All language subtitles for 1998.La vie r├¬v├®e des anges (fr)

Personne.

Bonjour. Excusez-moi.
Je cherche Alain Bagnon

Il n'habite plus ici.
Il est parti.

Mais son camion est dehors.

Il ne marche plus. Il l'a abandonné.
Et il est parti en Belgique.

En Belgique ? Vous ne savez pas où ?

Non. Il est parti sur les chantiers.
Ça bouge tout le temps.

Il ne vous a pas laissé une adresse
ou les clefs de la maison ?

Il est parti depuis un mois.
Pourquoi ? Vous êtes qui ?

Je suis une amie.

Je peux pas vous dire plus.

Bon ben tant pis. Au revoir.

C'est quelle langue ?

Yougoslave.

Moi je m'occupe des étrangers.

On confectionne des petites
cartes et ça permet d'avoir de l'argent...

...pour s'occuper des étrangers
qui arrivent en France.

Elles sont jolies. Vous pourrez
les donner à vos enfants. Vous en avez ?

Oui, une fille.

Une fille comme toi, mêmes cheveux.

Elle est partie aux États-Unis.
Elle travaille à Boston.

Dix ans pas voir ma fille !

Elle travaille pour les États-Unis.

C'est bien. Quel travail ?

Coudre vêtements pour Américains.

Vêtements pour armée américaine.
Uniformes.

- Pour la police ?
- Pour la police aussi. Tout uniformes.

C'est pas très rigolo.

- Tu as quel âge ?
- 21, pourquoi ?

- Tu viens d'où ?
- D'un petit trou. Pas de Boston !

Mais ça va, je bouge, je voyage.

Tu m'achètes une carte ?

Écoute, t'as pas de travail ?

- Non... Enfin ouais.
- Je vais te trouver du vrai travail.

Si tu aimes travailler,
je vais te trouver un vrai travail.

Prends l'adresse.
Viens demain à 8 h.

C'est quoi comme travail ?

Tu sais coudre à la machine ?

- La couture sur les machines.
- Oui. Un bon travail pour toi.

Voilà l'adresse.
Viens demain à 8 h.

C'est pour coudre
sur des machines à coudre ?

Des machines à coudre.
Tu sais coudre ?

Bien, viens à 8 h demain
et on va essayer.

Vous voulez pas m'acheter une carte ?
Pas de sous ?

- J'ai zéro.
- Tant pis.

Madame, vous voulez pas m'acheter une carte ?
C'est pour les personnes âgées.

C'est pour les petits enfants,
vous faites une bonnes action. Tenez !

Celle-là, elle est belle.

Merde !

Tiens-toi droite.
Doucement. Regarde ce que tu fais !

- Là, c'est raté.
- Ben oui, c'est raté !

C'est à l'envers. Voilà.

Tiens-toi droite.

- Tu sais coudre ?
- Les machines vont un peu vite.

Remonte. Tout droit. Doucement.
Tout droit contre la plaque.

- Je m'habituerai.
- Tire pas sur le tissu. Vas-y.

Voilà. Coupe le fil. Net, d'un coup.

Fais attention.

Merde !

Putain !

- Faut amener son manger ?
- T'as pas prévu ?

Tu vas nous regarder manger ?
On peut s'arranger ?

Prends une assiette.

Prends une grande.

- Je peux m'asseoir là ?
- Oui, bien sûr.

Du jambon et du riz.
Moi je mange froid.

Quand je mange chaud,
j'ai des vapeurs au travail.

- Bon appétit.
- Toi aussi.

Tu fais ton petit tour ?

Salut.
Continue, ça me dérange pas.

- C'est les toilettes ?
- Non, celles-là ne marchent pas.

Celles qui marchent,
c'est de l'autre côté.

Le boulot reprend à quelle heure ici ?

À 1 h. T'entends les machines
qui se remettent en route.

C'est des supers machines !

J'ai bluffé. J'ai dit que
je savais m'en servir, mais là...

Tu fais combien de pièces par jour ?

- Mille.
- Mille ? Putain !

Ça fait longtemps
que t'es couturière ?

- 2 semaines.
- T'avais jamais cousu avant ?

Non, je ne suis pas couturière.
Je fais ça comme ça, pour l'instant.

T'apprends vite !
Je sais pas si je vais y arriver.

Ça va, c'est des machines
à coudre, pas des ordinateurs.

Je peux tirer une taffe ?

Avant, tu faisais quoi ?

- Je bossais.
- Dans quoi, la couture déjà ?

Ouais, chez Chanel.

Non, serveuse aux Ducs.

- C'est quoi, Les Ducs ?
- Le grand hôtel dans le centre.

Ça te plaisait pas d'être serveuse ?

Le patron m'a vite gonflée.

Il nous traitait comme de la merde,
tout ça parce que c'était le patron d'un...

Je lui a envoyé un pain dans
la gueule. Il ne l'a pas vu venir.

Il pissait le sang.
Il est pas près de m'oublier.

Qu'est-ce qu'il t'avait fait ?

Le lendemain, je suis revenue
et je lui ai rayé sa caisse.

Il était vert.
Non seulement avec la gueule recousue,

mais en plus avec la caisse toute rayée !

Ici non plus, je ne veux pas traîner.
Juste le temps de me faire un peu de fric.

Je crois que je ne vais pas
traîner ici non plus.

On doit y aller.

- Salut.
- À demain !

Monsieur, je peux avoir une avance ?

Non. Pas argent maintenant.
Semaine prochaine.

- Mais demain...
- Pas assez travaillé pour argent.

- Mais je vais en faire plein...
- Semaine prochine.

Dis, tu connais un truc pas cher ?
Faudrait que je trouve une piaule.

Je sais pas.
J'habite pas le coin.

Je me suis déjà pelé
le cul toute la nuit hier.

C'est pas possible
d'aller chez toi ce soir ?

Je comptais sur un pote pour m'héberger,

mais il n'est pas là.
Je connais personne d'autre à Lille.

- Ben, si t'as rien.
- D'accord, sympa.

C'est vachement bien !

Cool !

Ça a l'air grand.
Tu me fais visiter ?

T'as qu'à t'installer
sur le canapé, si tu veux.

Ouais, c'est cool.

Je vais dormir là.
La télé est marrante.

Ça n'en finit plus, cet appart !

C'est super.
T'habites toute seule ici ?

- Ouais.
- Dis donc !

- Que prépares-tu ? Je peux t'aider ?
- Non, t'as faim ?

Sers-toi dans le frigo.

