

Comment ça se passe avec votre famille ?
Ça se passe très très bien.

Je ne pensais pas que ça pouvait se
passer aussi bien.

Mes parents sont d 'un milieu ouvrier.

Ma maman a de près une cinquantaine d
'années, mon papa bientôt 70.

En fait, je suis restée leur enfant,
leur petite fille.

Ils m 'ont vu évoluer, certes dans ce
métier, mais ils ont vu que j 'étais

restée la même avec ma personnalité, que
je ne me baladais pas en porte -jartel,

talons aiguilles dans la rue, que je
pouvais continuer à discuter

pas devenir vulgaire. Je n 'ai pas
changé, donc obligatoirement, leur

resté le même sur moi.

J 'aime bien, c 'est mon équilibre. J
'aime bien la force et la douceur, on va

dire.

J 'ai commencé, j 'avais 12 ans, en
faisant du judo.

Puis après, je me suis intéressée au
sabre, au nunchaku, les armes blanches,

voilà.

Je trouve que pour une femme, c 'est
très bien de savoir se défendre, savoir

débrouiller dans la vie, savoir...
Voilà, c 'est un trait de caractère, je

pense.

Elle est douée ? Très douée, en tout.

C 'est incroyable.

Qu 'est -ce que vous avez fait comme
études ? Comme études ?

Je fais des études classiques et puis un
bac scientifique.

C 'était le bac qui me paraissait le
plus difficile et j 'avais envie d

'affronter la difficulté en fait.

Comment votre famille

considère votre métier ? Je ne sais pas,
je ne cherche pas trop à...

à m 'occuper des gens, de ce qu 'ils
pensent. Mais ce n 'est pas des gens,

'est votre famille. Oui, mais même, je
veux dire, moi, je les respecte

mais je ne cherche pas à juger, à les
juger. Je ne cherche pas à savoir ce qu

'ils font, comment ils font. Je souhaite
à tout le monde du bonheur, de tout ce

qui puisse arriver de bien.

Mais je trouve qu 'il y a des choses que
chacun est libre d 'agir.

en fonction de son libre arbitre, pas en
fonction des autres.

Donc vous n 'êtes pas en très bon terme
avec votre famille ? C 'est une

déduction.

Je n 'ai pas un contact très proche, c
'est vrai.

Je ne pense pas qu 'ils cautionnent trop
ce que je fais, mon caractère et tout.

J 'ai toujours été très battante et
tout, mais bon, je ne sais pas.

Peut -être que oui, peut -être que non.
Je ne cherche pas non plus à savoir.

Aujourd 'hui, vous attendez un bébé ?
Aujourd 'hui, oui, j 'attends un bébé.

Si c 'est une fille ? Si c 'est une
fille, qu 'est -ce que je vais faire si

m 'annonce qu 'elle fait du porno ? Je
suppose que c 'est cette question que

vous allez me poser.

Ou même si c 'est un garçon, parce que
vous savez, dans le porno, les filles ne

sont pas mieux loties que les garçons,
ou les garçons ne sont pas mieux loties

que les filles. Les garçons aussi ont
leur moment de désespoir.

Je serais extrêmement inquiète. Non pas
parce que je la renierais, parce que ce

serait la honte sur la famille. Je
serais inquiète parce que je craindrais

les maladies, je craindrais pour sa
santé, je craindrais pour la drogue.

Et je craindrais aussi pour sa vie
future, pour sa vie familiale future.

Parce qu 'il faut avoir un sacré
caractère pour supporter ça.

Salut, salut.

Salut, grande soeur.

Ça va ? Ça va et toi ? Ça me fait trop
plaisir de te voir.

Ça fait bon voyage ? Oui.

Pas trop dur ? Non, je suis reposée dans
le train.

Quel regard vous avez sur votre soeur
par rapport à son métier ? Déjà, je la

vois plus en tant que soeur qu 'en tant
qu 'actrice, donc ce n 'est pas évident.

J 'ai un regard comme pour mes autres
soeurs. Je n 'ai pas de regard

sur son métier. Et je vois vraiment
comme...

Comme elle est épanouie dans la vie, c
'est vraiment ce qui compte pour moi,

tout simplement.

Voilà, je suis fière d 'elle et de ce qu
'elle est.

C 'est mignonne.

Je pense que tout le monde ne peut pas
faire ce métier.

Mais je sais que c 'est une femme très
forte.

Voilà, si elle le fait, c 'est qu 'elle
peut le faire.

On vous fait une me cacher.

