All language subtitles for Les Allumettes suédoises Ep 3.fr

-Mister Armstrong ?
-Oui ?

-Ravi de vous conna�tre.
-Moi de m�me.

-C'est vous qui jouiez � l'instant ?
-Oui.

-C'�tait bien.
-Merci.

Venez me voir � New York.

Merci beaucoup.
Ravi de vous avoir connu.

...il nous fait l'amiti� de venir
faire un boeuf avec nous,

je vous prie d'applaudir mister

Louis Armstrong !

T'aurais pas du jouer, Marceau.

Dans ton �tat, c'est de la folie !

Regarde, Olivier.

Je suis invit� au Cotton Club
pour la S�int-Sylvestre.

Par Louis Armstrong himseff.

-Tu vois que tu craches du sang !
-C'est rien.

Je me suis juste fendu la l�vre.

�a arrive souvent aux trompettistes.

Tu dis rien � la Divine,
comme tu m'as promis.

Promis jur� ?

Mes chers enfants,
certains se demandent peut-�tre

pourquoi ils vont apprendre le latin.
Qui parle encore le latin ?

Le pape, monsieur.

Non. Il n'y a pas que lui.
Tout le monde parle encore le latin,

� commencer par vous.
Je vais vous le d�montrer.

Suss�, votre p�re est s�nateur,
du mot latin senatum. de senis,

qui veut dire ancien, sage.

Maintenant,
dites-moi un mot au hasard.

-Lumi�re.
-Parfait exemple de racine latine.

Lumi�re vient du mot latin lux,
la lumi�re.

Quelque chose de luxueux est �
l'origine quelque chose de brillant.

� vous, Ch�teauneuf,
de me dire un mot.

Po�sie.

Po�sie vient du latin poesis,

qui vient lui-m�me du grec po�esis,
qui signifie cr�ation.

Del�pine, de quel mot
voulez-vous conna�tre la racine ?

Football.

Voil� I' exemple d'un mot barbare
que nous adoptons

sans penser � sa simple traduction
dans notre langue.

"Football" devrait se dire
dans notre langue:

balle au pied,

du latin pedibus. le pied,
et de...

Excusez-moi.

Visite m�dicale.
Mettez-vous en rang par deux

et suivez-moi en silence.

-J'ai dit en silence.
-Visite.

De vis. voir.

Et m�dicale, de medicus,
le m�decin.

Ch�teauneuf ?

Oui, c'est moi.

-�a alors, Olivier !
-Bonjour, M Lehman.

Enfin, docteur.

-Qu'est-ce que vous faites ici ?
-Et toi ? Raconte-moi.

�'est ma tante qui 'm a mis ici.

Apr�s la mort de maman,
j'ai d� quitter Montmartre.

Moi aussi. Je riavais plus
suffisamment de client�le,

alors j'ai trouv� ce poste.

Bon, allez. Ouvre la bouche.

Je m'en veux vraiment pour
ce qui est arriv� � ta m�re.

Je n'ai peut-�tre pas fait tout
ce que je pouvais faire pour elle.

-Tu ne m'aimais pas beaucoup.
-Ben...

Je sais pas. Pas trop.

Je ne voulais pas prendre
la place de ton p�re, Olivier.

Je voulais aider ta m�re.

De toute fa�on,
elle ne vous aimait pas.

Quand m�me un peu.
Redresse-toi.

Pour toi, tout cela est tr�s triste.
La mort l'a emport�e si vite.

Je vois que ta tante prend soin
de toi. Tout va tr�s bien.

Tu es en parfaite sant�.

Allez,, c'est fini.
Tu peux te rhabiller.

Merci, docteur.

Dites, docteur ?

-Je voulais vous demander...
-Oui ?

Est-ce que...

quand on a eu la tuberculose,

on peut redevenir malade,
meme si on �tait gu�ri ?

Bien s�r.

Le malheur avec cette maladie,
c'est qu'on n'a pas de vrai rem�de.

Qu'on soit vaccin� ou pas,
les rechutes sont fr�quentes.

Si on crache du sang, c'est signe
qu'on est encore malade ?

Eh oui. C'est tr�s grave.

C'est typique, de m�me
que les toux fr�quentes,

et parfois m�me l�s syncopes.

-Et c'est contagieux ?
-Tu parles !

Pourquoi me demandes-tu �a ?

Ben...

Je voulais �crire une po�sie
sur la tuberculose.

Sur la tuberculose ?

Pourquoi pas?

C'est vrai que Lamartine...

Las Dame aux cam�lias.

Merci, docteur.

Tu vas te rendre malade, � lire !

Penses-tu !

Alors, elles sont pr�tes
ces chaussures ?

Voil�. C'est termin�. madame.

Bonsoir, Olivier.

Bonsoir, ma tante.

La semaine s'est bien pass�e,
au coll�ge ?

Je crois.

Tu crois ?

La lecture est une saine occupation,
mais pas � table. Olivier.

Qu'est-ce que tu lis ?

Encore Sans Famille !

Je te l'ai donn� il y a un mois.

J'aime beaucoup le relire.

Soit. Mais il y a d'autres livres
plus essentiels.

Vous �tes tr�s belle, ma tante.

Ma�s c'est que tu deviens galant !

Je porte un robe du soir car nous
allons au Fran�ais, ton oncle et moi.

Dites�loi "� la Com�die-Fran�aise",
m�re.

Comment voulez-vous
qu'il comprenne, cet ignare ?

Je sais que nous sommes samedi,

mais se lever au coucher du soleil,
c'est exag�r�. Tu ne crois pas ?

Maman, je me pr�pare
au d�calage horaire.

Il 'est 11 h en ce moment
� New York.

N'en fais pas trop, Marceau.

Ton voyage peut encore
�tre remis en question.

Ne l'oublie pas.

Allez. Viens, petite �me populaire.
J'ai � te parler.

Merci, Marguerite.

Il m'arrive un truc incroyable.
Je suis amoureux.

J'ai rencontr� une femme hier,
� une r�union du Parti.

-Quel Parti ?
-Le Parti communiste !

Les Rouges, quoi.

C'est une femme extraordinaire.
Un m�lange de Louise Brooks

et Rosa Luxemburg.

Elle est surr�aliste, comme moi.
Le r�ve, quoi.

Il y a un tout petit probl�me:
elle a 15 ans de plus que moi.

Je voulais te lire un po�me
que je lui ai �crit.

"Coeur rouge, transperc� de foi,

"Que celui qui ne t'aime pas
n'aille jamais au fond de toi."

C'est pas mal, comme d�but. Non ?

Je suis g�nial.

Vas-y Dis-le-moi.

"Marceau, t'es g�nial."

-Marceau, t'es g�nial.
-Mais non. C'est lamentable.

Tu comprends rien
� la vraie po�sie, foi.

T'en es encore � Hugo
ou Leconte de Liste.

Tu ne connais rien aux femmes.

T'as jamais �t� amoureux.

Je connais rien aux femmes ?

J'en connais une,
elle s'appelle Mado.

Meme que c'est une taxi-girl.

-En plus, on est fianc�s.
-Allons.

Ne raconte pas n'importe quoi
pour faire ton int�ressant.

Tu vas voir si je mens.
Tu vas voir. Viens.

Tiens. Zieute un peu �a.

Elle me l'a donn� en souvenir.

� d'autres !

Tu l'auras piqu�
dans le magasin de ta m�re.

Bel objet, au demeurant.

Et �a, c'est la carte
de l'endroit o� elle travaille.

-C'est elle qui me l'a refil�e.
-"Le Bouchon de Champagne".

Alors l�, bravo.

Tu m'�pates.

-Tu continues � la voir, Mado ?
-Ben non.

Pas depuis que je suis ici.

Ne sois pas triste.
On va arranger �a.

-Elle est jolie, au moins ?
-Ben oui !

Tiens. J'ai commenc� un roman,
tout � l'heure.

-Tu peux me le lire ?
-Bien sur.

"Je suis n�, comme tout l� monde,
d'un p�re et d'une m�re.

"Et pourtant,
je ne suis pas comme tout le monde.

"Une question me hante:

"mon p�re et ma m�re s'aiment-ils ?

"Si j'�tais n� d'une union sans
amour, il vaudrait mieux mourir."

-Tu as os� lire ?
-Tu me l'as demand�.

Fallait pas !
Tu violes mon intimit�.

T'es un petit salaud !

Fallait pas !

T'aurais pu comprendre !

C'est pas parce que
t'es plus grand...

Tu ne vas pas frapper un malade.

Justement, t'es vraiment malade.

-Le Dr Lehman dit que tu rechutes.
-Quoi ?

Qui c'est, le Dr Lehman ?
Tu lui as parl� de moi ?

C'est le m�decin du coll�ge.

Je fui ai pos� des questions
sur la tuberculose.

Je sais ce que tu as eu l'autre jour.

C'est une syncope.

Si tu craches du sang, c'est grave
et contagieux. Il faut te soigner !

Il faut que tu en parles
� tes parents.

Tu crois que
j'ai pas compris ton plan ?

Tu veux m'emp�cher de partir,

me renvoyer au sanatorium
et prendre ma place, ici

-T'es fou, Marceau.
-Hypocrite !

Tu crois que
je t'ai pas entendu, avec ma m�re ?

"Vous etes tr�s belle, ma tante."

-L�che-cul.
-C'est pour toi que je fais �a.

N'oublie pas que
tu m'as promis le silence.

T'es un vrai fr�re.

Je te revaudrai �a.

-Julienne !
-Pardon, ma tante.

Marceau !

Tu peux jouer ta musique de N�gre
mais pas au milieu de Chopin.