Après, je sors. Je supporte pas
de rester enfermée le soir.

J'ai dit n'avoir jamais touché
une machine, mais c'est pas vrai.

J'ai fait un apprentissage quand
j'avais 16 ans, mais je ne suis pas restée.

Je m'en doutais !

Et l'appart n'est pas à moi.
Il appartient à une mère et sa fille.

Elles sont à l'hosto.
Je garde l'appart gratos.

- Qu'est-ce qu'elles ont ?
- Un accident de caisse.

- T'as toujours été à Lille ?
- Je suis née en banlieue.

T'as jamais bougé ?

Faut pas rester là. Je me fais un peu
de fric et après je me casse.

Ici c'est gris et ça caille.
C'est moche.

- Des billets pour un concert moitié prix ?
- Où ça ?

Au Plaza.
80 francs la place, 160 les 2.

Moitié prix, mon cul !
De toute façon, on n'a pas de fric.

Combien t'as ?
100 balles les 2 !

Je t'ai dit qu'on n'a pas
de fric, alors t'arrêtes !

C'est où, le Plaza ? C'est loin ?

- On y va, on essaie de rentrer.
- Comment veux-tu qu'on rentre ?

On tente le coup.
On revient si c'est pas loin.

On voudrait rentrer, on n'a pas de thunes.
Vous pouvez nous laisser passer ?

- Cocotte, l'argent, ça se gagne.
- Je sais, mais c'est à moitié commencé.

Vous nous laissez rentrer, vous êtes cools.
Je pousse la barrière ?

Laisse ça en place.
Remets cette barrière où elle était.

- C'est clair ?
- Je t'ai demandé la permission.

Tu crois que je vais me battre avec toi ?

Fredo, c'est pour toi.

T'as pas d'argent et tu veux rentrer ?

Je vais te dire pourquoi c'est pas possible.

Les gens qui jouent de la musique,
ils ont beaucoup bossé.

Ils viennent de loin,
il faut les payer.

- Ouais, mais on voudrait les voir.
- Les gens qui louent la salle, c'est pareil.

- C'est pas gratuit, tout ça.
- C'est toi qui les paye ?

Non, c'est pas moi.
Y a les techniciens aussi.

2 petites nanas,
qui va le voir dans la foule ?

Moi, déjà. Et tu me coupes la parole.

Mais non, on discute.

- Qu'est-ce que t'as, toi ?
- Dis oui ou merde.

Ça te coûte quoi, toi ? Rien !
T'es pas le patron.

La petite brune, tu peux rentrer.
L'autre, tu rentres pas.

- C'est clair ?
- Je vais faire quoi toute seule là-dedans ?

- Je rentre pas sans elle, c'est bon.
- Gros cons, va !

- Qu'est-ce que t'as dit ?
- Viens, on se casse.

Tu veux te battre, le gros ?

Marie, réveille-toi.
On est à la bourre. Faut y aller.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

- T'en as fait combien comme ça ?
- Plein.

Comment ? Mais t'as vu ce que t'as fait ?

T'en as fait combien ? Regarde !

- Du sale boulot !
- Elle est folle ?

On n'a pas besoin de toi ici.
Dégage ! Tu sais pas travailler.

Explique-moi ce qui ne va pas !

- Je comprends rien.
- Va-t-en !

- Arrêtez !
- Prends ton manteau et va-t-en !

- Assez !
- Les manches sont cousues à l'envers.

Oh là là, tout est à l'envers !

Vous prenez la machine
pour pas beaucoup travail.

Beaucoup d'autres femmes attendre.

- Plus prendre machine.
- OK, c'est bon.

- Partir. Vous perdre l'argent.
- Rien à foutre de ce travail !

Ouais, ben j'y retourne pas !

C'est un boulot. Faut y aller.

T'as vu comment ils nous traitent ?
"Ferme ta gueule et couds !"

Tu peux rester à la maison.
On n'est pas à la rue, ça va.

T'as de l'argent de côté ?

Quand j'ai pas de fric,
je vends des cartes. Regarde.

Je les fabrique. Je les vends
10 ou 20 balles, ça dépend.

- T'arrêtes les gens dans la rue ?
- Ouais, tu leur racontes un bobard.

- Je t'en file. Tu essayes.
- Ça va, je fais pas la mendiante.

- C'est humiliant.
- Pouquoi ?

- Et quand les gens te jettent ?
- Tu vas voir ailleurs.

Regarde, Fredo. Les princesses
de la resquille d'hier soir.

- On vous a pas dit de vous asseoir !
- Il y avait de la place.

Puisque je vous ai sous la main,
laquelle m'a traité de gros hier soir ?

- Gros ?
- Ouais, j'ai bien entendu.

- Je sais pas.
- C'était pas vous ?

- Salut, Fredo.
- Salut, Luis.

Et pour Manu ?

Tu me lâches avec Manu.
On ne veut plus en entendre parler !

Vous avez des projets ce soir ?

Sur vos concerts, on pourrait pas travailler ?
Ça nous intéresserait.

T'entends ça ?
Tu te vois faire quoi sur les concerts ?

Je sais pas, s'occuper des chanteurs...

- Les filles font quoi sur les concerts ?
- Il n'y en a pas.

C'est facile, tout ce qui est rouge se boit.
Tout ce qui roule va au fond du camion,

et tout ce qui bouge, ça se tire !

Il faut savoir où
vous foutez les pieds, les filles !

- T'as jamais été dans la merde ?
- Moi ?

Tu t'es fait tirer par ton copain
pour travailler sur les concerts ?

T'as de la chance d'être une gonzesse.

Parle-pas comme ça à Fredo,
il va t'en foutre une.

- Et lui, il ne parle pas à Marie sur ce ton.
- C'est elle qui comprend tout de travers !

J'ai jamais dit que je voulais te tirer, moi !

T'es qui, d'ailleurs ? T'es qu'un videur.
C'est pas toi qui va nous donner du boulot.

Démerdez-vous et
rendez-vous dans 15 piges.

- On t'a pas attendu pour vivre.
- Ne vous pointez plus dans les concerts.

Vous êtes rayées, finies.

T'es le maître du monde ?
Tu contrôles tout ?

Vous êtes à notre table.
Vous vous cassez, merde !

Ne t'énerve pas, Fredo.
Reste calme.

Tu vas te friter avec Fredo ?
Tu vas continuer à m'insulter ?

Je t'insulte pas, on discute.

Ça fait 15 minutes qu'on fait les cons
et on s'est même pas présentés.

- Charlie.
- Marie.

