All language subtitles for The Life of Chuck - Mike Flanagan (2024) (720p.WEBRip.x264.AAC-[YTS.MX])

LA VIE DE CHUCK

Acte III
MERCI CHUCK

« Ô mes frères, ô mes sœurs,
comprenez-vous ?

Ce n'est ni chaos ni mort,
mais forme, mais plan,

mais unité, mais vie éternelle,
mais bonheur.

Meurt le passé, meurt le présent,
moi qui les ai emplis,

puis vidés, m'emploie désormais

à garnir mon prochain parc de futur.

Écoutes-tu, toi, là-haut ?
Quelle confidence me feras-tu ?

Regarde-moi en face moucher
la chandelle oblique du soir.

Parle honnête.

Je suis le seul à t'entendre.

Je suis encore là pour une minute,
pas plus.

Comment cela ?
Je me contredis ?

Eh bien soit, oui, je me contredis.

Je suis vaste,
je contiens des multitudes. »

Mon Dieu…

Qu'est-ce qu'il y a ?

C'est manifestement plus intéressant
que Whitman.

C'est la Californie.

Y a eu un autre tremblement de terre.

Un gros morceau a disparu.
De Santa Barbara à Fresno.

- C'est complètement fou !
- Englouti dans l'océan,

comme si de rien n'était.
- OK, OK.

On reste calme.

J'ai pas de réseau.

Quelqu'un d'autre en a ?

- Mais qu'est-ce qui se passe ?
- Y a rien là-dessus.

Désolé.
Le réseau est encore en panne.

Mais j'ai son dossier ici.

Les résultats de Dylan
ont plongé dernièrement.

Dans le dernier semestre,
il est passé de A et B à D.

Vous gardez des copies papier ?

On est plusieurs à le faire
depuis que le réseau

a commencé à faire des siennes.
- Vous en pensez quoi ?

Pensez-vous que ça va revenir
comme c'était avant ?

Eh bien, j'en sais rien.

Je me souviens du monde
avant l'internet.

Pourquoi c'est si difficile
de s'imaginer de s'en passer ?

Mais ça reste que ça l'est.

Et comment on revient en arrière,
comment on pourrait ?

Et s'il était parti
pour de bon cette fois ?

L'internet est encore en panne.

Oui, mais une chance pour nous,

j'ai le dossier papier de chaque élève.

Je pense que ça y est.
Ça va pas revenir cette fois.

Vous avez peut-être raison, mais…

Je pense qu'on devrait parler d'Emily,

son absentéisme a beaucoup augmenté.

Son absentéisme ?

L'absentéisme est à son plus haut taux
partout dans le monde.

Y a les médecins et les pilotes
et les policiers,

les gens ont plus rien à foutre
de rien, d'accord ?

Mais, vous, vous voulez
nous parler d'Emily.

Comment ils sont censés étudier
de toute façon ?

Le web disjoncte depuis huit mois.

La moitié des sites sont du charabia.

Je comprends que des sites soient fermés.

Mais ce que je comprends moins,
c'est le reste.

Des sites sont toujours actifs,

mais avec des erreurs de ponctuation,

des mots mal épelés.
Comment vous expliquez ça ?

J'en sais rien.

Mais Brian peut quand même se préparer
pour les cours.

C'est vrai, la bibliothèque
est encore là.

Avec ou sans l'internet.
- Pornhub est fermé.

Le saviez-vous, M. Anderson ?

Ouais, j'ai, euh…
J'ai remarqué ça. Ouais.

Je m'excuse si Brian
vous cause des ennuis,

y a que moi maintenant.
Sa mère…

est partie, je sais pas où.

Ça arrive de plus en plus,

les gens disparaissent sans rien dire.

Ça serait un…
ancien petit-ami de l'école

avec qui elle est sortie un mois.

Une saloperie de mois,
et elle va jeter 20 années

aux ordures à cause d'un mois.

Faut croire qu'elle pensait
encore à lui.

Je crois qu'on a tous
quelqu'un comme ça.

Je comprends, je vous jure,
si c'est vraiment la fin,

comme ce que prétendent
les illuminés en robe mauve,

qu'on ait envie de choisir
avec qui on a envie d'être

pour y faire face…
mais abandonner son fils ?

Elle dit qu'elle va revenir.

Je sais pas trop.

Hum…

Foutu Pornhub.

Et si ça, ça revenait jamais ?

Une foutue tragédie.

Sérieux, même si c'est la fin
de tout ce qui existe…

c'est juste vraiment cruel.

Je m'excuse.

C'est dans un décor de destruction

à briser le cœur que les secours
passent au crible

ce qui reste de la partie Nord
de l'État.

350 morts dans le Yorkshire du Nord,

alors que les niveaux d'eau
continuent à…

Des vagues allant jusqu'à 80 m

se sont abattues
sur le Phare de la Jument.

Le jour où Marty Anderson

a vu le panneau publicitaire
pour la première fois,

c'était juste avant que l'internet

disparaisse pour de bon.

Il était déjà instable
depuis huit mois.

Mais d'autres problèmes comme
les incendies, les séismes

et la mort d'espèces entières d'oiseaux

et de poissons avaient été priorisés.

…jusqu'à aujourd'hui considéré
comme le plus grand

feu de forêt de l'histoire…

En temps normal,
Marty aurait emprunté

le viaduc de l'autoroute
pour rentrer à la maison.

Mais ce n'était plus possible

à cause de l'effondrement
du pont d'Otter Creek.

39 BELLES ANNÉES !
Merci Chuck !

Après ce qui est arrivé
à la Californie,

ça fait officiellement du Nevada

un des États les plus populeux
de l'Union.

Ce qui doit être dit maintenant…

Felicia Gordon est infirmière
à l'Hôpital Général.

Même si depuis quelques semaines,

elle a plus l'impression
d'être un croque-mort.

Les employés, dont le nombre
n'a cessé de diminuer

depuis la fin de l'été,

ont commencé à s'appeler entre eux
l'Escadron Suicide.

On reviendra en profondeur sur le sujet,

ainsi que sur les incendies du Midwest
et la pénurie d'eau.

De retour après la pause.

On aimerait dire merci
à Charles Krantz

pour 39 belles années.

Merci, Chuck.

Salut. J'ai su que t'en as eu un autre ?

Ouais. Un de plus.

Le mien a pas eu autant de chance.

Il avait les poignets ouverts,

alors qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?

T'as su pour Marilou ?

Non. Qu'est-ce qu'elle a Marilou ?

Elle est partie.

Son ex, tu te rappelles Pedro ?

- Hum-hum.
- Il s'est pointé,

et je sais pas ce qu'il lui a dit,

mais elle est partie
en lui tenant la main.

Je me souviens à quel point

le divorce avait été infernal,
tu te rappelles ?

Ouais.
Je me rappelle.

Eh bien, il faut croire

que l'eau a coulé sous les ponts depuis.

Je me demande,
c'est quoi les statistiques ?

Crois-tu que plus de personnes
se séparent

ou si y en a plus qui reprennent ?

Crois-tu que les mariages
sont à la hausse

ou ce sont les divorces qui…
- Les mariages.

- T'es une optimiste.
- Non.

Les divorces sont beaucoup plus longs.

Selon moi, personne le fait.
C'est une perte de temps.

Au moins six mois de paperasse,
probablement plus.

Un permis de mariage tient sur une page,
et ça prend une heure.

Alors, moi, je dirais…
le mariage.

Salut.

Salut.

T'as raccroché.

Ouais, mais je me suis dit

que tu l'avais probablement vu,
alors…

Comment ça va ?

Je vais bien.

J'imagine. Et toi ?

J'ai… j'ai pensé à toi aujourd'hui.

J'étais au travail et on parlait
de mariage et de divorce

et lequel était le plus fréquent.

Les mariages selon moi.

Y a personne qui attend un divorce.

Et les remariages ?

Tu veux m'offrir un verre avant, ou ?

Je suis sûre qu'il y en a plein.
Ça serait logique.

Les gens veulent quelque chose
de réconfortant…

et de familier.

Alors, comment a été ta journée ?

Tu y vas vraiment à fond, hein ?

Fais-moi plaisir.

Ça a été…

Toute une journée.

Je dirais.

Assez… bizarre.

Des rencontres parents professeurs,

alors c'était comme pisser
contre le vent.

T'es au courant pour la Californie, non ?

Ouais.

Je sais qu'ils ont dit
qu'elle était déjà évacuée,

mais j'ai entendu aujourd'hui
qu'il y avait des centaines

de milliers de réfugiés
qui se dirigeaient vers l'Est.

Savais-tu que le Nevada
est un des États

les plus populeux de l'Union maintenant ?

J'ai entendu un scientifique sur NPR
dire que la Californie

se décollait comme de la vieille tapisserie.

Et cet après-midi, un autre
réacteur japonais a été inondé.