Excusez-moi, m�re.
Je 'pr�f�re m'arr�ter l�.

Le romantisme larmoyant
de Chopin me fait b�iller.

C'est vraiment
de la musique de tubard.

Mon pauvre enfant !

Je pensais que tu �tais
enfin sorti de I'�ge b�te,

mais tu t'y complais.

M�re, je vous en prie.
�pargnez-moi vos clich�s.

Mon cher, votre fils
est d'une insolence, en ce moment.

Marceau !

Surv�ille ton comportement
si tu tiens � partir.

Monsieur !
On vous demande au t�l�phone.

Allo !

Ah oui.

Oui. Je vois qui vous �tes.

�coutez, c'est tr�s d�licat pour moi.

Vous savez que mon �pouse ne...

Bon. C'est entendu.

Je serai l� dans un quart d'heure,
sous les arcades.

J� vous en prie.

Laissez-moi voir Olivier.

-Ce n'est pas votre enfant.
-Je sais bien.

Je peux �tre un p�re pour lui.

Faudrait-il qu'il le d�sire:
il n'a pas voulu partir avec vous.

Il n'est plus dans sa rue...

Je pr�f�re vous arr�ter
tout de suite. M Privat.

Jamais ma femme
ne vous le laissera.

Au nom de quoi ?

Vous ne l'avez pas accueilli
de gaiet� de coeur.

Mettez-vous � la place
de ma femme.

Vous �tes venu chez nous
pour tuer son fr�re et Virginie.

Et vous voudriez
reprendre leur fils ?

Je n'ai tu� personne.

Et j'ai pay�.

Treize ans de ma vie.

J'ai besoin de cet enfant pour vivre.

Mais lui a-t�il besoin de vous ?

M�me si
nous vous laissions sa charge,

imaginez-vous
ce que les gens diraient.

Croyez-moi!
J'imagine votre peine.

Avez-vous song� au jour o� Olivier
apprendra tout de votre passe ?

Je suis s�r
qu'il saura me pardonner.

Bien sur qu'il vous pardonnera.

Mais lorsque vous lui direz
toute la v�rit�,

c'est l'image de ses parents
que vous briserez.

Pensez-vous en avoir le droit ?

Vous serez coll�, Chateauneuf !

Marceau !
T'es fou, tu vas te faire choper !

Mais non, esp�ce de trouillard.

Le surveillant vient de terminer
sa derni�re ronde.

Maintenant, il va dormir.

Et moi, je vais prendre ta place.

Prendre ma place ?
Qu'est-ce que tu racontes ?

�coule-moi bien.

Y a une �chelle dans la cour
du coll�ge. Tu la grimpes

tu descends de l'autre c�t�
� l'aide du bec de gaz.

C'est facile. Un gamin de 5 ans
pourrait le faire.

L�, tu trouveras un v�lo.
Tu le prends,

et dans dix minutes tu seras
au Bouchon de Champagne.

Tiens.

Voil� un peu d'argent
pour te payer du bon temps.

Je prends ta place ici, au cas ou
le surveillant aurait une insomnie.

Je pourrai jamais faire tout �a.
J'aurai trop peur.

Je l'ai fait des dizaines de fois
sans jamais me faire prendre.

"Audaces fortuna juvat", Olivier.

C'est le moment de savoir
si ta vie sera celle d'un mouton,

ou si c'est toi qui l'�criras
chaque jour.

T'as pas envie de revoir Mado ?

Bonsoir.

Bonsoir, mam'zelle Mado

Bonsoir, m'sieur Hubert.
� bient�t.

Mado ! Mam'zelle Mado !

C'est pas vrai !
C'est bien toi, Olivier ?

Y a que toi pour faire
une pareille blague.

-Qu'est-ce que tu fais l� ?
-Je suis venu danser avec vous.

-J'ai fait le mur.
-Pour moi ?

C'est pas raisonnable.

Vous �tes f�ch�e ?

Mais non !
Je suis m�me touch�e.

Tu peux pas
entrer avec moi � l'int�rieur.

Allez. Sois pas triste.

Attends, j'ai une id�e.
Jules ?

Demande � G�g�
de venir avec son accord�on.

-J'ai une commande pour lui.
-J'y vais.

Tu lui donneras 10 F.

-M�me 20 !
-Mais non �a sera trop

Tu m'as demand�, Mado ?

Oui, G�y�.
Voil� un petit client pour toi.

Qu'est-ce que je vous joue ?

Olivier, � toi de choisir.

Un tango !

Un tango pour mon petit fianc�.

Le plus beau de tous les tangos
du monde. �a vous va ?

-Tr�s bien.
-Je ne danse pas tr�s bien.

�a va aller.

Je me suis permis de vous d�ranger

pour que vous m'aidiez
� r�soudre un petit probl�me

concernant Olivier.

-Il a fait une b�tise ?
-Non. Rassurez-vous.

Il s'agit de ceci:

j'ai du, � titre provisoire
bien s�r,

confisquer ce superbe stylo
qui est arriv� par la poste.

-C'�tait destin� � Olivier ?
-Bien s�r. madame.

Nous pr�f�rons �viter, au coll�ge,
des objets de valeur

qui risqueraient d'exciter
la convoitise de certains �l�ves

vis-�-vis des plus favoris�s.

Mais qui lui a fait ce cadeau ?

J'allais vous poser la question.

-J ai pens� � vous.
-Je n'ai pas pour habitude

de faire des cadeaux
de cette valeur � un enfant.

-Je peux voir Olivier ?
-Bien s�r.

Je l'ai convoqu�.
Il attend dans l'antichambre.

Viens, Olivier.

Je vous laisse.

Bonjour, ma tante.

D'o� vient ce stylo ?

Je... je ne sais pas, ma tante.

C'est Privat qui te l'a envoy� ?

�a ne sert � rien de me mentir,
Olivier.

Ce stylo a �t� achet�
pr�s de Saugues.

�a ne peut �tre que lui.

Aie le courage de me le dire.

Oui.
C'est M. Privat qui me l'a offert.

Je vais le lui renvoyer.

Tu ne dois rien accepter
de cet homme.

Mais pourquoi, ma tante ?

Ce sont des choses
que tu n'as pas � savoir � ton �ge.

Si, je dois le savoir.
C'est mon stylo !

Puisque tu le prends comme �a,
je vais te le dire.

Un jour, en d�cembre 1917,
la guerre n'�tait pas finie,

Privat est venu chez moi et
il a tir� sur ton p�re et ta m�re.

-Il voulait tuer tes parents.
-Non, c'est pas vrai.

Je vous crois pas. Pourquoi maman
voulait refaire sa vie avec lui ?

�a, je me le demande encore.

Ta m�re et moi n'avions pas
toujours la m�me vision des choses.

Pourquoi vous ne me l'avez pas dit ?

Je ne voulais pas te perturber.

Je souhaite que nous n'ayons plus
� reparler de tout cela.

De toute fa�on, un jour ou l'autre,

tu l'aurais su.

Entrez.

Salut. Marceau.

-Je te d�range pas ?
-Non. mon petit bonhomme.

Assieds-toi. Prends place.

Tu n'oublieras jamais
les moments que tu vis,

mais sauras-tu les appr�cier ?

Ou� Oui, tu sauras.
Car tu es pur.

Enfant sauvage.

Enfant des rues. � enfant roi.

-T'arr�tes de te payer ma fiole ?
-Vois-tu,

elle m'a abandonn�.

Qui �a ?

Cette militante � qui
j'avais �cris ces vers mis�rables.

Elle m'a tu�.

J'en suis l�, � �couter cette
musique pour amants �conduits.

Autour de moi,

"tout n'est qu'ordre et beaute."

Pourtant, je souffre.

Pourquoi ?

Marceau...

Tu savais pour...

pour mes parents et Privat ?

De quoi tu parles ?

Ben...

Quand Privat est...
quand Privat est venu ici.

C'est ta m�re qui me l'a dit.

La Divine a fini
par cracher le morceau ?

Oui. Il leur a tir� dessus.

D'ailleurs,
cela s'est pass� ici m�me.

Dans cette pi�ce
que tes parents occupaient.

Je n'avais que 2 ans.
Je ne me souviens de rien.

Mais regarde.

Regarde dans la glace.

Ce sont les impacts de balles.

Regarde ce que l'amour peut faire.

Quelques centim�tres � c�t�,

et tu n'aurais jamais exist�,
petite �me populaire.

Rassure-toi,

je t'aurais invent�.

Pourquoi tu m'as rien dit ?

Tout �a est d'une banalit� � pleurer,
mon pauvre.

Deux hommes
aiment la m�me femme.

Drame de la jalousie ordinaire.

Ta m�re n'est qu'une h�ro�ne
de faits divers, comme dit la Divine.

Allez. Remets-toi.

Je veux pas que tu souffres,
petit ange.

Fiche-rmoi la paix, avec tes
expressions � la mords-moi-le-pif.

Nous sommes tous les deux bless�s,
abandonn�s.

Comme deux oisillons
tomb�s du nid.

Oui ?

M. Marceau, il y a une jeune fille
qui vous demande.

-Une jeune fille ?
-Mlle Charlotte Dalet.

Charlotte

Faites entrer, vite.

Une femme me quitte,
j'en trouve une autre.

-Qui c'est ?
-L'infirmi�re du sana.

-Celle qui t'a...
-Celle qui m'a appris l'amour.

-Tu sais ce qui te reste � faire ?
-D�m�nager le plancher.

-Bonjour, Marceau.
-Charlotte !

Quel bonheur de te revoir !

Bon. Je vous laisse.

Non. Laisse-moi, Marceau.