- Charlie.
- Isa.

- Fredo.
- Fredo, il a dit.

- Je peux rentrer ?
- Ouais.

- J'ai fait un petit déj.
- Cool.

Je le mets là ?

- Il est quelle heure ?
- Midi.

Putain ! T'as pas mangé ?

- Non.
- Installe-toi.

- Je fais un peu de lumière ?
- Ouais.

Ça faisait une semaine que je bossais.
J'avais pas l'air de le brancher trop.

Un jour, il s'y attendait pas.
Je lui ai sauté dessus.

Il faisait la sieste, et bam !

C'était dans une maison
que je retapais dans le Sud.

Il vivait là avec sa mère.
Cette femme était bien, elle était peintre.

C'était bien, ce qu'elle faisait.

À la fin,
je vivais presque chez eux.

Et puis on a fini le chantier.

Les derniers jours, je savais pas
si je devais lui parler ou pas.

S'il avait envie que je reste
ou que l'histoire se termine.

On n'avait jamais parlé de nos sentiments.
C'était pas évident.

Le dernier jour, on a rangé
nos affaires avec le maçon.

Je savais pas quoi faire.
Ce con ne disait toujours rien.

Alors, je lui ai dit au revoir
comme à tout le monde.

Et j'ai marché jusqu'au camion.

À chaque pas, j'espérais trop
qu'il allait me retenir.

Il m'a laissée grimper
dans le camion, et puis voilà.

Après, j'ai regretté.
J'aurais dû lui parler.

- C'était pas à toi de le faire.
- Tu ne l'aurais pas fait ?

- Tu vois le résultat, c'est nul.
- C'est pas de ta faute.

S'il avait voulu te retenir,
c'est clair qu'il l'aurait fait.

Peut-être qu'il avait peur
que je l'envahisse, que je squatte.

Si j'avais eu une piaule dans le coin à moi,
ça se serait peut-être passé autrement avec lui.

Il a couché avec toi parce que t'étais là.
Si c'était une autre, ç'aurait été pareil.

Mais peut-être que c'était lui
qui attendait que je me retourne à chaque pas.

Tu te fais du mal pour rien.
Tu rêves beaucoup.

- T'as un mec ?
- Non.

- Le videur ne te plaît pas ?
- Ça va pas ?

T'étais dans son pieu.
Je pensais pas que t'allais baiser avec lui.

J'ai pas baisé avec lui.

On a picolé et tout.
Tu t'es endormie.

- Tu te ferais pas Frédo ? Tu lui plais vachement.
- Oh ben merci !

J'aime pas ce mec.
Il me fait flipper. Il est bizarre.

Charlie m'a dit qu'ils ne font pas
que faire des concerts.

Ils sont aussi videurs
dans une boîte, le Blue.

Il m'a filé son téléphone
mais je ne l'appellerai pas.

Je ne m'attache pas aux mecs.
Ils me gavent vite.

- Tu réponds pas ?
- Non. De toute façon, c'est pour elles.

- T'as été les voir à l'hôpital ?
- Je ne les connais pas.

C'est par ma tante que j'ai eu l'appart.
Ça servirait à rien. Elles sont dans le coma.

- Toutes les 2 ?
- Ouais, je crois.

Tu t'es installée dans la chambre ?
Pousse les affaires et mets les tiennes.

C'est pas embêtant si elles reviennent
et que je suis là ?

On verra bien.

On dira que je suis ta cousine de Bretagne
qui passait par là. Tu m'as dépannée.

Tu fais n'importe quoi, putain !

C'est pas une crêpe...

La classe !

On dirait de l'escrime.

Plus haut, vas-y.
Entraîne-toi, juste pour voir.

Ça te plaît ?

C'est la femme peintre qui me les a données
quand je suis partie.

Je ne m'y attendais pas.

Je t'en donne un.

- Ça va pas ? C'est un cadeau qu'on t'a fait.
- Vas-y, ça me fait plaisir.

Lequel tu préfères ? Je te le donne.

- Celui-là.
- Je te le donne.

Merci.

On va en trouver un avec une voiture.
On va faire un grand tour.

En tous cas, on va boire un coup.

Alors...

- Alors, un mec pour toi...
- Il est trop vieux.

Marie, arrête.

Il est super sexy.

- Là, y en a un ?
- Il est trop beau !

Bonjour, il faut que je vous parle.

J'ai un message à vous transmettre
de la part de ma copine, Marie.

Elle vous suit depuis plusieurs mois déjà.
Elle est très timide. Elle ose pas vous parler.

Mais elle connaît tout de vous.
Vous êtes très bien, vous avez beaucoup d'argent.

Mais elle est timide. Elle vient d'une couche
sociale bien moins élevée que la vôtre.

Du coup, elle voudrait savoir
si c'est important, le détail de la couche.

- Ou si l'amour compte avant tout ?
- Désolé, mais j'ai pas le temps.

Elle s'appelle Marie. C'est très joli.
Comme dans les contes de fée !

Regarde comment il marche !

On le suit !
Allez, cours !

Attends, attends !

Ouvre la vitre !

On cherche un chauffeur pour l'aprèm.

- Tu m'excuses, c'est mon jour de congé.
- Juste un petit tour. On n'a pas de voiture.

- Je viens juste de nettoyer ma bagnole.
- T'as quel âge ?

T'as le permis ?

- Salut, Charlie. Salut, Frédo
- Salut, les filles.

- On est dehors ce soir ?
- On vous a foutu à la porte ?

- Ça caille pas trop ?
- On est habitués.

- Et du boulot, vous en avez trouvé ?
- On est sur 2-3 coups.

Si vous cherchez du boulot,
y a le Hollywood-Boulevard qui ouvre.

- De quoi ?
- Le Hollywood-Boulevard.

Tu connais le Wollywood ?

C'est une boîte-restaurant dans les Halles.
Au centre commercial, vous connaissez ?

Et on va être prises comme serveuses ?

Et alors, c'est pas bien ?

- Attention.
- Pousse-toi, laisse-nous travailler.

- Agnés, t'as pris mon sac ?
- Allez-y.

- Vous êtes combien ?
- Six.

Ah ouais, d'accord.

- Vous faites le tri, bonnes ou mauvaises graines.
- C'est ça.

- Vous nous laissez entrer ?
- C'est combien de rentrer là-dedans ?

Si on vous laisse rentrer,
on va se retrouver tout seuls dehors.

Franchement, si tu me connais pas,
tu me laisses rentrer ?

