All language subtitles for 1959.Le signe du lion (fr)

Merde.

- Qui est là ?
- M. Wesselrin ?

- Mais qui est là, merde ?
- Télégramme.

J'arrive, j'arrive.

Un instant.

- M. Wesselrin ?
- Oui.

Excuse- moi.
J'ai pas de monnaie.

Allô, Paris Match ?
Pourrais- je parler avec M. Jean-François Santeuil ?

De la part de Pierre Wesselrin. Merci.

Allô. Jean-François ?

Écoute-moi bien.
Ma tante est morte. J'hérite.

Bien sûr qu'elle existe,
puisqu'elle est morte !

J'hérite, je te dis !

Je sais pas. Y a 2 usines
en Allemagne, 1 en Suisse.

5 plantations au Brésil.

Oui, je partage avec un cousin.

C'est même un cousin germain.
Un crétin. Il est le seul.

Je viens de l'apprendre à l'instant, je te dis.

Obsèques mercredi.
Je prends le train demain.

Écoute, tu es libre ce soir ?
Faut faire une bringue à tout casser !

Le fric ? Avec le tien, bien sûr !

Je suis riche. J'hérite.
Je te le rends au centuple.

Non, tout de suite. Sois chic.

T'as bien 50 000 balles ?
Je te rends un million dans un mois.

- Qui est là ?
- C'est moi.

- Pierre ?
- Oui, c'est moi.

- Une seconde.
- Ça fait rien. On sait qu'il fait chaud.

Je fermerai les yeux.

Écoute, mon gros.

- Qu'est-ce qu'il y a, vous êtes paf ?
- Si on ne l'est pas, on le sera.

Habille-toi vite, on file.
On fait la bringue.

- Ma tante est morte. J'hérite.
- 13 usines en Belgique. 14 en Suisse.

- Ta tante ?
- Oui, oui, ma tante à héritage.

- C'est vrai vraiment ?
- Oui, vraiment vrai.

[En anglais]
La vérité, rien que la vérité.

[En anglais] Pierre a du pot !
- Formidable !

Tiens, voilà Fred.

Fred, tu viens avec nous ?
Nous allons au Royal.

Vous ne descendez pas ?
Ça va. Garçon ?

Quel est le programme, Pierre ?
Où est-ce qu'on va ?

On bouffera chez moi,
ce sera beaucoup mieux.

- On ira faire les courses.
- Oui, chez toi. C'est ça.

- Qui est-ce que t'invites ?
- Tout le monde !

Y a plus personne au quartier.
Y a plus que des cloches.

Je m'en fiche.
Je régale toutes les cloches.

Allô, je voudrais parler
à Mlle Dominique Laurent, s'il vous plaît.

Vous ne savez pas
quand elle rentrera ?

Hep, Willy !

- Salut, Willy.
- Bonjour, ça va ?

- Qu'est-ce que tu fous ce soir ?
- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

On t'invite.
Il a fait un héritage.

- Oh, dis !
- Si. Il est milliardaire.

Pas vrai, Pierre ?

- Ce sont des choses qui arrivent.
- Félicitations.

- Merci.
- Assieds-toi.

- Oui, mais...
- Ramène ta gonzesse.

Oh, c'est une copine.
Chris, amène-toi.

- Bonjour.
- Bonjour.

- Monsieur.
- Mademoiselle.

- Bonjour.
- Assieds-toi.

- Où est-ce qu'on fout tout ça ?
- Où tu veux.

- Je peux téléphoner ?
- Je t'en prie.

Devinez ce qui m'arrive.
On me fiche à la porte.

Qui ? Machin Bernac ?

- Ça y est, l'appartement est vendu.
- Maintenant, tu t'en fous.

C'est vendu ?

T'en as, de la veine !

- Je peux vous aider ?
- Avec plaisir.

Le meilleur apéro du monde.
Un peu de cassis, un peu de vin blanc.

J'aime pas le vin blanc.

Un peu de tenue, mes enfants, merde !
Mangez, bouffez.

Regardez-moi celui-là qui bouffe.

- On les met là ?
- Oui, c'est bien.

Pardon.

- Jean-François, tu viens ?
- Oui, une seconde.

- Il téléphone à sa grognasse.
- Ah oui, la fille. La grosse.

- Dominique. Elle est très jolie.
- Bénissons Dominique.

- Très jolie fille, mais...
- Mais quoi ?

- Avec toi, y a toujours des « mais ».
- Ne te fâche pas.

- Je parlais des femmes en général.
- Boucle-la. Avec ta gueule, on se tait.

- Bon, sers-moi.
- Très bien, bois.

C'est pas pour moi,
c'est pour Jean-François.

D'accord, je veux bien.
C'est la plus belle fille de Paris.

- Excusez-moi, Cathy.
- Je ne suis pas jalouse.

Bien sûr, Pierre n'est pas un garçon
à se laisser griser par le fric.

- Qu'est-ce qu'il raconte ?
- Des idioties !

Envoie-le paître !

Attention à pas
le laisser filer, ton Pierre.

Allô, je voudrais parler
à Mlle Dominique Laurent, s'il vous plaît.

Ton verre.

Allô, c'est vous, Dominique ?

Je vous ai cherché toute la journée.

- Qu'est-ce qui se passe ?
- T'occupe pas.

Laisse-les chialer.
C'est ce que j'ai dit sur le fric ?

- Je suppose.
- Quoi, y a pas de mal !

Je crois pas.

Elle a vraiment pas l'air d'une fille
qui court après l'argent.

Et toi, t'as l'air de quoi ?

Chouette !

Après tout, qu'ils s'aiment
ou qu'ils se marient...

Oh, arrête ça !

Tu vois, je m'en fous.

Au contraire, ça m'amuse.

Y a rien à faucher dans cette baraque.
T'as vu les bouquins ? Rien que des trucs 1900.

T'es pas obligé de faucher !

Si tu veux pas venir, viens pas.

Non, y a pratiquement personne.