Alors, si je ne peux pas
vous embrasser,

que me vaut le plaisir
de vous voir � Paris ?

Je ne devrais pas te le dire,
mais je ne peux pas te mentir.

Le directeur va envoyer
une lettre � tes parents.

Une lettre ?
Et pourquoi �a ?

Tu fais une grave rechute, Marceau.

Le laboratoire
o� tu fais tes examens de routine

nous a envoy� les pr�l�vements.

Des pr�l�vements qui montrent
que tu es � nouveau contamine.

Vous m'aviez dit que j'�tais gu�ri.

Oui. Le pneumothorax
avait bien march�.

On ne peut jamais jurer de rien
avec la tuberculose.

Je ne vais pas retourner au sana ?

J'ai peur que si.

Quand tu es parti,
tu �tais � moins de 1000 BK.

Aujourd'hui tu dois �tre
� plus de 100.000 !

C'est une grave rechute.
Il faut recommencer un traitement.

Sans compter que tu peux
etre contagieux pour ta famille.

Je comprends pourquoi
tu ne voulais pas m'embrasser.

�a' t'arrange bien,
tu vas pouvoir me r�cup�rer.

Je serai � nouveau ton petit malade.

Je serai avec toi
chaque heure, chaque seconde !

-Tu mas pas le droit de dire �a !
-Je te dis ce que je veux !

M�me si cette v�rit� te blesse.

Allez, Salut !

On �coute aux portes, maintenant ?

Bonjour, Marguerite.
Le courrier est arrive ?

-Pas encore.
-Tu as dit qu'il arrivait � 8 h 15.

C'est jamais � la minute pr�s.
La concierge ne va pas tarder.

-�a doit �tre elle.
-J'y vais.

Bonjour, Mme Lacaze.
J'attends la lettre d'une amoureuse.

-C'est bien de votre �ge !
-Au revoir.

Tiens. Une lettre pour Olivier.

�a vient d'Am�rique.

Et rien pour moi.

Je suis le t�n�breux, le veuf,

"l'inconsol� !

"Le prince d'Aquitaine
� la tour abolie !"

-Bonjour, m�re.
-Ciel ! Marceau lev� de bon matin.

-Tu n'es pas souffrant, au moins ?
-Moi. souffrant ?

Mais non, m�re.
Je suis en pleine forme !

Qu'est-ce qu'il a, ce matin ?

I! doit �tre amoureux, madame.

Tant mieux.
Pas un mot de cela devant Julienne.

Debout, fain�ant !

M�me si on est en vacances,
on ne se l�ve pas plus tard.

Regarde. Tu as re�u
une grosse lettre d'Am�rique.

D'Am�rique ?

Merci, Marguerite.
C'est David.

Il doit en avoir,
des choses � te raconter !

Y a plein de cartes postales !

-Ces gratte-ciel !
-Et m�me des photos.

Montre.

Le courrier est arriv� ?

�videmment,
puisque tu as re�u ta lettre.

-Mais Marceau ?
-M. Marceau ?

Il s'est lev�. Il est d�j� parti.

Tu ne lis pas ta lettre ?

-Il a pris du courrier ce matin ?
-Non.

Il �tait d��u parce que sa nouvelle
amoureuse ne lui avait pas �crit.

Qu'est-ce que vous faites ?

Je d�pose le 2e courrier,
comme tous les midis.

Y a une 2�me distribution ?

C'est qu'on est a Paris, ici !

Y en a meme 3, certains jours.

-Y a rien pour nous ?
-Si. Il est d�j� l�-haut.

Puisque tu retournes au coll�ge,
je te conseille de prendre un Balzac.

Tu en auras pour toute la semaine
� lire Les Illusions perdues

ou La Cousine Bette.

Bonjour, p�re.

Bonjour, Marceau.

Tiens. Justement.

Je viens de recevoir
une lettre te concernant.

Ah bon ?

Tu ne te doutes pas
de ce que c'est ?

Non. Je ne vois pas.

Tu sais, cet ami am�ricain
� qui j'ai �crit ?

Il est d'accord.

Il est ravi de t'h�berger
autant que tu le souhaites.

Je vais pouvoir
confirmer tes billets.

Tu embarqueras sur le De gr�ce,
le 16 d�cembre au matin.

-Tu es content ?
-Vous pensez !

Ta m�re et moi sommes tristes
de passer No�l sans toi.

Mais l'important pour nous
c'est que tu sois heureux.

Tu verras, M. Dewild
est un charmant compagnon.

Quel m�tier il exerce ?

Il poss�de
plusieurs cin�mas � New York.

Tu vois les... Nickel Odeon.

Ah oui.
Les cin�mas � 1 sou.

Tiens.

Une lettre-du sanatorium.

Je pense savoir de quoi il s'agit.

C'est bien ce que je pensais.

�a, ils ne manquent pas de toupet !

Mais de quoi parles-tu ?

Ils r�clament le remboursement
d'une vitre que j'ai bris�e.

-Il y en a pour cher ?
-L� n'est pas le probl�me, p�re.

Question de principe.

�a fait partie du service m�dical,
et il co�te cher.

Je vais appeler
directement le directeur.

All�, mademoiselle ?

Passez-moi le 16 �
St-Pierre-les=Bains. Haute-Loire.

Marceau Desrousseau � l'appareil.

Je voudrais le directeur,
s'il vous pla�t.

Merci.

Il va m'entendre !

Je t'en prie, Marceau.
Reste diplomate.

Prends l'�couteur.

Et prends-en de la graine.

All� ?

Monsieur le directeur ?

Oui: Ah non.
�a ne va pas bien

Mes parents ont re�u une lettre
de votre comptabilit�.

Oui.

Elle demande le remboursement
de cette vitre que j'avais bris�e.

C'est une erreur ?

Je suis ravi de vous l'entendre dire.

Je vous laisse r�gler l'affaire.

Merci, M. le directeur.

Mes hommages � Madame.

Au revoir.

Tu n'y as pas �t�
avec le dos de la cuiller.

�a oui !
Tu y as �t� carr�ment.

Dor�navant, c'est toi

qui passeras mes coups de fil
aux mauvais payeurs.

Avec plaisir, p�re.

Monsieur est servi.

Je meurs de faim.

T'es fou, Marceau.

Voila.

Tu vas me dire ce que tu en penses.

"Monsieur le directeur,

"Nous avons re�u la lettre

"concernant l'�tat de sant�
de notre fils.

"Pour des raisons familiales
nous avons d�cid� de le placer

"dans un sanatorium
de la r�yion parisienne.

"Nous vous transmettrons
d�s que possible

"l'adresse de cet �tablissement,

"de mani�re � ce que vous leur
communiquiez le dossier m�dical.

"Je vous prie de croire..." etc.

C'est bien, non ?

T'es fou, Marceau.
Tu peux pas faire �a.

Charlotte a dit
que c'�tait un suicide.

Charlotte dit �a
pour me r�cup�rer au sana.

Je suis en bonne sant�.

C'est pas vrai, Marceau.
Hier encore, je t'ai entendu tousser.

Excuse-moi.
Je dois poster �a d'urgence.

Debout, debout !
Compagnons de mis�re

Qu'est-ce qui se passe ?

-T'arriv�s pas � dormir ?
-J'ai r�fl�chi.

Si tu parles pas � tes parents,

je vais leur dire
que tu peux pas partir.

Je n'ai pas l'intention
d'en parler aux parents.

Toi, je le l'interdis.

-Je t'interdis de te m�ler de �a.
-Tu pourras y retourner.

-Une fois que tu seras gu�ri.
-Rien n'est moins s�r.

Alors, j'irai l�-bas.

Je pr�f�re encore crever
au Cotton Cfub que dans un sana.

Tu ne diras rien aux parents.
Tu l'as jure.

Je ne savais pas
que c'�tait si grave.

Saris compter que tu peux
contaminer tout le monde.

Je vais tout leur dire.

Si tu fais �a
je leur raconte ta vir�e chez Mado.

Ils t'enverront � Saugues
comme apprenti.

T'es d�gueulasse.

Mais je m'en fous, moi !

Je veux pas que fu meures.
Tu comprends ?

Je comprends
que tu veux me virer d'ici.

T'auras pas le cran.

Tu vas voir.

-Qui est-ce ?
-C'est moi. Olivier.

Entre.

Excusez-moi de vous d�ranger.

-Que se passe-t-il, Olivier ?
-Voila.

SI faut que je vous dise
quelque chose de grave.

De tr�s grave.

De quoi veux-tu parler, enfin ?

C'est que...

C'est euh...

Excusez-moi de ne pas �tre venu
au cirque pour mon anniversaire.

C'�tait donc �a.
Tu m as fait peur.

C'est oubli�, Olivier.
Je te pardonne, bien s�r.

Et maintenant, va te coucher.
Tu te l�ves de bonne heure, demain.

C'est fini, les vacances.
Allez. Vite !

Oui, ma tante.

Quel �trange gar�on.

Ah ! S'il avait
l'�ducation de Marceau !

Si Marceau avait sa sant� !

Qu'est-ce que tu fabriques ?

-Je me taille.
-Allons bon.

Voil� que tu nous fais
du chantage affectif.

Vraiment, tu ne m'�pargnes rien.

Tu crois que je vais me rouler par
terre ? "Pars pas, je dirai tout."

Tu te goures compl�tement.

Tiens. Ton b�ret.

Je ne te donne pas 1 h
pour �tre revenu.

T'as trop lu Sans famille.

On dissertera sur la diff�rence
entre litt�rature et r�alite.

-Adieu, Marceau.
-C'est �a. � tout de suite.