Alors pourquoi ? Parce que certaines
personnes ne pourraient pas comprendre

mon métier.

Ce que fait ma sœur, il y a beaucoup de
gens qui sont encore réticents vis -à

-vis de ça.

Et ce n 'est pas du tout parce que j 'ai
honte d 'elle, bien au contraire. C

'est juste parce que les gens ne sont
pas toujours encore très intelligents.

Très tolérants.

Voilà,

tout simplement.

Vous avez quel âge ? Je vais avoir 30
ans.

C 'est un problème l 'âge ? À notre
époque, oui.

Moi on me dit souvent, oh là là, mais t
'es pas un peu trop vieille, on

me dit le mot vieille, ou t 'as pas
commencé un petit peu trop tard, et je

réponds en général que non, ce sont les
autres qui commencent trop tôt.

Sauf le nom, moi j 'ai commencé, c 'est
vrai, j 'avais 28 ans, mais j 'étais

déjà équilibrée, je connaissais ma
sexualité, j 'étais encore jolie.

Et donc, les pieds sur terre, lorsque j
'ai commencé le porno, maintenant, je ne

suis pas sûre que si j 'avais commencé à
18 ans, ce serait aussi bien que je le

suis maintenant.

Je fais partie des filles qui ont
commencé jeunes, donc je ne peux donner

leçons à personne.

Mais je me souviens, les filles que j
'appelle de ma génération, en fait, n

'avaient pas le même âge que les filles
d 'aujourd 'hui.

C 'était plus 25 ans, bien tapées, ce
qui reste quand même jeune, mais ce n

'était pas 18.

J 'ai 21 ans, je sais où je vais, je
sais ce que je fais, je sais pourquoi.

Mais en même temps, j 'ai mes 21 ans et
une fille tout à fait normale de 21 ans,

elle fait des conneries, elle dit n
'importe quoi.

Elle va avec des copines dans les bars
et elle drague des serveurs.

Je pense être très mature sexuellement.
Mais d 'un côté, je pense que c 'est un

bien parce que j 'ai remarqué en tout
cas que beaucoup d 'hommes aimaient les

femmes enfants. Enfants dans le visage,
enfants dans les manières, mais qui au

lit leur retournent le cerveau, qui
savent faire plus une enfant justement.

Et donc je suis assez contente de ça. C
'est cool, je suis très bien comme ça,

je m 'aime bien.

Il y a combien de temps que vous faites
ce métier ? Ça va bientôt faire deux

ans. Il faut faire attention à son
image.

Dans le sens où il ne faut pas faire n
'importe quoi.

Il ne faut pas faire des choses d
'urologie ou de scatologie, ces trucs un

frados. Il est dans une chambre d 'hôtel
avec du pipi dans la bouche.

Moi je faisais des choses très papa
-maman, relations hétérosexuelles,

et point barre.

C 'était très gentil ce que je faisais.
Aujourd 'hui c 'est devenu des

pratiques, je ne savais même pas que ça
existait avant de faire du porno.

Aujourd 'hui elles font des doubles
anales, des choses comme ça.

Ça c 'est ce qu 'on appelle le basique
du métier, le B .A .B. du métier, la

double pénétration. Après il y a double
-double, ce qui n 'est pas pareil.

Et vous disiez aussi que la première
fois que vous aviez fait une double

pénétration... Je suis tombée dans les
pommes.

Moi, il y a plusieurs positions qu 'on
me faisait faire à chaque fois. J 'en

souffrais, je pleurais, j 'avais mal. Je
n 'ai jamais saigné, on ne m 'a jamais

ouverte. J 'ai vu d 'autres filles qui
sont arrivées là. Il n 'y avait pas plus

des filles de l 'Est que des filles de
France ou d 'ailleurs.

Les filles de l 'Est, elles arrivaient
là, elles avaient 18 ans. Je ne vais pas

dire que c 'était des petites vierges et
tout.

On a vu dans leur pays, elles étaient
déjà prostituées.

Mais elles faisaient pas de sodomie,
elles faisaient pas de fist -fucking,

faisaient pas de choses comme ça. Et c
'est ce qu 'on leur imposait pour

sur les tournages, en France ou
ailleurs.

Et je les ai vues saigner, je les ai
vues pleurer, je les ai vues faire sur

elles.

Et ça, ça fait vraiment mal au cœur.

Ça fait vraiment de la peine, en fait.

Je crois que la vraie différence aujourd
'hui dans la pornographie, c 'est qu

'on est vraiment dans...

