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25 avril 1945
Jour de la Lib�ration

La guerre est finie.

Pourquoi?

Vite, camarades, au nom de Staline!

Les chemises noires sont ici!

Vite! C'est Tigre, le partisan.

Je veux une arme, moi aussi.

- Que fais-tu? L�che-moi.
- Je veux une arme.

J'ai coup� les c�bles du t�l�phone,
j'ai droit � une arme.

Allez, Tigre.
Donnez-m'en une. Vous avez promis.

Qu'est-ce que tu attends?

Prends �a. La revue, aussi.

Tiens. O� vas-tu?

Je veux tuer, moi aussi!

Ici la Brigade des partisans patriotes
pour la lib�ration de I'Italie.

Nous venons tout juste
d'occuper la station radio � Milan.

La ville a �t� lib�r�e.

Milan lib�r� salue ses compatriotes.

Ici la Brigade des partisans patriotes
pour la lib�ration de I'Italie.

Dans I'excitation et la joie
de cet instant m�morable,

nos pens�es accompagnent ceux
qui ont sacrifi� leur vie

pour abolir I'asservissement
de I'Italie par les nazis.

Mais nos pens�es sont surtout pour...

Leonida, que fais-tu I�?

Je ne t'avais pas vu.

Qu'est-ce que tu fais?
Donne-moi cette arme.

Laisse-moi!

- Vive Staline.
- Tu as perdu la t�te?

...les Partisans
pour la lib�ration de I'Italie.

Le fascisme
nous laisse un h�ritage mis�rable...

Vive Staline.

Attila et Regina.

Attila et Regina!

Tire, Attila! Tire!

- Tuez-la!
- Salope!

Regina!

Attila!

J'arrive!

Viens! Viens!

Les hirondelles sont de retour.

Attends, attends.

Mon grand-p�re est mort ici.

Levez-vous!

Asseyez-vous.

Assis!

En Am�rique,
chaque vache a son abreuvoir.

Elles ont de la chance. Elles sont g�t�es.

Tu aimerais aller en Am�rique, Leonida?

Appelez-moi Olmo.

Tu ne t'appelles pas Leonida?

Olmo est mon surnom de partisan.

- Tu sais qui �tait Olmo?
- Il �tait le plus brave.

Le plus brave.

Que penses-tu de ton ma�tre?

Il n'y a plus de ma�tres.

Des ann�es plus t�t...

Verdi est mort!

Verdi est mort!

Giuseppe Verdi est mort!

Pousse! Pousse!

Le b�b� est n�!

Regardez le beau b�b�.

Continue � pousser. Il vient.

- Ferme la porte, Rosalba.
- Doucement, les enfants.

- C'est un gar�on!
- Une autre bouche � nourrir.

- Rosina a eu un gar�on!
- Un de plus � torcher.

C'est un gar�on!

Ne le touche pas, Rigoletto,
tu vas le rendre bossu.

Elle a eu un gar�on!

C'est un gar�on! Un autre gar�on!

Maudite femme.

C'est un gar�on!

Tu entends �a, bon � rien?

Le b�tard est n� avant le fils du ma�tre.

Je vais chercher un b�ton et monter.

Eleonora, pousse.
Je le sens venir. Pousse.

Allez! Plus fort! Pousse!

Allez!

Salope.

Papa. Papa!

Alfredo est n�! Alfredo!

Le m�me pr�nom que moi.

Et si c'est une fille?

Ce n'est pas une fille?

Je sais distinguer les gar�ons.
Il a tout ce qu'il faut.

Il a d�j� I'expression de son p�re.

Et aussi I'argent de son grand-p�re.

Quel beau petit gar�on.

Giovanni, Giovanni.

- Qu'y a-t-il?
- Comment va la m�re?

- Bien.
- Embrasse-la de ma part.

"... b�ni par les cieux...

"tir� du jardin d'Eden...

"sois I'h�ritier de la gr�ce divine,

"aie le c�ur pieux,
et les vertus du patriarche... "

Taisez-vous!

- Giovanni.
- Oui, Papa?

Ecris � ton cavaleur de fr�re
ce que je vais te dicter.

Oui, Papa.

"Ottavio... "
Tu n'as rien pour �crire?

"Ottavio Berlinghieri,
H�tel des Bains, Lido, Venise.

"Annonce naissance -
premier Berlinghieri 20e si�cle.

"Prie Dieu
pour qu'il ne devienne pas comme toi.

"Tu as trouv� une �pouse?
Affectueusement, Papa. " Tu as not�?

- Bien s�r, Papa.
- Bien.

S�ur Desolata est arriv�e!

- Ch�re fr�re.
- C'est un gar�on.

Bravo!

Descendez les bagages,

je ne retournerai jamais
dans ce couvent.

Monsignor est devenu cruel.

Il pr�f�re les novices, et me n�glige. Oui.

Elles sont tr�s mal �lev�es.
L'autre jour, je...

- Rigoletto, mon chapeau.
- Alfredo.

Oui, Signor padrone.

- Que Dieu vous garde.
- Ainsi que votre �me.

Des pr�tres, ici aussi.
C'est une conspiration.

Alors, le bossu,
que vois-tu I�-dedans?

C'est recouvert de neige.
Comme en hiver.

- Quoi d'autre?
- Une cath�drale avec des fl�ches.

- Quoi d'autre?
- Des bouteilles.

- Des bouteilles?
- Des bouteilles!

C'est le paradis I�-dedans,
vous seriez le seigneur

et je serais St Pierre
si vous me donniez les cl�s.

- Assez travaill� pour aujourd'hui.
- Merci, padrone.

Arr�tez! Tenez. D�salt�rez-vous!

Pour vous. Pas de travail aujourd'hui.

Enzo, du vin sp�cial.

- Une c�l�bration.
- Sant�, padrone.

- O� est Dalco?
- Dans les vignes.

C'est la derni�re bouteille!

Et moi, alors?

- Du champagne p�tillant.
- Un mariage ou des fun�railles?

L�-bas, dans les vignes.

Le destin. Ils sont n�s le m�me jour.

Vous trinquez au destin, hein?

Signor Alfredo,
vous savez combien nous sommes?

J'ai pas compt�.

Quand on se met � table,
on est quarante.

Tu es un veinard, Leo. Reconnais-le.

C'est peut-�tre un b�tard,
mais c'est un gar�on.

Il mange comme tout le monde.

Qu'est-ce qui te pr�occupe?

C'est naturel.
D'abord il y a eu les paysans,

- puis les padroni.
- Ma�tres, paysans. Foutaises!

- On na�t tous �gaux!
- Egaux?

Vous! Qu'est-ce que vous attendez?

Buvez, buvez, abrutis!

Bois avec moi.

On boit ou pas?

N�s ensemble. C'est un signe.

Qu'on mourra peut-�tre ensemble.

Philosophe de mes deux.

Mon petit-fils sera avocat.

Le mien, voleur.

Pourquoi pas pr�tre?

C'est pas notre vin. Trop sec.

J'ai pas aim� non plus.

Rigoletto, va dire � la mairie
que le gar�on s'appelle Alfredo.

Berlinghieri, Alfredo,

fils de Giovanni et Eleonora,
n�e Rosetti.

Leo, comment s'appelle le tien?

Quel nom vas-tu lui donner?

Olmo.

Olmo.

Comme I'orme.

Fils de feu Oscar et de Rosina Coppo.

Oscar? Il est mort il y a 4 ans.

Justement.
Un peu de respect pour les morts.

Pauvres bougres.

Au c�ur de I'�t�

sous la chaleur �crasante

sont n�s deux enfants m�les

� tr�s peu d'intervalle!

Rigoletto, tiens, bois un coup.

Imb�ciles.

Il veut une coupe de vin!

Ce pauvre paysan b�tard

Li� par le destin � cette heure

Au petit-fils du padrone

H�ritier du pouvoir et des richesses...

Qu'en penses-tu?

Leo. Vous devez I'essayer, vous aussi.

Je ne monte pas sur ce diable rouge.

J'ignore laquelle est la plus rapide,

la machine tir�e par un cheval
ou la force des bras de I'homme.

Allez! Plus vite!

Voil�.

Qu'en pensez-vous?
Un demi-hectare en...

dix minutes en tout.
Six hommes auraient mis la matin�e.

Et �a?

Vous appelez �a du bon travail,
Signor Giovanni?

Regardez le foin dans son sillage.

Un peu de foin, c'est rien.
Vous n'�tes pas d'accord?

Vous ne voyez pas, pauvres ignorants,
que c'est une machine import�e?

Nous sommes les premiers
� avoir un coupe-foin m�canique.

Heureux soient les derniers � en avoir un.

Qui voudrait d'une machine
ressemblant � une hy�ne?

- 19!
- Elles puent, et tu es d�go�tant!

20! 20!

Tu n'as encore rien vu.

- Tiens, embrasse-la. Mords-la.
- Saute dans le lac!

Olmo est un b�tard!

Olmo est un b�tard!

Mange-la et br�le en enfer.

Trouillard!

Allez! Cours, poule-mouill�e!

C'est toi la poule-mouill�e.
Tu t'en prends aux filles et aux b�b�s.

T'arrives m�me pas � suivre le chef!

Et moi, je te dis que je peux!

Va pisser dans ta culotte!

Je vais m'occuper de toi.

Qu'est-ce que tu fais?

Je baise la terre.

- Et maintenant?
- J'�coute ce que me dit mon p�re.

Dans le poteau t�l�graphique?

J'entends rien.

- Tu es fou?
- On va voir qui est brave et qui est l�che.

Quand il passera, ferme les yeux
pour ne pas �tre aveugl�.

Je ferai en sorte que tu ne fuies pas.

Non, non! Laisse-moi partir!

Tu vois! T'es un froussard!

Olmo! Olmo!

Tu es vivant ou mort?

Ding, dong. Ding, dong.

Le diable rit, et le padrone a peur.

La Madone des Champs
se trouve loin d'ici?

Comme toujours, � trois kilom�tres.

Un jour, j'ai vu un train
long comme d'ici au temple.

J'en ai un encore plus long
dans mon pantalon.

Ecoutez-le se vanter!

Tu as vu cette machine, dehors?

Tu ne veux pas I'utiliser
parce que tu as peur.

Tu es I'ennemi du progr�s,
voil� ce que tu es.

Avec cette machine, je travaille moins,
ce qui m'arrange bien.

- Qui c'est qui la paye?
- Le padrone, qui d'autre?

Tous sauf le patron.

Les ouvriers payent la facture.
C'est � �a qu'on sert.

Il t'a m�me fil� des poux.

Olmo a contamin� tout le monde.

Ton fils est pouilleux.

Je vais I'�pouiller. Mais j'ai besoin d'aide.

Aujourd'hui, ton fils a forc�
ma Nina � manger une grenouille.

Que savez-vous tous de la philosophie?

Rien du tout.

Je suis le seul � aller aux r�unions
pour cr�er un syndicat,

parce que je suis le seul � comprendre
que je dois m'y rendre

et apporter la nouvelle justice
aux malheureux paysans

qui triment comme des for�ats,

non pas pour leur profit,
mais pour celui du padrone.

Amen.

Regarde �a!

Qui pleure?

Rosina veut envoyer Olmo au s�minaire.

- Pourquoi?
- Ce gar�on est un diable.

On veut m'enlever mon propre fils.

En faire un pr�tre.

Tu n'as que ce que tu m�rites.
Tu t'es bien amus�e. Tu dois payer.

�a peut arriver � tout le monde.

�a suffit.
Elle en a fait bien plus que la plupart.

Quand on �l�ve un b�tard,
il finit toujours par mal tourner.

Un b�tard?

Qui a dit b�tard?

Il n'y a pas de b�tards chez moi.

Le p�re d'Olmo est I'un de nous.
Vrai ou faux?

H�, Rosina, c'est vrai ou pas?

Dis-leur, Rosina. Tu sais.

C'est vrai. Bien s�r que je sais.

Sinon, qui d'autre le saurait?

Olmo!

On t'a appel�. C'�tait Leo.

- Dalco, Olmo.
- O� va-t-il?

- Le voil�!
- L�chez-moi!

- Mettez-le sur la table.
- Monte I�-dessus.

Dalco, Olmo,
tu es grand, � pr�sent...

mais tu fais encore pipi dans ton froc.

Viens ici.

Souviens-toi de ceci:
tu apprendras � lire et � �crire,

mais tu resteras Dalco, Olmo,
fils de paysans.

Condamn� � la faim.

Tu iras � I'arm�e.

Tu voyageras. Tu apprendras � ob�ir.

Avec des coups de pied au cul
du matin au soir.

Tu te marieras.

Tu travailleras pour nourrir tes enfants.

Tu dois apprendre � �tre patient.

- Mais qui resteras-tu?
- Dalco, Olmo.

C'est ce que tu es, Olmo. Un paysan!

Compris?
Pas de pr�tres dans cette maison.

- Qu'as-tu dans la main?
- Rien.

Signor Giovanni me I'a donn�.
Je lui ai vendu mes grenouilles.

Si c'est � toi, c'est � nous tous.

- C'est trop haut, je vais tomber.
- "C'est trop haut, je vais tomber!"

Tu devrais tomber et te rompre le cou.
T'es une froussarde.

Alfredo, Regina, venez d�ner.

J'ai re�u une carte de mon fr�re,
le Parisien.

"Ici, dans la ville lumi�re,
je pense � vous, affectueusement.

"Sinc�res salutations, Ottavio. "

Alfredo!

Sinc�res salutations!
Il n'a pas �crit depuis un an.

Il ne s'est jamais senti chez lui, ici.

- Il n'a que du m�pris pour nous.
- Quoi? Tu exag�res.

Ton fr�re sait comment vivre.

Paris, chez Maxim's, les gigolos.

Nous, on se sacrifie et il vit la belle vie.

- Pourquoi doit-on t'appeler?
- Regina!

- Je vais servir.
- Les grenouilles sont juteuses.

Tr�s dodues. Alfredo?

- Non, pas de grenouilles.
- Ne fais pas I'enfant.

- Elles sont infectes. Abjectes.
- Tes mani�res, Alfredo.

A I'arm�e, tu souhaiteras
avoir quelque chose d'aussi bon.

Fou... taises.

Mon fr�re?
C'est mon fr�re qui a parl�?

Regina.

- Qui sont ces deux-I�?
- Tu me le demandes tous les soirs.

Ma s�ur et sa fille, Regina.

Alfredino.

Mon d�ner.

Va et reviens vite.

Son �tat empire de jour en jour.

Combien de temps vivra-t-il?

Patience, patience.

Il a huit ans de moins que moi, mon fr�re,

il n'est pas press� de mourir.

Imaginez qu'Ottavio,
avec I'excuse d'�tre I'a�n�,

vienne ici r�gner en ma�tre?

Il est n� avec la gr�ce de la vraie noblesse.

Et moi aussi. Je ne suis pas n�e nonne.

Un jour, je serai nonne.

- Tu veux tirer un coup?
- Oh, oui.

Tiens-le bien. Le coude en dehors.

Garde les yeux bien ouverts.

- Tu vois cette famille de vautours?
- Oui.

Le vieux noir aux yeux brillants?

- Oui.
- C'est ta cible.

Pan. Pan.

Tu as eu la femelle!

Imaginez le choc.

Mon mari fait faillite
et s'enfuit en Am�rique du Sud,

laissant sa femme
et sa petite fille sans le sou.

- Si vous n'aviez pas �t� I�...
- Arr�te, Amelia.

Je ne reverrai jamais mon p�re?

C'est lui ton p�re, � pr�sent,
n'est-ce pas Giovanni?

Bien s�r.
C'est bien moi qui les nourris.

Mais tu continueras � m'appeler oncle.

Les voil�.

- Je prends Regina.
- Non, elle est � moi.

Vise, tire! Pan!

Entre les deux yeux.

Maintenant, les chacals.