Debout, Olivier. C'est l'heure !

Il est 7 heures.

Mais...

Qu'est-ce que vous fa�tes l�,
M. Marceau ?

Et toi ?
Pourquoi tu me r�veilles ?

Vous �tes dans la chambre
d'Olivier. O� il est ?

Olivier ?

-Vous l'avez pas vu ?
-Non. Pas ce matin.

Oui. Bien s�r.

Il m'a dit qu'il devait partir
pour r�viser son latin.

Je l'ai aid� jusqu'� minuit passe.

Il a d� vouloir partir
sans me r�veiller.

Que faites-vous la ?

Tiens, Marceau Desrousseau.
Comment allez-vous ?

-En pleine forme. Et vous ?
-Bien.

J'allais appeler vos parents
� l'instant.

On n'a pas vu
votre cousin Olivier, ce matin.

Je venais vous dire
qu'il �tait malade.

Un simple coup de fil aurait suffi.

C'�tait l'occasion de revenir ici.
J'ai tant de souvenirs.

Pour votre cousin,

j'esp�re que ce n'est pas grave.
Je peux me d�placer.

J'�tais son m�decin et celui de sa
maman quand il habitait Montmartre.

Ah oui. Bien s�r.
� Montmartre.

H� ! Les copains.

-Salut !
-�a va. l'Olive ?

-T'es revenu ?
-J'ai mis les bouts. Enfin...

-Je suis venu vous voir.
-Capdeverre,

je dis quoi
� ceux de la rue L'�cuyer ?

Qu'ils num�rotent leurs abattis.

-Vous �tes en guerre contre eux ?
-�videmment !

Il faut bien avoir des ennemis.
On avait fait la paix,

mais tout le monde s'emmerdait.

H� ! Attendez-moi.

Vous ne vous battez plus contre
les gougnafiers de la rue Bachelet ?

Les gougnafiers ?
C'est de la pr�histoire, �a !

Allez. Je vais bouffer.
Salut !

Salut. Capdeverre.

Moi aussi j'ai la dalle.
� tout � l'heure !

Salut. Loulou.

T'es bien sap�, avec ton pantalon
� chier dedans !

Salut. Olive.
Moi aussi, je vais becqueter.

Salut. Riri.

Bougras !
M'sieur Bouyras !

Ho ! Bougras !

Qu'est-ce que t'as ,
� crier comme �a ?

Ben... Je cherche M. Bougras.

L'ancien locataire ? Il est parti.

-O� �a ?
-Je sais pas o�.

Tu lui diras de ma part,
si tu le revois,

que c'est un sacr� cochon:
�a sentait le fauve ici !

Qu est-ce que c'est ?

Je voudrais parler � Mado,
s'il vous pla�t.

Elle pionce.
C'est � quel sujet ?

Bon, alors ?

Ben. euh...

Vous lui direz qu'Olivier
est venu lui dire bonjour.

D'accord, petit bonhomme.

Voil�. Deux "charcuteries".
Bon app�tit.

-Salut, �lodie.
-Olivier ! D'o� tu sors ?

Qu'est-ce que tu fais l� ?

Je passais, comme �a.

Tu tombes mal: c'est le coup de feu
et ils sont tous press�s.

-Jean, �a va ?
-Oui. Pas trop mal.

-Il a du boulot ?
-Oui. oui

Et ton b�b�, �a va ?

-Avec des soissons, le gigot.
-�a roule.

-Tu disais ?
-Ton b�b�, il va bien ?

Un boudin aux pommes et un
soissons-gigot. Bon app�tit.

Le b�b� ? Il est mignon, tu sais.

Il est chez Mme Hacque.
C'est elle qui le garde. Va le voir !

D'accord, �lodie.

Salut, �lodie.

Vitrier !

Madame Hacque !

Olivier ! Oh, Olivier.

Que je suis contente de te voir !

Et sap� comme un prince, avec �a.

Voil� Gilbert.

C'est un peu ton cousin.

T'as vu comme il est trognon ?

Je te garde souvent:
la pauvre �lodie, elle arr�te pas.

Avec son Jean qu'a toujours pas
retrouv� de travail fixe.

Puis en plus, il picole un peu.

Au fond, t'as bien fait de partir.

-C'est pas moi qui suis parti !
-Tu comprends ce que je veux dire.

Ce que t'�tais voyou !

Ton oncle et ta tante,

ils sont gentils avec toi ?
-Oui. Mme Hacque.

Au fond. Sa mort de ta m�re, c'est...

Je dirai pas que c'est une chance,
bien s�r.

Une m�re, �a se remplace pas.

Pour ton avenir...

Souvent, on dit:
un mal pour un bien.

Tiens. Voil� �lodie.

Je suis l�, mon tr�sor !

Mon amour, c'est ta maman.

Je sues venue vous dire
que j'aurais pas fini avant 14 h 30.

Il est si facile, votre poussin.

Marceau ?

Tu m'emm�nes en Am�rique ?

Non.

Non.

Je l'ai prise avec moi
en me disant que je te retrouverais.

J'avais raison, tu vois.

Tu sais que tu m'as fil�
une sacr� trouille, ma pomme ?

Viens. J'ai arrang�
ton coup, au coll�ge.

Non. C'est trop facile.

T'es un salaud, Marceau.

Tu crois que tu peux mourir
comme �a ?

Faire ce que tu veux de ta vie ?

Mais est-ce que t'as pens�
aux autres ?

� tes parents ?

Julienne ?

Moi ?

Qu'est-ce que je vais devenir,
si tu... si tu meurs ?

Allez. N'en fais pas trop.
Viens.

C'est fini.
Je ne t'ob�irai plus.

Tu veux que je te dise que tu as
raison ? Que t'as gagn�, c'est �a ?

Figure-toi que j'ai r�fl�chi.

J'ai d�cid� de parier aux parents.

-De tout leur dire.
-Je te crois pas. C'est pas vrai.

Tiens, saint Thomas.

Tu veux mon passeport ?

Avec mon visa ?

Je te les donne.
Je ne pourrai pas partir.

C'est un pi�ge.
Tu vas le reprendre !

Qu'est-ce qu'il te faut, � la fin ?

-Donne-le-moi.
-C'�tait un pi�ye !

Tu vas voir, le pi�ge.

Alors, petite �me populaire ?

T'es content. Hein ?

Cher Olivier,

Le paysage n'a pas chang�
depuis 6 mois que je suis l�.

Je t'envoie encore la m�me carte
puisque c'est le meme panorama.

L'ennui atteint ici
des dimensions philosophiques.

Heureusement, il y a la douleur d'un
pneumothorax pour me r�veiller.

Je m'emmerde tellement que �a me
ferait plaisir de revoir ta tronche.

Alors, si tu peux, viens.

Le sana est pr�s de Saugu�s.

Trouve une raison pour te faire
exp�dier chez ton grand-p�re.

Je t'attends, mon Olive.
Sans faute.

Merci d'�tre venus si vite.

Je suis d�sol� d'avoir perturb�
vos emplois du temps

-Il s'agit d'Olivier.
-Nous avions devin�.

�videmment, suis-je b�te.

Ce matin, donc

le surveillant g�n�rai a trouv�
l'�charpe d'Olivier dans la cour.

Oui. Et alors ?

Elle se trouvait au pied
de l'�chelle du jardinier

qui avait �t� d�plac�e
contre le mur de l'�cole,

visiblement
afin de passer par-dessus.

De son c�t�,

en faisant le lit d'Olivier,
la femme de chambre a trouv� ceci.

J'ai cru pr�f�rable de vous pr�venir

avant de parler � Olivier.
-Vous pensez qu'Olivier...

M. le directeur, je le connais.

J'ai peine � imaginer qu'il ait pu
faire une chose pareille.

Pourtant, les faits sont la.

Je dirais m�me
qu'ils sont un peu trop l�.

Enfin, M. le directeur.

Croyez-vous qu'un �l�ve qui fait
le mur laisse l'�chelle en place ?

Qui plus est, avec son �charpe
marqu�e de son nom ?

Et qu'il s'amuse � garder au dortoir
des indices aussi compromettants ?

Je crois plut�t qu'il s'agit

d'une blague.
D'une mauvaise blague de potache.

Je pense que mon �poux a vu juste,
M. le directeur.

Notre neveu sait ce qui l'attendrait
s'il devait faire une chose pareille.

Nous l'enverrions chez
ses grands-parents, en Auvergne.

Vous avez certainement raison.
J'aurais d� y penser.

Si l'un de nos �l�ves a voulu
ternir l'image de votre neveu,

croyez bien qu'il sera puni
comme il se doit.

Je vais tout de suite
r�gler cette affaire.

Que s'est-il pass� en 1685 ?

Del�pine !

Assassinat d'Henri IV
par Ravaillac, monsieur.

Il �tait tr�s fort, ce Ravaillac,

pour assassiner un roi
mort depuis 75 ans !

Oui. Susse !

1685, r�vocation de l'�dit de Nantes
par Louis XIV, monsieur.

Bien.

Que s'est-il pass� en...

Asseyez-vous, mes enfants.

Je suis venu vous parler
d'une affaire tr�s grave.

En effet, l'un de vous a,
semble-t-il,

voulu faire accuser votre camarade
Ch�teauneuf d'avoir fait le mur.

Il a d�pos� son �charpe dans la cour
et mis d'autres objets,

que je ne nommerai pas ici,

dans ses affaires personnelles
au dortoir.

Peut-�tre n'�tait-ce
qu'un jeu stupide.

Aussi, je demande au coupable
de se d�noncer tout de suite. Sinon,

je serai amen� � prendre
des mesures contre toute la classe.