Et ils disent qu'il était arrêté,
et que tout va bien,

mais je… je suis pas sûre d'y croire.

C'est cynique.

On vit à une époque cynique, Marty.

Des personnes croient qu'on vit
à la dernière époque.

Et pas juste les fanatiques religieux,
plus maintenant.

Et c'est une membre en règle
de l'Escadron Suicide

de l'Hôpital Général qui te le dit.

C'est le nom qu'on se donne maintenant.

Sérieux.

On en a perdu six aujourd'hui.

Mais il y en a 18 qu'on a ramenés,

principalement avec de la Naloxone,

mais on va bientôt en manquer.

J'ai entendu le pharmacien en chef dire

qu'il n'en restera plus du tout
d'ici la fin du mois.

C'est nul.

Ouais. Ouais.

Ouais. C'est nul.
C'est très, très nul.

L'internet est arrêté
et la Californie tient à un fil.

Il y a des incendies
et des famines et des épidémies

et tout le reste, sérieux,
ça craque de partout.

On a aucun répit.

Combien de temps ça va durer ?

Combien on peut en prendre avant que tout…

Avant que tout tombe en ruines,
je veux dire ?

En ce moment,
j'enseigne Carl Sagan aux jeunes.

Sais-tu ce qu'il a dit
sur le calendrier cosmique ?

Euh… je crois pas, non.
Je sais pas trop.

Eh bien, l'Univers a 15 milliard d'années.

Si on prend tout ça,
toutes les 15 milliards d'années

et qu'on les ramène à une seule année
sur un calendrier,

alors le Big Bang se produit
à la première seconde,

le premier janvier.
Et aujourd'hui…

Eh bien, maintenant, on est
dans le dernier millième de seconde

de la dernière minute
de la dernière journée.

Le 31 décembre.

Mais tu sais, en revenant au début, si le…

si le Big Bang s'est produit à minuit
le premier janvier,

alors chaque mois du calendrier

représente 1,25 milliard d'années.

Personne m'a dit qu'il y aurait
des maths à l'examen.

L'Univers commence le premier janvier,

mais la… la Voie lactée
s'est formée seulement en mai.

Notre Soleil et notre Terre

sont arrivés seulement à la mi-septembre.

La vie apparaît pas longtemps après,
mais pas nous, non.

Non, on apparaît pas avant…
devine quelle date.

Encore une fois, on m'a dit
qu'il y aurait pas de maths.

Le 31 décembre.

Le dernier jour du calendrier.

Et les tout premiers humains

ont fait leur entrée sur la Terre à…

22 h 30 à peu près.

22 h 30. Le dernier jour.

Et, hum…

Chaque minute depuis
représente 30 000 ans.

Alors… à 23 h 46,

y a seulement 14 minutes.

L'humanité a dompté le feu.

Maintenant on laisse les minutes

et on passe aux secondes.

23 h 59 et 20 secondes.

La domestication des plantes
et des animaux commence.

Une application du talent
des humains à faire des outils.

23 h 59 et 35 secondes.

Des communautés agricoles
deviennent les premières villes.

Notre histoire documentée.

Tout le monde dont on a entendu parler.

Tout ce qu'il y a dans tous
nos livres d'histoire…

se passe dans les 10 dernières secondes.

Les 10 dernières secondes.

De la dernière minute.

De la dernière journée.
Du calendrier.

Le 31 décembre.

Alors combien de temps ça va durer ?

J'en sais rien, Felicia.

Si t'as raison et c'est possible,

s'il s'agit vraiment
de la dernière époque,

si l'Univers est en train de mourir,

et disons que c'est une mort rapide

même si tout ça se produit
dans la toute dernière demie-seconde,

une microseconde… qui sait
combien de temps ça va durer.

Peut-être des secondes.
Peut-être des siècles.

Peut-être que tout ça se passe
alors que le cosmos

rend son dernier souffle…

peut-être que tout ça se passe
dans l'unique

dernier battement de cœur solitaire.

Seigneur, Marty.

Ouais.

Écoute, Felicia.
Je dois y aller. J'ai des…

J'ai des examens à corriger.

Marty ?

Le monde est en train de s'écrouler

et tout ce qu'on trouve à dire
c'est que c'est nul. Alors…

peut-être qu'on est en train
de s'écrouler aussi.

Peut-être.

Il faut dire que Chuck Krantz
prend sa retraite, alors…

Je suppose qu'il y a encore
une lueur dans la noirceur.

Oui, 39 belles années.

T'as vu le panneau bizarre ?

Non, c'était à la radio.
Pendant…

l'émission dont je te parlais sur NPR.

S'ils font des pubs sur NPR,
c'est vraiment la fin du monde.

D'après toi, pourquoi Chuck Krantz

a droit à ce niveau d'attention ?
Sérieux.

J'ai jamais entendu parler de lui,
on dirait un comptable.

Ça doit être une vieille photo.

C'est vrai, le gars a l'air
d'avoir à peine 40 ans,

il peut pas avoir travaillé
aussi longtemps.

Le monde est rempli de mystères.

Et aussi, pas de fort, Marty.

OK ? Prends une bière à la place.

D'accord.

L'agence de l'environnement de l'Ohio

vient d'émettre une alerte de code rouge

pour la qualité de l'air pour Cleveland
et ses environs…

« Désolé, nous avons des
problèmes techniques. »

« Restez à l'écoute. »

Saloperie de merde.

On aimerait dire merci
à Charles Krantz

pour 39 belles années.

Merci, Chuck.

Gus !

Oh ! Salut, Marty !

Où est ta voiture ?

Elle… elle est sur le trottoir
à mi-chemin

de la côte de la rue Principale,

avec une centaine d'autres.
Finalement j'ai dû revenir.

Tant pis. J'ai dû marcher…

combien tu penses, 5 km ?

Je viens de marcher 5 km.

Oh, tu t'en vas à l'école ?

Attends une seconde.

Je t'explique, tu dois,
tu dois aller, écoute bien,

tu dois aller à la route 11,
et revenir sur tes pas,

sur… sur la 19.

Ouais, il va y avoir beaucoup
de circulation

sur à peu près 35 km. Tu vas
peut-être arriver pour le lunch,

je compterais pas là-dessus…
- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Un gouffre géant est apparu
au coin de Market

et de la Principale.
Et il est vraiment énorme !

Toute la pluie
est probablement en cause,

ou encore plus le manque d'entretien,

ça, c'est pas mon département,

Dieu soit loué, mais il doit…

il doit bien y avoir 20 voitures
dans le fond, au moins.

Et certaines personnes

dans certaines de ces voitures
ne remonteront pas.

Seigneur. J'y étais encore hier soir.

Pris dans la circulation.

Dieu, merci, t'étais pas là ce matin.

Je suppose que t'es au courant
pour la Californie ?

J'ai pas ouvert la télé ce matin.

Y a du nouveau ?
- Oh ! Seigneur !

Le reste est parti.

Eh bien, ils disent que 20 %
du Nord de la Californie

tient le coup ce qui veut
probablement dire, quoi, 10 %,

mais les régions productrices
de nourriture sont parties.

Y a le Midwest qui est en cendres

et la Floride est inondée.

C'est presque toutes les régions

qui produisent de la nourriture
au pays, parties.

Toutes. Et c'est pareil en Europe.

En plus, la peste bat son plein en Asie.

Y a un million de morts.

Ils disent que c'est la peste bubone…

bubonique, la peste.
- Bubonique.

Bubonique, ouais.
Et les abeilles, d'accord,

ça fait 10 ans qu'elles en arrachent,

mais elles ont complètement
disparu maintenant.

À part quelques ruches
en Amérique du Sud,

mais le miel, c'est fini, mon ami.

Et sans elles, qui va polliniser

toutes les cultures qui nous restent.

C'est vrai, moi, je peux pas le faire.

- Excuse-moi une seconde.
- Ouais, ouais.

C'est cool.

Andrea ! C'est vous…

C'est vous Andrea de Midwest Trust.

Je suis le mari de Felicia Anderson.

Ex-mari, en fait.

Je crois que vous connaissez Fel,

on s'est rencontrés
à des soirées de jeux chez David

à quelques reprises.
- Ouais, d'accord.

Voulez-vous quoi ?
Je viens de faire une longue marche

et ma voiture est coincée
et la banque est…

est inclinée…

Inclinée ?

Ouais.

Sur le bord du gouffre.

C'est la fin de mon emploi,
je suppose.

Hé, j'avais une question
à propos du panneau

sur l'édifice de la banque.
L'avez-vous vu ?

Comment j'aurais pu le rater ?

Et j'ai aussi vu
les annonces à la télé.

Plus de pub de voitures
ou de meubles à rabais,

juste Charles Krantz.

39 belles années.
Merci, Chuck.

Alors, il travaille pas à la banque ?

Il prend pas sa retraite de la banque ?

Je connais pas Charles Krantz.

C'est probablement une blague,
un genre de spectacle.

Attention à vous.