Pr�t? Vise, tire!

Alors?

Vieux fou.

Reviens � table.

Reviens � table, j'ai dit.

Et toi, tu devrais avoir honte.

A table, avance!

Idiot.

Tu devrais avoir honte, � ton �ge.

Il y a un oc�an entre nous,

entre moi et vous autres,

un oc�an!

Parle, parle.

Ach�te des machines,

et cet endroit tombera en ruines.

Tu auras ta machine dans le fion,
M. Moderniste.

Mange ton repas.

Sinon tu iras en enfer.

Va pisser dans ta culotte.

- O� as-tu appris ce langage?
- D'un ami.

Je ne vais pas marchander
ni c�der la moindre parcelle.

- Tu peux me croire.
- Ton p�re pr�f�re Ottavio.

Je suis ici seulement
parce que cette terre m'appartiendra.

Elle sera toute � moi! Sinon...

Tu sais ce que je pense d'Ottavio?

Je I'envie. Oui, ma ch�re.

Il a pu �chapper � cette famille.

Et d�penser tout cet argent en six mois.

Un millionnaire entour� de putes.

Balivernes!

Pourquoi avoir houspill�
cet enfant aussi durement?

Je pr�f�re �lever mon fils
comme je I'entends.

Quand il aura faim, il reviendra, je t'assure.

Ces poux sont comme des fayots.

Reste tranquille.

Si tu gigotes,
tu seras chauve avec des touffes.

Cesse de te tortiller.

Un jour, un bossu a �pous� une bossue

et lui a chant� une chanson

et des petits bossus sont n�s

- Sont n�s...
- Je ne retourne plus � la maison.

J'irai vivre avec oncle Ottavio.

O� es-tu?

- Bonsoir, Signor padrone.
- Bonsoir.

Reviens � la maison, tu m'entends?

Bonsoir, Signor Giovanni.

H�, toi.

- Tu as vu Alfredo?
- Non.

Va te coucher, cr�ne d'�uf.

Il est tard.

Olmo.

- Olmo.
- Quoi?

Viens te coucher.
Sinon je ne peux pas dormir.

Si mon p�re �tait I�,
on ne m'aurait jamais ras� la t�te.

Il leur aurait montr�.

Une fois, je I'ai entendu
m'appeler du fond d'un puits.

Fuyons tous les deux.

Et je I'ai entendu dans une citrouille,
il m'appelait: Olmo!

Et dans un cellier sombre,
je I'ai entendu de la salle d'eau.

On veut vous voir voler, les coucous.

Non, arr�te! Je vais tomber!

Rouge, mais pas m�r.

Ta fille �pouse Mario I'infirme en ao�t?

- Qu'en penses-tu?
- Va danser.

H�, conducteur! Reviens ici. Reviens!

Ne laisse pas ce cheval sans I'attacher.

Reviens. Esp�ce de...

Je n'ai plus assez de souffle pour...

donner un simple ordre.

Bon sang.

Ecoutez.

La belle musique...

les jeunes gens...

qui dansent...

et s'embrassent.

Avant la nuit, ils baiseront.

Ce n'est pas un endroit pour les vieux.

Il fait chaud, hein, Signor padrone?

- Qui es-tu?
- Irma,

la fille cadette d'Adelina.

Avec ces bottes,
mes pieds sont couverts d'ampoules.

Elles sont jolies, n'est-ce pas?
C'est un cadeau.

De la padrona. Elles sont � Regina.

Irma... viens.

Irma.

Signor padrone?

N'aie pas peur. N'aie pas peur.

N'aie pas peur.

Prends-le.

Vous m'avez trop serr�, j'ai eu peur.

- Trais-la.
- Mais elle ne beugle pas.

Elle est pleine de lait. Trais-la.

Des vaches pleines de lait et de merde.

Une mal�diction qui p�se sur nous.

Elle empire avec I'�ge.

Tu sais
quelle est la plus grande mal�diction?

- La gr�le.
- Non.

Ce n'est pas une mal�diction.

Du lait et de la merde dans le cr�ne.

La guerre et la maladie...

ne le sont pas non plus.

La mal�diction c'est quand on ne peut pas.

Du lait et de la merde.

Je ne peux pas le faire.

Il ne durcira pas.

Tu vois? Mets ta main dedans.

On ne peut pas traire un taureau.

Retourne danser, va.

Je peux y aller?

Va. Va.

Irma.

Quand la danse sera finie...

- dis-leur que je suis mort.
- Oui, signore.

Souviens-toi...

- Je suis mort.
- Oui.

Le padrone, mon Dieu. Il est mort.

Il m'a dit de dire qu'il �tait mort.

- Je devais vous le dire.
- Est-ce que c'est vrai?

Verse du vin
qu'on fasse chanter le rossignol.

- A ras bord.
- Il veut qu'on continue � danser.

- Il ordonne m�me apr�s sa mort.
- Musique!

Si seulement vous pouviez vous voir,
Signor Alfredo.

Ce n'est pas une fa�on de mourir.

Pourquoi avoir d�tach� les vaches?

Pour me donner plus de travail?

La v�rit�, c'est peut-�tre que
quand on ne fait rien toute sa vie...

on a du temps pour r�fl�chir,

et quand on r�fl�chit trop...
on devient stupide.

Au moins on se connaissait, tous les deux.

Je savais qui donnait les ordres.

Un affreux grand taureau!

Maintenant,
qui sait ce qui se passera sans vous?

"Moi, Alfredo Berlinghieri,

"sain de corps et d'esprit

"�nonce mes derni�res volont�s.

"Je d�clare par la pr�sente
mon fils cadet, Giovanni,

"seul h�ritier,

"et laisse � mon fils a�n�, Ottavio... "

Qu'est-ce qu'il a dit?

"A mon fils a�n�, Ottavio... "

"... fils a�n�, Ottavio... "

"je laisse une rente annuelle

"de 5000 lires,

"qui lui sera vers�e toute sa vie

"par mon seul h�ritier,
Giovanni Berlinghieri.

"Je lui l�gue aussi...

"ma maison en ville.

"Par ailleurs,
qu'il soit parfaitement clair...

"que toute la propri�t� Berlinghieri,
qui consiste en... "

Retourne te coucher, Alfredo.
Grand-p�re ne va pas bien.

Retourne te coucher!

"... qui consiste en... "

"toute la propri�t� Berlinghieri. "

Grand-p�re est mort!

Grand-p�re est mort!

"... 900 hectares de terre cultiv�e!

"la villa familiale...

"... les fermes...

"... machines et outils,

"et tout le b�tail,

"les bovins,

"les chevaux et les cochons,

"les moutons,

"iront � mon fils, Giovanni. "

Ce turban...

a appartenu...

� un chasseur de tigres.

Oncle Ottavio, laisse-moi venir avec toi.

Pourquoi? Tu ne te plais pas ici?

Ce sont tous des menteurs.

- Et o� irons-nous?
- Sur un voilier.

- Un voilier?
- Oui.

Comme celui-ci?

Pose ce ver � soie!

- Pose-le!
- Pourquoi?

Parce que j'en suis responsable.

Je peux les toucher
autant que je veux.

Tu es stupide.

- Tu sais, je suis padrone.
- Ils sont � moi. Ne t'en m�le pas.

- Pourquoi?
- Je dois les nourrir. Pose-le.

Quand j'en aurai envie.

M�me si tu les nourris,
ces vers � soie m'appartiennent.

Et la nourriture aussi.

Et la moissonneuse aussi.

Et le bl� m'appartient.

Ce ver est � moi. Les vaches aussi.

M�me la famille Dalco m'appartient.

Et toi aussi.

Sale morveux, repose-le!

Br�le en enfer!
Tu br�leras en enfer!

Reviens ici, esp�ce de trouillard!

Aide-moi avant qu'on se fasse prendre.

Je peux te battre d'une seule main.

Tu ne battrais pas une grenouille!

Tiens, r�cup�re ton satan� ver!

Il remue encore,
mais les autres ont d�j� tiss� un nid.

C'est pas un oiseau, idiot.

Ce sont des cocons.
Tu devrais enlever ces v�tements mouill�s.

Tr�s l�ger. Regarde,
lorsqu'il s'envolera, ce sera un papillon.

- J'aimerais bien voir �a.
- Ma petite s�ur est n�e la nuit,

et comme un papillon, elle s'est envol�e.

- Pourquoi envol�e?
- Elle �tait mort-n�e.

C'est faux. Quand on meurt,
c'est fini, on ne s'envole nulle part.

On est enterr�, et puis c'est tout.

- �a doit faire mal.
- Pourquoi �a ferait mal?

- La peau est retrouss�e.
- Voyons si le tien est diff�rent.

On dirait un cocon!

Tire la peau et il sera comme le mien.

- J'y arrive pas.
- Tire plus fort.

�a br�le.

Parce que tu n'es ni courageux,

- ni socialiste.
- C'est quoi?

Je suis un socialiste fauch�.

Un socialiste fauch�?

Oublie �a. Qu'est-ce que t'en sais?

Fais pas le malin, et mets �a.

- Je n'en veux pas.
- Fais pas I'enfant.

La gr�le s'est arr�t�e. Ecoute.

Regarde par la fen�tre.

- Qu'est-ce que c'est?
- La ville, bien s�r.

Impossible. Elle est trop loin.

C'est la ville, je te dis. Regarde.

La cath�drale et son d�me.
J'y suis all� avec mon oncle.

Et au sommet, il y a de grandes maisons.

Pas des maisons, des clochers.

Regarde le feu qui en sort.

C'est une usine, Olmo.

Ils nous voient comme on les voit?

Papa, on peut voir la ville du grenier,
et les immeubles...

- Pas maintenant. Plus tard.
- Signor Giovanni,

je n'avais pas vu une telle temp�te
depuis le jour de mon mariage.

Rassemble tous tes gens ici.

Les journaliers aussi.

Je vous attends dans le champ.

Orso!

Turo!

Censo!

Oreste!

Amoretto!

Gancio!

Vecchione!

Montanaro!

Tout le monde dans le champ!

Rendons-nous � I'�vidence.

On a tout perdu.

Le vin, les tomates, les patates,

le bl�, tout.

Il va donc falloir faire un sacrifice.

N'est-ce pas, Leo?

Qu'y a-t-il? Tu as perdu ta langue?

Allez, dis-leur.
Combien de grain avons-nous perdu?

- La moiti�.
- La moiti�, tu dis?

Alors, vous vous contenterez
d'une demi-paie. A prendre ou � laisser.

Quand les r�coltes doublent,
on n'est pas pay�s le double.

Si je devais �tre honn�te...

et veiller uniquement � mes int�r�ts,

je vous licencierais tous,
surtout les journaliers.

Si vous n'�tiez pas si ignorants,
vous me remercieriez

parce que c'est moi
qui fais le plus gros sacrifice.

D'ailleurs, o� est le probl�me?

Qui est-ce qui donne les ordres?
Qui c'est le padrone?

H�, toi!

On a presque tout perdu,
tu n'as pas entendu?

Pourtant, tu as deux grandes oreilles.

Padrone, ce que vous faites est mal,
et on s'en souviendra.

Votre p�re �tait bon.
Il ne nous a jamais fait de mal!

Vous nous causez des soucis!

Cet homme a perdu son oreille,
et vous votre �me.

Je vous laisse une mal�diction
qu'aucun pr�tre ne peut lever...

Turo ira trouver un nouveau padrone!

A manger. Tout le monde � la maison.

Tu es gravement bless�?

Un accident, de ma faute.

Pauvre Vittorio.

Papa, il n'y a plus de polenta.

Papa, j'ai encore faim.

Tu vas oublier ta faim si tu m'�coutes.

De I'eau!

Laissez couler I'eau!

Laisse couler I'eau!

- C'est le d�but.
- De quoi?

- Du syndicat ouvrier.
- Qu'ont-ils dit?

De partir. Faire gr�ve demain.

- Tu vas y aller?
- Tout le monde doit y aller.

Que se passe-t-il ici?

On fait gr�ve.
Tout le monde est d'accord.

Vous faites gr�ve?

Vous savez ce que �a veut dire?

Vous savez ce que �a veut dire?

Ces mains ne travailleront plus.
Elles ne r�colteront plus.

Ne cueilleront plus.

Ne trairont plus les vaches.
Ne creuseront plus.

Tout s'arr�tera.

La terre mourra.
Vous croyez pouvoir vous en tirer?

Oui. On a I'appui du syndicat.

Du syndicat?

C'est quoi ce syndicat?

Ils vous ont dit que...

qu'on finira par manger
I'herbe de ces foss�s?

Qu'on deviendra mauvais.

- Le syndicat vous I'a dit?
- Oui.

Le syndicat comprend. Il nous d�fend.

On peut contre-attaquer
et je vais vous montrer comment.

La gr�ve a commenc�!

La gr�ve a commenc�!

Tu sais, j'aime ce refrain.

La gr�ve.

Ils devraient traire ces pauvres vaches.

Je les entends.
Les servantes font gr�ve aussi?

Desolina, envoie un gar�on
acheter du lait en ville.

Et s'il croise un Dalco, qu'il I'ignore.
Ne parlez pas � ces gens.

C'est ridicule.
On a cent vaches et on ach�te du lait.

Ces salauds vont me ruiner!
C'est contraire � la loi.

Ce qu'ils font est barbare
et je ne peux pas les raisonner.

Pas m�me le vieux Leo.

T�t ou tard, ils renonceront.

Entre-temps les vaches sont pleines de lait
et le grain pourrit.

Pourquoi ne manges-tu pas?

"Les pourparlers entre le syndicat ouvrier
et les propri�taires

"ont cess�.

"La zone de gr�ve
est surveill�e par la cavalerie.

"On ne c�dera pas",
disent les propri�taires... " Arr�te.

"'� un groupe d'agitateurs.

"On va contrer leur boycott
en imposant nos termes.

"R�pondre � la violence par la violence.

"La seule sentence juste est le fouet

"pour les paysans,
coupables de sabotage. "

Grand-p�re, c'est quoi "les jaunes"?

Ces enfoir�s qui travaillent
pendant que les autres font gr�ve.

Pourquoi ils ne font pas gr�ve?

Parce qu'ils sont
encore plus ignorants que nous.

Ecoute! De la musique!

Bonjour, padre.

Regarde, I�-bas.

Regarde Signor Giovanni s'agiter.

Voil� Passetti. Il doit travailler assis.

Et I�-bas, c'est Campanini. L'avocat.

Celle aux longues tresses, c'est sa fille.

- Ce sont tous des jaunes?
- Non. Ce sont des propri�taires fonciers.

Ils sont dr�les!

Olmo, viens ici.

C'est �a qu'on appelle le socialisme,

tous ces riches en sueur

et les pauvres bougres
�tendus sous les arbres?

C'est trop beau pour durer.

Tu as de la chance, Olmo.

- Pourquoi?
- Pourquoi?

J'ai attendu 73 ans
pour voir un propri�taire travailler.

Finis de poser ces pi�ges.

Va chercher des feuilles. Fais du vent.

J'ai toujours aim� le vent.

J'aimerais apprendre � faire un pi�ge.

Grand-p�re somnole.

Il dort toujours les yeux ouverts?

Il sait tout faire.
Une fois, il a m�me vu Garibaldi.

Si on nous voit ensemble, t'es cuit.

Non. Tout le monde sait
que je suis socialiste, maintenant.

Viens voir quelque chose.
Il est comme le tien maintenant.

- Comment tu as fait?
- Facile. J'ai tir� dessus.

Menteur. Tu as fait �a...

- Je vais t'apprendre un truc.
- Je sais faire.

Je suis moi aussi un socialiste fauch�.

Fasolino,
quel est ce groupe de poussi�reux?

Des enfants venus de la ferme.

- Pour quoi faire?
- Ils sont venus � G�nes, comme nous.

Pour la saison des oignons!