"Faute avou�e est � moiti�
pardonn�e." Messierurs !

J'attends.

Ch�teauneuf, tu veux dire
quelque chose ?

Personne ne m'a fait de blague.
Je suis en effet sorti hier soir.

-Nous savons que ce n'est pas toi.
-Puisque je vous dis que c'est moi.

Je veux pas que la classe
soit punie � cause de moi.

-O� es-tu all� ?
-Voir une amie. Chez les filles !

-Comment �a, "chez les filles" ?
-Les p�ripat�ticiennes, monsieur.

Olivier !
Je t'enl�ve de ce coll�ge.

C'est honteux. Tu es un mis�rable.
Je ne veux plus de toi chez moi.

Tu pars pour Saugues. Demain.

Ah, lou pitchou !

Saugues !
Prochain arr�t: St-Pr�jet-d'Allier.

-Alors, mon n�bou !
-Bonjour, Victor.

T'as pas bien l'air voyou, pourtant !

Il a m�me l'air tr�s mignon.

Allez. Viens, toi.

Ho, Victor ! Tu pourrais te tenir
devant ton n�bou.

-Je te la confie, Antonin.
-Tu as tort.

Adichats.

Donne.

Tu m'appelleras "tonton".

Et puis, cette fille,
tu en parleras pas � ta m�me.

C'est une habitude, et elle est pas
du pays. �a lui pla�t pas, � la m�re.

D'accord, tonton.

Tu verras. Y a pas grand-chose
qui lui plaise, � la m�m�.

Elle est pas tr�s contente
que fu viennes.

C'est pas comme le p�p�. Lui
il a tellement de choses � raconter

que �a lui fait plaisir
que tu sois l�.

En plus,
depuis qu'il s'est ab�m� la jambe,

il s'ennuie tellement.

Je vais t'apprendre une phrase
en patois,

et tu vas lui dire.
�a lui fera joie, au p�p�.

Vas-y. Dis-le.

On n'a pas trop du chemin
pour que tu I'apprennes !

On est arriv�s.

Voil� l'oustaou.
�a veut dire la maison.

Allez. Dis ta phrase.

Ah. lou pitchou !

-Viens que je t'embrasse.
-Bonjour, p�p�.

Putain !

Regarde-moi, toi.

Tu as les yeux de ton p�re.

Allez. Entre !

Je t'ai pr�par� un casse-cro�te.
Tu dois avoir faim apr�s ce voyage.

Voil�.

Ici c'est pas chez Viotoria.

�a va te changer
de l'appartement de ma fille.

Allez.

Tu verras.
On viMr�s bien, ici aussi.

Assieds-toi l�.
On va te donner � manger.

Tiens.
Ce sera ton couteau.

Il faut que tu me donnes une pi�ce
en �change. C'est la tradition.

-�a ira, tonton ?
-Oui.

C'est pas pour l'argent.
C'est pour pas couper l'amiti�.

Ta grand-m�re n'est pas l�.
Elle est aux champignons.

Tiens. Il te faut boire du vin.
�a donne des forces.

Avec un peu d'eau, aussi !

Ben, alors ?

-Alors, c'est bon ?
-Dr�lement.

C'est le travail qui reprend.

Par la porte, l�, c'est ta chambre.
Tu mettras tes affaires.

Victor !

Tu viendras me voir ferrer.

Si t'es pas fatigu�,
tu me donneras un coup de main.

Au revoir, tonton.

Dis-moi,
je te trouve un peu p�le.

T'en fais pas. Ici, tu auras vite
fait de te refaire des couleurs.

Tiens. Voil� la m�m�.

Victor t'a pas dit ?

Elle est un peu grinche.
Elle aime pas trop les bisous.

Va embrasser ta grand'm�re,
Olivier !

Bonjour, m�m�.

Mais fais attention !

Empot� ! Tu vas me faire
tomber les champignons.

Fais voir ?

-On va se r�galer, ce soir !
-Non.

On les mangera dimanche.

Et alors ? C'est toi le garnement
qui rend ma fille � moiti� folle ?

En tout cas, c'est un bon gar�on.
Et il est bien poli, figure-toi.

On verra.

Va voir Victor.
Regarde-le forger.

C'est un des
meilleurs charrons du pays.

D'accord, p�p�.

Ah. Te voil�, toi.

Tu vas me donner un coup de main.

Tire un peu sur le soufflet, l�.
Sur la cha�ne.

-C'est celle-l� ?
-Ou�. �a va attiser le feu.

Dans 2 mois,
tu auras des muscles d'homme !

-C'est le fils de Pierre ?
-Oui. De Pierre et de Virginie.

Pauvre de lui. Quel drame.

�a, on peut le dire.

Tu peux t'arr�ter, Olivier.

Tu devrais faire un tour � l'�table
dire bonjour aux vaches.

Y en a 3. Elles sont braves.

Y a la Dourade, la plus claire.
La Marcade.

Et puis celle qui a des taches,
c'est Poum�rade.

-L'�table, elle est ou ?
-L� derri�re. Vas-y.

Salut, les vaches !

Comment �a va ?

Alors, toi t'es la Poum�rade.

Toi, t'es la Marcade.

Toi, t'es la Dourade.

Comment �a va, Poum�rade ?

Je me pr�sente.
Moi, je suis Olivier.

J'habite Montmartre, normalement.

J'avais jamais vu de vaches.
Des chevaux, mais pas de vaches.

Olivier !

Olivier !

Qu'est-ce que vous venez faire ici ?

Foutez le camp. Vous entendez ?

Elle lui a jamais pardonn�
d'avoir essay� de tuer ton p�re.

Je sais.

Allez.

Il sait � quoi s'en tenir,
maintenant,

s'il s'approche encore de la ferme,
ce brigand.

� quoi bon rajouter
du malheur au malheur ?

�a, alors !
C'est lui qui m'a provoqu�e, non ?

C'est pas moi qui ai commenc�.

-Il faut le comprendre
-Il faut le comprendre ?

Si tu peux comprendre un criminel,
tu peux me comprendre moi aussi !

S'il tra�ne autour du petit,
il sait ce qui l'attend.

Moi qui croyais que ton Dieu,
c'�tait celui du pardon !

Laisse-le tranquille, mon Dieu.
M�cr�ant !

Je vais mener les b�tes au p�turage.

Que le petit
ne quitte pas la ferme seul.

Pourquoi ?
Il est pas en prison, ici.

Tu as bien lu ce que Victoria
nous a dit dans sa lettre:

il ne fau jamais le perdre de vue,
ce chenapan !

On croirait que c'est Victoria
qui fait la loi chez moi !

S'il te pla�t,
tu veux pas m'appeler le pitchou ?

Olivier !
Viens voir ton grand-p�re

-T'as appel� apr�s moi, p�p� ?
-Oui. Viens me voir, mon pitchou.

-Tu veux pas me lire mon journal ?
-Bien sur.

Voil�. Tu me lis cet article-l�.

"Le parti nazi affirme que
les Allemands ont r�pondu en masse

"� l'appel de Adolf Hitler..."

Hitler ! Adolf Hitler.

"...de Adolf Hitler qui leur avait
demand� de br�ler les livres jug�s

"subversifs

"et d�cadents sur la place publique.

"Plusieurs millions
auraient �t� r�duits en cendres

"dans la journ�e du 5 mai."
-Tu vois, Olivier,

quand le train du monde sort de ses
rails, on ne sait o� il va s'arr�ter.

Pourquoi on br�le des livres ?
�a fait de mal � personne.

C'est qu'ils veulent pas
que les gens pensent !

Ils les pr�parent
� devenir comme des machines.

Mais dis-moi,
tu lis tr�s bien.

Comment �a se fait
que tu es mauvais en classe,

d'apr�s ce que dit
la tante Victoria ?

-Je sais pas, p�p�.
-Oui.

En plus, il para�trait que
tu t'enfuis du coll�ge, le soir.

Tu es un vrai Escoulas !

Dans notre famille,
il'y a toujours eu des rebelles.

Regarde-moi: je suis le seul Rouge
dans tout ce pays de Blancs !

Dis. p�p� ?

Oui ?

Le sanatorium de Marceau
il est dans la r�gion, non ?

Dis donc,
tu vas droit au but. toi.

�a fait � peine un jour que tu es l�
et d�j� tu veux aller au sanatorium.

Dis-moi, c'est pour voir Marceau
que t'es venu ici ?

-Oui, p�p�.
-C'est bien de dire la v�rit�.

Seulement voila,

Victoria nous a bien
pr�cis� qu'en aucun cas

tu ne dois aller au sanatorium.

Mais pourquoi elle ne veut pas ?

Elle doit avoir de bonnes raisons.

Tu vois, on est pareils.

Tu trouves ?

Et pourquoi �a ?

Parce que moi aussi,
j'ai envie de le voir. Diable !

Il me manque, mon petit-fils.

Il a fait sa vie ici.

Toujours � courir la montagne
ou les filles,

� p�cher la truite ou l'�crevisse.

On a bien rigol�, tous les deux.

�a me fait mal, maintenant,
de le savoir l�-bas.

Le docteur m'a dit de ne pas y aller,
que je pourrais attraper son mal.

Ma�s mon je te dis:

on ira le voir tous les deux.
-C'est vrai ?

Aussi vrai que je suis un Escoulas.

Sur la carte, j'ai vu
qu'il y avait au moins 50 km.

On va pas passer par la route.

On va passer par la montagne.

Les chemins de la montagne.
�a fait gagner au moins 10 km.

Je prendrai
la charrette et le cheval,

et je leur dirai que je t'ai emmen�
voir la foire aux bestiaux � Langeac.