On dirait des réfugiés.

Ouais.

Personne a l'air inquiet.

À quoi ça servirait ?

Ils étaient inquiets
au début, pourtant.

Tu te rappelles les manifestations ?

Tu te rappelles…
ils ont défoncé la clôture

de la Maison-Blanche.
Et tous les étudiants ont été abattus.

Ouais.

Le renversement du gouvernement russe.

La guerre de quatre jours
entre le Pakistan et l'Inde.

Et le foutu…

…le foutu volcan !
En Allemagne.

Y avait un volcan en Allemagne.

C'est… c'est malade.

On disait tous que ça allait passer.

Mais on dirait pas que ça va arriver.

Non.

Je pense que…
les suicides vont ralentir.

Je crois que les gens vont juste…
attendre.

Après quoi ?

La fin.

C'est vraiment la fin de tout.

D'après moi, on traverse
les cinq étapes du deuil.

Tu vois ce que je veux dire ?

C'est vrai, on vient d'arriver
à l'étape finale.

L'acceptation.

L'attente…

c'est ça le plus difficile selon moi.

Et l'ennui, c'est… c'est que
c'est arrivé de nulle part.

Pas vrai ? Tout le monde
savait qu'il y avait

des problèmes avec l'environnement.

Je pense que même les crinqués
de la droite

savaient secrètement que c'était le cas.

Mais ça…

C'est…

c'est juste 60 variétés
différentes de merde !

Ça fait tellement de merde
et c'est arrivé si vite.

Un an, mon gars. 14 mois.

C'est nul.

Ouais. C'est nul.

Merde. Un avion qui écrit dans le ciel.

J'en avais pas vu
depuis que j'étais enfant.

Oh.

C'est quoi cette merde ?

C'est exactement…
ce que je me disais.

MERCI CHUCK

POUR CHUCK

Wô, wô, t'étais où ?

T'es sérieux, là ?
J'ai dû courir jusqu'ici.

La circulation est l'infernale,

et la moitié des autos sont vides.

- Le Dr Winston a disparu.
- Quoi ?

Il est rentré ce matin,

a regardé autour de lui
et il est reparti.

Et j'arrive pas à le joindre,

il a laissé tomber sa pagette
en sortant.

OK, je vais me préparer.

Les lits sont vides.

La plupart sont partis.

J'ai transféré les derniers
cas stables.

Mais, Felicia, y a un truc bizarre.

C'est quoi ça ?

Qu'est-ce qui se passe
avec le moniteur ?

C'est ça que je veux dire, c'est…

c'est pas le seul.

Je comprends rien, Felicia.
Rien du tout.

Sérieux…

je pense que j'ai envie de m'en aller.

Je pense que j'ai envie
de rentrer chez moi.

Je pense que j'ai plus
besoin d'être ici.

« Système de diffusion d'urgence,
restez à l'écoute. »

« Échec de l'appel.
Connexion au réseau mobile impossible. »

Ça va, monsieur ?

Je prends une petite pause.

J'ai marché au centre-ville
pour aller voir le gouffre,

et prendre quelques photos
avec mon téléphone.

Je me disais
qu'une des stations de télé locales

serait peut-être intéressée, mais…

on dirait qu'elles ont toutes arrêté
de diffuser.

À part des photos de Krantz.

Toujours Krantz, tout le temps.

Savez-vous c'est qui ?

Non, j'ai demandé
à une vingtaine de personnes,

au moins, personne ne le sait.

Notre ami Krantz
est le Oz de l'apocalypse.

Notre dernier même.

Ouais.

- Où vous allez ?
- Harvest Acres.

Une petite enclave
à l'écart des sentiers battus.

Moi aussi, c'est là que je vais.

Mon ex habite là.
- Oh, eh bien…

Je peux marcher avec vous
si vous voulez.

Vous faites quoi, monsieur ?

Eh bien, si vous faites encore quelque chose,
je veux dire.

Je suis propriétaire et directeur

du salon funéraire Yarborough.

Oh.

Ouais. On a eu un boum.

C'est difficile de trouver ça positif,

mais les affaires
avaient jamais été aussi bonnes

qu'il y a quelques semaines.

Mais ce qui m'intéresse
vraiment, c'est…

la météorologie.

Je rêvais d'être monsieur météo
à la télé dans ma jeunesse,

peut-être même
pour un des grands réseaux.

Mais… non.

Je m'intéresse à ce qui se passe,
je lis les données.

Et je peux vous dire
quelque chose d'incroyable,

si vous voulez l'entendre ?

Vous savez que tout le monde
dit qu'il y a 24 heures

dans une journée.

Eh bien, ils ont tort.

Il y avait 23 heures

et 56 minutes
dans une journée stellaire.

Plus quelques secondes.

Il y avait ?

En me basant sur mes calculs qui,

je vous assure, peuvent être prouvés,
mes maths sont justes.

Il y a maintenant 24 heures
et deux minutes dans une journée.

Savez-vous ce que ça veut dire ?

Ce que ça veut dire
c'est que la rotation

de la Terre ralentit.
- Exactement.

Beaucoup de gens croient
que toutes les catastrophes

sont causées par ce qu'on a fait
à l'environnement.

C'est faux.

Je suis le premier à l'admettre,

on a traité notre mère,
oui c'est notre mère à nous tous,

très mal.

C'est clair qu'on l'a molestée,
si c'est pas carrément violée,

mais… on est minuscules

comparés à la grande horloge
de l'univers.

Non, peu importe ce qui se passe,

c'est beaucoup plus grand
que la détérioration

de l'environnement.

C'est les maths qui le disent.

Et les maths peuvent faire
beaucoup de choses.

C'est vrai, les maths
peuvent être de l'art…

mais elles peuvent pas mentir.

Vous savez quoi ?

Je pense que je vais m'asseoir,

et profiter du coucher de soleil,

en attendant que…

l'arthrite se calme un peu.

Vous voulez vous asseoir avec moi ?

Je pense que je vais continuer.

Votre ex. Je comprends ça.

Eh bien… content d'avoir
parlé avec vous, M. Anderson.

Salut.

Salut.

T'en fais pas,
je vais chez mon ex-femme.

Felicia Anderson.

Je pense qu'elle a repris
le nom de Gordon.

Elle habite sur Fern Lane,
au numéro 19.

Ouais, je connais Mme Gordon.

Qu'est-ce que tu fais dehors ?

Je voulais patiner.

J'adorais patiner avant.

Alors, vous devriez patiner.

T'as peut-être raison.

Pourquoi vous allez voir Mme Gordon
si c'est votre ex ?

Je l'aime bien encore.

Vous disputez-vous ?

Avant, oui.

On s'entend mieux maintenant
qu'on est des ex.

Mme Gordon nous donne

des petits biscuits au beurre, parfois.

Je préfère les Oreo, mais…

On peut pas avoir le beurre
et l'argent du beurre, han ?

Comment du beurre
peut avoir de l'argent ?

À moins que vous vouliez dire…

Je pense que tu devrais
rentrer chez toi.

Sans les lampadaires,
il fait trop noir pour patiner.

Est-ce que tout va bien aller ?

J'en suis sûr.

« Merci, Chuck. »

Rentre chez toi.

Va rejoindre ta mère et ton père.

Vas-y tout de suite.

Oh, mon Dieu, merci.

Dieu, merci. Dieu, merci.

Je viens juste de…

Felicia…

- Marty !
- Oh, mon Dieu !

Ils sont… ils sont apparus comme ça.

Je sais, je sais, j'ai vu.

Est-ce que c'est juste ici ?

Je crois que c'est partout.

Je crois que c'est…

presque…

C'est…

Oui, je crois que c'est presque…

J'ai jamais vu les étoiles
briller comme ça.

Regarde ça.

Là, c'est… Aquila.
L'Aigle.

Hum-hum.

Et là… Cygnus.

Le Cygne.

Tu le vois ?

Et ça, c'est l'étoile Polaire

Est-ce que t'as vu ça ?

Ouais.

Ça, c'était Mars.

J'ai peur.

Oui, moi aussi j'ai peur.

Ça va aller, chéri.

Tu peux y aller.

Tu peux y aller, OK.

39 années…

39 belles années.

Merci, Chuck.

Je t'aime…

Acte II
ARTISTES DE RUE

Avec l'aide
de son ami Mac,

qui a une vieille camionnette,

Taylor Franck installe sa batterie

à son endroit préféré
sur la promenade de la huitième rue.

C'est jeudi après-midi.

La météo est sacrément magnifique.

Et les rues fourmillent
de gens qui ont hâte au week-end,

ce qui est toujours mieux
que le week-end en tant que tel.

- Tout est beau, Taylor ?
- Ouais, merci.

Dix pour cent,
c'est le seul merci qu'il me faut.

Taylor, tout comme Mac,
travaille à temps partiel

au Doctor Records sur la rue Castle.