Mais non, ils sont invit�s par les dockers.

Apr�s 3 mois de gr�ve,
il n'y a plus rien � manger,

alors les ouvriers
ont prit le train pour G�nes.

Vive les gamins de la ferme!

Vive G�nes! Vive les enfants!

Sandrone, qu'en penses-tu?

J'ai besoin de r�fl�chir.

Les r�formistes veulent donner
10 centimes de plus de I'heure.

De I'heure? Voyons voir.

Dix centimes de plus de I'heure,

fois 18 heures de travail par jour,
on sera millionnaires d'ici ce soir.

Va plonger dans le lac, grosse t�te.

J'ai de I'eau dans I'oreille.

Ecoute, Sandrone,

les r�volutionnaires disent aussi

que la terre doit revenir
� ceux qui la travaillent,

qu'il faut �liminer ma�tres et esclaves.
Tu saisis, jeune homme?

Oui. Je sais lire et �crire, tu sais.

Je suis cultiv�,
et je travaille ma pinktuation.

Ponctuation!

Voyons le vacobulaire.

- Vocabulaire!
- Qu'en penses-tu?

- C'est I'heure.
- De quoi?

De crier "Vive la r�volution!" Hourra!

Hourra!

Hourra pour la gr�ve!
Vive le syndicat ouvrier!

Vive la gr�ve!

Regarde qui est I�.
Je vois des gardes, la police.

Fasu, qu'allons-nous faire?

On peut leur donner une le�on,
mais il nous faut un b�ton.

Vite, vite, prends un b�ton!

Pr�t, Sandrone?
Ecoutons ce qu'ils disent.

Qui ose d�fier la loi?
Pris en flagrant d�lit!

L�chez ces b�tons et venez ici!
Tra�tres!

Bon, �a suffit! Sortez de I�!

Au nom de la loi, sortez!

Vite, le train. D�p�chez-vous.

Reculez! Reculez!

Vous devriez avoir honte!
Vous en prendre � des marionnettes.

L�ches! Retournez chez les propri�taires!

Descendez des chevaux!
L�ches! Tra�tres!

Vous �tes � la solde des proprios,
ren�gats!

Crevez tous!

Olmo.

Olmo! Tu as oubli� tes v�tements!

O� es-tu? Tu as oubli�
ton baluchon avec tes affaires.

Tu me croyais l�che, Olmo.

Je ne suis pas un l�che.

L�-bas, je vois ma maison.

Regardez, I'�glise de Roncole!

H�, Trentini,
j'ai encore r�v� de ta petite amie.

Du miel coulait de ses t�tons!

J'ai r�v� de ta s�ur.
Elle couche avec tout le monde!

- Sa jambe a vir� au bleu.
- Appelez le sergent!

Envoyez-nous un docteur.

D�p�chez-vous!

Regardez-les.
Sales gr�vistes qui font honte au pays.

Regardez tous ces cochons subversifs.

Turo!

Olmo!

Ils t'ont eu.
Le pays est entre les mains d'assassins!

Maudite soit la nation!
Maudit soit le roi!

C'est toi.

Regina.

Va-t'en! La mascarade est finie.

- Enl�ve ce costume.
- Oui, lieutenant.

J'ai dit, dehors! Et ferme la porte!

Ferme la porte!

Demesio.

Regardez-le!

Censo!

Arri�re!

Armida!

"S'il te pla�t, p�re," dit le jeune prince,

"mon c�ur sera en paix
quand je trouverai les 3 fruits d'amour.

"Laisse-moi partir � leur recherche. "

"Sa requ�te �tait si sinc�re
que le roi promit

"qu'au printemps... "

Que s'est-il pass�?
Tu ne lis pas la suite?

Salut.

J'ai d�j� entendu cette histoire.

- Tu dois �tre Olmo.
- Oui.

Et toi?

Anita. Anita Furlan.

Tu es du nord?

- De la province de V�rone.
- V�rone.

On a camp� pr�s de V�rone.

- Tu es une r�fugi�e?
- Oui.

J'ai perdu toute ma famille.

Vas-y.

C'est lourd.

Tu nous racontes la fin?

- Il trouve les fruits?
- Dis-nous, Anita.

Bon. Soyez sages.
"Sa requ�te �tait si sinc�re... "

- Garde � vous!
- A vos ordres.

Repos.

H�, soldat, tu ne me reconnais pas?

C'est moi, gros b�ta. C'est moi!

Pas comme �a. En simple civil!

La guerre est finie.
Plus personne ne donne des ordres.

J'aime mieux �a.

Embrasse-moi, mon h�ros.

Personne n'a pu s'occuper des vers � soie.

Il n'y a plus que des rats.

Comme dans les tranch�es.

Tu te souviens quand personne
ne croyait qu'on voyait la ville?

Mais nous I'avons vue d'ici.
Elle semblait si proche.

Tu as pu voir la guerre d'ici?

Toute la nuit, il r�va dans son lit

De sa s�ur, son fr�re, ses parents

Au matin, ils I'ont retrouv� mort

Ils I'ont retrouv� mort

Requiem eternum, Amen

Non, Olmo! On a fini notre travail.

On ne fait plus moiti�-moiti�?

Olmo, tu es parti. Les choses ont chang�.

- On re�oit la moiti� de la r�colte.
- Pas cette ann�e.

Ils ont lou� des machines
et embauch� des ouvriers.

- C'est pas le moment...
- Arr�te!

Vive notre h�ros!

Ne nous donner que la moiti� est du vol
quand on fait tout le boulot.

Et on n'a m�me plus droit � �a!

Tu sais pourquoi j'ai recrut� ces gens?

Parce que la plupart d'entre vous
vous �tes fait tuer pendant la guerre.

- Comme des idiots.
- Papa, qu'est-ce qui te prend?

Tu n'as pas le droit de dire �a.

Tais-toi. Va jouer au soldat si tu veux.

Tu sais combien j'ai d�pens�
pour te garder ici?

Non, je I'ignore. Combien?

- Plus que ce que tu vaux.
- Je voulais partir.

- Tu voulais que je reste.
- Evidemment.

Tu as un tr�s joli sabre.

Oui, il est joli. Tr�s joli.

Et il coupe bien, tr�s bien!

Regarde, papa, regarde!

Bravo, lieutenant.

Alors... c'est ce que tu sais faire.

A ton �ge, je me levais � 4 h du matin
pour inspecter I'�table.

Tout le monde s'en souvient.

Le premier lev� pour le battage
et le dernier couch�.

Qui pr�tend le contraire?

Allez-y, parlez!
Ce n'est pas vrai? Bien s�r que si.

- Bravo, petit cousin.
- Merci.

La prochaine fois, ce sera toi.

Je me suis sacrifi� pour cette ferme!

Il n'y a plus d'id�aux! Plus de respect.

Foi en I'Eglise, amour de la terre,

loyaut� envers la famille,
et cr�dit � la banque.

Mon oncle, ne vous �nervez pas.

Et du respect!

Le padrone veut dire qu'il n'y avait
personne pour faire le travail,

et il a d� acheter des machines.
Elles sont comme les paysans.

Elles veulent leur part de grain,

mais nous facilitent la vie.

C'est un changement... du progr�s.

Regarde. Superbe.

Lourd.

Arr�te! Tu es fou?

- Non, attends.
- Tu n'as rien appris � I'arm�e?

- Qui c'est?
- Attila Melanchini, le contrema�tre.

Je suis un soldat, comme toi.

Tu as entendu le padrone.

Tu as eu ta part de grain.
Il te donne ce qu'il peut.

On va travailler ensemble.
Je te comprends.

Vous avez entendu, mesdames,
ce qu'a dit le padrone?

C'est la faute de nos hommes
qui se sont fait tuer � la guerre.

Et celle des ouvriers journaliers

qui triment comme des b�tes
et veulent �tre pay�s.

C'est notre faute si nos familles
ont faim et tombent malades,

et si la plupart de nos enfants
sont mort-n�s.

Suivez-moi, mesdames.

Le ma�tre sera content
si on prend juste un peu de grain

et qu'on lui laisse le reste, pour I'instant.

Venez, mesdames, venez.

Tu causes bien pour une paysanne.

Je suis institutrice.

C'est la premi�re fois
que j'embrasse une institutrice.

H�, I'institutrice...

...la le�on est termin�e?

Regardez le coq se pavaner!

Tenez, picorez. Allez-y.

Tr�s dr�le. Bon d'accord.

Qu'y a-t-il? Pourquoi partez-vous?

Pour trouver un autre endroit
o� travailler et mourir.

- Qui vous a renvoy�s?
- Qui en a le pouvoir?

Les propri�taires fonciers.

Notre contrat n'a pas encore expir�,
mais ils nous virent.

On a form� un syndicat
et ils nous le font payer.

Et on doit supporter que le padrone
flirte avec nos femmes.

On trouvera du travail � Mantoue.

On part. Inutile de se battre
quand c'est perdu d'avance.

Notre contrat n'a pas expir�.

Si on ne nous paye pas pour notre travail,
je resterai ici.

Oreste!

Sauve-toi, Oreste!

Les d�mons � cheval viennent t'emporter!

Fuis, Oreste!

Ni le pape, ni m�me J�sus
ne me fera partir

parce que j'ai donn� 40 ans
de ma vie � cette vall�e!

Salauds, vous savez que vous allez
vous en tirer avec un meurtre.

Il nous faut de nouvelles lois
pour que justice soit faite!

Des lois pour �liminer les d�linquants!

Des lois qui nous permettront
de nous faire entendre.

Ceux qui labourent le sol sont plus malins.

Les paysans ne peuvent vivre ainsi.
Vous voulez nous saigner!

J'irai tout nu � Rome! Ils m'�couteront!

J'irai en cale�on!
Ces salopards de tra�tres.

- Non!
- Laissez-moi. L�chez-moi.

Laissez-moi y aller!

Regardez, bande de l�ches!

Allez travailler! Courbez I'�chine!

Vous savez ce que �a signifie?
Pauvres mis�rables!

Il �tait temps qu'ils arrivent.
Sur leurs grands chevaux.

Je vais jouir.

Je vais jouir.

Je vais jouir.

Tu ne peux pas jouir.

Un �l�phant ne te ferait pas jouir.

Il me faut un vrai homme!

Au nom de la loi, dispersez-vous.

O� va dormir ma famille cette nuit?
Dans la rue?

En prison, si vous ne vous dispersez pas.

Bouclez les proprios
qui ne respectent pas leur contrat.

- Au nom de la loi...
- La loi? Quelle loi?

Les contrats sont notre loi,
et les leurs sont valables encore un an.

Le padrone les prive
d'une ann�e de travail! C'est un voleur!

On veut nous chasser
parce qu'on est socialistes.

Alors qu'attendez-vous? Mesdames,
venez. On a besoin de tout le monde.

Descendez toutes.
Ne baissez pas les bras, mesdames!

Ils ne respectent pas la loi!

Les padroni font et d�font la loi!

Une loi de voleurs et d'assassins!

N'ayez pas peur! Arr�tez-vous! Venez!

On ne doit pas les laisser passer!

Venez avec nous! Restons unis!

Attendez!
Ils vont emmener Oreste!

D�fendez vos droits. Vous devez I'aider!

- Venez! Prenez vos armes!
- Vite! Vite!

A gauche, en avant!

Halte! Formation! Double file!

Avanzini, la garde royale
peut � pr�sent leur offrir

des vacances prolong�es.

D�gainez vos sabres!

Allons chercher des b�tons!
On va les surprendre!

Allons-y! Des b�tons!

Maintenant. On va leur montrer.

Vous devrez toutes nous tuer!

Vous ne passerez pas ici!

En avant!

Dites-leur de trouver leurs propres terres!
La propri�t� est inviolable!

Halte! Escadron!

En arri�re! En retrait!

F�licitations.

Vous avez peur des paysans?

Vous, des gardes! Quelle blague!

Vous nous faites honte!

- Je vais vous virer moi-m�me!
- Arr�te.

- Luigi...
- Criminels! Bolcheviks!

Que fais-tu, imb�cile?

Tu commences une guerre individuelle.

Allez au diable!

Allez-vous-en!

Vas-y! Tu es tr�s bien.

Ils doivent te voir.
Apprendre � te conna�tre.

C'est ton heure de gloire.
Saisis ta chance. Allez.

On ne peut pas faire ce qu'ont fait
les fascistes � Rivarolo.

L'un des rouges assassin�,
est devenu leur martyr,

et il aura un monument sur la piazza.
Ce qu'on doit faire...

Oublie �a, Pioppi.

On ne conclut pas de march�
quand on a tous les atouts.

Ils ont commis une erreur:
ils n'ont eu qu'un seul martyr.

C'est comme pour mon chien.
Tu le bats une fois, deux fois, rien.

La dixi�me fois, il apprend � ob�ir,
la queue entre les jambes.

Puis-je parler?

Dans cette �glise,
on a �t� baptis�s, on a communi�.

On s'est mari�s.

Et un jour... on entrera par cette porte...

les pieds devant.

Aussi tard que possible, j'esp�re.

Vous connaissez tous les croisades.

Vous savez ce que c'�tait?

Jeune homme, cela te concerne aussi.

Tu voulais que je vienne,
alors laisse-moi tranquille.

M�me I'Eglise, en temps voulu,

a su tenir ses ennemis!

D'ailleurs, qui sont ces bolcheviks?

Des demi-asiates.

Voil� ce qu'ils sont.

Comme les sarrasins.

Des mongols subversifs.

Et si �a continue comme �a,
ils nous tueront tous...

et s'empareront de tout.

J'ai pas raison?

J'ai pas raison?

H�, Pioppi?

Des paroles. Je sais ce qu'il faut faire.
Se d�barrasser d'eux!

Le mouvement fasciste
ne cherche pas la vengeance. On veut...

de I'ordre avant tout.

Nous sommes... les nouveaux crois�s,

et nous devons encourager les jeunes.

Ils attendent un signe de notre part.

Alors... donnons-leur...

ce signe.

Allez. Allez.

On a d�j� sauv� le pays une fois.

On �tait pr�sents dans les tranch�es,
maintenant on est ici.

Quand on d�marre une entreprise,
on a besoin d'un capital.

La solidarit� absolue.

L'Italie en a besoin
pour mettre les choses en route.

M�me un b�tard n'aurait pas fait �a.

En ville aussi, ils travaillent dur.

Mon p�re en ferait une t�te,
s'il nous savait ici ensemble.

Ton p�re: "Respect, respect, respect!"

C'est un voleur. Comme tous les ma�tres,
il veut qu'on le respecte.

Quand ce sera moi le ma�tre,
je serai plus dur avec toi.

Ce jour-I�, je te tuerai.

Tu vas aimer mon oncle.
Il est plus sympathique que mon p�re.

Il est diff�rent. Il nous ressemble.

Tu entends cette musique? Je la connais.

Montanaro! Olmo Dalco!
Tu te souviens de moi?

Votre pied. D�sol�e.

Olmo, c'est bien toi, le b�tard?

- Tu te rappelles toute cette polenta?
- Que de la polenta.

Ne pars pas. On discutera plus tard.

- On va discuter. Ne pars pas.
- Aidons cette ravissante dame.

Ne vous d�rangez pas.

Alfredo, c'est Montanaro.
Il s'�tait coup� I'oreille.

- L�-bas. Tu vois?
- Juste un �tage.

Signorina, nous sommes jumeaux,
vous savez.

Menteur. Vous vous moquez de moi.

Non, c'est la v�rit�. On partage tout.

Ce qui est � lui est � moi,
ce qui est � moi est � moi.

- En gros, c'est �a.
- Bonjour.

- Bonjour signora.
- O� vas-tu?

Je descends.

Et avec le sourire. O�, signorina?

Sur la table.

Je n'ai pas bu de liqueur maison
depuis des lustres.

- Vous en voulez?
- Oui, mais c'est ma tourn�e.