J 'ai envie de dire, dans une
marchandise, le film, il se consomme

produit.

Et les filles, plus particulièrement
encore, je crois que les garçons, sont

vraiment des poupées gonflables.

Et moi, j 'ai tendance à dire que
finalement, aujourd 'hui, la

pour moi, c 'est vraiment là où le
machisme le peut le plus se...

se montrer et je crois qu 'en effet, si
on est un peu féministe, on

a quand même envie d 'essayer de faire
quelque chose pour que ça s 'arrête. Et

je pense en effet que pour les jeunes
qui regardent les films d 'aujourd 'hui,

ils peuvent en effet considérer que la
femme est un objet sexuel.

Souvent, dans la plupart des scènes
porno,

L 'homme jouit, basta, c 'est fini.

C 'est pas parce que le plaisir de l
'homme s 'arrête ou du moins est mis en

stand -by qu 'il n 'y a pas de vie
après, tout simplement.

Donc c 'est vrai que j 'essaie parfois
de faire des scènes peut -être plus

proches de la réalité aussi.

Peut -être plus proches de ce que les
gens vivent réellement chez eux quand

ont une relation avec quelqu 'un.

A la base, j 'essayais plus de faire des
films pour femmes et couples, au moins

des films qui puissent être appréciés
par des femmes, même s 'ils sont

par les hommes également, mais quelque
chose de pas ni violent, ni dégradant,

humiliant, et c 'est toujours axé sur la
sexualité féminine.

Je parle beaucoup avec mes comédiens, je
leur demande ce qu 'ils veulent faire,

qu 'est -ce qu 'ils ont envie de faire,
qu 'est -ce qu 'ils ont envie de donner

comme image à la caméra.

Et je les check à l 'avance pour pas qu
'ils me fassent quelque chose de

mécanique. Ce que j 'aime pas, c 'est le
sexe mécanique.

Bonjour Anne. Bonjour Lydie.

Quel âge as -tu ? J 'ai 24 ans.

Et t 'as quelqu 'un dans la vie ? Non, j
'ai personne.

A mon grand désespoir.

Je recherche pour mes prochains films
des jeunes filles qui n 'ont pas la tête

de l 'emploi. Parce que j 'aime beaucoup
travailler avec des filles déjà

intelligentes. En général, le jour du
tournage, c 'est beaucoup plus important

qu 'on ne le croit.

Et surtout des filles qui ressemblent à
des vraies filles. Donc j 'aime bien

rencontrer les filles avant.

Je leur fais passer un casting que je
rémunère toujours symboliquement au

pour que les filles ne se déplacent pour
rien au cas où si je ne les prends pas

sur mes productions futures.

Et ça me permet de faire leur
connaissance, en fait.

Qu 'est -ce que tu as fait comme
formation, comme étude ? J 'ai passé un

baccalauréat scientifique.

Ensuite, j 'ai fait une école d
'infirmière.

Ensuite, j 'ai fait une licence de
psychologie.

Et maintenant, j 'ai passé les concours
du ministère de la France en public.

Et avant d 'essayer de te lancer dans le
X, tu étais un peu échangiste ou pas du

tout ? Non, pas du tout. En fait, j
'avais une...

Je dirais une sexualité très basique.

Mais je pense que depuis très longtemps,
j 'ai été attirée par le X.

Donc un jour, j 'ai décidé de franchir
le pas.

Et finalement, c 'est un milieu dans
lequel je me sens plutôt bien.

Qu 'est -ce qui t 'attire dans ce métier
? En fait, je pense qu 'au départ, c

'est pas mal de rêves.

Ce qui m 'attire tout d 'abord, c 'est
de faire des expériences.

Pas forcément des expériences sexuelles,
plutôt des expériences de vie, en fait.

Est -ce que tu as envie de tourner
uniquement avec le préservatif ? Est -ce

c 'est quelque chose qui est important
pour toi ? Au niveau des pratiques, est

-ce que tu es prête à faire ?
Premièrement, je tournerai uniquement

préservatif. Il faut savoir qu 'il y a
des gens dans ce milieu qui n 'ont

aucun... Vraiment, ils pourraient faire
faire n 'importe quoi aux filles.

Maintenant, c 'est à vous de savoir ce
que vous voulez faire.

Ne pas mettre votre vie en danger.

Donc, on tournait avec des hommes qu 'on
ne connaît pas, donc préservatif,

obligatoire.

Deuxièmement, jusqu 'à aujourd 'hui,
tout ce qu 'on m 'a demandé de faire, j

plutôt fait parce que ça me plaisait de
le faire.