Mais lors d'une bonne journée,

Taylor peut faire
presque autant d'argent

en jouant dans la rue.

CHAPEAU MAGIQUE
CHAQUE CONTRIBUTION DOUBLÉE

Jouer de la batterie dans la rue
était pas ce que ses parents

avaient en tête
quand ils l'ont envoyée à Juliard,

et ils ne savaient pas encore
qu'elle avait abandonné.

Juliard voulait qu'on réfléchisse

à ce que l'on faisait.

Mais en ce qui concerne Taylor,
le rythme est notre ami,

et réfléchir, c'est l'ennemi.

Elle commence à s'échauffer…

doucement au début, un tempo lent,
pas de cloche à vache.

Se souciant peu
que le chapeau magique reste vide,

si ce n'est de ses 2 $ froissés.

Et un 25 sous lancé nonchalamment

par un gars en skateboard.

Elle a le temps.

Il faut trouver la clé.

Trouver la clé,
c'est la moitié du plaisir.

Peut-être même la plus grande partie.

Janice Halliday retourne à la maison

après un quart de 7 h à la librairie.

Et va peut-être marcher
jusqu'à l'océan.

Son petit ami des 16 derniers mois
vient de la laisser.

NOUS SOMMES PAS FAITS L'UN POUR L'AUTRE
AMIS POUR TOUJOURS OK ?

Et il l'a fait de la manière moderne.
- Espèce de salaud !

C'était totalement inattendu,

comme se faire claquer
une porte dans la figure

quand on s'apprête à la traverser.

C'était…
- Du gros n'importe quoi.

Du gros n'importe quoi.

Elle n'est pas amoureuse de lui,

elle n'a même jamais essayé
de se convaincre

qu'elle l'était, mais c'était…

Vraiment nul !

…un choc consternant, quand même.

Elle se dit qu'elle va boire
un peu de vin en pleurant

quand elle sera à la maison.

Peut-être faire jouer
une des ses listes de lectures

de Big Band et danser ivre
dans la pièce.

Elle adorait danser à l'adolescence.

Peut-être qu'elle peut retrouver
un peu de cette joie-là.

Merde, sérieux, là ?
Pardon ?

Désolée. Je m'excuse, pas vous.
Pas vous.

J'espère bien.

Merde !

J'ai un latté lait d'avoine pour Chuck.

Charles Krantz.

Chuck, pour les amis,

est revêtu de l'armure
de la comptabilité.

Costume gris, chemise bleue,
cravate bleue.

Ses chaussures Samuel Windsor

ne sont pas chères, mais robustes.

Il est ici pour un congrès
d'une semaine qui s'appelle :

La banque au 21ème siècle.

Il a été envoyé par sa banque,

la Midwest Trust,
toutes dépenses payées.

Chuck a aimé les conférenciers
et les panels.

Il a lui-même fait partie d'un panel

et il va faire partie d'un autre

avant la fin du congrès demain midi.

Mais il n'avait pas du tout envie
de passer ses heures

libres en compagnie
de 70 autres comptables.

C'est vrai qu'il parle leur langage,

mais il aime croire
qu'il en parle d'autres aussi.

Du moins c'était le cas,

même si maintenant une partie
du vocabulaire est perdue.

À présent, ses confortables Oxford
de Samuel Oxford

l'emmènent faire une promenade
d'après-midi.

Sa vie est moins grandiose
que ce qu'il a déjà espéré,

mais il est en paix avec ça.

Il comprend que le rétrécissement

est dans l'ordre naturel des choses.

Il a une épouse, Ginny.

À qui il est scrupuleusement fidèle

et il a un fils intelligent et jovial

au début de l'adolescence.

Il lui reste aussi seulement
9 mois à vivre, mais ça,

il ne le sait pas encore.

Taylor est au travail
depuis 10 minutes maintenant.

Et elle n'a toujours rien récolté.

Elle voit un monsieur
du genre homme d'affaires

venant dans sa direction.

Et quelque chose chez lui,
Dieu seul sait quoi,

lui donne envie d'annoncer
son approche.

Elle passe tout d'abord
à un rythme reggae.

Et ensuite à quelque chose
de plus enlevant.

Et pour la première fois aujourd'hui,

Taylor sent une étincelle.

Elle commence à frapper
la cloche à vache

sur les quatre temps.

C'est plutôt cool.

Le groove est arrivé.

Et le groove, c'est comme
une route qu'on veut suivre.

Elle pourrait accélérer le rythme,

rajouter un peu de tom,

mais elle observe M. Homme d'Affaires,

et ça détonnerait avec le gars.

Elle croit que M. Hommes d'Affaires

va simplement continuer son chemin

jusqu'à son hôtel d'affaires.

Et que lorsqu'il sera parti,

elle passera à quelque chose d'autre.

Mais… au lieu de passer tout droit…

- Wouh !
- Ouais, allez !

Allez-y, dansez avec lui !

Allez, viens.

Allez, petite sœur.

Viens danser.

Allez, danse !

Dansez avec lui.

Ouais !

Je vais te guider.
Ça va aller. Suis-moi.

Ça va.

C'est mes lunettes, c'est mes lunettes.

Qu'est-ce qu'on fait ?

J'en ai aucune idée.

Je pense que j'ai le…

Ça va aller.

C'est tout pour aujourd'hui,
tout le monde.

C'est tout pour aujourd'hui,
c'est tout pour aujourd'hui !

Il faut pas pousser notre chance.

Est-ce que je peux t'aider ?

- Ouais, peux-tu prendre ça…
- Bien sûr.

Il faut juste tourner ce truc,
mais attention à tes doigts.

- OK.
- Ça peut faire très mal.

Tu vois ce que je veux dire ?
- Ouais, ouais.

T'as pas autre chose à faire ?

C'est juste… arrivé.

En tout cas, c'était incroyable.

Es-tu un danseur professionnel ?

Non. Non, monsieur.

Qu'est-ce que tu fais, alors ?

Oh, non, je pense que…

Je pense qu'il l'a cassé.

Allons faire un tour à l'étang.

On trouvera jamais
de stationnement au parc.

Aujourd'hui, oui.

Aujourd'hui…

c'est magique.
- Oui.

Où t'as appris à danser comme ça ?

C'est ma grand-mère m'a tout appris.

Et toi où as-tu appris à jouer ?

Je suis autodidacte.

Oh, non, non, non, c'est à toi.

Non, on sépare en trois.

J'aurais pas fait la moitié de ça

même en jouant jusqu'à minuit.

Est-ce que ça va ?

Ouais.

Ouais. J'ai seulement
une de mes migraines.

Oh non, non, non.
Je t'en prie.

J'en ai pas besoin, garde-le.

Allez, mon gars, tu l'as gagné.

Paye-toi un resto.

Fais un don.
Mais cet argent est à toi.

Vous pourriez gagner
votre vie comme ça, vous savez ?

J'irais pas jusque là.

Je crois vraiment
que ça pourrait nous apporter

la gloire et la fortune.

Qu'est-ce qui t'a poussé
à t'arrêter devant moi ?

Pourquoi t'as commencé à bouger ?

Il pourrait dire que…

c'était parce qu'il avait pensé
à son vieux groupe médiocre,

les Rétros.

Et à quel point il aimait danser
sur la scène

pendant les pauses instrumentales.

Mais ce n'est pas ça.

Je… je sais pas.

Taylor, on doit y aller.

Ou tu vas devoir payer
ma contravention avec ta part.

Vous êtes sûrs de pas vouloir
changer de carrière ?

Changer de carrière, non.

On pourrait devenir célèbres.

Mais avant de partir, dans mes bras.

Câlin de groupe.

- Euh… OK !
- Câlin de groupe !

OK, allons-y.

Dans mes bras !

Artistes de rue pour toujours.

Ouais, artistes de rue pour toujours,

on doit y aller avant que
la fille des parcos arrive.

Je suis navré, c'est nul.

Ouais, c'est nul.

Je pensais que c'était un bon gars.

C'était un bon amant
et on s'amusait bien.

Si je peux trouver une vidéo
de nous deux en train de danser,

que je vais chercher
parce que ça va devenir viral.

OK.

Je vais lui envoyer, avec un texto.

Un texto qui dit…
« C'est ce que tu manques. »

Tout va bien aller.

Je sais pas grand-chose,
mais je sais ça au moins.

Y a un brillant rayon
de soleil devant toi,

et tu vas directement marcher dedans,
ça se voit.

Mais ouais.

C'est nul. Y a pas d'autres
choses à dire.

Tout est en train de s'écrouler,

et tout ce qu'on trouve à dire,
c'est que c'est nul.

Hum. Ouais.

Peut-être qu'on s'écroule nous aussi.

Peut-être bien.

Moi, c'est par là.

Euh, et moi, par là.

Merci pour la danse.

En passant à l'endroit où Taylor

avait installé sa batterie,

deux questions lui revenaient sans cesse.

Pourquoi s'est-il arrêté pour écouter ?