Ne vous inqui�tez pas. Je paierai bien.

J'ai de I'argent. Je serai g�n�reux.

Tr�s g�n�reux.

Ton argent finira par t'�touffer.

Elle ne s'en plaint pas.

- Tu devrais en boire aussi.
- J'ai I'alcool mauvais.

Assez bavard�. D�shabille-toi.

Je te I'avais dit, c'est une putain.

Elle est pauvre,
mais ce n'est pas une putain.

Pourquoi aurait-elle pris
mon argent alors?

C'est ton argent qui la corrompt.

Elle m'a plum� en tout cas.

Vous ne vous d�shabillez pas?

- Toi d'abord.
- Apr�s toi.

- J'insiste. Vas-y.
- Tu as pay�, � toi I'honneur.

- J'ai froid.
- Je g�le.

Tu es plus �g� que moi.

- A qui I'honneur?
- Tous les deux.

Tous les deux en m�me temps?

Ne perdons pas de temps.

- J'�tais sous le train.
- Quel train?

Pendant la gr�ve.
Tu �tais dans ce train.

A qui le tour?

C'est ton ami.

Tu seras peut-�tre plus efficace.

Tu n'as pas de petite amie?

- Qu'est ce qu'il y a de dr�le?
- Je pensais � Anita.

- Laisse Anita en dehors de �a.
- C'est ta petite amie?

- Bois.
- Non, merci.

L'alcool me rend bizarre.

C'est I� tout I'int�r�t. Bois, amuse-toi.

- Tu vas I'�pouser?
- C'est d�j� ma femme.

Nous ne sommes pas mari�s.
C'est ma camarade.

Pas mari�s. Ils sont bolcheviks.
Ils pr�nent I'amour libre.

Ta main est fatigu�e?

L'amour libre, tu sais ce que c'est,
n'est-ce pas?

Arr�te de me poser des questions.

- R�ponds!
- Laisse-la tranquille.

Je ne sais pas si j'ai la bonne r�ponse.

Ne me mens pas, tra�n�e.
Tu sais ce qu'est I'amour libre.

J'ai honte.

J'ai honte.

S'il vous pla�t...

...partez.

Partez.

Maintenant.

Partez!

Mon Dieu!

Elle est �pileptique.

D�p�che-toi, on s'en va.

Appelle quelqu'un. Vite.

Signora!

Arr�te.

De gr�ce, arr�te.

Arr�te.

- On n'a rien fait de mal.
- L�chez-la.

Quelle idiote.

Elle sait qu'elle ne doit pas boire.

- J'appelle un m�decin?
- �a ne servirait � rien.

Elle va s'arr�ter.
Il faut �tre patient, voil� tout.

Alfredo!

Oncle Ottavio!

C'est moi, Alfredo.

Il y a quelqu'un?

Il y a quelqu'un?

Qui est I�?

Je ne voulais pas vous d�ranger.

- Ottavio n'est pas I�.
- Je reviendrai plus tard.

- Vous avez une cigarette?
- Oui. Enfin, je ne fume pas!

Que faites-vous ici?

- Qui �tes-vous?
- Ada. Je veux une cigarette.

Je m'appelle Alfredo,
je veux mon oncle.

- Tu veux un cigare?
- Mon sauveur.

Pour si peu.

- Bonjour, mon oncle.
- Que fais-tu ici?

J'ai eu une sale journ�e.

Je suis venu m'amuser en ville
et j'ai vu une crise d'�pilepsie.

Tu as d�j� vu une crise d'�pilepsie?

- J'aimerais prendre un bain.
- Bien s�r.

Par ici, Mario.

L�. Mets-le I�.

- Et cette vente aux ench�res?
- J'y ai pass� toute la matin�e.

La qu�te du plaisir est plus fatigante
que je ne I'imaginais.

Pauvre petit. Tu travailles si dur.

Regarde.
C'est d'une beaut� exceptionnelle,

et donc, personne n'en a voulu.

C'est un jeune peintre allemand
que je viens de d�couvrir.

Que fait I'homme, d'apr�s toi?

Il dort.

Non, il est mort.

Il dort, je te dis.

Il est mort, regarde sa main.

Sa main est morte, soit,
mais lui, il est vivant.

Devine quoi.

- Je suis amoureuse.
- A nouveau?

C'est s�rieux, cette fois.

Laisse-moi deviner. Lancia?

Bugatti.

- Le roadster?
- Non, la torp�do.

Elle est trop ch�re pour moi.

La torp�do. Je pensais en acheter une.

- Vous savez conduire?
- Oui. Enfin, non,

mais ce n'est pas compliqu�.

Ton neveu est un petit menteur.

Bravo. Fais d�penser de I'argent
� mon radin de fr�re.

- Comment va ta m�re?
- Elle peint...

Des paysages ancestraux.

Ma campagne perdue.

Ottavio, pr�te-moi ta voiture.

- Je vous d�pose si vous �tes pr�t.
- Allons-y.

"Tu hurles et vrombis

"Quand je passe les vitesses

"S�che mes larmes dans I'ivresse

"Majestueuse dans ta vieillesse"

Vous aimez?

C'est... plut�t bien.
Un peu moderne, peut-�tre...

Moderne? C'est futuriste. Lisez I'autre.

"Gitane, ce que tu �veilles en moi,

"Effleure mes l�vres comme un baiser

"Et ton sourire de tra�tresse"

�a a un certain...

�a me pla�t. Dommage que ce soit si court.

- C'est I� tout son attrait.
- Que faites-vous?

Nous sommes deux � les avoir lus.
C'est trop.

Vous les jetez, comme �a?

Salauds, ils ne me laissent pas doubler.

Je veux doubler!

- Attila!
- Allez.

- Qu'est ce qu'il a dit?
- Allez-y. Doublez.

Ils nous laissent passer.

Allez-y.

Des amis � vous?
Des vraies t�tes d'assassins.

Ce ne sont pas mes amis.

Quand ils sortent comme �a,
les ennuis ne sont pas loin.

Ils me r�pugnent. Je ne veux pas voir.

Je ne veux plus voir �a!
Je suis aveugle!

Attendez.

Ne faites pas I'aveugle,
pas dans un virage.

Je ne veux pas voir. Je suis aveugle.

- Non.
- Je suis aveugle!

"Rend...

"la jeunesse...

"� I'humanit�. "

Pietro, lis ce que tu as �crit.

"Le communisme
rend la jeunesse � I'humanit�. "

Olmo va expliquer ce que cela signifie.

Ce que �a signifie?

- �a signifie que...
- Madame I'institutrice...

- Camarade.
- Camarade institutrice,

j'ai pr�s de 71 ans, et �tant communiste,

je cours le jupon plus que les jeunes.

On ne vient pas ici pour se vanter,
on vient pour apprendre.

La classe est finie pour aujourd'hui.

On va surveiller la Maison du peuple,
ne vous inqui�tez pas.

Ensuite, on a �tudi� cette bouteille.

On y va?

Quelle sale journ�e.

Je suis all� en ville avec Alfredo.

�a n'a pas �t� une partie de plaisir.

C'est bien dessin�, non?

On s'est promen�s...

on a bu un peu.

Tu vois...

- Tu sais comment c'est en ville.
- Je sais.

Tu sais...

Tu parles d'une classe.
Le plus jeune a au moins 80 ans.

Les jeunes sont en train de danser
dans la grange des Lusardi.

Faire la classe � quatre vieux.
�a sert � quoi?

Je voulais aller danser moi aussi,
mais je t'attendais!

Avec un ventre pareil?

Anita?

Anita!

- Je me sens mieux.
- Moi aussi.

A I'aide!

Qu'est-ce que tu as dans la t�te?

Qu'est-ce que tu as?

- Tu fr�quentes une autre femme.
- Non.

Non?

Allons danser.

Avez-vous d�j� dans� dans une grange?

C'est la premi�re fois.

Attendez. Je vais chercher � boire.

Attendez.

- Tenez.
- Je paierai plus tard.

Bien s�r.

Alfredo!

Alfredo, o� �tes-vous?

Ne me laissez pas seule!

Qu'est-ce qui lui prend?

A moi? Ce n'est rien.

Je ne vois rien. Je suis aveugle.

Cette musique est si belle.
Continuez � danser.

Continuez.

Plus vite.

Plus vite. C'est merveilleux.

Faites-moi voler!

Elle a des yeux magnifiques.

Oui, magnifiques.

Alfredo, embrassez-moi.

Tu veux un verre?

Tu as besoin d'un verre.
J'ai besoin d'un verre.

Si j'en ai besoin, alors toi aussi.
Buvons.

- �a va?
- Oui.

- Aveugle, hein?
- Qui �tes-vous?

C'est affreux!
Vous profitez d'une aveugle!

Monstre!

- L�.
- Alfredo.

- Arr�tez ce petit jeu.
- C'est dommage, non?

Comment avez-vous pu me faire cela?

Ne me laissez plus seule.

Arr�tez.

Vous vous donnez en spectacle.

Je suis un animal de luxe.

Voici mon meilleur ami, Olmo.
Je te pr�sente Anita.

Anita, je te pr�sente Ada.
Anita, Ada.

- C'est doux.
- Imagine si c'�tait � nous!

C'est douillet.

C'est agr�able.

Magnifique.

Ce matin, une femme �pileptique.
Maintenant, une aveugle.

Encore une comme cela
et tu ouvres un h�pital.

C'est toi, I'aveugle.

Ils sont pr�ts?

Une aveugle!

Merci. Vous m'avez sauv�e.

J'aurais d� continuer toute la soir�e.

Vous venez ici, sur votre trente et un,

pour vous moquer de nous.
Folle enfant g�t�e.

P�quenauds, c'est bien comme �a
que vous nous appelez?

Vous avez raison.

�a se passe toujours ainsi.

Cela m'insupporte, alors je ferme les yeux
et je bouscule les gens.

Vous avez peur de regarder?

Que voyez-vous?

Que voit-elle?
Quelqu'un de si heureux que...

Ne changeons rien. Ne bougeons pas.

Ne bougez pas. Donnez-moi la main.

Mettez vos mains ici.

Regardez.

C'est horrible.

Je suis d�sol�e. Pardonnez-moi.

C'�tait une mauvaise plaisanterie.

- J'ai �t� idiote.
- Ce n'est pas grave.

Je ne voulais heurter personne.

Pardonnez-moi!

Je ne suis pas aveugle!

Pardonnez-moi. Je vois parfaitement bien!

Regardez tous, je ne suis pas aveugle!

- Elle est ivre?
- Pourquoi ne me croyez-vous pas?

- Je plaisantais.
- Elle n'est pas ivre.

Elle est merveilleuse: elle fume,
boit, conduit, �crit de la po�sie.

Elle est tr�s moderne.
Tu ne comprends pas.

Tu ne comprends pas, toi, le paysan.

- Sortez!
- Attendez!

- Allez, vite!
- J'ai quelque chose � vous dire.

Ne tombe pas.

A I'aide! D�p�chez-vous!

Les fascistes, les barbares,
je vais tous les tuer.

Qui �tes-vous?

Vous ne me connaissez pas.

Que voulez-vous?

Vous m'ennuyez.

Je m'appelle Ada Fiastri Paulhan.

J'ai 21 ans, I'�ge le plus ingrat.

C'est mon p�re qui a dessin� la t�te du roi
sur les billets de dix lires,

on a donc toujours �t� entour�s d'argent,

tout en �tant sans le sou.

Je suis orpheline. Il y a trois ans,

mes parents ont mont� une exp�dition
pour millionnaires dans les Alpes.

Ils ont disparu dans une crevasse,
sur le Matterhorn.

Ils sont morts comme ils ont v�cu:
au-dessus de leurs moyens.

Je n'ai ni fr�re ni s�ur.

Je peux vivre o� bon me semble...

avec qui bon me semble.

La Maison du peuple est en feu!

La Maison du peuple br�le!

La Maison du peuple est en feu!

Je ne veux pas.

Je ne veux pas!

Viens ici!

Embrasse-moi!

Pourquoi ne m'as-tu pas dit
que tu �tais vierge?

Parce que tu ne m'aurais pas crue.

C'est vrai.

Tu n'es pas la ma�tresse d'Ottavio?

La ma�tresse d'Ottavio?

R�veillez-vous!

Pietro Pecorari.

78 ans.

- R�veillez-vous!
- Ouvrier agricole.

R�veillez-vous!

Exploit� par les propri�taires fonciers.
Assassin� par les fascistes!

R�veillez-vous!

Decimo Bonazzi, 74 ans.

Journalier depuis I'�ge de sept ans.
Exploit� par les propri�taires fonciers.

Assassin� par les fascistes!

- R�veillez-vous!
- Jofen Zuelli, 72 ans.

R�veillez-vous!

Ouvrier agricole depuis ses sept ans.
Exploit� par les propri�taires fonciers.

Assassin� par les fascistes!

R�veillez-vous!

Ouvrez vos fen�tres! Descendez donc!

R�veillez-vous!

Vous ne voulez pas voir?

Descendez et regardez-les!

- R�veillez-vous!
- R�veillez-vous!

Regarde... Il n'y a personne.

C'est fini.

C'est la fin. La fin.

Nous sommes forts!

Nous sommes nombreux! Unis.

Ils vont tous nous tuer.

Ecoute.

Ils arrivent.

Ils arrivent.

Ils arrivent. Regarde.

- Je me sens mal.
- Le b�b�?

Quel enfant tu fais! Il y a le temps.

C'est fini.

Tu as vu?

Quelle foule! Difficile de croire
qu'ils sont tous de la famille.

- Je ne le crois pas.
- Plus d'un millier, au bas mot.

Ils parlent d'un acte d�lib�r�.

Il y a 2000 rouges dans les rues!

Barone, tu vas � un enterrement?

Tu es triste? Tu penses qu'on a eu tort?

Ne regrette rien. N'aie peur de rien.

La peur elle-m�me
est la seule chose � redouter.

On ajoute des plis?
La chemise tomberait mieux.

Je veux avoir I'air fort, pas �l�gant.

Ce n'est pas une chemise,
c'est un embl�me pour le peuple.

- C'est joli, Barone?
- Plus masculin?

Plus masculin, mais pas coquet.
Plus masculin.

Achetez-en une, vous aussi.

Habill�s comme cela,
on prendra exemple sur vous.

Passe-moi ce chaton. Ecoutez...

Les communistes sont malins.

Ils jouent sur les sentiments.

Comme ce chaton.
Il joue sur vos sentiments.

Le communisme est une maladie.

Il d�truira le monde. Sortons.

Si ce chaton est atteint de communisme,

il ne faut pas nous limiter � ce chaton-I�.

Nous devons penser
� tous les autres chatons et les prot�ger.

Nous devons prot�ger tous ces chatons.

Regardez ce chaton

et dites-vous: "Ce n'est pas un chaton,
c'est un communiste. "

Et vous devez le d�truire.

- Les communistes, on les fait...?
- Chier!

La Ligue ouvri�re, on lui fait...?

Chier des briques!

Plus jamais je ne rentrerai chez moi!

Jure-le!

Tu ne deviendras jamais
un grand propri�taire, gras et vulgaire.

Je le jure!

Jure que tu m'aimeras toujours
et que tu ne m'�pouseras jamais.

Jure-le!

Je jure que je t'�pouserai!

Pour toujours!

Jamais!

- Donne-moi ta main!
- Ma main? Jamais!

Sale menteur!

- Silence, s'il vous pla�t!
- Que se passe-t-il?

- Ottavio!
- C'est un travail d�licat.

Que fais-tu?

De la photographie artistique.

Qui �tes-vous?
Que faites-vous I�-haut?

Nous sommes les Trois Gr�ces.

A I'estomac vide, signora.

Tu connais d�sormais
ma passion pour la photographie...

Je sais garder un secret.

- Qui vous I'a dit?
- Il venait de Florence.