C'est toujours emmerdant
comme la pluie, ces trucs-là.

Attends, quelqu'un rapplique.
Je te laisse.

Oui, on se téléphone.

- Salut, ça va ?
- Ça va.

Dis donc, pas de veine. J'ai téléphoné
à 3 filles, y en a pas une de libre.

Aucune importance.

Tu connais Michel Caron,
photographe au journal ?

- Bonjour.
- Bonjour.

- Frédéric...
- Lanvert.

Enfin !

Voilà le seul ami qui me reste.
Mon vieil ami Camus.

- Caron.
- Bien sûr, Caron.

Nous nous sommes déjà vus, d'ailleurs.
Si, si, le mois dernier au Flore.

Bien possible.

Nous fêtons un événement
plutôt extraordinaire.

Bravo.

Cathy. Plus j'y pense,
plus je trouve ça extraordinaire.

- Caron.
- Willy.

Oh, comment ça va ?

Ça fait plaisir de vous voir.
Comment vous allez ?

- Bonsoir.
- Je vous avais pas vu là derrière.

Que prenez-vous ?
Tenez, ce poème de Beaujolais.

C'est le Bon Dieu, pas celui de Bercy.
Vous êtes connaisseur, vous, hein ?

Les autres sont des ascètes.
Ils ne savent pas boire.

Regardez-moi ça.
Depuis 6h du soir, il bouffe.

Laissez ça et viens ici.

Donne-moi ça.

Tiens, donne.

Vous savez à quoi j'ai rêvé
quand le télégraphiste m'a réveillé ?

Que j'ai terminé ma sonate pour violon.

J'entendais absolument tout.
Vous allez voir.

Y a rien à faire.
La faute à ce télégraphiste de malheur.

Je suis sûr que
si je m'étais réveillé tout seul,

j'aurais transcrit toute ma sonate.

Allons prendre un peu l'air.

Ah, quelle chaleur !

Tu sais, les idées me sont
toujours venues en dormant.

Et la fortune donc !

- J'aime mieux que ça soit la fortune.
- Vraiment ?

En tous cas, j'ai toujours cru
beaucoup plus à ma chance qu'à mon talent.

- Pas de modestie.
- Oui, que veux-tu ?

La paresse m'a toujours réussi.

Faut dire que sur ce point-là,
je suis imbattable.

- Quelle soirée étouffante.
- Je déteste l'été en ville.

La 1re chose que je ferai,
c'est d'acheter une maison en province.

Je n'ai qu'une idée
depuis 10 ans : voir le ciel.

Pourtant, vous avez
la plus belle vue de Paris.

Oui, Notre-Dame, le Pont Neuf...

Mais le ciel, vous appelez ça un ciel ?
Y a pas une étoile.

Pas une. Si, là-bas, c'est Vénus.

- L'étoile du berger.
- Oui, en opposition avec le soleil.

Puis elle disparaîtra jusqu'en septembre.
À ce moment-là, on la verra le matin,

parce qu'elle est plus près
du soleil que la Terre.

C'est pourquoi il n'y a pas d'habitants.

Ah oui ?

- Mais aujourd'hui, la musique...
- Pourquoi, vous êtes musicien ?

Non. En principe, je suis peintre.

Et vous exposez ?

Si on veut.

Non, je bricole.
Je vends surtout la peinture des autres.

Et encore.

C'est curieux, mais toutes les fois
que j'ai consulté les oracles,

les prédictions se sont
exactement réalisées.

- Jusqu'à 40 ans, je dois...
- Vasouiller.

Oui, enfin.

Après, c'est la fortune ou la misère.

Et comme j'aurai 40 ans le 2 août,

les astres sont simplement
un tout petit mois et demi en avance.

- Extraordinaire, n'est-ce pas ?
- Vous êtes né sous le signe du lion ?

- Oui.
- Moi aussi.

C'est merveilleux. C'est le signe le plus noble.
Le signe des conquérants.

Le soleil le gouverne.

Oui.

- Et toi je crois... Verseau ?
- Oui.

- C'est bien ?
- Tout est bien ou mal,

selon que les conjonctions des astres
dans le signe sont maléfiques ou bénéfiques.

Comme ça, on s'y retrouve toujours.

Il ne faut pas tenir compte seulement du mois,
mais aussi de l'heure de la naissance.

Le soleil gouverne mon signe
mais Vénus est mon étoile.

Les astrologue disent
« la seconde planète gouvernante »,

ou encore « l'ascendant ».

Je ne te croyais pas si calé
et si superstitieux.

Mes chers amis,
ne plaisantez pas.

L'astrologie est la science la plus
ancienne et la plus exacte de toutes.

Je dis bien « toutes ».
Et profondément, je la révère.

Tu parles !

J'ai une idée.

Ah non, pas d'histoires.

Vous allez voir.
Je vais saluer Vénus à ma manière.

À la manière d'un Lion. Parce que le
Lion aime Vénus, et Vénus aime le Lion.

Pierre, tu es fou, tu vas avoir des histoires.
La police est en face !

Les flics, je m'en fous. Je suis riche.
Je paierai les amendes, non ?

- Tu ne vas pas tirer sur l'étoile ?
- Non, j'ai mieux.

Planque ça.

- Tiens.
- Où le foutre ?

- Silence pesant.
- Mets un disque.

Pierre, c'est pas raisonnable.

- De toute façon, on me vide.
- Attention.

Ouvrez.
S'ils gueulent, on gueule plus fort.

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Mais c'est M. Lacroix !

Vive M. Lacroix !
M. Lacroix, ja vais vous embrasser.

Vous savez qu'ils est passé 11h ?

Taisez-vous, M. Lacroix.
Je veux d'abord vous embrasser.

- Malheureux ! Si la police vous entend !
- Une petite bise, M. Lacroix.

Dans mes bras !

Ah, M. Lacroix !
Je suis milliardaire, M. Lacroix.

Vous viendez passer
vos vacances dans mon beau château.

Vous vous ébattrez sur mes pelouses.