Le jour où quelqu 'un me proposera
quelque chose dont je n 'ai pas envie,

le ferai pas.

Maintenant, là, te dire comme ça ce dont
je n 'ai pas envie, je te dirais que c

'est du gonzo.

L 'image de la femme est plutôt bafouée.
Il n 'y a pas de respect. Si je fais du

porno, c 'est plutôt pour qu 'il y ait
une image du respect de la femme quand

même. Donc, les limites se posent là.

Donc, tu as envie de faire du porno
plutôt professionnel. Porno

uniforme.

Bon, maintenant, je vais te demander de
te déshabiller pour voir comment tu es.

En ce qui me concerne, à l 'époque, j
'étais fière d 'être un objet sexuel et

dirais même que ça m 'a donné au départ
confiance en moi. C 'est quelque chose

de très difficile parce que c 'est vrai
qu 'après, on en paye le prix fort.

Mais moi, quand j 'avais 18 ans, j
'étais persuadée d 'être moche, de ne

être désirable.

Et quelque part, quand la caméra s
'approche de nous au moment où on est en

train de faire l 'amour, on a vraiment
tout d 'un coup une sublimation.

du désir de tous les hommes.

Mais je crois quand même que quand on
fait ce métier -là au départ, on n 'est

pas bien dans sa peau et on n 'est pas
sûr de soi. Je pense qu 'une femme qui a

une sexualité débordante et qui est bien
dans sa peau, elle fera peut -être des

frasques en privé, mais elle n 'ira pas
faire des films pornographiques.

C 'est votre première séance de photos ?
Oui, vraiment, professionnelle à ce

niveau -là, oui, c 'est sûr. Je suis
très contente.

C 'est vraiment agréable de se faire
chouchouter, de se faire maquiller et

coiffer avec des professionnels.

Les photos que j 'ai vues sont pas mal,
sont bien, donc je suis contente.

Si tout le monde est satisfait comme
moi, ça doit être sympa.

Pour le moment, vous avez tourné très
peu ?

Très peu, et surtout sur des scènes, sur
des gonzos, sur des scènes d 'une

vingtaine de minutes, plus que sur des
grands films. Ça m 'a permis d 'avoir un

peu d 'expérience, de savoir comment
réagir, comment me placer.

Ce qui est difficile, en fait, devant
une caméra, finalement, c 'est pas

comment... Il faut mieux savoir mettre
le tout en valeur.

Donc, il y a des positions qui
avantagent ou non. Il y a des positions

plus pratiques, qui permettent aussi de
voir beaucoup de choses.

Parce que c 'est quand même un
spectateur qu 'il y a derrière, qui a

même de voir des choses. Et donc, il
faut arriver à lui montrer quelque chose

beau.

Il faut aimer se montrer. Il faut aimer
montrer aussi ce côté -là, qui est quand

même d 'un côté assez intime.

Donc, si on n 'aime pas ça, je pense qu
'on n 'arrive pas à avancer là -dedans.

Je dois être un peu exhibitionniste
aussi.

Et les garçons, vous aimez ça ? Oui.

Je pense que sinon, j 'aurais beaucoup
de mal. Là, j 'ai de la chance en plus.

Dans le domaine, ils sont pas mal.

On n 'a pas vraiment à se plaindre de ce
côté -là, au moins.

Oksana, vous avez fait beaucoup de films
pornographiques ? Non, je n 'en ai pas

fait beaucoup.

Je n 'en ai pas fait beaucoup parce que
j 'ai voulu prendre mon temps.

Je ne voulais pas faire n 'importe quoi.
Au démarrage, j 'étais assez hésitante.

Parce que j 'aime bien le sexe. Je
voulais faire des choses nouvelles.

J 'avais envie de tourner des scènes.

Vous êtes son manager ? Disons, ma
manager ? Oui, je pense.

Je suis surtout son ami. Je l 'appuie
partout. J 'entraîne au maximum.

Vous êtes très admiratif d 'être là.

Plus qu 'admiratif, passionné.

C 'est une part d 'intimité énorme qu
'elle donne.

Et vous, comment vous arrivez à vous
situer ? Moi, quand je vois...

Qu 'elle fait un film, qu 'elle s
'épanouit, je trouve ça magnifique, c

beau.

Il y a deux choses, il y a l 'amour et
le sexe.

Le sexe, c 'est un moyen de se faire du
bien, ça peut être aussi un sport, parce

que le kamasutra est un sport.