Ils nous laisseront partir ?

Ils vont dire que je suis fou.
Mais je suis le chef de famille,

je fais ce que je veux, non ?
-Oui, p�p� !

Attends. Ne nous emballons pas.

Je veux savoir si tu es capable
de garder un secret.

Devant Victor et la m�m�,
il faut que tu chinoises
,

que t'aies pas l'air emball�
de venir avec moi.

-D'accord.
-Bien.

Faut pas �veiller leurs soup�ons.

On partira dimanche, � l'aube.

Mais jusque-l�...

Je me demande
si j'ai pas �t� un peu optimiste.

Il nous faudra bien 6 heures
pour arriver fa-bas.

�a veut dire qu'on va pas
�tre rentr�s avant la nuit.

Ils devineront
qu'on n'est pas all�s � Langeac.

Et alors ?

Une fois que j'ai vu Marceau, ils
peuvent deviner ce qu'ils veulent.

Au moins, on a de la chance,
il fait beau..

Pour le moment, oui.

Pourvu qu'on n'attrape pas
l'orage en arrivant au col.

Allez, Nono. Allez !

�a y est. p�p� !

-Je lui ai donn� son avoine.
-C'est bien.

-Tiens. Je t'ai pr�par� �a.
-Merci.

� notre tour de faire bombance !

Du jambon, du pain et du vin,
voil� ma sainte Trinit� � moi.

Tu vois, quoi qu'en dise Victoria,

je n'�changerai pas un seul arbre
de ces montagnes

contre les lumi�res de Paris.

Dis, p�p� ? Pourquoi m�m�
n'aime pas qu'on l'embrasse ?

Il faut la comprendre.

Elle a perdu 2 enfants, alors

�a l'a rendue un peu sauvage.

Si tu l'avais connue � 20 ans !

Elle �tait belle.

� t'arracher les yeux.

Tu sais, pour notre mariage,

on avait fait
la c�r�monie du b�ton blanc.

C est quoi,
la c�r�monie du b�ton blanc ?

Si la promise mettait
un balai retourn� devant sa porte,

elle ne voulait pas de toi.

-C'est marrant.
-Tu trouves ?

Tonnerre !
Je n'ai pas dormi de la nuit.

Mais te lendemain matin,

la m�m� avait remis � l'endroit
tous les balais de la ferme.

Et m�me les pas bien propres.

Si elle m'entendait !

Comme elle aimait danser �
mon bras la bourr�e, � l'�poque.

Que viens-tu cherch,
jeune de la montagne ?

Que vienr-tu chercher
si tu veux pas danser ?

Qu� volio cerca,
jovo de la montagna ?

Que volio cerca,
si volio pas danser ?

Fallait pas venir,
si tu voulais pas.. A�e !

P�p� !

-J'ai tr�buch�, Olivier.
-Viens, viens.

Viens. C'est rien.

C'est rien. Tu vas m'aider.

C'est rien. �a va m'apprendre
a faire le jeune homme.

Voil�.

Je souffle un peu et �a ira mieux.
Il reste

2 km de mont�e.

La route sera plus facile, apr�s.

P�p�, regarde.
Y a quelqu'un au col.

On lui dira bonjour !

Et si c'est m'sieur Privat ?

On lui dira bonjour quand m�me.

-Mais il a tir� sur mes parents !
-Et alors ?

On tire pas sur les gens sans raison.

Est-ce que tu t'es demand�
pourquoi il avait fait �a ?

P�p� ! C'est l'oncle Victor.

�a c'est autre chose.

Victor ! Quelle surpris !

Tu me prends pour un imb�cile.

-Pourquoi ?
-Tu crois que j'ai pas compris ?

Vous n'y seriez pas avant la nuit.
C'est une vraie folie !

Comment �a ? Que j'aie envie de
voir mon petit-fils est une folie ?

-C'est toi qui es fou !
-Peut-�tre.

Mais vous allez faire demi-tour.

Recommence plus ou il t'en cuira.

Pas un mot � ta grand-m�re,
elle t'arracherait les yeux.

Bon.

J'ai achet� un jambon de 6 livres
chez Fayet,

vous direz que
vous le rapportez de Langeac.

Allez.

C'est bien, Olivier.
T'as encore fait des progr�s.

Tu vois, solitude,
�a prend pas 2 "l" .

Parce q'avec 2 "I",
elle va s'envoler !

Tu as mal conjugu� le participe
passe du verbe tuer.

Avec "avoir",
pour que �a s'accorde,

qu'est-ce qu'il faut ?
-Le compl�ment devant le verbe.

Pourquoi tu ne l'as pas fait ?

J'ai oubli�.

� part �a, tu as mal �crit le nom
propre du bandit. Mais �a...

C'est bien.

Si tu t'appliques
tu vas devenir un as.

Mais... � la rentr�e prochaine,

va falloir que tu retournes � Paris.

-Mais...
-C'est triste � dire,

mais de nos jours, l'avenir,
c'est dans les villes, qu'il est.

�a me coule de le dire �a,
parce que tu sais,

j'aimerais mieux que tu restes ici,
avec moi.

Moi aussi,
j'aimerais rester avec toi.

Dis pas de b�tises !

Au bout de quelques mois,
tu commencerais � t'emb�ter.

Non. Je suis heureux, ici.

Je suis heureux comme...

-Comme..
-Comme avec ta maman ?

Eh ben. tant mieux.

Tu vois, Victor est sur les routes.

Tu devrais aller rejoindre
ta m�m� au paturage.

Aujourd'hui, efle est au Gouffre
de l'enfer. Tu sais o� c'est ?

Oui. Qu'est-ce qu'elle va dire,
la m�me ?

Tu verras bien.

N'oublie pas de saluer les gens.

Ici, on parle au monde.

Parlez-moi d'amour

Redites-moi des choses tendres

Votre beau dise

Mon coeur n'est pas tas de l'entendre

Bonjour, Olivier.

M'sieur Privat !

Je sais qu'on ne peut pas se voir,
mais fai besoin de te parler.

-Je peux t accompagner ?
-Non !

Vous �tes un menteur. Et vous
avez voulu tuer mes parents !

Vous disiez que mon p�ne �tait votre
ami, et que ma m�re vous aimait !

Vous leur avez tir� dessus.
Vous avez fait de la prison !

Si c'est t>a tante qui t'a dit �a...
Je vais te raconter I histoire.

Je veux plus vous parler.
Laissez-moi tranquille !

Bonjour, m�m� !

Qu'est-ce que tu fais l�, Olivier?

Le p�p� m'a dit que
je pouvais venir te voir.

Et tu es venu dir�ctement ? Tu n'as
pas tra�n� de gauche et de droite ?

Non. Je te promets, m�m�.

-Tu n'as vu personne ?
-Non.

Ah si.
J ai vu Louison Flandin.

Il ma demand� si je voulais pas
aller au match de foot.

-J'ai dit que je venais te voir.
-Bon. �a va.

Bon. Ben. je vais voir les vaches.

Qu'est-ce que tu-fais ?

-Je donne du sucre aux vaches.
-Elles n'aiment pas �a, le sucre !

Tu es vraiment
un petit Parisien, toi !

Les vaches, c'est pas le sucre
qu'elles aiment. C'est le sel !

Donne-le au chien, ton sucre.
C'est pas bon pour ses yeux,

mais ici, il faut rien perdre.

Allez viens, le chien. Viens.

C'est bon, hein ? C'est bon.

-M�m� ?
-Oui ?

-T'as pas de montre ?
-Non.

Comment tu fais pour savoir qinil
est l'heure de rentrer � la ferme ?

Regarde l'ombre de la cabane.

Quand elle arrive � la grosse pierre,
c'est l'heure de ramener les b�tes.

Tu as pris un coup de chaud, toi.
Va � la rivi�re te rafra�chir.

-Elle est profonde, la rivi�re.
-S�r qu'elle est profonde !

On l'a surnomm�e

-"Le Gouffre de l'enfer" ?
-Il y a longtemps,

iI y avait un m�cr�ant qui se vantait
de croire ni � Dieu, ni au diable.

Ah, il a �t� bien puni, le bougre !
La rivi�re l'a englouti.

-C'est vrai ?
-�videmment !

Il faisait expr�s de venir travailler
� cet endroit le dimanche.

Un jour d'orage, qu'il passait
tout pr�s avec sa charrette,

il s'est avanc� s�rement
trop pr�s du gouffre.

Les deux mains du diable
ont surgi de la rivi�re,

ses longues griffes l'ont enserr�
pour qu'il ne bouge plus,

et elles I'ont emport� au fond,
lui et ses deux b�tes !

-C'est pas vrai. C'est une l�gende.
-Tu es comme ton grand-p�re.

Tu es un esprit fort.
Tu refuses d'y croire.

Monte sur le rocher.

Penche-toi au-dessus du gouffre.

Tu verras ce qu'il reste
de la charrette, au fond de l'eau !

-Tu vois ?
-Je sais pas.

-L'eau est trouble.
-Regarde mieux !

Ah oui ! Je la vois.

La charrette avec des os
et un squelette !

Y a m�me une t�te de mort !

T'as vu, m�m� ?
L' ombre est sur la grosse pierre.

C'est l'heure de rentrer.

C'est bien. Tu apprends vite.

Bient�t, tu vas venir faire pa�tre
les vaches au p�turage tout seul.

Si tu veux bien.

Tiens. Prends mon b�ton
et m�ne-les vers le sentier.

Va! On va voir
comment tu te d�brouilles.

Allez, les vaches ! Allez.

O� tu vas, Poum�rade ?