Vous viderez ma cave.

Veinard !

Les enfants, si nous évitions
les histoires à ce brave Lacroix.

Si nous allions faire
une virée à Montmartre ?

Eh, venez.
On monte là-haut.

Oh, ces deux-là !

Venez, c'est là-haut qu'on dîne.

- Non, on est bien ici.
- Y a une table là.

Regarde-le, l'autre qui est assis par terre !

Il faut qu'une porte soit
toujours fermée ou ouverte.

Un western.

Un western.

- Aïe, tu me fais mal au bras.
- La ferme.

- Si on buvait un jus de fruit ?
- Oui.

- T'as des verres ?
- J'en ai un là.

- Jus de tomate.
- Merci.

Merci.

Ainsi finissent
les soirées mémorables,

dans la vaisselle sale
et le tabac refroidi.

Si Fred se met
à faire des phrases, maintenant.

Je vous trouve bien amers.

C'est pas pour moi
que je suis triste, c'est pour Pierre.

Le fric, ça va l'achever.

- Je trouve au contraire que...
- Oui, je sais.

Il aurait été plus jeune,
c'était différent.

Non mais c'est quand même
un des rares types qui sachent vivre.

- Alors, raison de plus.
- Maintenant, trop tard.

Quand on s'est habitué à s'en passer,
le fric, c'est inutile.

Je le vois obèse,
fumant des cigares.

Allez, il fait jour.
Si on partait ?

Oui.

Et voilà.

- Bonsoir.
- Bonsoir.

- Bonsoir, Jean-François.
- Bonne nuit, Dominique.

- À demain.
- À demain.

Je vous téléphone à 4h.

Le journal a téléphoné.
Tenez.

- Oui, c'est bien plus joli.
- Comme ça ?

Mais oui, voilà.

- Alors, j'ai eu le concierge.
- Oui ?

Primo, il n'habite plus
quai des Grands Augustins.

Il paraît même que ça a bardé.
Il y a eu expulsion par huissier.

Secundo, il est allé
à l'hôtel du Mont Blanc.

Tertio, j'ai téléphoné à l'hôtel du Mont Blanc.
On ne connaît pas Wesselrin.

Ça devait être un sous-fifre.
On a raccroché.

Il y a peut-être
plusieurs hôtels du Mont Blanc.

Non, c'était bien celui-ci.
Il s'est peut-être inscrit sous un faux nom,

ou il a filé à l'anglaise.
Tant qu'il n'a pas touché son héritage...

- Mais il peut emprunter.
- À qui ?

Au fond, il ne connaît pas grand monde ici.

Au notaire, nunuche.

Dans ce cas, il serait en Autriche.

Or il est à Paris,
puisqu'il téléphone toujours au journal.

Et Cathy ne saurait pas ?

Elle doit être en vacances
chez ses parents.

- Bonjour, monsieur.
- Bonjour, monsieur.

Vous ne savez pas
où se trouve M. Wesselrin ?

Monsieur qui ?

- M. Wesselrin.
- Il n'est plus ici.

Vous ne savez pas...
Vous ne connaissez pas sa nouvelle adresse ?

Non monsieur.
Moi aussi, je le cherche.

Si vous le trouvez,
vous devriez lui dire de penser à moi.

Je suis commerçante, moi monsieur.
Je ne puis pas faire indéfiniment du crédit.

M. Wesselrin a disparu
en me devant sa semaine.

Il m'a laissé ses valises.
Que voulez-vous que j'en fasse ?

Ils savent pas se servir de leur matériel.
Ils appellent ça un café-filtre.

- Eh, Willy !
- Salut.

- Ça gaze ?
- Ça se maintient.

- Et toi, on te voit plus.
- J'ai un peu voyagé.

- T'as pas vu Fred ?
- Il est sur la côte.

Tu sais, ton copain te cherchait hier.
Oui, l'Américain.

- Wesselrin ? Tu l'as vu hier ?
- Ben oui, tu sais pas ?

Son héritage, c'était de la frime. Il prétend
que sa tante l'a déshérité pour son cousin.

- Merde alors ! Il habite où ?
- Je sais pas.

Willy, qu'est-ce que tu fous ?

Excusez-moi, on m'appelle.
Dans le quartier, je crois. Il traîne tous les soirs.

Eh bien, mon pauvre Jean-François.
Je crois que vos 50.000 francs...

Ah non, tout de même.
Pierre n'aurait pas inventé une histoire pareille.

Parfait, le coup de l'héritage.

Attendez donc, il est peut-être passé
ce matin au journal. Je vais aller voir.

Pierre peut se vanter
d'avoir de bons amis.

Jean-François est trop bon avec lui.
C'est un mauvais service qu'il lui rend.

Ce soir ?

Oui, il est avec nous.

Bon, j'arrive tout de suite.

Alors ?

C'est pas ça. C'est qu'on file
nous deux ce soir en Afrique du Sud.

L'avion de 18h45 pour Johannesburg.

Merde.

Ça fait 5 ans que j'essaie de passer
mon 14 juillet à Paris et j'y arrive pas.

C'est quand même formidable !

Madame, voulez-vous
me passer Balzac 0024, s'il vous plaît ?

Allô, Paris Match ?
Est-ce que Santeuil est de retour ou chez lui ?

Quoi, déjà ? L'avion ?
Pour longtemps ?

Bon, bon, bon, okay.

Ah oui !

Pardon.

- Oh, Pierre !
- Ah, Philippe.

- Y a longtemps qu'on vous avait pas vu.
- Oh, vous savez, j'ai été occupé.

- Où courez-vous comme ça ?
- Oh.

Une fille, sans doute.
Je ne vais pas insister.

Oui, justement.
Je suis avec une fille ravissante.

Bravo, mon vieux.
Félicitations.

Oh non, Philippe. Je suis fauché ce soir
et je vais tout rater à cause de ça.

- Au contraire, allez la chercher.
- Elle danse.

Vous ne dansez pas avec elle ?