- Ils les a vus de ses propres yeux.
- Des carabinieri

grouillant de partout,
arm�s de ba�onnettes.

Ils marcheront sur Rome.

Le signal de d�part
retentira au moment le plus inattendu.

Vous me laissez seul?

- Ne partez pas sans moi.
- Apr�s tout...

- Il leur a dit. Haut et fort.
- En face.

Le chef se m�le de ses affaires, ou bien...

- C'est le seul moyen.
- Il s'immisce dans tout.

A la Chambre de commerce,
personne n'est au courant.

C'est une man�uvre politique.
La Chambre de commerce...

C'est plus que de la politique,
c'est la r�volution.

La Chambre de commerce
aurait d� �tre avertie.

C'est notre photographe. Que fait-il?

J'arrive. Qu'est-ce que c'est?

- Un d�guisement?
- La derni�re mode.

Il faut �tre � la page.

Posez-le I�.

Merci.

- On part?
- D�s que nous sommes pr�ts.

- Et o� va-t-on?
- A Taormina.

Taormina, c'est une obsession.

- Pourquoi?
- Vers le sud, vers le sud.

Aussi loin que possible
de ces porcs en chemise noire.

Avec �a, vous voyagez encore plus loin.

- Encore plus au sud.
- C'est de la coca�ne?

De la coca�ne?

Laisse-moi essayer.

Pourquoi la coupes-tu comme...?

Au novice.

- Quelle trag�die!
- Quel g�chis!

Il faut faire attention.

Laisses-en pour nous.

Gourmand.

Qu'est-ce qui ne va pas?

- Je ne ressens rien.
- Attends un peu.

C'est la premi�re fois. Sois patient.

�a ne me fait aucun effet.

Mon nez est engourdi,
mais je ne ressens rien.

- Je ne ressens rien.
- O� vas-tu?

�a fait effet.

Je ne ressens rien.

Qu'est-ce qu'on fait?

Je sais! Je veux une photographie.

Bonne id�e!

- Oui?
- T�l�gramme.

- Un moment.
- J'arrive.

J'arrive.

Me voil�. Port�.

C'est pour toi.

Tu dois partir sur le champ.

Ton p�re est malade.

Ne bougez pas. Parfait.

- Que fais-tu?
- Rien.

Tu portes le manteau de ton p�re.

Que fais-tu dans le bureau de mon p�re?

Avec le pistolet de mon p�re?

Je le garde.

Apr�s tout, il n'en a plus besoin.

Comment est-il mort?

Dans I'�table.

Il a dit...

"Je m'affaiblis, c'est comme un r�ve. "

Il n'a pas souffert.

L'�table. C'est une tradition de famille.

Tu es parti depuis un mois.

Tu ignores beaucoup de choses.

D�barrasse-toi d'Attila.

Il est encore temps.

Renvoie-le, sur le champ.

Aujourd'hui.

- �a n'arrangerait rien.
- C'est un fasciste, un tueur.

Renvoie-le. �a fera grosse impression.

Pas maintenant. Mussolini a gagn�.
L'Italie a chang�.

Les choses ont chang�, ici aussi.

J'ai chang�, toi aussi.

- Que veux-tu dire?
- Je veux dire...

C'est toi qui donnes les ordres.
C'est toi le ma�tre.

- Alors je suis ton ma�tre.
- Olmo.

Vite. Ils reviennent.

Prends-le. Il est � toi apr�s tout.

Sinon, tu ferais un sacr� voleur.

Est-ce ton enfant, I�, avec ta m�re?

Oui. C'est une fille.

Et Anita?

Elle est morte... en couches.

Ecoute-moi, Alfredo,

d�barrasse-toi d'Attila.

J'ai pri� pour que tu arrives � temps.

Tu es tout ce qui me reste.

Il a souffert de ton d�part.

Attendez dehors.

Maman, j'ai quelque chose � te dire.
Assieds-toi.

J'ai quelque chose � vous annoncer.
Assieds-toi, tante Amelia.

J'ai quelque chose � vous annoncer.

Je devrais peut-�tre attendre
pour vous annoncer cela.

Le moment ne s'y pr�te pas, mais...

J'ai pris une d�cision et...

Je vais me marier.

Crois-tu que ce soit
le moment de plaisanter?

Quelle pr�cipitation.

Est-elle enceinte?

Comment s'appelle-t-elle?

Ada.

Vient-elle d'une bonne famille?

Est-elle �l�gante?

Elle est fran�aise.

A- t-elle voyag�? A-t-elle �tudi�?

Est-elle jolie? En bonne sant�?

Le mariage fera p�lir d'envie.

- Quand?
- Tr�s bient�t.

Longue vie aux mari�s!

Jeunesse intr�pide et courageuse

Ta foi est parmi nous

Comme un pr�sage d'amour et d'affection

Un havre de bonheur uni et f�cond

Le v�u de fid�lit� de la mari�e

Fera continuer cette noble lign�e

Illumin�e par la lumi�re divine

Lumi�re qui guidera dans I'adversit�

Vos enfants et leur destin�e

Elle est trop belle.

Trop belle pour une �pouse.

Elle est plus qu'une �pouse.

- Ada est une ma�tresse.
- Ma�tresse, mes fesses!

Elle ne fera pas une bonne amante.

En voil� une fa�on de parler!

Je lui donne un an.

Elle est si belle.

Elle est ravissante.

Quelle magnifique r�ception.

Je suis ravie qu'ils nous aient invit�s.

Vous n'�tes qu'une petite merde.

Je vous hais. Je vous d�teste.

Je devrais �tre � votre place.

Puis-je?

- Un souvenir.
- Puis-je?

Attendez.

Vous allez �tre si belle.

Comme une mari�e.

- Je parie sur Attila!
- Falzoni va le battre!

- Attila va le battre.
- Allez, Falzoni!

La moiti� de mon argent est � toi!

Mon �pouse.

Regarde les gants d'Attila.
Ils sont magnifiques.

- Tu en veux une paire?
- Je serai sage.

Une chemise noire aussi?

Signor Alfredo,

nous saluons les jeunes mari�s.

Descends de la table!

Mets-les dehors.
Je ne peux pas les supporter!

Ne te mets pas dans cet �tat.

Ce ne sont que nos voisins.

La seule diff�rence
est la couleur de leur chemise.

C'est I� toute la diff�rence.

Ils sont presque de la famille.
On devait les inviter.

On ne les reverra plus pendant dix ans.

Cent ans. Promets-le.

Mille ans. Promis.

- Tous de la m�me famille?
- Oui. Tous des Dalco.

Avant la guerre,
ils �taient deux fois plus nombreux.

Qui est cette belle femme, pr�s du feu?

C'est Rosina, la m�re d'Olmo.

Je n'ai pas vu Olmo de la journ�e.

Et Ottavio?

- Je ne lui pardonnerai jamais!
- Quels amis nous avons!

Vas-y.

Rosina, voulez-vous des confetti?

Merci, signora.

Je I'ai connu haut comme �a...

C'�tait il y a si longtemps.

L'aube commen�ait � poindre
quand on a arr�t� les camions

et vu nos gar�ons bri�vement. Je jure...

Une journ�e splendide, Serafini.

Regina.

Puis ils ont cri�: "Marchons sur Rome. "

Ne t'approche pas d'Ada, tu m'entends?

Qui oserait s'en approcher?

Tu crois qu'elle va pouvoir vivre ici...

avec les porcs, la merde, les Dalco?

Ferme la porte.

Ferme la porte!

Traditionnellement, notre personnel

ne s'assied pas � la m�me table
que notre famille.

Si tu as envie de t'exprimer
d'une telle mani�re,

ne le fais pas sous mon toit!

Compris?

C'est ce que tu attendais.

De devenir le padrone.

Dieu sait depuis combien de temps.

Autre chose...

Tu en imposes dans cet uniforme,

mais ma femme refuse
la pr�sence de chemises noires chez nous.

Certaines femmes sont...

Alfredo.

Il n'a pas d'�ducation, soit,
mais �coute-moi.

Ne le renvoie pas,
c'est ton chien de garde.

O� �tais-tu, chien de garde,

quand on a fouill�
dans les papiers de mon p�re?

O� est pass� son pistolet?

Un communiste, sans aucun doute.

Ils ne respectent m�me pas les morts.

Vous pouvez dormir tranquilles.

Je retrouverai le pistolet.

Fais en sorte que Regina
laisse ma femme tranquille.

Renvoie-moi.

- Pourquoi ne me renvoies-tu pas?
- J'ai besoin de toi ici.

Tu fais partie de I'h�ritage.

La maison est exquise...

Attila, regarde.
Je fais une partie de bras de fer.

Tu gagnes toujours au bras de fer?

Quand je pense
� quel point j'aime cette maison...

Regina, la d�cision est prise.

Nous emm�nageons tous en ville.

Ils ont le droit d'�tre seuls.

Tu me I'annonces comme �a?

Je reste ici.

- Regardez qui est I�!
- Ottavio!

- Ton cadeau, avec un peu de retard.
- Mon cadeau de mariage.

Merci.

- Il s'appelle Coca�ne.
- Coca�ne.

Merci. Il est magnifique.

Il s'appelle Coca�ne.

Je veux le monter.

L'�trier.

Un, deux, trois!

Quel splendide cadeau!

Une beaut�.

Viens ici, esp�ce de l�che.

Fais-moi I'amour, ici.

- Je vais te faire I'amour.
- Dans cette maison.

C'est aussi ma maison.
Je fais partie de I'h�ritage.

Tu ne savais pas?

Les gens bien ont un endroit � eux
pour se masturber.

On le faisait ici avec Alfredo.

Tu es un animal!

J'avais piti� de toi,

� te voir encaisser les insultes,

� la botte de ton ma�tre.

- Je suis son chien de garde.
- Eh bien mords! Aboie!

Ne le laisse pas me traiter ainsi.
Il ne doit pas me traiter ainsi.

Quel homme fais-tu?

Qui es-tu?

Ne mords pas la main qui te nourrit...

tant que tu as besoin d'elle.

Alfredo est pourri. Pourri!

Alfredo est ton cousin.

Regarde cette salope,

� peine mari�e, et elle file d�j�.

Je t'aime.

L'humiliation me rend plus fort.

J'y puise ma force...

et I'Italie est ma ma�tresse.

Ma seule ma�tresse.

C'est elle qui a guid� notre marche.

Les riches prennent et volent, ils...

...ils mangent bien, mais ils sont pourris.

Nous, les fascistes,

nous mangeons les miettes,
mais notre force grandit.

Alfredo Berlinghieri...

toi et tous les parasites,

vous paierez
le prix de la r�volution fasciste,

et la facture sera lourde.

La facture sera lourde.

Tout le monde paiera.

Riches et pauvres, aristocrates et paysans,

tous paieront de leur argent,
de leurs terres et de leur pain,

de leurs vaches et de leur sang.

Tu m'aimes vraiment?

Tu m'aimes?

Tu m'aimeras toujours?

Je t'aimerai toujours.

- Tiens, tes gants.
- Mes gants.

Le gar�on d'honneur.

Tu connais le jeu du mariage?

Tu connais le jeu du mariage?

Vous allez ab�mer mon filet.

Vous lui faites peur.
Vous allez d�chirer mon filet!

- �a co�te cher. Ne bougez pas.
- Sortez-moi de I�!

- Qu'attendez-vous?
- Si vous continuez � bouger...

Calmez-vous et je vous lib�re.

Alors?

Vous m'aidez?

- Ce filet, que fait-il ici?
- C'est un pi�ge,

un pi�ge � mari�es.

- Vous en attrapez beaucoup?
- Vous �tes la premi�re.

- Et la derni�re.
- Aidez-moi.

- Ces terres nous appartiennent?
- Oui.

Je crois que je vais me plaire ici.

Je pensais d�tester la campagne.

J'aime I'odeur de la terre.

C'est de la merde s�ch�e.

Qu'est-ce que c'est?

Mes oiseaux. Que faites-vous?

Aidez-moi � monter sur mon cheval.

Tout le monde est venu au mariage.
Sauf vous.

Sauf moi.

Alfredo vous consid�re
comme un vrai ami.

Je sais. Mais nous sommes diff�rents.

Vous n'�tes pas si bons amis alors?

Peut-�tre.

Vous �tes peut-�tre ennemis!

Patrizio!

- Qu'avez-vous mang�?
- Des hors-d'�uvre.

De la mousse de saumon.

- Quoi d'autre?
- Des alouettes � la broche,

- de I'esturgeon et du cochon de lait.
- Avez-vous vu mon fils?

Non. Quoi d'autre?

- Il va en recevoir une bonne.
- De la viande...

Patrizio!

Tu allais tout raconter, n'est-ce pas?

Tu allais tout raconter, n'est-ce pas?

- Tu n'oserais pas.
- Laissez-moi partir!

Laissez-moi partir!

Non, je ne dirai rien.

Cherchons par ici.

Ni par ici, ni par I�.

Mes chaussures sont couvertes de boue.

Il n'a pas arr�t� d'entrer et de sortir
pendant mes arias.

O� es-tu, Patrizio?

Pas maintenant. Je viendrai demain.

Vous n'�tiez pas � la messe.

Merci d'�tre venu.

Bonne chasse?

- Quelques grives.
- Quelques grives?

- Tu aimes ma femme?
- Un tr�s beau couple.

Ada et le cheval.

O� est le pistolet de mon p�re?

Je I'ai cach�.

Si tu ne t'en sers pas, il va rouiller.

Avez-vous regard� dans le poulailler?

Oui. On va voir dans la grange.

- Il appartenait � Lady Godiva.
- Je vais le monter nue alors.

- Magnifique.
- Au moment opportun.

- L�...
- Que se passe-t-il?

L�.

Signora, qu'y a-t-il?

L�!

L�!

Que lui ont-ils fait?

Que lui ont-ils fait?

Cela vient de se passer.
Ils ne doivent pas �tre loin.

Regardez!

Toi!

- Tu n'�tais pas au mariage.
- Je le connais!

Il nous tuerait tous!

Tous les m�mes, ces paysans!

Olmo Dalco!

Ne bouge pas!

Je t'accuse du meurtre de cet enfant!

Frappez-le!

Plus fort!

Ils vont le tuer!

Olmo est innocent. Il �tait avec moi.

Tuez-le!

Il ne peut pas se d�fendre. Assassins!

Ils vous tueront tous!

Je sais qui I'a tu�.

Moi.

Assassin!

Assassin!

- Assassin, ordure!
- Ce n'est pas ma faute!

C'�tait un accident!

Allez!

Attila, �a suffit. Arr�tez.

Arr�tez!

- Emmenez-le au poste de police.
- Je suis innocent!

Je ne ferais pas de mal � une mouche!

Je suis fou.
Je me suis d�nonc� parce que...

Regardez! Il a vol� de la nourriture!

La r�ception est finie.

Il pleut, la nuit tombe,

il est temps de prendre cong�.

Tu as vu dans quel �tat �tait Olmo?
Tu les as laiss� continuer.

Dans que �tat �tait Olmo?
Et Patrizio alors?

Olmo est innocent. Il �tait avec moi!

- Je le sais!
- Tu deviens comme eux.

Pire qu'eux.

Ne pars pas. Reste.

D�sol�. Jamais plus je ne viendrai ici.

Encore un. Sortons-le de I�.

Couche-le sur le dos.

Tiens-le bien.

- H�, Olmo.
- Laisse-le travailler.

C'est du beau travail.

Papa!

Quel coup de main.

Mon papa, c'est le meilleur de tous.

Fais attention Olmo.
Pour tuer nos cochons,

Attila pr�f�rerait quelqu'un d'autre.

Il dit que c'est un moyen pour toi
de pr�ner la r�volution.

Comment survivre sans travail?

Comme Attila: il se nourrit du Mal.

Stella, il nous faut de I'eau.

Tenez.

Il y a de I'eau et une flamb�e I�-bas.