Et pourquoi s'est-il mis à danser ?

Il l'ignore.

Et est-ce que des réponses

rendraient une bonne chose meilleure ?

Plus tard, il n'aura plus
la capacité de marcher…

encore moins de danser
avec une petite sœur sur la promenade.

Plus tard, il va perdre
la capacité de mastiquer.

Plus tard, il va oublier le nom
de sa femme.

Plus tard, il ne saura plus
faire la différence

entre le rêve et la réalité,

et il va entrer dans un monde
de souffrances si grandes

qu'il va se demander pourquoi
Dieu a créé le monde.

Ce dont il va se souvenir
occasionnellement,

c'est de s'être arrêté,
d'avoir déposé sa mallette,

et d'avoir commencé à bouger
les hanches au rythme des tambours,

et il se dira que c'est pour ça
que Dieu a créé le monde.

Juste pour ça.

Oui, allez !

Acte I
JE CONTIENS DES MULTITUDES

T'as entendu ?

Tchou-tchou !

Regarde, Zaydee, il tourne.

Chuck désirait avoir une petite sœur.

Évidemment, il désirait aussi
avoir des parents,

mais rien de tout ça n'est arrivé

grâce à une plaque de glace bien cachée
sur le viaduc de la I95.

Ooh et boum !

Chuck n'était pas dans la voiture
quand ça s'est produit

parce que ses parents
étaient sortis au resto,

et qu'il se faisait garder
par ses grands-parents.

Qu'il appelait encore à l'époque,
Zaydee et Bubbie.

Il avait alors sept ans.

Excellent travail.

Pendant un an et demi,

ça a été une maison de pure tristesse.

Albie et Sarah Krantz
n'avaient pas seulement perdu leur fils

et leur bru…

Pourquoi vous mangez pas ?

…ils avaient perdu
la petite-fille qui devait naître

seulement trois mois plus tard.

Qu'est-ce qui se passe ?

Le nom avait déjà été choisi.

- Son nom…
- Alyssa.

…c'est Alyssa.

Quand Chuck a dit que
ça sonnait comme la pluie…

…sa mère a ri
et pleuré en même temps.

Il n'a jamais oublié ça.

Albie est passé à travers son deuil

en se tournant
vers ses deux incontournables :

les chiffres et l'alcool.

Mais Sarah, elle,
ne trouvait plus de joie

dans ses plaisirs habituels.

Elle aimait les saveurs de la vie.

La musique, les arts,
et la nourriture.

Maintenant, elle trouvait
le monde silencieux,

gris et sans saveur.

Quelques émotions agréables
sont revenues

dans la maison avec le temps.

Ils commandaient souvent
au resto depuis l'accident,

mais aux alentours des 10 ans de Chuck,

sa grand-mère s'est remise à cuisiner.

Elle aimait écouter du rock and roll

pendant qu'elle cuisinait.

Un style que Chuck aurait pu trouver
trop jeune pour elle,

mais de toute évidence,
elle l'appréciait.

♪ And make her do
a high handstand ♪

♪ And take your baby
by the heel ♪

♪ And do the next thing
that you feel ♪

Allez, petit-frère, viens danser.

♪ We were so in phase ♪

♪ In our dance hall days ♪

♪ We were cool on craze ♪

♪ When I, you,
and everyone we knew ♪

♪ Could believe, do,
and share in what was true ♪

♪ Oh, I said ♪

♪ Dance hall days, love ♪

♪ Take your baby by the hair ♪

♪ And pull her close
and there, there, there ♪

♪ And take your baby
by the ears ♪

♪ And play upon
her darkest fears ♪

♪ We were so in phase ♪

Tu pourrais apprendre
ces pas, mon grand.

T'as un talent naturel.

Où est-ce que t'as appris, toi ?

À l'école.

T'étais comment à l'école ?

J'étais une garce.

Mais dis pas à ton Zydee
que j'ai dit ça.

Il est de la vieille école.

Chuck ne l'a jamais dit.

La maison de ses grands-parents

est devenue la sienne à part entière,
avec une exception.

La coupole sur le toit.

Il était interdit à Chuck
d'entrer dans la coupole.

C'était la règle de son grand-père

et elle était absolue.

Catégorique.

Albie n'était pas sévère
pour le reste,

il était très doux
la plupart du temps.

Mais à ce sujet,
il était intransigeant.

Chuck avait posé des questions,
évidemment,

et à plus d'une reprise.

Qu'est-ce qu'il y avait dedans ?

Qu'est-ce qu'on peut voir
par la fenêtre ?

Et la grande question :

pourquoi la pièce
était-elle verrouillée ?

Grand-mère disait…

Parce que le plancher est dangereux,

et tu pourrais passer au travers.

- Grand-père disait…
- Y a rien là-dedans

à cause du plancher pourri,

et tout ce qu'on peut voir
par la fenêtre,

c'est le centre commercial.

Il a dit ça jusqu'à ce qu'un soir,

juste avant le 11ème anniversaire
de Chuck,

il lui révèle une partie de la vérité.

Le calendrier cosmique
ramène l'histoire

de l'univers à une seule année.

Si l'univers avait commencé
le premier janvier,

la Voie lactée ne serait apparue
qu'au mois de mai.

Boire, ce n'est pas bon pour les secrets.

Et après la mort de son fils,
de sa bru

et de sa petite-fille à naître, Alyssa,

qui sonne comme la pluie,
Albie Krantz a beaucoup bu.

Tout ce que les humains ont jamais fait

s'est passé dans ce point brillant,

en bas à droite
du calendrier cosmique.

On doit pouvoir voir plus loin

que le centre commercial
Westford de la coupole.

Le Big Bang est en haut à gauche…

Je suis sûr qu'on peut voir
toute la ville

de là-haut, tu penses pas ?

Si t'allais là-haut,

tu verrais peut-être beaucoup plus
que ce que tu voudrais.

C'est pour ça que
c'est verrouillé, Chucko.

Chaque mois représente
1,25 milliard d'années.

Chaque jour représente
40 millions d'années.

Il voulait demander à son grand-père

ce qu'il voulait dire.

Mais l'adulte en lui,
pas une personne en tant que telle,

non, pas à 10 ans,
mais quelque chose

qui commençait à s'exprimer
en de rares occasions,

lui a dit de rester silencieux.

Reste silencieux.

Et attends.

…toute l'histoire humaine

occuperait une zone
de la taille de ma main.

Nous entamons à peine
le long et difficile chemin…

Tu sais de quel style
de maison il s'agît ?

- Victorien.
- C'est exact.

Et c'est pas une fausse
victorienne non plus.

Elle a été construite en 1885.

Elle a été rénovée une bonne
demi-douzaine de fois depuis,

mais… la coupole est là
depuis le premier jour.

On habite ici depuis 71.

Et pendant toutes ses années,

je suis pas monté dans la coupole

plus d'une demi-douzaine de fois.

Parce que le plancher est pourri ?

Parce qu'elle est remplie de fantômes.

Passons à une échelle
de plusieurs mois,

à quelques minutes.

- Tu te rappelles Scrooge ?
- Oui.

Le film de Scrooge qu'on a regardé ?

Oui, je me rappelle.

Tu penses que ça,
c'est une histoire de fantôme ?

Je suppose que oui.

J'ai entendu quelqu'un dire

que c'était une histoire de fantômes.

C'était un peu avant Noël.

…nous avons cherché
à comprendre où nous vivons…

Le garçon des Jefferies
un mois plus tard.

Henry Peterson…

Ça, ç'a été plus long.

Quatre, peut-être cinq années avant
et rendu là…

J'avais presque oublié
que je l'avais vu là-haut.

Presque.

J'ai dit que j'allais
plus jamais y aller après ça,

et j'aurais aimé que ce soit le cas…
à cause de Sarah…

à cause de ta Bubbie, Chuckie,

ta gentille Bubbie…

et le pain.

Dans le vaste océan temporel

que représente ce calendrier,

notre mémoire entière
est confinée à ce petit carré.

C'est l'attente, Chucko.

C'est ça le plus difficile.

Tout ce qu'on lit
dans les livres d'histoire

se passe ici.

Dans les dernières dix secondes
du calendrier cosmique.

Oh !

Ça se rafraîchit dehors.

Vera vous salue.
Elle dit merci pour la soupe.

Si tu savais la quantité de potins
qu'elle m'a racontée.

Évidemment !

C'est pour ça qu'elle est là,
pas vrai ?

Qu'est-ce qu'elle t'a raconté de bon ?

Eh bien, je sais pas si t'es au courant,

mais Trish dit que Karen
et Matty sont en thérapie…

Oh non.

C'est qui Henry Peterson, Zaydee ?

Et prends du mélange à crêpes.
La boîte jaune,

pas la orange,
tu vas t'en rappeler ?

Oui, c'est bon.

Tu veux que je te l'écrive
sur un papier ?

Non, ça va aller.