Sapée comme ça, non.
Ta copine n'a qu'à se laisser pousser les cheveux.

Toi, t'arranges les tiens.
Vous vous maquillez, t'enfiles une petite robe.

Essayez de ressembler à des nanas, c'est tout.

C'est quoi, ton métier ?
Tu juges d'après la gueule des gens ?

Les filles, ne nous refaites pas le coup.
Si vous voulez rentrer, rentrez !

Dans cette boîte de bourges ?
J'y foutrai pas les pieds, mon gars.

Tiens, le taulier arrive.

Merde, c'est le mec
à qui j'ai pété le phare.

Salut, Frédo. Salut, Charlie.
Ça se passe bien ?

Oui. À tout à l'heure.

- C'est lui, le patron ?
- Ouais.

- Y en a pour qui ça va vite.
- Il est jeune.

Qu'est-ce qu'il a fait pour être patron ?

Lui, ça a été facile.
Il est né dedans.

Tu vois la grande brasserie là-bas ?
C'est son père qui a ça.

Dis donc, on est libres jeudi.
On pourrait pas se voir ?

- On sait pas ce qu'on fait jeudi.
- D'accord, vous savez pas.

- On vous appelle.
- Ouais, c'est ça. Comme l'autre fois.

- Salut les gars, bonne nuit.
- C'est ça, bonne nuit.

Et marchez dans la lumière.

- Marie est là ?
- Oui.

- Je suis sa maman.
- Bonjour.

Entrez.

Je vais la chercher.

Marie, ta maman est là.

- Que fais-tu là ?
- Je passais à Lille.

J'ai appelé ce matin mais ça répondait pas.
Bonjour quand même.

Je voulais voir comment t'étais installée.

Tu vois, c'est un appart.
C'est bien.

On descend au troquet en face ?
On va boire un coup.

Attends.

Isa, je vais boire un coup
avec ma mère, puis je reviens.

Je suis venue toute seule parce qu'en
ce moment, il a du mal à se déplacer.

C'est ça, allez.

- On peut manger ensemble ?
- D'accord.

- Bonjour !
- Je viens voir Sandrine Val.

- Elle est dans quel service ?
- Je sais pas. Elle est dans le coma.

Donc en neurologie.
Dans le service du Pr De Lacour.

Prenez l'ascenseur, 2e étage, allée B.
Là, vous demandez au bureau des infirmières.

Elle n'est pas consciente.
Elle ne communique plus.

Elle ne parle pas, ne bouge pas.
Elle ne pourra pas vous répondre.

On est très attentifs à tout
ce qui peut être un signe d'éveil et de mieux.

Vous allez passer du temps avec elle.
Si le son de votre voix...

...ou autres déclenchait un de ces signes...

...n'hésitez pas à venir me voir,
ou à venir voir les infirmières.

C'est très important.

Sa mère est morte
quelques jours après l'accident.

- Docteur, s'il vous plaît.
- Excusez-moi, je reviens.

Bonjour, Sandrine.
T'as bien mangé aujourd'hui.

C'est bien. À croire que
les visites, ça creuse.

Attends, je vais t'arranger. Voilà.

Tu vas attraper froid comme ça.
Elle a les bouts des doigts gelés.

Elle fait un peu de température.

- Vous êtes de la famille ?
- Non.

- Une de ses amies ?
- Oui.

Tu sais ce que je viens de faire ?
Filer mille balles à ma mère.

Je suis à bout de fric
et c'est encore à moi de lui donner de l'argent.

Tout ça parce qu'elle est avec un con !

- C'est ton père ?
- Ouais.

Elle aimerait que j'aille le revoir.
Elle dit qu'il a envie maintenant.

- Ça fait longtemps ?
- 4 ans, depuis que je suis partie.

Elle a l'air gentille, ta mère.

Non, c'est une victime.
C'est pas pareil.

T'as vu comment elle regarde les gens ?
Toujours le regard qui fuit.

Toi, tu vois toujours tes vieux ?

Ma mère, ouais. Je vais la voir
ou je lui écris des lettres. Je l'aime bien.

- Elle fait quoi ?
- Elle travaille dans une fabrique de chaussures.

- Et ton père ?
- Ils sont restés qu'un an ensemble.

Mon père a refait sa vie.
Il a des mômes et tout.

Un moment, j'ai été vivre avec eux,
mais j'ai préféré retourner chez ma mère.

T'as de la chance qu'ils se soient séparés.
Les miens sont restés ensemble.

Tu sais, en 4 ans,
ton père a peut-être changé.

Mon père est un fou furieux.
Ça change pas, ça.

Là, il est vraiment malade
donc ça l'a calmé.

Toi, t'as fait quoi de ta journée ?

J'ai été à l'hôpital voir Sandrine.

Sa mère est morte.
Elle est dans le coma, avec des brûlures.

Ils ne savent pas
combien de temps le coma peut durer.

Elle peut rester comme ça toute sa vie
et vieillir sur son lit.

- Je vais aller la voir de temps en temps.
- Qu'est-ce que tu fous là-bas ?

Elle n'a pas l'air d'avoir de visites.
Peut-être que ça lui fait du bien.

Putain, fait chier. Si la mère est morte,
ça veut dire qu'on va être virées.

Celles qui viennent d'arriver, remplissez
le questionnaire et agrafez votre photo.

Pensez bien à votre star préférée.

Lauren Bacall,
Marlene Dietrich, Greta Garbo...

Si vous avez déjà été serveuse,
vous indiquez où et la durée.

C'est malin, à 2 sur la photo !
Comme on fait pour savoir qui est qui ?

Alors, Isabelle Tostin.
Sur la photo, il y a les 2. C'est qui ?

C'est moi, Isabelle Tostin.

Vous avez travaillé aux Ducs,
comme Marie Thomas. C'est vous ?

- Ouais.
- Vous êtes des inséparables comme les oiseaux.

Ça vous plaît de travailler dans un café
qui ressemble à un studio hollywoodien ?

Ouais, vachement.

Qui est votre star préférée, Isabelle ?

Madonna.

Vous pourriez faire
quelque chose comme Madonna ?

Quelque chose comme un concert ?

- Comme à la télé ?
- D'accord.

Ou ''Like A Virgin''.

D'accord, c'est bien.

Et vous Marie, qui est votre star préférée ?

Personne.
Je viens juste accompagner ma copine.

- Vous avez bien une star préférée ?
- Ben non.

Mais si, Lauren Bacall.

- Elle ne me connaît pas assez.
- Lauren Bacall, tu me l'as dit tout à l'heure.