C'est toi, Olmo!

Tu ne me reconnais pas.

J'ai �t� amnisti�.

- J'ai march� pendant 30 jours.
- Tu es revenu?

Je marche tout le temps,
je ne peux pas m'arr�ter.

Pourquoi es-tu intervenu ce jour-I�?

Tu �tais au sol, ils �taient tous sur toi.

Ils allaient te tuer.

Toutes ces ann�es en prison pour rien.

En prison, dans une grange,
sous un arbre, o� est la diff�rence?

Arr�tez! Vous savez ce qui vous attend.

Continuez � chanter
et ils vous mettront en pi�ces.

Les fascistes vous jetteront en prison
si vous riez de Mussolini.

Je n'ai pas tu� le petit.

Tu n'as pas tu� le petit.

C'�tait un de ces hommes
en chemise noire.

Lequel?

Je I'ai vu cacher le corps.

- Qui �tait-ce?
- Difficile � dire.

Toutes les chemises noires
se ressemblent!

Je marche tout le temps.

Je ne peux pas m'arr�ter!

O� est le socialisme?

Plus tu en as, plus tu en veux.
Comme les animaux.

Les padroni ne peuvent pas nous arr�ter.

Tu as une terre, tu en veux une autre.
C'est la nature humaine.

Stella.

Au s�minaire,
les �talons accouchent de mules.

Dis-leur. Tu es plus malin qu'ils le croient.

Laisse les cur�s
t'entretenir pendant quatre ans,

puis mets-leur un coup de pied au cul.
Et vive L�nine!

L�nine? Regarde les choses en face.

Ils interdisent notre journal,

la Maison du peuple n'existe plus,
et on ne vote plus.

Regarde. C'est ton journal.

Imprim� par nos camarades.

Ils risquent la prison.
Regarde comme il a �t� lu.

Maintenant, m�morise-le.

Quand il aura disparu,
tu informeras les autres,

ceux qui ne I'ont pas,
ceux qui ne savent pas lire.

Je vais le m�moriser,

mais � quoi �a sert si on n'a pas de parti,
personne pour nous guider?

Regarde-nous. On est tous diss�min�s.

Si on parle, on nous jette en prison.

Notre parti est interdit.
On n'a aucune chance.

C'est faux. Le parti, c'est toi.

C'est Eugenia, Enzo et Armando.

Et les Azzali, sur I'autre rive.

Tu veux d'autres exemples?

Le parti est partout
o� les hommes travaillent dur.

Les prisons
sont peupl�es de nos camarades.

Le parti y est pr�sent. Il est partout!
Dis-lui, Eugenia.

"100 ouvriers des textiles Rossi
ont �t� arr�t�s; 135 autres...

Anita!

O� est ma fille?

Elle est chez la padrona, pour sa le�on.

Quelle padrona?

La Signora Ada.

"... les gr�vistes on d�fil� dans les rues.

"Certains en sont venus aux mains
avec les fascistes

"qui tentaient de stopper la manifestation.

"Ils ont d� faire appel � des renforts.

"Quatre camarades ont �t� tu�s
lors des affrontements. "

Comment vas-tu oser rentrer ce soir?

Sa femme va le tuer!

Berlinghieri, je veux ma revanche.

Du calme,
tu viens de perdre tout ton b�tail.

Que te reste-t-il � miser?

Il veut finir comme ton ami le maire.

Honorable mais ruin�,
le maire mise sa femme.

- D�sol�.
- Alfredo.

Le cavaliere Pioppi souhaite vous parler.

Ne rentre pas avec tes bottes boueuses,
je te I'ai d�j� dit.

Cavaliere Pioppi.

Vous connaissez le cavaliere Pioppi.

Le seul homme honn�te parmi nous.

Veuillez nous excuser.

Ne t'inqui�te pas.

Tu auras ton match retour,
et tu perdras encore du b�tail.

- Dieu merci, tu as la sant�.
- Signora.

Content de voir que quelqu'un s'amuse.

Nous...

Nous n'arrivons pas
� joindre les deux bouts.

Nos terres sont arides. Nous...

Votre p�re et moi �tions amis.

Il me disait toujours:
"Tu n'es pas un bon g�rant.

"Tu laisses les choses empirer. "
Mais il nous aidait.

Il nous a aid�s,
� hypoth�quer toutes nos terres!

C'est elle qui a insist� pour venir vous voir.

Vous et moi, nous sommes amis.

- C'est g�nant.
- Combien vous faut-il?

Je savais que vous alliez nous �couter.

Vous �tes plus compr�hensif
que votre p�re.

Vous reste-t-il
quelque chose � hypoth�quer?

La villa.

Olmo, bonjour.

- La maison, dites-vous.
- La villa.

- Tu ne peux pas entrer.
- Poussez-vous.

- Tu ne comprends pas vite.
- Poussez-vous!

On t'a dit cent fois que
tu n'as pas le droit d'entrer ici.

- Tu vas recevoir une le�on.
- Poussez-vous!

Sors d'ici! Tu ne comprends pas?

�a va mal finir pour toi.

Tu te prends pour le roi de ce ch�teau!

- Mais tu ne I'es pas!
- Poussez-vous!

Qu'est-ce qui se passe ici?

Ses chaussures sont sales.

Que fais-tu ici? Que veux-tu?

Bon, je suis pauvre,

je suis un paysan,
un travailleur et un tueur.

- Et je veux ma fille!
- Attila!

"Pr�s des... "

- Joncs.
- "... joncs et sous le ciel,

"se trouve ma jolie maison. "

C'est bien. Tiens.

- Anita, on rentre � la maison.
- Papa, je n'ai pas fini.

Je n'aime pas que tu viennes ici,
tu le sais.

Elle doit apprendre � lire et � �crire.

Vous n'�tes pas sa m�re.

Je ne veux pas qu'elle vienne ici!

Il a raison, tu sais.

De quel droit
joues-tu les missionnaires?

De quel droit?

- J'aime cette enfant!
- Je m'en fiche.

Elle n'est pas � sa place ici.

Laisse les enfants des autres
tranquilles.

D'accord!
Je vais me consacrer � nos enfants.

Non! Consacre-toi � moi!

Novembre est le mois
le plus cruel de I'ann�e.

Merde! Salope.

La salope!

Mais je vais arriver
� attraper une bouteille.

La cl�, donne-moi la cl�.

- La cl�!
- Va te so�ler � la taverne.

Nous sommes des gens respectables.

Tu ne le savais pas?

Je veux cette cl�!

Je vais te la mettre au cul!

Esp�ce d'idiote...

Quelle idiote.

Pourquoi n'aurais-tu pas
ce que tu veux?

Tu dois boire tout ce que tu veux.

Tu es la padrona, n'est-ce pas?

Tu vas boire tout ce que tu veux.

Aide-moi. Pourquoi tu ne m'aides pas?

- Tu veux boire?
- Non, plus maintenant.

Je te baptise Regina,
reine des salopes.

Ada!

Bonsoir.

Va te coucher, petit monstre.

Allez.

Ada.

Bonne nuit, mon ange. Dors bien.

Je vous sers un peu de vin?

Oui, volontiers.

Un verre, �a fait du bien
de temps en temps.

M�me deux ou trois.

C'est agr�able ici.

Qu'est-ce qui est agr�able?

Anita qui me dit bonne nuit.

L'odeur de votre souper.

Vous �tes tous ensemble.

Et votre m�re qui dort pr�s du feu.

Venez vous installer ici.
Je rajouterai un lit.

Vous voyez les grandes portes
qui donnent sur la cour?

Tous les soirs,
le padrone nous enfermait.

- C'est vrai?
- Je me rappelle la cl�.

Elle �tait grande comme �a.

Les paysans �taient enferm�s,
comme en prison.

On pouvait danser, chanter,
avoir des enfants, mourir,

mais on ne pouvait pas sortir.

On nous enfermait comme des b�tes
jusqu'au matin.

- Que se passait-il alors?
- Le matin,

le padrone envoyait un servant
pour nous ouvrir les portes.

Et ce n'�tait pas le Moyen Age.
C'est marrant.

Grand-p�re Leo �tait encore vivant.
J'�tais petit.

Une fois, Alfredo est venu ici
et s'est retrouv� enferm� avec nous.

Les portes restent ouvertes maintenant.

Mais Alfredo ne vient jamais.

Que pensez-vous d'Alfredo?

Les padroni sont nos ennemis.
Nous devons les an�antir.

- Alfredo est le padrone.
- Et moi?

- Vous �tes la padrona.
- Non, pas tout � fait.

Je suis la femme du padrone.

Anita... Sa m�re n'aurait-elle pas
voulu qu'elle �tudie?

Rosina... On vous a r�veill�e.

- Ce n'est rien.
- J'ai fait un cauchemar.

Ce n'est rien.

J'�tais au sommet d'une montagne
avec Leo.

"Regarde," il me disait.
"Ce sont les ann�es � venir.

"L'un boite, I'autre est aveugle.
Celui-I� n'a pas de t�te. "

- Il est tard, maman.
- Prends Anita et partez.

Pars, Olmo. Le monde court � sa perte.

- Bon Dieu.
- Tu as entendu? Il est I�.

La ferme.

L�, je I'ai vu, il a boug�.

Il est venu nous espionner.
Va-t'en. Laisse-nous tranquilles!

Fais quelque chose!

L�.

L�.

C'est un chat!

Toutes les nuits, je r�ve de cet enfant.

Il est couvert de sang.

Je le d�teste.

Tu me rends fou.

Je ne reviendrai plus
dans cette salet� de pi�ce!

Ne te f�che pas.
Moi aussi, j'en ai assez.

Quand on a envie de le faire,

on doit se cacher comme des voleurs.

Tu pourrais changer tout �a
si tu le voulais.

C'est toi qui donnes les ordres ici.
Il n'a aucune autorit�.

Ada est une ivrogne.

Tu as toutes les cl�s,
pas vrai, ma ch�rie?

Non, je m�rite ma propre maison,

� la mesure de ma personne.

J'en connais une.

Laquelle?

La villa Pioppi,
I'hypoth�que arrive � �ch�ance.

Tu nous imagines, tous les deux...

v�tus de costumes chinois,

�coutant la radio �mise par Rome?

Un servant entre discr�tement
avec deux verres de vin Marsala.

Du Marsala, mon cul.

Je veux du champagne.

Stella!

O� cours-tu comme �a?
Qu'y a-t-il, tr�sor?

Ils les ont emmen�s!
Mon Martino et son fr�re Gelindo!

Qui les a emmen�s?

Les gardes! Ils les emm�nent!

Les gardes? Quoi? Attends!

Attends. Vous tous... venez avec moi.

Non. Olmo, o� vas-tu?
Tu as perdu la t�te?

Pose ce pistolet!
Tu vas nous cr�er des ennuis.

Tu as promis de ne pas perdre la t�te.

Prison!

Oui, la prison.

La prison.

- La prison.
- O� vas-tu?

La prison!

Reviens, Olmo!

Attends, Stella!

Martino, Gelindo!

Attends, Stella.

Tenez le coup, camarades!
On va vous sortir de I�!

Arr�te! �a va empirer les choses!

- Tenez le coup!
- Non.

- Martino, Gelindo!
- Tu vas empirer les choses!

Viens, viens.

Nous sommes des centaines,
des milliers!

Vos prisons ne sont pas assez grandes
pour nous tous!

Que fais-tu, Olmo?
Tu ne vois pas que tu es tout seul?

Stella, attends!

Le parti ne vous abandonnera pas!

Oui, mais ces cha�nes nous font mal!
Elles nous font mal!

- Ne vous arr�tez pas.
- Avancez.

- Le Christ est avec nous.
- B�nissez-moi, mon p�re.

Depuis la mort de mon mari,
ils n'arr�tent pas.

Je croule sous les dettes,
mais peu importe,

j'ai toujours donn�
pour les saintes blessures de J�sus.

Je n'ai pas I'argent pour I'hypoth�que
mais voil� ce que je pense:

entre une hypoth�que
et les saintes blessures,

je choisis les blessures. Ils souhaitent
ma mort de toute fa�on...

C'est devenu une obsession.

Ne savez-vous pas
qu'accuser autrui est un p�ch�?

- Un p�ch� tr�s grave.
- Vous ne me croyez pas?

Et �a alors, c'est quoi?

C'est la preuve!

S'il vous pla�t, je ne supporte pas
les chats, m�me vivants.

Il dormait toujours avec moi.

Ils veulent blesser
les choses que j'aime.

Ils veulent me blesser, tout me prendre!

Ce sont de mauvaises personnes!

- C'est la voiture.
- C'est pas trop t�t.

Oui. Tenez.

- Tu ne veux pas rentrer?
- Non, pas ce soir.

- Ce soir, je dois rester � la maison.
- Allez.

- Ne mange pas trop.
- Ciao, Piero. Joyeux No�l.

- Bonsoir, signore.
- Bonsoir.

- On joue aux cartes plus tard?
- On se voit vers minuit.

- Joyeux No�l.
- Joyeux No�l.

Tu sais depuis combien de temps
je te cherche?

Signora Berlinghieri
ne peut plus boire chez elle

parce que le vin est sous cl�.

Elle ne peut plus boire
dans les caf�s chics

parce que son mari leur a ordonn�
de ne pas la servir.

Elle boit donc dans les tavernes.

Je vais te faire enfermer � I'asile.

Ici, je peux boire!

Je peux m�me tomber sous la table.

Personne ne me voit de toute fa�on.

L�ve-toi de I�. L�ve-toi.

Tu es d�go�tante.

Tu as le visage bouffi par I'alcool.

Tu pues. L�ve-toi.

L�ve-toi.

Je vous d�go�te, vous aussi?

...chez vous o�, pour ce r�veillon,
vous devriez tous trouver r�confort et...

Suis-je... bouffie?

...et I'ordre social.
Des parents heureux, mais avant tout...

- Je pue?
- ... surtout pendant les f�tes...

Vous avez besoin d'aide, signora?

...leur poup�e pr�f�r�e,
ils trouvent une branche de houx.

Ne t'en m�le pas!
Tu vas passer pour un idiot!

Je sais pourquoi
tu ne veux pas que je boive.

C'est parce que quand je bois,
j'ai le courage de te dire la v�rit�.

Tu es diff�rent. Tu as chang�.

Tu es entour� de brutes terribles,
vulgaires et arrogantes.

Des meurtriers.

Et tu es encore pire qu'eux.

Venez boire un verre avec nous.

- Mon mari veut vous rencontrer.
- Viens, il se fait tard.

Arr�te de les regarder. Allons-nous-en.

Arr�te de les regarder, idiot.
Tu vas avoir des ennuis. Allez.

Attendez.

- Vous ne pouvez pas refuser un verre.
- Laissez-nous partir, s'il vous pla�t.

- O� allez-vous?
- Nous laver, signora.

- Pourquoi?
- C'est No�l.

Oh, pour I'amour de Dieu,
restez comme �a.

Vous �tes beaucoup plus beaux ainsi.

Je peux avoir votre casquette?

- Vous la voulez vraiment?
- Oui, en souvenir.

Excusez-nous, signora.
Excusez-nous, s'il vous pla�t.

Que veux-tu? Que veux-tu de moi?

- Signore, on va fermer.
- On s'en va.

Je vais chercher ton manteau.

Du charbon, du charbon.

Du charbon.

Du charbon � vendre.

Sale tra�n�e.

Tu aimes fricoter avec tout le monde.
M�me Olmo.

Olmo? Quelle imagination.

Alors, je ne vous ai pas vus ensemble?

Je ne t'ai pas d�j� vue avec lui?

Ce n'est pas son odeur
que je sens sur toi?

Tu crois qu'Olmo fr�quenterait
la femme d'un fasciste?

Fasciste? Je ne suis pas un fasciste!
Si tu le redis, je te tue!

Si je te revois avec lui, je te tue!