Si elle est si ravissante que ça,
on va vous l'enlever, mon petit vieux.

Allez la chercher, croyez-moi.

Vite, tout de suite.
Vous allez vous la faire piquer.

Bon, à tout de suite.

- Ça colle, M. Pierre ?
- Pas mal.

Quelle bousculade.
Vous êtes là depuis longtemps ?

[En anglais] Je viens d'arriver.

[En anglais] - Suédoise ?
- Non.

[En anglais] - Anglaise ?
- Je suis Française, et vous ?

Moi, je suis tout :
Américain, Autrichien, Suisse...

Oui, vaguement.

- Venez prendre un verre avec moi.
- Je peux pas. Je suis avec quelqu'un.

- Je te cherchais partout.
- Bon, allez viens.

- Philippe.
- Ah tiens !

Alors, solitaire ?

- Philippe, Je suis navré, tout à l'heure...
- Partie, cette ravissante blonde ?

- Comment savez-vous qu'elle était blonde ?
- Non mais, c'est vrai ?

Ça alors, j'aurais jamais cru !

Écoutez, Philippe,
je suis dans une situation effroyable.

Mais non mon vieux. Dites-vous que
les brunes vous réussissent mieux, c'est tout.

À notre âge, vous savez,
c'est pas déshonorant de tomber sur un bec.

Il s'agit bien de bonnes femmes.
Je suis fichu, ruiné.

Ma tant m'a déshérité.
Je ne sais même pas...

Alors, vous voilà obligé
de changer votre genre de vie, hein ?

Ça devait arriver un jour ou l'autre.

Mon vieux, non, ne comptez pas
sur moi pour vous donner un franc.

Philippe, il me faut absolument 10.000 balles
demain pour payer ma chambre.

Cette histoire de fille,
c'était vraiment de la frime ?

Pourquoi ne l'avoir pas dit franchement ?

Vous n'auriez pas marché.
Puis il y avait du monde.

À votre âge, on ne peut pas à la fois
faire le mendiant et jouer au petit délicat.

Surtout pas de morale !
Je veux 10.000 F. et c'est tout.

Bon, eh ben les voilà.
Tenez, 10.000 F. et c'est tout.

- Merci bien.
- Venez quand même boire un verre.

- Non vraiment, merci. Bonnes vacances.
- Je pars demain. Bonne chance !

Bonjour, ma belle.

Madame.

Eh, M. Wesselrin,
défense de sortir avec les bagages.

C'est pas mes bagages, madame.
C'est ma serviette.

Ce sont vos bagages. On m'y reprendra
à accepter quelqu'un sans bagage.

Madame, je vous paierai demain.

Écoutez, mon mari arrive à 3h.
Si vous l'avez pas payé ce soir...

- Madame, je vous paierai demain.
- Vous voulez faire le malin. C'est fini, ça.

Cette fois-ci...
- Bon !

Faites ce que vous voulez.

Boucle-la, la vieille !

Oui, les policiers,
je les fais 50 F. pièce, monsieur.

Voyons. Y en a 8, ça fait 400 F.

- Voilà.
- Merci.

- Au revoir, monsieur.
- Au revoir.

Donnez-moi un billet de loterie.

Un jeton, s'il vous plaît.

50, 100, parfait.

Merci.

Il n'y a pas d'abonné au numéro.

Allô, puis-je parler
avec Mme de Néri, s'il vous plaît ?

- De la part de qui ?
- Pierre Wesselrin.

Oh Pierre, comment allez-vous ?

Vous avez de la chance de me trouver.
Vous me surprenez entre 2 trains.

- Vous n'êtes pas encore parti ?
- Non, je suis à Paris en ce moment.

- Et vous repartez...
- Cet après-midi.

Je m'ennuie.

Me permettez-vous
de vous accompagner à la gare ?

- Excellente idée.
- À quelle heure ?

Écoutez, ce sera plus simple.

J'ai rendez-vous au Paris.
Passez à 3h, ça vous va ?

Entendu.

- Je file. À tout à l'heure. Au revoir.
- Au revoir.

- Une part de Brie, s'il vous plaît.
- Et avec ça ?

- Une boîte de sardines.
- 65 et 95.

170.

- 55 F.
- Merci.

Madame, une baguette, s'il vous plaît.

- Voilà, monsieur.
- Merci.

34 F.

- 35, 40 et 50. Voilà.
- Merci.

- Madame ?
- Une baguette, s'il vous plaît.

35 F.
35, 40, 50, voilà.

Oh merde !

Saleté !

Monsieur ! C'est quelque chose, ça !

Allô, pouvez-vous appeler
Mme Néri, s'il vous plaît ?

De Néri, une cliente.

Elle est partie quand ?

Bonjour, vous avez quelque chose
pour enlever une tache ?

- C'est une tache de graisse ?
- C'est de l'huile.

- Vous avez du trichloréthylène, benzine...
- C'est combien ?

- 80 F.
- Donnez-moi ça.

Oui, monsieur.

À la caisse, s'il vous plaît.
80 F. pour monsieur.

Au revoir, monsieur.

Votre clef, s'il vous plaît.

Alors, on ne laisse plus sa clef
sur le tableau maintenant ?

Excusez-moi, j'étais pressé.
De toute façon, je remonte.

- Votre clef.
- Mais je remonte.

- Votre clef ou j'appelle la police.
- Tout de même, monsieur, j'en ai besoin.

- Payez et vous l'aurez.
- Je vous paierai, vous dis-je, demain.

- Demain ?
- Oui, demain. J'aurai des rentrées.

Quelles rentrées ?
D'abord, qu'est-ce que vous faites ?

- Je suis musicien.
- Musicien ? On la connaît, votre musique.

Ça ne s'arrêtera pas là.
Mon beau-frère est dans la police.

- Les flics, ça ne me fait pas peur.
- Redites-le ? On verra.

- Justement, on verra.
- Touche-moi un peu et je te fais coffrer.

On téléphone tout de suite.

Allez viens.