Et il y a l 'amour. L 'amour, c 'est
dans la tête. On peut adorer une

on peut aimer une personne, sans jamais,
jamais avoir de sexe avec elle.

Pourquoi ça se passe dans la tête ? Le
sexe, c 'est juste un moyen d

'expression, un moyen de se faire du
bien, c 'est des envies, c 'est tout.

le vrai amour, c 'est dans l 'esprit que
ça se passe.

J 'ai commencé à m 'amuser. J 'ai
commencé les exhibitions, les jeux

la barre, tout ça.

Après, ils sont venus les films X.

J 'ai eu l 'opportunité, j 'ai hésité.

Après, je me suis dit oui. La première
fois que j 'ai fait une scène X, c

vraiment super.

La dernière scène que j 'ai faite, c
'était encore plus super.

Pour moi, c 'est formidable.

Pour moi, la caméra, c 'est un plus, en
fait.

C 'est justement pour ça que j 'avais
envie de faire des films, parce que,

justement, je voulais un élément en
plus, toujours ajouter des éléments pour

pouvoir ajouter plus de plaisir, mais
surtout de sensation. Ce n 'est pas du

plaisir au sens du corps, des émotions
du corps.

La caméra, c 'est un jeu.

Si vous fermiez les yeux et si on
pouvait rêver, ça serait quoi votre rêve

Pour moi, c 'est ce que je fais
actuellement, c 'est mon rêve.

C 'est de m 'envoler, de faire ce que je
veux, la liberté.

Et c 'est ça pour moi, la liberté.

Je crois que ces filles, au début, elles
sont contentes parce qu 'elles ont l

'impression de...

de faire un métier formidable.

Mais je pense en effet que très vite,
elles sont atteintes, obligatoirement,

toute façon, puisqu 'elles sont
considérées uniquement pour leur sexe,

corps, et pas du tout pour ce qu 'elles
sont.

Tes lèvres glissent sur ma peau.

Mes lèvres glissent sur ta peau.

Tu me caresses, tu me renverses. Ta
bouche me touche, tes doigts se noient.

ma substance, grâce à laquelle tu
avances.

Je t 'embrasse, je t 'enlace.

Mais mon dilemme est que je t 'aime.

Je suis une personne en manque d 'amour,
peut -être un petit peu plus que

quiconque, car je fais partie des gens
qui sont sensibles.

Quand j 'aime, j 'aime.

Et j 'ai aimé, la personne m 'a trahi.
Donc aujourd 'hui, j 'ai décidé de vivre

au salut.

Vous avez quel âge ? J 'ai 21 ans.

Vous vous appelez comment ? Je m
'appelle Gaëlle, de mon vrai prénom. Je

'appelle Carla, de mon pseudo.

Pourquoi avoir changé de prénom ? Parce
que déjà, dans notre métier, on nous le

demande. C 'est une obligation.

On a besoin de faire la part des choses
entre le personnage que l 'on doit être

devant les gens et on a besoin de faire
la part des choses entre le personnage

que l 'on peut être soi -même. On va
dire que le pseudonyme est la face

de ce qu 'éventuellement le nous -même
ne veut pas faire ressortir.

Je viens d 'un milieu aisé.

Après, mes parents se sont séparés. C
'est une déchirure parce que vous avez

deux familles qui se recomposent et que
moi je me suis sentie délaissée.

Et puis après, j 'ai été à l 'école
jusqu 'en seconde.

Mais j 'étais une enfant, je pense, trop
rebelle pour aller à l 'école.

Et j 'ai commencé à aller travailler. J
'ai fait ma première saison comme

serveuse. J 'avais 17 ans. Et après, j
'ai fait un CAP, BEP, donc de

restauration. Et j 'ai passé une mention
de donologie en six mois.

Comment vous êtes arrivée à faire du
porno ? Sur internet, il y avait comment

devenir la nouvelle Clara Morgan.

Donc j 'ai tapé, puis j 'ai rencontré
Marc Dorcel.

On s 'est immédiatement plu, on va dire
que le courant est passé.

Et puis après, j 'ai fait un premier
film avec eux.

J 'ai fait la rencontre de la personne
avec qui je faisais les tournées qui s

'appelle Philolide.

Il est venu, il a discuté un petit peu
avec moi parce que l 'équipe avait bien

senti quand même que j 'étais assez
oppressée. On a d 'abord fait des photos

habillées, puis après au fur et à mesure
je me suis dénudée, je me suis entendue

dire... que j 'étais belle, que j 'étais
ci, j 'étais là. Donc, les choses qui

vous mettent en confiance.