Tu vas me tuer
parce qu'on ne peut plus faire I'amour.

Une dispute?

Vous avez de la chance.
Vous devez vous aimer.

- Comment vas-tu?
- Comment vas-tu?

- Tu la connais?
- Oui, je crois.

Asseyez-vous.

Neve? Neve, voici Ada.

Je suis contente que tu me reconnaisses.

Et vous? Vous n'�tes pas d'ici.

Vous avez I'air d'une dame.
Mais vous en �tes une, n'est-ce pas?

C'est ma femme.

Tu sais, depuis ce jour-I�,
je n'ai plus eu de crises.

Dieu seul sait
ce qui s'est pass� dans ma t�te.

Puis j'ai trouv� un homme bon.

Il me plaisait, je I'aimais beaucoup.

A la mort de ma m�re, on s'est mari�s.

Il travaillait dur. On s'est install�s
dans cette rue. Je vis encore ici.

- Que lui est-il arriv�?
- Un jour, il a disparu.

Je ne I'ai jamais revu.

M�me s'il s'est mis avec une autre femme,
je suis heureuse.

J'ai appris � tout g�rer
et � m'en sortir toute seule.

On n'a pas eu d'enfants.
C'est mon seul regret.

Je n'ai jamais su
si c'�tait ma faute ou la sienne.

Mon g�teau, j'allais I'oublier.

Vous devriez rester d�ner avec nous.

Ce sont de braves gens, vous savez.

Et o� iriez-vous � cette heure-ci?

�a va vous plaire, vous verrez.

Neve, j'ai cru que tu ne viendrais pas.

J'ai d� perdre du temps chez le p�tissier.
Il y avait foule.

Alfredo...

Je veux un enfant.

Allez-y! Allez � votre messe de minuit.

Ciao, Oreste. Joyeux No�l.

Chantez � tue-t�te!

Montrez au monde
les hypocrites que vous �tes!

Attention, Oreste, le diable va t'emporter.

Je n'ai pas peur du diable!
C'est un rouge, comme moi. A ma mort...

- Qui habite ici?
- Attila Melanchini.

- Il a pris de I'avancement.
- Il vit seul?

Non, avec Regina, son amour.
C'est le couple le plus en vue de la vall�e.

- C'est vrai?
- Oui.

Joyeux No�l, Signorina Regina!

Que faites-vous dehors? Entrez donc!

Joyeux No�l, Signora Pioppi!

On ne veut pas
�tre en retard � la messe.

On peut boire un verre
pour se r�chauffer et y aller ensemble.

Elle est vraiment folle.

D'abord elle me fustige en public,
puis elle nous invite chez elle.

- C'est merveilleux.
- Elle essaie de se rattraper.

- Peu importe.
- Alors, vous venez?

Allons voir comment c'est � I'int�rieur.

Joyeux No�l, monsieur le maire.

Vous vous moquez de moi.

Ils vont vous �lire un de ces jours.
Vous �tes encore jeune.

Jeune et fort.

Tout est si esth�tique...

comme � I'�tranger.

Cette maison est parfaite
pour une vraie dame.

Tr�s �l�gante. Tr�s...

Tr�s raffin�e.

Vous trouvez vraiment?
Venez voir le salon.

- Que fait-elle?
- Je te I'ai dit, elle est folle.

Alors, je vous ai eus?
Maintenant, vous allez m'�couter.

C'est moi qui vais parler maintenant.

Pour sortir, vous allez signer un papier
attestant que la maison reste � moi.

Attila! Regarde!

Vous avez fait c�der mon mari � coups
de menaces, de chantage politique!

Jusqu'� ce que son c�ur l�che.

Vous I'avez tourment� jusqu'� la mort.

"Tout est si esth�tique,
comme � I'�tranger!"

Parfait pour un haut membre du parti,
n'est-ce pas, M. Chemise Noire?

Mais je vous ai pi�g�s
et je ne vais pas vous rel�cher!

Vous n'allez pas sortir d'ici.

Elle est � moi et va le rester.

"Fabriqu� en...

"Tch�coslovaquie. "

P�cheurs! Escrocs!

Concubine! Concubine!

Tu vois? Je te I'avais dit.
Elle te traite de concubine.

Si on ne se marie pas bient�t,
on va �tre la ris�e de la r�gion.

La radio ne marche pas.

Vous ne me ferez plus de mal.

Que vous avait fait mon pauvre chat?

Meurtriers. C'est ce que vous �tes.

Des meurtriers.

Signora Pioppi, calmez-vous.

Ouvrez la porte, vous �tes hyst�rique.

Qu'est-ce que vous racontez?

Toutes ces accusations absurdes.

Ouvrez la porte pour qu'on en parle.

Nous sommes des gens respectables,
Signora Pioppi.

Admets-le,
le chapeau du charbonnier m'allait bien.

Tu �tais irr�sistible.

Mais mon chapeau te va mieux.

Que font tous ces gens?

Ils doivent revenir de la messe de minuit.

Que se passe-t-il?

- Il y a eu un vol.
- Qu'y avait-il � voler?

Pauvres gens. Ils ont d� tout hypoth�quer.

Qui leur a pr�t� I'argent?

Oh, mon Dieu.

Ils ont tout emprunt� � Berlinghieri.

Les hypoth�ques n'ont rien � voir
I�-dedans. C'est un crime sexuel.

Elle �tait encore belle.

Elle devait fr�quenter quelqu'un.

- Joyeux No�l. Signorina.
- Bonsoir, commissaire.

Les hypoth�ques.

Je ne serais pas surpris
que ce soit le fait d'un amant jaloux.

Ce peut �tre n'importe qui,
il est peut-�tre encore ici.

Elle lui a s�rement fait des avances...

puis I'a �conduit.

Son d�sir �tant excit�...

il a pu la violer.

Puis il a commis ce meurtre.

Des obs�d�s. Des communistes.

Des pervers.

Puis-je regarder?

Oui, vous voyez? Pas de culotte.

Pourquoi une femme �te-t-elle sa culotte?

Pourquoi?

Sale l�che.

Pourquoi ce verrou?
Pourquoi t'enfermes-tu?

- J'emp�che les autres de rentrer.
- O� est ma femme?

�a suffit! Sors d'ici!

Sors d'ici!

- Je suis d�sol�. Je...
- Sors d'ici!

- Qu'est-ce qu'il veut?
- Sa femme!

Tu vas r�veiller les enfants.

Je suis d�sol�.
Je ne sais pas ce qui me prend.

Je ne me sens pas bien.
Touche mon c�ur.

Quel c�ur?
C'est ta t�te qui ne va pas bien!

Tu as peut-�tre raison. Je ne sais pas.

Je deviens fou. Ada est partie.
J'ignore o� elle est.

- Et tu la cherches dans mon lit?
- Et alors?

- Pardon?
- Tu sais de quoi je parle.

- Tu le sais.
- Vas-y.

C'est possible
parce que je pense qu'elle te pla�t.

Tu as raison.

Et je lui plais.

Et on baise, on baise, on baise
toute la nuit.

Mais �a ne lui suffit pas.

On dirait qu'elle veut...

se mettre le salami dans le cul.

Olmo, arr�te de faire le porc.
Ce n'est vraiment pas dr�le.

Comment peux-tu parler ainsi?

Si tu savais ce que je ressens ce soir,
tu ne dirais pas ces choses.

Quelqu'un a tu� cette pauvre veuve Pioppi.

Il y a tant de violence ici.
Elle est partout.

Je ne sais pas.
Il fallait que �a arrive ce soir,

alors que j'arrivais enfin � parler avec Ada.

C'�tait comme au d�but.

Elle a vu le sang et elle s'est enfuie,
comme si c'�tait ma faute.

Enfin, je ne vois pas ce que j'ai fait.

Qui va r�cup�rer la maison de la veuve?

Sa propri�t�?

Ils vont emprisonner
un pauvre diable innocent.

Ils vont le traiter de communiste.

Trop d'innocents sont morts, Alfredo,

et tu vas en voir de plus en plus.

Et il y en a trop en prison.

Et c'est vous autres
qui I'avez voulu. C'est toi.

C'est bien que tu aies une femme ici.
Ta fille a besoin d'une m�re.

Elle est seulement venue pour No�l.

Son mari est en prison.

Tu n'as jamais compris pourquoi
tes amis sont en prison et pas toi,

toi qui aurais d� �tre arr�t� en premier?

Parce que j'ai frein� Attila, voil� pourquoi.
Je lui ai fait l�cher son os.

Tu I'as fait car �a t'arrangeait.

C'est �a, vas-y, insulte-moi.
Insulte ton vieil ami.

Je te prot�ge parce que je tiens � toi.

Tu te rappelles la chasse aux grenouilles?

Comme I'�t� �tait agr�able?

J'attrapais les grenouilles.
Toi, tu les mangeais.

Allez.

Allez, le socialiste fauch�,

- tu ne te rappelles rien?
- Si.

Je me rappelle ton mariage,

je me rappelle
qu'ils m'ont pass� � tabac,

et je me rappelle
que tu es rest� I� � regarder.

Tu te rappelles quand tu es venu
voler le pistolet de mon p�re?

Si tu es si brave,
pourquoi ne I'as-tu pas utilis�?

Et me faire tuer?
C'est ce que tu veux?

Assez parl�, Alfredo.

Rentre chez toi. Tu y trouveras Ada.

- Tu le crois vraiment?
- Bien s�r.

Prends �a, au cas o�.

Tu peux te le mettre o� je pense.

Ouvre-moi. Tout va bien?

Dis quelque chose, Ada!

Ouvre-moi, ou j'enfonce la porte.

Tout va bien? Tout va bien, Ada?

Dis au moins quelque chose.

Ce n'est pas ma faute, Ada.
S'il te pla�t, ouvre.

Ce n'est pas ma faute.

On va voyager, aller � Paris. �a te plairait?

On peut partir demain.
Ou m�me maintenant, si tu veux.

On va faire un enfant.
On va faire un enfant!

...son dernier communiqu�...

Je viens de voir tante Ada.

Sois gentille. Je I'ai sucr� pour toi.

Italo, viens d�jeuner. Allez.

C'est bien.

Les forces alli�es
tentent de tenir le col de Kasserine.

Gr�ce aux forces a�riennes
italo-allemandes,

nos vaillants soldats
ont fait des br�ches dans le col

� plusieurs endroits et se dirigent
au nord vers T�bessa et Thala.

Alors... tu as vu tante Ada?

- C'est vrai!
- Ne dis pas de sottises.

Ada est morte. Morte, morte, morte.

Pourquoi dis-tu cela?

Elle est dans une chambre,
telle une b�te en cage.

Elle mange le c�ur des enfants pas sages.

...66 pi�ces d'artillerie lourde
de divers calibres.

Saluez le Duce.

C'est ce qu'on appelle le miracle fasciste.

Plus besoin des chevaux de trait.
On a la puissance de 50 chevaux

- dans une machine!
- Il les a vendus. C'est fini.

H�, Barone!
A quoi bon avoir des chevaux?

A moins que tu aies un gar�on d'�curie.

Tu veux un gar�on d'�curie, Barone?

Pourquoi pas. N'importe qui?

Veuf, une fille.

Tu les vends combien?

Barone, tu vas faire I'affaire du si�cle.

Barone est un homme bon.
Vous serez tr�s heureux avec lui.

Donc, moi aussi, on me vend.

�a fait partie du contrat.

Les chevaux, le cavalier...

le fumier.

Vous entendez?
J'ai �t� vendu, � ce marchand.

Comme une b�te.

Mais on ne peut pas me traire
ou me donner du foin.

Je ne donne pas de lait, ni ne mange
de grain. Je ne suis pas une b�te...

Je suis juste un paysan.

Un paysan comme...
comme vous, compris?

Ils peuvent nous acheter pour rien?

Les paysans sont-ils � vendre?
Est-ce juste?

Dites-moi, est-ce juste?

Olmo, attache les chevaux � la moto,
prends ta fille et va-t'en.

Le fumier!

Voil� un autre miracle.

Les chevaux vont avec le fumier!

Chie, chie, mon amour!
Pour I'amour de Dieu, chie!

Allez.

�a, c'est pour le Duce!
Lui aussi, il est plein de merde!

Dieu nous b�nisse. Toute une cargaison.

Regardez toute cette merde.
Le plus gros tas de merde.

- �a pue!
- En voil� un autre tas!

Allez, riez!

Plus de merde! C'est bien! C'est bien!

On va pouvoir changer les choses.

Fais-la-lui bouffer, Olmo!
Une tarte � la merde!

Le lait et le vin vous vont bien.
Dis-le � ta padrona.

Dis lui que boire du lait...
c'est la jeunesse assur�e.

Idiot.

Ciao, Teresita.

D�p�che-toi,
avant qu'il ne soit trop tard.

- D�p�che-toi.
- Dieu sait ce qu'ils te feront.

- Olmo, d�p�che-toi!
- Oui.

Ne reviens que quand tu seras en s�curit�.

- Je veux venir avec toi.
- Non, va chez Stella.

- Sois sage, promis.
- Emm�ne-moi avec toi.

Prends la cl�, elle est � toi.

Allez, je vais revenir. Je vais revenir.

Tiens, tu en auras plus besoin que moi.

Merci. Merci.

Ecoute, enferme-toi bien
et ne sors pas seul.

- Merci.
- Ciao, Olmo.

- Reviens vite.
- Prends soin de toi.

Pr�parez-vous au pire.

Ecris-nous.

- Donne-nous de tes nouvelles.
- Bonne chance, Olmo.

Tiens, Olmo, prends �a.
Au revoir. Sois prudent.

- Ne les laisse pas t'avoir, Olmo.
- Bonne chance, Olmo!

Signora Ada,
j'ai une nouvelle histoire pour vous.

- Aujourd'hui, c'est une histoire vraie.
- Attends, attends.

Attila voulait vendre Olmo.

Vendre Olmo?

Attila montrait le nouveau tracteur
qu'il a achet�.

Il a dit que les cavaliers �taient finis
et qu'il allait vendre Olmo.

- Personne n'a aid� Olmo?
- Si, ils I'ont tous aid�.

Apr�s, vous savez quoi?
Il s'est mis � pleuvoir.

Quoi?

Il a plu du fumier,
une pluie de fumier sur Attila,

dans son nez, dans ses yeux, partout.
M�me sur son cr�ne chauve.

- Regina aussi?
- Non.

Mais elle y aurait eu droit
si elle avait �t� I�.

Ils ont mass� le cul des chevaux
pour qu'ils chient.

Attila puait la porcherie.

Mais soudain, les fermiers ont pris peur.
Olmo est parti � v�lo.

- Olmo s'est enfui.
- Oui.

Attila va venir avec ses fascistes.

Tout le monde pleurait
quand Olmo est parti.

Il voulait partir.
Il �tait libre, tu comprends?

Idiote, tu ne comprends pas.
Il �tait heureux.

Pauvre Olmo,
il a d� quitter sa fille et sa maison.

Il n'�tait pas heureux du tout.

Tu ne comprends pas.

- Vous aussi, vous partez?
- Oui, pour toujours.

Tout le monde s'en va.

Je ne vais pas en avoir besoin.

Tu peux les prendre.

�a aussi.

Tiens, prends-le.

Et �a.

Et �a.

�a.

Tiens, prends �a.

Je peux avoir un baiser aussi?

Approche-toi.

Fanfoni!

Descends imm�diatement!

Fanfoni, il y a des livres
dans I'autre pi�ce.

Tout de suite.

Alfredo, vous I'avez entendu.
Le b�tard s'est enfui...

Qui t'a donn� le droit de faire �a?

- C'est un communiste...
- Je m'en fiche. C'est mon ami.

Cet ami a vol� ce pistolet � votre p�re
il y a 15 ans. Regardez.

Il t'aura fallu du temps pour le retrouver.