Lauren Bacall, allez-y.

Voilà, j'ai fait Lauren Bacall.

T'as pas très câline,
pendant l'amour ?

- Non.
- Moi, si.

Ça y est, tu m'as eue.
Tu dois être content.

Pourquoi tu me parles comme ça.
Toi aussi, tu m'as eu. Non ?

- Ben non.
- Quoi, ben non ?

Moi, je te veux pas.

Alors toi, tu fais l'amour
avec un mec que tu désires pas ?

- T'es qu'une baiseuse, en fin de compte.
- Ça doit être ça.

Avec tous ?

Je savais pas que j'allais
me retrouver dans ton pieu avec toi.

Je me voyais pas
avec un gros comme toi.

Un gros, un gras.
Moi, je me sens pas gros.

C'est une question de vocabulaire.
T'as pas les mots qu'il faut.

Ça va ?

Et toi, t'es pas toute aplatie ?

Et toi, t'as dormi avec Frédo ?

Pourtant, tu lui plais vachement.

- On y va ?
- En moto ?

Merde, mon écharpe.

Qu'est-ce que tu fous ?
Dépêche-toi, on est à la bourre.

- On se revoit demain ?
- J'ai pas envie que ça aille trop vite.

Tu peux me dire ça
en me regardant en face ?

- Question fric, t'en es où ?
- Ça va.

Tiens.

- Il m'a filé 200 balles.
- Cool !

Bonjour. Je peux vous demander d'attendre
dehors ? Je termine un soin.

J'en ai pas pour longtemps.
D'accord ? Merci.

David, suis mon doigt vers la gauche.

C'est bien.
Aujourd'hui, tu l'as bien fait.

Suis mon doigt encore. Allez.

Continue, continue.

C'est bien, t'es courageux.

On recommence.
On va le faire vers la gauche.

Ne vous dérangez pas.

Vous pouvez lui parler.
Ça lui fera plaisir.

Elle dort
mais elle vous entend.

Vous avez le ticket de caisse du blouson ?

Ça, je te le conseille pas.

Regarde ça, va falloir le payer.

T'as de l'argent pour payer ?
Enlève ça. Tu vas nous suivre.

Je la connais. Je vais payer.

- Vous voulez payer pour elle ?
- C'est ce que je viens de dire.

- Ça fait mille francs.
- Quand même ?!

De toute façon, j'en veux pas.

- On arrache les vêtements, on les vole...
- Où est-ce qu'on règle, s'il vous plaît ?

Suivez-moi, monsieur.

T'es pas du genre à dire merci, toi.

Le fric, je l'ai pas.
Je pourrai pas te rembourser.

Et qu'est-ce que tu fais quand
tu voles pas dans les grands magasins ?

- Je bosse.
- Ah ouais ? Tu fais quoi ?

Ça dépend. Je change.

- Tu vis seule ou avec quelqu'un ?
- Comment ça ?

- T'as un fiancé ?
- C'est pas tes oignons.

J'ai un club place Carnot. Le Blue.

- Tu vois où c'est ?
- Non.

Place Carnot

J'aimerais bien qu'on se revoit.

Moi, ça ne m'intéresse pas.

Si je ne suis pas au Blue l'après-midi,
c'est que je suis à la Grande Brasserie.

T'as qu'à passer demain après-midi.
Je te paierai un verre.

- Non, je te dis.
- Dommage.

C'est la dernière fois que tu me voies.

Pour qui tu te prends ?

Je crois que t'as pas bien compris.
Je vais t'expliquer. Viens voir.

Ça va pas, non !?

C'était juste pour essayer.

- Ben, t'as vu !
- Putain.

- Je pourrais te faire la même chose.
- Vas-y, essaye.

Bon, je vais te raccompagner.
T'habites où ?

Je veux voir où t'habites.
Ça vaut mille balles.

- T'oublies quelque chose.
- Je t'ai dit que j'en voulais pas.

C'est pas grave.
On va habiller le personnel.

Voilà, tu visites
et puis on est quittes.

Isa et je-sais-pas-comment.

Vas-y, fais ton petit tour.

Là, c'est la chambre. C'est privé.

- Il ne se gêne pas, lui !
- Qu'est-ce qu'il fout là ?

Je l'ai trouvé dans un bar. Il m'a payé
un coup et il voulait visiter ici.

Il ne t'a rien dit pour le phare ?
Il ne t'a pas reconnue ?

Alors, comment tu trouves ?
Tu t'attendais à un taudis ?

Y a encore une salle de bain
et une cuisine derrière.

J'ai fait un poulet au curry.
Il veut bouffer avec nous ?

Je préfère le resto.
Je t'invite, si tu veux.

T'as du fric à claquer, toi !

C'est toutes les 2 ou aucune.
Je laisse pas ma copine toute seule.

Tant pis. Si tu changes d'avis, passe au Blue
ou à la Grande Brasserie, place Carnot.

Les portes, ça se ferme !
On t'a pas appris ? Sale con de bourge !

Connard !

On part en tournée une dizaine de jours.

- Quand ?
- Le jeudi qui vient.

- On peut pas venir avec vous ?
- C'est du taf. On n'emmène personne.

Par conte, à mon retour,
j'aurai du boulot pour vous.

- Dans les concerts ?
- Ouais.

Tiens, en attendant.

- Merci.
- Y en a la moitié de la part de Frédo pour Isa.

- Il n'ose pas lui dire.
- Attends, elle n'a pas envie d'être avec lui.

C'est leur oignons.
Ils se débrouillent.

Qu'est-ce que tu fous ?

Rien, je dessine un peu.

J'en ai marre d'être ici.
On sort ?

Non, on est bien là.

On arrive tout de suite, mademoiselle.

Alors t'es venue voir comment c'est chez moi ?
Chacun son tour.

- Ouais, je regarde.
- Ça te plaît ?

Ça va, c'est qu'un bar.

Je peux pas rester. Faut que j'aille faire
une course. Qu'est-ce que tu fais ?

Je sais pas.

- Viens, je t'emmène.
- Où ça ?

En ville, faire un petit tour.

Tu viens ?

- Bonjour. Une chambre, s'il vous plaît.
- Oui, bien sûr.

Ce sera pour une seule nuit ?
La chambre 302.

On va vous accompagner.
Jean-Luc, s'il vous plaît.

Bonjour, monsieur.

Mademoiselle.

Viens.
Ça commence à devenir gênant.

''L'herbe qui sentait le bois mouillé,

''parce qu'il pleuvait souvent.

''Des arbres très vieux, très hauts.