Et l 'expérience a été sympa, puisqu
'après, lors de la soirée, on se

tous autour d 'un repas. Puis hop, on
occulte complètement ce qui s 'est passé

'après -midi.

Hop, il y a quelque chose de bien
spécial qui s 'est créé en nous.

Ce n 'est pas de l 'amour, ce n 'est pas
de l 'amitié.

C 'est un sentiment bien particulier que
seules les personnes du milieu du

X peuvent ressentir entre nous.

on partage quelque chose d
'exceptionnel, on partage quelque chose

d 'autre ne vit.

Je fais uniquement des films à
connotation prestige.

Je veux me respecter moi -même.

Je veux rester dans les choses que j
'aime faire.

Je suis une des rares filles en France à
ne pas pratiquer l 'anal, à ne pas

pratiquer la double pénétration, à ne
pas pratiquer l 'ESM, à ne pas

pratiquer... En fait, en gros, je ne
pratique rien.

Comment ça va, les amis ? Très très
bien.

Très très bien.

Laquelle ça pourrait être la dixième
scène de la journée ?

Vous avez éprouvé du plaisir en tournant
cette scène ? En professionnel, film

professionnel, tournage professionnel,
je vous mets au défi de me trouver une

fille qui vous dit qu 'elle a pris du
plaisir faire un tournage. C 'est

absolument faux, c 'est absolument
impossible.

On commence à tourner, 10 minutes, après
il y a des changements de position, il

y a des changements d 'éclairage, il y a
le photographe qui vient, qui prend le

shoot, on est...

déranger à peu près toutes les 5
minutes. Donc c 'est impossible qu 'une

personne puisse prendre du plaisir sur
un tournage. Ça ne serait qu 'un

mensonge, qu 'un vulgaire mensonge.

Je ne fais plus de films X et je me sens
bien comme ça. J 'estime que j 'ai fait

ce que j 'avais à faire.

Si j 'avais continué, ça aurait été pour
faire toujours la même chose. Ce n

'était pas du tout intéressant.

Le X, c 'est quelque chose de très
dangereux.

Moi, j 'ai pris ce recul et je m 'en
suis rendue compte quand j 'ai fait

activité -là.

Bêtement, quand j 'étais à X, je ne m
'en rendais pas compte ou je ne voulais

pas m 'en rendre compte parce que c
'était peut -être flippant. Mais il y a

plein de risques à tout moment.

Il y a plein de choses qu 'il ne faut
pas faire. Et en même temps, on ne peut

pas le comprendre quand on est dedans.

Le siège pour moi majeur, c 'est le fait
de travailler avec son corps pour de l

'argent et de ne pas avoir de vrai
rythme de travail. C 'est -à -dire que

fais moi -même mon emploi du temps, je
me lève à l 'heure que je veux et je n

'ai personne au -dessus de moi qui me
dit quoi faire.

Donc si on s 'habitue à gagner son
argent juste en faisant une scène porno

'on prend ce rythme longtemps et à
répétition, on va gagner beaucoup d

Ce qu 'on remarque la plupart du temps,
c 'est qu 'une fille ramasse beaucoup d

'argent, arrête parce qu 'elle en a
marre et que c 'est épuisant, veut

de cet argent -là, et puis au bout d 'un
moment, on n 'a plus d 'argent.

Et souvent, elle revient dans le porno
et recommence.

Mais elle est beaucoup moins bien
considérée et elle ne fait pas forcément

bonnes choses. Ça s 'est déjà vu. Ma
première journée m 'a fait gagner 1500

francs.

C 'est vrai que comme ça, avec le recul,
je me dis que c 'est rien, mais à l

'époque, c 'était beaucoup.

J 'avais trois billets de 500 francs, c
'était... Le monde est merveilleux, je

suis riche.

Un jour on se réveille et on regrette un
peu ce qu 'on a fait, les choses pour

lesquelles on n 'aurait pas dû dire oui
et qu 'on a accepté parce qu 'on a pris

l 'habitude de vivre comme ça, de
tourner n 'importe comment, de gagner de

'argent, de gagner de l 'argent. Après
on prend de la drogue, on boit.

Mais quand je dis on prend de la drogue,
on boit. Il faut savoir aussi que ce n

'est pas le porno qui nous met là
-dedans. On choisit de le faire.

Pourquoi ? Parce qu 'on tourne des films
X, donc on prend du

sexe. À un moment donné, on réfléchit,
on dit ce que je vends, c 'est mal.