Allô, pourrais-je parler avec
M. Francis Bernac, s'il vous plaît ?

- Quel numéro demandez-vous ?
- Passy 2528.

- C'est Vaugirard 2528.
- Oh, excusez-moi.

Allô, pourrais-je parler avec
M. Francis Bernac, s'il vous plaît ?

- Monsieur n'est pas ici.
- Il n'est pas à Paris ?

- Il est à la campagne.
- En Normandie ?

- Exactement.
- Merci.

Salaud.

- 775 F. tout compris.
- Ouais, ouais.

- Pas de bagage ?
- Non.

- On paie comptant.
- Ouais, mais je ne sais pas si je reste.

Payez au moins ce soir.
De toute façon, c'est le même prix.

Écoutez madame, mes bagages
sont au petit café à côté.

Que vous payez aujourd'hui ou...

Non, je disais dans le fond,
Roland n'est pas un garçon pour toi.

Oui, je sais bien, mais qu'est-ce que tu veux.
Ça fait quelque chose, quand même.

- Pourquoi ?
- Il pleut toujours en Bretagne.

- Mais c'est le charme de la Bretagne.
- Vous trouvez ? Je préfère le soleil.

- Saint-Tropez ?
- Là où il fait chaud. Saint-Tropez, quoi.

- Pas vous ?
- Ah non, j'aime beaucoup moins...

- Comment ?
- ...la pluie.

De toute façon,
je préfère l'hiver à l'été.

Pardon.

- Oh Pierre. Viens boire un pot.
- J'ai pas soif.

- Si, je t'invite. Allez viens.
- Bon.

Reste là. Je te crois pas.

Si je te dis qu'on reviendra,
on reviendra.

T'es trop collant.

- Allez viens.
- Non.

Allez, y en a pour 5 minutes.

- Qu'est-ce que tu prends ?
- Café.

2 cafés.

Je suis foutu, mon pote. Foutu.

Et tes copains ? Tu connaissais
des types riches. T'avais des relations.

En vacances, morts, évaporés.
Non, je blague pas.

Faut absolument que tu me dégottes
une piaule pour roupiller ce sori.

Je te dis, je suis avec une fille.

Elle serait compréhensive, encore.
Mais c'est une emmerdeuse.

- Et tes copains ?
- Tout le monde est sur la côte.

De toute façon, même si quelqu'un
pouvait, ce serait pour un jour.

Je sais pas moi,
trouve-toi une fille.

Il y a plein d'Américaines
qui ne demandent que ça.

J'ai pas un radis.
Je suis dégueulasse.

Ce qui nous faut, c'est du fric.
T'as bien une combine ?

- Et ta musique ?
- Oh, tu parles.

J'en ai jamais tiré un sou de ma musique
et c'est pas maintenant que ça va commencer.

Et puis, t'as vu comme je suis.

- Va sur la côté. Là-bas, on se débrouille.
- Et comment ?

C'est vrai,
je te vois pas faire du stop.

Écoute, j'ai peut-être un truc.
Tu connais Radesco, le Roumain ?

Un grand type, un peu chauve.
Il cherchait quelqu'un.

Je peux bien te le dire,
c'est pour passer des trucs en douane.

Et puis, tu sais l'anglais.
L'allemand aussi, je crois ?

Tu pourrais peut-être faire quelque chose.
On peut se faire pincer, évidemment.

- Je m'en fois. Montre-moi ce Radesco.
- Ça fait une éternité que je l'ai pas vu.

Mais attends,
je crois que j'ai son adresse.

Oui, le voilà.
12, rue des carriers à Nanterre.

Mais y a pas le téléphone.

Il est toujours chez lui avant midi.

12, rue des carriers à... Nanterre ?

- Ben oui.
- Tu veux que j'aille dans ce bled, t'es fou ?

Écoute vieux, voilà ce que je te propose.
Tu me refiles 30 balles,

pour m'acheter un paquet de Gauloises.
C'est ce qui me manque.

Et je te passe 2 tickets de métro.

- T'as bien 30 balles ?
- On va voir.

- Juste.
- Non, y a 6 F. de trop.

Mais si, garde. On sait jamais.
Après, t'as 2 km à faire à pinces.

Ben quoi, c'est pas la mort.

- Qu'est-ce que vous voulez ?
- M. Radesco.

- Il est pas là.
- Et où est-il ?

Il n'est pas là.

- Et quand il reviendra ?
- Non.

- Demain ?
- Non, il est en voyage.

- Et quand est-ce qu'il reviendra ?
- Il est parti !

Mais quand est-ce qu'il reviendra ?

- Non, attends !
- Oh, donne-moi ça.

À ton âge, quand même !

Tu vas perdre ta ligne.

Tu comprends, moi je veux bien.
Mais au moins qu'ils sachent ce qu'ils veulent.

- Évidemment.
- Écoute...

- Bonjour.
- Bonjour, ça va ?

- Bonjour.
- Je vous croyais là-bas.

- Vous êtes folles, vous allez griller.
- Tu sais moi, j'adore le soleil.

Ce que vous êtes brunes.
Moi j'ai l'air d'un vrai cachet d'aspirine.

- Tiens, tu veux une madeleine ?
- Oui, merci.

- Et toi ?
- Non merci, ça donne soif.

- Tu veux pas boire quelque chose ?
- Oui, je veux bien. Avec plaisir.

- Orange ou citron ?
- Attends une seconde. Citron.

- Ça va ton travail ?
- Je pense bien. J'ai un patron adorable.

- Tu gagnes combien, 50.000 ?
- Non, 45.000, sans compter la sécurité.

- Tiens.
- Merci, combien je te dois ?

- Oh rien, je t'en prie.
- Mais tu es folle !

Je t'en prie.

Dis donc, ça fait 5.000 d'écart.
Ça compte.

C'est surtout les vacances qui coûtent.

Oh oui, l'année dernière en Corse,
on s'en est tirés avec 3.000 F.

- Non ! Par personne ?
- Non, à 2.

- Vous campiez ?
- Non, à l'hôtel.