''Le bruit de la rivière
invisible sous les ronces.

''Le noir des corneilles.

''Le jaune de leur bec.

''L'air vif qui nous piquait les joues.''

''18 février. Le soleil, enfin.

''Voyage de classe à Honfleur.

''On est partis tous ensemble.

''Sentiment absolu
d'être avec les autres, de ne faire qu'un.

''J'étais Lau, Marc, Rémi.

''Peut-être à cause du vent très fort
qui nous mélangeait sur la plage.

''Dans le car, je me suis
assise près de Rémi.

''Je me suis endormie, et quand je me suis
réveillée, j'avais ma tête contre son épaule.

''Il dormait lui aussi.''

T'es con, tu m'as fait peur.

- Qu'est-ce que tu fous dans le noir ?
- Rien, je viens de rentrer.

- Il est quelle heure ?
- 11 h.

Charlie a rappelé.
Il rappellera.

Ça a l'air de bien se passer, leur tournée.

T'as fait quoi ?

Rien, j'ai glandé.

Je suis naze.
Je vais dormir.

Je me demande si elle entend.

Quand on lui parle,
si elle comprend ce qu'on dit ou quoi.

Hier, j'ai fait un truc.

Elle a un journal, cette fille.
Je l'ai trouvé dans son bureau.

Je le lui ai lu.
Peut-être qu'elle m'entend.

Qu'est-ce qui t'a prise ?

Elle t'a permis
de fouiller dans ses affaires ?

La nana est complètement dans les vapes,

et elle entend une voix qu'elle connaît pas
lui débiter toute son histoire !?

Attends, mais c'est Dieu
qui te cause en direct !

J'y crois pas !
Elle a dû péter de trouille.

Tu t'es assise à côté d'elle ?
Tu lui lis le journal ?

T'attendais une réponse de sa part,
un signe ou un truc comme ça ?

Non, mais...

Eh, oh, Isa !

Je sais pas...

Allô ? Quoi ?

Hollywood ? Ah, bonjour.

Ah bon, pourquoi ?
On est pas prises, pourquoi ?

Marie Thomas est là.
Ne quittez pas.

C'est pour distribuer des prospectus
en patin à roulettes.

En patin ?

Oui, ça nous intéresse.

Je vais noter où faut aller.

(C'est bien, en patin à roulettes.
On s'en fout.)

Pardon ? Ouais.

Pas de problème. Au revoir.

C'est pas mal.
Pourquoi on n'est pas prises comme serveuses ?

Je suis Isabelle Tostin, pour les patins.

J'ai 2 tenues.
C'est vous, l'autre ?

Non, j'accompagne juste ma copine.
Je ne le fais pas.

Alors, lsabelle.
Tu mets le blouson, la petit jupe...

Tu mettras ça en dessous.
Les patins...

Les collants chauds, et tiens, la casquette.

Tu te changes derrière la voiture.

Vous m'avez donné
2 fois le même patin.

Pas dans la voiture, derrière.
Ça ira.

- Ça va là ?
- T'as l'air d'une dinde.

Oh, c'est drôle !

Isabelle, t'as fini ?
Viens, je vais expliquer à tout le monde.

Faut que j'attache mes patins.

Vous dites bien que c'est gratuit
pour les filles vendredi et samedi soir.

Isabelle et Solène, vous me ferez
le quartier de la gare et le centre commercial.

Vous y allez. On se retrouve à midi
et je vous redonne des tracts.

Pas dans les boîtes aux lettres, hein !

Allô, je voudrais parler à Chriss.
De la part de Marie.

Vous savez pas quand il rentre ?

Bon ben, je rappellerai.

En bas de la pente, énorme.

Y a un mec qui passe en scooter.

Il me dit, ''accroche-toi à moi''.

Je m'accroche. Et je tends la main à Solene
pour lui dire, ''accroche-toi...''

T'étais déjà loin
quand tu m'as tendu la main.

C'est pas que j'étais loin.
C'est que tu m'as pas attrapée au bon moment.

Je sais pas faire de patin.

- Trop beau, le mec, en plus. Un livreur de pizza.
- J'ai même pas eu le temps de le voir.

T'aurais dû être là, Marie.
C'était trop drôle.

- Tu veux dormir là ?
- Si ça dérange pas, je veux bien.

- Ça fait loin pour rentrer chez toi là.
- Je peux téléphoner ?

Le téléphone doit être dans le salon.

Tu fais la gueule ?

Non, mais je voulais pas voir quelqu'un comme ça.
Pourquoi t'as amené cette fille ?

- Ben quoi, elle est sympa.
- Sympa ? Non, c'est une molasse !

Ça la dépanne.

T'as pas oublié les panneaux ?

C'est bien. T'as eu ça quand ?

Tu vois le père de Caroline ?
Les agences ?

Je crois qu'il m'aime bien.
C'est pour ça qu'il m'a engagée.

On ne va plus te voir
si t'es tout le temps partie.

Ça dépend. Je reviendrai
2 ou 3 jours entre mes voyages.

Tu vas où là ?

Là je pars en Martinique,
et après au Sénégal.

- Tu vas m'écrire une petite carte ?
- Je sais pas.

Je l'envoie ici ou chez toi ?
Qu'est-ce qu'il y a ?

- Ça va ?
- Ouais.

- Tu me présentes pas à tes copains ?
- Tu veux ?

- On va chez Marc. Tu viens ?
- Je sais pas trop.

Ils peuvent se passer de toi
juste pour l'après-midi. Allez.

Mais si tu préfères draguer, reste.
Des fois, c'est n'importe quoi.

- Qu'est-ce que tu dis, là ?
- J'ai dit "c'est n'importe quoi".

- Si vous prenez ça pour vous...
- C'est à moi que tu parles ?

Écoutez, on ne se parle pas.
On ne se tutoie pas, d'accord.

- Elle est dingue ! C'est qui, cette conne ?
- Calme-toi. Va chez Marc.

C'est ça, je vais chez Marc !

T'es complètement malade.

Qu'est-ce qui te prend ?

Qu'est-ce qu'il y a ?

Tu veux que je te baise ?

Doucement.

On va voir le type de Charlie ?
Ça fait 2 jours déjà.

On y va cet aprèm.
Sinon ils vont trouver quelqu'un d'autre.

Je peux pas cet aprèm.
Vas-y si ça t'amuse.

- Il a l'air bien, ce boulot.
- Super : au soleil et ça rapporte gros.

Et comment tu fais pour bouffer.