Donc on se met à boire.

Après, on se dit, tiens, les gens
prennent de la drogue, pourquoi pas moi

genre de drogue ? Cocaine, surtout.

En tout cas, c 'est ce que j 'ai pris,
moi.

Après, les autres, je ne sais pas.

Mais...

C 'est personne dans le X qui m 'a
emmenée à la cocaïne. C 'est moi qui

allée la chercher, par contre.

Ça n 'a rien à voir avec le milieu.

C 'est une cause à effet qui n 'a pas
vraiment de rapport avec le milieu en

-même. Et qui vous aide à accepter ? Pas
accepter. Enfin, je ne sais pas. En

tout cas, moi, quand j 'ai pris de la
cocaïne, j 'avais déjà arrêté le X.

C 'est parce qu 'après, je ne trouvais
plus ma place nulle part. Je ne pensais

qu 'à me suicider.

Et devenir caissière après avoir fait
des films X, c 'est impossible.

C 'est vraiment impossible.

Et je connais une personne qui a été
après envoyée jeune travailleur.

Aujourd 'hui, cette personne n 'est plus
là, mais elle en a souffert un temps qu

'on ne peut même pas imaginer parce qu
'elle était une grande mine de ce milieu

-là.

Il y avait une réflexion d 'une actrice
qui, malheureusement, n 'est plus là,

qui m 'avait dit au tout début, quand je
suis rentrée dans le monde du porno, tu

prends tes sous et tu te casses. Mais ça
fait bizarre quand on arrive parce qu

'on ne comprend pas trop, c 'est plutôt
fun.

Je crois que je n 'ai pas réellement
fait ça, mais je pense qu 'il y a

actrices qui devraient se protéger et
faire ça.

J 'ai plus compris maintenant le sens de
sa réflexion parce qu 'il ne faut pas

croire à tout ce qui est dit. Il faut
vraiment rester les pieds sur terre. Et

l 'époque où elle me l 'a dit et qu
'elle avait un projet de film

je pense qu 'elle savait de quoi elle
parlait. Comme maintenant, moi, je

pourrais le dire aussi à certaines.

Vous rêvez de faire du cinéma aussi ?
Oui, j 'aimerais bien.

C 'est un milieu aussi difficile, mais c
'est vrai que ça m 'intéresserait

beaucoup. J 'aime ça et j 'aimerais bien
pouvoir avancer aussi dedans, dans ce

domaine -là.

Et vous pensez que ça peut être un
tremplin pour y arriver ? Je pense que

peut m 'aider à rencontrer du monde et
ça peut m 'être défavorable parce que j

'aurais travaillé dans un milieu pour
lequel on a quand même une certaine

appréhension.

Donc j 'espère que ça peut être plus
favorable que défavorable.

Mais c 'est vrai que j 'aimerais, j
'aimerais vraiment.

J 'ai toujours eu conscience, et je n
'ai jamais fait ce métier pour ça, j 'ai

toujours eu conscience que ça me
fermerait des portes puisque ça m

niveau du cinéma traditionnel. C 'est
pour ça que je n 'ai jamais rien attendu

du cinéma traditionnel. C 'est pour ça
que je ne tente pas d 'aller prendre des

cours au cours Florent

Je sais que, de toute façon, on partira
toujours du principe que, voilà, si je

me suis mise nue devant la caméra une
fois, on me demandera toujours de m

nue pour chaque film.

De toute façon.

Le X, c 'est quelque chose, quand même,
qui vous colle à la peau ? Moi, non.

Plus maintenant.

Mais quand j 'ai arrêté, oui.

Parce que j 'ai fait la bêtise d 'aller,
de marcher dans leur star system à eux,

d 'aller à Cannes, de passer dans les
journaux comme des vidéos.

On m 'a nominée, on m 'a starifiée au
moment où j 'avais arrêté.

Je suis passée à Canal +, tout le monde
m 'a vue, les gens de l 'école, la

famille, la cité.

Ça ne cause pas de problème.

Pour moi, le porno, il ne devrait même
pas y avoir de starification de ce

-là. C 'est des prostituées.

Cette image, elle peut être aussi à la
limite d 'une prostituée de luxe. Bien

sûr, ça ne me dérange pas.

De donner cette impression ? Non, pas du
tout.

On est des travailleuses du sexe,
maintenant, ça n 'a rien à voir.

Vraiment, vraiment rien à voir.

On choisit notre partenaire.