Je I'aurais trouv� plus t�t
si on m'avait laiss� faire mon travail.

Tu as fait ton travail.
Je n'ai plus besoin de tes services.

Quoi?

Ecoutez, je I'ai vir�.
J'ai vir� le contrema�tre.

Vous m'entendez? J'ai vir� Attila!

Ada, c'est moi.
Je sais que je ne devrais pas �tre ici

mais j'ai une nouvelle � t'annoncer.

Je sais que tu vas �tre contente.

Je I'ai fait. J'ai vir� Attila. C'est fi...

- Elle est partie, padrone. Partie.
- Partie?

- O� est-elle partie?
- Elle ne reviendra pas.

- O� est-elle partie?
- Plus jamais. Plus jamais.

- O� est-elle partie?
- Plus jamais.

Elle a dit que vous comprendriez
si je m'habillais comme �a.

Vas-y, nage!

Regardez bien. Vous allez tous finir
comme des rats d'�gouts!

Allez, bois, tas de merde!

Enfonce-lui la t�te dedans!

Eurialo!

Eurialo!

- Niso!
- Il est mort.

- B�tard de fasciste!
- Couvre-toi, esp�ce de salope!

Esp�ce de salaud! Sale porc!

Salaud! Sale porc!

Recule! Recule!

Demesio!

Demesio, est-ce que Dieu existe?

Attila,
est-ce que ce salaud de Mussolini existe?

Demesio, est-ce que le Duce existe?

Non! Le Duce n'existe pas.

Tuez-le.

Si tu bouges, je te tue.

Toi non plus, tu n'existes pas, Attila.

Arr�te de siffler. Arr�te!

Je peux tous vous tuer si je veux,

et vous pourrez siffler avec les vers!

Je me fiche de vous!

Fanfoni, Traversi, allons-nous-en.

Vous �tes de la merde! Des rebuts!

Vous �tes la honte de la nation italienne!

Vous �tes la merde de I'Italie!

25 avril 1945
Jour de la Lib�ration

D�p�chez-vous, camarades!
Au nom de Staline!

Les chemises noires sont ici!
An�antissons-les.

Allons tous les �triper.
Jusqu'au dernier!

Ils sont de I'autre c�t� du canal. Allez!

- Ne vous faites pas tuer!
- Tuez-les tous!

Qu'est-ce que tu vois?

Je vois...

Je vois...

Je vois un groupe de fascistes.
Ils s'enfuient!

Un de nos hommes leur court apr�s.
Il est seul!

Je suis s�re que c'est mon Tigre.
Dieu le b�nisse.

Il a seulement un b�ton,
mais mon Dieu, ils le sentent passer.

Ils le sentent vraiment passer!

Si seulement vous les voyiez!

Allez, plus fort! Plus fort! Tuez-les tous.

Vous avez perdu votre langue?
Criez, mesdames, criez!

Que nos hommes nous entendent!
Allez, criez!

Tuez-les!

Plus fort!

B�nis soient les jeunes
qui voient ce qui n'existe pas.

Des centaines de soldats allemands
s'enfuient, ils partent pour toujours.

Si seulement vous pouviez le voir.
Ils ne reviendront jamais!

Ils jettent leurs armes
et leurs uniformes.

Mon Dieu!

Que vois-tu?

Un gros nuage de poussi�re
et un homme sur un cheval blanc.

On dirait... Olmo.

- Si seulement c'�tait Olmo.
- Paix � son �me.

Attila et Regina!

Tire, Attila, tire!

Salopes!

Sales b�tardes!

Tuez-la!

Mettez-la dans sa merde!

- Cr�ve, grosse fasciste!
- Sale fasciste!

- Tuez-les!
- Ecartez-vous, mesdames!

Emmenons-les � I'�table!

Maintenant, tu sais ce que �a fait!

Non! Vous ne pouvez pas entrer.
Vous ne pouvez pas entrer!

H�, camarades!

Vous donnez vraiment les terres
� ceux qui les cultivent?

- Qui est-ce?
- Je ne I'ai jamais vue.

J'ai dit: vous donnez vraiment
les terres � ceux qui les cultivent?

Oui! Venez! Venez!

Allons-y. Venez, bande d'idiots.

- Ils sont nombreux.
- Qui �tes-vous?

Vous n'�tes pas d'ici, mais vous dites
ce qu'on a toujours r�v� d'entendre.

Voici Cornelio
et je suis Rondine, sa femme.

Nous venons des montagnes.

Les nazis ont tout br�l�,
toutes nos maisons!

Et les fascistes ont pris tous nos biens.

D'abord, il faut leur trouver
un endroit o� dormir.

On peut dormir dans la grange.

Non, la grange, c'est pour les vagabonds.

Les camarades dorment dans les maisons.

Et les fascistes vont dans la porcherie.

Je suis heureux � en mourir

Mais je suis d�sol�

Je suis d�sol� de mourir

Pour ne plus m'inqui�ter

La ferme, sale fossoyeur!

Qui va I�?

Le Comit� populaire pour I'allocation
communautaire des porcs.

Plus de porcs que je n'en ai jamais vus.

Viens ici, ma beaut�.

Laisse-moi t'embrasser!

Un autre. Je veux un autre baiser.

Laisse-moi te toucher, tu es si beau.

Laisse-moi te monter.
Je veux passer toute la nuit...

Vous n'avez donc aucune piti�?
Salauds! Salauds!

13... 14...

15... 16...

17... 18... et avec ces deux-I�, �a en fait 20.

Un instant, camarades.
J'ai le c�ur gros.

Abolir les droits du padrone
me soulagerait beaucoup.

On doit �tre idiots.
Personne ne te comprend.

Regarde tous ces cochons.

Le prosciutto, le salami,
les saucisses, les pieds, le jarret et le lard.

Et la mortadelle! A qui appartiennent-ils?

Ecoute. Tous les animaux sont � toi.

Le socialisme peut te les offrir.

Comment �tre s�r que le socialisme
va vraiment me nourrir?

Moi, j'ai le c�ur gros
pour ces deux pauvres diables.

Que tous les Dalco s'avancent.

Vous venez des montagnes,
o� les pr�tres sont rois.

Tapez-vous la t�te trois fois
pour y laisser entrer les id�es socialistes.

- Que fait-on?
- Tu I'as entendu.

Toi aussi. Mais se taper la t�te?

Pourquoi se taper la t�te trois fois?

- Se taper la t�te, �a ne veut rien dire.
- Regardez-le!

Regardez-le! Regardez-le.

Je vois que vous avez du c�ur.

Aidez-le. Il va crever comme un cochon.

Aidez-le... au nom de I'humanit�.

Ne me tuez pas.

Regardez,
c'est I� que mon grand-p�re est enterr�.

"Patrizio Avanzini...

"Tendre fleur cueillie
par les mains cruelles du destin. "

Les mains cruelles du destin!

Les mains du destin...
ce sont les miennes.

Les mains cruelles du destin.

Nos enfants r�colteront les graines
que nous avons sem�es, Regina.

Vous �tes aussi laide que le p�ch�.

- N'approchez pas!
- Pas ses cheveux!

Ne lui coupez pas les cheveux! Non!

"Cantarelli Pioppi...

"Femme bonne et sainte
agress�e par la cruaut� du temps. "

C'est moi, ce temps cruel. C'est moi!

J'ai tu� cette pauvre folle!

Et ce pauvre cr�tin de Patrizio.

Moi, Attila Melanchini...

Fasciste. Homme.

Porcs.

Rebuts.

Pauvres merdes.

Cr�tins.

Arr�tez cette musique!
On n'est pas au bal!

Vous ne respectez donc pas nos morts?

Regardez.

Venez tous!

- Qui est-ce?
- Je ne sais pas.

Tuez-moi. Tuez-moi!

Va-t'en.

Attention. Regarde d'ici.

On ne regarde pas une dame faire pipi.

Halte. Personne n'entre ici.

Allez.

- Qui est-ce?
- Le padrone, mon prisonnier.

- Pourquoi le gardes-tu ici?
- J'attends les partisans.

Il faut �tre malin pour jouer
avec un fusil comme �a.

On a r�ussi!

- Camarade! Tu seras le premier!
- Ne tombez pas!

- Peignez par-dessus les slogans!
- Recouvrez tout.

- Jetez-y la peinture!
- Effacez tout!

- Chiez dessus!
- Attendez, c'est mon oie!

Elle est � moi!
O� allez-vous? Rendez-la-moi!

Si elle est � toi, elle est � tout le monde.

Pourquoi la mienne?

Il faut que ce soit plus rouge!
Mettez plus de rouge!

Arr�te �a.

Idiote.

Arr�te.

- Je vais te tuer.
- Regardez, on avait oubli� le padrone.

- On a m�me oubli� de I'arr�ter.
- C'est bien, Leonida.

Ils ont plus d'imagination que nous.

Excusez-moi, mais j'ai retenu ma main
si longtemps qu'elle m'a �chapp�.

Et mon pied aussi!

Vous �tes Olmo?
Je vous confie mon prisonnier.

Bravo.

Tu dors?

Ada n'est jamais revenue, tu sais.

Tu pr�f�rerais qu'elle soit morte?

Toi au moins, tu es revenu.

Vous �tes s�rs qu'on I'a cach� ici?

- Je d�clare...
- Donne-moi la peinture.

...le proc�s populaire
d'Alfredo Berlinghieri,

padrone et donc ennemi du peuple, ouvert.

Je d�clare le proc�s populaire
du padrone ouvert!

- Tu savais qu'il �tait ici?
- Je I'y avais cach�.

Je d�clare
le proc�s populaire d'Alfredo Berlinghieri,

padrone et donc ennemi du peuple, ouvert.

�a va �tre bien.

J'ai tr�s mal aux pieds
mais je ne veux pas rater le spectacle.

- Sais-tu pourquoi...?
- Elle aurait �t� accus�e, elle aussi.

Sais-tu qu'elle s'est enfuie
le m�me jour que toi?

Elle est plus maligne que toi.
Tu as voulu �tre le padrone jusqu'au bout.

- Qu'est-ce que tu �cris?
- On n'est pas � I'�cole.

Aide-nous, Anita. C'est un proc�s
populaire. Que veux-tu �crire?

Camarades, I'�v�nement
vaut la peine d'�tre �crit.

Et ce qui est �crit vaut la peine d'�tre lu!

- Levez-le.
- Regardez nos drapeaux!

Tous nos drapeaux cousus ensemble!

La Ligue des travailleurs,
vous vous rappelez?

Oui, Rosina les a cousus!
Il y en avait plus chaque ann�e!

Je sais qu'on est ignorants
mais il n'y a pas de proc�s sans avocat.

Je vous am�ne I'accus� et vous voulez
un avocat? Ce n'est pas suffisant?

Mais c'est nous qui I'avons attrap�, pas toi!

Ce n'est pas toi non plus!

Il s'est rendu � Leonida.

Oui! Tu as raison!

Levez-le! Plus haut!

Viens danser! Allez!

- Va-t'en.
- Viens danser!

Viens danser!

Quand un muet commence � parler,
il a beaucoup � dire,

mais ce pauvre homme est aussi timide.

Tout va bien.
Parlez avec votre c�ur, grand-p�re.

Arr�tez la musique.

C'est le r�sultat de 60 ans de r�coltes.

Pouvez-vous vous rattraper
et me les rendre?

Pourquoi ai-je perdu ces dents?
Le padrone a encore les siennes.

Il peut m�cher toute la journ�e.

- On travaille et vous r�coltez I'argent.
- Vous �tes propre et on est sales.

Vous aviez le ventre plein
pendant la famine!

Vous �tes une sangsue
mais votre grand-p�re �tait pire.

Apr�s une temp�te,
il a voulu renvoyer tous les journaliers!

Non, c'�tait son p�re, Giovanni!

Peu importe!
Un padrone reste un padrone!

La terre a besoin des paysans,
sinon elle se perd.

Mais le padrone!
Qui a besoin du padrone?

J'ai quelque chose � dire:
je n'ai jamais fait de mal � personne.

Je n'ai jamais fait de mal � personne.

Tous les padroni disent la m�me chose
et ils sont si hypocrites

- qu'ils le croient vraiment.
- Je n'ai fait de mal � personne.

Tu as sorti des criminels de prison
pour y mettre des communistes.

Ecoutez-moi, camarades...

Les fascistes ne naissent pas
du jour au lendemain, comme �a.

Non. Les fascistes sont le fait des padroni.

Ils ont �t� cr��s par les padroni.

Gr�ce � ces fascistes,
ils ont commenc� � tant gagner

qu'ils ont d� mettre leur fortune � profit.

Et c'est ainsi qu'est n�e la guerre.

Et nous avons �t� envoy�s
en Afrique, en Russie, en Gr�ce,

en Albanie et en Espagne.

Et c'est nous qui avons pay�!

Les ouvriers, les paysans,
les travailleurs ont pay�!

Il faut le tuer!

- Qu'il paye maintenant!
- Qu'il paye maintenant!

Tu entends �a, Alfredo Berlinghieri?

Tu entends la voix du peuple?

Nous, les p�quenauds ignorants
qui mourons de faim,

nous allons donner I'exemple.
Nous te condamnons � mort.

Nous te condamnons,
tout comme le pass� te condamne.

C'est �a, camarades. Plus de padrone.

Le padrone est un homme mort.

Je suis �puis�. Puis-je m'asseoir?

Je suis �puis�.

Si je comprends,
nous avons devant nous un homme mort.

Il pense �tre en vie, mais pour nous,
il est mort. Il n'existe plus.

Il est vivant. Son corps est br�lant.
Les morts sont froids.

Olmo, tu as appris
� parler mieux qu'un paysan.

Tiens.

Mais explique-nous avec des mots simples.

Ce langage savant
peut nous jouer des tours.

Le padrone est mort.
Mais Alfredo Berlinghieri est vivant.

- Et nous ne devons pas le tuer.
- Pourquoi?

Parce qu'il est la preuve vivante
de la mort du padrone.

Votons!
Que ceux qui sont d'accord l�vent la main.

Camarades! Les partisans!

Les partisans arrivent!

Les partisans!

Camarades! Les partisans!
Les partisans sont I�!

Chers amis, chers camarades!

Silence! Silence, s'il vous pla�t!

Venez tous ici!

J'ai une importante d�claration � faire!

Venez tous ici!

- Laisse-moi regarder!
- Donne-le-moi!

Au nom du Comit� de lib�ration nationale,

nous repr�sentons
les d�mocrates chr�tiens,

nous repr�sentons les lib�raux,

nous repr�sentons les socialistes,
les communistes et le Parti d'action.

Ce Comit� pour la lib�ration de I'Italie...

- Assis!
- ... a provisoirement pris le pouvoir

afin de maintenir I'ordre civil dans le pays.

Ainsi, mes amis,
je vous demande de respecter

la d�cision du Comit�
et de nous rendre vos armes.

Ce sont les ordres!

Camarades, I'histoire est comme I'ivresse.

Quand on boit,
on dit ce que I'on pense au fond du c�ur.

- C'est un pi�ge, Olmo.
- C'est une histoire, je ne marche pas.

Le moment de v�rit� est venu
et nous devons tous redevenir sobres,

mettre la t�te sous I'eau et arr�ter de boire.

- Non!
- S'il vous pla�t, laissez-moi parler!

- Ce sont des conneries!
- �a pourrait nous apporter la paix.

H�, allez!
Appelons �a une utopie. D'accord.

Si nous avons une preuve
que le padrone est encore I�,

nous devons refuser.
Or nous savons, nous I'avons tous vu.

Nous savons la v�rit�.
Le padrone est mort!

Mon gar�on,
tu n'as pas entendu les ordres?

Non! Rendez-le-moi!
C'est mon fusil! Rendez-le-moi!

Il est � moi! Il est � moi!

Rendez-le-moi!
Il est � moi! Rendez-le-moi!

Le padrone est vivant.