- Je bouffe plus. Je crève la dalle.
- Ah ouais ?

- Qu'est-ce que t'as ?
- Rien. Qu'est-ce que tu veux que j'aie ?

Mêle-toi de tes oignons.
Tu me bouffes.

Ça va pas de me parler comme ça !
Faut te calmer !

Je le sens bien qu'il y a un truc.

Vas-y, parle.
Ça fait une semaine que tu tires la gueule.

T'as envie de rester seule ?
C'est ça ? Dis-le !

Voilà, c'est clair.

Je vais voir pour le boulot.

J'ai baisé avec ce mec, Chriss.

2 fois.

- C'est lui qui est revenu te voir ?
- Non, c'est moi. Une connerie.

- Parce qu'il te plaît.
- C'est un con, ce mec.

J'ai plus envie de le voir.
De toute façon, s'il n'a pas rappelé.

Tu sais, un mec comme ça...
Surtout s'il est patron d'une boîte,

tu dois pas être la seule.

Il a dit qu'il voulait
te revoir la dernière fois ?

Allez, on sort.
On va voir pour le boulot.

Tu t'en fous, t'as qu'à te dire que tu l'as eu.
Tu t'es tapé le mec du Blue, ma vieille !

Ça fait 10 ans... Eh !

Les voilà !

Ça va ?

- Ça va ?
- Super.

On a eu du beau temps.
On a roulé impec !

Je te vois l'embrasser
et je t'embrasse.

Qu'est-ce que vous faites ?

On rentre à la barge.
On vous embarque ?

Marie, on va à la barge ?

Allez !

Monte !

Je dois bosser. C'était pas mon truc
de me faire baiser à l'hôtel.

- Ça va ?
- Ouais.

Mieux qu'hier. Je te remercie.
Je me suis tapée tout le rangement.

T'aurais pu me dire que tu te cassais.

Charlie te cherchait.
Je lui ai dit que t'étais naze.

Il faut que tu le rappelles aujourd'hui.

Qu'est-ce que tu fous ?
Je croyais que c'était un con, ce mec ?

- Pas maintenant, d'accord.
- Il n'en a rien à foutre de nous.

Qu'est-ce que t'en sais ?

Et Charlie ?

Quoi, Charlie ?
J'ai pas de compte à lui rendre.

- Il se doute de quelque chose.
- Tu lui as parlé ?

Je veux pas qu'il sache qui c'est.

Et Frédo, tu lui as dit où
tu en étais avec lui ?

Tu lui as dit que
tu baiserais jamais avec lui ?

Alors pourquoi t'acceptes son fric ?

C'est un pauvre type, un con ?

Qu'est-ce qui te prend ?

C'est lui qui te rend
méprisante comme ça ?

Ça va vite !

- Salut, y a du café ?
- Ouais, il est là.

Tu me passes un peu de sucre ?
Et une petite cuillère aussi.

C'est moi qui la fait partir ?

Non. Enfin, ouais, mais c'est pas grave.

Qu'est-ce que tu fais ce week-end ?

Rien.

On a une maison au bord de la mer.
Je t'emmène ?

T'aurais pas des clopes ?
Nous, on n'en a plus.

- Si, si, j'en ai.
- Merci.

Garde-le.

Je vais voir le mec des t-shirts
pour samedi. Je lui dis quoi pour toi ?

Je suis pas là samedi ni dimanche.

- T'es où ?
- Quelque part.

N'oublie pas d'appeler Charlie.

Madame, elle ouvre les yeux.
Elle se réveille.

C'est sür ?
C'est bien, c'est un 1er signe.

Mais c'est un tout petit signe.
Ça veut pas forcément dire grand-chose.

Il faut être attentif
aux autres manifestations.

Le médecin passe cet après-midi.
Je vais le lui dire. Vous serez là ?

Je lui dirai de passer dans la chambre.
Vous pourrez en discuter avec lui.

- Y a quelqu'un d'autre ?
- Ouais.

- C'est le grand amour, alors ?
- Je sais pas. Je le connais pas assez.

Et puis, ça veut dire quoi
"le grand amour" ?

T'as le cœur qui palpite
quand tu le vois ?

Quand ce genre de choses t'arrive,
faut pas les rater surtout.

Marie, qu'est-ce que tu fais ?

- Marie, arrête.
- Fous-moi la paix !

Réfléchis une seconde.
Tu vas le voir, tu vas lui dire quoi ?

- Tu sais même pas.
- Ouvre cette porte !

Ça va pas ? Je t'ai vue
dans la rue comme une folle.

J'en ai rien à foutre.
De quoi je me mêle !

Tu vas lui courir après comme une conne.
T'es pas son chien.

Rien à foutre d'être humiliée.
Tu crois que j'ai pas été humiliée jusqu'ici ?

Avec une vie de merde,
traitée comme de la merde.

Toi, tu portes tes panneaux
avec écrit merde dessus.

Faut que tu te le sortes
de la tête, ce mec !

- Arrête !
- Tu veux que je me le sorte de la tête ?

- Ça fait mal, hein ?
- C'est pas vrai, tu deviens dingue ?

Y a que ce mec ?
Tu peux pas imaginer autre chose ?

- Vas-y, imagine.
- Regarde autour de toi.

T'habites chez une fille pratiquement morte.
T'as de la chance d'être en vie...

- ...et tu cours après un connard.
- Qu'est-ce qu'on va faire ? Dis-le !

On appelle Charlie et Frédo.

- Connasse !
- Va-t-en prendre plein la gueule !

Dégage.

Fais chier, merde !

- Je peux renter ?
- Tu cherches Charlie ?

- Non.
- Si tu veux entrer, entre.

Je sais pas. Oui.

Il vient.

Tu nous laisses ?

Il peut pas témoigner.
Il était par terre. Il voyait rien.

D'ailleurs, la preuve en est...

Ça n'a pas l'air d'aller ?

Ça va.

C'est Marie, elle est avec un mec.
Il la prend pour une grosse conne.

Il la rend folle.

C'est juste une fille de plus pour lui.
Elle ne voit rien.

- C'est qui ?
- Tu connais pas.

Je m'en fous de ce mec. C'est un con.

- Alors, c'est quoi ?
- Ben, c'est...

C'est elle. Comment elle est avec moi,
comment elle me parle.

Elle te parle comment ?

On dirait que je la gêne,
qu'elle a honte de moi.

Parles-en avec elle.

Je fais que ça, mais dès que
j'ouvre la bouche, elle se braque.

Je fais que ça de lui parler.
J'essaye mais...