Et pense même pas à conduire,
la marche va te faire dégriser.

Ouais, ouais, ouais.

Il va rapporter des provisions,

et un peu plus tard en soirée,

on pourrait se faire des s'mores
devant la cheminée ?

Hum.

Oui.

Ouais.

Est-ce qu'il te parlait
de ses fantômes ?

Ceux qui vivent dans la coupole ?

Ouais.

Il… il y en a ?

Qu'est-ce que tu crois ?

Je m'occuperais pas trop
de ce que raconte Zaydee.

C'est un homme bon, mais parfois…

parfois, il boit un peu trop.

Ensuite, il enfourche
ses chevaux bâtons.

Je suis sûre que tu vois
de quoi je parle.

C'était qui le garçon des Jefferies ?

Eh bien… c'est une histoire
très triste, mon grand.

Il habitait le pâté de maison voisin,

et il s'est fait frapper par une voiture

en courant après un ballon.

C'est arrivé il y a très longtemps.

Et si ton grand-père dit qu'il l'a vu

avant que ça arrive, il se trompe.

C'est juste qu'il boit un peu trop.

Tu sais, je peux les apporter
à Mme Stanley, si tu veux.

Oh. C'est très gentil de ta part,
Vera va adorer ça.

Mmm !

Simplement merveilleux.

Ta grand-mère est une artiste.

Merci de me les avoir apportés.
C'était ton idée ?

Sois honnête.
- Oui, c'était la mienne.

Est-ce que je peux t'offrir
une tasse de thé ?

Je… je bois pas de thé.

Mais, euh, un verre de lait,
je dirais pas non.

Ta grand-mère est une sainte !

Maintenant, parle-moi
de ton grand-père,

est-ce qu'il a fait examiner
le truc dans son dos ?

Ouais, le médecin l'a enlevé
et l'a fait tester.

Je veux tout savoir.

Euh… c'était pas un des mauvais.

Oh ! Que Dieu soit loué.

Ouais.

Il, euh, il parlait avec grand-mère
à propos

de quelqu'un qui s'appelait
Henry Peterson.

C'est si affreux.

Henry était comptable
comme ton grand-père.

Il faisait beaucoup d'affaires en ville.

Celles que ton Zaydee faisait pas…

Comment ça s'est passé ?

Je crois pas que tu veuilles
en savoir plus

sur ce genre de choses.
- Euh…

Eh bien, grand-père a dit
que ça a été, euh, paisible.

Paisible ?

Il s'est suicidé.
Il s'est pendu, le pauvre.

Sa femme, tu vois,
elle est partie avec un homme plus jeune.

À peine assez vieux pour voter

et elle était dans la quarantaine.

Qu'est-ce que tu dis de ça ?

- Wow.
- En effet, wow.

Et ensuite, j'ai entendu dire que…

Qu'est-ce qui se passe à l'école ?

- Euh…
- Qui bécote qui ?

« Parle honnêtement.
Je suis le seul à t'entendre.

Je suis encore là
pour une minute, pas plus.

Comment cela ?
Je me contredis ?

Eh bien soit, oui, je me contredis.

Je suis vaste,

je contiens des multitudes. »

Le dernier jour de sixième année,

Mlle Richards, une gentille jeune femme
un peu hippy

incapable de faire respecter
la discipline,

et qui n'allait probablement
pas rester longtemps

dans le système d'éducation publique,

essayait de réciter
pour la classe de Chuck quelques vers

de Chanson de moi-même
de Walt Whitman.

« Ne soyez pas découragés
dans l'échec de votre poursuite.

Vous ne me trouvez pas ici ?
Dans ce cas, courez plus loin. »

Ça a bien été, tu trouves pas ?

Ouais, je suis…

Je suis navré pour ça.

Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit…

« Je suis vaste,

je contiens des multitudes » ?

Qu'est-ce que ça veut dire selon toi ?

Tous les gens qu'on connaît ?

Ouais.

Mais ça veut peut-être dire
encore plus.

Tiens. Approche.

Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?
Entre mes mains.

Mon cerveau.

Non, hum, c'est pas ce que
je veux dire exactement.

Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?

Entre mes mains, maintenant ?

Euh… Je l'ignore.

Tous les gens que tu connais ?

Je suppose.

Seulement les gens que tu connais ?

Tout ce que tu vois.

Tout ce que tu sais.

Le monde, Chuck.

Les avions dans le ciel,
les plaques d'égout dans la rue.

Chaque année que tu vis,
ce monde à l'intérieur de ta tête

va devenir plus grand
et plus brillant

et plus détaillé et complexe.

Tu vas bâtir des villes
et des pays et des continents

et tu vas les remplir de personnes
avec des visages,

réelles et imaginaires.

Est-ce que tu comprends ?

Ne t'arrête pas là.
Remplis absolument tout.

Avec tous ceux que tu rencontres.

Tous ceux que tu connais.

Tous ceux que t'as jamais imaginés.

Ça sera un univers.

Un univers complet,
juste entre mes mains.

Tu contiens des multitudes.

Alors…

Qu'est-ce qui se passe avec cet univers

si je sais pas trop…

si quelqu'un…

roule sur une plaque de glace

et tombe en bas d'un viaduc ou…

Il faut pas trop s'en faire
avec ce genre de chose.

Essaie juste de pas oublier

que tu contiens des multitudes,
Chuck.

N'est-ce pas merveilleux ?

Vas-y maintenant,
t'as été un si bon garçon,

j'ai vraiment aimé
t'avoir dans ma classe.

Chuck a vraiment profité de son été

jusqu'au mois d'août

quand Bubbie est morte.

C'est arrivé à l'épicerie
au coin de la rue, en public,

ce qui manquait un peu de dignité,
mais au moins,

c'était le genre de mort
où les gens peuvent dire

sans se tromper…

Dieu merci, elle n'a pas souffert.

L'autre grand classique…

Elle a eu une longue vie bien remplie.

…était plus une zone grise.

Sarah Krantz n'avait même pas
la mi-soixantaine.

Une fois de plus,
la maison de la rue Pilchard

en était une de pure tristesse.

Albie portait son brassard de deuil,
et avait perdu du poids,

il ne racontait plus de blagues,

et commençait à avoir l'air plus vieux
que ses 70 ans.

C'est tout ?

Ouais.

1,75.

Hum, la dame qui était ici
il y a quelques semaines.

Celle qui, euh…
qui est morte.

Où est-ce qu'elle était…
quand ça s'est passé ?

C'est un peu tordu, petit gars.

C'est que c'était ma grand-mère.

Elle était venue chercher un pain.

Elle a presque tiré
tout ce qu'il y avait sur la tablette

avec elle quand elle s'est effondrée.

Je suis désolée
si c'est trop d'information.

Non.

Ça, je le savais déjà.

Non !

Va-t'en de là !

- Attends…
- Va-t'en immédiatement !

Donne-moi ça.

Donne-le-moi.
Donne-le-moi !

Donne-moi ça.
- Tiens…

Oh… oh, je m'excuse.

Je m'excuse.

Est-ce que ça va ?

Qu'est-ce que t'as vu ?

Qu'est-ce que t'as vu ?

Je m'excuse, c'est juste que…

Tu peux pas…

Tu peux pas faire ça, Chuckie.

Tu peux pas, c'est tout.

Oh, pardonne-moi.

Oh, je m'excuse.

Je suis vraiment, vraiment désolé.

Je m'excuse.

« Club de Danse Twisteurs
et Gigueurs ».

Allez, petit frère…

viens danser.

Boujour, les twisteurs
et bonjour, les gigueurs !

Qui l'aurait cru ?
Trois garçons cette année.

C'est un nouveau record.

Messieurs, c'est possible
qu'on se moque de vous

à cause de votre nouveau passe-temps,

je vous assure que vous êtes
les jeunes hommes

les plus intelligents de l'école.

Vous allez vite comprendre
ce que je veux dire.

Pour ceux qui ne me connaissent pas,
je m'appelle Mme Rohrbacher

et quand j'enseigne pas
l'éducation physique aux filles,

je suis ce que certains élèves
ont surnommé

« Le monstre de la danse. »

Rien ? OK.

Vous avez choisi ce qui est possiblement
le meilleur club

que l'école a jamais eu,
parce que si on avait pas

le volleyball pour filles,
on aurait rien du tout.

Non, non, non !

Reviens, M. Mulford.

Tu es à moi maintenant.

La valse !

Chuck connaissait ça.

Cha-cha.

Chuck connaissait ça.

Swing.

Pas chassé. Pas de rock.

Chuck connaissait ça.

Pas chassé. Pas de rock.

Samba.

Je connais pas celle-là.

Il était de loin le meilleur danseur
de leur petit club.

Alors, Mme Rohrbacher
le plaçait le plus souvent

avec les filles qui étaient maladroites.

Il comprenait qu'elle faisait ça
pour qu'elles s'améliorent

et il acceptait de le faire avec grâce.