- Le camping, ça coûte beaucoup plus cher.
- Oui et puis on l'a fait une année, vraiment...

- Oui et il faut le matériel, il faut le traîner...
- Il faut aussi faire la cuisine...

[En anglais] On devrait rentrer.
Il se fait tard.

[En anglais] Je ne sais pas à quelle
heure papa rentre. Il sera sûrement en retard.

[En anglais] Bon sang, ces chaussures,
elles sont dures à mettre.

Pardon.

- Excusez-moi.
- Excusez-moi.

Écoute, je t'ai déjà demandé
de ne pas me répondre.

Oh, regardez là-bas !

Venez.

- Bonjour, comment ça va ?
- Ça va bien, merci.

- Oh, il est adorable !
- Il n'est pas si adorable que ça.

- Vous allez rester avec nous ?
- Oui, oui, je reste.

Je suis bien contente.

Dites, ne m'attendez pas.
Je reste avec Catherine.

Moi j'ai de l'ambition, vous voyez.
Je ne sais pas nager, vous savez.

- Vous ne savez pas nager ?
- Non, non.

- Vous êtes vraiment courageuse.
- Je leur fais confiance.

Il vaut mieux.
On ne sait pas ce qui peut arriver.

- Oh, s'il fallait penser à tout ça.
- Je suis un peu pessimiste, moi quand même.

Alors, il faut pas venir avec nous !

Viens ici, Fink.

Viens, Fink. Viens ici tout de suite !

- Veux-tu rester tranquille !
- Non, laissez-le.

Et allons-y, les ménagères, pour finir.
100 F. mes bananes.

Allons-y, mesdames.
100 F. les bananes.

Regardez, mesdames.
100 F. les 6, allons-y.

50 F. le panier.

Oh, le salaud !

Mais qu'est-ce qui se passe ?

- Lâchez-moi !
- Ah mon salaud.

- Lâchez-moi !
- Ça va pas se passer comme ça !

Si je te revois par là,
t'en auras encore autant, pourri !

S'il a volé,
c'est peut-être qu'il a faim.

- Ils n'ont qu'à travailler, ces fainéants !
- Oui mais il ne faut pas frapper les gens.

De quoi vous vous occupez ?
Ça me regarde !

- Ou alors vous n'avez qu'à le nourrir.
- Vous n'êtes qu'une brute.

Ça va, ça va !

- Il a raison.
- Vous n'avez rien vu, alors taisez-vous.

Vous n'avez qu'à lui payer à dîner !
C'est malheureux de voir ça.

On se fait voler et il faudrait
croiser les bras et dire merci !

Monsieur ?

Madame, pouvez-vous me donner
pour 6 F. de pain, s'il vous plaît ?

9 F.

- 6 F.
- Ça va.

Merci.

- Qu'est-ce que tu veux ?
- Un pain bien cuit.

S'il vous plaît.

Ayez pitié.

Donnez-moi quelque chose
pour l'alcool, s'il vous plaît.

Allons, un bon geste, monsieur.

Allez, allez.

- Et vous, vous dormez ?
- Dis donc, ça va bien !

- Barre-toi.
- Faut pas vous mettre en colère.

Je vous demande de
me donner quelque chose pour manger.

- Allez, va-t-en !
- C'est malheureux, quand même.

- Écoutez, monsieur.
- Allez.

C'est pas raisonnable, monsieur.
Non, c'est pas raisonnable.

Par une chaleur pareille,
on peut avoir soif. Merci beaucoup, madame.

Allez, tu vas foutre le camp !

- Mais j'ai rien fait de mal, moi !
- Va-t-en, allez.

Allez, allez.

Va-t-en, va-t-en, allez.

On est trempés.

- Garçon !
- Garçon.

Saleté, saleté, saleté,
saleté, saleté de Paris !

Saleté, saleté de Paris !

Saleté de ville !

Saleté de ville !

Oh, c'est trop dur.

Cent balles pour tout le tas.

Cent balles pour tout le tas.
Cent balles, mesdames !

Pourriez-vous me dire
si Mlle Laurent est là ?

Elle est absente.

- Vous ne savez pas quand elle rentrera ?
- Non, nous n'en savons rien du tout.

Bon, merci.

Pardon.

- M. Lacroix n'est pas là ?
- Non, monsieur.

- Il est à la campagne ?
- Oui, monsieur.

Dites madame, j'ai mes affaires...

Non, de toute façon,
il ne rentre que mardi.

- Vous le verrez quand il sera là.
- Mais ce sont mes affaires. Mais je...

Saleté !

Bon Dieu, mes regardez-moi
cette saloperie !

Un demi, hein ?

Madame, vous n'avez pas vu
Willy ces jours-ci ?

Willy est en vacances.
Ils sont partis hier, toute une bande.

Toujours ces saletés,

saletés de pierres !

Allez, grouille-toi.

Allez, grouille-toi.

- C'est grave ?
- Je crois qu'il est mort.

Allons, Bobby. Viens.

- Ah, sacré sale bête !
- Allons, viens.

Couché !

C'est qu'il me bouffait
mon sandwich, cette sale bête !

Les clebs, c'est les rois de la rue.

Je t'en foutrai, des clebs.
Monseigneur des clebs !

Un sandwich de ce prix-là !

Et celui-là, qu'est-ce qu'il fout là ?

Eh le vieux !

C'est pas Gugu.

Mon gars, t'as pas l'air réveillé.

Eh là !

T'as pas l'air fortiche non plus, hein ?

T'as rien à becqueter ?

Merci.

Salut, Jean.

- Oh, Hélène !
- Bonjour.

- Déjà rentrée ?
- Je suis pas encore partie.

- C'est la piscine, alors ?
- Voilà.

- Encore là, toi ?
- Tiens, Philippe !

- Bonjour, François.
- Comment allez-vous ?

Très bien, et vous-même ?

Tu connais Philippe Chassel.
Dominique Laurent.

- Bonjour, monsieur.
- Mes hommages, mademoiselle.