- Tu veux pas lui parler, toi ?
- À Marie ? Non, c'est terminé.

Déjà ?
Tu penses plus à elle, c'est fini ?

Pas déjà. Je pense à elle.
Elle va me trotter dans la tête...

Mais je vais l'oublier, Marie.

Ce qu'il me reste à faire,
c'est me l'arracher de la tête.

Tu me parles de toi, là.
Tu peux pas faire ça pour elle ?

Non, j'ai pas du tout envie.

Et ce sera la même chose qu'avec toi.
Elle ne m'écoutera pas plus.

En fait, tu ne l'aimes pas ?

Tu l'as pas aimée, Marie.
Elle a bien fait de te quitter.

- C'est pas du tout ce que je te dis.
- Je comprends rien, c'est ça ?

- C'est ça, tu comprends pas.
- Je suis qu'une grosse conne.

Je suis le frère de Mme Val. Vous êtes
la jeune fille qui gardez l'appartement ?

- C'est pas mal, non ?
- Ça m'a l'air correct.

Entrez, entrez.

Une fois les meubles enlevés,
un peu de peinture sur les murs...

Ça me paraît bien.

- Il y a combien de chambres ?
- Un salon et 2 chambres.

Je vous laisse visiter.

Dites-moi, faudra que ce soit libre
à la fin du mois parce qu'on vend.

Et Sandrine ?

Sandrine, vous savez...

Étant donné son état,
elle ne reviendra pas habiter ici.

Mardi en fin d'après-midi,
vous êtes là ?

Ouais, sûrement.

Vous pourrez ouvrir parce qu'un
ouvrier va passer pour évaluer les travaux.

Alors ?

Bon, 10 000 F. le mètre carré.
On commence à 650 000.

- Ça te plaît ?
- Ouais.

Y a le frère de Mme Val qui est passé.
Il vend l'appart.

Faut qu'on parte
avant la fin du mois.

Tu pourras toujours aller
chez Charlie et Frédo.

Je vais peut-être bosser au Blue.
D'abord comme serveuse, puis derrière le bar.

Ils vont revendre l'appart.
On va se faire virer à la fin du mois.

Tu viens ?

- Elle n'est pas là.
- Je sais.

Je vais la quitter.
Faudrait que tu lui dises.

- C'est pas à moi de lui dire.
- T'es son amie.

Qu'est-ce que tu veux
que je lui dise ?

Que c'est pas à cause d'elle.

C'est une fille bien,
mais c'est fini. J'arrête.

Pourquoi t'as été avec elle ?

T'es un connard !

Ne compte pas sur moi.

Chriss est là, s'il vous plaît ?

Vous pourrez lui dire que Marie a appelé ?
Il a mon numéro.

Merci, au revoir.

Je sors une minute
pour acheter des clopes.

- T'as peur de te faire agresser ou quoi ?
- Je peux pas deviner où tu vas.

- Y a pas eu d'appel ?
- Non.

- J'ai fait un truc à bouffer, si tu veux.
- Je n'ai pas faim.

On est en train de devenir
infecte l'une avec l'autre.

J'ai jamais voulu ça, Marie.

- Faut que je te dise un truc.
- Remets cette clope dans le paquet !

- Ça va pas, là ?
- Remets-la !

Tu crois que je vais me casser
le cul à faire des aller-retours au tabac ?

Prends-les tes clopes, pauvre conne !

Marie, un jour tu t'apercevras que t'as besoin
des autres. Tu verras la gueule que tu feras.

Je t'enverrai ma photo.

T'as jamais été la voir.

Tu vis chez elle.
Tu sais même pas qui c'est.

- De quoi tu me parles ?
- Rien.

Tu m'écœures, Marie.

Je crois qu'on n'a plus rien
à faire ensemble.

- Je vais partir.
- C'est ça, vas-y.

Tu crois que
t'as rien à te reprocher ?

Tu fais quoi à part t'accrocher
aux autres comme un boulet ?

Tu vas faire quoi toute seule ?
Vendre tes cartes ? Tu vas aller loin !

Isa, t'es larguée
et tu le vois même pas.

Je vais te dire ce qui t'écœures.
C'est que j'ai trouvé quelqu'un et que ça marche.

T'arrives pas à l'avaler.

Tu crois que c'est avec Chriss
que tu vas t'en sortir ?

S'il ne te rappelle pas,
c'est qu'il ne veut plus te voir.

- Il me l'a dit.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Il m'a dit que c'était fini.
- Ah ouais, et tu l'aurais vu quand ?

- Y a 3 jours.
- Pourquoi il serait venu te voir, toi ?

Parce qu'il n'a pas le courage
de te le dire en face.

Va l'appeler si tu me crois pas.

Pourquoi tu me l'as pas dit avant ?

Parce que je n'ai pas pu, putain !

- T'as intérêt à me dire la vérité.
- Je te la dis, c'est toi qui veut pas l'entendre.

C'est toi qu'a été fourrer
ton sale nez là-dedans.

T'es dingue. Tu deviens barge.
Faut que tu te calmes, Marie.

C'est pas possible.
Il n'a pas pu te dire ça.

Tu peux même pas t'imaginer
ce qui se passe entre nous.

Dégage, va t'occuper de l'autre morte.
Y a que ça qui t'intéresse, les cadavres.

Tu fais plus ça
ou je te tue !

Maintenant, chacun pour soi. Merde !

Excusez-moi, elle est où Sandrine Val ?

On va la changer de service. Elle part en
réanimation pour infection respiratoire.

- C'est grave ?
- Oui.

Soit elle se remet très vite,
soit on va la perdre.

Elle est juste dans la pièce.
Vous pouvez aller la voir,

Après, les visites ne seront plus autorisées.
Vous devrez téléphoner à l'hôpital pour les nouvelles.

C'est bien que vous soyez là.
Sandrine va beaucoup mieux.

Elle est sortie d'affaire. On commence
à voir des 1rs signes de communication.

Vous allez pouvoir lui parler.
Elle vous entend.

Le fait d'avoir un visage familier,
Ça va l'aider à avoir des repères.

Vous pouvez y aller.
Elle est chambre 225.

Vous avez des contacts
de différentes couleurs.

Ici, il y a un connecteur
avec des trous numérotés de 1 à 78.

Vous devez enficher
les contacts dans le connecteur,

...en respectant les correspondances
entre les couleurs et les numéros.

Voilà, je vous laisse faire.
Je vais vous regarder.

Bien. On dirait que vous avez fait ça
toute votre vie. Continuez.