Si tu crois que �a se voit pas que
tu as pel� les sabots � ta b�te !

Je suis sur que tu lui as mis
du poivre dans le cul.

Ho, l'Escoulas !
C'est pas � toi que je la vends.

Le patois avec l'accent de Paris,
c'est comique !

Et encore, il a fait des progr�s !

-Vous aussi, vous avez un accent.
-Olivier !

C'est bien beau de ferrer, mais
n'oublie pas ton devoir de calcul.

Attends ! On n'a pas fini.

Une automobile !

N'aie pas peur.
Finis ton travail, Olivier.

Tu iras saluer ma soeur
tout � l'heure.

On peut dire qu'elle a r�ussi,
la Victoria.

�a, pour s�r.

Elle est mont�e � Paris,
et Paris lui est mont� � la t�te.

Voil� qu'elle a honte de nous.

� ses amis,
elle dit pas qu'on est forgerons.

Elle'dit qu'on est ferronniers d'art.

Moi, je .trouve que
c'est plus noble d'etre forgeron.

Tu comptes rester avec nous ?

Non. Je suis pass�e en coup de vent
pour d�poser Julienne.

Moi, je croyais que tu �tais venue
pour nous dire bonjour.

Aussi, bien s�r.

Mon Dieu; quelle chaleur !

Dis-moi,

Marceau, comment il va,
mon petit-fils ?

Son �tat est stationnaire,
m'ont dit les m�decins.

Mais il faudra peut-�tre
lui faire une thoraco.

-C'est quoi ?
-Une thoracoplastie.

C'est une op�ration qui consiste
� comprimer le poumon malade

par une ablation des c�tes.

-Six, en l'occurrence.
-Mais c'est grave !

-Tu retournes l�-bas ?
-Non.

Il nous a demand� de partir.
Il ne veut voir personne.

Pute borgne !

Je donnerais mes deux jambes
pour qu il ne soit plus malade.

C'est pas aux enfants de souffrir.

Et comment- va-t-elle. ta jambe ?

La douleur, c'est rien du tout.

C'est l'inaction qui me p�se.
Heureusement qu'il y a Olivier.

-Il a l'air de bien s'acclimater.
-Oui.

�a, il est h�ureux, ici.
C'est s�r.

Mais il va falloir
que vous le rameniez � Paris.

Ah non.
Il n'en est pas question !

Victoria !

Je suis ton p�re, je suis chez moi.
C'est moi qui commande !

Et tu vas m'�couter, nom de Diou !

J'ai travaill� avec lui
presque tous les jours.

Il est intelligent, ce petit.
Et curieux.

Avec un peu d'aide,
il deviendra quelqu'un.

Il faut qu'il puisse
continuer ses �tudes.

Vous n'avez pas le droit de
le condamner � l'ignorance. Voila !

Parfois je me demande si je n'ai pas
�t� trop dure avec lui.

Tiens. Quand on parl� du loup !

-Bonjour ma tante.
-Bonjour. Olivier

-Je suis heureuse de te revoir.
-Moi aussi, ma tante.

Ton grand-p�re me dit
que tu te plais bien ici.

Qui, ma tante.

Tu sais ce qui lui ferait plaisir,
au petit ?

-C'est d'aller voir Marceau.
-S�rement pas.

Il veut me voir.

C'est vrai.
Il m'a montr� sa lettre.

Ta tante te l'a dit:
il ne veut plus voir personne.

II a �t� odieux avec moi, ce matin.

-Je suis s�r qu'il voudra me voir.
-�coute,

Victoria,
puisque �a fait plaisir � Marceau !

Bon.

Si tu es pr�t dans 5 minutes,
je te d�pose au sana.

Tu te d�brouilleras pour rentrer.
Il y a un car, le soir.

-Merci, ma tante.
-J'ai dit 5 minutes !

-Je serai pr�t.
-H� ! Olivier,

avant de partir, bois un verre de vin
et m�che une gousse d'ail.

�a donne des forces.
�a �carte le mal.

Tu es en bonne sant�, toi.

Guillaume, s'il vous pla�t !
Garez-vous apr�s ce virage.

Ma tante, qu'est-ce qui se passe ?

Marceau est perdu, Olivier

Les m�d�cins tentent une op�ration,
mais m'ont laiss� peu d'espoir.

II faut le dire � personne.
Tu comprends ?

-Je ne devrais pas t'en parler.
-Je vous promets, ma tante.

Ah ! Mon Dieu.

C'est si injuste !

ll souffre tellement.
Tu verras, il a beaucoup chang�.

Mais il ne faut pas qu'il sache.
D'ailleurs, on sait jamais.

Il reste peut-�tre une chance.

J'en suis s�r, ma tante.

J'en suis s�r.

J'en suis s�r.

Au revoir. Vous �tes s�re
que vous ne voulez pas venir ?

Je n'ai plus le courage.

Apres l'op�ration, oui.

Il est dans ce b�timent-l�.

Chambre 18. Au deuxi�me.

Essaie de te faufiler,
c'est interdit aux enfants.

Vous en faites pas.

Merci, ma tante.

Qu'est-ce que tu fais l�, toi ?

Je cherche Marceau Desrousseau.

Je te reconnais.
Tu es son cousin.

Tu peux pas rester l�.
Il n'est pas dans sa chambre.

Il est dehors, au solarium.

-Allez !
-Merci.

Ah, Marceau !

-Salut �a va ?
-C'est toi, petite �me populaire ?

Je savais que tu viendrais.

-Comment t'es anniv� ici ?
-C'est ta m�re qui m'a emmen�.

Tu vois,
la Divine n'est pas si m�chante.

Allez. Assieds-toi.

Au fait,
bravo pour ton renvoi du coll�ge.

Ta lettre m'a fait marrer.
C'�tait du grand art.

Comment tu te sens ?

J'esp�re que tu n'es pas venu
pour un bulletin de sant�.

Il tient en un mot:
irr�cup�rable.

C'est pas vrai.
Apr�s-ton op�ration, �a ira mieux.

C'est �a.

Esp�rer que �tout lira mieux apr�s
�tre amput� d� la moiti� des c�tes !

J'avoue qu'il y a de quoi
�tre pessimiste.

Tu vois, Olivier.
Quelquefois, je t'en veux.

J'aurais pr�f�r� mourir � New York.

Ou sur le pont d un transatlantique.
�a aurait �t� mieux qu'ici, non ?

Olivier, je t'en prie !
Fais pas cette t�te !

Tu te rappelles ?

Le'concert de Louis Armstrong ?

Et ta vir�e chez Mado ?

On en a eu. des souvenirs

�a, oui.

Le p�p� t'embrasse fort.

Dis-lui que je vais bien.
Comment il se porte, lui ?

Y a sa jambe
qui lui fait toujours mal.

Tu sais
qu'on a failli venir te voir ?

-On a d� faire demi-tour.
-Sacr� Escoulas. Il n'a pas chang�.

Tiens. Voit� mon beau Cerb�re.

Tu vois, je n'ai pas � me plaindre.

J'ai �t� cruel, ce matin,
avec Julienne.

Je te demande de veiller sur elle.

Donne-lui l'amour que je na'ai pas
pu lui offrir.

Hein ?

-Tu me promets ?
- Je te promets, Marceau.

Allez. Vas-y.

Je t'en prie.

-Ne reviens plus me voir.
-Pourquoi ?

-S'il te pla�t, Olivier.
-Faut pas rester l�, Olivier.

Je te l'ai dit, c'est d�fendu.
Allez, viens.

Ne lui en veux pas.
Il souffre terriblement.

On pouvait pas faire coucher
Julienne au grenier, tu comprends.

Puis, tu verras.
Tu seras bien, l�.

C'est le meilleur des matelas.

Oui. Tu peux �tre tranquille.

Ah ! T'as vu
tous ces vieux bouquins ?

"Le Tour de la France
par deux enfants".

-C'est bien ?
-Je comprends que c'est b�en.

Avec lui, j'ai appris � lire
� ma femme.

-Je peux l'ouvrir ?
-Pardi !

Regarde celte belle m�daille.

C'est la croix de guerre de ton p�re.

Avec palmes.

Et c'est quoi, �a ?

Une �corce d'orange.
C'est � ma fille.

-La tante Victoria ?
-Oui.

Y a bien longtemps, pour No�l, avec
une orange, tu faisais le r�veillon.

Eh oui !

� cette �poque-l�, je te jure,
on n'allait pas

� I'h�pital en carrosse.
La vie �tait bien rude.

Et l'argent, on s'empoignait,
pour l'attraper.

T'as vu cette dr�le de godasse ?

Toute gonfl�e
et une �norme semelle.

C'est une chaussure de ton p�re.

Tu vois,

on fait faire la guerre � des gamins
avant meme qu'ils aient v�cu.

Ton pauvre p�re.

Quand il est revenu au pays,
apr�s sa blessure,

je l'ai pas reconnu.

Tout ce que j'ai su lui dire, c'est:
"Tiens. Te voil�, toi."

Il a pleure.

Il marchait entre deux b�quilles,

il portait encore dans sa chair
des �clats d'obus.

El les poumons br�l�s par les gaz.

Lui qui �tait d�gourdi
comme un �cureuil,

il restait l�, h�b�t�.

"O� es-tu, mon Pierrou ?",
lui demandait la m�m�.

Il levait tes yeux
comme s'il allait r�pondre,

il disait rien.

C'est ta m�re
qui lui a redonn� go�t a la vie.

Le temps de faire un joli petit.

Et il est mort.

Julienne ?

J'arrive pas � dormir.

Je pense tout le temps � Marceau.

Je l'aime tellement, tu sais.