Toutefois, vers la fin
des deux heures de cours,

le Monstre de la danse
faisait preuve de reconnaissance,

et le plaçait avec Cat McCoy.

Qui était en huitième année

et la meilleure danseuse des filles.

Chuck ne s'attendait à rien
de romantique.

Cat n'était pas seulement magnifique,

elle mesurait un bon 30 cm
de plus que lui,

mais il adorait danser
avec elle et c'était réciproque.

Entrez deux, trois.
Sortez, deux, trois.

Changez et stop.

Entrez, deux, trois.
Sortez, deux, trois.

Tournez, et bras !

Un, deux, trois.

Un, deux, trois.

Un, deux, trois.

Un, deux, trois.

Je sais pas ce que c'est…

Oh, mon Dieu !
OK.

Dix minutes style libre.

♪ Ooh, my little pretty one,
pretty one ♪

♪ When you gonna give me some
time, Sharona ? ♪

Hé, regarde ça.

♪ Ooh, you make my motor run,
my motor run ♪

♪ Gun it coming off of the line,
Sharona ♪

- Montre-moi comment t'as fait.
- Prête ?

Glisse… glisse… glisse…

T'es prête ?

Fais-le avec moi.

♪ M-m-m-my Sharona ♪

Mmm-mmm. Euh…
enlève tes souliers,

et fais-le en chaussettes.
- Oui, chef !

Maintenant, glisse…

Glisse… glisse…

Ouais, ça y est !

Hé, montre-moi.

Pop, glisse… pop, glisse…
glisse, glisse…

Ouais. Encore.

Pop, glisse… pop…

♪ M-m-m-my Sharona ♪

Twisteurs et Gigueurs s'est terminé

30 minutes plus tard ce jour-là.

♪ My Sharona ♪

C'est trop cool !
Tu l'as compris par toi-même ?

Eh bien, j'ai pas arrêté
de reculer la vidéo

jusqu'à ce que…
j'aie compris.

On devrait le faire à la danse.

Euh…

pas qu'on irait ensemble, rien de ça.

Je sors avec Dougie Wentworth,
t'es au courant, han ?

Ouais.

Mais ça veut pas dire
qu'on pourrait pas leur montrer

quelques pas super cool.

J'aimerais vraiment ça.
Et toi ?

Je… je sais pas trop.

Je suis beaucoup plus petit.

J'ai peur que les gens rient de moi.

- Ça marche à fond !
- À fond, ça, c'est clair.

- Vous êtes sûre ?
- Absolument sûre.

En tout cas, je me sens
super bien avec.

Euh, elles sont juste un peu grandes.

Est-ce que c'est assez ?

- Un de plus.
- Ouais, un de plus.

Ça, c'est comment ?

Le plancher est comme de la glace !

Fais des marques sur le plancher

et le concierge
va te donner une fessée.

Timmy !
Y aura pas de marques.

Ses pas sont trop légers
pour en laisser.

Presque parfait.

Refais ces deux-là.

Pas besoin de soupirer.

T'as du talent pour ça, tu sais.

T'es vraiment excellent.

Oui, mais c'est ennuyant.

Ennuyant ?
Tu veux parler des maths ?

Ouais.

Je me disais que le prochain semestre,

tu voudrais peut-être essayer
la ligue

de mathématiques après l'école.
Moi, je l'ai fait.

Pendant toute mon adolescence,
et c'était vraiment génial.

Je suis dans les Twisteurs et Gigueurs.

Ah, ouais.

Hé, dépose ton crayon une seconde,
tu veux bien ?

Une petite chose à propos des maths.

Parce qu'au départ,
les gens pensent souvent

que c'est ennuyant et ça,
c'est leur première erreur.

Ça fait partie de toutes les carrières,
de tous les emplois,

de toutes les facettes
de la vie sur cette planète.

C'est un fait.
Justement, la planète.

Comment tu penses qu'on a établi

la longueur d'une journée ?

Tout le monde connaît
la longueur d'une journée.

- C'est quoi ?
- 24 heures.

Les gens disent que c'est 24 heures.

Mais ils ont tort.

Il y a 23 heures et 56 minutes
dans une journée stellaire.

Plus quelques secondes,
les maths le prouvent.

Comment ont connaît l'âge de la Terre ?

Quel est l'âge de l'Univers ?

Combien de personnes ont existé ?

Ou comment bâtir un pont
ou un gratte-ciel,

ou quelle distance
il y a entre les étoiles ?

Comment on s'est posé sur la lune ?

Les étoiles elles-mêmes,
pourquoi elles brûlent,

pourquoi les atomes se séparent
et se fusionnent

et tout le reste,
c'est que des maths !

Hé, les étoiles sont que des maths.

Quand tu regardes le ciel la nuit,

tu regardes la plus grande équation
de l'univers.

Même quand tu danses,
c'est aussi des maths.

C'est vrai, c'est quoi
le langage de la danse ?

Comment tu apprends tes pas ?

C'est même dans le nom,
comment on appelle ça ? Le compte !

Un et deux et trois et quatre…
Une valse, c'est quoi ?

Un, deux, trois… un, deux, trois…
que des chiffres !

Que des maths.

Plus que ça…

C'est aussi un art.

Ce que je fais,
toutes ces chemises,

et tous ces dossiers,
c'est la vie des gens.

Chaque choix qu'ils ont fait,
l'année dernière, y a 20 ans,

tout ce qui est important pour eux,

chaque faiblesse qu'ils ont,
chaque vice, chaque rêve,

tout est là-dedans, en chiffres.

Un crétin arrive,
prend ces chiffres,

fait ses calculs sans créativité

et quelqu'un d'autre perd sa maison.

Moi, je prends ces chiffres,
je rajoute un peu d'art,

et je sauve la vie de quelqu'un.

C'est ce que je fais.

C'est ça, la comptabilité.

C'est peut-être ça
qu'ils devraient nous enseigner,

les trucs cool et pas juste…
tous les trucs super ennuyants.

Hum.

Les maths, c'est aussi autre chose.

Y a une méthode mathématique

qui s'appelle les statistiques
ou les probabilités.

Ça peut te dire des choses sur le futur.

Ça peut te dire, par exemple,

que t'as plus de chances
d'être repêché

par une équipe de sport professionnel

que de bien gagner ta vie comme danseur.

Le monde adore les danseurs.
Oui, vraiment.

Mais il a besoin de comptables.

Alors, y a beaucoup plus de demandes,

et donc beaucoup plus d'opportunités.

Je sais que ça peut
te faire de la peine.

Mais c'est la vérité.

Les maths, c'est la vérité.

Elles te mentiront pas.

Elles ne prennent pas
en compte tes préférences,

elles sont pures en ce sens.

Les maths peuvent faire
beaucoup de choses.

Les maths peuvent être de l'art,

mais elles peuvent pas mentir.

Alors, essaie de refaire
ces deux numéros

parce que, Chucko, tu es bon.

Tu as de l'art en toi.

♪ And I'll sweat it clean until
I can taste the oxygen ♪

Salut. T'as fière allure !

Merci.

Euh… toi aussi.

T'as envie d'aller leur montrer
ce qu'on sait faire ?

Euh… je sais pas trop, en fait, euh…

Je me suis blessé à la jambe.

Tu t'es blessé à la jambe ?

On peut peut-être attendre
une meilleure chanson.

Salut, le jeune.

Salut.

Je croyais que t'allais brûler
les planches ce soir ?

Je suis pas sûr.

Mes chaussures sont bizarres, et…

Je me suis blessé à la jambe.

Oh, tu t'es blessé à la jambe ?

Ouais.

C'est dommage.

Alors, t'es venu seul, han ?

- Hum ?
- Pas de cavalière ?

Non, je…

Ça va changer, crois-moi.

Ça va changer, il faut juste
être patient un peu.

Rien de tout ça, rien…

Rien de tout ce que tu vois
est vraiment important.

En fait, c'est juste un genre entraînement,
une répétition.

Hé ! Celle-là est parfaite, allons-y.

Non, je suis encore un peu…

Ma jambe est encore instable.

Chuck, allez. Je t'en prie.

On va leur en mettre plein la vue.

Désolé.

Ça fait mal, je t'assure.

Tu sais, j'ai commencé à danser
à huit ans.

Et j'enseigne l'éducation physique.

Et j'ai remarqué que…
lorsque mes jeunes se blessent,

je vois leur démarche changer,
je vois leur posture changer.

Et si je peux me permettre,
t'as l'air…

T'as l'air d'aller très bien, Chuck.

C'est pas pour te dire…
que t'es obligé de danser

avec elle, c'est ta décision,
c'est pour te dire que…

que tu danses ou non,
t'as pas à mentir.

Dis-lui la vérité.

Elle peut l'encaisser.