Pas toujours, quand même. Quand même,
si.

Moi,

oui, en tout cas.

Et ce n 'est pas lui qui me donne de l
'argent.

Moi,

j 'ai arrêté depuis deux ans. Dans la
tête des gens, je suis toujours une

C 'est ça. C 'est une image qui est dure
à porter parce que ça décrédibilise vis

-à -vis des autres activités.

C 'est -à -dire à partir du moment où on
a d 'autres activités que finalement

écarter les jambes, on est
décrédibilisé. Quand j 'ai écrit mon

y a plusieurs années, les gens n
'avaient même pas lu qu 'il disait d

que c 'était nul.

Parce que finalement une fille qui
écarte ses jambes, elle doit rester à sa

place, c 'est -à -dire sur un lit à
écarter ses jambes.

Je crois que la seule pour le moment qui
n 'est plus considérée comme une

actrice X, c 'est Brigitte Laé après 25
ans.

Mais combien d 'années a -t -elle dû
attendre ?

pour essayer de se libérer un petit peu
de son image.

Combien d 'années ? Bonjour à tous, nous
sommes ensemble jusqu 'à 16h.

Quelle est la norme en ce qui concerne
la fréquence sexuelle ? Si on s 'en

aux moyennes, c 'est environ 2 à 3 fois
par semaine. Mais vous savez, les

moyennes, ça ne veut pas dire grand
-chose.

L 'essentiel, je pense, c 'est que
chacun des deux partenaires soit

Et c 'est bien là tout le problème.
Comment trouver la bonne fréquence dans

couple ? C 'est notre thème aujourd
'hui. Bonjour Mathieu, vous avez 23 ans.

Oui, tout à fait. Aujourd 'hui, j 'anime
une émission de radio qui parle de

sexualité et pas de sexe. C 'est
important de faire la différence.

J 'écris des livres, je collabore à des
magazines.

J 'ai énormément de projets. Je refuse
beaucoup de choses parce que, justement,

je veux rester libre.

Le porno, ça a été...

Pour moi, ça a été un moyen de prouver à
la société, même pas à moi -même,

qu 'une femme pouvait faire l 'amour
librement. Je ne trouve pas qu 'on

dire que ça libère. Je pense que ça
emprisonne, ça emprisonne beaucoup et

après il faut faire un vrai travail. Je
crois que c 'est vrai, c 'est tout ce

que j 'ai fait après pour comprendre
pourquoi justement on me...

On me jugeait autant.

C 'est ça qui m 'a libérée du regard de
l 'autre.

Tout le

monde

n 'est pas amené à faire ce que j 'ai
fait.

Il faut avoir un caractère et une trompe
particulière.

Il faut avoir certaines blessures que
tous les gens de mon milieu ont. Vous

discutez avec tous les gens du milieu du
X qui ont des blessures profondes, que

ce soit de type familial ou alors après,
c 'est des enchaînements qui se

suivent, comme moi, ça a été familial.
Et puis après, ça a été avec la personne

avec qui j 'avais décidé de donner mon
amour. Mais on a tous ce point commun.

est tous des gens particulièrement
faibles et particulièrement pauvres en

Quand vous dites « je suis née morte »,
ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu 'on

m 'a tuée dans l 'œuf. Je suis arrivée
au monde et les gens m 'ont empêchée de

vivre.

Moi, je suis quand même une enfant qui a
été relativement bien battue.

J 'ai subi toutes les violences du
monde, qu 'elles soient psychologiques,

physiques, sexuelles, je ne sais pas.

Je n 'ai jamais eu de lueur d 'espoir
jusqu 'à ce que j 'arrive à m 'en sortir

par mes propres moyens.

Même si j 'ai fait du X et j 'étais
totalement libre, entre guillemets, j

libre dans ma vie, je suis libre depuis
janvier. Je me sens devenir quelqu 'un

depuis janvier, là, cette année 2005.

Je commence aujourd 'hui à réapprendre à
être quelqu 'un.

Vous pleurez facilement ? Je pleure
facilement tous les jours, mais jamais

devant quelqu 'un.

Enfin, j 'essaye en tout cas. Ça m
'arrive très rarement. Vous pleurez pour

? Je ne sais pas, ça vient tout seul.

Sur vous ? Non, je pleure plus sur ce
que j 'ai perdu.

Et je ne le retrouverai jamais.

Pourquoi ? Mon chien, par exemple.

Mon ami qui décédait il n 'y a pas
longtemps.

La personne que j 'aurais voulu être
aussi.