- Mes compliments, vous êtes un beau cachottier.
- Quoi ?

J'étais pas au courant.
J'ai vu votre reportage, c'est très bien.

Un scotch, Jean, tu seras gentil.

- Et l'ami Pierre, vous avez des nouvelles ?
- Vous connaissez l'histoire ?

- Il paraît qu'il n'a pas touché l'héritage.
- Oui, je suis au courant.

- Je l'ai rencontré le soir du 14 juillet.
- Tiens ? Nous le cherchions.

Vous ne savez pas ? Ça allait très mal.
Il est à la rue, le pauvre Pierre.

Vous me direz qu'il a l'habitude
de ce genre d'incidents.

Ah oui, qu'est-ce qu'il vous a dit ?

Il m'a dit des mots rapides, courts :
« 10.000 F. »

Eh oui ! Vous connaissez Pierre.
On peut dévoiler le secret de ses histoires.

Mais il avait ce soir-là
un air crispé que je ne lui connaissais pas.

Il m'a écrit quelques jours
plus tard, me demandant de l'héberger,

de lui payer son voyage.
Il était à la rue, paraît-il.

Ça m'agaçait. J'ai pas répondu.
J'espère que je ne suis pas cause de sa mort.

Quand même !

Il m'a écrit des âneries.
Qu'il se sentait prêt à voler, à assassiner.

Je crois Pierre tout aussi incapable
de sortir de nos petites escroqueries amicales

que de travailler.

Vous êtes dur.
Mais j'y pense, vous avez son adresse ?

Oui, hôtel de Seine.
Jean, retire-moi la glace.

- Alors, impossible d'avoir son adresse ?
- Vous pensez qu'il nous l'a laissée !

En tous cas, il n'est pas à l'hôtel.
J'ai donné son nom au commissariat.

Et puis ils ont vérifié soigneusement
parce que mon frère est dans la police.

Bon. Au revoir, madame.

Allons au quai des Grands Augustins.

Vous direz à M. Pierre que ce n'est
pas gentil de ne pas donner de ses nouvelles.

Il m'a laissé toutes ses affaires.

Une caisse.
Une malle pleine de livres.

D'ailleurs, je vais descendre tout ça
à la cave un de ces jours.

J'aimerais bien savoir où il est.
Il est vrai que je rentre. Je n'ai pas eu le temps...

- Vous le verrez bien.
- Il n'a pas reçu de courrier ?

Si, même encore il y a 3 jours.

Tenez, je peux vous le confier.
Je vous connais.

Y a peut-être quelque chose
d'important pour lui.

Carnac. Österreich.

- Mais c'est le notaire !
- Oui.

- Merci beaucoup, monsieur. Au revoir.
- Merci.

- Au revoir monsieur, merci.
- Bonne journée.

Alors, baron, tu grouilles ?

Attends, je picole.

Elle avait un jupon plein de trous,

elle fréquentait un tas de voyous,

mais quand elle passait auprès de vous
avec ses beaux yeux doux

Ah regardez-moi ça !

Bâti comme un Hercule.
C'est plein de muscles.

Ça pourrait vous bâtir des cathédrales,

et ça se traîne comme un escargot.

Eh, tortue !

La tortue ayant chanté tout l'été

se trouva fort dépourvue
quand la bise fut venue.

Hep !
Excuse, mon pote.

T'aurais pas une petite cibiche ?

2 minutes, faut pas confondre.

On connaît son monde.
J'achète.

Merci monsieur.
Vous êtes bien aimable.

Oh, des Gauloises !
Moi qui adore ça !

Vous n'auriez pas un peu de feu, par hasard ?

Beau temps pour la saison.

C'est du top, ce briquet !

- Merci.
- Ben, et les sous ?

Bon, ça va, ça va, on paie.

- Ce qui est dû est dû.
- Merci.

Miteux ! Minable ! Pouilleux !

Minus ! Sale nègre !

Baron, excusez-moi.

La tortue ayant chanté tout l'été

se trouva fort dépourvue
quand la bise fut venue.

- On prend celle-là ?
- Ouais.

- Non, c'est celle-là.
- Dommage. Celle-là n'est pas mal non plus.

Oh, ces portes.

Attends, je vais t'aider pour l'autre.

Je te jure, c'est terrible !

Formidable,
avec son double arbre à cames en tête.

- Avec son quoi ?
- Avec son double arbre à cames en tête.

Alors ma poulette, on veut pas
faire un tour avec 2 beaux gars ?

Oh, regarde les clochards !

Y a encore une place à l'intérieur.

- J'ai horreur des pittoresques
- Y a un coin fenêtre.

Je m'attendais bien à celle-là.

Alors ma chérie, un petit sou ? Non ?

Dis donc, j'en ai marre
de balader ta graisse, moi !

100 kg de muscle
et c'est fainéant comme une couleuvre.

- Allez debout !
- Ta gueule !

Regardez-moi ça, messieurs-dames,
ce grossier...

- Ta gueule !
- ...malotru !

Bonjour la société.
Bonjour mesdames, bonjour messieurs.

Je vais avoir l'honneur de vous présenter
le baron Champeix de Castagnac.

L'homme qui fut le plus riche du monde.
Saluez, baron.

Plaignez-le, messieurs-dames.

Il a eu des domaines immenses,
des châteaux superbes au Guatemala,

et des dollars, et des pépées.
Mille, dix mille !

Elles étaient folles de lui,
folles de son corps, de sa belle musculature.

Fais admirer, baron.
Fais admirer.

Regardez-moi ça,
c'est pas impressionnant, hein ?

Même sous la veste.
Touchez, ma petite dame. Ça ne mort pas.

Il t'en faudra de la soupe,
mon petit gars, pour arriver à ça.

Allez, repose-toi, baron.
T'es fatigué.

Mesdames et messieurs,
ce milliardaire, tel que vous le voyez là,

il a tout perdu.

Monte Carl'...

Et maintenant, qu'est-ce qu'il a ?
Il est ruiné !