♪ Well, my temperature's risin'
and my feet left the floor ♪

♪ Crazy people knockin' 'cause
they're wantin' some more ♪

♪ Let me in, baby,
I don't know what you got ♪

- T'es prêt ?
- Ouais. Allons-y.

♪ So glad we made it ♪

♪ So glad we made it ♪

♪ You got to gimme
some-a lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme some-a lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme some-a lovin'
every day ♪

♪ Hey ! ♪

♪ Well, I feel so good,
everything is gettin' higher ♪

♪ You better take it easy
'cause the place is on fire ♪

♪ Been a hard day
and I have so much to do ♪

♪ We made it, baby,
and it happened to you ♪

♪ And I'm so glad we made it ♪

♪ So glad we made it ♪

♪ You got to gimme
some-a lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme some-a lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme some-a lovin'
every day ♪

♪ Hey ! ♪

♪ Well, I feel so good,
everything is gettin' higher ♪

♪ You better take it easy
'cause the place is on fire ♪

♪ Been a hard day,
nothin' went to good ♪

♪ Now, I'm gonna relax like
everybody should ♪

♪ And I'm so glad we made it ♪

♪ Hey, so glad we made it ♪

♪ You got to gimme
some-a lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme some-a lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ I need to gimme, gimme some
of your lovin', babe ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

♪ Gimme, gimme some lovin' ♪

Une autre fois !

Une autre fois !
Une autre fois !

Ils étaient peut-être jeunes,

mais ils étaient assez intelligents

pour savoir quand s'arrêter.

Merci beaucoup, tout le monde !

Six mois avant de mourir
d'une tumeur au cerveau,

à l'âge injuste de 39 ans,

et alors que son esprit
fonctionnait toujours,

ou presque, Chuck a dit la vérité
à sa femme

à propos de la cicatrice sur sa main.

Quand ils ont commencé
à sortir ensemble,

il lui avait dit
qu'il l'avait reçu d'un garçon

qui s'appelait Doug Wentworth

qui s'était fâché parce qu'il
avait dansé avec sa petite amie

à la danse de l'école,

et qu'il l'avait poussé
contre une clôture

à l'extérieur du gym.

Mais je t'ai menti là-dessus.

Eh bien !

Un homme de secrets,

encore aujourd'hui.

Qu'est-ce qui s'est passé,
mon amour ?

Quand notre fabuleuse danse
a été terminée,

j'étais en sueur,
j'avais tellement chaud.

J'avais l'impression que mes joues
allaient prendre en feu.

- T'as été génial !
- Merci !

Une vraie star !

Tout ce que je voulais
à ce moment-là,

c'était de la noirceur,
de l'air frais.

Et être avec moi-même.

Y avait des millions d'étoiles
ce soir-là.

Des millions…
et des millions de plus derrière.

Et d'accord, c'est…

C'était peut-être juste des maths,

mais elles dansaient aussi.

Je le sais parce que j'en ai vu une.

Et je me souviens m'être dit
que l'univers est vaste

et qu'il contient des multitudes.

Mais qu'il me contient aussi… moi.

Et à ce moment-là…

Je suis merveilleux.

Et j'ai le droit d'être une merveille.

Pourquoi mentir là-dessus,
petit coquin ?

T'es une étrange merveille, mon chéri.

Il n'en dit pas plus.

Parce que la cicatrice était importante

pour une autre raison.

Ça faisait partie d'une histoire
qu'il ne pouvait pas raconter,

même s'il y avait maintenant
un édifice à appartements

à l'endroit où se trouvait
la maison victorienne

où il avait grandi la majeure partie
de son enfance.

La maison victorienne hantée.

Aucune raison.

Une idée folle, il faut croire.

La cicatrice signifiait beaucoup plus,

alors il lui avait donné
une plus grande signification.

Il ne pouvait juste pas lui
en donner autant

qu'elle en avait vraiment.

Ça n'avait pas vraiment de sens,

mais alors que le glioblastome
continuait son blitzkrieg,

c'était le mieux que son esprit
en désintégration pouvait faire.

Le grand-père de Chuck,
son Zaydee,

est mort d'une crise cardiaque

cinq ans après la danse de l'automne.

Chuck en était
à son avant-dernière année

à cette école.

Il chantait dans un groupe
et il dansait comme Jagger

pendant les parties instrumentales.

Il avait fait lui-même
tous ses arrangements.

Il est venu il y a quelques semaines.

Juste pour s'assurer
que tout était en ordre.

Ce que j'ai trouvé étrange, d'ailleurs.

Peu de gens s'en donnent la peine.

La plupart des gens viennent une fois
pour tout organiser.

Ils n'ont pas hâte de revenir.

Quand je les revois,
ils sont dans leurs habits du dimanche,

si tu vois ce que je veux dire.

C'était un grand homme.

Et un bon ami.

Il a tenu notre comptabilité
pendant 23 ans,

et il a sauvé notre peau
plus d'une fois

quand le fisc venait frapper
à la porte.

Alors, est-ce que je vous dois
de l'argent ?

Même pas un sou.
Il s'est chargé de ça aussi.

Il a réglé son ardoise
au cours de la même visite.

Tu sais…

c'est très étrange,
et ça va paraître étrange, alors…

laisse-moi t'expliquer.

Tu vois, je…

dans ma jeunesse,
je rêvais d'être un monsieur météo

à la télévision, peut-être même
sur un grand réseau…

C'était pas dans les cartes pour moi,

mais j'ai passé un été complet
à WKNB.

Eh bien… il y avait un gars
à KNB qui, selon la rumeur,

pouvait sentir un orage arriver
au moins deux semaines

à l'avance, sans aucun radar.

Il avait un sixième sens.

La chose la plus folle
que j'ai jamais vue.

Il avait une expression sur…

sur son visage,
quand des personnes parlaient

de leurs plans de voyage
comme s'il savait quelque chose

qu'ils ignoraient.
Pas…

pas exactement un sourire,
pas un truc joyeux.

Il avait juste l'air…
de savoir.

Le regard du monsieur météo,
que j'appelais ça.

Et… je l'avais pas, pas moi,
alors, je suis ici, pas là-bas.

Ton grand-père… avait la même
expression quand il était ici.

Comme si… il avait su
qu'il allait pleuvoir,

et moi, j'étais juste le gars
qui lui vendait un parapluie.

Le regard du monsieur météo.

J'en ai aucun doute.

Très étrange…

Albie lui a tout laissé.

C'était amplement suffisant
pour payer son université,

et plus tard,
la vente de la maison victorienne

a payé pour la maison
dans laquelle lui et Ginny

ont emménagé après leur lune de miel
dans les Catskills.

Il a refusé catégoriquement
de déménager à Omaha

chez les parents de sa mère.

- Je vous adore…
- Il a dit…

…mais c'est ici que j'ai grandi

et je veux y rester
jusqu'à l'université.

J'ai 17 ans, je suis pas un bébé.

Alors, tous les deux étant retraités
depuis longtemps,

ils sont venus à lui,
et ont habité

dans la maison victorienne
pendant les 20 et quelques mois

qui ont précédé le départ de Chuck

pour l'université de l'Illinois.

Par contre, ils n'ont pas pu être là
pour les funérailles.

Ça s'est fait vite,
comme Albie l'avait demandé,

et les parents de sa mère

avaient des choses à régler à Omaha.

Ça n'a pas vraiment gêné Chuck,
pour être honnête.

Son Zaydee détestait les chichis,

presque autant qu'il détestait
les foules.

Un jour avant leur arrivée,

Chuck a enfin ouvert l'enveloppe

qui était sur la table dans l'entrée.

C'était de Sam Yarborough,

le propriétaire du salon
funéraire Yarborough,

et à l'intérieur se trouvaient
les effets personnels

d'Albie Krantz.

Dans cette pièce,
le grand-père de Chuck

avait vu le garçon des Jefferies,

le corps brisé par la voiture.

Il avait vu Henry Peterson
pendu au plafond.

Il avait vu sa propre
femme morte, étendue.

Et, Chuck a supposé,
qu'il se pourrait que le soir

où il avait volé les clés d'Albie…

Albie s'était vu lui-même,
recroquevillé sur le sol,

tenant encore le haut de son bras.

« C'est l'attente », qu'il avait dit.

« C'est ça qui est difficile ».

Maintenant, l'attente de Chuck
allait commencer.

Combien de temps allait-elle durer ?

Quel âge exactement avait l'homme

couché dans le lit d'hôpital ?

Il entendit un dernier bip…

du moniteur invisible…

et ensuite tout a disparu.

L'homme ne s'est pas effacé lentement

comme les apparitions
fantomatiques dans les films.

Il a juste disparu.

Comme pour insister sur le fait

qu'il n'avait jamais été là au départ.

- Il était pas là.
- Se dit Chuck.

Et je vais insister sur ce fait,

et je vais vivre ma vie,

jusqu'à ce que ma vie soit écoulée.

Je suis merveilleux.

Je mérite d'être merveilleux.

Et je contiens des multitudes.