C'est trop injuste.

On devait se marier.

Je ferais n'importe quoi
pour qu'il gu�risse.

T'inqui�te pas.

Bient�t, il ira mieux.

Il m'a dit que mime s'il gu�rissait,
il ne m'�pouserait plus.

Il a dit �a pour que
tu n'aies pas de regrets.

-Tu croix ?
-J'en suis s�r.

Cette maladie l'a tellement chang�.

Puis, y a cette fille,
cette infirmi�re.

Faut pas pleurer, Julienne.
Faut pas.

Tu sais, Charlotte, il s'en fout.

-Je sais pas. Je sais plus.
-Mais si. Il me l'a dit.

T'inqui�te pas.

Embrasse-moi.

Embrasse-moi, Olivier.

Pas comme �a, idiot.
Sur la bouche.

Marceau !

Marceau !

-Bonjour.
-Bonjour.

-Bien dormi ?
-Pas trop. non.

Je vais rentrer � Paris.

Je croyais que
tu devais rester quelques jours ?

Je suis trop pr�s de Marceau, ici.

Victor ?

�a t'ennuie pas
de m'emmener � la gare ?

C'est que j'ai plein de travail, moi.

Olivier peut y aller.
Il sait conduire la charrette.

Il faudra pas
que tu tra�nes en chemin.

Tu rentreras directement
a l'oustaou.

-Vous savez, je peux y aller seule.
-Non.

Une jeune fille
ne se prom�ne pas toute seule.

Il a raison.

� propos,

l'autre jour, � Langeac,
j'ai vu une TSF d'occasion.

-Elle est � un bon prix.
-Pas de musique dans ma maison !

Pourquoi pas ?

-Un peu de musique, ici, �a...
-Non, non.

Les nouveaut�s
apportent le malheur.

C'est � croire
que tu l'aimes, ce malheur .

tu veux pas de l'eau qui sort
des tuyaux, tu portes le seau.

Tu veux pas de musique pour
nous changer des id�es noires.

On peut pas toujours vivre
avec les morts, maman.

Avec les miens, si !

Le tram 24 en provenance
du Puy-en-Velay,

direction Paris
via Clermont-Ferrand,

d�part imm�diat, quai num�ro 1.

Tiens. Mets-la l�.
C'est vide.

Tu vas �tre tranquille
jusqu'� Clermont-Ferrand.

C'est gentil de m'avoir
accompagn�e, Olivier.

On se reverra � Paris, peut-�tre ?

C'est vrai ce qu'avait dit Victor,
c'est dommage que tu partes.

-On �tait bien, tous les deux.
-Tu es mignon.

-Je devais m'occuper de toi.
-Tu l'as tr�s bien fait.

�a va pas,
esp�ce de petit vicieux !

-Je comprends pas...
-Tais-toi !

Comme ta m�re,
t'as le sang chaud.

-T'as pas le droit de dire �a !
-Ah oui ?

Comment tu dis
une femme qui a des amants ?

�a te regarde pas.
Elle fait ce qu'elle veut !

Victoria dit que c'est
une h�ro�ne de faits divers.

C'est pas sa faute
si Privat a tir� sur elle.

Pas de sa faute ?
�a, c'est la meilleure !

Pourquoi tu dis �a ?

Mon pauvre Olivier !

Si tu savais
ce que ta m�re a fait � Privat.

Qu'est-ce qu'elle lui a fait ?

-Dis-le-moi, Julienne !
-Je peux pas te le dire.

Attention au d�part.

Va voir Privat.

Va voir Privat.

Il habite dans un grand domaine
qui s'appelle Les Bruy�res.

Il te dira ce qui
s'est vraiment pass�.

Je te demande pardon, Olivier.

On se reverra. Plus tard.

Plus vite, Nono !

Allez !

Allez, plus vite !

Allez !

Allez !

Hue, Nono ! Hue !

Allez. Nono !

Tout doux, Nono.

Ho !

Quest-ce que vous voulez.
jeune homme ?

Je voudrais parler � M. Privat.
C'est tr�s important.

Ah oui. Je vois.

Il ne va pas tarder. Suivez-moi.

C'est ta m�re. Olivier.

C'est un ami qui a fait ce buste.

Elle allait avoir ses 18 ans.

Je suis heureux. Je croyais
que tu voulais plus me voir.

C'est pas pour vous.
J'ai besoin de savoir quelque chose.

-C'est tr�s important.
-Je t'�coute.

Pourquoi avoir voulu tuer mes
parents ? Qu'a-t-elle fait ?

J'ai �t� le...

le premier mari de ta m�re.

Le premier mari de ma m�re ?

Ta maman n'osait pas
te dire qu'elle �tait divorc�e.

Elle ne voulait pas
te troubler avec �a.

Nous nous �tions mari�s
avant la guerre.

Nous avons v�cu ensemble,
puis j'ai �t� appel�.

En m�me temps que ton p�re.

Nous �tions amis d'enfance.
Tous les trois.

Quand il a �t� bless�
en octobre 1914. et qu'il est revenu,

ta m�re s'est occup�e de lui.

Je croyais qu'ils s'�taient
rencontr�s quand papa est revenu ?

Non. Non.

Mais ta m�re
a bien �t� son infirmi�re.

Puis les mois et les ann�es
ont passe.

Et un jour, j'ai re�u
une pauvre lettre... de ta m�re.

Elle allait � Paris, avec ton p�re.

-C'est pas vrai, vous mentez !
-Non.

Tu seras le seul
� conna�tre la v�rit�.

Celle que je n'ai jamais r�v�l�e.
� personne.

� la lecture de cette lettre,
j'�tais... boulevers�,

d�sesp�r�.

Je suis devenu � moiti� fou.
Je voulais retrouver ta m�re.

Au printemps 1917, pendant
les offensives du g�n�ral Nivelle,

j'�tais volontaire pour inspecter
un fortin qu'on venait de reprendre.

J'ai ramass� une grenade,

je l'ai d�goupill�e, j'ai pass�
mon bras dans une meurtri�re.

Et je me le suis fait sauter,
volontairement.

C'est comme �a
que je suis devenu un h�ros.

Des semaines plus tard, j'ai quitt�
l'h�pital et je suis mont� � Paris.

Avec l'intention de tuer tes parents,

et de retourner l'arme contre moi.

Voila.

Olivier !

-J'esp�re que tu me pardonnes.
-Mes parents n'ont pas pu faire �a.

C'est pas leur faute, Olivier.
C'est la guerre,

la cause de tout ce g�chis.
-C'est pas possible.

Jamais je leur pardonnerai !
C'est plus ma m�re ni mon pere !

Tu n'as pas le droit de les juger !
Tu n'as pas le droit.

Tu comprendras plus tard.
On peut aimer

et ne plus aimer. On n'est pas...
-Taisez-vous !

Olivier !

Allez, Nono ! Allez, Nono !

Allez !

Allez !

Allez ! Allez !

Olivier !

Qu'est-ce qui se passe ?
C'est Marceau ?

Marceau ? Non.
Rassure-toi.

Il est l� basm dans la voiture.

Comment va-t-il ?

Ils ne le laissaient pas sortir,
mais il a convaincu le directeur.

If voulait te parler.

On l'op�re demain.

Tu verras. Il est tr�s affaibli.
Mais il garde le moral.

Alors, petite �me populaire ?

-Te voil� devenu berger ?
-T'es fou, Marceau.

Tu devrais te reposer !

Mais je me repose, ici.

Tu parleras pas au grand-p�re ?

Qu'il garde l'image
d'un jeune homme en pleine sant�.

Plut�t que de lui imposer
ma d�ch�ance.

Et puis, c'est pour toi
que je suis venu.

J'ai re�u ta lettre.

J'avais envie de te parler.

-T'�tais pas oblig� de venir.
-Je sais.

J'avais quelque chose
� te demander.

C'est quoi ?

Il faut que tu pardonnes
� tes parents, Olivier.

Ne les juge pas. Comme je l'ai fait
si souvent avec les miens.

Depuis que je vis avec la mort, je
trouve ces jugements si d�risoires.

Tes parents se sont aim�s,
et tu le leur reproches ?

Non.

-Et ce qu'ils ont fait � M. Privat !
-C est la m�me chose.

L'amour qu'ils avaient
l'un pour l'autre

et le mal qu'ils ont fait,
sont les 2 faces d'une m�daille.

Tu peux pas
les s�parer l'une de l'autre.

Tu comprends ?

Rappelle-toi, Olivier.

Un jour,

tu m'as dit que ma vie et ma mort
n'int�ressaient pas que moi.

Aujourd'hui, je te demande
de me faire confiance.

C'est la derni�re fois...

T'es fou, Marceau !
On va se revoir apr�s ton op�ration.

Dis pas de b�tises.

Fais ce qu je te dis.

Tu me promets ?

Je sais que tu vas rentrer � Paris
pour faire tes �tudes.

Avant de partir, tu vas aller
sur la tombe de tes parents

Ieur dire que tu les aimes.

Comment je vais leur dire ?

Si t'y crois tr�s fort,
ils t'entendront.

Ah oui ?

Oui.

J'ai un bouquin
sur le langage des fleurs.

Je leur offrirai une rose.
Une rose rouge.

C'est le symbole de l'amour.
De l'amour fou.

Bravo.

Tu vois, quand tu veux.

Allez.

Fais pas cette t�te-l� !

On se reverra, va !

On va aller en Am�rique.

On va aller applaudir
Louis Armstrong au Cotton Club.

On va se faire une de ces fetes !

-Hein, mon Olive ?
-Oui. C'est s�r.

Du courage, petit con !

Vieux schnoque, va !