Et voilà, on applaudit,
messieurs-dames, on peut applaudir.

Tenez, messieurs dames,
ce que vous voyez là,

- ça a été un militaire d'élite.
- Ta gueule.

Il était commandant...
qu'est-ce que je dis ? Colonel !

Même qu'il a été blessé
pendant une escarmouche.

- Ta gueule.
- Ouais.

À la patte, qu'il a été blessé.
À la guibole.

Des muscles, oui,
mais des os écrasés, volatilisés !

- Ta gueule !
- Fais voir, baron, fais admirer à la société.

Regardez, messieurs dames. Vous allez voir
comme c'est triste, comme c'est affreux.

Vas-y, baron.

C'est pas beau, ça ? Si, si, si !

À votre bon cœur, messieurs dames.

À votre bon cœur,
n'oubliez pas les artistes. S'il vous plaît.

On accepte la petite monnaie,
les mégots, éteints de préférence.

Encore ? Merci, messieurs, merci.

Alors messieurs dames,
ici de ce côté.

On fait plaisir aux artistes ?
Personne n'a rien donné ?

Allez, baron, on s'en va.

Merci la société.
Merci pour votre bon cœur.

- T'es trop lourd, baron.
- Ta gueule.

Alors tu grouilles, viande à pneu !

- Eh, où vas-tu ?
- À Saint-Germain-des-Prés.

C'est plein de touristes, viens !

- J'y vais pas, ils m'emmerdent.
- Viens, fais pas le con !

À Saint-Germain,
c'est tous des connards !

T'as peur de rencontrer tes potes, oui.

Tu parles !
Je te les bute tous !

Pardon.

On se met là ?

Mesdames et messieurs,
le théâtre lyrique de Berlin-Sud

va avoir l'honneur de vous présenter
un extrait du 2e acte de La Fille du Rhin.

avec la célèbre basse,
Isidore Isidorovitch,

et la non moins connue diva Jeanne Cristal.

Et on l'applaudit.
Merci pour elle, messieurs dames.

Voici le résumé de l'action.

La Fille du Rhin a perdu sa petite fille,
morte assassinée,

et elle vient réclamer justice
au sire son père.

Attention !

On peut donner de l'argent,
messieurs dames, c'est autorisé.

C'est permis. Je vois que tout
était préparé. Je continue.

C'est un chat, madame, c'est un chat.
Ça arrive à tout le monde.

Pardon.

- Encore.
- Allons, assez.

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Foutez-moi le camp.

Ça a assez duré, cette comédie.
Faut que ça finisse.

Vous n'avez pas honte
de bousculer une pauvre femme

qui vient de voir mourir son enfant ?

Monsieur, vous permettez ?
Nous sommes journalistes.

- Nous voudrions prendre votre photo.
- On vous a déjà dit non !

Laisse-le faire.
Je vous en prie, monsieur. Allez-y.

Mon profil gauche est le meilleur.
Allez-y.

Et vous monsieur, vous ne voulez pas ?

Oh non !
Le baron est de mauvaise humeur.

Mais moi, vous pouvez continuer
à me prendre... de profil parce que...

Non, mon vieux.
Ça, ça marche pas, alors !

Alors quoi, on travaille
et tu viens après piquer le pognon ?

- Allez, démarre !
- Laisse. Prends ça.

Vous permettez ?

- Vous pourrez chasser.
- Je n'aime pas ça.

Je préfère me promener.

M. Santeuil au téléphone.

- Attends.
- M. Santeuil ?

- C'est pour toi.
- C'est encore le journal.

- Écoute, le clochard qui joue là-bas...
- Quoi ?

- ...c'est Pierre !
- Pierre ?

Je te rejoins

Qu'est-ce qu'il joue, ce clochard-là ?
Du Bartók ?

- Non, c'est parce que c'est faux.
- En tous cas, c'est du moderne.

Tous ces gens et tout !

Eh baron !
Qu'est-ce qu'il te prend ? Où tu vas ?

Ben attends quoi !

- Écoute-moi !
- Fous-moi le camp, je te dis !

- Mais baron...
- Baron ! Baron !

Je ne suis pas baron.
Je ne suis rien du tout, rien !

Fous-moi le camp
et laisse-moi crever tout seul !

Mais tu deviens dingue ou quoi ?

Mais foutez-moi le camp !

On peut pas être seul ?
On peut pas être sans ces gens ?

Ces gens...

Et la pierre, et la saleté de pierre !
Et ces gens qui vous entoure !

On ne peut pas être seul ?

- On ne peut pas être seul ?
- Allez, quoi.

Baron, relève-toi. Fais pas l'idiot.

Saleté de pierre !
Saleté, saleté, tous, tous !

La pierre, les gens et...

Saleté, saleté...

- Nous nous connaissons, je crois.
- Non.

- Mais si, souvenez-vous, à Deauville.
- Non !

Jean-François, vite !

Pierre !

- Pierre, écoute-moi.
- Ta gueule.

Pierre, c'est moi.

Oui, Jean-François, laisse-moi
veux-tu ? Laisse-moi.

Écoute-moi, Pierre.
Christian est mort. Tu hérites.

- Il est mort ? J'hérite ?
- Oui.

Christian ?

Il est mort ? J'hérite ?

Oui !

J'hérite ?

- J'hérite ?
- Oui !

Il est mort ?

J'hérite !
Il est mort !

Venez tous chez moi ! Tous, tous !

- Viens.
- Venez chez moi, tous !

Venez !

Ne te laisse pas faire, vieux !

- Ce sont peut-être des flics déguisés.
- Eh !

- Voulez-vous le lâcher !
- À demain.

Quoi, demain ? Où ça ?

- Il y a encore une place.
- Sans blague !

Vous voulez me lâcher, bande d'abrutis !

Il dit qu'il viendra demain.
Il a votre adresse.

C'est un homme d'honneur, le baron.

Il a une parole !

Il est milliardaire !

Tas de miteux !

Jean-foutres !